Archive pour le Tag 'partout'

Hausse partout de la Taxe foncière

Hausse partout de la Taxe foncière

Comme c’était prévisible, la taxe foncière augmente régulièrement pour compenser notamment la suppression de la taxe d’habitation. Et cette fois les collectivités n’y vont pas avec le dos de la cuillère puisque les hausses atteignent parfois 50 %. S’ajoute à ce phénomène, le fait que nombre de collectivités ne maîtrisent plus leurs dépenses. La taxe foncière augmente dans toutes les villes de plus de 40 000 habitants. Chaque année, une partie de la hausse de cet impôt est déterminée en fonction de l’inflation. En 2023, cette revalorisation des valeurs locatives cadastrales atteint 7,1% : sa plus forte hausse depuis 1986, selon l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), comme l’a rapporté Le Figaro.

Mais cet élément n’est pas le seul à faire varier la taxe foncière. Les municipalités peuvent également modifier le taux d’imposition de leurs administrés. Dans 80% des grandes villes, il n’a pas augmenté. Dans ces collectivités, seule la hausse de 7,1% sera donc appliquée. Une petite minorité (3%) a même décidé de baisser son taux d’imposition. C’est le cas de Compiègne (Oise), où la hausse de la taxe foncière devrait être contenue autour de 6%.

Les grandes villes restantes (17%) ont, au contraire, choisi de l’augmenter, avec des hausses parfois très significatives. Le résultat donne une taxe foncière qui explose à Grenoble (+31,5%), à Meudon (+42,2%) et surtout à Paris (+59%).

Sommet de l’Otan : Hausse des dépenses militaires partout

Sommet de l’Otan : Hausse des dépenses militaires partout

La guerre en Ukraine aura au moins permis à certains états occidentaux dont la France de prendre conscience de l’insuffisance de leurs dépenses militaires face au risque potentiel. Ainsi l’heure de la dernière réunion de l’OTAN, la décision a été prise que chaque pays devrait dépenser au moins 2 % du PIB pour l’armée. Les dirigeants des pays membres de l’Otan, réunis en sommet à Vilnius, se sont en effet engagés à consacrer chaque année « au moins 2% » de leur PIB aux dépenses militaires. Notons que la France a dépensé en 2022 1,94 % mais qu’elle accuse un grand retard depuis des années.

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, l’a officiellement annoncé mardi 11 juillet lors d’un point-presse. « Onze alliés ont désormais atteint ou dépassé ce cap. Nous nous attendons à ce que ce chiffre augmente de manière significative l’année prochaine », a-t-il précisé.

Jens Stoltenberg a également évoqué l’éventuelle entrée de l’Ukraine au sein de l’alliance. « Nous avons clairement indiqué que nous inviterons l’Ukraine à rejoindre l’Otan quand les Alliés seront d’accord et quand les conditions seront réunies », a-t-il déclaré. En clair, pas pour l’instant !

Impôts––Taxe foncière : en hausse partout !

Impôts––Taxe foncière : en hausse partout !


Le président de l’association des maires prend des précautions oratoires pour signifier que la taxe foncière sera augmentée dans environ 20 % des communes. La vérité c’est que compte tenu de l’inflation cette taxe sera en hausse dans un peu près toutes les collectivités locales. Elle sera justifiée bien entendu par l’inflation mais aussi par la dérive financière structurelle des collectivités qui comme l’État bien souvent ne maîtrisent plus les dépenses, les superstructures et les effectifs.

« Il y a 19% des communes qui vont augmenter leur taux de taxe foncière, donc 81% des communes qui ne vont pas l’augmenter », a détaillé le maire LR de Cannes au micro de Radio J . Mais ces collectivités l’augmenteront quand même à cause de l’inflation !
Donc, le montant de la taxe foncière va bel et bien augmenter. Le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, a annoncé que 19% des communes augmenteront cette année la taxe foncière, tout en soulignant qu’elle sera indexée sur l’inflation pour la totalité d’entre elles.

Fiscalité–Taxe foncière : en hausse partout !

Fiscalité–Taxe foncière : en hausse partout !


Le président de l’association des maires prend des précautions oratoires pour signifier que la taxe foncière sera augmentée dans environ 20 % des communes. La vérité c’est que compte tenu de l’inflation cette taxe sera en hausse dans un peu près toutes les collectivités locales. Elle sera justifiée bien entende par l’inflation mais aussi par la dérive structurelle des collectivités qui comme l’État bien souvent ne maîtrisent plus les dépenses, les superstructures et les effectifs.

« Il y a 19% des communes qui vont augmenter leur taux de taxe foncière, donc 81% des communes qui ne vont pas l’augmenter », a détaillé le maire LR de Cannes au micro de Radio J . Mais ces collectivités l’augmenteront quand même à cause de l’inflation !
Donc, le montant de la taxe foncière va bel et bien augmenter. Le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, a annoncé que 19% des communes augmenteront cette année la taxe foncière, tout en soulignant qu’elle sera indexée sur l’inflation pour la totalité d’entre elles.

De fait, la taxe d’habitation portant sur la résidence principale ayant été définitivement supprimée, le taux de la taxe foncière apparaît désormais comme l’un des seuls leviers fiscaux encore à disposition des maires. Et pour cause, les communes sont prises en tenaille entre le coût de la crise sanitaire, le dégel du point d’indice des fonctionnaires et l’explosion des prix de l’énergie.

« Nos marges de manœuvre se sont réduites comme peau de chagrin. Ce n’est donc pas par gaieté de cœur que nous utilisons ce dernier levier fiscal qui, de surcroît, ne porte que sur une catégorie de contribuables », regrettait Antoine Homé, maire (PS) de Wittenheim et co-président de la commission Finances de l’association des maires de France (AMF), auprès de La Tribune au mois de janvier.

Pour rappel, le montant de la taxe foncière dépend à la fois du taux voté par la collectivité, ainsi que de la base locative cadastrale. Or, cette dernière est réévaluée chaque année en fonction de l’évolution des prix à la consommation, soit +7% dans le cadre de la loi de finances 2023 votée en fin d’année dernière. Le président de l’AMF a ainsi reconnu que l’impôt local progressera de facto dans l’ensemble des communes « parce qu’il est réajusté du montant de l’inflation ».

Selon l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi), la taxe foncière dans son ensemble (base et taux) a augmenté en moyenne de 4,7% entre 2021 et 2022 dans les 200 plus grandes villes du pays.

Macron partout sur les médias

Macron partout sur les médias

Il n’y a pratiquement pas de jour ou Macon ne s’exprime pas à travers les médias en particulier à la télé. C’est le cas quand il voyage en province, c’est le cas quand il demeure à l’Élysée pour prendre la place de la première ministre, c’est encore le cas dans les moments plus officiels quand les médias complaisants lui tendent le micro de manière plus officielle.

On a encore vraisemblablement assister lundi soir à un interminable plaidoyer pour une politique pourtant pleine de contradictions dans nombre de domaines stratégiques. Macron va continuer de bonimenter, de dire tout et le contraire grâce à son idéologie du » en même temps ». D’un côté par exemple, il promet une grande rigueur financière mais de l’autre il ne cesse d’annoncer des milliards pour tout le monde en particulier pour une industrie moribonde ou pour la réduction des impôts des » classes moyennes ».

Pour l’instant, le chef de l’État n’a pas décidé de remplacer Élisabeth Borne mais se substitue à elle en s’exprimant sur tout et tout le temps. Quitte même à se mettre en contradiction avec la première ministre voire avec lui-même. Exemple cette mission de nouvelle majorité avec les « Républicains » qui a complètement échoué et dont il dit maintenant qu’elle n’est pas souhaitable !

Macron continue en faite de faire du Macron. Un peu comme ses prédécesseurs mais en pire. Comme Chirac, Sarkozy ou Hollande, Macron est un bonimenteur sans réel idéologie claire, coupé du réel et qui masque son vide politique par une communication qui dégouline de partout.

Le chef de l’État multiplie les annonces économiques ces derniers jours, notamment dans le domaine de la réindustrialisation. Il s’est aussi prononcé dimanche pour la poursuite de la baisse de la fiscalité sur les classes moyennes.

Retraites : encore des manifestations partout

Retraites : encore des manifestations partout

Depuis l’utilisation par le gouvernement de l’article 49–trois qui prive le Parlement de vote, les manifestations spontanées se développent un peu partout en France. Une sorte de résurgence du mouvement des gilets jaunes mais en beaucoup plus massif. Le président s’efforce de minimiser la colère en comparant les manifestants à une meute et à une foule irresponsable. De quoi donner du carburant pour réchauffer encore le climat de la grande manifestation de jeudi. De toute évidence Macron acculée ne maîtrise plus sa parole et son rôle commence être mis en cause y compris au sein de renaissance, parti de la majorité.

