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Economie: « De l’abondance à la rareté », changement de paradigme

Economie: « De l’abondance à la rareté », changement de paradigme


« Nous passons d’un monde d’abondance à un monde de rareté », écrivent Patrick Artus et Olivier Pastré, économistes . Au vu des conséquences majeures à venir, un temps d’arrêt est jugé nécessaire
.

Les deux économistes expliquent que la transition entre ces deux modèles concerne d’abord tous les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – cette institution discrète, née en 1961, dont le siège est à Paris, rassemble 38 pays parmi les plus riches de la planète, qui ont deux points communs : partager un système de gouvernement démocratique et défendre l’économie de marché. Mais, chemin faisant, c’est la planète tout entière qui sera touchée par ce chamboulement macro- et géoéconomique, lié au réchauffement climatique, suivant les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

La conclusion est sans appel : « Le nouveau monde va être cher pour de multiples raisons », analysent les deux complices, car ce passage à une économie de rareté est lié à trois transformations majeures : moins de main-d’œuvre, moins d’épargne et moins de matières premières. Qui plus est, qui dit rareté, dit hausse des prix, avec comme corollaire le retour de l’inflation et la question brûlante du pouvoir d’achat pour les classes moyennes, socle de la démocratie.

L’épidémie de Covid-19 a été le révélateur de la dépendance des pays de l’OCDE, et de la France en particulier, aux produits chinois. Si relocalisations il y a, celles-ci doivent se concentrer sur des productions stratégiques, comme les vaccins ou les batteries électriques. La guerre en Ukraine a, elle, démontré la fragilité énergétique de l’Union européenne (UE), mais les efforts les plus urgents sont surtout à fournir pour la transition environnementale, « qui sera tout sauf un long fleuve tranquille », soulignent les deux auteurs. Elle doit être au centre des politiques de tous les gouvernements. En clair, le passage à l’économie de rareté entraîne une remise en cause du capitalisme néolibéral, qui s’est épanoui depuis le début des années 1980.

Autre conséquence, « la hausse du coût de l’énergie va imposer, pour être acceptable, des politiques redistributives nouvelles en faveur des ménages modestes qu’il faudra financer par une pression fiscale accrue », c’est-à-dire une augmentation des impôts, alertent les auteurs.

Pour conclure sur une note plus optimiste – quoique –, les deux économistes rappellent une célèbre phrase de Jean Monnet : « J’ai toujours pensé que l’Europe se ferait dans les crises. » Vu celles qui s’amoncellent sur ses épaules depuis 2020 (Covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique), l’UE ne peut progresser qu’à pas de géant…(suite dans LE Monde)

Economie: de l’abondance à la rareté », un changement de paradigme

« De l’économie d’abondance à l’économie de rareté », un changement de paradigme


« Nous passons d’un monde d’abondance à un monde de rareté », écrivent Patrick Artus et Olivier Pastré, économistes . Au vu des conséquences majeures à venir, un temps d’arrêt est jugé nécessaire
.

Les deux économistes expliquent que la transition entre ces deux modèles concerne d’abord tous les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – cette institution discrète, née en 1961, dont le siège est à Paris, rassemble 38 pays parmi les plus riches de la planète, qui ont deux points communs : partager un système de gouvernement démocratique et défendre l’économie de marché. Mais, chemin faisant, c’est la planète tout entière qui sera touchée par ce chamboulement macro- et géoéconomique, lié au réchauffement climatique, suivant les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

La conclusion est sans appel : « Le nouveau monde va être cher pour de multiples raisons », analysent les deux complices, car ce passage à une économie de rareté est lié à trois transformations majeures : moins de main-d’œuvre, moins d’épargne et moins de matières premières. Qui plus est, qui dit rareté, dit hausse des prix, avec comme corollaire le retour de l’inflation et la question brûlante du pouvoir d’achat pour les classes moyennes, socle de la démocratie.

L’épidémie de Covid-19 a été le révélateur de la dépendance des pays de l’OCDE, et de la France en particulier, aux produits chinois. Si relocalisations il y a, celles-ci doivent se concentrer sur des productions stratégiques, comme les vaccins ou les batteries électriques. La guerre en Ukraine a, elle, démontré la fragilité énergétique de l’Union européenne (UE), mais les efforts les plus urgents sont surtout à fournir pour la transition environnementale, « qui sera tout sauf un long fleuve tranquille », soulignent les deux auteurs. Elle doit être au centre des politiques de tous les gouvernements. En clair, le passage à l’économie de rareté entraîne une remise en cause du capitalisme néolibéral, qui s’est épanoui depuis le début des années 1980.

Autre conséquence, « la hausse du coût de l’énergie va imposer, pour être acceptable, des politiques redistributives nouvelles en faveur des ménages modestes qu’il faudra financer par une pression fiscale accrue », c’est-à-dire une augmentation des impôts, alertent les auteurs.

Pour conclure sur une note plus optimiste – quoique –, les deux économistes rappellent une célèbre phrase de Jean Monnet : « J’ai toujours pensé que l’Europe se ferait dans les crises. » Vu celles qui s’amoncellent sur ses épaules depuis 2020 (Covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique), l’UE ne peut progresser qu’à pas de géant…(suite dans LE Monde)

Société-« De l’économie d’abondance à l’économie de rareté », un changement de paradigme

Société-« De l’économie d’abondance à l’économie de rareté », un changement de paradigme


« Nous passons d’un monde d’abondance à un monde de rareté », écrivent Patrick Artus et Olivier Pastré, économistes . Au vu des conséquences majeures à venir, un temps d’arrêt est jugé nécessaire
.

Les deux économistes expliquent que la transition entre ces deux modèles concerne d’abord tous les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – cette institution discrète, née en 1961, dont le siège est à Paris, rassemble 38 pays parmi les plus riches de la planète, qui ont deux points communs : partager un système de gouvernement démocratique et défendre l’économie de marché. Mais, chemin faisant, c’est la planète tout entière qui sera touchée par ce chamboulement macro- et géoéconomique, lié au réchauffement climatique, suivant les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

La conclusion est sans appel : « Le nouveau monde va être cher pour de multiples raisons », analysent les deux complices, car ce passage à une économie de rareté est lié à trois transformations majeures : moins de main-d’œuvre, moins d’épargne et moins de matières premières. Qui plus est, qui dit rareté, dit hausse des prix, avec comme corollaire le retour de l’inflation et la question brûlante du pouvoir d’achat pour les classes moyennes, socle de la démocratie.

L’épidémie de Covid-19 a été le révélateur de la dépendance des pays de l’OCDE, et de la France en particulier, aux produits chinois. Si relocalisations il y a, celles-ci doivent se concentrer sur des productions stratégiques, comme les vaccins ou les batteries électriques. La guerre en Ukraine a, elle, démontré la fragilité énergétique de l’Union européenne (UE), mais les efforts les plus urgents sont surtout à fournir pour la transition environnementale, « qui sera tout sauf un long fleuve tranquille », soulignent les deux auteurs. Elle doit être au centre des politiques de tous les gouvernements. En clair, le passage à l’économie de rareté entraîne une remise en cause du capitalisme néolibéral, qui s’est épanoui depuis le début des années 1980.

Autre conséquence, « la hausse du coût de l’énergie va imposer, pour être acceptable, des politiques redistributives nouvelles en faveur des ménages modestes qu’il faudra financer par une pression fiscale accrue », c’est-à-dire une augmentation des impôts, alertent les auteurs.

