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Européennes et Front National : pas un vote d’adhésion mais d’opposition

Européennes et Front National : pas un  vote d’adhésion mais d’opposition

Indiscutablement la grande surprise de ces Elections Européennes sera la percée du Front National. Plusieurs facteurs explicatifs à ce résultat assez exceptionnel pour l’extrême droite. D’abord sans doute le rejet à la fois politique mais aussi culturel du président de la république. Ce dernier est sa majorité ne sont plus audibles même lorsqu’il peuvent avoir raison. Ainsi par exemple lors du débat entre Attal et Bardella à peu près tous les experts ont conclu à la victoire du premier ministre. Par contre l’opinion à accordé ses faveurs majoritairement à Bardella. La preuve sans doute que la parole du pouvoir est complètement discréditée.

 

C’est donc davantage par rejet de la majorité actuelle que les voix se reportent de façon aussi massive sur le Front National. En fait, un vote d’opposition et même de toutes les oppositions avec toutes les contradictions que cela comporte. Par ailleurs, les élections européennes sont  l’occasion d’un défoulement traditionnel puisque cela ne remet pas en cause les déséquilibres politiques en France, en tout cas dans l’immédiat. L’autre facteur explicatif est surtout le grand silence de Marine Le Pen qui gagne des voix quand elle s’abstient de parler alors qu’à l’inverse Macon ne cesse de multiplier les bavardages inutiles, les changements de position et les incohérences. Le silence est le meilleur atout du programme politique de Marine Le Pen. Pour preuve elle va tout faire pour refuser le débat avec Macron.

Sur la tendance après les européennes et sauf changements brutaux des équilibres politiques, le Front National devrait continuer de progresser. Il pourrait devenir majoritaire à l’occasion des élections des députés. Marine Le Pen  ne sera pas forcément élue présidente de la république mais elle maîtrisera le pouvoir grâce à ses députés.

Un autre facteur explicatif majeur pour comprendre la montée du Front National, c’est la dégradation générale de l’autorité dans nombre de domaines sociétaux ; aussi la montée inquiétante d’une immigration non maîtrisée et de la violence. C’est sans doute sur ce terrain qu’est surtout attendu le front national. Pour le reste compte tenu des contradictions de son programme, il y a fort à parier que le Front National sera contraint comme en Italie de revoir sa copie à moins de créer le chaos dans le pays

«TotalEnergies ne quittera pas la France» ?

«TotalEnergies ne quittera pas la France» ?

À lire l’interview du patron de Total il n’y a pas lieu d’être complètement rassuré. Certes il affirme que Total ne quittera pas la France ni la bourse de Paris. Cela n’est pas forcément contradictoire avec une autre cotation principale à New York par ailleurs évidemment Total va demeurer fournisseurs d’énergie en France. Encore heureux que Total ne disparaisse pas complètement du pays dans la mesure où cette entreprise est née à la suite du scandale de ELF,10 fois plus grandes que Total, compromise par la corruption politique et soldée en quelque sorte à Total. Total qui par ailleurs pendant des années n’a pas payé d’impôts. 

 

LE FIGARO. – Vous avez, encore, fait parler de vous en envisageant publiquement une cotation de votre groupe à New York. Cette hypothèse a été interprétée comme une forme de désaveu de la France et a beaucoup été commentée, y compris par le président de la République…

PATRICK POUYANNÉ. – Laissez-moi clarifier les choses et remettre un peu d’ordre dans cette affaire émotionnelle : il n’y a pas de « sujet France » chez TotalEnergies. Il n’est pas question de quitter la France. Je n’ai jamais dit que TotalEnergies quitterait la France, ni même la Bourse de Paris. On commente des rumeurs, des phrases que je n’ai jamais prononcées. C’est ici, en France, que TotalEnergies a son siège, qu’elle est cotée. Nous y avons 30 000 salariés. Nous y sommes très attachés. Nous y investissons. J’ai été décoré officier de la Légion d’honneur par le président de la République en personne, j’en ai été très fier, et à travers moi d’ailleurs, il a honoré l’ensemble de l’entreprise et de ses salariés…

 

Réindustrialisation et compétitivité : c’est pas gagné

Réindustrialisation et compétitivité : c’est pas gagné

 

Si les « gros » investissements sont au rendez-vous depuis quelques années, il n’y a pas globalement de forte hausse des investissements directs étrangers vers la France. Des projets qui restent par ailleurs peu créateurs d’emplois d’après un papier de BFM. 

 
Un millésime record. 15 milliards d’euros d’annonces d’investissements de la part de grands groupes étrangers, et des patrons de multinationales toujours plus nombreux à se presser à Versailles pour le sommet Choose France. Pour l’exécutif, ces bons chiffres sont le fruit d’une politique pro-business qui n’a pas varié d’un iota depuis 2017.

 

Emmanuel Macron y voit ainsi « la reconnaissance du travail mené depuis sept ans basé sur la valorisation de nos savoir-faire, le maintien de notre énergie décarbonée, la création d’un cadre normatif favorable et la stabilité fiscale. »
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire de son côté se félicitait ce matin que « la nation de consommateurs [redevenait] une nation de producteurs. »

Ces chiffres flatteurs suivent de quelques jours le rapport annuel du cabinet EY qui plaçait début mai la France en tête du classement de l’attractivité en Europe et ce pour la cinquième année consécutive. Avec 1194 projets d’implantation ou d’extension de sites, l’Hexagone fait mieux que le Royaume-Uni (985) et l’Allemagne (733).