À 48 heures d’une nouvelle journée nationale de mobilisation à l’appel des syndicats le jeudi 23 mars contre la réforme des retraites, des milliers de personnes sont descendues dans les rues ce mardi soir dans tout le pays. Selon les préfectures, elles étaient au moins 5000 à Grenoble, 900 à Lille, 3500 à Paris, 1200 à Rennes, 4100 à Nantes (10.000 selon les syndicats), mais aussi 300 au Mans.

Dans la plupart de ces villes, les cortèges se sont déroulés dans le calme, même si de nouveaux incidents ont été signalés. Comme lundi soir, des violences policières et des charges violentes de CRS ont aussi été rapportées, tout comme des entraves à la presse.

Dans la capitale, les forces de l’ordre ont procédé à 27 interpellations, selon une source policière. Certains manifestants, à Paris notamment, ont jeté des projectiles en direction des policiers.

Plus tôt dans la journée, des actions contre la réforme des retraites ont été organisées dans tout le pays. À Lyon où à Toulouse, des manifestants ont bloqué la circulation de plusieurs axes. En Bretagne, le trafic routier a été perturbé mardi par plusieurs blocages, notamment sur les périphériques rennais et nantais, à Laval, Vannes et Brest.

Péage gratuit en Moselle: une soixantaine de manifestants ont investi le péage de Saint-Avold sur l’A4 pour lever les barrières. Dans les Yvelines, quinze véhicules Enedis ont ralenti la circulation sur la RN10 dans le sens Paris-province, soulignait l’AFP.

Des incidents ont aussi éclaté mardi devant le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille, où les autorités ont procédé aux premières réquisitions de personnel en grève contre la réforme.

Sur fond de ces nouvelles manifestations, Emmanuel Macron a estimé dans la soirée qu’il fallait « apaiser » et « écouter la colère » des Français après l’adoption contestée du texte par le Parlement… tout en assurant que la foule n’a « pas de légitimité » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus. »

Démocratie: en cause partout dans le monde

Démocratie: en cause partout dans le monde

Maître de conférence en Histoire du droit et des idées politiques, Université Paris Cité dans The conversation

Un article intéressant qui souligne le caractère obsolète des conditions de fonctionnement de la démocratie dans le monde. Parmi les facteurs explicatifs, l’auteur aurait pu aussi parler de l’élévation générale du niveau d’instruction des populations hier majoritairement incultes et aujourd’hui politiquement nettement plus conscientes même dans des dictatures comme en Chine. NDLR

La maison-démocratie brûle. Partout en Occident, la multiplication des livres, articles et numéros de revue consacrés à la question nous font entendre des alarmes hurlantes.

Nous avons d’abord cru qu’il s’agissait d’un feu de paille. Tout au plus nous interrogions-nous sur la teneur du terme : était-il conforme au concept des origines comme le questionnait le philosophe Bernard Manin dans les années 1990 ? Gardait-il politiquement un sens opératoire ou glissait-il progressivement, à force d’utilisation fallacieuse, vers le purgatoire des mots « vides de sens » ?

En 2018, dans un essai retentissant sur le sujet, Le peuple contre la démocratie, le politologue Yasha Mounk, de nature pourtant modéré, alertait les plus incrédules.

La « démocratie », écrivait-il, est en danger de mort. Parce que deux périls la menacent : la démocratie illibérale (la Hongrie de Victor Orban, les États-Unis de Trump) et le libéralisme antidémocratique.

Celui-ci, selon Mounk, s’incarnait par exemple dans l’Union européenne d’un Jean‑Claude Junker qui, alors qu’il était Président de la Commission européenne, déclarait après la victoire du parti Syrisa en Grèce :

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

En 2020, l’inquiétude est particulièrement vive pour le cas français puisqu’au vu de ces derniers mois, la France semble s’être fragilisée sur l’un et l’autre des deux versants.

Alors qu’Emmanuel Macron avait été élu en promettant une version intégrale du libéralisme (c’est-à-dire économique et sociétale) comme le préconisaient certains grands libéraux du XIXe siècle (Benjamin Constant, Jules Simon), sa majorité multiplie sous son mandat des lois considérées comme liberticides : loi inscrivant les dispositions de l’État d’urgence dans le droit commun (Loi du 30 octobre 2017), loi sur le secret des affaires (Loi du 30 juillet 2018), dispositions restreignant la liberté de manifester (que le Conseil constitutionnel a retoqué), loi contre la liberté académique (dite Loi PPR adoptée le mardi 17 novembre 2020 contre l’avis de l’ensemble du monde universitaire), projet de loi dite « sécurité globale » qui menace la liberté de la presse et la liberté d’informer et qui inquiète jusqu’à la défenseure des droits.

La dureté de ces lois est telle qu’on a vu resurgir l’expression de « lois scélérates » que la gauche avait utilisée sous la IIIᵉ République pour dénoncer des lois spécifiquement prises contre les anarchistes.

Ce corpus de loi inquiète d’autant plus qu’il s’accompagne d’une répression sans précédent dans la Ve République contre les manifestants (Gilets jaunes, Mouvement contre les retraites) mais aussi contre les journalistes (avec la récente arrestation d’une journaliste de France 3 Île de France qui a ému jusqu’à certains membres parmi les plus consensuels de la profession)

Ce drapé noir qui s’abat sur la liberté et, partant, sur la démocratie masque deux impensés de la « démocratie libérale ».

D’une part, cette séquence rappelle qu’il existe dans la tradition libérale française un tropisme individualiste qui lui fait toujours opter pour les libertés individuelles contre les libertés sociales lorsque le dilemme s’impose. Cet arrière-fond idéologique provoque ainsi en temps de crise, ce que Luc Boltanski et Arnaud Esquerre dans leur essai Vers l’extrême ont appelé une » extension des domaines de la droite ».

D’autre part, ce moment révèle une conception étriquée de la « démocratie » réduite au seul jeu électoral et qui voudrait bâillonner toutes ses autres formes d’expression.

Mais la pensée grecque, par le passé, nous a appris que toute crise renferme en son sein la possibilité de son propre dépassement. Saisissons donc ce moment pour dire de quoi la crise démocratique est-elle le nom et comment elle doit servir à régénérer l’idéal de liberté et de souveraineté du peuple.

Dans Les Politiques, Aristote définit la « démocratie » comme le régime au sein duquel les citoyens exercent le pouvoir « à tour de rôle ».

On ne le dit presque plus, mais c’est là en principe le point fondamental qui doit permettre à la démocratie de tenir et de bénéficier du consentement de ses citoyens.

Buste d’Aristote, salle de lecture de la Bibliothèque Mazarine, Paris, 19 avril 2010. Marie-Lan Nguyen/Wikimedia, CC BY
Par une pratique aléatoire et circulaire du pouvoir, chacun étant amené dans son existence à être tantôt « gouverné » tantôt « gouvernant » s’investit pleinement dans la vie démocratique. Aujourd’hui, cette règle d’or de la démocratie est lettre morte.

Qui peut penser une seule minute qu’au sein des classes populaires existe ce sentiment d’alternance « gouverné/gouvernant » ?

Notre époque est profondément marquée par la disparition de ce cycle mais également – phénomène plus neuf –, par l’affaiblissement significatif de la colonne d’équilibre de la théorie du gouvernement représentatif, la croyance dans le couple « représentant/représenté ».

Dans les bistros, les vestiaires de foot, le bas des immeubles et les stands des marchés, on entend ainsi constamment parler d’un « ils ».

Ce « ils » désignent « les politiques » mais aussi tout en partie les médias, les journalistes, parfois le monde du spectacle, quelquefois Paris, les intellectuels…

« Qui peut penser une seule minute qu’au sein des classes populaires existe ce sentiment d’alternance ‘gouverné/gouvernant’ ? » (Jean Béraud, Au bistro. Jean Béraud/Wikimedia
C’est en effet un « ils » qui peut paraître confus, que d’aucuns appellent « système » d’autres « oligarchie », mais dont on peut parvenir à bien percevoir la silhouette si comme dans une chambre noire, on la regarde par le négatif. Ce qui caractérise ce « ils », c’est qu’ils ne sont pas « nous ».

Prenant acte de la progressive disparition de l’opposition « gauche »/« droite » à mesure que les grands partis de centre gauche européen se convertissaient au néo-libéralisme, les politologues et philosophes Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ont justement désigné, à partir des années 2000, ce « eux/nous » comme le nouveau marqueur principal du champ politique.

La proposition a fait grand bruit car elle invitait à délaisser le clivage horizontal classique (gauche/droite), devenu selon ces deux auteurs, illusoire, pour investir une partition verticale (haut/bas) répondant à la véritable situation antagonique créée par les systèmes politiques occidentaux.

Cette théorisation est bien connue puisqu’elle a notamment contribué à nourrir la « stratégie populiste » de Podemos ou de la France insoumise.

En forgeant ce schéma, Laclau et Mouffe souhaitaient avant tout s’extirper de la « crise du marxisme » des années 60/70, qui voyait des mouvements de protestations (libération de la femme, liberté sexuelle, question « gay ») échappés au cadre de la « lutte des classes ».

