Archive pour le Tag 'paralysie'

Numérique : la Commission européenne en pleine paralysie

Numérique : la Commission européenne en pleine paralysie

Christophe-Alexandre Paillard, maître de conférences en macroéconomie et auteur en relations internationales et géoéconomie*, pointe l’urgence de moderniser les réseaux de télécommunication. La Commission européenne doit massivement investir dans son programme digital, explique-t-il dans le JDD
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Depuis 2014 et la Commission Juncker, l’Europe court après une révolution numérique qu’elle a raté, déployant un arsenal normatif visant à établir un véritable protectionnisme juridique pour compenser nos faiblesses industrielles et technologiques.

Dans ce contexte, faute de mieux, la modernisation des réseaux de télécommunications est prioritaire et, en la matière, nul de sérieux ne conteste l’ampleur des investissements nécessaires. La Commission, pour atteindre ses objectifs de connectivité de son programme digital pour la décennie 2030, a évalué le besoin à 174 milliards d’euros. Si certains pensent qu’ils devraient être plus importants encore, d’autres estiment que les investissements déjà programmés par les opérateurs couvrent une partie majoritaire des besoins.
Alors que les oppositions s’aiguisent pour savoir qui paiera cette facture, la Commission s’est tournée vers les acteurs du marché du numérique.

S’il est un secret de Polichinelle qu’elle mène un combat au long cours contre les grandes entreprises du numérique (américaines, faut-il le préciser) et a considéré avec bienveillance l’idée d’un partage des charges (« fair share ») avancée par les opérateurs de télécommunications, le retour des acteurs de marché sur cette consultation lancée au début de l’année 2023 appelle plusieurs remarques.

D’abord les parties concernées (fournisseurs d’accès, chaînes de télévision, opérateurs, associations de consommateurs etc.) se sont largement mobilisées, puisque la Commission a reçu 437 réponses, et parmi elles, 164 contributions allant au-delà des simples questions posées, même si la quantité de réponses est peut-être un indice de l’état d’extrême atomisation du secteur en Europe, auquel la Commission ferait bien de s’intéresser.

*Christophe-Alexandre Paillard est l’auteur de Les nouvelles guerres économiques, aux éditions Ophrys.

Economie: l’Europe dans la paralysie

Economie: l’Europe dans la paralysie

L’« accélération de l’économie européenne » évoquée en Chine en ce mois d’avril par Emmanuel Macron est un conte qui ne berce, ni ne berne, plus personne. ( par Michel Santi , macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales, dans la  » Tribune ».

Lecteurs : votre première voiture électrique sera très probablement chinoise, car la Chine est désormais passée devant l'Allemagne en tant que second exportateur mondial de véhicules. Ce continent qui a inventé la voiture en est réduit à importer ses véhicules électriques dont il est devenu grand consommateur, car il ne les produit pas. Quelle déchéance abrupte pour cette Europe qui exportait vers la Chine tant de voitures, et qui se targuait de damer le pion aux autres en termes d'industries de l'équipement: elle n'a pas vu venir la fin du moteur à combustion.

D'ailleurs, nous serons même prochainement déclassés dans un domaine où nous étions champions, à savoir celui des avions mono-couloirs, car le Président français a accepté, toujours dans le cadre de ce déplacement en Chine, de doubler la production locale d'Airbus, offrant ainsi aux Chinois tout loisir de s'approprier la technologie afin de surclasser les Européens. Exactement comme ce fut le cas lorsque Siemens leur mit à disposition sa technologie des trains à grande vitesse. Comme pour Kuka Robotics, fleuron mondial allemand de la robotique industrielle, rongé petit à petit par l'actionnariat chinois ayant démarré à 5.4% en 2016 pour en être à 95% aujourd'hui.

