Sondage Partis politiques: discrédités pour 82% des Français
Selon l’enquête Odoxa-Backbone pour le Figaro, , 82 % des Français ont désormais une mauvaise image des partis.
Une écrasante majorité du pays (82 %) condamnent les partis politiques, comme le révèle un sondage Odoxa-Backbone pour LeFigaro. Pire encore, les appareils partisans sont jugés ni honnêtes (90 %) ni crédibles (85 %) par les électeurs. La popularité d’Emmanuel Macron est par ailleurs au plus bas (22 %) depuis la dissolution, selon le baromètre mensuel. Et ce n’est pas le triste spectacle par ailleurs complètement contradictoire de l’Assemblée nationale qui risque de faire remonter la crédibilité des partis politiques en France
Partis politiques: discrédités pour 82% des Français
Selon l’enquête Odoxa-Backbone pour le Figaro, , 82 % des Français ont désormais une mauvaise image des partis.
une écrasante majorité du pays (82 %) condamnent les partis politiques, comme le révèle un sondage Odoxa-Backbone pour LeFigaro. Pire encore, les appareils partisans sont jugés ni honnêtes (90 %) ni crédibles (85 %) par les électeurs. La popularité d’Emmanuel Macron estpar ailleurs au plus bas (22 %) depuis la dissolution, selon le baromètre mensuel.
Il y a quelque chose de surréaliste dans les postures depuis maintenant plusieurs semaines tout autant du président de la république que des partis. Pour résumer les uns et les autres s’agitent mais en faisant du surplace. Ainsi répètent -t-il sans arrêt qu’ils sont prêts à élargir leur champ d’influence mais sans les autres. !
Pour la gauche, c’est une évidence il n’y a aucune réserve de négociation avec d’autres formations politiques compte tenu du caractère ésotérique et irresponsable du programme qu’ont imposé les »Insoumis » . Les « Républicain » revendiquent leur superbe isolement et ne veulent surtout pas trop se mouiller avec les macronistes . Des macronistes qui cherchent donc désespérément des alliés ou à défaut des débauchages individuels. Bref au total du bricolage car chaque grand bloc politique campe sur ses positions mêmess’il affirme parfois le contraire. Et le Rassemblement national attend et observe mais se tient évidemment à l’écart aussi d’une éventuelle union nationale ou même de la recherche d’une majorité.
De son côté le président grandement coupable du chaos politique avec sa dissolution irresponsable ressemble à un canard dont on a la coupé la tête. Il s’agite toujours pour donner l’impression qu’il maîtrise une situation qui en réalité est ingérable.
La vérité c’est qu’aucun gouvernement ne pourra tenir longtemps. À chaque fois il sera balayés par une motion de censure et la France devra se satisfaire pendant de longues périodes d’un gouvernement provisoire. La fin de l’histoire se terminera avec une crise institutionnelle et la mise en cause de Macron. Lequel s’accrochera au pouvoir jusqu’au dernier moment quitte à enfoncer le pays dans le chaos le plus total.
L’absence de gouvernement en tant que tel n’est pas pour l’instant une catastrophe mortelle. Le problème c’est qu’à terme elle va créer un peu plus d’incertitude politique bien sûr mais aussi économique et sociale. Or la France se contente aujourd’hui d’une petite croissance inférieure. à 11 %. Le tassement économique concerne le monde entier y compris et surtout la Chine. Les soubresauts politiques en France malheureusement risquent de contribuer à un plus grand affaiblissement de la croissance donc de la richesse nationale.
Les partis-personnels sont des partis qui ont émergé et se sont construits autour de la personnalité de leurs fondateurs respectifs, comme ceux de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron. Ludovic Grave, doctorant en sciences politiques à l’Université de Lille, a étudié La France insoumise et Renaissance et revient dans un entretien sur leurs limites dans le champ politique et électoral, à la lumière des tensions et fractures profondes observées depuis l’annonce de la dissolution le 9 juin dernier
Comment expliquez-vous la prégnance de ces structures ? Comment cela s’inscrit-il dans la culture politique française ?
Sous la Ve République, il y a toujours eu des partis politiques dont la personnalité du fondateur avait une prégnance importante, voire décisive. On peut se rappeler du Rassemblement du peuple français (RPF) dont Charles de Gaulle était la figure centrale sous la IVe République. D’autres « petits » partis – petits car peu présents dans le champ politique et électoral – ont également une structure dont la figure du leader-fondateur est centrale.
On peut citer l’exemple de l’UPR de François Asselineau, Solidarité & Progrès de Jacques Cheminade, ou Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, etc. Plus récemment, nous avons vu émerger Reconquête d’Éric Zemmour et Horizons d’Édouard Philippe, qui prennent la forme de partis personnels centrés autour de leur fondateur. On ne peut donc pas réellement dire qu’il soit exceptionnel de voir un parti graviter autour de son leader-fondateur dans le paysage politique. Cette tendance s’inscrit d’ailleurs dans une évolution plus large de la vie politique française, où la personnalisation du pouvoir et la médiatisation des figures politiques jouent un rôle croissant.
En quoi néanmoins LFI et Renaissance (ex-LREM) se distinguent-ils ?
Je dirais leur forme organisationnelle très proche. Il s’agit de partis relativement squelettiques en termes de structuration, se présentant comme des « mouvements » fortement inclusifs et souples, conjuguant horizontalité participative et verticalité décisionnelle.
Ils cherchent ainsi à se démarquer des partis traditionnels établis dans le champ politique. L’adhésion à LREM se faisait initialement via le site Internet, avant sa refondation (pour reprendre le terme de Florence Haegel concernant l’UMP) en un parti plus traditionnel, Renaissance. En ce qui concerne LFI, ce mode d’adhésion gratuit est toujours d’actualité.
C’est en cela que cette structuration partisane se démarque largement de ce que l’on retrouve dans d’autres partis politiques français comme LR ou le PS.
Peut-on parler d’un parti-personnel dans la mesure où le projet politique se confond avec celle/celui qui le porte ?
On peut effectivement parler de parti personnel dans le cas de LREM et LFI. Un parti personnel se caractérise par le contrôle total de son leader-fondateur sur le parti, fusionnant ses ambitions personnelles avec le programme politique du parti.