Dans une Europe prise en étau entre les États-Unis et leurs généreuses subventions et la Chine prête à redécoller, la France semble faire figure d’exception.

Les facteurs d’attractivité sont nombreux. Position géographique centrale en Europe, qualité des infrastructures routières et de transports, formations d’excellence dans les domaines des mathématique et de l’ingénierie, énergie disponible, décarbonée et relativement peu coûteuse grâce au nucléaire… Ce sont les éléments mis en avant par les grands patrons de passage à Versailles.

La politique favorable aux entreprises depuis sept ans y a aussi contribué. Avec la baisse des impôts de production, la réduction du taux d’impôt sur les sociétés ou encore la création de la « flat-tax » sur la fiscalité du capital.

« Des efforts ont été faits, qui ont mis la France sur le devant de la scène, ça vaut donc la peine de les poursuivre, estime Ted Pick, le patron de la banque américaine Morgan Stanley. La France met beaucoup de sérieux et d’attention à être considérée comme un acteur mondial fiable et solide. C’est important. »
Évidemment, pour s’attirer les bonnes grâces des investisseurs internationaux, la France déroule le tapis rouge et n’hésite pas à sortir le chéquier. Pour convaincre par exemple le fabricant de batteries ProLogium d’installer son usine à Dunkerque, une subvention publique de 1,5 milliard d’euros a été proposée au groupe taïwanais. Mais c’est ce que font tous les États désireux d’attirer d’importants investissements. L’Allemagne a ainsi subventionné à hauteur de 10 milliards d’euros la future méga-usine d’Intel de Magdebourg.

Il faut néanmoins relativiser ces bons chiffres de l’attractivité française. D’abord parce que ces investissements restent peu créateurs d’emplois. Les 15 milliards d’euros de Choose France devraient créer en moyenne 179 emplois par projet (10.000 emplois annoncés pour l’ensemble des 56 projets). L’année dernière, les investissements n’étaient « que » de 13 milliards mais les emplois plus nombreux: 285 par projet (8.000 emplois annoncés pour 28 projets).

De son côté, l’étude EY (qui porte sur un autre périmètre) recence 35 emplois créés en moyenne par investissement étranger en France contre 49 en Allemagne, 61 au Royaume-Uni ou encore 299 en Espagne.

Coût du travail qui reste plus élevé que la moyenne européenne, peu de main d’oeuvre disponible, droit du travail plus contraignant… La question de l’emploi reste préoccupante en France.
Mais plus globalement, certains économistes estiment que ces annonces sont un peu l’arbre qui cache la forêt. Derrière ces annonces spectaculaires et bienvenues, l’attractivité de la France ne serait pas sur une pente aussi ascensionnelle que ça.

« L’évolution des IDE (investissements directs à l’étranger) entrants et sortants évolue en dents de scie, indique Sylvain Bersinger, du cabinet Asteres. Dans l’ensemble, il ne semble pas y avoir eu de hausse régulière de flux d’IDE entrants depuis une dizaine d’années. Au vu de la variation des flux d’IDE, il semblerait que l’attractivité du pays ait globalement stagné. »

Ainsi si les investissements étrangers se sont élevés à 34,6 milliards d’euros en 2022 en France, indique l’Insee, le montant du flux était supérieur à 35 milliards en 2018 et avait même frôlé les 40 milliards en 2015.

Concernant l’industrie, s’il y a bien un sursaut dans le pays depuis quelques années avec notamment plus de 100.000 emplois recréés, la production a elle tendance à stagner.

« En mars 2024, le volume de production industrielle était identique à ce qu’il était en janvier 2010, constate Sylvain Bersinger. [...] cela signifie que la productivité moyenne des emplois industriels diminue, ce qui peut être un signe inquiétant quant au niveau de gamme de l’industrie française si la tendance s’avérait durable. »
Si les signaux envoyés par Chose France sont positifs, le chemin vers la réindustrialisation est encore très long.

Climat et Progrès dans les pays en développement pas incompatibles ? (Rémy Rioux, directeur général de l’AFD)

 Climat et Progrès dans les pays en développement pas incompatibles ?  (Rémy Rioux, directeur général de l’AFD)

 Rémy Rioux, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD),  ee félicite sans doute un peu naïvement des progrès pour mener de pair développement et lutte contre la dégradation du climat à l’échelle internationale en particulier dans les pays pauvres. Les Européens se féliciteraient des avancées dans ce domaine. Reste que les transferts technologiques, financiers et de compétences ne sont pourtant pas à la hauteur des enjeux. Et les pays en développement payent d’une part les conséquences de la pollution des pays développés et leur marginalisation dans l’économie mondiale. La conséquence étant l’accroissement de l’immigration non contrôlée. L’aide au développement pour dire les choses brutalement est complètement anecdotique. Et c’est un plan Marshall qu’il faudrait engager. Enfin sur le plan méthodologique,  il aurait surtout été intéressant d’enquêter auprès des résidents des pays pauvres

Il y a un large consensus chez les Européens sur la nécessité d’une solidarité internationale, dans un monde où le risque de divisions augmente, souligne Rémy Rioux, le directeur général de l’AFD. (interview « la Tribune »).