Pourquoi les Chinois s'en priveraient-ils, du reste, quand les Européens optent systématiquement pour du profit immédiat au détriment de leur propre pérennité technologique sur le long terme ? Pour ceux qui s'étaient donné la peine de s'y intéresser et qui accessoirement savent lire, les objectifs étaient clairement définis dès 2018 dans la feuille de route intitulée « Made in China 2025 » qui sont (je traduis) : «une initiative qui vise à sécuriser la position de la Chine en tant que puissance mondiale dans les industries de haute technologie. L'objectif est de réduire la dépendance de la Chine vis-à-vis des importations de technologies étrangères et d'investir massivement dans ses propres innovations afin de créer des entreprises chinoises capables de concurrencer à la fois sur le marché national et mondial.»

Voilà pourquoi notre moteur industriel allemand est désormais doublé par la Chine, et ce alors que de manière piteuse notre voisin ferme toutes ses centrales nucléaires au beau milieu d'une crise énergétique globale. Voilà pourquoi le déficit commercial allemand fut en 2022, avec 85 milliards d'euros, le plus élevé jamais enregistré par la statistique – je le rappelle – dans un contexte de sanctions contre la Russie paralysant la première économie européenne, et qui la rendent en même temps de plus en plus dépendante du marché chinois pour sa survie.

L'Europe – dont le PIB était sensiblement équivalent à celui des États-Unis au début des années 1980 – s'est, depuis, largement fait distancer. Elle s'est également fait dépasser par la Chine en 2020. C'est comme si ce continent avait unilatéralement choisi de nier les technologies du futur alors qu'il aurait pu devenir l'égal des Américains dans un domaine où il brille néanmoins par la qualité de ses cerveaux. Dès le départ, l'Europe n'a pas tant considéré ces avancées fulgurantes comme des opportunités économiques que comme des menaces qu'il fallait encore et toujours réguler. Car la vision que l'Europe se fait du progrès est d'abord et avant tout problématique. C'est simple : elle légifère, elle édicte directives et réglementations, tandis que les autres inventent et produisent.

Comment dès lors s'étonner de la quasi-invisibilité européenne en Intelligence artificielle ? N'est-il pas à la fois anecdotique – mais ô combien révélateur – que l'Italie et peut-être bientôt d'autres pays interdisent ChatGPT ? Comment avancer, comment être compétitif à l'échelle universelle, dans des domaines que l'on considère être des menaces ? Quand l'Europe comprendra-t-elle qu'il ne sert à rien de réglementer – ni de se vouloir champion de la moralité – sans maîtrise de sa propre puissance économique ? Ce continent – qui est désormais distancé dans quasiment tous les secteurs industriels et technologiques – ne cherche en réalité pas à devenir une superpuissance. Son ambition se réduit à maintenir sa haute qualité de vie, et à ne pas se mêler de crises qui ne seraient pas les siennes. Il n'attend même plus un Prince qui pourrait le réveiller de sa torpeur.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l'auteur d'un nouvel ouvrage : « BNS : Rien ne va plus ! », qui est livre enquête sur les pertes massives de la Banque Nationale Suisse en 2022. Sa page Facebook et son fil Twitter.
Michel Santi
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Covid : le gouvernement craint la paralysie économique et sociale

 

 

 

Il est clair que le gouvernement a notoirement sous-estimé l’ampleur de la propagation de la pandémie. Le conseil de défense vient à peine de se réunir que le gouvernement se rend compte qu’avec des moyennes dépassant largement les 200 000 contaminés par jour l’absentéisme va se développer dans nombre d’activités y comprises essentielles.

 

Les seules mesures prises pour le moment pour y faire face consistent à alléger les mesures d’isolement pour les contaminés. Le plus grave problème risque de se poser dans les services logistiques qui fournissent aux entreprises et plus généralement aux activités économiques et sociales les approvisionnements à flux tendu qui caractérise désormais nos processus de production et de distribution.

 

Inévitablement l’absentéisme va concerner aussi les cinq activités économiques qui seront contraintes de morceler encore davantage les envois ce qui va encore complexifier la gestion des flux de transport. Des transports déjà en sous capacité par rapport à l’évolution de la demande.