Ce phénomène n’est pas totalement nouveau, mais il a pris de l’ampleur ces dernières décennies dans les démocraties occidentales. Dans le cas de LFI et LREM, ces partis ont été créés dans le but spécifique de soutenir leurs candidats-fondateurs respectifs à l’élection présidentielle, sans forcément d’organisation avec une base idéologique ou politique distincte et diversifiée.
De ce point de vue, ils présentent des similitudes avec le Front national devenu Rassemblement national, qui a longtemps fonctionné comme une « entreprise familiale ».
Cette notion découle d’une étude du parti Forza Italia (FI) par deux politistes américains Glenn Kefford et Duncan McDonnell. La FI de Silvio Berlusconi est souvent citée comme l’idéal-typique du parti personnel, où une combinaison de ressources charismatiques et patrimoniales détenu par son leader-fondateur remplace la structure collective traditionnelle et légale rationnelle du parti.
Berlusconi a utilisé sa fortune financière et son empire médiatique pour établir et maintenir le contrôle sur son parti, fusionnant ainsi sa marque personnelle avec l’identité du parti.
De même, le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo a tiré parti de sa présence dans les médias et de son organisation innovante centrée sur Internet pour centraliser le contrôle, en veillant à ce que les communications et les décisions de toutes les parties soient filtrées via ses canaux personnels. L’essor de tels partis personnels est facilité par la personnalisation de la politique qui en France est de plus en plus prégnante, où les acteurs politiques individuels occupent une place plus centrale dans le champ politique.
Peut-on reprocher à ces partis personnels d’être peu démocratiques ?
En France, aucune loi n’oblige un parti politique à être « démocratique » dans son fonctionnement interne. La Démocratie n’est pas l’addition d’une multitude de petites démocraties. Un parti politique est avant tout une structure qui cherche à conquérir la magistrature suprême, et rien n’interdit qu’il soit dirigé par un leader détenant l’essentiel des pouvoirs décisionnels.
Dans le cas qui nous intéresse, les deux partis en question peuvent être considérés comme peu démocratiques dans leur fonctionnement interne. LFI, dont Jean-Luc Mélenchon affirme la nature « gazeuse », et LREM ont une organisation squelettique aux contours volontairement flous, comme en témoignent leurs statuts.
Cette structure entraîne inévitablement de l’informalité et permet au leader-fondateur et à ses proches de contrôler l’ensemble de l’organisation sans que les corps intermédiaires, traditionnellement présents dans les partis politiques, puissent faire contrepoids. Pour ces deux formations, la démocratie intra-partisane est perçue comme trop risquée, car elle pourrait potentiellement contrecarrer l’objectif principal qui est de soutenir leur leader respectif.
Ces deux partis se sont positionnés comme étant « en rupture » avec les autres (LR, PS, etc.) à des moments proches (avril 2016). Quelles ont été les stratégies de départ ?
Ces deux partis se sont avant tout annoncés en rupture avec les partis traditionnels en mettant en avant leur « forme mouvementiste », s’inspirant pour le cas de LFI de Podemos en Espagne. En réalité, ce sont des partis personnels dominés par un leader charismatique.
Ils sont moins structurés et plus fluides, organisés autour d’une plate-forme numérique, loin des formes partisanes traditionnelles. Les membres de ces partis sont davantage des supporters et que des mandants, du fait que les membres qui adhèrent gratuitement depuis le site n’ont aucun droit sur les décisions stratégiques du parti.
Le coût d’entrée dans le militantisme est ainsi abaissé et l’implication est cyclique, fluctuant en fonction des conjonctures électorales. Pour les deux partis, l’ancrage militant se fait essentiellement dans les grandes villes et leurs périphéries, faisant apparaître une dichotomie rurale/urbaine. On observe également une grande autonomie des militants de terrain.
Le cas de LFI est particulièrement intéressant : c’est encore l’un des rares partis à pratiquer massivement le porte-à-porte, essentiellement dans les quartiers populaires des grandes villes et de leurs périphéries. Ils ont également largement investi les réseaux sociaux, tentant d’attirer spécifiquement les plus jeunes (Twitter/X, TikTok, Twitch, YouTube, Instagram, etc.).
Il est à noter également qu’une caractéristique de ces deux partis est leur manque d’attrait pour les élections locales. Ils préfèrent soutenir des élus d’autres partis déjà bien implantés localement, canalisant ainsi leurs forces et ressources pour des élections plus décisives.
En quoi ces stratégies diffèrent-elles ?
L’une des différences majeures dans l’application des répertoires d’actions électorales est l’esprit dans lequel ils sont appliqués.
Pour En Marche puis LREM c’est le modèle de la start-up qui prévaut, avec un mode de management participatif, faiblement hiérarchisé, mis en avant par l’équipe dirigeante. Le financement de chaque action militante se fait par un « appel à projet » directement auprès du siège à Paris.
En ce qui concerne LFI, le modèle est plus orienté vers le mouvementisme, avec une large autonomie de la base militante par rapport au centre décisionnel. Cette large autonomie se reflète dans les groupes d’action, aux frontières floues et relativement poreuses. Ils n’ont pas de périmètre géographique réellement délimité ; certains groupes peuvent se créer au sein d’universités ou de quartiers, et ils peuvent être créés et rejoints par toute personne qui le souhaite.
Le siège parisien n’accorde aucun financement ou quelques centaines d’euros si le groupe d’action dépasse un certain seuil. Dans le cas contraire, c’est aux militants d’acheter le matériel militant depuis le site interne.
Malgré la différence dans le modèle appliqué des répertoires d’action électorales, ils restent tout de même dans un esprit d’une large autonomie des actions militantes locales. C’est avant tout la débrouillardise des militants locaux qui a cours à leurs débuts. Cela est devenu moins le cas en 2022 pour LFI, qui a commencé une « restructuration » du parti, le projet portant sur l’achat de locaux facilitant l’ancrage local des militants.
Pour LREM, devenu Renaissance, la transition est plus claire : un budget est clairement alloué à chaque groupe local de militants pour mener les actions militantes de leur choix sans faire appel au siège.
Pourquoi aujourd’hui, leurs leaders respectifs semblent être confrontés à un effet boomerang en incarnant chacun différemment un « repoussoir » pour l’électorat voire les militants ou même les élus de leurs propres formations ?