Mais il se trouve qu’aujourd’hui, ce schéma colle surtout à une forme de ressenti populaire que j’appellerai le « schisme démocratique » et que je définirai par le sentiment qui frappe désormais toute une partie des Français de ne pas/plus faire partie de la démocratie.

On pourrait même dire que tout au long de cette ligne de fracture se dessine de plus en plus une « démocratie du haut » et une « démocratie du bas ».

Celle du bas est frappée par une abstention et une lassitude civique de plus en plus marquée d’une part parce qu’elle considère qu’elle n’aura jamais accès à la « démocratie du haut » et d’autre part, parce qu’elle considère que celle du haut ne fait rien pour celle du bas.

Pourtant on aurait tort, sur la base de ces observations, de vouloir écrire une chronique d’une mort annoncée de la démocratie. C’est autre chose qui se joue. On assiste en réalité à la fin de l’assimilation « démocratie/élection » et à la bascule de la contestation politique des urnes à la rue. C’est là deux traits des choses qu’il faut réinsérer dans l’analyse de l’exercice démocratique pour mieux en saisir ses mutations.

Les récents événements ont vu toute une partie du personnel politique défendre une vision schématique de la démocratie qui la réduit à son seul processus électoral. Ainsi a-t-on entendu durant le mouvement des Gilets jaunes plusieurs ministres du gouvernement d’Édouard Philippe condamner les manifestants au nom du « respect de la démocratie », formule qu’il fallait décrypter comme signifiant « nous avons été élus, veuillez désormais vous taire pendant 5 ans ».

Ceci constitue un contresens majeur vis-à-vis de l’idée démocratique puisque depuis ses origines la contestation fait partie de la démocratie. Cette dernière est même, par définition, l’organisation du désaccord, l’espace qui doit permettre, comme l’écrivait le sociologue Marcel Mauss, de pouvoir « s’opposer sans se massacrer ».

Jamais elle ne s’est voulue synonyme de silence ou de passivité. S’enfonçant dans le contresens, certains en appellent même aujourd’hui à l’exemple de la démocratie athénienne pour contester ou interdire les manifestations de rue, les ronds-points investis ou les occupations de lycée/université ignorant qu’un éminent spécialiste de l’Antiquité par exemple, Moses I. Finley, dans ses travaux (L’invention de la politique, 1983), a précisément tordu le cou à l’idée que les démocraties fondatrices de l’Occident (Athènes et Rome) aient pu être lisses ou immaculées de tout conflit.

La démocratie, a écrit Finley, se nourrit de ce que les Grecs appelaient la « stasis » (crise), elle est toute entière traversée par des confrontations entre la minorité et la majorité, les « biens nés » (Eupatrides) et les autres, la masse (to plêthos) ; en un mot, elle vit inévitablement les conflits nés de ce que Aristote nomme « la différence qui sépare […] la pauvreté et la richesse ».

Alors oui la démocratie est loi, droit, élections mais elle est aussi agitations, indignations, manifestations, quelques fois émeutes.

Le mot même de « démocratie » est révélateur de cette conflictualité interne. On le traduit le plus souvent par le « pouvoir » (kratos) du « peuple » (dêmos), mais le choix du terme « kratos » en lieu et place d’« archei » (comme dans monarchie) indique que ses fondateurs la savaient dotée d’une certaine dimension de violence dans l’expression de sa puissance.

Est-ce à dire qu’il faut applaudir tout bris de vitrine ou d’abris de bus ? Chacun de ces actes mérite d’être analysé à l’aune de son intention : est-il la marque d’une colère, d’une volonté condamnable de piller, d’un nihilisme revendiqué ou d’une expression de la philosophie libertaire du « Black Bloc » ?

Bourdieu en son temps avait dit qu’on peut brûler les voitures, s’il y a « un objectif » derrière et si l’acte s’inscrit dans « un mouvement social » visant à l’amélioration de la vie commune.

Voilà à quoi doit s’atteler le monde politique : à réentendre les mille bouches de la démocratie et à formuler à partir de lui un nouveau sens commun.

Contrairement aux apparences, nous n’assistons pas à un pur mouvement de reflux démocratique. L’heure est plus nervurée. Si nous voyons ressurgir des aspirations monarchistes et des tendances néo-fascistes très préoccupantes, l’essentiel de la période est surtout marquée par une remise en cause de la démocratie dans sa pratique ainsi que l’a souligné Jacques Rancière dans la Haine de la démocratie (2005).

Au sein de l’immense colère qui monte, le désir n’est pas à un moins de démocratie mais au contraire à un plus de démocratie. La rage d’une grande part de la population est à ce titre pleinement démocratique.

Elle s’apparente à la fièvre qui veut protéger son corps en brûlant le virus qui le contamine. Ce qu’on nomme la « crise démocratique » actuelle questionne le pouvoir perdu et fustige la dépossession du droit à s’autodéterminer ; elle pointe du doigt la mise en place progressive d’un « cens caché », selon l’expression de Daniel Gaxie, source d’une véritable « ségrégation politique ».

Tendons bien l’oreille : la vox populi ne dit pas « à bas la démocratie », elle indique la volonté qu’on mette fin à une dysmétrie politique par laquelle les classes populaires et paupérisées ne se figurent plus comme acteurs politiques mais comme une simple caisse enregistreuse de décisions venues « dont on ne sait où ».

Si l’on veut revitaliser la démocratie, il faut redonner la parole, réinstaurer davantage de questionnements, d’interrogations, permettre l’expression de la souveraineté populaire et de la délibération publique.

En somme, la « crise de la démocratie » ne doit pas s’appréhender comme l’annonce de son effondrement mais comme l’exigence d’un retour à ses fondements.

Dans son essai La démocratie aux marges (2018), le regretté David Graeber rappelait en ce sens qu’au regard de l’Histoire « l’idéal démocratique » tend à retrouver de la vigueur précisément dans les moments où on interroge sa tradition et sa signification profonde. Nous y sommes.

Osons avancer l’hypothèse que la « crise » de la démocratie par sa remise en cause pourra aussi être son kaïros, c’est-à-dire, le moment, pour tous, de travailler à sa régénération.

Des manifestations spontanées partout en France

Des manifestations spontanées partout en France

La chienlit commence à s’installer en France sur le mode gilet jaune. En effet du fait de l’entêtement du pouvoir les protestations pourraient durer des semaines et des mois et la situation devenir très critique non seulement sur le plan politique mais aussi économique et social. Des milliers de personnes ont en effet manifesté dans tout le pays pour protester contre l’adoption de la réforme des retraites sans vote à l’Assemblée nationale. Des violences ont été signalées dans plusieurs villes, du côté des manifestants comme du côté des forces de l’ordre.

Des dégradations ont été commises souvent en marge ou pendant ces mobilisations. À Paris ou à Strasbourg, des poubelles ont été brûlées, des panneaux publicitaires ont été brisés. À Abbeville, la mairie a même été envahie par des manifestants, tandis qu’à Brest, un dispositif policier a dû être mis en place autour de la permanence du député Horizons Jean-Charles Larsonneur.

Dans tous les cortèges, les manifestants dénonçaient le « coup de force » du gouvernement et appelaient à la démission du président de la République Emmanuel Macron et de la Première ministre Elisabeth Borne, signe que les revendications semblent désormais dépasser le simple retrait de la réforme des retraites.

La CGT appelle à « amplifier la mobilisation », et à « participer massivement aux grèves reconductibles et aux manifestations », le jeudi 23 mars « et après, si nécessaire ».

Interviewé lundi soir, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé les salariés à se « mobiliser jeudi, dans le cadre de l’intersyndicale, dans le même sens des responsabilités » que depuis le mois de janvier pour demander le retrait de la réforme. Il s’est dit inquiet de la « colère » et des « violences » qui pourraient s’exprimer du fait de l’adoption d’une loi qui n’avait « pas de majorité à l’Assemblée nationale », tout en affirmant que les syndicats ne seraient pas « comptables de ce qui se passerait qui ne serait pas sous mot d’ordre syndical ».

Démocratie: La maison brûle partout dans le monde

Démocratie: La maison brûle partout dans le monde

Maître de conférence en Histoire du droit et des idées politiques, Université Paris Cité dans The conversation

Un article intéressant qui souligne le caractère obsolète des conditions de fonctionnement de la démocratie dans le monde. Parmi les facteurs explicatifs, l’auteur aurait pu aussi parler de l’élévation générale du niveau d’instruction des populations hier majoritairement incultes et aujourd’hui politiquement nettement plus conscientes même dans des dictatures comme en Chine. NDLR

La maison-démocratie brûle. Partout en Occident, la multiplication des livres, articles et numéros de revue consacrés à la question nous font entendre des alarmes hurlantes.

Nous avons d’abord cru qu’il s’agissait d’un feu de paille. Tout au plus nous interrogions-nous sur la teneur du terme : était-il conforme au concept des origines comme le questionnait le philosophe Bernard Manin dans les années 1990 ? Gardait-il politiquement un sens opératoire ou glissait-il progressivement, à force d’utilisation fallacieuse, vers le purgatoire des mots « vides de sens » ?