LA TRIBUNE DIMANCHE – Cette année, vous avez élargi votre enquête annuelle sur la perception par les Européens de la politique de développement à quatre autres pays en raison de la tenue des élections européennes : l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Suède. Quel est le premier enseignement que vous en tirez ?

RÉMY RIOUX - À l’heure où l’on ne parle que d’une Europe divisée et tentée par des forces prônant le repli national, ce sondage montre à l’inverse des Européens très conscients des interdépendances et appelant à des réponses collectives. Les sondés s’intéressent à l’actualité internationale – six sur dix le font quotidiennement -, et pensent très majoritairement que les solutions passent par plus de coopération. Plus de deux Européens sur trois soutiennent l’action internationale, de l’Europe comme de leur propre pays, en direction du « Sud global ». J’ai été surpris par le soutien très élevé des Italiens et des Polonais. Ce sondage montre un fort consensus des Européens sur la nécessité d’une solidarité internationale, non sans angoisse bien sûr face à un monde qui se fragmente, comme on le voit sur l’enjeu migratoire.

En effet, l’apport des migrants à l’économie et à la culture est perçu majoritairement comme négatif, notamment en France et en Pologne. Pourquoi ?

La contribution des migrants à l’économie et à la culture des pays européens n’est pas une question tranchée : en Pologne et en France le négatif l’emporte, mais en Italie et en Suède elle est jugée positive. En revanche, tous les Européens ou presque – entre deux tiers et 80% – appellent à aider les pays les plus fragiles et à investir dans les thématiques associées aux migrations : lutte contre la traite des êtres humains, soutien aux déplacés, entrepreneuriat et création d’emplois dans les pays en développement. La seule réponse durable au défi migratoire, c’est un développement partagé entre l’Europe et l’Afrique.

« Ne pas interdire les écrans » ?

« Ne pas interdire les écrans » ?

 

Un point de vue qui conteste l’interdiction des écrans aux enfants. Un article qui mérite d’être lu mais aussi contesté avec cette confusion entre accès aux écrans et formation au numérique

 

par , Professeure des Universités en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine, Université de Lorraine

Fin avril 2024, la « Commission Écrans », a rendu au président de la République son rapport pour réguler les pratiques numériques des jeunes. Intitulé « Enfants et écrans : À la recherche du Temps perdu », le texte suscite depuis de nombreuses réactions, particulièrement centrées sur la problématique sanitaire. L’application de certaines de ses recommandations, notamment l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, apparait sujet à caution.

Les 29 propositions oscillent entre « interdiction totale des écrans » et nécessité de « mieux former au numérique ». Face aux interrogations suscitées par cette apparente ambivalence, les co-présidents de cette Commission insistent sur la complémentarité de ces propositions qui sont à tenir ensemble. Interdire les écrans et éduquer au numérique : cet « en même temps » est-il effectivement possible ?

Les vifs débats autour de la place des écrans dans nos espaces intimes, professionnels et sociaux s’ancrent dans une « société du risque » particulièrement inquiète de son avenir, notamment de sa capacité à faire face aux transformations technologiques. Si on peut reconnaître une accélération de ces préoccupations, celles-ci s’inscrivent dans un mouvement anthropologique connu, celui de la « panique morale ». Ce phénomène des paniques morales exprime une crainte quant à la déstabilisation des valeurs sociétales, et se cristallise autour des usages juvéniles desdits écrans et des conséquences de ces usages sur la santé mentale et sociale des enfants et adolescents, ainsi que sur leur développement cognitif et leur culture générale.

Pourtant une importante et robuste étude américaine, menée sur le long terme auprès de 12000 enfants entre 9 et 12 ans, conclut sans hésitation à l’absence de lien entre temps passé « devant les écrans » et incidence sur les fonctions cérébrales et le bien-être des enfants. Pourtant encore, en France, une enquête longitudinale d’envergure, déployée cette fois auprès de 18000 enfants depuis leur naissance, montre que ce sont des facteurs sociaux qui jouent un rôle prépondérant dans le développement de l’enfant.

Malgré ces faits scientifiques, le débat autour de la place desdits écrans dans notre société se polarise, et se caractérise récemment par une ultraradicalisation des postures, ce qui a pour premier effet de porter préjudice à la compréhension de tout un chacun. Au cœur de ce débat, les « écrans ». L’emploi de ce terme générique est en soi problématique, et à l’origine de nombreuses confusions et conclusions hâtives. Les objets techniques qu’il recouvre sont multiples, invisibilisant la diversité et la complexité de leurs usages, du jeu à l’information, en passant par la communication. Distinguer les activités qui ont les écrans pour support a son importance.

Le soir de la remise du rapport produit par la « Commission Écrans », le premier ministre Gabriel Attal a enjoint « l’éducation nationale [à] balayer devant sa porte », de façon à cesser en son sein l’usage de « l’écran pour l’écran ». Un tel propos ne manque pas de surprendre. Cette attaque, vécue comme telle par de nombreux enseignants et personnels de direction, est incompréhensible quand on connaît la vivifiante production pédagogique des enseignants en matière d’éducation par le numérique et au numérique. Incompréhensible aussi quand on sait déjà les difficultés qu’ils rencontrent dans leurs établissements pour faire face à des thématiques complexes comme la protection des données personnelles des mineurs ou encore le phénomène de (cyber-) harcèlement.