Il semblerait que cet effet de « boomerang » ne soit pas le même pour les deux leaders.
Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir, a très rapidement délaissé son parti. Sa politique du « et de gauche, et de droite » a rapidement montré ses limites. Son second mandat, perçu – peut-être à juste titre – comme brutal, a conduit à un rejet par une très large frange de son électorat, mais également de ses alliés politiques comme Édouard Philippe, qui a peu à peu pris ses distances avec le président.
En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, c’est davantage sa stratégie de conflictualité permanente, qualifiée par lui même de « bruit et fureur », qui pose problème.
La gestion interne contestée de son mouvement, son soutien à Adrien Quatennens après sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, ou encore ses prises de position controversées sur les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, ont conduit une partie de son électorat et certains militants à le percevoir comme un élément perturbateur plutôt qu’un facteur d’union.
De plus, il semblerait que l’apparente nouveauté de ces partis-mouvements ait peut-être fait son temps dans le paysage politique français. On peut constater que le PS, un parti traditionnel, a réalisé un très bon score aux dernières élections européennes de 2024, talonnant la liste du camp présidentiel avec 13,8 % des voix mais également aux législatives de 2024 avec 62 députés face à 72 députés LFI.
Vous évoquiez un déficit de leadership. Aujourd’hui, ces partis tiennent-ils sans leurs leaders ?
C’est là la grande question de savoir si la durée de vie de ces deux partis est indexée sur celle de leurs leaders-fondateurs. La réponse ne peut venir que d’eux-mêmes. Dans l’histoire politique française, on a l’exemple du Rassemblement du peuple français de De Gaulle, qu’il crée en 1947 et met en sommeil en septembre 1955 après des échecs électoraux et des tensions internes.
En sera-t-il de même pour eux ? Rien n’est moins sûr. Il est compliqué d’imaginer un avenir pour le parti présidentiel depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, même si son leader a beaucoup de ressources. En ce qui concerne LFI, l’avenir semble moins ombrageux. La réussite du Nouveau Front populaire a permis de consolider le parti de Jean-Luc Mélenchon comme le premier groupe de gauche à l’Assemblée nationale avec 71 députés LFI contre 75 durant la dernière législature. Néanmoins, il est talonné de près par le PS.
Cependant, les tensions internes qui se sont conclues par la non-réinvestiture de cinq députés – Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Frédéric Mathieu et Hendrik Davi – et le départ avec fracas de François Ruffin et de Clémentine Autain conduisent LFI à resserrer les rangs autour de son leader, ne laissant que peu de candidats à sa succession. Jean-Luc Mélenchon a tellement imprimé son style dans son parti qu’il est difficile d’imaginer quel candidat pourra en reprendre la relève.
Carole Delga a refusé de candidater comme Première ministre de l’alliance du Nouveau Front Populaire. Néanmoins, Carole Delga multiplie les interventions médiatiques pour faire entendre sa voix et que celle-ci soit prise en compte dans les prochaines heures et jours, qui s’annoncent décisifs. La présidente socialiste de la région Occitanie milite ardemment pour une coalition de centre-gauche. ( dans la Tribune)
« Il faut aller chercher des voix au niveau de la macronie. Je trouve cela surréaliste de la part de certains responsables politiques qui vous expliquent qu’ils vont appliquer rien que leur programme sans avoir la majorité (à l’Assemblée nationale, ndlr). Cela donne le sentiment d’être déconnecté », a-t-elle appuyé ce midi, lors d’une conférence de presse en marge de l’assemblée plénière.
Si Carole Delga estime que certains points sont « intangibles » pour constituer un programme commun, comme davantage de justice sociale et un projet européen assumé, l’élue régionale est consciente que des concessions devront être faites pour s’associer solidement avec l’aile gauche de l’ancienne majorité parlementaire. Surtout, elle souhaite que les responsables politiques sortent de la posture de ne pas contribuer à un gouvernement soutenu par des députés issus du parti présidentiel.
« Le pays passe avant les partis, mais aussi avant les stratégies politiciennes individuelles. Je refuse la position des postures car ça fera à terme le jeu de l’extrême droite (…) Les Français demandent qu’on travaille davantage ensemble », estime la présidente de la région Occitanie.
Le premier point de passage de ce prochain gouvernement sera la prochaine loi de finances, qui devra être votée avant la fin de l’année. Une chose est sûre : la présidente de l’association des Régions de France militera pour la fin des coupes dans les dotations aux collectivités territoriales.
« En 2024, nous constatons une baisse de 136 millions d’euros de nos recettes, accordées par l’État. C’est une baisse très importante pour nous, qui s’ajoute à celle de 73,3 millions d’euros en 2023. Cela va impacter notre capacité à agir, sinon cela nous obligerait à nous endetter de manière trop importante. Nous avons donc décidé de ne plus compenser le désengagement de l’État. Nous n’avons plus la capacité de le faire », peste Carole Delga.
Les dotations à l’apprentissage ont été réduites, tout comme celles pour la formation professionnelle, ou encore la dotation pour compenser la hausse du coût de l’énergie. En réponse à cela, la région Occitanie compte se désengager de certains projets et structures d’État pour éponger cette baisse des dotations, tout comme des projets vont être étalés dans le temps.
« Pour faire des économies, j’ai listé un certain nombre de partenaires avec lesquels des discussions vont être engagées, dans le cadre d’un travail partenarial respectueux (…) Les projets en lien avec les mobilités et la transition énergétique ne seront pas concernés », prévient l’élue.
Mali : partis politiques autorisés mais dictature maintenue
C’est évidemment une caricature de démocratie que proposent les militaires au pouvoir désormais au Mali. Certes ils viennent d’autoriser à nouveau l’existence et le fonctionnement des partis politiques mais entendent bien conserver le pouvoir pour le présent et même pour l’avenir avec la candidature du chef de la junte.
Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avait décrété la suspension en accusant les partis de «discussions stériles» et de «subversion». Il avait invoqué le danger que les activités des partis faisaient peser sur un «dialogue» national en cours sur l’avenir politique du Mali. Les partis protestaient à ce moment-là contre le maintien des colonels à la tête du pays après l’échéance de mars 2024 à laquelle ils s’étaient engagés à céder la place à des civils après des élections.