En 2018, dans un essai retentissant sur le sujet, Le peuple contre la démocratie, le politologue Yasha Mounk, de nature pourtant modéré, alertait les plus incrédules.

La « démocratie », écrivait-il, est en danger de mort. Parce que deux périls la menacent : la démocratie illibérale (la Hongrie de Victor Orban, les États-Unis de Trump) et le libéralisme antidémocratique.

Celui-ci, selon Mounk, s’incarnait par exemple dans l’Union européenne d’un Jean‑Claude Junker qui, alors qu’il était Président de la Commission européenne, déclarait après la victoire du parti Syrisa en Grèce :

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

En 2020, l’inquiétude est particulièrement vive pour le cas français puisqu’au vu de ces derniers mois, la France semble s’être fragilisée sur l’un et l’autre des deux versants.

Alors qu’Emmanuel Macron avait été élu en promettant une version intégrale du libéralisme (c’est-à-dire économique et sociétale) comme le préconisaient certains grands libéraux du XIXe siècle (Benjamin Constant, Jules Simon), sa majorité multiplie sous son mandat des lois considérées comme liberticides : loi inscrivant les dispositions de l’État d’urgence dans le droit commun (Loi du 30 octobre 2017), loi sur le secret des affaires (Loi du 30 juillet 2018), dispositions restreignant la liberté de manifester (que le Conseil constitutionnel a retoqué), loi contre la liberté académique (dite Loi PPR adoptée le mardi 17 novembre 2020 contre l’avis de l’ensemble du monde universitaire), projet de loi dite « sécurité globale » qui menace la liberté de la presse et la liberté d’informer et qui inquiète jusqu’à la défenseure des droits.

La dureté de ces lois est telle qu’on a vu resurgir l’expression de « lois scélérates » que la gauche avait utilisée sous la IIIᵉ République pour dénoncer des lois spécifiquement prises contre les anarchistes.

Ce corpus de loi inquiète d’autant plus qu’il s’accompagne d’une répression sans précédent dans la Ve République contre les manifestants (Gilets jaunes, Mouvement contre les retraites) mais aussi contre les journalistes (avec la récente arrestation d’une journaliste de France 3 Île de France qui a ému jusqu’à certains membres parmi les plus consensuels de la profession)

Ce drapé noir qui s’abat sur la liberté et, partant, sur la démocratie masque deux impensés de la « démocratie libérale ».

D’une part, cette séquence rappelle qu’il existe dans la tradition libérale française un tropisme individualiste qui lui fait toujours opter pour les libertés individuelles contre les libertés sociales lorsque le dilemme s’impose. Cet arrière-fond idéologique provoque ainsi en temps de crise, ce que Luc Boltanski et Arnaud Esquerre dans leur essai Vers l’extrême ont appelé une » extension des domaines de la droite ».

D’autre part, ce moment révèle une conception étriquée de la « démocratie » réduite au seul jeu électoral et qui voudrait bâillonner toutes ses autres formes d’expression.

Mais la pensée grecque, par le passé, nous a appris que toute crise renferme en son sein la possibilité de son propre dépassement. Saisissons donc ce moment pour dire de quoi la crise démocratique est-elle le nom et comment elle doit servir à régénérer l’idéal de liberté et de souveraineté du peuple.

Dans Les Politiques, Aristote définit la « démocratie » comme le régime au sein duquel les citoyens exercent le pouvoir « à tour de rôle ».

On ne le dit presque plus, mais c’est là en principe le point fondamental qui doit permettre à la démocratie de tenir et de bénéficier du consentement de ses citoyens.

Buste d’Aristote, salle de lecture de la Bibliothèque Mazarine, Paris, 19 avril 2010. Marie-Lan Nguyen/Wikimedia, CC BY
Par une pratique aléatoire et circulaire du pouvoir, chacun étant amené dans son existence à être tantôt « gouverné » tantôt « gouvernant » s’investit pleinement dans la vie démocratique. Aujourd’hui, cette règle d’or de la démocratie est lettre morte.

Qui peut penser une seule minute qu’au sein des classes populaires existe ce sentiment d’alternance « gouverné/gouvernant » ?

Notre époque est profondément marquée par la disparition de ce cycle mais également – phénomène plus neuf –, par l’affaiblissement significatif de la colonne d’équilibre de la théorie du gouvernement représentatif, la croyance dans le couple « représentant/représenté ».

Dans les bistros, les vestiaires de foot, le bas des immeubles et les stands des marchés, on entend ainsi constamment parler d’un « ils ».

Ce « ils » désignent « les politiques » mais aussi tout en partie les médias, les journalistes, parfois le monde du spectacle, quelquefois Paris, les intellectuels…

« Qui peut penser une seule minute qu’au sein des classes populaires existe ce sentiment d’alternance ‘gouverné/gouvernant’ ? » (Jean Béraud, Au bistro. Jean Béraud/Wikimedia
C’est en effet un « ils » qui peut paraître confus, que d’aucuns appellent « système » d’autres « oligarchie », mais dont on peut parvenir à bien percevoir la silhouette si comme dans une chambre noire, on la regarde par le négatif. Ce qui caractérise ce « ils », c’est qu’ils ne sont pas « nous ».

Prenant acte de la progressive disparition de l’opposition « gauche »/« droite » à mesure que les grands partis de centre gauche européen se convertissaient au néo-libéralisme, les politologues et philosophes Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ont justement désigné, à partir des années 2000, ce « eux/nous » comme le nouveau marqueur principal du champ politique.

La proposition a fait grand bruit car elle invitait à délaisser le clivage horizontal classique (gauche/droite), devenu selon ces deux auteurs, illusoire, pour investir une partition verticale (haut/bas) répondant à la véritable situation antagonique créée par les systèmes politiques occidentaux.

Cette théorisation est bien connue puisqu’elle a notamment contribué à nourrir la « stratégie populiste » de Podemos ou de la France insoumise.

En forgeant ce schéma, Laclau et Mouffe souhaitaient avant tout s’extirper de la « crise du marxisme » des années 60/70, qui voyait des mouvements de protestations (libération de la femme, liberté sexuelle, question « gay ») échappés au cadre de la « lutte des classes ».

Mais il se trouve qu’aujourd’hui, ce schéma colle surtout à une forme de ressenti populaire que j’appellerai le « schisme démocratique » et que je définirai par le sentiment qui frappe désormais toute une partie des Français de ne pas/plus faire partie de la démocratie.

On pourrait même dire que tout au long de cette ligne de fracture se dessine de plus en plus une « démocratie du haut » et une « démocratie du bas ».

Celle du bas est frappée par une abstention et une lassitude civique de plus en plus marquée d’une part parce qu’elle considère qu’elle n’aura jamais accès à la « démocratie du haut » et d’autre part, parce qu’elle considère que celle du haut ne fait rien pour celle du bas.

Pourtant on aurait tort, sur la base de ces observations, de vouloir écrire une chronique d’une mort annoncée de la démocratie. C’est autre chose qui se joue. On assiste en réalité à la fin de l’assimilation « démocratie/élection » et à la bascule de la contestation politique des urnes à la rue. C’est là deux traits des choses qu’il faut réinsérer dans l’analyse de l’exercice démocratique pour mieux en saisir ses mutations.

Les récents événements ont vu toute une partie du personnel politique défendre une vision schématique de la démocratie qui la réduit à son seul processus électoral. Ainsi a-t-on entendu durant le mouvement des Gilets jaunes plusieurs ministres du gouvernement d’Édouard Philippe condamner les manifestants au nom du « respect de la démocratie », formule qu’il fallait décrypter comme signifiant « nous avons été élus, veuillez désormais vous taire pendant 5 ans ».

Ceci constitue un contresens majeur vis-à-vis de l’idée démocratique puisque depuis ses origines la contestation fait partie de la démocratie. Cette dernière est même, par définition, l’organisation du désaccord, l’espace qui doit permettre, comme l’écrivait le sociologue Marcel Mauss, de pouvoir « s’opposer sans se massacrer ».

Jamais elle ne s’est voulue synonyme de silence ou de passivité. S’enfonçant dans le contresens, certains en appellent même aujourd’hui à l’exemple de la démocratie athénienne pour contester ou interdire les manifestations de rue, les ronds-points investis ou les occupations de lycée/université ignorant qu’un éminent spécialiste de l’Antiquité par exemple, Moses I. Finley, dans ses travaux (L’invention de la politique, 1983), a précisément tordu le cou à l’idée que les démocraties fondatrices de l’Occident (Athènes et Rome) aient pu être lisses ou immaculées de tout conflit.

La démocratie, a écrit Finley, se nourrit de ce que les Grecs appelaient la « stasis » (crise), elle est toute entière traversée par des confrontations entre la minorité et la majorité, les « biens nés » (Eupatrides) et les autres, la masse (to plêthos) ; en un mot, elle vit inévitablement les conflits nés de ce que Aristote nomme « la différence qui sépare […] la pauvreté et la richesse ».