Tout comme celui d’« écran », le terme « numérique à l’école » ne signifie pas grand-chose. Il tend même, sans jeu de mots, à faire écran à la diversité de situations, de pratiques et de contenus didactiques expérimentés dans les classes. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En 2020, un rapport, publié par le Centre national d’étude des systèmes scolaires (CNESCO), a fait le point à travers une vaste revue de littérature engagée par des spécialistes du champ, sur les interrelations entre « numérique et apprentissages scolaires ». Sa conclusion soulignait combien le scénario pédagogique prévalait pour le recours aux outils numériques dans la classe. C’est l’alliance entre stratégie d’enseignement et objectifs d’apprentissages qui fait le sens de l’éducation par le/au numérique.

Ainsi il parait absurde de « bannir les écrans des écoles maternelles » – comme le préconise le rapport de la « Commission Écrans » – alors que les programmes scolaires mentionnent, dès la fin de la Grande Section, la capacité attendue des enfants « à utiliser des objets numériques (appareil photo, tablette, ordinateur) ». De plus, les propositions didactiques des enseignants de maternelle témoignent d’un souci d’allier développement de compétences langagières et exploitation de ressources numériques. Une méta-analyse de 19 études scientifiques montre d’ailleurs que le recours à la tablette numérique auprès d’enfants âgés de 2 à 5 ans favorise – à condition qu’ils soient accompagnés d’adultes – l’amélioration de la capacité à résoudre des problèmes, le développement de compétences mathématiques ou encore de vocabulaire.

C’est tout au long de la scolarité que les compétences numériques sont pensées dans la classe et développées de façon réfléchie, bénéficiant de l’appui des connaissances scientifiques dans le domaine. La Direction du Numérique pour l’Éducation finance des projets de recherche (« Groupes de Travail Numériques »), qui ont précisément pour mission de produire des travaux destinés non seulement à évaluer les pratiques numériques dans l’enseignement et les apprentissages, mais aussi à soutenir les acteurs – enseignants, personnels de direction et d’encadrement, notamment – dans la mise en œuvre de scénarios efficients.

Un de ces groupes de recherche (GTnum EMILIE) inscrit son travail autour du grand triptyque organisateur des apprentissages des langages « Dire, Lire, Écrire » pour favoriser une éducation aux médias et à l’information ancrée dans les réalités éducatives et sociales à destination des élèves de cycles 2 et 3.

Conjointement, face à la menace que constitue incontestablement l’empire des GAFAM sur les libertés individuelles et collectives, le cadre éthique dans lequel se déploient ces usages numériques fait l’objet d’une réflexion partagée par les enseignants et personnels d’encadrement. Ceux-ci sont de plus en plus soucieux d’adopter des usages et des pratiques en cohérence avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) mais aussi avec des valeurs – celles des communs numériques – en adéquation avec l’idéal de l’école républicaine.

La question dudit numérique dans l’éducation dépasse très largement le cadre de l’école, et la sphère privée fait l’objet également de toutes les attentions. Là encore, le discours politique et médiatique apparait clivant, le premier ministre n’hésitant pas à affirmer le 30 novembre 2023 : « Concernant l’usage des écrans à la maison, nous sommes proches d’une catastrophe sanitaire et éducative ». Encore une fois, les travaux scientifiques ne corroborent pas cette affirmation. Ils mettent en avant des usages sociaux différenciés des objets connectés selon les médiations parentales à l’œuvre, mais aussi plus largement les contextes culturels.

 

S’il est évident que l’intégration de cet objet socialement partagé constitue un défi pour l’exercice de la parentalité, il n’en reste pas moins que les parents font face, et ont besoin tout à la fois d’informations fiables sur le sujet et de soutien. Comme le montrait en 2021 une enquête menée auprès de 1852 parents d’enfants âgés entre 6 et 11 ans, ils attendent de l’école la prise en charge de compétences comme « évaluer/vérifier l’information » et « se protéger du cyberharcèlement », jugées essentielles pour la réussite scolaire et à l’intégration sociale de leur enfant.

Depuis plusieurs années, les politiques publiques ont saisi la nécessité absolue d’établir des dynamiques territoriales engageant les acteurs dans toute leur pluralité, qui témoignent d’un souci de favoriser la co-éducation par le/au numérique. Les territoires numériques éducatifs (TNE) illustrent cette prise de conscience. Ces dispositifs ne sont pas exempts de critiques, documentées d’ailleurs par la recherche, mais ils ont le mérite de tenter de répondre aux enjeux complexes par la conjugaison d’actions de formation et d’accompagnement, de production de ressources et de maillage entre les différentes instances. Ils ont aussi le mérite de considérer la question de la place dudit numérique dans notre société pour ce qu’elle est : une question de pouvoir d’agir collectif, une question d’égalité sociale, économique et culturelle d’accès – à l’information, aux sociabilités, aux industries culturelles, mais aussi aux démarches administratives et aux droits sociaux.

