Réforme SNCF : course de vitesse entre Paris et Bruxelles
Paris veut reformer rapidement la SNCF en améliorant les résultats et en fusionnant RFF et la SNCF. Bruxelles doit de son coté sortir de nouvelles orientations d’ici 2014 mais au contraire en séparant infra et exploitation. Du coup Le projet de loi de réforme ferroviaire sera soumis mercredi au Conseil des ministres. Reste et à savoir quand l’assemblée nationale votera la loi ! Objectif : contenir la dette et améliorer un système qui s’est détérioré. Mais la France risque de se heurter à Bruxelles. Un an après avoir annoncé l’ébauche de la réforme ferroviaire pour les 75 ans de la SNCF, Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, a voulu s’entourer une nouvelle fois des cheminots vendredi. Mercredi, son projet de loi de réforme du rail, qui va notamment réunir sous le même toit Réseau ferré de France et la SNCF, séparés depuis seize ans, sera soumis au Conseil des ministres. Il devrait ensuite être débattu au Parlement au cours du premier semestre. . Les syndicats qui défendent la fusion de RFF et de SNCF constituent un soutien de poids au projet de réforme également voulu par Guillaume Pepy, le président de la SNCF, qui a martelé ces dernières années que le système ferroviaire français allait «dans le mur». Le mur en question est avant tout une dette abyssale – 32 milliards d’euros logés dans RFF – qui s’alourdit mécaniquement d’un milliard et demi d’euros supplémentaires par an. Ce montant provient de la vieille dette de la SNCF récupérée par RFF lors de sa création, en 1997. Il s’est lesté des grands projets de lignes à grande vitesse auxquels se sont ajoutés les travaux titanesques de rénovation du réseau classique, menacé par le manque d’entretien. Il faut également prendre en compte les 7 milliards d’euros de dette de la SNCF. Dans cinq ans, le gouffre de l’endettement atteindra 50 milliards d’euros. RFF a eu beau augmenter, année après année, le montant des péages fixés aux entreprises ferroviaires, c’est-à-dire essentiellement la SNCF, la dette a continué à grandir inexorablement. Parallèlement, le service rendu aux clients s’est détérioré: ponctualité, informations aux clients lors d’incidents, retards records… Les Français ont fini par se lamenter de la qualité de leur service public ferroviaire. Pas de coup de baguette magique en vue pourtant. La loi présentée par le ministre des Transports n’aura pas d’incidence immédiate sur la vie des voyageurs. À partir de 2015, date de mise en œuvre de cette réforme, elle a l’ambition d’améliorer l’efficacité du système français. SNCF et RFF promettent une meilleure productivité, chiffrée en centaine de millions d’euros, et visent la suppression de la dette chronique. «L’enjeu est national, a affirmé le ministre vendredi devant la presse et les dirigeants de la SNCF et de RFF réunis dans les ateliers de Pantin. L’objectif est de créer un groupe public intégré, une nouvelle SNCF, un acteur majeur du ferroviaire en Europe et dans le monde, Une vitrine du service public.» Aujourd’hui, le ministre compte sur les syndicats pour faire pression sur Bruxelles, qui prépare de nouvelles directives imposant la séparation nette dans les chemins de fer européens du gestionnaire d’infrastructures (RFF, en France) et de l’entreprise ferroviaire (SNCF). Mercredi justement, la CGT et la CFDT avaient lancé une journée de grève contre la «libéralisation forcée des transports dictée par Bruxelles». La Commission européenne juge que la France porte le bonnet d’âne de l’ouverture à la concurrence de son réseau ferroviaire. Le ministre français des Transports, associé à son homologue allemand, compte réunir autour de lui quelques États attachés à un système ferroviaire unifié. «Nous souhaitons qu’on cesse avec les murailles de Chine, les murs de Berlin, a affirmé Frédéric Cuvillier au sujet de cette séparation institutionnelle entre les activités ferroviaires réclamée par Bruxelles. Redonnons force, vigueur et vertu au service public.»