Alors oui la démocratie est loi, droit, élections mais elle est aussi agitations, indignations, manifestations, quelques fois émeutes.

Le mot même de « démocratie » est révélateur de cette conflictualité interne. On le traduit le plus souvent par le « pouvoir » (kratos) du « peuple » (dêmos), mais le choix du terme « kratos » en lieu et place d’« archei » (comme dans monarchie) indique que ses fondateurs la savaient dotée d’une certaine dimension de violence dans l’expression de sa puissance.

Est-ce à dire qu’il faut applaudir tout bris de vitrine ou d’abris de bus ? Chacun de ces actes mérite d’être analysé à l’aune de son intention : est-il la marque d’une colère, d’une volonté condamnable de piller, d’un nihilisme revendiqué ou d’une expression de la philosophie libertaire du « Black Bloc » ?

Bourdieu en son temps avait dit qu’on peut brûler les voitures, s’il y a « un objectif » derrière et si l’acte s’inscrit dans « un mouvement social » visant à l’amélioration de la vie commune.

Voilà à quoi doit s’atteler le monde politique : à réentendre les mille bouches de la démocratie et à formuler à partir de lui un nouveau sens commun.

Contrairement aux apparences, nous n’assistons pas à un pur mouvement de reflux démocratique. L’heure est plus nervurée. Si nous voyons ressurgir des aspirations monarchistes et des tendances néo-fascistes très préoccupantes, l’essentiel de la période est surtout marquée par une remise en cause de la démocratie dans sa pratique ainsi que l’a souligné Jacques Rancière dans la Haine de la démocratie (2005).

Au sein de l’immense colère qui monte, le désir n’est pas à un moins de démocratie mais au contraire à un plus de démocratie. La rage d’une grande part de la population est à ce titre pleinement démocratique.

Elle s’apparente à la fièvre qui veut protéger son corps en brûlant le virus qui le contamine. Ce qu’on nomme la « crise démocratique » actuelle questionne le pouvoir perdu et fustige la dépossession du droit à s’autodéterminer ; elle pointe du doigt la mise en place progressive d’un « cens caché », selon l’expression de Daniel Gaxie, source d’une véritable « ségrégation politique ».

Tendons bien l’oreille : la vox populi ne dit pas « à bas la démocratie », elle indique la volonté qu’on mette fin à une dysmétrie politique par laquelle les classes populaires et paupérisées ne se figurent plus comme acteurs politiques mais comme une simple caisse enregistreuse de décisions venues « dont on ne sait où ».

Si l’on veut revitaliser la démocratie, il faut redonner la parole, réinstaurer davantage de questionnements, d’interrogations, permettre l’expression de la souveraineté populaire et de la délibération publique.

En somme, la « crise de la démocratie » ne doit pas s’appréhender comme l’annonce de son effondrement mais comme l’exigence d’un retour à ses fondements.

Dans son essai La démocratie aux marges (2018), le regretté David Graeber rappelait en ce sens qu’au regard de l’Histoire « l’idéal démocratique » tend à retrouver de la vigueur précisément dans les moments où on interroge sa tradition et sa signification profonde. Nous y sommes.

Osons avancer l’hypothèse que la « crise » de la démocratie par sa remise en cause pourra aussi être son kaïros, c’est-à-dire, le moment, pour tous, de travailler à sa régénération.

Social une colère générale

Social: une colère générale

Rarement le climat social en France aura été aussi détestable. Témoin le sondage au Doxa qui montre qu’environ 80 % de la population condamnent la politique économique et sociale du gouvernement. Le géographe Achille Warnant et le sociologue Hugo Touzet tentent d’éclairer sur les facteurs explicatifs d’un climat social très détérioré partout (interview France Info).

Depuis la première mobilisation du 19 janvier dernier, les médias relèvent la forte mobilisation dans les « petites » et « moyennes » villes de France. Est-ce inédit ?

Achille Warnant : Les mobilisations sont extrêmement importantes dans les villes petites et moyennes, comme dans le reste de la France, mais ce n’est pas nouveau. En 1995, il y avait déjà eu de très grandes mobilisations, y compris dans ces territoires. On a une tradition de mobilisation sociale dans ces villes-là et la thématique des retraites rassemble assez largement.

Un exemple à Montluçon (Allier), ville avec une tradition de mobilisation sociale liée à son histoire politique : en moyenne 4 à 5 000 manifestants, c’est vraiment important par rapport à la taille de la ville (environ 35 000 habitants). En même temps, la mobilisation est certes plus importante qu’en 2019 ou 2010, mais moins qu’en 1995, où on comptait plutôt entre 5 et 10 000 manifestants, selon les estimations.

Hugo Touzet : Pour moi, on retrouve beaucoup de monde dans les petites et moyennes villes parce qu’il y a énormément de monde partout en général. Lors de la deuxième mobilisation, par exemple, on avait 14 500 personnes à Rodez (Aveyron) et 5 000 à Vierzon (Cher). Les syndicats ont joué sur ce symbole en faisant défiler leurs leaders à Albi lors de la cinquième journée, avec 55 000 manifestants [selon les syndicats, 10 000 selon la police], pour une ville qui compte 49 000 habitants. Leur objectif était de montrer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement des grosses agglomérations.

Avec le collectif Quantité critique, on a mené un sondage avec un échantillon représentatif de 4 000 personnes. On a un taux d’opposition à la réforme de 63% en moyenne (69% chez les actifs), à peu près équivalent quelle que soit la taille des communes. Il y a deux exceptions : les communes rurales, où le taux d’opposition est un peu supérieur, et l’agglomération parisienne, où il est un peu inférieur.

Quelles sont les catégories de populations présentes dans les cortèges de cette « France des sous-préfectures » ?

Hugo Touzet : L’ensemble de la population est mobilisé, même s’il y a une surreprésentation des ouvriers et des employés, avec des taux d’opposition de plus de 70%, selon notre sondage. Chez les cadres, on est autour de 60%. Chez les chômeurs, c’est plutôt 75%. Or, les taux de chômage importants se retrouvent davantage dans les petites villes que dans les grandes agglomérations.

Pour la pénibilité, on a construit un indicateur en demandant aux sondés de qualifier leur travail, avec plusieurs facteurs (métier stressant, dangereux, répétitif, fatigant…). Les personnes qui cochent toutes les cases sont plus opposées à la réforme que les autres, à plus de 80%. Or ces boulots-là, on les retrouve notamment dans l’agriculture, davantage présente dans les petites villes. A l’inverse, dans l’agglomération parisienne, le taux de cadres est plus important qu’ailleurs.

Achille Warnant : Il serait aussi intéressant de regarder les effets régionaux. Quand on regarde les cartes, cela semble relativement homogène, mais il y a quand même des trous dans la raquette dans l’est de la France. Il y a de grosses inégalités entre les villes, liées à la composition sociale et à la sociologie.

A l’inverse, dans des villes moyennes qui vont mieux [grâce à un meilleur niveau de revenus], comme Colmar (Haut-Rhin), les mobilisations se limitent à quelques centaines de personnes, pour une ville d’environ 68 000 habitants. Il faut aussi considérer l’histoire politique. Le Grand-Est est une région plus marquée à droite, ce qui peut être un élément d’explication.

Hugo Touzet : Il y a aussi des enjeux par rapport à l’âge et le niveau de vie. Les 65 ans et plus sont par exemple favorables à 43% à la réforme et opposés à 44% (13% ne se prononcent pas), selon notre sondage. Chez les personnes qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, c’est équilibré, avec 51% qui soutiennent la réforme et 42% qui sont opposés. On peut donc imaginer que certaines régions où le niveau de vie est supérieur se mobilisent moins. Dans notre étude, on voit une surreprésentation de l’opposition à la réforme en Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val-de-Loire. Mais, au bout du compte, il faut toujours rappeler qu’il y a quand même un large consensus d’opposition dans l’ensemble des catégories et des territoires.

Dans cette « France périphérique », l’importance du secteur public joue-t-il un rôle sur les niveaux de mobilisation ?

Achille Warnant : Effectivement, un certain nombre de villes préfectures, plus que de sous-préfectures, ont un taux d’emploi public très important par rapport à la moyenne. Je pense à Nevers ou Mende (Lozère), avec un vivier d’emplois publics très important. Dans la fonction publique, le taux d’encadrement syndical est un petit peu plus élevé, donc cela peut jouer, d’autant que tous les syndicats sont opposés à cette réforme. Il faut aussi rappeler que dans la fonction publique, il y a eu en janvier 2022 le passage aux 1607 heures. Les fonctionnaires doivent travailler plus longtemps dans l’année et plus longtemps dans leur carrière.

Hugo Touzet : Dans le public et le privé, l’opposition est à peu près équivalente. Mais il faut distinguer opposition à la réforme et mobilisation à travers une manifestation ou une grève. La stabilité du secteur public permet peut-être un engagement plus important, surtout pour les cadres ou les professions intermédiaires. Certains secteurs sont particulièrement concernés : l’éducation, la recherche, la culture, la santé. Dans une préfecture avec un hôpital ou un lycée, les populations sont plus à même de se mobiliser.