Une telle intention passe par le fait de ne pas culpabiliser les adultes dans la sphère privée, et de leur redonner avant tout l’autorité et le pouvoir d’agir sur leurs propres usages pour ensuite pouvoir entrer en dialogue avec les enfants. Une conception coercitive de l’éducation par le/au numérique s’accommode mal avec une éducation aux médias et à l’information favorisant au quotidien réflexivité et développement d’une culture critique.

Le rapport « Enfants et Écrans : à la recherche du temps perdu » a le mérite de poser un sujet crucial sur la table : quelle conception de notre société, du vivre-ensemble, et des médiations, parentales et professionnelles, voulons-nous ? Toutefois, il succombe à de nombreux endroits à un discours catastrophiste et à la tentation de faire primer l’interdiction sur l’éducation. Voilà qui occulte une importante partie de la littérature scientifique sur les réalités sociales et culturelles des pratiques numériques. En misant sur des préconisations empreintes d’interdits, ne laisse-t-on pas planer le risque de rompre le dialogue et de renoncer à une prise en charge éducative de ces enjeux numériques ? Cette démission serait tout simplement une défaite collective.

Art contemporain : « Il ne suffit pas de se couper l’oreille pour devenir Van Gogh »

 

Art contemporain  : « Il ne suffit pas de se couper l’oreille pour devenir Van Gogh »

 

Dans sa chronique, Harry Bellet, journaliste au service Culture du « Monde », s’interroge sur ce que dit l’art contemporain de l’état du monde.

 

Le dessinateur de presse Cambon a publié dans Le Journal des arts, le 28 avril, une caricature intitulée « L’état du monde à Venise ». Des visiteurs de la Biennale d’art contemporain, bien vêtus et flûte de champagne (ou de prosecco) à la main, regardent, admiratifs et souriants, une sculpture représentant notre planète couturée de cicatrices, constellée de pansements, et prête à recevoir d’autres blessures comme avec ce bateau de migrants, ces missiles ou ces bombes qui explosent un peu partout.La charge est juste, hélas, mais la Biennale, qui se tient depuis le 20 avril jusqu’au 24 novembre, révèle aussi un autre constat – sociologique, intellectuel ou idéologique, comme on voudra. Moins dans les œuvres exposées (certaines sont militantes, mais il n’y en a pas tant que cela) que dans ce qu’on veut leur faire dire. Précisons que la Biennale se compose de plusieurs sous-ensembles : le premier, le plus attendu, est la section internationale, confiée chaque fois à un commissaire d’exposition différent. Le Brésilien Adriano Pedrosa a conçu celui de cette édition.

Le deuxième, ce sont les pavillons nationaux. Chaque pays représenté, quatre-vingt-dix en 2024, montre les artistes de son choix. Le troisième, qui se développe de plus en plus, ce sont des expositions privées organisées dans des palais loués – fort cher – pour l’occasion, ou dans l’espace public, par des grandes galeries ou des maisons de mode, quand ce n’est pas par des artistes eux-mêmes, pour peu qu’ils en aient les moyens financiers.

Jean-Hubert Martin l’avait magistralement démontré, en 1989 à Paris, avec son exposition « Les Magiciens de la terre » : il y a des artistes formidables ailleurs qu’en Occident. Mais lui avait effectué une sélection rigoureuse des œuvres, sur des bases esthétiques, exposant seulement ce qu’il estimait être le meilleur. Aujourd’hui, ces critères semblent n’avoir plus cours : tout se vaut.

Dégradation des Comptes publics : La France sauve sa note…. mais pas son déficit

Dégradation des Comptes publics : La France sauve sa note…. mais pas son déficit
C’est une sorte de victoire à la Pyrrhus pour la France qui réussit à conserver sa note relative à l’état des comptes publics. Cependant les commentaires de ces agences de notation sont très sévères et soulignent la récente dégradation. Le déficit et la dette atteignent en effet des records. La charge de la dette pour les seuls intérêts représentera bientôt autour de 70 milliards soit presque le premier poste du budget. De toute manière, cette note n’aurait pas changé grand-chose dans la mesure où la France pourra toujours rembourser les intérêts mais pas le capital. Une sorte d’assurance pour les prêteurs notamment étrangers nombreux  mais une hypothèque sur les capacités financières du pays.

 

Ces sujets techniques dominent dans un environnement où les investisseurs anticipent des baisses de taux. « La dégradation, évidemment que ce ne serait pas une bonne nouvelle. Mais le plus important, c’est que cela ne devrait pas avoir de conséquence sur les taux auxquels nous nous finançons, dans la mesure où les marchés ont déjà intégré la situation de nos finances publiques », se rassurait-on, ces derniers jours, à Matignon. Sans tension supplémentaire sur les marchés le gouvernement anticipe déjà une explosion de la charge de la dette, qui dépasserait les 70 milliards en 2027.

