Archive pour le Tag 'paix'

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Un accord de paix indispensable pour le numéro 2 du Fatah

Un accord de paix indispensable pour le numéro 2 du Fatah

Alors que l’heure est à la haine et à tous les excès qu’elle peut engendrer, certains au Fatah continuent de militer pour un accord de paix avec Israël. Mahmoud Aloul, le numéro 2 du Fatah se montre toujours en faveur d’une discussion et d’un accord avec Israël.

Une attitude courageuse quand la tendance est partout notamment chez les jeunes à l’affrontement, aux violences et à la haine. Depuis que la guerre a éclaté entre le Hamas et Israël, l’Autorité palestinienne qui contrôle administrativement la Cisjordanie occupée est relativement silencieuse. Avant le 7 octobre, le Fatah était en perte de vitesse et si des élections se tenaient aujourd’hui, le Hamas l’emporterait. L’Autorité palestinienne et ses dirigeants cherchent depuis longtemps un accord de paix avec Israël en échange d’un État palestinien.

Pour le numéro 2 du Fatah, les multiples provocations du gouvernement israélien d’ultradroite continuent de faire peser une pression sur le peuple palestinien. Mahmoud Aloul n’en perd pas pour autant l’objectif principal de son parti.

Israéliens et Palestiniens ne se sont pas assis ensemble autour d’une même table depuis 2014. « Nous croyons aux négociations avec Israël, déclare Mahmoud Aloul »

Aux jeunes Palestiniens qui seraient tentés de rejoindre les rangs du Hamas, Mahmoud Aloul répond qu’ »il n’y a pas d’autre solution que de parvenir à un accord de paix ». Une perspective qui semble aujourd’hui plus que jamais éloignée.

Paix en Palestine: Indispensable mais sans les terroristes du Hamas

Paix en Palestine: Indispensable mais sans les terroristes du Hamas

Dire les horreurs commises par le Hamas doit être un préalable à tout débat et ne revient ni à ignorer le contexte historique et politique dans lequel se sont déroulées ces atrocités, ni à occulter les responsabilités du gouvernement Nétanyahou ou la colonisation en Cisjordanie, assure, dans une tribune au « Monde », le député européen Raphaël Glucksmann.

Il est des moments dans l’histoire où l’évidence n’est plus partagée et où savoir la dire est le premier devoir du politique, le préalable à tout débat et à toute action. Commençons donc par dire ce que certains n’arrivent pas à exprimer au sein de la gauche française : nous sommes dévastés par le sort de ces enfants israéliens massacrés, de ces femmes violées et de ces familles brûlées vives, le Hamas est une organisation terroriste et son idéologie fanatique, son antisémitisme frénétique, son culte de la violence et de la mort conduisent logiquement aux crimes contre l’humanité commis le 7 octobre, et rien – ni la lutte légitime contre la colonisation ni le combat nécessaire pour la reconnaissance d’un Etat palestinien – ne peut ni ne pourra jamais justifier les horreurs de Kfar Aza ou de Réim.

Par dire que décapiter un être humain ou kidnapper des enfants ne sera jamais un acte de résistance et par rappeler que ni la résistance française hier ni la résistance ukrainienne aujourd’hui n’ont jamais fait quoi que ce soit de semblable ou d’approchant. Il n’y a donc pas là un « deux poids, deux mesures », comme on le lit un peu partout, mais plutôt un gouffre, celui qui sépare la résistance à l’oppression du terrorisme visant à l’anéantissement de l’autre. Le résistant peut être amené à tuer, mais il le fait à contrecœur, alors que le terroriste jouit de son crime comme cet assassin du Hamas qui appelle son père hilare en plein massacre : « Tu serais fier de moi, j’ai tué dix juifs ! Dix ! »

Par dire aussi que les cocktails Molotov lancés contre une synagogue à Berlin ou les slogans entendus à Sydney (« Gas the Jews ! ») n’ont rien à voir avec la solidarité envers le peuple palestinien, mais tout à voir avec l’antique haine des juifs et que cette haine qui présida à la pire page de l’histoire européenne doit être combattue par tous. Sans exception ni hésitation.

Israël-Hamas: Appel à la paix

Israël-Hamas: Appel à la paix

Le mouvement des Guerrières de la paix, rejoint par plusieurs activistes et associations internationales, appelle, dans une tribune au « Monde », à soutenir les militantes et les militants israéliens et palestiniens qui luttent en première ligne pour trouver une issue pacifique au conflit.

Le 30 septembre, Les Guerrières de la paix, notre mouvement de femmes pour la paix, la justice et l’égalité, né en France il y a deux ans, partait pour un voyage en Israël et en Cisjordanie.

Françaises musulmanes, juives, chrétiennes ou athées, venant de Sarcelles (Val-d’Oise), de Paris et d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), nous étions accompagnées d’une délégation de femmes militantes du monde entier – iraniennes, ouïgoures, marocaines, sénégalaises, ukrainiennes, et même une opposante russe. Nous avons sillonné la région, des kibboutz du Sud, proches de Gaza, à Jérusalem en passant par Haïfa, Ramallah et Huwara, allant à la rencontre de militants palestiniens et israéliens qui luttent au quotidien, sur le terrain, pour la paix et la justice.