Les principaux partis et ce qu’il reste de l’opposition avaient décidé de boycotter ce «dialogue». Le dialogue s’est tenu depuis avec la participation des soutiens du régime et a débouché en mai sur des «recommandations» préconisant le maintien au pouvoir des militaires «de deux à cinq ans supplémentaires», ainsi que la candidature de l’actuel chef de la junte à une future élection présidentielle.
Élections européennes : montée des partis nationalistes
Recul des partis traditionnels , monté des nationalistes et relative défaite des écolos marquent le résultat de l’élection européenne.
À droite, le groupe du Parti populaire européen, auquel appartient les Républicains français, devrait rester le plus important, avec 189 élus selon les projections du Parlement européen, en légère hausse par rapport à la mandature précédente.
La droite nationaliste et l’extrême droite sont divisées entre les groupes des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et Identité et démocratie, qui obtiennent respectivement 72 et 58 sièges, contre 68 et 59 jusqu’ici.
La gauche, à l’inverse, décroche, même si les sociaux-démocrates devraient rester la deuxième force du Parlement de Strasbourg, avec 135 élus. De son côté, le groupe écologiste chute, passant de 72 eurodéputés lors de la mandature sortante à 53 tandis que le groupe de la gauche, où siège la France insoumise, en obtient 35.
Jusqu’alors, aucun parti politique ne détenait la majorité absolue au sein du Parlement européen, qui comptait jusqu’ici 705 eurodéputés.
Conclusion, le jeu des alliances sera un peu plus complexe que précédemment avec sans doute notamment des unions de circonstances.
Emplois fictifs des partis : des procès politiques ?
Les procès dits « politiques » sont ceux où la justice est instrumentalisée, par certains gouvernements, mais aussi des accusés qui politisent certains procès en les médiatisant.
Par Pierre Allorant, Université d’Orléans; Noëlline Castagnez, Université d’Orléans et Walter Badier, Université d’Orléans dans la « Tribune »
Pour preuve du caractère très politique de ces affaires d’emplois fictifs, celui des permanents syndicaux de grandes entreprises nationales qui par centaines œuvrent pour autre chose que la défense des intérêts de la société qui les emploie. Des permanents d’ailleurs indispensables pour prendre en compte les intérêts des salariés du privé. Des permanents qui agissent dans le cadre confédéral ( pour l’organisation globale) et non pour leur entreprise ( ou alors partiellement).
Le jugement de l’affaire des assistants des eurodéputés du MoDem a été mis en délibéré au 5 février 2024.
Le jugement de l’affaire des assistants des eurodéputés du MoDem a été mis en délibéré au 5 février 2024. (Crédits : POOL)
Ce 5 février est attendu le jugement du procès des assistants parlementaires européens de l’Union pour la démocratie française (UDF) et du MoDem, dirigé par François Bayrou. Certains de ces assistants sont suspectés d’avoir œuvré davantage pour le parti que pour leurs eurodéputés. Cette affaire fait écho à d’autres au sein de la classe politique française.
Le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI), sont également soupçonnés d’emplois fictifs. Une enquête sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de LFI est en cours. Quant au RN, deux juges d’instruction financiers ont ordonné le 8 décembre 2023 le renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris de Marine et Jean-Marie Le Pen, du parti et de 25 autres de ses membres pour détournement de fonds publics. Alors que les procès contre des responsables ou des partis politiques sont nombreux, les médias et les protagonistes eux-mêmes ne les qualifient pas systématiquement de « procès politiques ». Que recouvre alors cette notion dans le champ scientifique ?
Une double stratégie de politisation
Les procès dits « politiques » sont ceux où la justice est instrumentalisée soit par l’instruction puis le ministère public, soit par les accusés, voire par une combinaison stratégique de ces deux volontés. Comme l’a montré la politiste Vanessa Codaccioni, les procès politiques sont le produit d’une double stratégie de politisation, du pouvoir et de l’opposition. Le premier mobilise des incriminations qui peuvent justifier le recours à des juridictions d’exception (comme la Cour de sûreté de l’État durant la guerre d’Algérie) mobilisées contre les « ennemis de l’intérieur », offrant à l’accusation des outils extraordinaires tels les gardes à vue prolongées (dans la lutte antiterroriste) et de procédures militaires. Magistrats aux ordres du garde des Sceaux, débats contradictoires tronqués et condamnations pour l’exemple en sont les marques dans les régimes autoritaires et même parfois en régime démocratique.
Sur la longue durée, historiens et juristes ont plutôt interrogé cette première forme de politisation de la justice. Toutefois, si le procès politique appartient à l’arsenal répressif d’un régime, l’opposition peut retourner à son profit la procédure, si ce n’est au tribunal, du moins dans l’opinion en médiatisant l’événement. L’affaire politico-judiciaire devient alors un espace alternatif pour faire de la politique en dehors du cadre institutionnel. Ainsi en 1863, le procès des Treize fédère les défenseurs des « libertés nécessaires » contre le Second Empire. Les procès politiques peuvent donc devenir une véritable opportunité qui permet à une opposition de retourner le stigmate, de catalyser ses forces et de se structurer sur le long terme.
Dans l’affaire des emplois fictifs, les attitudes des partis varient non seulement selon leur rapport aux institutions, mais aussi en fonction de leur stratégie.
Au pouvoir ou dans l’opposition : des stratégies à géométrie variable
François Bayrou, leader de l’un des partis alliés de la coalition au pouvoir depuis 2017, a incarné la posture du défenseur de l’État de droit face aux atteintes et dérives de la présidence de Nicolas Sarkozy. Aussi, ne peut-il emprunter la posture outragée de la victime d’un procès politique pour dénoncer un quelconque acharnement d’une justice qui lui serait idéologiquement hostile. Garde des Sceaux démissionnaire en raison d’une enquête préliminaire qui mènera à sa mise en examen dans l’affaire des emplois fictifs du MoDem au Parlement européen, il a choisi de répondre aux éléments du dossier point par point, davantage en législateur expérimenté qu’en dirigeant d’une formation politique.
