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Démocratie-Macron, champion de la théorie des paradoxes

Démocratie-Macron, champion de la théorie des paradoxes

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations font face à des injonctions contradictoires indissociables. Emmanuel Macron l’incarne tout particulièrement. Par Olivier Guyottot, INSEEC Grande École

Notons cependant que la gravité ne se situe pas dans l’existence de paradoxes mais dans l’incapacité de les surmonter NDLR

Wendy Smith et Marianne Lewis, deux chercheuses américaines reconnues pour leurs travaux sur ce sujet, définissent le paradoxe comme une « contradiction reliant des éléments qui semblent logiques lorsqu’ils sont pris isolément mais qui deviennent irrationnels, inconsistants, voire absurdes, lorsqu’ils sont juxtaposés ».

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations sont en permanence confrontés à des situations paradoxales et à des injonctions contradictoires indissociables. Elle met en lumière les tensions provoquées par les paradoxes au sein des organisations par exemple faire cohabiter projets à court terme et projets à long terme, rechercher une meilleure qualité tout en augmentant les quantités, offrir plus d’autonomie aux personnes tout en les contrôlant, pratiquer la coopétition avec des compétiteurs…

Les chercheurs Marshall Scott Poole and Andrew H. Van de Ven ont montré dans leurs travaux qu’il existait quatre stratégies possibles pour répondre aux tensions qui découlent de ces paradoxes : la séparation spatiale entre les deux phénomènes contradictoires ; la séparation temporelle ; la synthèse ; et enfin l’acceptation de leur existence.

La « théorie des paradoxes » telle qu’elle existe en sciences de gestion offre une grille de lecture qui s’adapte particulièrement bien à la méthode stratégique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à devoir affronter des situations paradoxales. Deux éléments marquent cependant une différence avec les situations antérieures. D’abord, les interactions croissantes et chaque jour plus complexes entre les activités humaines ont des effets collatéraux de plus en plus difficiles à maitriser et multiplient les tensions. Surtout, Emmanuel Macron, en revendiquant une approche mettant en avant la complexité des choses et la nécessité de mener les projets « en même temps » a adopté une approche qui fait écho aux principales caractéristiques de la théorie des paradoxes.

Selon cette approche, dans le cadre d’un paradoxe, les deux phénomènes contradictoires qu’il faut gérer ne sont pas dissociables et il n’est donc pas possible de choisir entre l’un ou l’autre. Le paradoxe se distingue sur ce point du dilemme qui concerne deux injonctions entre lesquelles il est possible de choisir. En réaffirmant l’indépendance de la France tout en faisant la promotion d’une Europe plus souveraine, en s’opposant à l’invasion russe en Ukraine tout en continuant de dialoguer avec Vladimir Poutine ou en essayant d’élargir sa majorité tout en poursuivant la mise en place de certaines mesures clivantes de son programme de 2022, Emmanuel Macron met en place des stratégies qui font coexister deux phénomènes contradictoires.

Emmanuel Macron utilise la même méthode au moment d’aborder la question de la préservation de la planète et de la pérennité de notre modèle de croissance économique.
L’écologie et la défense de l’environnement ont été présentées comme des priorités de l’action publique par Emmanuel Macron lors de son élection de 2017 et dans le cadre de sa réélection de 2022.
Malgré la présence de Nicolas Hulot comme ministre de l’Environnement et un programme présenté comme ambitieux et volontariste, le bilan écologique du premier quinquennat a été jugé sévèrement par les principales organisations aux avant-postes du combat environnemental. En 2022, Emmanuel Macron a pourtant réaffirmé son ambition en la matière et le caractère prioritaire de cette question en rattachant le secrétariat de la planification écologique directement à la 1re ministre et en mettant en avant les missions des deux ministères de l a transition écologique et de la transition énergétique.

En matière de communication, il adopte aussi une posture de premier plan en publiant des vidéos défendant les avancées de son action écologique sur les réseaux sociaux.