Pour conclure sur une note plus optimiste – quoique –, les deux économistes rappellent une célèbre phrase de Jean Monnet : « J’ai toujours pensé que l’Europe se ferait dans les crises. » Vu celles qui s’amoncellent sur ses épaules depuis 2020 (Covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique), l’UE ne peut progresser qu’à pas de géant…(suite dans LE Monde)

Changement de paradigme: «  De l’économie d’abondance à l’économie de rareté »

« De l’économie d’abondance à l’économie de rareté », un changement de paradigme


« Nous passons d’un monde d’abondance à un monde de rareté », écrivent Patrick Artus et Olivier Pastré, économistes . Au vu des conséquences majeures à venir, un temps d’arrêt est jugé nécessaire
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Les deux économistes expliquent que la transition entre ces deux modèles concerne d’abord tous les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – cette institution discrète, née en 1961, dont le siège est à Paris, rassemble 38 pays parmi les plus riches de la planète, qui ont deux points communs : partager un système de gouvernement démocratique et défendre l’économie de marché. Mais, chemin faisant, c’est la planète tout entière qui sera touchée par ce chamboulement macro- et géoéconomique, lié au réchauffement climatique, suivant les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

La conclusion est sans appel : « Le nouveau monde va être cher pour de multiples raisons », analysent les deux complices, car ce passage à une économie de rareté est lié à trois transformations majeures : moins de main-d’œuvre, moins d’épargne et moins de matières premières. Qui plus est, qui dit rareté, dit hausse des prix, avec comme corollaire le retour de l’inflation et la question brûlante du pouvoir d’achat pour les classes moyennes, socle de la démocratie.

L’épidémie de Covid-19 a été le révélateur de la dépendance des pays de l’OCDE, et de la France en particulier, aux produits chinois. Si relocalisations il y a, celles-ci doivent se concentrer sur des productions stratégiques, comme les vaccins ou les batteries électriques. La guerre en Ukraine a, elle, démontré la fragilité énergétique de l’Union européenne (UE), mais les efforts les plus urgents sont surtout à fournir pour la transition environnementale, « qui sera tout sauf un long fleuve tranquille », soulignent les deux auteurs. Elle doit être au centre des politiques de tous les gouvernements. En clair, le passage à l’économie de rareté entraîne une remise en cause du capitalisme néolibéral, qui s’est épanoui depuis le début des années 1980.

Autre conséquence, « la hausse du coût de l’énergie va imposer, pour être acceptable, des politiques redistributives nouvelles en faveur des ménages modestes qu’il faudra financer par une pression fiscale accrue », c’est-à-dire une augmentation des impôts, alertent les auteurs.

Pour conclure sur une note plus optimiste – quoique –, les deux économistes rappellent une célèbre phrase de Jean Monnet : « J’ai toujours pensé que l’Europe se ferait dans les crises. » Vu celles qui s’amoncellent sur ses épaules depuis 2020 (Covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique), l’UE ne peut progresser qu’à pas de géant…(suite dans LE Monde)

Ressources: Un changement de paradigme

Ressources: » Un changement de paradigme» (Virginie Raisson-Victor)

Présidente du GIEC Pays de la Loire, cofondatrice et porte-parole du Grand Défi des entreprises pour la planète, la géopolitologue Virginie Raisson-Victor évoque un changement de paradigme éclairant quant à notre rapport à la finitude des ressources : celui de la confusion entre nos besoins et nos désirs. Confusion qui nous oblige à revoir nos priorités.

Rencontre. (Cet article est issu de T La Tribune)

En ces temps de sobriété énergétique où les mots « adaptation » et « résilience » sont devenus la norme, comment la prospectiviste que vous êtes envisage-t-elle l’avenir ?
Virginie Raisson-Victor- Cela n’a jamais été aussi compliqué qu’aujourd’hui d’avoir une vision du futur. Parce qu’il y a tellement de facteurs de basculement qui interagissent les uns avec les autres. Nous devons faire face à de nombreux enjeux globaux majeurs comme le climat, la biodiversité, les migrations, les pandémies ou la cybercriminalité alors que la communauté internationale et les États n’ont jamais été aussi divisés. Autrement dit, alors que la seule façon d’apporter une réponse efficace aux problématiques qui menacent la sécurité mondiale serait que les États convergent avec la même volonté de les résoudre, l’ordre international qui avait été défini au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lui, est en train de voler en éclat. Il est contesté d’une part, déstabilisé de l’autre. Contesté par des pays comme l’Inde, la Chine ou la Russie. Déstabilisé par la fragilisation de la démocratie aux Etats-Unis, mais également au sein de l’Europe, par le Brexit et la guerre en Ukraine. Un peu comme si l’avion perdait ses pilotes…

S’il n’y a plus de pilote dans l’avion, comment prendre la bonne direction ?
V.R-V. En fait, que ce soient le climat, la biodiversité ou l’énergie, les grands enjeux appellent des décisions politiques. Or, même si les politiques ont connaissance des enjeux et des risques de long terme, leur pilotage, lui, se fait à court terme. Parce que dans les démocraties ou les entreprises, on tient le gouvernail pour six ans au mieux. Et puis, ce qui est demandé aujourd’hui à un chef ou une cheffe d’État, à un président ou une présidente de région, ou à une entreprise, c’est de produire de l’emploi ou des résultats. Pas d’économiser des ressources ou des émissions de gaz à effet de serre. Or, c’est pourtant bien de cela que dépendent désormais aussi notre avenir et celui des entreprises.

Comment expliquer que malgré les premiers cris d’alerte, dès les années 1970, la prise de conscience de la crise climatique a tardé ?
V.R-V. En réalité, il faut se rappeler qu’en 1970 très peu de personnes alertaient sur le risque climatique au-delà de quelques scientifiques et du Club de Rome. Jusqu’au sommet de Rio en 1992, cela concernait même vraiment très peu de gens. Alors aujourd’hui, on entend souvent qu’ils n’ont pas été écoutés. Mais il faut se remettre dans le contexte des Trente Glorieuses et de la pleine croissance. Il n’est donc pas très étonnant qu’ils n’aient pas été entendus à ce moment-là, d’autant plus que leurs travaux n’étaient pas encore tant diffusés que cela. Et puis, il est vrai aussi qu’un certain nombre d’acteurs et de lobbies se sont efforcés de disqualifier ces travaux et d’étouffer l’alerte sur la finitude des ressources et sur la dégradation de l’environnement.
En revanche, depuis le sommet de Rio, les pouvoirs politiques ont commencé à s’emparer du sujet, tout comme le grand public depuis une petite dizaine d’années. Très récemment, le mouvement s’est encore amplifié avec les canicules, les incendies et la sécheresse, mais aussi en raison de la guerre en Ukraine qui nous a fait mesurer notre dépendance énergétique. Finalement, en Europe, il a fallu que le robinet s’assèche pour que l’on mesure ce que veut dire la rareté et que l’on redécouvre qu’elle a un prix. Et ce, même si les ressources ne sont pas plus rares qu’avant !

Rareté que l’on ne mesurait pas en 1970…

V.R-V. Non, en effet, car il y avait alors à la fois un sentiment d’abondance et une foi très forte en le progrès, la technologie et la croissance… Et d’une certaine manière, on avait raison.

C’est-à-dire ?