Jean-Luc Mélenchon
Tout à l’inverse, Jean-Luc Mélenchon a théorisé pour la Vᵉ République une justice à charge contre les opposants politiques, en s’appuyant sur des précédents historiques et des exemples étrangers. Assimilant la France aux systèmes illibéraux, voire dictatoriaux, le leader de La France insoumise dénonce, derrière une médiatisation à charge par les organes proches du pouvoir, une tentative de le discréditer et de le faire taire. La vigueur de ses réactions est renforcée par une perquisition qui éclaire l’interpénétration de sa vie privée et du financement de sa communication politique. La personnalisation grandiloquente – « la République, c’est moi ! » – vise à renouer avec les grandes heures des combats pour les libertés parlementaires – du Léon Gambetta sous le Second Empire à Léon Blum au procès de Riom -, en rappelant que la tradition républicaine française réserve la souveraineté populaire au Parlement.
Quelques jours avant la condamnation du leader de LFI par le tribunal correctionnel de Bobigny pour « actes d’intimidation envers l’autorité judiciaire, rébellion et provocation », l’ancien candidat à la présidentielle et ses soutiens avaient dénoncé un procès politique. Dans une tribune intitulée « Le temps des procès politiques doit cesser », publiée le 15 septembre dans le Journal du Dimanche, plus de 200 personnalités, parmi lesquelles Jean-Luc Mélenchon lui-même, le brésilien Lula, l’équatorien Rafael Correa ou encore l’espagnol Pablo Iglesias, mettaient en garde contre le recours croissant à la « tactique du lawfare », c’est-à-dire « une instrumentalisation de la justice pour éliminer des concurrents politiques ».
Quelques jours plus tard, le leader des insoumis faisait paraître Et ainsi de suite… Un procès politique en France, dans lequel il dénonçait une justice politique aux ordres de l’exécutif avec la complicité des médias :
« Le lawfare est une guerre judiciaire, médiatique et psychologique. La leçon des expériences montre qu’on ne peut rien négocier, rien stopper. Il ne faut jamais renoncer à mener cette bataille comme une bataille politique, un rapport de force. Jusqu’à ce que la réputation de l’adversaire devienne aussi discutée que celle de l’accusé sans preuve » [p. 179].
Quant à l’extrême droite, longtemps habituée à dénoncer, elle aussi, l’hostilité de la justice à son égard, le passage du Front au Rassemblement national vient percuter cette instrumentalisation des procédures judiciaires.
Jordan Bardella & Marine Le Pen
Si Jean-Marie Le Pen ne pouvait que se satisfaire de ses condamnations à répétition, qui venaient renforcer sa marginalité face à « l’establishment » et sa posture de tribun de la plèbe contre les élites coalisées, la normalisation et la dédiabolisation du Rassemblement de Marine Le Pen rendent complexe la posture victimaire. L’institutionnalisation du RN à l’Assemblée nationale depuis 2022 (vice-présidences et respect des codes parlementaires) apparaîtrait incohérente avec la dénonciation véhémente d’une justice politique et incompatible avec l’aspiration à devenir un parti de gouvernement apte à être admis au sein d’une coalition.
Le RN apparaît en conséquence à la croisée des chemins à l’occasion de cette affaire judiciaire : s’il renoue avec son héritage de mouvement hostile aux institutions politiques et judiciaires, il risque de mettre à bas une décennie d’efforts pour s’intégrer au système. À cette aune, le prochain procès sur les emplois fictifs constituera un test important sur la pérennité de la stratégie de notabilisation et de respectabilité du RN.
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Par Pierre Allorant, Professeur d’Histoire du droit et des institutions, Université d’Orléans ; Noëlline Castagnez, Professeur d’Histoire politique contemporaine, Université d’Orléans et Walter Badier, Maître de conférences en histoire contemporaine, Université d’Orléans
Société-Pourquoi une conférence sociale avec les partis politiques ?
Il n’est pas sorti grand-chose de la réunion provoquée par le chef de l’État avec les organisations politiques hormis cette perspective très floue de conférence sociale. Une conférence qui porterait sur les bas salaires et la révision à la hausse des minima dans les branches.Si l’objectif est louable et même urgent, par contre on peut s’interroger sur la présence de politiques pour discuter d’une question essentiellement sociale et qui doit être de la responsabilité des partenaires sociaux les syndicats d’un côté et les patrons de l’autre.
Il y a suffisamment de questions politiques générales et de questions sociétales pour occuper le monde politique sans qu’il mette inutilement son et dans les négociations sociales.
Largement discrédité les organisations politiques glissent vers le social pour tenter de rénover une image de marque bien ternie.
De leur côté , les syndicats et d’une façon plus générale les partenaires sociaux ne doivent pas contribuer à installer la confusion entre domaine social et domaine politique. On peut se demander d’ailleurs ce que les syndicats font par exemple dans le cadre du soi-disant conseil national de la Refondation qui évidemment n’a rien à voir avec l’ancien conseil de résistance et qui ne constitue qu’un gadget politique pour contourner les institutions. En voulant s’impliquer sur la question des carrières et des salaires, le gouvernement relance son travail d’équilibriste. Mais l’initiative pose de nombreuses questions.
La ministre déléguée au Tourisme, Olivia Grégoire, a annoncé que «88% des Français sont partis en France». Elle évidemment de préciser qu’il ne s’agit que des 50 % de Français qui partent en vacances ( autour de 55 %). Les vacances en France ont été privilégiées essentiellement en raison de la crise économique et de la réduction du pouvoir d’achat. D’une façon générale, les Français ont renié sur à peu près toutes les dépenses notamment la restauration. Pour l’ensemble de l’été, la ministre s’est félicitée d’une saison «globalement excellente en France, du même cru que l’an passé, qui était record». «L’été marque le grand retour de la clientèle internationale, alors que la fréquentation des Français est restée à ses très bons niveaux de 2022.
Le taux de départ en vacances a peu évolué au cours des trente dernières années. Il était de 61 % en 1989 selon l’Insee et de 64 % selon le Crédoc en 2019. En 2020 et 2021, la crise sanitaire qui logiquement a fait chuter le taux. Et en 2023 c’est la baisse du pouvoir d’achat qui a freiné le nombre de départs en vacances
Le boom des vacances s’est produit entre les années 1970 et 1980. Le taux de départ (selon la mesure de l’Insee) a grimpé de 42 % à 58 % entre 1964 et 1985 1. Le taux de départ a tout de même connu un creux dans les années 2000, autour de 55 %.