Le Premier ministre Jean Castex réunira donc ce lundi à 16h dix de ses ministres, révèle BFM TV. Cette réunion doit permettre « de faire le point sur l’impact du variant Omicron sur la continuité des services publics essentiels. À savoir les hôpitaux, les lieux d’enseignements, les transports en commun, les administrations, l’armée, gendarmeries et les commissariats ou encore les entreprises du secteur de l’énergie ».

Malheureusement le gouvernement ne prend pas encore confiance que les activités économiques privées vont se trouver largement impactées et que c’est dès maintenant qu’il faut également envisager les scénarios de remplacement. Des questions autrement plus importantes que celle qui consiste à faire le point sur la continuité du service dans les gendarmeries !

Covid- Scénario noir santé- 200 000 cas dès janvier et la paralysie économique ?

Covid- Scénario noir santé-  200 000 cas dès janvier et la paralysie économique ?

On pourrait enregistrer des statistiques de contaminés de l’ordre de 200 000 par jour, a estimé vendredi sur CNews l’infectiologue Benjamin Davido. Un chiffre tellement impressionnant qu’on pourrait perdre le contrôle total de la pandémie avec en plus.  Ce risque d’absentéisme et de paralysie économique a déjà été évoqué par le conseil scientifique. Un pronostic qui n’a d’ailleurs guère été apprécié par le gouvernement qui reproche au président du conseil scientifique d’être trop bavard et sans doute trop pertinent.le risque d’une paralysie de la vie économique et sociale du fait en particulier de l’absentéisme.Pourtant la réalité des chiffres est, À Noël on a déjà franchi le record absolu de 100 000 contaminés, ainsi qui pourrait doubler début 2022 sans nouvelles mesures restrictives.

« Il va falloir qu’on réfléchisse à un plan de secours » pour l’hôpital, a  souligné Benjamin Davido.

« Si vous mettez en éviction (tous les cas positifs et les cas contacts) dans le système scolaire, la police, l’hôpital, (la société) va être à l’arrêt », a prévenu vendredi Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon sur BFMTV.

Le plus grand danger risque d’être économique avec une paralysie en tout cas un grand ralentissement des activités y comprises essentielles.  La liste est longue des secteurs risquant de subir les absences au travail liées aux « centaines de milliers » de cas par jour redoutés en début d’année, selon Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique français, citant « la distribution alimentaire, la sécurité, l’énergie, les transports, les communications, et la santé ».

Le président de l’institution, Jean-François Delfraissy, a de son côté soulevé la « désorganisation possible d’un certain nombre de services essentiels ». Encore minoritaire dans l’Hexagone, le variant Omicron n’a pas causé d’isolements forcés massifs en raison de cas positifs ou de cas contacts. Mais quelques signaux d’alerte s’affichent et les projecteurs sont braqués sur la sixième vague en janvier.

Covid: 200 000 cas dès janvier et la paralysie économique ?

Covid: 200 000 cas dès janvier et la paralysie économique ?

On pourrait enregistrer des statistiques de contaminer de l’ordre de 200 000 par jour, a estimé vendredi sur CNews l’infectiologue Benjamin Davido.Un chiffre tellement impressionnant qu’on pourrait perdre le contrôle total de la pandémie avec en plus Ce risque d’absentéisme et de paralysie économique a déjà été évoqué par le conseil scientifique. Un pronostic qui n’a d’ailleurs guère été apprécié par le gouvernement qui reproche au président du conseil scientifique d’être trop bavard et sans doute trop pertinent.le risque d’une paralysie de la vie économique et sociale du fait en particulier de l’absentéisme.

« Il va falloir qu’on réfléchisse à un plan de secours » pour l’hôpital, a  souligné Benjamin Davido.

« Si vous mettez en éviction (tous les cas positifs et les cas contacts) dans le système scolaire, la police, l’hôpital, (la société) va être à l’arrêt », a prévenu vendredi Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon sur BFMTV.