 

Comptes publics : La France sauve sa note…. mais pas son déficit et sa dette

Comptes publics : La France sauve sa note…. mais pas son déficit
C’est une sorte de victoire à la Pyrrhus pour la France qui réussit à conserver sa note relative à l’état des comptes publics. Cependant les commentaires de ces agences de notation sont très sévères et soulignent la récente dégradation. Le déficit et la dette atteignent en effet des records. La charge de la dette pour les seuls intérêts représentera bientôt autour de 70 milliards soit presque le premier poste du budget. De toute manière, cette note n’aurait pas changé grand-chose dans la mesure où la France pourra toujours rembourser les intérêts mais pas le capital. Une sorte d’assurance pour les prêteurs notamment étrangers nombreux  mais une hypothèque sur les capacités financières du pays

 

Ces sujets techniques dominent dans un environnement où les investisseurs anticipent des baisses de taux. « La dégradation, évidemment que ce ne serait pas une bonne nouvelle. Mais le plus important, c’est que cela ne devrait pas avoir de conséquence sur les taux auxquels nous nous finançons, dans la mesure où les marchés ont déjà intégré la situation de nos finances publiques », se rassurait-on, ces derniers jours, à Matignon. Sans tension supplémentaire sur les marchés le gouvernement anticipe déjà une explosion de la charge de la dette, qui dépasserait les 70 milliards en 2027.

 

Budget France : pas crédible d’après le FMI

Budget France : pas crédible d’après le FMI

Comme le Fonds monétaire international (FMI), le Haut conseil des finances publiques estime que les prévisions de réduction des déficits manquent de cohérence et de crédibilité. Après la claque internationale de la part du FMI, c’est une claque interne de l’organisme spécialisé de la Cour des Comptes.

Pour rappel, le déficit public 2023 s’est établi à 5,5% du PIB au lieu des 4,9% initialement prévus et Bercy compte le réduire à 5,1% en 2024, 4,1% en 2025, 3,6% en 2026 et finalement 2,9% en 2027. Son programme de stabilité sera prochainement débattu au Parlement et transmis à Bruxelles.

Mais « le Haut Conseil considère que cette prévision manque de crédibilité », à la fois car la documentation de cet effort « jamais réalisé par le passé (reste) à ce stade lacunaire », mais aussi parce que « sa réalisation suppose la mise en place d’une gouvernance rigoureuse, associant l’ensemble des acteurs concernés (l’État, les collectivités locales et la sécurité sociale), qui n’est pas réunie aujourd’hui », expose l’avis.

« Cette prévision manque également de cohérence », prévient l’institution : « la mise en œuvre de l’ajustement structurel prévu pèsera nécessairement, au moins à court terme, sur l’activité économique », si bien que « les prévisions de croissance élevées du gouvernement (apparaissent) peu cohérentes avec l’ampleur de cet ajustement ».

 

Au final, « compte tenu de la dégradation » surprise du déficit public 2023 à 5,5% du PIB au lieu des 4,9% initialement prévus et « d’hypothèses de croissance moins élevées », « le retour du déficit public sous 3 points de PIB en 2027 supposerait un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 – 2,2 points de PIB sur quatre ans – (qui) s’appuierait essentiellement sur un effort d’économies en dépenses », résume dans son avis le HCFP.

Avoirs russes: La Suisse ne veut pas participer

Avoirs russes: La Suisse ne veut pas participer

Une nouvelle fois la Suisse témoigne d’une certaine hypocrisie en refusant de s’associer au G7 pour bloquer l’argent des oligarques russes. Cela paraît-il pour ne pas altérer la position de médiateur international de la Suisse. Une position évidemment tout à fait théorique car il y a longtemps que la Suisse ne joue plus aucun rôle. Un apolitisme qui sert son business.

La Suisse est en effet une des places financières les plus prisées « pour l’argent des oligarques russes » car  les avoirs déposés dans les banques suisses se montent, selon différentes estimations, entre 150 et 200 milliards de francs (154 à 206 milliards d’euros).  Lors de la séance à la chambre basse, Hans-Peter Portmann, député du groupe libéral-radical (droite libérale) a affirmé que la Suisse collabore déjà techniquement avec de nombreux pays et organismes, y compris avec le groupe de travail du G7. Mais, pour lui, rejoindre ce groupe risquerait d’affaiblir la position de la Suisse en tant que médiateur.

Une confusion sans doute entre le concept de politique diplomatique et celui de l’intérêt des banques suisses.

 

 

Iran -Israël : les États-Unis ne veulent pas d’escalade

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Les États-Unis ont été très clairs , ils refusent absolument de soutenir une éventuelle escalade dans l’affrontement entre l’Iran et Israël. Les États-Unis se sont  montrés des alliés fidèles et efficaces suite à l’attaque de l’Iran mais ne veulent surtout pas engager un processus qui serait susceptible de mettre le feu dans tout le Moyen-Orient. Du coup Israël devra adopter une stratégie très ciblée et proportionnée  pour satisfaire les contraintes de son principal allié et en même temps répondre à l’attaque directe de l’Iran.

Même s’il a rappelé le soutien « inébranlable » des Etats-Unis à Israël, le président américain veut à tout prix éviter un embrasement de la région quelques mois de la présidentielle américaine. Pour justifier cette position Washington explique que l’attaque iranienne n’a pas fait de victimes ni de gros dégâts.

Pour autant, pour certains analystes, une riposte d’Israël contre la République islamique, est quasi-inévitable. Chacun y va de son argument.

« Traditionnellement, Israël a zéro tolérance si son sol national est frappé par un autre Etat », souligne Stéphane Audrand, consultant en sécurité, qui estime que Benjamin Netanyahou « ne peut pas ne pas réagir ».