Hors période de crise, environ 40 à 45 % % de la population ne part pas chaque année. Prendre des vacances est loin d’être le lot commun. Et encore, la définition des congés est très large : il suffit de passer quatre jours hors du domicile personnel. Les vacances elles-mêmes peuvent être de nature très différente. Il peut s’agir de quelques kilomètres pour visiter de la famille ou des amis un week-end prolongé, comme de plusieurs semaines à l’étranger.
Le plafonnement du taux de départ peut s’expliquer de plusieurs façons. Depuis près d’une vingtaine d’années, les niveaux de vie stagnent pour les catégories les moins favorisées, ce qui n’aide pas à partir. La précarité de l’emploi rend aussi les départs difficiles. Une précédente étude du Crédoc avait montré que la hausse du taux de départ à la fin des années 2000 et au début des années 2010 résultait pour l’essentiel d’une progression chez les seniors : le taux de départ des plus de 70 ans est alors passé de 32 à 47 % entre 2008 et 2014. Les revenus de ces générations progressent, car elles ont moins été marquées par le chômage et du fait de l’activité féminine. En meilleure santé physique, leurs modes de vie – et leur rapport aux loisirs – changent. À l’inverse, entre 2009 et 2014, le taux de départ des 18-24 ans avait baissé de 65 à 60 %.
En matière de congés, le revenu joue bien entendu. Selon l’Insee de moins en moins de ceux qui figurent parmi les plus modestes disent « ne pas avoir les moyens de se payer une semaine de congés hors de leur domicile » (voir graphique). Pour autant, la moitié des 20 % les plus pauvres sont dans ce cas, ce qui représente environ six millions de personnes (enfants compris). Le contraste est grand entre le modèle véhiculé par exemple par la télévision sur les modes de vie des Français et le vécu d’une grande partie des familles de milieu populaire. Le modèle de la famille qui se met au vert l’été et au blanc l’hiver reste l’apanage du haut de l’échelle sociale. Parmi les ménages modestes, seuls ceux qui disposent d’un hébergement gratuit (famille ou amis) ou qui sont aidés par un comité d’entreprise (pour ceux qui travaillent dans les plus grandes entreprises) peuvent s’offrir de plus longs congés hors de chez eux.
Politique : Une république de « stagiaires » dans la plupart des partis
Ce qui semble caractériser la période, c’est la présences de nombre de responsables politiques assez transparents et incompétents. Bref, une sorte de sociologie de « stagiaires ». C’est d’abord le cas du gouvernement avec 42 ministres dont 90 % ou presque sont inconnus et ne servent d’ailleurs pas à grand-chose. Ceci vaut aussi pour les premiers ministres choisis par Macron qui a dessein prend un Premier ministre relativement pâle et sans expérience politique. C’est vrai aussi à l’Assemblée nationale où le parti du président peine à faire émerger quelques députés un peu conséquents. La plupart du temps, on a l’impression qu’il s’agit d’un parti de « stagiaires » sortis tout juste des instituts de formation politique sans grande conviction et sans expérience.
Malheureusement, dans les autres parties en souffrent aussi d’un sérieux manque de compétence et de charisme. C’est vrai à droite où Ciotti ne fait guère le poids chez les « républicains ». Mais c’est vrai aussi à gauche où les députés de la NUPES cachent souvent par leur agitation leur manque de connaissances sur les dossiers. Ils adoptent une posture davantage syndicale que politique. À l’extrême droite, c’est le grand silence qui permet de faire l’impasse sur les capacités réelles de gestion politique.
D’une façon générale, le personnel politique actuel n’est pas à la hauteur des enjeux. À commencer par le président de la république condescendant et immature, incapable de prendre la dimension de son rôle qui consiste surtout à assurer l’unité du pays. Comme un ado, il réagit au quart de tour et multiplie les bavures verbales et les contradictions.
Beaucoup de ces responsables politiques sont un peu jeunes pour prétendre diriger un pays. Il cumule trois insuffisances notoires : le manque de maturité , le manque d’expérience et le manque de compétence. Certes on ne saurait prétendre que c’était forcément mieux avant mais on doit quand même constater l’insuffisance actuelle de leaders à la fois charismatiques et d’une certaine épaisseur politique.
Démocratie: Une république de « stagiaires » dans la plupart des partis
Ce qui semble caractériser la période, c’est la présences de nombre de responsables politiques assez transparents et incompétents. Bref, une sorte de sociologie de « stagiaires ». C’est d’abord le cas du gouvernement avec 42 ministres dont 90 % ou presque sont inconnus et ne servent d’ailleurs pas à grand-chose. Ceci vaut aussi pour les premiers ministres choisis par Macron qui a dessein prend un Premier ministre relativement pâle et sans expérience politique. C’est vrai aussi à l’Assemblée nationale où le parti du président peine à faire émerger quelques députés un peu conséquents. La plupart du temps, on a l’impression qu’il s’agit d’un parti de « stagiaires » sortis tout juste des instituts de formation politique sans grande conviction et sans expérience.
Malheureusement, dans les autres parties en souffrent aussi d’un sérieux manque de compétence et de charisme. C’est vrai à droite où Ciotti ne fait guère le poids chez les « républicains ». Mais c’est vrai aussi à gauche où les députés de la NUPES cachent souvent par leur agitation leur manque de connaissances sur les dossiers. Ils adoptent une posture davantage syndicale que politique. À l’extrême droite, c’est le grand silence qui permet de faire l’impasse sur les capacités réelles de gestion politique.
D’une façon générale, le personnel politique actuel n’est pas à la hauteur des enjeux. À commencer par le président de la république condescendant et immature, incapable de prendre la dimension de son rôle qui consiste surtout à assurer l’unité du pays. Comme un ado, il réagit au quart de tour et multiplie les bavures verbales et les contradictions.
Beaucoup de ces responsables politiques sont un peu jeunes pour prétendre diriger un pays. Il cumule trois insuffisances notoires : le manque de maturité , le manque d’expérience et le manque de compétence. Certes on ne saurait prétendre que c’était forcément mieux avant mais on doit quand même constater l’insuffisance actuelle de leaders à la fois charismatiques et d’une certaine épaisseur politique.
Réforme des retraites : quel positionnement des partis de gauche ?