« Il faut avoir en tête que se mobiliser contre une loi représente aussi un coût économique, symbolique et de rapport à l’employeur. »

Climat social: une addition de colères partout

Climat social: une addition de colères partout

Le géographe Achille Warnant et le sociologue Hugo Touzet tentent d’éclairer sur les facteurs explicatifs d’un climat social très détérioré partout (interview France Info).

Depuis la première mobilisation du 19 janvier dernier, les médias relèvent la forte mobilisation dans les « petites » et « moyennes » villes de France. Est-ce inédit ?

Achille Warnant : Les mobilisations sont extrêmement importantes dans les villes petites et moyennes, comme dans le reste de la France, mais ce n’est pas nouveau. En 1995, il y avait déjà eu de très grandes mobilisations, y compris dans ces territoires. On a une tradition de mobilisation sociale dans ces villes-là et la thématique des retraites rassemble assez largement.

Un exemple à Montluçon (Allier), ville avec une tradition de mobilisation sociale liée à son histoire politique : en moyenne 4 à 5 000 manifestants, c’est vraiment important par rapport à la taille de la ville (environ 35 000 habitants). En même temps, la mobilisation est certes plus importante qu’en 2019 ou 2010, mais moins qu’en 1995, où on comptait plutôt entre 5 et 10 000 manifestants, selon les estimations.

Hugo Touzet : Pour moi, on retrouve beaucoup de monde dans les petites et moyennes villes parce qu’il y a énormément de monde partout en général. Lors de la deuxième mobilisation, par exemple, on avait 14 500 personnes à Rodez (Aveyron) et 5 000 à Vierzon (Cher). Les syndicats ont joué sur ce symbole en faisant défiler leurs leaders à Albi lors de la cinquième journée, avec 55 000 manifestants [selon les syndicats, 10 000 selon la police], pour une ville qui compte 49 000 habitants. Leur objectif était de montrer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement des grosses agglomérations.

Avec le collectif Quantité critique, on a mené un sondage avec un échantillon représentatif de 4 000 personnes. On a un taux d’opposition à la réforme de 63% en moyenne (69% chez les actifs), à peu près équivalent quelle que soit la taille des communes. Il y a deux exceptions : les communes rurales, où le taux d’opposition est un peu supérieur, et l’agglomération parisienne, où il est un peu inférieur.

Quelles sont les catégories de populations présentes dans les cortèges de cette « France des sous-préfectures » ?

Hugo Touzet : L’ensemble de la population est mobilisé, même s’il y a une surreprésentation des ouvriers et des employés, avec des taux d’opposition de plus de 70%, selon notre sondage. Chez les cadres, on est autour de 60%. Chez les chômeurs, c’est plutôt 75%. Or, les taux de chômage importants se retrouvent davantage dans les petites villes que dans les grandes agglomérations.

Pour la pénibilité, on a construit un indicateur en demandant aux sondés de qualifier leur travail, avec plusieurs facteurs (métier stressant, dangereux, répétitif, fatigant…). Les personnes qui cochent toutes les cases sont plus opposées à la réforme que les autres, à plus de 80%. Or ces boulots-là, on les retrouve notamment dans l’agriculture, davantage présente dans les petites villes. A l’inverse, dans l’agglomération parisienne, le taux de cadres est plus important qu’ailleurs.

Achille Warnant : Il serait aussi intéressant de regarder les effets régionaux. Quand on regarde les cartes, cela semble relativement homogène, mais il y a quand même des trous dans la raquette dans l’est de la France. Il y a de grosses inégalités entre les villes, liées à la composition sociale et à la sociologie.

A l’inverse, dans des villes moyennes qui vont mieux [grâce à un meilleur niveau de revenus], comme Colmar (Haut-Rhin), les mobilisations se limitent à quelques centaines de personnes, pour une ville d’environ 68 000 habitants. Il faut aussi considérer l’histoire politique. Le Grand-Est est une région plus marquée à droite, ce qui peut être un élément d’explication.

Hugo Touzet : Il y a aussi des enjeux par rapport à l’âge et le niveau de vie. Les 65 ans et plus sont par exemple favorables à 43% à la réforme et opposés à 44% (13% ne se prononcent pas), selon notre sondage. Chez les personnes qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, c’est équilibré, avec 51% qui soutiennent la réforme et 42% qui sont opposés. On peut donc imaginer que certaines régions où le niveau de vie est supérieur se mobilisent moins. Dans notre étude, on voit une surreprésentation de l’opposition à la réforme en Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val-de-Loire. Mais, au bout du compte, il faut toujours rappeler qu’il y a quand même un large consensus d’opposition dans l’ensemble des catégories et des territoires.

Dans cette « France périphérique », l’importance du secteur public joue-t-il un rôle sur les niveaux de mobilisation ?

Achille Warnant : Effectivement, un certain nombre de villes préfectures, plus que de sous-préfectures, ont un taux d’emploi public très important par rapport à la moyenne. Je pense à Nevers ou Mende (Lozère), avec un vivier d’emplois publics très important. Dans la fonction publique, le taux d’encadrement syndical est un petit peu plus élevé, donc cela peut jouer, d’autant que tous les syndicats sont opposés à cette réforme. Il faut aussi rappeler que dans la fonction publique, il y a eu en janvier 2022 le passage aux 1607 heures. Les fonctionnaires doivent travailler plus longtemps dans l’année et plus longtemps dans leur carrière.

Hugo Touzet : Dans le public et le privé, l’opposition est à peu près équivalente. Mais il faut distinguer opposition à la réforme et mobilisation à travers une manifestation ou une grève. La stabilité du secteur public permet peut-être un engagement plus important, surtout pour les cadres ou les professions intermédiaires. Certains secteurs sont particulièrement concernés : l’éducation, la recherche, la culture, la santé. Dans une préfecture avec un hôpital ou un lycée, les populations sont plus à même de se mobiliser.

« Il faut avoir en tête que se mobiliser contre une loi représente aussi un coût économique, symbolique et de rapport à l’employeur. »


Existe-t-il aussi un sentiment d’éloignement dans ces territoires, qu’on qualifie parfois de « France des oubliés », avec la question de l’accès aux services publics notamment ?

Hugo Touzet : Je me méfie un peu des oppositions trop frontales entre la campagne et la ville. Cela donne l’impression qu’il n’existe pas de catégories populaires dans les villes et pas de catégories aisées en milieu rural. Le problème d’accès au service public existe aussi dans certaines agglomérations.

Achille Warnant : Je suis d’accord, mais je pense quand même qu’il ne s’agit pas seulement d’une mobilisation contre la réforme des retraites, même si c’est le point de cristallisation. La question du retrait territorial de l’Etat, à travers la fermeture d’un certain nombre de services publics, joue un rôle dans la mobilisation à certains endroits. Dans des territoires populaires, on a eu des fermetures de maternités, de petits hôpitaux de proximité. Le phénomène touche tous les territoires, mais ce n’est pas le même enjeu quand on ferme un bureau de poste dans une grande ville ou dans une petite commune. Ce rapport à l’Etat peut donc aussi expliquer l’ampleur des mobilisations dans ces territoires les plus populaires.

Hugo Touzet : Oui, de la même manière que le mouvement des « gilets jaunes » n’était pas seulement une mobilisation contre une taxe sur l’essence. C’était bien plus que ça. Les mobilisations d’une telle ampleur ne s’arrêtent jamais à une seule thématique et il y a vite une addition de tout un tas de colères, de frustrations, de rejets.

Justement, que retrouve-t-on du mouvement des « gilets jaunes » à travers cette nouvelle mobilisation sociale et quelles sont les évolutions ?

Hugo Touzet : Au sein des « gilets jaunes », il y avait déjà une réflexion sur la place du travail. Sur les ronds-points, ce n’étaient pas les plus pauvres, mais plutôt des classes moyennes inférieures qui avaient du mal à boucler les fins de mois, avec l’idée qu’on ne pouvait plus rien faire après avoir payé les factures. Ce qui a changé, c’est la place des syndicats, qui après avoir été mis à distance, ont repris la main sur le mouvement social. Je n’ai pas de données, mais on peut aussi émettre l’hypothèse que d’anciens « gilets jaunes » sont présents dans les cortèges.

Achille Warnant : Je n’ai pas de données non plus, mais, dans mes enquêtes, j’ai des profils de gens qui étaient « gilets jaunes » et qui ont aujourd’hui emprunté une carrière politique plus traditionnelle, à travers un engagement syndical ou dans un parti. Mais je pense qu’il y a surtout un effet « gilets jaunes » sur la dimension symbolique de ces manifestations dans les villes petites et moyennes, quand on compare la couverture presse des précédents mouvements, en 1995 et en 2010. Tout le monde a peut-être un peu peur de louper quelque chose, comme avec le début des « gilets jaunes ».