V.R-V. Quoi que l’on en pense, depuis trente ans, on a assisté à une énorme progression du niveau de vie à l’échelle mondiale. Dans les pays émergents, bien sûr, mais aussi dans nos pays, puisque le développement économique des pays émergents et la délocalisation d’un certain nombre d’industries ont permis de rendre accessibles des biens de consommation qui jusque-là étaient des produits d’exception et qui sont devenus des biens de consommation courante. C’est donc bien cette période et ce système économique qui ont donné ce sentiment d’abondance. D’autant plus qu’ils ont permis à un milliard de personnes de sortir de la pauvreté, voire d’accéder aux classes moyennes, et aux Européens et Américains d’améliorer leur confort et leur mode de vie. Or, voilà donc maintenant que l’on nous dit que cela ne tient pas ! C’est logique que ce soit difficile à entendre.

Il semblerait qu’il soit difficile de dissocier la dimension psychologique et la dimension économique…
V.R-V. Effectivement. D’autant plus qu’aujourd’hui, elles se confondent… Finalement, c’est quoi l’économie ? En théorie, c’est un outil qui doit permettre aux sociétés d’atteindre leur projet et de satisfaire les besoins de leur population en termes d’alimentation, de logement, d’emploi… Or, depuis trente ans, on a inversé la proposition. C’est l’économie qui façonne nos sociétés et ses projets. Par exemple, on voit bien que nous sommes passés de la notion de besoin à la notion de désir. Aujourd’hui, globalement, on ne meurt pas de faim en Europe et on dort sous un toit. Même s’il y a beaucoup trop de sans-abris et que la pauvreté subsiste, dans leur très grande majorité, les gens travaillent, se nourrissent, sont habillés et ont accès aux soins et aux loisirs. À l’échelle de l’histoire et du monde, nous vivons même dans des sociétés plus prospères que jamais. Tellement prospères que désormais, l’élévation du niveau de vie est surtout utilisée pour combler nos désirs. Des désirs qu’il faut donc sans cesse renouveler car comme nous avons satisfait tous nos besoins, c’est la satisfaction de nos désirs qui permet de produire toujours plus et de profiter à l’économie. C’est pourquoi d’ailleurs la publicité est utilisée pour fabriquer du désir. Au point que nous vivons dans une société où tout doit être satisfait, tout de suite, parce que nous sommes stimulés en permanence.
Concrètement : on a besoin de s’habiller, mais on a un désir de garde-robes et de marques. On a besoin de se déplacer, mais on a un désir de SUV. Et peu à peu, on a fini par confondre les deux. Or, autant la planète peut répondre aux besoins de tous si on arrive à organiser un modèle qui le permette, autant elle ne peut pas satisfaire tous nos désirs. Finalement, la finitude des ressources, le réchauffement climatique, la crise énergétique nous renvoient au fait que nous ne pourrons plus satisfaire tous nos désirs comme avant.

Et ça, c’est extrêmement difficile à accepter. Qui a envie de renoncer à ses désirs ?

Par conséquent, inventer l’avenir ce serait de manière très théorique : reformuler un projet de société, une vision qui tient compte des contraintes de la planète, redéfinir ce que sont nos besoins et, à partir de là, fixer les règles économiques qui permettent de satisfaire ces besoins.

Ce serait alors une transformation complète…

V.R-V. Absolument, c’est une transformation et non une récession ou une décroissance comme on l’entend trop souvent ! L’objectif est de reformuler un projet qui soit adapté à la nouvelle donne. Nous sommes 8 milliards sur la planète, nous avons atteint un niveau de dégradation de la biosphère qui menace beaucoup d’espèces, y compris la nôtre à long terme. Avec cette nouvelle donne, comment est-ce que l’on reprend le jeu de cartes et comment le distribue-t-on différemment pour que l’on puisse continuer la partie ? Cela demande aussi de redéfinir les règles du jeu, les acteurs, de penser de nouvelles formes de gouvernance politique, d’accepter une contrainte partagée et de revoir son mode de vie.

Quels seraient les mots justes à la place de « décroissance » et « sobriété » ? Peut-être que ces mots n’existent pas encore ?
V.R-V. Oui, peut-être qu’ils sont à inventer. Pour ma part, je vais emprunter des mots d’ici et là qui, je pense, collent bien à notre époque. Il y a celui de « Renaissance ». C’est merveilleux, la Renaissance, car elle montre comment après une période difficile, misérable comme celle du Moyen Âge, marquée par de nombreuses famines, arrive le renouveau. Et ce qui est intéressant, c’est que le basculement a eu lieu sous l’impulsion d’une minorité de personnes. Peut-être qu’en ce moment, nous sommes dans la fabrique d’une nouvelle Renaissance !
Et puis, il y a un mot que j’aime beaucoup, c’est « frugalité ». Je l’aime, car il intègre la notion de sobriété et la notion de satisfaction. La frugalité, c’est un peu comme la satiété : je mange à ma faim. Pas besoin de manger plus. Et il y a du plaisir dans cette satisfaction-là.
J’aime aussi le mot « redirection ». Il évoque le fait que l’on suivait un chemin qui, si on ne tourne pas à temps, pourrait nous mener dans l’impasse. Cela a été un bon chemin, il a permis à plein de gens d’accéder à la santé, l’éducation et réjouissons-nous de tout cela. Le seul problème, c’est que ce n’est pas tenable et qu’il faut prendre une nouvelle direction. Cette notion de redirection me plaît aussi car elle évoque la curiosité d’aller explorer autre chose. Et dans cette exploration, existent les cobénéfices. Ce mot est très laid, mais très juste. Il exprime tout ce que l’on va gagner dans nos renoncements consentis. Par exemple, on peut gagner en lien social. Or, on sait que le lien social est un facteur de santé prédominant.
À l’échelle anecdotique par exemple, beaucoup d’entre nous en ont assez d’offrir des cadeaux d’anniversaire ou de Noël qui s’accumulent et ne servent à rien. Le changement consisterait à ne plus offrir de cadeaux matériels mais des moments passés ensemble comme aller au restaurant, en week-end quelque part. Ces moments s’inscrivent dans la mémoire et créent du lien. Des cadeaux « durables » en quelque sorte.

Cela n’évoque-t-il pas le vivre ensemble ?
V.R-V. Oui, le vivre ensemble et l’expérience. Si on dit aux gens : « C’est fini ! Il n’y a plus de cadeaux », c’est très triste. Mais si on propose une alternative en offrant des moments partagés, ça redevient attractif car le sens du vivre ensemble et du plaisir renaissent. Mais il faut garder en tête que changer, cela prend du temps. Et qu’il faut pour cela fabriquer une nouvelle vision collective.

Les entreprises aussi ont le pouvoir d’agir. Est-ce pour cela que vous avez créé Le Grand défi des entreprises pour la planète ?
V.R-V. En fait, j’accompagne beaucoup d’entreprises dans leur réflexion sur le climat, la biodiversité, la finitude des ressources. Et je me suis rendu compte qu’un certain nombre de dirigeants de PME (les grands groupes travaillent sur le sujet depuis un moment déjà) n’ont pas forcément conscience qu’ils sont des acteurs décisifs du changement. Pour eux, c’est avant tout une affaire politique. Par ailleurs, certains s’autopersuadent que c’est extrêmement compliqué de transformer une entreprise. Ainsi, l’envie est venue de leur donner les moyens d’élaborer eux-mêmes des propositions de transformation, en y intégrant toutes les parties prenantes des entreprises comme les syndicats, les collectifs de dirigeants, les associations d’entreprises, les territoires… Avec Jérôme Cohen, qui est cofondateur du Grand Défi, nous avons rencontré toutes ces parties prenantes pour qu’elles soient partenaires de cette initiative de démocratie participative qui doit permettre à des représentants d’entreprises d’élaborer des propositions pour décarboner l’économie.
On a ensuite tiré au sort une centaine d’entreprises sur un panel de 12 000 entreprises présélectionnées sur la base de critères de secteur d’activité, de taille, d’implantation géographique et de statut pour que soit représentée la diversité du monde économique. Et pour que la diversité du débat soit entière, nous voulions des salariés, des actionnaires et des dirigeants, de telle manière que dans les discussions tous les points de vue soient représentés.