Par Christophe Sente, membre du Cevipol au sein de l’Université libre de Bruxelles, ainsi que du conseil scientifique de la Feps (Fondation for European Progressive Studies). Il a récemment consacré des textes à l’évolution politique sociale américaine et européenne qui ont été publiés par la revue Social Europe et la Fondation Jaurès.
En pleine mobilisation contre le projet de réforme des retraites, les partis de gauche sont en mouvement. À entendre les réactions des responsables politiques, la direction prise relève d’une sortie du travaillisme, terme qui désigne une tendance à privilégier la recherche de compromis au service des intérêts matériels des travailleurs par rapport à une projection idéologique, même si rares sont les partis qui choisissent cette dénomination. La recherche d’un affrontement politique avec le gouvernement semble ainsi primer sur la recherche de nouveaux équilibres capables de satisfaire les intérêts des employés comme des entrepreneurs.
Du recul est nécessaire pour comprendre l’évolution en cours. Au XIXe siècle, la gauche socialiste européenne s’est organisée pour défendre les intérêts du monde ouvrier. Dans plusieurs pays dont la France ne fait pas partie, des partis socialistes ont été créés à l’initiative de syndicats pour assurer l’inscription à l’agenda parlementaire d’assurances sociales protégeant les actifs des risques liés à l’accident, la maladie ou encore à l’âge.
Au XXe siècle, la gauche française ne réussit pas à obtenir un monopole de la représentation des travailleurs qui préfèrent parfois voter pour des partis chrétiens, voire d’extrême droite, défendant aussi des programmes sociaux. Elle étend cependant cette représentation, d’abord limitée aux ouvriers, aux employés du secteur privé, aux fonctionnaires, aux retraités et aux chômeurs. Son discours anticapitaliste originel se fait discret à partir de 1945 et elle devient « travailliste ».
Autrement dit, si le travail conserve la centralité qu’il trouvait chez Karl Marx qui y voyait un facteur de production aussi important que le capital, la gauche lie désormais, le temps des trente glorieuses, le sort de ses revendications sociales au succès des entreprises capitalistes.
L’après-Seconde Guerre mondiale est caractérisé par la recherche de la paix sociale face au risque communiste. La gauche obtient alors, pour les catégories socioprofessionnelles qu’elle représente, des régimes légaux de pensions financés par la redistribution d’une part de la richesse nationale.
Cette évolution incite des observateurs à suggérer que les états démocratiques européens ne sont pas seulement caractérisés par un parlementarisme d’inspiration libérale mais aussi par un régime « néocorporatiste » c’est-à-dire une capacité des représentants du capital et du travail à assurer la convergence des intérêts de l’industrie et des salariés.
La sortie du travaillisme amorcée au XXᵉ siècle
En 2023, les discours et les choix stratégiques des partis qui forment l’opposition de gauche au gouvernement d’Elisabeth Borne indiquent une évolution en dehors du travaillisme. Celle-ci a en fait été amorcée au siècle dernier. Elle prend toutefois une nouvelle orientation. Les deux déterminants de cette nouvelle orientation ont environ cinquante ans d’âge.
Premièrement, à partir des années 1970, sous l’impulsion de la révolution culturelle de 1968 et de la théorisation de la possibilité d’un épanouissement individuel à l’intérieur d’une société post-industrielle prospère, la gauche, élargie au mouvement écologiste, intègre la revendication d’une libération du temps. Celle-ci est satisfaite par une diminution de l’horaire de travail hebdomadaire, des formules de pause dans la carrière et, en France, l’abaissement à 60 ans de l’âge de la retraite par le gouvernement de Pierre Mauroy.
Deuxièmement, au cours des années 1980, l’Europe est dans une situation de la stagflation, la croissance est en berne et l’inflation forte. Afin d’en sortir tout en optimisant leurs bénéfices, les détenteurs de la propriété industrielle et des capitaux abandonnent le compromis fordiste basé sur une consommation de masse et néocorporatiste.
La croissance est rétablie sur la base d’une stimulation des exportations et du développement des secteurs des services et de la finance. La confiance est par contre rompue entre les acteurs de l’entreprise depuis que le travail est redevenu, dans la doxa « néolibérale » anglo-saxonne, une variable d’ajustement, comme au XIXe siècle.
En 2023, l’orientation de l’opposition de gauche à Elisabeth Borne et Emmanuel Macron présente plusieurs caractéristiques qui accentuent la sortie du travaillisme.
Tout d’abord, l’orientation des partis qui forment la Nupes comme de l’extrême gauche traditionnelle comporte un double critique de la réalité économique présentée par le gouvernement. Le premier concerne les finances publiques et privées qui, selon les partisans de la réforme, ne peuvent soutenir une situation, impensée en 1945, dans laquelle le rapport entre le nombre d’actifs et de retraités tend à s’inverser.
Le second touche l’état du continent européen qui exigerait une réindustrialisation des nations pour assurer la sécurité économique, énergétique, écologique, sanitaire et militaire des populations. Or, le déploiement d’une nouvelle génération de politiques industrielles exige une mobilisation de ressources humaines dans un contexte de natalité faible et de résistances sociétales à l’immigration extraeuropéenne. C’est sur la base de l’une ou l’autre de ces considérations, voire des deux, que la plupart des états européens ont relevé l’âge de départ à la retraite et s’emploient à augmenter le taux d’emploi.
Ensuite, en dépit de la diversité du paysage salarial et des droits en matière de retraite, les forces politiques de gauche parient sur la constitution d’un front national et social du refus, incluant notamment les étudiants. À ce stade, ainsi qu’en témoignent notamment les interventions de la France Insoumise sur le sujet des recettes, elles ne misent pas sur la présentation d’alternatives abouties aux réformes envisagées par le gouvernement.
Le seul tempérament à cette opposition frontale est la revendication, encore que très générale et n’impliquant pas une reconsidération des régimes existants lorsque la nature du travail a évolué depuis l’institution de ceux-ci, d’une prise en considération de la pénibilité des métiers.
Alors que des think tanks progressistes comme la Fondation Jaurès ou Terra Nova ont présenté des modalités alternatives de réforme du système des retraites, la rhétorique de la gauche politique reste dominée par des slogans. La référence à la captation de « super profits » par des « élites » comme à la faible espérance de vie des Français les plus pauvres, est une expression de la stratégie populiste suggérée par Chantal Mouffe.