Hugo Touzet : Ce qu’il s’est aussi passé depuis 1995, c’est la perte de la centralité des syndicats. Ce relatif retrait a laissé la place à de nouveaux modes d’expression. Souvenons-nous de l’ampleur médiatique de Nuit debout, qui rassemblait seulement quelques centaines de personnes. On était à la recherche de nouveaux modes d’expression politique. Là, avec le retour des syndicats, il y a peut-être une alliance nouvelle qui va se créer, mais on voit qu’ils sont prudents. Ils ont appelé à une journée, puis une autre, puis une autre… On commence seulement maintenant à parler de grève reconductible. Leur prudence s’explique peut-être aussi par ces mouvements à côté desquels ils sont passés ces dernières années.

Une note de la Fondation Jean Jaurès publiée début février évoque cette France qui a beaucoup donné pendant la pandémie de Covid-19 et qui n’a pas toujours bénéficié des évolutions en cours, notamment le télétravail. Le rapport au travail est-il plus durement ressenti dans ces territoires ?

Hugo Touzet : La mobilisation est très forte parce qu’elle arrive après le Covid. Pendant la pandémie, il y a eu la mise à l’arrêt de tous les métiers dits « pas utiles », souvent les gens les mieux payés qui n’ont pas été obligés de travailler. A l’inverse, tous les travailleurs de la première ligne qu’on applaudissait aux fenêtres ont continué.

« On pense aux aides-soignantes, aux caissières, aux caristes. Ils ont travaillé durement, sans télétravail, et n’ont eu aucune revalorisation concrète de salaire au bout du compte. »

Si on prend le cas de l’hôpital, il y avait un fort mouvement de grève avant le Covid avec des soignants qui alertaient déjà pour dire : « Ça va craquer, on est sous-payés ». Ces travailleurs de première ligne, qui ont été très peu revalorisés de leur point de vue, sortent de cette crise et entendent : « Vous allez travailler deux ans de plus. » En fonction des catégories sociales, le Covid a donc joué sur la mobilisation. Dans notre étude, quand on demande aux gens : « Que représente pour vous la retraite ? », ils évoquent un idéal de repos et l’envie de pouvoir se tourner vers d’autres activités. Les gens ont aussi envie de travailler hors emploi, de faire d’autres choses, s’engager dans des associations par exemple.

Achille Warnant : Pour le télétravail, il y a aussi la question des équipements. Selon les métiers, on n’a pas les mêmes possibilités. C’est également vrai selon les territoires. Sur ce point, il y a une fracture territoriale assez nette entre les villes et les espaces ruraux. Aujourd’hui, on voit des territoires où la fibre optique peine encore à être déployée, c’est un vrai problème. Ce n’est pas anecdotique. C’est sans cesse décalé, avec des opérateurs qui ne jouent pas toujours le jeu en raison des coûts. Il y a des inégalités assez fortes qui peuvent jouer sur le rapport au travail.

Difficile d’ignorer aussi le contexte de l’inflation, avec la hausse des prix de l’énergie notamment ?

Achille Warnant : La limitation de vitesse à 80 km/h, l’augmentation du prix de l’essence… Ce sont des sujets qui reviennent alors même que je ne les aborde pas lors de mes entretiens. Donc, oui, ça peut jouer. Plus encore que le carburant, il y a la question des passoires énergétiques, très nombreuses dans les centres historiques paupérisés des villes moyennes. Là, pour le coup, la facture de gaz ou d’électricité peut jouer un rôle important.

Hugo Touzet : D’ailleurs, le gouvernement l’a compris, avec les dispositifs sur les prix à la pompe ou le chèque énergie, qu’on peut lire comme une manière d’éviter que la cocotte-minute déborde. Mais l’inflation peut aussi être un frein à la mobilisation. Dans notre étude, nous nous sommes intéressés aux gens qui sont « prêts à participer » mais ne l’ont pas encore fait. Ils sont 16% parmi ceux qui déclarent des difficultés financières « tous les mois ». Ces personnes représentent un vivier potentiel pour la suite du mouvement.

Drogue et stupéfiants : un business criminel qui s’étend partout en France

Drogue: un business criminel qui s’étend partout en France

L’affaire Palmade fait émerger le véritable cancer qui ronde le pays. La drogue est devenue un véritable business qui ne touche plus seulement les grandes agglomérations mais également les villes moyennes et même les zones rurales. Ce business de la drogue représenterait autour de 250 milliards au plan mondial d’après l’ONU. En France, l’enjeu de ce business dépasserait 4 milliards et occuperait l’équivalent de 20 000 emplois à plein temps .L’une des conséquences est la montée de la violence sous différentes formes notamment avec 700 morts par an sur la route. On compterait jusqu’à 4 à 5000 « boutiques » de drogue en France dans les quartiers sensibles où les trafiquants font désormais la loi .

Ce montant mirifique est celui des revenus générés par le trafic de stupéfiants à l’échelle de la planète selon l’Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime. Ce n’est bien sûr qu’une estimation, mais elle reflète le poids économique du business de la drogue. Celui-ci est supérieur au PIB de la Finlande (236 milliards) ou de la Colombie (237 milliards). 243 milliards d’euros, c’est davantage que le coût des catastrophes naturelles qui ont ravagé la planète en 2021, entre la tempête Ida sur l’Est des Etats-Unis, la vague de froid au Texas et les inondations en Belgique et en Allemagne. L’assureur Swiss Ré l’estime à 220 milliards d’euros.

Voilà, selon les derniers calculs de l’Insee, le montant qu’ont dépensé les Français en 2020 pour s’approvisionner en cannabis, cocaïne, héroïne, crack et autres produits stupéfiants. Faut-il y voir un effet des longs mois de confinement ? C’est en tout cas 7% de plus que l’année précédente et surtout deux fois davantage qu’en 2009 (2,08 milliards). À titre de comparaison, les achats de livres n’ont pesé, la même année, que 3,75 milliards dans le budget des consommateurs.

Entre les importateurs, les grossistes, les logisticiens, les revendeurs, les « choufs » (guetteurs) et les « nourrices » (ceux qui cachent les produits chez eux), le marché de la came fait travailler beaucoup de monde en France. « Un nombre important d’intermédiaires dont le trafic de drogue n’est pas la principale source de revenus », précise l’Insee qui évalue cette activité à 21 000 équivalents temps plein. Soit 0,08% de la main d’oeuvre nationale. Mais sans déclaration à l’Ursaff, ni charges sociales.
3275 points de deal

En décembre 2020, le ministère de l’Intérieur dénombrait 4000 supermarchés de la drogue, ou « fours » dans le jargon des trafiquants. Un chiffre que l’action des forces de l’ordre aurait permis de ramener à 3275 un an plus tard. La géographie, elle, ne change pas. Les points de deal se concentrent dans les zones géographiques les plus densément peuplées, au coeur des métropoles régionales à forte population étudiante et dans les départements périurbains ou situés à proximité des grandes agglomérations.

900 000, c’est le nombre de personnes qui, chaque jour en France, vapotent, fument ou mangent du cannabis, sous l’une ou l’autre de ses différentes formes – herbe, résine ou huile. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, le nombre d’amateurs réguliers, s’adonnant en moyenne dix fois par mois à leur goût du cannabis, s’élèverait à 1,4 million. Les adeptes plus occasionnels seraient, eux, 5 millions. Près de la moitié des adultes y aurait déjà goûté. Ces chiffres placent l’Hexagone en tête du classement européen des pays consommateurs, devant le Danemark et l’Espagne.

Drogue: un business criminel qui s’étend partout en France

Drogue: un business criminel qui s’étend partout en France

L’affaire Palmade fait émerger le véritable cancer qui ronde le pays. La drogue est devenue un véritable business qui ne touche plus seulement les grandes agglomérations mais également les villes moyennes et même les zones rurales. Ce business de la drogue représenterait autour de 250 milliards au plan mondial d’après l’ONU. En France, l’enjeu de ce business dépasserait 4 milliards et occuperait l’équivalent de 20 000 emplois à plein temps .L’une des conséquences est la montée de la violence sous différentes formes notamment avec 700 morts par an sur la route. On compterait jusqu’à 4 à 5000 « boutiques » de drogue en France dans les quartiers sensibles où les trafiquants font désormais la loi .

Ce montant mirifique est celui des revenus générés par le trafic de stupéfiants à l’échelle de la planète selon l’Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime. Ce n’est bien sûr qu’une estimation, mais elle reflète le poids économique du business de la drogue. Celui-ci est supérieur au PIB de la Finlande (236 milliards) ou de la Colombie (237 milliards). 243 milliards d’euros, c’est davantage que le coût des catastrophes naturelles qui ont ravagé la planète en 2021, entre la tempête Ida sur l’Est des Etats-Unis, la vague de froid au Texas et les inondations en Belgique et en Allemagne. L’assureur Swiss Ré l’estime à 220 milliards d’euros.