Quel est votre objectif avec le Grand Défi finalement ?
V.R-V. Élaborer et diffuser une centaine de propositions concrètes dont la mise en œuvre doit permettre de replacer l’économie dans les limites planétaires. Parmi elles, certaines seront directement applicables par les entreprises, d’autres le seront au niveau des territoires, et d’autres encore devront faire l’objet d’un portage politique car elles imposeraient de faire évoluer la réglementation. Au total, le Grand Défi a organisé six sessions de deux jours pour formuler les propositions. Une fois leur adoption définitive (qui a eu lieu en janvier 2023, NDLR), il s’agit de les diffuser dans les territoires, auprès des politiques et dans les entreprises pour les mettre en œuvre.
Cela ressemblerait presque à une croisade…

V.R-V. Il y a un peu de cela, mais la croisade comporte l’idée de conversion par la force. Or là, il s’agit plutôt d’être acteur du changement. Grâce à l’intelligence collective et tout un travail d’animation, s’est développé ce sentiment de « mission partagée ». Et tout à coup, chacun s’autorise à agir. Aujourd’hui, les membres du Grand Défi se sentent responsables. En fait, il faut redonner confiance aux gens. Car chacun peut agir. D’ailleurs, ma phrase fétiche c’est : « Le seul moyen de ne pas déprimer, c’est d’agir ». Car lorsque l’on agit cela veut dire que l’on est dans le pouvoir, et non plus dans le subir.

Profit et environnement «Nouveau paradigme»

Profit et environnement «Nouveau paradigme»

«Une entreprise incapable de faire des profits est certes condamnée à mourir, mais tel est aussi le destin de celles qui se placeraient en marge de la transformation urgente de nos sociétés», assure le directeur général de Saint-Gobain, Benoit Bazin. ( dans l’Opinion)

Dans son article publié en 1970 dans le New York Times, commenté depuis dans tant d’écoles de management, Milton Friedman affirmait : « La responsabilité sociale de l’entreprise est d’accroître ses profits ». Cette affirmation a toujours suscité beaucoup de polémiques, car on doit reconnaître que cette vision réductrice de l’entreprise a trop souvent été appliquée au pied de la lettre. Fort heureusement, la grande majorité des dirigeants sont aujourd’hui convaincus que cette vision est dépassée.

Une entreprise incapable de faire des profits est certes condamnée à mourir, mais tel est aussi le destin de celles qui se placeraient en marge de la transformation urgente de nos sociétés. Avoir un impact positif : voici l’impératif de toute entreprise moderne. Cet impact se joue sur trois plans.

En tant que productrice de biens et de services, l’entreprise doit d’abord répondre à l’urgence climatique. Sobriété énergétique, recours aux énergies décarbonées, économie circulaire, investissements pour l’industrie de demain, etc. : toute entreprise a les moyens et le devoir d’agir.
Ensuite, acteur déterminant du lien social et économique, l’entreprise a aussi une responsabilité immense pour créer des environnements de travail inclusifs, s’inscrire dans les territoires, développer ses collaborateurs et favoriser le dialogue social.

Enfin, l’entreprise se trouvant au cœur d’écosystèmes industriels et mondiaux, elle doit aussi s’assurer qu’elle engage ses partenaires, fournisseurs ou clients, à respecter les mêmes standards d’exigence que ceux qu’elle s’est donnés à elle-même. Seul l’impact global compte dans un monde dont a bien compris aujourd’hui la finitude.
Vision. Chez Saint-Gobain, nous nous sommes donnés comme raison d’être « Making the World a Better Home ». Notre vision est d’être le leader mondial de la construction durable avec l’objectif d’apporter des solutions aux enjeux planétaires que sontle dérèglement climatique, la nécessaire préservation des ressources et l’urbanisation galopante, en accélérant la rénovation des bâtiments et en révolutionnant les modes constructifs, pour qu’ils soient à la fois efficaces et frugaux.

Placer les critères ESG au cœur de nos actions nous aide à nous améliorer en continu. Nous avons réduit nos émissions de CO2 de 23 % entre 2017 et 2021, en ligne avec notre objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. C’est une fierté aussi pour nos salariés qui affichent une confiance forte dans la stratégie et la vision du groupe, avec un niveau d’engagement remarquable, à 84%, au plus haut des comparaisons du secteur.

Nous sommes convaincus de ce moment de vérité que nous vivons, qui marque un changement de paradigme total avec celui que nous avons pu connaître autrefois : ce sont les entreprises à fort impact qui vont traverser les années qui viennent, celles capables d’attirer les meilleurs talents, de créer des avantages technologiques grâce à l’innovation, de convaincre investisseurs, partenaires, clients, consommateurs et citoyens qu’elles ont pris la mesure des enjeux, et qu’elles en sont une des solutions. C’est la responsabilité que s’est fixé Saint-Gobain et le cœur même de notre plan stratégique « Grow & Impact » : créer une dynamique vertueuse entre croissance, impact positif sur la vie de tous, bien-être personnel et collectif, et attention à la planète.

Économie et inflation : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Économie et inflation   : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

 

Il est clair que la plupart des programmes électoraux n’ont  tenu aucun compte de l’évolution économique et que de ce point de vue,  ils sont largement obsolètes car les moyens évoqués notamment financiers sont illusoires.

Bref, un changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Jusque-là en effet on se réjouissait à juste titre d’une nette reprise de la croissance et d’une grande maîtrise de l’inflation. Or aujourd’hui, on connaît l’inverse avec un net ralentissement de l’activité qui se traduit notamment en France pour le premier trimestre par une absence de croissance du PIB. Dans le même temps l’inflation se situe sur une perspective de 5 à 6 %. Du coup,le pouvoir d’achat des consommateurs est largement entamé  puisque salaires, épargne et pensions ne suivent pas. La conséquence est une baisse de la consommation qui vient impacter la croissance. Malheureusement avec le maintien d’un très haut niveau des prix du fait des perturbations logistiques qui perdurent notamment avec la Chine, de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance tricolore a reculé au cours du premier trimestre à -1,3% après 0,6%.

La flambée des contaminations due au virus Omicron en fin d’année 2021 au moment des fêtes de Noël et pendant les premières semaines de 2022 a considérablement pesé sur le moral des ménages. Du côté des investissements, les chiffres montrent une lente progression à 0,2% contre 0,3% au T4. La dynamique est principalement portée par les entreprises et les administrations publiques. En revanche, les dépenses d’investissement des ménages sont en repli de -1,1%.

Initialement le gouvernement a fixé l’augmentation de la croissance à 4 % en 2022. Un objective maintenant impossible à accroître et qui mécaniquement faute de recettes fiscales et de dépenses supplémentaires va encore accroître le déficit budgétaire et la dette. Une dette colossale passée de 100 % avant la crise sanitaire à 115 % fins 2021 et qui va encore s’accroître ne serait-ce que pour financer les dépenses de fonctionnement.

Du coup, la plupart des promesses faites dans le cas de la campagne électorale risque d’être remise en cause.Croissance en berne, inflation record, déficit amplifié et explosion de la dette vont exiger un changement de paradigme par rapport aus scénarios théoriques de la campagne électorale. Sans parler des risques de l’environnement géostratégique.