Enfin, la Nupes et l’extrême gauche refusent le débat ouvert par le président de la République sur le « dividende salarié », c’est-à-dire sur la possibilité d’augmenter les revenus que les travailleurs tirent de l’activité économique, voire leurs droits à l’intérieur de la gouvernance des entreprises. Ce refus est à la fois fondé sur une réticence à l’égard de la cogestion des entreprises et à une opposition de principe aux formes extrasalariales de rémunération qui ne sont pas intégrées aux calculs des droits en matière de chômage ou de pension.
Aux USA, ce type de proposition est notamment soutenu par Bernie Sanders, mais, à ce jour, la réactivation d’un compromis néocorporatiste n’est à l’agenda ni des partis socialiste et communiste, ni des Insoumis.
Les partis politiques qui forment l’opposition de gauche à Emmanuel Macron ne sont plus que travaillistes dans la mesure où ils acceptent, comme le 19 janvier, de défiler derrière les organisations syndicales.
Pour les partis qui défilent aujourd’hui dans la rue, la constitution d’un mouvement social est le prélude d’un débat parlementaire et au service d’un effritement de la majorité relative dont dispose Elisabeth Borne.
Cette stratégie peut être considérée comme à ce jour payante dès lors que de nombreux citoyens ont répondu aux appels à manifester et des tensions se sont révélées au sein du camp présidentiel. Elle ne sera pas nécessairement gagnante car elle expose la gauche d’opposition à deux risques.
L’un est celui d’une incapacité à canaliser le mouvement social dans un débat parlementaire. Ce scénario est celui d’un blocage du pays, le cas échéant par de nouveaux « gilets jaunes », si le mouvement échappe aux syndicats.
L’autre est celui de la concurrence, voire de la convergence, au sein de l’assemblée du Rassemblement national de Marine Le Pen, tenu jusqu’à présent à l’écart des manifestations par les organisations syndicales.
Enquête sur le financement de Partis politiques par de grandes firmes financières ou par des pays étrangers
Des députés de Renaissance veulent une enquête sur d’éventuels financements russes au sein de partis français. Parallèlement, le parti de Marine Lepen demande une enquête sur les liens entre les géants américains et le parti du pouvoir en France
Pour la majorité il s’agit de « savoir si des partis politiques avaient bénéficié de financements russes » et ils ont notamment pointé « des prises de position en faveur de la Russie de plusieurs dirigeants politiques français de premier plan ». D’après ces députés, « la gravité des faits » impose une enquête. Une autre de leurs accusations porte sur « des prêts contractés pour financer des campagnes électorales et dont les sommes sont toujours dues bien des années plus tard ». Ils visent ici le Rassemblement national .
Le parti de Marine Le Pen avait de son côté annoncé ce vendredi qu’il allait bientôt déposer une résolution afin de créer une commission d’enquête à l’Assemblée qui aurait pour rôle d’éluder les rapports de la majorité avec différentes puissances étrangères. Ils espèrent que cette commission pourra « préciser la nature des liens entre certains élus de la majorité présidentielle et le Qatar » et « enquêter sur ce qui s’apparente à une véritable coproduction législative entre le parti présidentiel et les géants américains Amazon, Microsoft, Google ou encore Uber ». De possibles liens entre la Chine et la majorité sont aussi évoqués par le Rassemblement national.
Macron responsable de l’audience des partis radicaux
En tuant en grande partie les partis de gouvernement ( PS et Républicains), Macron a donné l’occasion aux partis extrêmes d’exister et de se faire entendre avec le risque qu’un jour ils prennent le pouvoir car le flou de l’idéologie macroniste et la virtualité du parti En marche ne résisteront pas à l’après Macron.
La nouvelle donne politique, née avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, a transformé le mode d’opposition sur lequel fonctionne notre démocratie, analyse Alexandre Viala, professeur de droit public, dans une tribune au « Monde ».
Lors d’une interview sur BFM-TV, le 5 juillet, Gérald Darmanin a distingué deux types d’opposition à la majorité présidentielle : si les députés Les Républicains et certains députés socialistes ou écologistes sont des « adversaires » avec lesquels il serait permis de trouver des compromis pour voter les lois, le Rassemblement national (RN) et La France insoumise seraient en revanche des « ennemis » sur lesquels il est impossible de compter. Le propos a choqué nombre de parlementaires qui, au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et du RN, se sont sentis regardés comme les parias de l’arc républicain, alors qu’ils représentent des millions d’électeurs à l’Assemblée nationale.
Les mots du ministre de l’intérieur ne devraient pourtant guère surprendre dès lors qu’ils s’inscrivent dans le prolongement de la stratégie d’Emmanuel Macron depuis le début de son aventure électorale. Pour conquérir l’Elysée en 2017, il a affaibli ses adversaires en s’appropriant les valeurs communes aux deux formations politiques à vocation majoritaire, de droite comme de gauche, afin d’être le seul à pouvoir tenir lieu de rempart au RN.
Dans un passé récent, Eric Dupond-Moretti a justifié son entrée en campagne dans les Hauts-de-France en vue de déstabiliser Xavier Bertrand aux élections régionales de juin 2021, avec la même nuance sémantique que celle de Gérald Darmanin : « Xavier Bertrand est un adversaire, précisait-il, Marine Le Pen un ennemi. » Révélatrice de l’évolution des rapports de force partisanes, cette stratégie consistant à affaiblir l’adversaire pour affronter confortablement l’ennemi est particulièrement intéressante du point de vue de la philosophie politique.
Depuis 2017, une règle tacite oriente le jeu de la campagne présidentielle, réitéré en 2022 : le Graal revient à celui qui se qualifiera en finale face à la représentante d’un électorat protestataire qui a fait sociologiquement sécession en se maintenant solidement au-dessus de 20 %, sans pouvoir rassembler au second tour. Pour nourrir cette stratégie gagnante, Emmanuel Macron a substitué au vieux clivage gauche-droite, celui qui oppose, disait le philosophe Karl Popper, les partisans de la société ouverte [démocratique et gouvernée par la raison] face aux tenants de la société fermée. Cette nouvelle donne politique est le symptôme d’une évolution sociologique qui outrepasse le contexte hexagonal.