 

Avec un Premier ministre israélien jugé imprévisible, qui joue sa survie politique à la tête d’une coalition de droite et d’extrême droite, il y a un « peu ce risque d’emballement sur le nucléaire ».
Pour d’autres experts, l’Iran a fait en sorte de ne pas provoquer de gros dégâts. Sur France Info, l’universitaire Bertrand Badie, un spécialiste des relations internationales, a fait état d’une « retenue évidente du côté de l’Iran », qui n’a « pas de volonté d’escalade », car il « sait qu’Israël a des moyens militaires et diplomatiques dont (il) ne dispose pas ». « L’attaque telle qu’on l’a vue se dérouler cette nuit était d’un type dont l’Iran savait très bien qu’Israël avait tous les moyens de la parer ».

A noter, les mêmes chancelleries, Washington en tête, ont serré les rangs depuis samedi face à l’Iran, assurant Israël de leur soutien, tandis que plusieurs pays – Etats-Unis, Jordanie, Grande-Bretagne, France- ont appuyé militairement la défense israélienne, selon l’armée. Si bien qu’« Israël ne peut pas riposter sans consulter les Américains », juge Sima Shine. Avant de riposter, « il ne s’agit pas seulement de consulter, mais d’obtenir l’approbation de Washington », assure Tamir Hayman. « Le temps est de notre côté, nous pouvons penser, planifier et agir intelligemment », écrit-il sur X, estimant que « le succès défensif » obtenu ce week-end permet de ne pas se précipiter.

 

Simplifier le bulletin de paye : c’est pas si simple !

Simplifier le bulletin de paye : c’est pas si simple !

C’est la énième volonté du gouvernement et ce n’est pas la première fois. Le problème c’est que la complexité du bulletin de paye est attachée à la complexité de la fiscalité et des cotisations diverses.

 

Bercy juge d’ailleurs que cette complexité ne s’explique pas seulement par une frénésie bureaucratique. Elle est aussi « la conséquence directe des modalités de financement de la protection sociale en France », ainsi que le fruit des multiples usages du bulletin, qui sert aussi comme « attestation du revenu du salarié auprès d’acteurs tiers, document de référence en cas de contrôle et support souvent privilégié par l’employeur pour transmettre des informations au salarié ». Encore en juillet dernier, une ligne « montant net social » a été ajoutée pour permettre aux salariés de retrouver plus facilement les ressources à déclarer pour décrocher la prime d’activité ou le RSA (auprès des CAF).

En fait on ne procéderait pas à une simplification du contenu mais simplement de la forme avec les principaux agrégats. Bref pas vraiment une transformation significative. « seuls les principaux agrégats composant la rémunération seraient désormais restitués sans le détail des prélèvements sociaux réalisés ». Dans l’exemple donné dans l’étude d’impact, le bulletin passerait de 55 lignes environ à une trentaine, ce qui reste considérable, mais ce qui changerait nettement la perception visuelle.

 

Polémique HLM : « Le bail à vie n’existe pas »

Polémique HLM : « Le bail à vie n’existe pas »

Le ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian a déclaré vouloir mettre fin au bail à vie dans les HLM. Ce que conteste totalement la présidente de l’union sociale pour l’habitat, association représentative du secteur HLM. Notons aussi par parenthèse que si certains locataires de HLM résident encore dans ce type de logement c’est sans doute qu’ils n’ont pas les moyens pour mettre 500 000 € ou 1 million dans un appartement en région parisienne ou 400 000 euros  en province. En cause, le fait qu’on manque aussi de logements intermédiaires.  Le ministre, lui, veut favoriser la sortie des logements sociaux des locataires qui ont « largement dépassé les plafonds de revenus ». Et ainsi mettre fin au principe du logement social « à vie »

« Il y a 3% des ménages locataires qui peuvent être assujettis à ce qu’on appelle un complément de loyer », parce que « les revenus dépasseraient », explique Emmanuelle Cosse. Sauf que « l’État a demandé à ce que ça ne soit pas appliqué » notamment « au nom de la mixité sociale » dans certains territoires, affirme-t-elle. Emmanuelle Cosse rappelle qu’un « contrôle annuel » existe déjà : « L’ensemble des locataires HLM doivent déclarer leurs revenus tous les ans. Ils sont contrôlés pour savoir s’ils ont droit de rester dans ce logement ». 

En l’état actuel de la réglementation, si cette « enquête ressources » montre que les locataires dépassent un certain plafond de ressources, leur bailleur peut majorer leur loyer et s’ils font état de revenus encore plus élevés, il peut dans certains cas refuser de renouveler leur bail. La présidente de l’Union sociale pour l’habitat assure qu’aujourd’hui, les locataires ne présentant pas leurs revenus sont « immédiatement » soumis à un surloyer. Et les dépassements de revenus sont encadrés : « Au-delà d’un certain seuil, ils ne pourront plus rester dans le logement social. Il y a tous les ans, des gens qui en repartent ».

Emmanuelle Cosse s’interroge sur le chiffre de 8 % du ministre: « Je ne sais pas d’où il sort ». Selon l’ancienne ministre du Logement, « on utilise cette expression ‘logement à vie’ pour faire polémique, alors que le gros sujet aujourd’hui, c’est qu’on ne construit pas assez de logements sociaux ». Selon elle, « on n’a jamais eu autant de demandeurs et la construction est en crise ».