Mais la multiplication des signaux de dégradation de l’état de la planète interroge le bien-fondé de l’approche paradoxale défendue jusqu’ici par Emmanuel Macron et pose plusieurs questions clefs : sera-t-il obligé d’en changer ? Réussira-t-il à la maintenir malgré l’urgence de la situation ? Décidera-t-il de se tourner vers une approche considérant la situation comme un dilemme qui l’obligerait à choisir entre croissance économique et préservation de la planète ?

En matière environnementale, Emmanuel Macron défend pour le moment une ligne libérale pariant sur le progrès technique et la croissance verte. Sa stratégie est basée sur l’idée que croissance économique soutenue et préservation de la planète peuvent aller de pair et qu’il faut donc accepter l’existence de ce paradoxe et mener leur poursuite en parallèle.
La réunion qui a eu lieu à l’Élysée pour inciter les 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO₂ à décarboner leurs activités illustre cette approche. Le projet de décarbonation est clair : il faut verdir les moyens de production et les activités des sites concernés pour conserver la croissance économique la plus forte possible. Mais l’idée que la décarbonation puisse passer par une baisse de la production et potentiellement de la croissance n’est pas envisagée.

Pourtant, la prise de conscience sur les difficultés à privilégier à tout prix la croissance économique sans mettre en danger la préservation de la planète semble gagner du terrain. Le fait qu’Emmanuel Macron éprouve certaines difficultés à mobiliser l’ensemble des Français autour d’un projet environnemental crédible et fédérateur fait écho à cette évolution. La question de la pertinence de la stratégie du « en même temps » en la matière n’est peut-être pas étrangère à cette absence d’adhésion.

La guerre en Ukraine et la crise énergétique ont mis sur le devant de la scène le concept de sobriété, qu’Emmanuel Macron a grandement contribué à populariser. Il s’en est emparé pour donner une direction à sa lutte contre le réchauffement climatique. Mais la notion de sobriété se pare de plus en plus des caractéristiques de la décroissance en préconisant une réduction de l’activité économique et en interrogeant les bienfaits de la croissante verte.

Le glissement sémantique qui est en train de s’opérer entre les termes de « décroissance » et de « sobriété » est intéressant car il est très éloigné du sens donné au mot au départ par Emmanuel Macron. La sobriété commence au contraire à lentement servir de cheval de Troie aux idées décroissantes et rend acceptable la remise en cause d’une société entièrement centrée sur la croissance pour progresser et se développer.

Quoi qu’il advienne du concept de sobriété, la problématique environnementale représente un défi de taille pour l’approche stratégique paradoxale utilisée jusqu’ici par Emmanuel Macron tant elle pose une question existentielle majeure compte tenu de nos modes de vie et des ressources naturelles disponibles. Alors que certaines critiques de la « théorie des paradoxes » commencent à émerger et à montrer les limites de cette grille de lecture, il sera intéressant de voir combien de temps il parviendra à la conserver.
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Par Olivier Guyottot, Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Politique-Macron, champion de la théorie des paradoxes

Politique-Macron, champion de la théorie des paradoxes

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations font face à des injonctions contradictoires indissociables. Emmanuel Macron l’incarne tout particulièrement. Par Olivier Guyottot, INSEEC Grande École

Wendy Smith et Marianne Lewis, deux chercheuses américaines reconnues pour leurs travaux sur ce sujet, définissent le paradoxe comme une « contradiction reliant des éléments qui semblent logiques lorsqu’ils sont pris isolément mais qui deviennent irrationnels, inconsistants, voire absurdes, lorsqu’ils sont juxtaposés ».

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations sont en permanence confrontés à des situations paradoxales et à des injonctions contradictoires indissociables. Elle met en lumière les tensions provoquées par les paradoxes au sein des organisations par exemple faire cohabiter projets à court terme et projets à long terme, rechercher une meilleure qualité tout en augmentant les quantités, offrir plus d’autonomie aux personnes tout en les contrôlant, pratiquer la coopétition avec des compétiteurs…

Les chercheurs Marshall Scott Poole and Andrew H. Van de Ven ont montré dans leurs travaux qu’il existait quatre stratégies possibles pour répondre aux tensions qui découlent de ces paradoxes : la séparation spatiale entre les deux phénomènes contradictoires ; la séparation temporelle ; la synthèse ; et enfin l’acceptation de leur existence.