Le plus grand danger risque d’être économique avec une paralysie en tout cas un grand ralentissement des activités y comprises essentielles.  La liste est longue des secteurs risquant de subir les absences au travail liées aux « centaines de milliers » de cas par jour redoutés en début d’année, selon Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique français, citant « la distribution alimentaire, la sécurité, l’énergie, les transports, les communications, et la santé ».

Le président de l’institution, Jean-François Delfraissy, a de son côté soulevé la « désorganisation possible d’un certain nombre de services essentiels ». Encore minoritaire dans l’Hexagone, le variant Omicron n’a pas causé d’isolements forcés massifs en raison de cas positifs ou de cas contacts. Mais quelques signaux d’alerte s’affichent et les projecteurs sont braqués sur la sixième vague en janvier.

Devant la paralysie de l’union européenne, la BCE prête à acheter des actifs pourris

Devant la paralysie de l’union européenne, la BCE prête à acheter des actifs pourris

 

 

L’union européenne est un nouveau presque paralysée à propos du plan de relance de 1000 milliards € ….mais sur six ans, soit 150 millions d’euros par an. Un montant bien insuffisant par rapport aux enjeux et dont les modalités restent encore à définir car les divergences sont très fortes entre les Etats.

À nouveau la BCE pourrait être amenée à intervenir après avoir déjà dégagé une ligne de 750 milliards de prêts . Elle pourrait cette fois accepter d’acheter des actifs pourris aux Etas et aux banques  particulièrement en grande difficulté comme l’Italie ou l’Espagne. Le problème c’est que la BCE est en train de dépasser les limites de ses compétences mais aussi de faire croître le volume de son bilan mettant à terme en cause la valeur de l’euro.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont certes conclu jeudi un accord de principe sur la création d’un fonds d’urgence de quelque 1.000 milliards d’euros pour soutenir la reprise après la crise du coronavirus mais ils ont repoussé les décisions sur ses modalités et son financement, qui pourraient prendre des mois.

Et la nouvelle enveloppe ne représente que 1% du produit intérieur brut (PIB) des 19 pays de la zone euro, alors que beaucoup d’observateurs s’attendent à une contraction de 5% à 15% du PIB.

La BCE, à la différence des autres grandes banques centrales, doit de plus s’accommoder de l’absence de coordination des politiques budgétaires dans l’UE, ce qui se traduit entre autres par des écarts de rendements (spreads) entre les dettes souveraines des pays membres.

“Faute d’un accord plus ambitieux, la BCE sera probablement la seule solution disponible en ce qui concerne les spreads périphériques”, dit ainsi Frederik Ducrozet, stratège de Pictet Wealth Management, en référence notamment aux rendements des emprunts d’Etat italiens, en nette hausse ces derniers jours.

Pour donner du temps aux Etats, la BCE devra donc très probablement annoncer de nouvelles mesures de soutien, ce qui l’obligera à se rapprocher un peu plus des limites de ses statuts et à fournir des arguments à ses détracteurs.

Surtout, en prenant une nouvelle fois l’initiative, l’institution dirigée par Christine Lagarde enclenchera probablement un mécanisme désormais familier dans lequel les dirigeants politiques, constatant que la BCE est toujours là pour les soutenir, tendent au laisser-aller et accroissent encore la nécessité de nouvelles mesures de politique monétaire.

Ce mécanisme, s’il a montré qu’il fonctionnait, a un gros défaut: il alimente les doutes sur la solidarité entre pays membres de l’UE et sur la détermination de ceux de la zone euro à assurer la pérennité de la monnaie unique.

Aujourd’hui, à peine plus d’un mois après avoir lancé un plan d’achats d’actifs de 750 milliards d’euros, la BCE doit donc envisager de faire encore plus, et peut-être dès sa prochaine réunion, jeudi prochain, selon certains analystes.

Car la situation de l’Italie devient urgente: alors que sa dette publique menace de dépasser 175% du PIB en fin d’année à cause du surcroît de dépenses et de la chute de recettes liés à l’épidémie, la note souveraine de Rome pourrait être bientôt dégradée en catégorie spéculative (“junk”), ce qui rendrait ses emprunts inéligibles aux programmes de rachats de la BCE.