Économie : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Économie   : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

 

Il est clair que la plupart des programmes électoraux n’ont  tenu aucun compte de l’évolution économique et que de ce point de vue,  ils sont largement obsolètes car les moyens évoqués notamment financiers sont illusoires.

Bref, un changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Jusque-là en effet on se réjouissait à juste titre d’une nette reprise de la croissance et d’une grande maîtrise de l’inflation. Or aujourd’hui, on connaît l’inverse avec un net ralentissement de l’activité qui se traduit notamment en France pour le premier trimestre par une absence de croissance du PIB. Dans le même temps l’inflation se situe sur une perspective de 5 à 6 %. Du coup,le pouvoir d’achat des consommateurs est largement entamé  puisque salaires, épargne et pensions ne suivent pas. La conséquence est une baisse de la consommation qui vient impacter la croissance. Malheureusement avec le maintien d’un très haut niveau des prix du fait des perturbations logistiques qui perdurent notamment avec la Chine, de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance tricolore a reculé au cours du premier trimestre à -1,3% après 0,6%.

La flambée des contaminations due au virus Omicron en fin d’année 2021 au moment des fêtes de Noël et pendant les premières semaines de 2022 a considérablement pesé sur le moral des ménages. Du côté des investissements, les chiffres montrent une lente progression à 0,2% contre 0,3% au T4. La dynamique est principalement portée par les entreprises et les administrations publiques. En revanche, les dépenses d’investissement des ménages sont en repli de -1,1%.

Initialement le gouvernement a fixé l’augmentation de la croissance à 4 % en 2022. Un objective maintenant impossible à accroître et qui mécaniquement faute de recettes fiscales et de dépenses supplémentaires va encore accroître le déficit budgétaire et la dette. Une dette colossale passée de 100 % avant la crise sanitaire à 115 % fins 2021 et qui va encore s’accroître ne serait-ce que pour financer les dépenses de fonctionnement.

Du coup, la plupart des promesses faites dans le cas de la campagne électorale risque d’être remise en cause.Croissance en berne, inflation record, déficit amplifié et explosion de la dette vont exiger un changement de paradigme par rapport aus scénarios théoriques de la campagne électorale. Sans parler des risques de l’environnement géostratégique.

Économie et inflation : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Économie et inflation  : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

 

Il est clair que la plupart des programmes électoraux n’ont  tenu aucun compte de l’évolution économique et que de ce point de vue,  ils sont largement obsolètes car les moyens évoqués notamment financiers sont illusoires.

Bref, un changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Jusque-là en effet on se réjouissait à juste titre d’une nette reprise de la croissance et d’une grande maîtrise de l’inflation. Or aujourd’hui, on connaît l’inverse avec un net ralentissement de l’activité qui se traduit notamment en France pour le premier trimestre par une absence de croissance du PIB. Dans le même temps l’inflation se situe sur une perspective de 5 à 6 %. Du coup,le pouvoir d’achat des consommateurs est largement entamé  puisque salaires, épargne et pensions ne suivent pas. La conséquence est une baisse de la consommation qui vient impacter la croissance. Malheureusement avec le maintien d’un très haut niveau des prix du fait des perturbations logistiques qui perdurent notamment avec la Chine, de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance tricolore a reculé au cours du premier trimestre à -1,3% après 0,6%.

La flambée des contaminations due au virus Omicron en fin d’année 2021 au moment des fêtes de Noël et pendant les premières semaines de 2022 a considérablement pesé sur le moral des ménages. Du côté des investissements, les chiffres montrent une lente progression à 0,2% contre 0,3% au T4. La dynamique est principalement portée par les entreprises et les administrations publiques. En revanche, les dépenses d’investissement des ménages sont en repli de -1,1%.

Économie : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Économie : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

 

Il est clair que la plupart des programmes électoraux n’ont  tenu aucun compte de l’évolution économique et que de ce point de vue,  ils sont largement obsolètes car les moyens évoqués notamment financiers sont illusoires.

Bref, un changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Jusque-là en effet on se réjouissait à juste titre d’une nette reprise de la croissance et d’une grande maîtrise de l’inflation. Or aujourd’hui, on connaît l’inverse avec un net ralentissement de l’activité qui se traduit notamment en France pour le premier trimestre par une absence de croissance du PIB. Dans le même temps l’inflation se situe sur une perspective de 5 à 6 %. Du coup,le pouvoir d’achat des consommateurs est largement entamé  puisque salaires, épargne et pensions ne suivent pas. La conséquence est une baisse de la consommation qui vient impacter la croissance. Malheureusement avec le maintien d’un très haut niveau des prix du fait des perturbations logistiques qui perdurent notamment avec la Chine, de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance tricolore a reculé au cours du premier trimestre à -1,3% après 0,6%.

La flambée des contaminations due au virus Omicron en fin d’année 2021 au moment des fêtes de Noël et pendant les premières semaines de 2022 a considérablement pesé sur le moral des ménages. Du côté des investissements, les chiffres montrent une lente progression à 0,2% contre 0,3% au T4. La dynamique est principalement portée par les entreprises et les administrations publiques. En revanche, les dépenses d’investissement des ménages sont en repli de -1,1%.

Eglise catholique : changer de paradigme

Eglise catholique : changer de paradigme 

 

Le synode lancé par le pape François doit permettre à l’Eglise catholique de lancer des réformes aptes à revitaliser la voie chrétienne, estime un collectif de chrétiens qui propose quatre pistes pour concilier foi et modernité.

 

Tribune.

La crise que traverse l’Eglise catholique relève-t-elle seulement de dysfonctionnements dans son organisation ou de retards dans les bonnes décisions ? Le synode lancé par le pape François, qui culminera à Rome à l’automne 2023, tiendra-t-il compte des demandes que les catholiques vont faire remonter à Rome ? Quelles demandes considérera-t-on comme prioritaires ?

Dans l’état actuel des choses, le doute est permis. Il est surtout bienvenu de se demander si les « réformes retenues » seront suffisantes pour revitaliser la voie chrétienne. Seront-elles assez déterminantes pour permettre aux chrétiens du XXIe siècle d’affermir leur foi en Dieu, de marcher sur les pas de Jésus, au sein de cultures marquées par les sciences physiques et humaines, et par la modernité qui gagne tous les peuples de la planète ? Voici quelques pistes.

La structure hiérarchique de l’Eglise catholique est née au deuxième siècle de l’ère chrétienne. Dans son fonctionnement, elle pratique très peu la démocratie élective. Du pape aux évêques, aucun responsable n’est élu. Les prêtres sont formés dès leur jeune âge dans des séminaires fermés, avec essentiellement de la philosophie et de la théologie traditionnelles. La réforme protestante, inaugurée par Luther en 1517, avait mis à terre cette structure pyramidale.

Aujourd’hui, toute personne honnête et informée reconnaît que ce fut une rupture libératrice à l’encontre du pouvoir pontifical et en faveur d’une lecture directe de la Bible par le peuple. Hélas, le concile de Trente (1565), dans sa contre-réforme, refusa de tirer le moindre enseignement de la nouveauté protestante et congela l’Eglise catholique pour des siècles. Au XXe siècle, les choses bougèrent sensiblement, en particulier avec le concile Vatican II (1962-1965).

Mais on en connaît aujourd’hui les limites, ainsi que les résistances et les retours en arrière qui se sont produits par la suite. Il faut admettre que depuis lors, beaucoup de catholiques ont quitté la pratique liturgique et la vie de l’Eglise et continuent de le faire. Et cela en raison de sa doctrine et de ses formulations pré-modernes.