HLM : « Le bail à vie n’existe pas »

HLM : « Le bail à vie n’existe pas »

Le ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian a déclaré vouloir mettre fin au bail à vie dans les HLM. Ce que conteste totalement la présidente de l’union sociale pour l’habitat, association représentative du secteur HLM. Notons aussi par parenthèse que si certains locataires de HLM résident encore dans ce type de logement c’est sans doute qu’ils n’ont pas les moyens pour mettre 500 000 € ou 1 million dans un appartement en région parisienne ou 400 000 euros  en province. En cause, le fait qu’on manque aussi de logements intermédiaires.  Le ministre, lui, veut favoriser la sortie des logements sociaux des locataires qui ont « largement dépassé les plafonds de revenus ». Et ainsi mettre fin au principe du logement social « à vie »

« Il y a 3% des ménages locataires qui peuvent être assujettis à ce qu’on appelle un complément de loyer », parce que « les revenus dépasseraient », explique Emmanuelle Cosse. Sauf que « l’État a demandé à ce que ça ne soit pas appliqué » notamment « au nom de la mixité sociale » dans certains territoires, affirme-t-elle. Emmanuelle Cosse rappelle qu’un « contrôle annuel » existe déjà : « L’ensemble des locataires HLM doivent déclarer leurs revenus tous les ans. Ils sont contrôlés pour savoir s’ils ont droit de rester dans ce logement ». 

En l’état actuel de la réglementation, si cette « enquête ressources » montre que les locataires dépassent un certain plafond de ressources, leur bailleur peut majorer leur loyer et s’ils font état de revenus encore plus élevés, il peut dans certains cas refuser de renouveler leur bail. La présidente de l’Union sociale pour l’habitat assure qu’aujourd’hui, les locataires ne présentant pas leurs revenus sont « immédiatement » soumis à un surloyer. Et les dépassements de revenus sont encadrés : « Au-delà d’un certain seuil, ils ne pourront plus rester dans le logement social. Il y a tous les ans, des gens qui en repartent ».

Emmanuelle Cosse s’interroge sur le chiffre de 8 % du ministre: « Je ne sais pas d’où il sort ». Selon l’ancienne ministre du Logement, « on utilise cette expression ‘logement à vie’ pour faire polémique, alors que le gros sujet aujourd’hui, c’est qu’on ne construit pas assez de logements sociaux ». Selon elle, « on n’a jamais eu autant de demandeurs et la construction est en crise ».

Europe : l’élargissement n’est pas compatible avec l’approfondissement

Europe : l’élargissement n’est pas compatible avec l’approfondissement

 

L’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Géorgie et des pays des Balkans occidentaux encouragera le dumping social intra-européen, regrette, dans une tribune au « Monde », Emmanuel Maurel, eurodéputé. Si ce « grand basculement » était engagé, les Français devraient être consultés par référendum.

L’Europe est confrontée à des défis sans précédent. Une guerre est à ses portes depuis deux ans et une autre, dans son voisinage proche, depuis octobre 2023. Elle subit une concurrence féroce et déloyale de toutes parts. Elle paie la sortie de l’inflation d’une probable récession. Elle a un très gros problème énergétique et elle accumule les retards technologiques. Dans le même temps les écarts de richesse explosent et la cohésion sociale se délite.

C’est dans ce contexte que les dirigeants européens ont accéléré le processus d’adhésion de l’Ukraine, en ajoutant au passage la Moldavie et la Géorgie. Avec les pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie), la liste des impétrants compte désormais huit pays, soit plus de… 60 millions d’habitants. « Nous allons parachever l’unité du continent », clament-ils en chœur – et c’est vrai que ça sonne bien.

Référons-nous à la devise européenne – « Unie dans la diversité ». Davantage d’unité sortira-t-elle de cette nouvelle couche de diversité ? Tout porte à croire que cet élargissement-là n’apportera que le contraire. Souvenons-nous que le précédent élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale avait profondément modifié la structure d’un édifice pensé au départ pour la seule Europe de l’Ouest.
Le centre de gravité de l’Union s’était déplacé vers l’est, au profit de l’Allemagne et au détriment de la France et de l’Europe du Sud. Menée en parallèle d’un euro dévalué pour l’Allemagne et surévalué pour la France et l’Italie, l’entrée de onze pays avait provoqué une vague de délocalisations sans précédent, dont nous avons, nous, Français, fait les frais. Notre voisin germanique avait littéralement raflé l’économie des nouveaux venus pour en faire des sous-traitants de son puissant appareil industriel.

 

Dans les pays de l’Est eux-mêmes, les résultats sont contrastés. Economiquement, la réussite est incontestable – leur PIB a grimpé au rythme des exportations allemandes –, mais les salaires et les conditions sociales restent médiocres. On y vit évidemment mieux que dans les années 1990, mais le salaire minimum hongrois ou tchèque dépasse péniblement les 600 euros, celui de la Bulgarie s’élève à 400 euros. En Roumanie, le revenu moyen est inférieur de 67 % au revenu moyen français. Le dumping social fonctionne toujours à plein régime en Europe.

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