Une telle situation priverait le Trésor italien du principal acheteur de ses obligations sur le marché secondaire et fragiliserait considérablement les banques de la péninsule, dont les titres d’Etat représentent une part importante des avoirs.

Contrairement au Conseil européen, la BCE a déjà fait la preuve ces dernières semaines de sa capacité à adopter vite des mesures fortes, car elle peut décider à la majorité simple des membres de son Conseil des gouverneurs alors que l’UE a besoin de l’unanimité.

Elle a ainsi pu passer outre certaines réticences de l’Allemagne et des Pays-Bas, deux des pays dits “frugaux” qui posent leurs conditions à un partage du fardeau avec les pays périphériques.

Mais la BCE a déjà pris beaucoup de risques en terme de respect de ses propres statuts: elle a commencé à acheter des titres souverains qui ne bénéficient pas d’une note en catégorie d’investissement, elle accepte des titres “junk” en garantie et elle s’autorise à enfreindre la règle selon laquelle elle ne doit pas acheter plus du tiers de la dette publique d’un pays.

La prochaine étape, pour le Conseil des gouverneurs, consistera probablement à augmenter encore les achats de titres sur les marchés, ou à accroître la part des “junk bonds” dans ceux-ci.

Elle pourrait aussi envisager d’acheter des créances douteuses, des obligations émises par les banques voire des actions de banques, et réexaminer le recours au dispositif des “Opérations monétaires sur titres” (OMT), jamais utilisé mais qui lui permettrait d’acheter sans limite des obligations d’Etat italiennes.

“Il est acquis que les OMT seront activées, c’est juste une question de temps”, estime Salman Ahmed, responsable de la stratégie d’investissement de Lombard Odier Investment Managers. “Avec les OMT, la mutualisation des dettes pourra se faire via le bilan de la banque centrale.”

Radicalisme : la paralysie française vient de la peur d’être traité de raciste (Georges Bensoussan)

Radicalisme : la paralysie française vient de la peur d’être traité de raciste (Georges Bensoussan)

 

Après notamment les événements d’Ajaccio les propos de Georges Bensoussan prennent une résonance particulière à propos des territoires perdus de la république (interview Le Figaro) même si on peut évidemment ne pas partager toute son analyse.

 

 De septembre 2002 aux attentats de janvier 2015, avons-nous perdu une décennie?

En 2002, nous étions encore habités par le mot «République», agité comme un talisman, comme un sésame salvateur. Or, la République est d’abord une forme de régime. Elle ne désigne pas un ancrage culturel ou historique. La nation, elle, est l’adhésion à un ensemble de valeurs et rien d’autre. Ce n’est pas le sang, pas le sol, pas la race. Peut être Français, quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion, celui qui adhère au roman national selon la définition bien connue d’Ernest Renan: «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis.» Nous avions un peu délaissé cette définition pour mettre en avant les valeurs de la République. Nous avons fait une erreur de diagnostic. Nous n’avions pas vu que la nation, et non seulement la République, était en train de se déliter. Une partie de la population française, née en France, souvent de parents eux-mêmes nés en France, a le sentiment de ne pas appartenir à celle-ci. Alors qu’ils sont français depuis deux générations pour beaucoup, certains adolescents dans les collèges et lycées, comme aussi certains adultes, n’hésitent plus à affirmer que la France n’est pas leur pays. Ajoutant: «Mon pays c’est l’Algérie…» (Ou la Tunisie, etc.…). Les incidents lors de la minute de silence pour les assassinés de Merah comme pour ceux de janvier 2015 furent extrêmement nombreux. On a cherché comme toujours à masquer, à minimiser, à ne pas nommer. Dans la longue histoire de l’immigration en France, cet échec à la 3° génération est un fait historique inédit. Certains historiens de l’immigration font remarquer, à juste titre, qu’il y eut toujours des problèmes d’intégration, même avec l’immigration européenne. Mais pour la première fois dans l’Histoire nous assistons à un phénomène de désintégration, voire de désassimilation. C’est pourquoi, ce n’est pas la République seule qui est en cause, mais bien la nation française: notre ancrage historique, nos valeurs, notre langue, notre littérature et notre Histoire. Toute une partie de la jeunesse de notre pays se reconnaît de moins en moins dans notre culture. Elle lui devient un code culturel étranger, une langue morte et pas seulement pour des raisons sociales.