La « théorie des paradoxes » telle qu’elle existe en sciences de gestion offre une grille de lecture qui s’adapte particulièrement bien à la méthode stratégique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à devoir affronter des situations paradoxales. Deux éléments marquent cependant une différence avec les situations antérieures. D’abord, les interactions croissantes et chaque jour plus complexes entre les activités humaines ont des effets collatéraux de plus en plus difficiles à maitriser et multiplient les tensions. Surtout, Emmanuel Macron, en revendiquant une approche mettant en avant la complexité des choses et la nécessité de mener les projets « en même temps » a adopté une approche qui fait écho aux principales caractéristiques de la théorie des paradoxes.

Selon cette approche, dans le cadre d’un paradoxe, les deux phénomènes contradictoires qu’il faut gérer ne sont pas dissociables et il n’est donc pas possible de choisir entre l’un ou l’autre. Le paradoxe se distingue sur ce point du dilemme qui concerne deux injonctions entre lesquelles il est possible de choisir. En réaffirmant l’indépendance de la France tout en faisant la promotion d’une Europe plus souveraine, en s’opposant à l’invasion russe en Ukraine tout en continuant de dialoguer avec Vladimir Poutine ou en essayant d’élargir sa majorité tout en poursuivant la mise en place de certaines mesures clivantes de son programme de 2022, Emmanuel Macron met en place des stratégies qui font coexister deux phénomènes contradictoires.

Emmanuel Macron utilise la même méthode au moment d’aborder la question de la préservation de la planète et de la pérennité de notre modèle de croissance économique.
L’écologie et la défense de l’environnement ont été présentées comme des priorités de l’action publique par Emmanuel Macron lors de son élection de 2017 et dans le cadre de sa réélection de 2022.
Malgré la présence de Nicolas Hulot comme ministre de l’Environnement et un programme présenté comme ambitieux et volontariste, le bilan écologique du premier quinquennat a été jugé sévèrement par les principales organisations aux avant-postes du combat environnemental. En 2022, Emmanuel Macron a pourtant réaffirmé son ambition en la matière et le caractère prioritaire de cette question en rattachant le secrétariat de la planification écologique directement à la 1re ministre et en mettant en avant les missions des deux ministères de l a transition écologique et de la transition énergétique.

En matière de communication, il adopte aussi une posture de premier plan en publiant des vidéos défendant les avancées de son action écologique sur les réseaux sociaux.

Mais la multiplication des signaux de dégradation de l’état de la planète interroge le bien-fondé de l’approche paradoxale défendue jusqu’ici par Emmanuel Macron et pose plusieurs questions clefs : sera-t-il obligé d’en changer ? Réussira-t-il à la maintenir malgré l’urgence de la situation ? Décidera-t-il de se tourner vers une approche considérant la situation comme un dilemme qui l’obligerait à choisir entre croissance économique et préservation de la planète ?

En matière environnementale, Emmanuel Macron défend pour le moment une ligne libérale pariant sur le progrès technique et la croissance verte. Sa stratégie est basée sur l’idée que croissance économique soutenue et préservation de la planète peuvent aller de pair et qu’il faut donc accepter l’existence de ce paradoxe et mener leur poursuite en parallèle.
La réunion qui a eu lieu à l’Élysée pour inciter les 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO₂ à décarboner leurs activités illustre cette approche. Le projet de décarbonation est clair : il faut verdir les moyens de production et les activités des sites concernés pour conserver la croissance économique la plus forte possible. Mais l’idée que la décarbonation puisse passer par une baisse de la production et potentiellement de la croissance n’est pas envisagée.