L’énorme exode disciplinaire et doctrinal que ce phénomène représente, et qui a touché prêtres, religieux et laïcs, stupéfie toujours les observateurs, mais ne semble ni inquiéter ni interroger en profondeur l’institution Eglise catholique. Un premier point de doctrine : Jésus est-il de nature divine, comme l’ont proclamé les conciles de Nicée (325) et de Chalcédoine (351) et comme l’affirme le Credo ? Est-il né d’une vierge par le Saint-Esprit ?

Économie–Inflation : changement de paradigme

 

Économie–Inflation : changement de paradigme

 

Si les économistes peinaient à expliquer la faiblesse de l’inflation avant le Covid-19, ils ont aujourd’hui du mal à appréhender l’ensemble des mécanismes à l’œuvre dans l’actuelle hausse des prix, observe Marie Charrel, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

. La plupart des individus imaginent porter des jugements raisonnables sur les choses parce qu’ils sont convaincus d’être en prise avec la réalité – mais bien souvent, ils ne le sont pas vraiment. Tel est l’un des constats dressés dans Noise : pourquoi nous faisons des erreurs de jugement et comment les éviter (Odile Jacob, 464 p., 27,90 €), le nouvel essai publié par Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass R. Sunstein, trois spécialistes des sciences comportementales.

Cette observation peut s’appliquer, dans une certaine mesure, à la macroéconomie et notamment au débat du moment sur l’inflation. Sommes-nous sur le point de connaître une douloureuse flambée généralisée des prix, comme le redoutent certains analystes ? La hausse des tarifs de l’énergie et de certaines matières premières est-elle temporaire, comme l’affirment d’autres ? Surtout : disposons-nous vraiment des bons outils – la prise avec la réalité – pour le mesurer ?

 

« Nous ignorons si nous vivons le début d’une nouvelle ère d’inflation, résume Adam Tooze, professeur d’histoire économique à l’université Columbia, dans un récent article. Ce qui est sûr, c’est que nous assistons à un grand débat sur l’inflation. » Observer les observateurs : voilà un habile pas de côté opéré par Adam Tooze, riche d’enseignements. « L’incertitude alimente une réelle anxiété chez les décideurs et au sein du public, ajoute-t-il. Cela conduit-il à une crise d’autorité de l’économie ? »

Sans aller jusque-là, la peur du spectre inflationniste, rappelant le scénario des deux chocs pétroliers des années 1970, fait son grand retour médiatique. Elle a ranimé la question du pouvoir d’achat sur la scène politique, qui pourrait être l’un des enjeux de la présidentielle française. Elle contraint les banquiers centraux à répéter en chœur, pour tempérer les inquiétudes, que le phénomène est transitoire. Tout en admettant que « plusieurs sources d’incertitudes pourraient entraîner des pressions inflationnistes plus persistantes », selon les propos tenus par Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), le 8 octobre.

« Nihilisme intellectuel »

Pourquoi un tel brouillard autour des prix ? Parce que le baromètre permettant de mesurer leur évolution a des ratés. Avant la pandémie, déjà, les économistes s’interrogeaient sur la nature de la faible inflation observée depuis une décennie. Les débats, vite techniques, portaient sur la « courbe de Phillips », établissant qu’il existe une relation inverse entre inflation et chômage : lorsque le nombre de demandeurs d’emploi est faible, les entreprises peinent à recruter et augmentent donc les salaires pour attirer les candidats, ce qui fait augmenter, par ricochet, les prix. Mais cette relation s’est affaiblie avec l’essor de la mondialisation et le déclin du taux de syndicalisation dans les économies industrialisées.

Inflation : changement de paradigme

Inflation : changement de paradigme

 

Si les économistes peinaient à expliquer la faiblesse de l’inflation avant le Covid-19, ils ont aujourd’hui du mal à appréhender l’ensemble des mécanismes à l’œuvre dans l’actuelle hausse des prix, observe Marie Charrel, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

. La plupart des individus imaginent porter des jugements raisonnables sur les choses parce qu’ils sont convaincus d’être en prise avec la réalité – mais bien souvent, ils ne le sont pas vraiment. Tel est l’un des constats dressés dans Noise : pourquoi nous faisons des erreurs de jugement et comment les éviter (Odile Jacob, 464 p., 27,90 €), le nouvel essai publié par Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass R. Sunstein, trois spécialistes des sciences comportementales.

Cette observation peut s’appliquer, dans une certaine mesure, à la macroéconomie et notamment au débat du moment sur l’inflation. Sommes-nous sur le point de connaître une douloureuse flambée généralisée des prix, comme le redoutent certains analystes ? La hausse des tarifs de l’énergie et de certaines matières premières est-elle temporaire, comme l’affirment d’autres ? Surtout : disposons-nous vraiment des bons outils – la prise avec la réalité – pour le mesurer ?

 

« Nous ignorons si nous vivons le début d’une nouvelle ère d’inflation, résume Adam Tooze, professeur d’histoire économique à l’université Columbia, dans un récent article. Ce qui est sûr, c’est que nous assistons à un grand débat sur l’inflation. » Observer les observateurs : voilà un habile pas de côté opéré par Adam Tooze, riche d’enseignements. « L’incertitude alimente une réelle anxiété chez les décideurs et au sein du public, ajoute-t-il. Cela conduit-il à une crise d’autorité de l’économie ? »

Sans aller jusque-là, la peur du spectre inflationniste, rappelant le scénario des deux chocs pétroliers des années 1970, fait son grand retour médiatique. Elle a ranimé la question du pouvoir d’achat sur la scène politique, qui pourrait être l’un des enjeux de la présidentielle française. Elle contraint les banquiers centraux à répéter en chœur, pour tempérer les inquiétudes, que le phénomène est transitoire. Tout en admettant que « plusieurs sources d’incertitudes pourraient entraîner des pressions inflationnistes plus persistantes », selon les propos tenus par Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), le 8 octobre.

« Nihilisme intellectuel »

Pourquoi un tel brouillard autour des prix ? Parce que le baromètre permettant de mesurer leur évolution a des ratés. Avant la pandémie, déjà, les économistes s’interrogeaient sur la nature de la faible inflation observée depuis une décennie. Les débats, vite techniques, portaient sur la « courbe de Phillips », établissant qu’il existe une relation inverse entre inflation et chômage : lorsque le nombre de demandeurs d’emploi est faible, les entreprises peinent à recruter et augmentent donc les salaires pour attirer les candidats, ce qui fait augmenter, par ricochet, les prix. Mais cette relation s’est affaiblie avec l’essor de la mondialisation et le déclin du taux de syndicalisation dans les économies industrialisées.

Énergie : changer de paradigme

 

Énergie : changer de paradigme

 

Pour rendre compatible la politique énergétique et la politique environnementale , Il convient de changer de paradigme d’après  Dominique Chauvin, prospectiviste. (dans la Tribune, extrait)

tribune

 

 

Dans un article récent de La Tribune, le Professeur François Lévêque fait un constat qu’il se propose de partager avec ses lecteurs en se défendant qu’il puisse être « l’expression d’un sentiment d’amertume ou de satisfaction ». Ce constat serait que : « La politique énergétique se dissout progressivement dans la politique climatique ».

Cette amertume ou cette satisfaction fait référence au nucléaire, sujet auquel ce professeur de l’école des Mines s’est intéressé pendant une dizaine d’années comme chercheur, au point d’en écrire un livre remarqué et qui fait référence sur le positionnement du sujet mais qui une fois de plus dans le texte de son article introduit le doute au sujet du nucléaire, sur la possibilité de rétablir un équilibre salutaire à Bruxelles, face à la « supériorité de l’Allemagne à défendre ses propres choix énergétiques ». Ce doute, cette ambiguïté dans le positionnement est à l’instar du titre de son livre : « Nucléaire : ON/OFF ». Au lecteur le soin de choisir et à d’autres le soin de s’engager pour sauver le nucléaire comme outil d’une politique climatique.