Aujourd’hui, les politiques et les médias ont-ils suffisamment ouvert les yeux?

Les élus de terrain, tant de droite que de gauche, sont conscients des réalités. Mais beaucoup ont peur de parler. A fortiori du coté des hommes politiques dont le courage n’est pas la qualité première à l’exception de quelques-uns. Comme s’ils craignaient, en parlant, de faire sauter un baril de poudre tant la situation leur parait (et ici ils ont raison) dangereuse. La France est en effet l’un des pays d’Europe parmi les plus exposés au risque de conflits internes. La peur d’être taxé de racisme joue son rôle dans la paralysie française. Et la désespérance du plus grand nombre dont la parole est d’emblée invalidée au nom d’un antiracisme dévoyé. La peur d’être taxé de racisme joue son rôle dans la paralysie française. Et la désespérance du plus grand nombre dont la parole est d’emblée invalidée au nom d’un antiracisme dévoyé. Cette crainte va jusqu’à reprendre un discours concocté par l’adversaire sans s’interroger sur la pertinence des «mots». Ainsi du mot «islamophobie», un terme particulièrement inepte en effet qui réintroduit en France la notion de blasphème. On peut s’opposer à la religion, qu’elle soit juive, catholique ou musulmane, sans être raciste. Le combat laïque c’est le refus qu’une religion quelle qu’elle soit prévale sur la loi civile. Ce combat difficile a finalement été gagné en France entre 1880 et 1905. Céder sur ce plan c’est détricoté deux siècles de Révolution française pour parler comme François Furet et plus d’un siècle d’une histoire de France qui a fait de la République non seulement un régime mais une culture.

Vous faites référence au monde imaginé par Orwell dans son roman d’anticipation 1984. Notre système peut-il vraiment être qualifié de totalitaire?

Nous ne sommes pas dans un système totalitaire, mais dans un système d’avachissement de la démocratie que Tocqueville avait annoncé. Cet avachissement est marqué par le triomphe de l’intérêt individuel et le désintérêt pour la chose publique. Dans le contexte historique particulier qui est celui de la France, cela se traduit par une pensée a-critique et frileuse, même si cette frilosité, voire cette lâcheté ne sont pas chose nouvelle. On n’en finirait pas de faire la généalogie du déclin de ce qui fut jadis la «Grande Nation». Nul doute qu’à cet égard le XX° siècle français, jusqu’à nos jours même, paie l’énorme saignée de la Grande Guerre. De ce désastre-là, la France ne s’est jamais remise. Elle avait gagné la guerre mais perdu ses hommes et à long terme son vouloir vivre national. Toutes les campagnes françaises se font l’écho d’une tragédie qui naturellement appelait dans son sillage une immigration de peuplement qui, chaque jour plus nombreuse, a atteint un seuil tel que la machine à intégrer s’est finalement enrayée. Un pays est capable d’intégrer des minorités par capillarité. C’est moins vrai quand il s’agit depuis 40 ans de flux démographiques de masse.

Vous reprochez à l’Etat et notamment à l’école d’avoir fait trop de concession aux revendications communautaires. Que pensez-vous du débat actuel sur les menus de substitution?

Il est posé de manière caricaturale car on voit bien la volonté de certains politiques de surfer sur la polémique. Il pose cependant une question de fond comme il est symptomatique aussi d’un danger qui guette la société française. Il faut rappeler d’abord que la cantine n’est pas obligatoire. Introduire les menus de substitution dans les écoles, c’est donner prise à des pratiques communautaires qui n’auront dès lors aucune raison de s’arrêter. Là est le risque, c’est ce premier pas qui permettra tous les autres et qui conduira à détricoter le tissu laïque et à nous engager sur un chemin contraire à celui qui depuis deux siècles a fait la nation française.