Pourtant, la prise de conscience sur les difficultés à privilégier à tout prix la croissance économique sans mettre en danger la préservation de la planète semble gagner du terrain. Le fait qu’Emmanuel Macron éprouve certaines difficultés à mobiliser l’ensemble des Français autour d’un projet environnemental crédible et fédérateur fait écho à cette évolution. La question de la pertinence de la stratégie du « en même temps » en la matière n’est peut-être pas étrangère à cette absence d’adhésion.
Le rôle central de la sobriété

La guerre en Ukraine et la crise énergétique ont mis sur le devant de la scène le concept de sobriété, qu’Emmanuel Macron a grandement contribué à populariser. Il s’en est emparé pour donner une direction à sa lutte contre le réchauffement climatique. Mais la notion de sobriété se pare de plus en plus des caractéristiques de la décroissance en préconisant une réduction de l’activité économique et en interrogeant les bienfaits de la croissante verte.

Le glissement sémantique qui est en train de s’opérer entre les termes de « décroissance » et de « sobriété » est intéressant car il est très éloigné du sens donné au mot au départ par Emmanuel Macron. La sobriété commence au contraire à lentement servir de cheval de Troie aux idées décroissantes et rend acceptable la remise en cause d’une société entièrement centrée sur la croissance pour progresser et se développer.

Quoi qu’il advienne du concept de sobriété, la problématique environnementale représente un défi de taille pour l’approche stratégique paradoxale utilisée jusqu’ici par Emmanuel Macron tant elle pose une question existentielle majeure compte tenu de nos modes de vie et des ressources naturelles disponibles. Alors que certaines critiques de la « théorie des paradoxes » commencent à émerger et à montrer les limites de cette grille de lecture, il sera intéressant de voir combien de temps il parviendra à la conserver.
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Par Olivier Guyottot, Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Les paradoxes de la campagne de 2022

Les paradoxes de la campagne de 2022

 

Passant en revue la situation des principaux camps politiques et de leurs candidats, d’Emmanuel Macron à Marine Le Pen,  le communiquant Denis Pingaud , Expert en communication politique, souligne les paradoxes à l’œuvre pour  la campagne de 2022.( Le Monde, extrait)

 

Tribune.

 

La campagne présidentielle s’ouvre dans la grande confusion des positionnements et des pronostics politiques. D’abord, Emmanuel Macron apparaît plus proche des Français que des électeurs. Sa popularité, supérieure à celle de ses prédécesseurs, au terme de plus de quatre années de mandat, ne se traduit pas, à ce stade, en intentions de vote déclarées pour la présidentielle de 2022. Paradoxalement, le président, probablement candidat à un second mandat, se situe à un étiage voisin de celui de Nicolas Sarkozy, également postulant à sa réélection, en septembre 2011. On sait ce qu’il advint…

Autrement dit, la reconnaissance d’une gestion de crise plutôt satisfaisante ne donne pas vraiment envie aux Français de rempiler. Emmanuel Macron ne séduit plus. Il énerve.

De son côté, Marine Le Pen n’a jamais été plus proche de la République que de la sédition. A force de jouer la respectabilité, l’extrême droite ne fait plus peur, au point que, pour certains, son accession au pouvoir serait une situation moins mauvaise que l’arrivée de l’extrême gauche ! Paradoxalement, cependant, le Rassemblement national ne récolte plus aussi massivement les fruits électoraux des colères françaises. Son relatif échec aux élections régionales ou sa prudence face aux mobilisations contre le passe sanitaire lui font perdre un peu son statut de débouché populiste naturel au malaise démocratique. Marine Le Pen ne galvanise plus. Elle lasse.

 

Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon est plus proche du trotskisme que de la gauche. Alors même que les conditions étaient réunies pour en faire le héraut de l’antimacronisme sur les décombres du Parti socialiste et le tropisme gauchiste des écologistes, il choisit le vieux réflexe sectaire de l’aventure solitaire et de l’unité de façade pour mieux plumer la volaille. Paradoxalement, la division inévitable des candidatures à gauche pourrait ne pas lui profiter comme en 2017, quand un réflexe « utile » avait poussé nombre d’électeurs à lâcher Benoît Hamon pour lui. Jean-Luc Mélenchon ne fédère plus. Il clive.