Bruxelles contre le nucléaire

Toutefois, dans un sursaut de volontarisme, il interroge les manœuvres de la Commission européenne contre le nucléaire comme une preuve que la politique énergétique peut encore l’emporter sur des politiques climatiques au vu du paradoxe que le gaz pourtant fossile pourrait bénéficier d’obligations vertes alors que le nucléaire pourtant neutre en carbone en serait exclu.

Cette décision de Bruxelles lui permet de préciser son constat comme « l’expression d’un double retournement » et, cette fois, on perçoit dans le texte que c’est plutôt l’amertume qui l’emporte. Je cite par soucis de clarté : « Le nucléaire n’est plus une source d’énergie pour l’Europe et la politique de l’énergie, ou plutôt ce qu’il en reste, est définitivement reléguée au niveau national ». Dont acte : exit la politique énergétique de l’Union européenne !

Est-ce bien vrai ? ne doit-on pas au contraire porter un regard plus optimiste et conquérant, en tous cas différent de ce constat anti-prospectif, qui ne révèle pas au fond la profondeur de cette inversion de priorité.

Pour cela, il faut d’abord comprendre l’évolution historique et prospective de l’énergie et le changement de paradigme qu’elle porte : basée sur des ressources fossiles avec un contenu industriel faible dans la valeur ajoutée mais avec des externalités fortes qui les condamnent aujourd’hui, les énergies sont vouées à muter malgré des progrès industriels et environnementaux désespérés, couteux  et insuffisants pour les sauver ; progrès reconnus et salués par tous sous le vocable d’efficacité énergétique que ce soit en amont et/ou en aval de chaque filière. Mais progrès voués à l’échec pour les énergies fossiles car à rendement décroissants !

La rupture créée par les énergies renouvelables

La rupture qu’apporte les énergies renouvelables, et ce qui en font leur singularité, réside dans les énergies primaires utilisées, qualifiées de propres, abondantes, gratuites et disponibles : le soleil, le vent, l’eau et demain… le CO2. Du coup, le défi devient industriel pour récolter, transformer, réguler, stocker, distribuer ces énergies primaires en une ou plusieurs énergies finales plus universelles et transparentes à l’usage. La valeur ajoutée de ce processus devient donc d’abord industrielle puis économique et  financière et  de surcroît locale, nationale ou européenne permettant ainsi de réinvestir la totalité de cette valeur ajoutée dans la recherche, le développement et le social pour une prospérité qui résulte de notre décision et compétence collective et non plus d’une valeur de rente payée à des pays producteurs, rente qui, objet funeste, varie de façon exogène et à notre détriment en fonction du prix de la géopolitique et/ou de la rareté.

L’énergie qui était une ressource va ainsi devenir un produit industriel choisi et, à terme, on « fabriquera » l’énergie comme on fabrique des voitures dans une usine avec un design ! Bien sûr, et à l’instar des voitures, il faudra encore utiliser des ressources mais différentes et dans des proportions bien moindres que les ressources énergétiques du paradigme précédent. Assurément, on n’en est pas encore là et la flambée récente des prix du gaz et de l’électricité, dont l’ampleur a surpris les experts, sont bien là pour nous rappeler encore la prééminence des ressources et de leurs aléas dans la question énergétique. Mais, clairement, pour s’en prémunir, il faut accélérer cette dimension industrielle de l’énergie et non pas penser que la politique énergétique, « définitivement reléguée au niveau national » d’après François Lévêque, doive se cantonner à distribuer des chèques aux plus fragiles pour compenser une hausse des prix qui nous échappe, à défaut de hausser le débat sur l’avenir du nucléaire !

La France, un pays précurseur

Or il se trouve que la France a été précurseur dans cette approche industrielle de l’énergie avec précisément… le nucléaire ; tellement vertueux qu’il offre aujourd’hui à l’Europe l’électricité la moins chère, la plus stable en termes physiques et aussi en termes de prix, sans doute la plus propre et très faiblement dépendante des ressources énergétiques étrangères puisque l’uranium ne représente que de l’ordre de  5 % dans sa valeur. Pourquoi donc avoir le nucléaire honteux ou douter de son utilité et de son avenir puisqu’il est sur la trajectoire prospective qui s’impose : la trajectoire industrielle. Encore faudra-t-il le rendre plus efficace, encore plus propre (génération IV, fusion) nettement moins cher et le miniaturiser (SMR). Sur ce dernier point, l’expert qu’est aussi François Lévêque ne pourra qu’abonder dans ce sens.

Aussi, le constat plutôt amer que fait l’auteur de l’article n’est en fait que le résultat du contresens prospectif qu’il fait : la politique énergétique devra se dissoudre dans la politique industrielle et pas dans la politique climatique. D’ailleurs, la politique climatique n’existe pas en tant que telle. Il s’agit d’un objectif : la neutralité carbone en 2050 ; objectif très contraignant qui imposera de bâtir des stratégies industrielles et financières fortes pour y arriver car, paradoxalement, cet objectif de neutralité carbone n’a aucune chance d’être atteint sans une croissance prospère générant les moyens financiers, industriels et humains puissants qui permettront d’investir dans les technologies d’avenir pour « fabriquer » industriellement l’énergie propre dont l’industrie et la société ont besoin.

En quelques sortes, l’énergie devient endogène à l’industrie et à la société dans un cercle vertueux (au sens de l’économie circulaire) qu’il faut améliorer et concentrer pour rendre encore plus rentable ce moteur industriel qu’est devenu l’énergie au service du climat. Il ne faut pas se tromper de récurrence !

Une politique industrielle plus large

Toutefois, si le constat, à mon sens incorrect, que fait le Professeur François Lévêque dans son article, permet d’ouvrir et de provoquer un débat sur la politique énergétique/climatique/industrielle de la France et de l’Europe, il aura été utile en particulier pour pointer « la perte d’autonomie de la France sous l’effet de sa désindustrialisation massive au cours des 20 dernières années », comme le faisait remarquer avec beaucoup de pertinence Christian de Saint Etienne dans un article économique récent. L’erreur est de ne pas comprendre que la politique énergétique doit se dissoudre dans une politique industrielle plus large, plus ouverte et plus synergique à objectifs multiples dont celui du climat mais avant tout pour privilégier un objectif de rentabilité, indispensable et cohérent à tout autre objectif à remplir, dont celui du climat.

Place à l’action donc et à la mobilisation pour se faire l’artisan d’une politique industrielle européenne plus forte ; dans laquelle le nucléaire aura toute sa place.

Énergie : changer de paradigme

Pour rendre compatible la politique énergétique et la politique environnemental , Il convient de changer de paradigme d’après. (*) Par Dominique Chauvin, prospectiviste. (dans la Tribune, extrait)

tribune

 

A Marville, dans la Meuse, la construction de la seconde plus grande centrale photovoltaïque de France prend fin. Installée sur les 155 hectares de l’ancienne base aérienne, abandonnée par les militaires en 2002. Cette centrale est un projet écologique et agricole. Les 360.000 panneaux solaires devraient alimenter le canton en électricité, mais elle permet également à un jeune éleveur ovin de s’y installer avec ses 600 moutons pour assurer l’entretien de la zone. (Crédits : Reuters)

« On ne subit pas l’avenir, on le fait » (Georges Bernanos)

Dans un article récent de La Tribune, le Professeur François Lévêque fait un constat qu’il se propose de partager avec ses lecteurs en se défendant qu’il puisse être « l’expression d’un sentiment d’amertume ou de satisfaction ». Ce constat serait que : « La politique énergétique se dissout progressivement dans la politique climatique ».