Voilà, selon les derniers calculs de l’Insee, le montant qu’ont dépensé les Français en 2020 pour s’approvisionner en cannabis, cocaïne, héroïne, crack et autres produits stupéfiants. Faut-il y voir un effet des longs mois de confinement ? C’est en tout cas 7% de plus que l’année précédente et surtout deux fois davantage qu’en 2009 (2,08 milliards). À titre de comparaison, les achats de livres n’ont pesé, la même année, que 3,75 milliards dans le budget des consommateurs.

Entre les importateurs, les grossistes, les logisticiens, les revendeurs, les « choufs » (guetteurs) et les « nourrices » (ceux qui cachent les produits chez eux), le marché de la came fait travailler beaucoup de monde en France. « Un nombre important d’intermédiaires dont le trafic de drogue n’est pas la principale source de revenus », précise l’Insee qui évalue cette activité à 21 000 équivalents temps plein. Soit 0,08% de la main d’oeuvre nationale. Mais sans déclaration à l’Ursaff, ni charges sociales.
3275 points de deal

En décembre 2020, le ministère de l’Intérieur dénombrait 4000 supermarchés de la drogue, ou « fours » dans le jargon des trafiquants. Un chiffre que l’action des forces de l’ordre aurait permis de ramener à 3275 un an plus tard. La géographie, elle, ne change pas. Les points de deal se concentrent dans les zones géographiques les plus densément peuplées, au coeur des métropoles régionales à forte population étudiante et dans les départements périurbains ou situés à proximité des grandes agglomérations.

900 000, c’est le nombre de personnes qui, chaque jour en France, vapotent, fument ou mangent du cannabis, sous l’une ou l’autre de ses différentes formes – herbe, résine ou huile. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, le nombre d’amateurs réguliers, s’adonnant en moyenne dix fois par mois à leur goût du cannabis, s’élèverait à 1,4 million. Les adeptes plus occasionnels seraient, eux, 5 millions. Près de la moitié des adultes y aurait déjà goûté. Ces chiffres placent l’Hexagone en tête du classement européen des pays consommateurs, devant le Danemark et l’Espagne.

Drogue: un business criminel qui s’étend partout en France

Drogue: un business criminel qui s’étend partout en France

L’affaire Palmade fait émerger le véritable cancer qui ronde le pays. La drogue est devenue un véritable business qui ne touche plus seulement les grandes agglomérations mais également les villes moyennes et même les zones rurales. Ce business de la drogue représenterait autour de 250 milliards au plan mondial d’après l’ONU. En France, l’enjeu de ce business dépasserait 4 milliards et occuperait l’équivalent de 20 000 emplois à plein temps .L’une des conséquences est la montée de la violence sous différentes formes notamment avec 700 morts par an sur la route. On compterait jusqu’à 4 à 5000 « boutiques » de drogue en France dans les quartiers sensibles où les trafiquants font désormais la loi .

Ce montant mirifique est celui des revenus générés par le trafic de stupéfiants à l’échelle de la planète selon l’Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime. Ce n’est bien sûr qu’une estimation, mais elle reflète le poids économique du business de la drogue. Celui-ci est supérieur au PIB de la Finlande (236 milliards) ou de la Colombie (237 milliards). 243 milliards d’euros, c’est davantage que le coût des catastrophes naturelles qui ont ravagé la planète en 2021, entre la tempête Ida sur l’Est des Etats-Unis, la vague de froid au Texas et les inondations en Belgique et en Allemagne. L’assureur Swiss Ré l’estime à 220 milliards d’euros.

Voilà, selon les derniers calculs de l’Insee, le montant qu’ont dépensé les Français en 2020 pour s’approvisionner en cannabis, cocaïne, héroïne, crack et autres produits stupéfiants. Faut-il y voir un effet des longs mois de confinement ? C’est en tout cas 7% de plus que l’année précédente et surtout deux fois davantage qu’en 2009 (2,08 milliards). À titre de comparaison, les achats de livres n’ont pesé, la même année, que 3,75 milliards dans le budget des consommateurs.

Entre les importateurs, les grossistes, les logisticiens, les revendeurs, les « choufs » (guetteurs) et les « nourrices » (ceux qui cachent les produits chez eux), le marché de la came fait travailler beaucoup de monde en France. « Un nombre important d’intermédiaires dont le trafic de drogue n’est pas la principale source de revenus », précise l’Insee qui évalue cette activité à 21 000 équivalents temps plein. Soit 0,08% de la main d’oeuvre nationale. Mais sans déclaration à l’Ursaff, ni charges sociales.
3275 points de deal

En décembre 2020, le ministère de l’Intérieur dénombrait 4000 supermarchés de la drogue, ou « fours » dans le jargon des trafiquants. Un chiffre que l’action des forces de l’ordre aurait permis de ramener à 3275 un an plus tard. La géographie, elle, ne change pas. Les points de deal se concentrent dans les zones géographiques les plus densément peuplées, au coeur des métropoles régionales à forte population étudiante et dans les départements périurbains ou situés à proximité des grandes agglomérations.

900 000, c’est le nombre de personnes qui, chaque jour en France, vapotent, fument ou mangent du cannabis, sous l’une ou l’autre de ses différentes formes – herbe, résine ou huile. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, le nombre d’amateurs réguliers, s’adonnant en moyenne dix fois par mois à leur goût du cannabis, s’élèverait à 1,4 million. Les adeptes plus occasionnels seraient, eux, 5 millions. Près de la moitié des adultes y aurait déjà goûté. Ces chiffres placent l’Hexagone en tête du classement européen des pays consommateurs, devant le Danemark et l’Espagne.

Drogue: un business criminel partout en France

Drogue: un business criminel partout en France

L’affaire Palmade fait émerger le véritable cancer qui ronde le pays. La drogue est devenue un véritable business qui ne touche plus seulement les grandes agglomérations mais également les villes moyennes et même les zones rurales. Ce business de la drogue représenterait autour de 250 milliards au plan mondial d’après l’ONU. En France, l’enjeu de ce business dépasserait 4 milliards et occuperait l’équivalent de 20 000 emplois à plein temps .L’une des conséquences est la montée de la violence sous différentes formes notamment avec 700 morts par an sur la route. On compterait jusqu’à 4 à 5000 « boutiques » de drogue en France dans les quartiers sensibles où les trafiquants font désormais la loi

Ce montant mirifique est celui des revenus générés par le trafic de stupéfiants à l’échelle de la planète selon l’Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime. Ce n’est bien sûr qu’une estimation, mais elle reflète le poids économique du business de la drogue. Celui-ci est supérieur au PIB de la Finlande (236 milliards) ou de la Colombie (237 milliards). 243 milliards d’euros, c’est davantage que le coût des catastrophes naturelles qui ont ravagé la planète en 2021, entre la tempête Ida sur l’Est des Etats-Unis, la vague de froid au Texas et les inondations en Belgique et en Allemagne. L’assureur Swiss Ré l’estime à 220 milliards d’euros.

Voilà, selon les derniers calculs de l’Insee, le montant qu’ont dépensé les Français en 2020 pour s’approvisionner en cannabis, cocaïne, héroïne, crack et autres produits stupéfiants. Faut-il y voir un effet des longs mois de confinement ? C’est en tout cas 7% de plus que l’année précédente et surtout deux fois davantage qu’en 2009 (2,08 milliards). À titre de comparaison, les achats de livres n’ont pesé, la même année, que 3,75 milliards dans le budget des consommateurs.

Entre les importateurs, les grossistes, les logisticiens, les revendeurs, les « choufs » (guetteurs) et les « nourrices » (ceux qui cachent les produits chez eux), le marché de la came fait travailler beaucoup de monde en France. « Un nombre important d’intermédiaires dont le trafic de drogue n’est pas la principale source de revenus », précise l’Insee qui évalue cette activité à 21 000 équivalents temps plein. Soit 0,08% de la main d’oeuvre nationale. Mais sans déclaration à l’Ursaff, ni charges sociales.
3275 points de deal

En décembre 2020, le ministère de l’Intérieur dénombrait 4000 supermarchés de la drogue, ou « fours » dans le jargon des trafiquants. Un chiffre que l’action des forces de l’ordre aurait permis de ramener à 3275 un an plus tard. La géographie, elle, ne change pas. Les points de deal se concentrent dans les zones géographiques les plus densément peuplées, au coeur des métropoles régionales à forte population étudiante et dans les départements périurbains ou situés à proximité des grandes agglomérations.

900 000, c’est le nombre de personnes qui, chaque jour en France, vapotent, fument ou mangent du cannabis, sous l’une ou l’autre de ses différentes formes – herbe, résine ou huile. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, le nombre d’amateurs réguliers, s’adonnant en moyenne dix fois par mois à leur goût du cannabis, s’élèverait à 1,4 million. Les adeptes plus occasionnels seraient, eux, 5 millions. Près de la moitié des adultes y aurait déjà goûté. Ces chiffres placent l’Hexagone en tête du classement européen des pays consommateurs, devant le Danemark et l’Espagne.

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