Le terreau des réalités que vous décrivez est-il social ou culturel?

Les deux. Les causes sociales sont une évidence. Mais celui qui y réduirait son analyse se condamnerait à ne rien entendre à la complexité de la situation comme l’a bien montré Hugues Lagrange. En banlieue, le taux de chômage des moins de 25 ans avoisine parfois les 40- 50%. L’arrivée d’une immigration de masse à partir de 1975, au moment où les Trente Glorieuses s’achevaient, est un premier jalon dans cette histoire. On peut d’ailleurs se demander pourquoi, sept ans seulement après Mai 1968, la bourgeoisie française a favorisé cette immigration de masse à laquelle le PCF s’opposait dès 1980, ce qu’on a souvent oublié. Pourquoi est-ce sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, l’homme du retour au pouvoir de la droite libérale non gaulliste, qu’a été mis en place le regroupement familial alors que les emplois se faisaient de plus en plus rares? Dès lors qu’il ne s’agissait plus d’une immigration de travail, mais d’immigration familiale progressivement reléguée dans des cités, l’intégration était compromise. Conjugué au chômage, à la pauvreté, au confinement géographique des mêmes cultures et des mêmes nationalités, le facteur culturel, dégradé en repli identitaire, ne pouvait que jouer sur fond de frustration et de ressentiment.

 

Un repli identitaire qui a d’abord concerné des populations jeunes et nombreuses, venues d’un monde musulman en expansion et qui, au même moment, trouvait son expression politique dans l’islamisme et non plus dans le nationalisme arabe qui avait échoué. Ajoutez à cela l’environnement médiatique, la télévision par câble, satellite et internet qui a favorisé la diffusion des thèses islamistes et d’un antisémitisme virulent qui viennent du Moyen-Orient. La conjonction de ces facteurs, démographiques, sociaux, culturels et médiatiques a divisé le pays. La réaction aux attentats de janvier 2015, loin de montrer une nation unie, a mis en lumière deux pays cote a cote mais qui ne font plus nation

Élections européennes : vers la paralysie de l’UE

Élections européennes : vers la paralysie de l’UE

 

Il n’est pas certain du tout que le séisme attendu se traduise par une évolution dans le fonctionnement de l’Europe. Avec la montée des nationalismes, on pourrait au contraire s’orienter vers une paralysie avec encore moins de politiques communes notamment en matière de croissance et d’emploi. C’est le paradoxe, les votes expriment pour une partie la volonté de transformer le rôle des institutions et de les rendre plus dynamiques mais à 28 pays avec toutes les contradictions, on risque plutôt de geler l’existant ; En clair de garder la bureaucratie sans impulsion politique. Le gouvernement économique était une ambition politique très forte. Mais alors que se tiennent demain, dimanche 24 mai, les élections européennes en France, on n’entend plus rien, se désespère un expert européen, qui croyait en ce projet de gouvernement économique. Il en veut à la France qui selon lui, ne fait plus des dossiers européens sa priorité. Et c’est bien là le problème, nous confie un diplomate à Bruxelles. « Comme on est sorti de la crise aigüe, il y a moins d’urgence », observe-t-il. Du coup, des projets forts et symboliques comme la création d’un poste de ministre des finances européen sont mis en jachère. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé. Le rôle de la Commission s’est renforcé ces trois dernières années. Le tout nouveau schéma que l’on appelle semestre européen, est un nouvel outil qui permet de mieux coordonner les politiques budgétaires en Europe. Et puis il faut aussi attendre de voir quel visage aura l’Europe et la Commission après les élections. Mais clairement, aujourd’hui, on reste loin des ambitions initiales. « Le problème avec l’Europe », note un défenseur découragé du gouvernement économique, « c’est que si elle n’avance pas, elle recule. »




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