Cette amertume ou cette satisfaction fait référence au nucléaire, sujet auquel ce professeur de l’école des Mines s’est intéressé pendant une dizaine d’années comme chercheur, au point d’en écrire un livre remarqué et qui fait référence sur le positionnement du sujet mais qui une fois de plus dans le texte de son article introduit le doute au sujet du nucléaire, sur la possibilité de rétablir un équilibre salutaire à Bruxelles, face à la « supériorité de l’Allemagne à défendre ses propres choix énergétiques ». Ce doute, cette ambiguïté dans le positionnement est à l’instar du titre de son livre : « Nucléaire : ON/OFF ». Au lecteur le soin de choisir et à d’autres le soin de s’engager pour sauver le nucléaire comme outil d’une politique climatique.

Bruxelles contre le nucléaire

Toutefois, dans un sursaut de volontarisme, il interroge les manœuvres de la Commission européenne contre le nucléaire comme une preuve que la politique énergétique peut encore l’emporter sur des politiques climatiques au vu du paradoxe que le gaz pourtant fossile pourrait bénéficier d’obligations vertes alors que le nucléaire pourtant neutre en carbone en serait exclu.

Cette décision de Bruxelles lui permet de préciser son constat comme « l’expression d’un double retournement » et, cette fois, on perçoit dans le texte que c’est plutôt l’amertume qui l’emporte. Je cite par soucis de clarté : « Le nucléaire n’est plus une source d’énergie pour l’Europe et la politique de l’énergie, ou plutôt ce qu’il en reste, est définitivement reléguée au niveau national ». Dont acte : exit la politique énergétique de l’Union européenne !

Est-ce bien vrai ? ne doit-on pas au contraire porter un regard plus optimiste et conquérant, en tous cas différent de ce constat anti-prospectif, qui ne révèle pas au fond la profondeur de cette inversion de priorité.

Pour cela, il faut d’abord comprendre l’évolution historique et prospective de l’énergie et le changement de paradigme qu’elle porte : basée sur des ressources fossiles avec un contenu industriel faible dans la valeur ajoutée mais avec des externalités fortes qui les condamnent aujourd’hui, les énergies sont vouées à muter malgré des progrès industriels et environnementaux désespérés, couteux  et insuffisants pour les sauver ; progrès reconnus et salués par tous sous le vocable d’efficacité énergétique que ce soit en amont et/ou en aval de chaque filière. Mais progrès voués à l’échec pour les énergies fossiles car à rendement décroissants !

La rupture créée par les énergies renouvelables

La rupture qu’apporte les énergies renouvelables, et ce qui en font leur singularité, réside dans les énergies primaires utilisées, qualifiées de propres, abondantes, gratuites et disponibles : le soleil, le vent, l’eau et demain… le CO2. Du coup, le défi devient industriel pour récolter, transformer, réguler, stocker, distribuer ces énergies primaires en une ou plusieurs énergies finales plus universelles et transparentes à l’usage. La valeur ajoutée de ce processus devient donc d’abord industrielle puis économique et  financière et  de surcroît locale, nationale ou européenne permettant ainsi de réinvestir la totalité de cette valeur ajoutée dans la recherche, le développement et le social pour une prospérité qui résulte de notre décision et compétence collective et non plus d’une valeur de rente payée à des pays producteurs, rente qui, objet funeste, varie de façon exogène et à notre détriment en fonction du prix de la géopolitique et/ou de la rareté.

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L’énergie qui était une ressource va ainsi devenir un produit industriel choisi et, à terme, on « fabriquera » l’énergie comme on fabrique des voitures dans une usine avec un design ! Bien sûr, et à l’instar des voitures, il faudra encore utiliser des ressources mais différentes et dans des proportions bien moindres que les ressources énergétiques du paradigme précédent. Assurément, on n’en est pas encore là et la flambée récente des prix du gaz et de l’électricité, dont l’ampleur a surpris les experts, sont bien là pour nous rappeler encore la prééminence des ressources et de leurs aléas dans la question énergétique. Mais, clairement, pour s’en prémunir, il faut accélérer cette dimension industrielle de l’énergie et non pas penser que la politique énergétique, « définitivement reléguée au niveau national » d’après François Lévêque, doive se cantonner à distribuer des chèques aux plus fragiles pour compenser une hausse des prix qui nous échappe, à défaut de hausser le débat sur l’avenir du nucléaire !

La France, un pays précurseur

Or il se trouve que la France a été précurseur dans cette approche industrielle de l’énergie avec précisément… le nucléaire ; tellement vertueux qu’il offre aujourd’hui à l’Europe l’électricité la moins chère, la plus stable en termes physiques et aussi en termes de prix, sans doute la plus propre et très faiblement dépendante des ressources énergétiques étrangères puisque l’uranium ne représente que de l’ordre de  5 % dans sa valeur. Pourquoi donc avoir le nucléaire honteux ou douter de son utilité et de son avenir puisqu’il est sur la trajectoire prospective qui s’impose : la trajectoire industrielle. Encore faudra-t-il le rendre plus efficace, encore plus propre (génération IV, fusion) nettement moins cher et le miniaturiser (SMR). Sur ce dernier point, l’expert qu’est aussi François Lévêque ne pourra qu’abonder dans ce sens.

Aussi, le constat plutôt amer que fait l’auteur de l’article n’est en fait que le résultat du contresens prospectif qu’il fait : la politique énergétique devra se dissoudre dans la politique industrielle et pas dans la politique climatique. D’ailleurs, la politique climatique n’existe pas en tant que telle. Il s’agit d’un objectif : la neutralité carbone en 2050 ; objectif très contraignant qui imposera de bâtir des stratégies industrielles et financières fortes pour y arriver car, paradoxalement, cet objectif de neutralité carbone n’a aucune chance d’être atteint sans une croissance prospère générant les moyens financiers, industriels et humains puissants qui permettront d’investir dans les technologies d’avenir pour « fabriquer » industriellement l’énergie propre dont l’industrie et la société ont besoin.

En quelques sortes, l’énergie devient endogène à l’industrie et à la société dans un cercle vertueux (au sens de l’économie circulaire) qu’il faut améliorer et concentrer pour rendre encore plus rentable ce moteur industriel qu’est devenu l’énergie au service du climat. Il ne faut pas se tromper de récurrence !

Une politique industrielle plus large

Toutefois, si le constat, à mon sens incorrect, que fait le Professeur François Lévêque dans son article, permet d’ouvrir et de provoquer un débat sur la politique énergétique/climatique/industrielle de la France et de l’Europe, il aura été utile en particulier pour pointer « la perte d’autonomie de la France sous l’effet de sa désindustrialisation massive au cours des 20 dernières années », comme le faisait remarquer avec beaucoup de pertinence Christian de Saint Etienne dans un article économique récent. L’erreur est de ne pas comprendre que la politique énergétique doit se dissoudre dans une politique industrielle plus large, plus ouverte et plus synergique à objectifs multiples dont celui du climat mais avant tout pour privilégier un objectif de rentabilité, indispensable et cohérent à tout autre objectif à remplir, dont celui du climat.

Place à l’action donc et à la mobilisation pour se faire l’artisan d’une politique industrielle européenne plus forte ; dans laquelle le nucléaire aura toute sa place.

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