Quant à la droite, elle semble plus proche des primaires à l’américaine que de la primaire française de 2016. Le vent de l’opinion souffle derrière elle, réclamant plus d’autorité publique sur les sujets régaliens et plus de volontarisme politique dans la gestion économique. Paradoxalement, malgré les sirènes macronistes, son électorat, dépité de s’être fait voler la victoire en 2017, tient bon, élections régionales après élections municipales. Dès lors, pour éviter la division, le choix de son candidat ou de sa candidate devrait finalement emprunter le chemin d’un départage au vu des sondages, comme aux Etats-Unis. Et conduire à une rivalité frontale avec le président sortant. La droite est légitime, est-elle attrayante ?

Le concept d’entropie de l’Univers et ses paradoxes

Le concept d’entropie de l’Univers et ses paradoxes

 

 

 

L’entropie, censée rendre compte de la complexité d’une situation physique, n’est pas commensurable si elle s’applique au contenu d’une bouteille de gaz ou à celui de l’Univers, soulignent les physiciens Wiebke Drenckhan et Jean Farago dans leur carte blanche au « Monde ».

 

Quand le monde était encore jeune, les sociétés humaines se dotaient de druides et de bardes. Leur fonction, tenter d’extraire un peu d’intelligibilité du chaos apparent du monde, en faisait les interprètes des dieux auprès des hommes ordinaires.

Aujourd’hui que nous obéissons à des représentations de l’Univers beaucoup plus rationnelles, la figure du barde n’a pourtant pas disparu : elle s’est réinventée sous les traits contemporains du vulgarisateur philosophe, souvent médiatique, qui se pose en intermédiaire entre l’homme et l’Incompréhensible. Seulement, le mystérieux a de nos jours une déclinaison totalement scientifique, et s’incarne à travers des noms empreints de magie, boson de Higgs, saveur des quarks, entropie de l’Univers…

Ces concepts recouvrent en fait un appareil théorique redoutablement difficile, ce qui tombe bien pour le poète scientifique car, comme dans toute liturgie, le but est aussi de ne pas tout dévoiler. Prenez l’entropie de l’Univers, un concept plein de paradoxes. L’entropie est une mesure de la complexité d’une situation physique quelconque et correspond à peu près à compter le nombre de configurations que le système peut possiblement adopter.

Il s’agit donc d’une grandeur informationnelle, assez loin d’une caractéristique physique intrinsèque comme l’énergie d’une particule ou sa charge. Sa pertinence physique se révèle quand la dynamique chaotique d’un système isolé le conduit à visiter quasiment aléatoirement et sans préférence les différentes configurations qui lui sont accessibles. Dans ce cas, le système atteint après un certain temps un état macroscopique stable, appelé état d’équilibre et caractérisé comme étant celui représenté par les états microscopiques « les plus fréquents », c’est-à-dire celui dont l’entropie est maximale.

Pour un gaz dans une bouteille, une répartition homogène est toujours observée, car les états de ce type sont infiniment plus nombreux que tous les autres réunis, ceux où le gaz n’est pas homogène. On voit que la notion n’a de sens que si le système dispose de temps pour « visiter » ses différentes configurations.

Quand on essaie d’appliquer ce raisonnement aux échelles stellaires et au-delà, quand l’attraction gravitationnelle n’est plus négligeable, il se passe un phénomène paradoxal : à cause de la longue portée de la force gravitationnelle, un immense nuage de poussières et de gaz n’augmente pas son entropie en se dilatant comme le gaz dans la bouteille, mais en faisant exactement le contraire, et en se fragmentant en globules qui se densifient et chauffent, conduisent à l’allumage des réactions thermonucléaires des étoiles, à la vie…




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