Au cours de ce voyage, nous avons participé, le 4 octobre, à la grande marche The Mother’s Call, organisée à Jérusalem par nos sœurs palestiniennes et israéliennes de Women of the Sun et Women Wage Peace. Depuis des années, ces femmes ont décidé d’agir ensemble pour qu’enfin une solution juste de paix soit trouvée pour leurs communautés, leurs familles, leurs enfants.

Nous gardons en mémoire leurs visages illuminés par l’espoir, mais aussi la gravité dans les regards de celles qui savent dans leur chair que la paix n’est pas une posture ou une utopie, mais bien une question de survie, le seul moyen d’arriver à la justice pour toutes et tous. Nous nous souvenons de ce moment puissant où notre amie iranienne, en notre nom à toutes, leur a adressé une vibrante déclaration de solidarité, et où des femmes du monde entier réunies là se sont dressées le poing levé pour crier ensemble « Femme, vie, liberté ».

Les Israéliens comme les Palestiniens ne sont ni des slogans, ni des étendards, ni les échantillons d’une humanité réduite à des fantasmes. Sur place, ils nous ont expliqué à quel point la récupération de leur souffrance pour justifier la haine était non seulement indigne, mais constituait aussi un frein à leur plaidoyer pour trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouvent leurs deux peuples.

Ces personnes ont des noms, des histoires. Elles sont le vrai visage de la résistance, celui de celles et ceux qui, malgré les deuils et toutes les raisons de désespérer, continuent de miser sur la solidarité, la sororité, la fraternité et la reconnaissance de l’autre .

Gaza: La fin de l’illusoire paix (Alain Bauer)

Gaza: La fin de l’illusoire paix (Alain Bauer)

L’attaque, sophistiquée, puissante et coordonnée, puissamment aidée par l’Iran, vient de mettre fin à l’illusion de la paix et du plan issu des
Longtemps, les soulèvements à Gaza ou la guerre de pierres en Cisjordanie s’ordonnaient sous une forme de duel scénarisé permettant à chacun de faire valoir ses droits et de récolter ses soutiens. Une incursion rapide, des représailles, parfois des mobilisations de quelques jours, comme en mai dernier. (par Alain Bauer dans l’Opinion)

Au fil du temps, même le Hamas avait troqué sa détermination à détruire Israël et les Juifs en une possibilité de trouver un accord avec l’Etat hébreu sur les lignes de 1967. L’attaque, sophistiquée, puissante et coordonnée, puissamment aidée par l’Iran, vient de mettre fin à l’illusion de la paix et du plan issu des accords d’Oslo.

Alors qu’Israël et l’Arabie Saoudite avançaient prudemment vers un processus diplomatique de reconnaissance, l’Iran, aux abois face à sa propre société civile, créait les conditions d’une remise en question majeure de la pacification par petits pas engagées depuis quelques années sous les auspices de Washington.

Trois facettes. Il existe en fait plusieurs facettes à ce conflit :

–Un accord tacite Syrie-Iran pour faire du Hamas une puissance équivalente au Hezbollah. Tsahal, l’armée d’Israël, avait payé le prix fort en 2006, en envoyant ses troupes au Liban pour tenter de sauver deux soldats kidnappés en Israël début juillet par la milice chiite, après de nombreux tirs de roquette contre le nord de l’Etat hébreu. Le 14 août 2006, Tsahal cessa ses offensives au Liban sur ordre du gouvernement israélien. La Deuxième Guerre du Liban aura causé la mort de 119 soldats et de 44 civils israéliens. Par ailleurs, 400 soldats et environ 2000 civils israéliens furent blessés. Ce fut la répétition générale de l’opération menée en ce début octobre 2023.

–Un débat interne complexe à l’intérieur du Hamas. Depuis l’exécution ou la disparition des principaux fondateurs de l’organisation qui se réclame des Frères musulmans, des options contradictoires existent sur la manière d’exercer le pouvoir (à Gaza), de le conquérir (au sein de ce qui reste de l’Autorité palestinienne) et de régler le conflit avec Israël. L’aile militaire dirigée par Mohammed Deif et le patron du Hamas à Saza, Yahia Sinwar, semblent avoir pris le dessus sur les « politiques » qui sont le plus souvent à Damas, Téhéran et, dit-on parfois, Istanbul.

Il ne reste plus au Hezbollah qu’à lancer des manœuvres au nord d’Israël et au Jihad Islamique à se rappeler au mauvais souvenir de tous les acteurs pour que cette opération au long cours accouche d’un gouvernement d’union nationale d’un côté et d’une déstabilisation majeure de tous les processus en cours
–Un problème géopolitique ou la plupart des acteurs du Golfe jouent un double ou triple jeu. Le Qatar qui payait, pas assez semble-t-il, pour que l’administration de Gaza fonctionne et qui n’aurait pas revalorisé ses versements depuis septembre, aurait ainsi involontairement laissé la main à l’Iran qui, tout en se rapprochant officiellement de l’Arabie Saoudite, fait tout ce qui lui est possible pour saborder les accords d’Abraham.

Israël, engluée dans un conflit de réforme institutionnelle qui a cassé le consensus national et qui a été attirée par une audacieuse manœuvre d’enfumage sur les risques créés par sa politique sur l’esplanade des Mosquées/Mont du Temple, a aussi perdu de nombreux agents infiltrés depuis quelques mois et qui, faisant trop confiance aux outils technologiques, a perdu sa capacité de prévision des évènements, malgré les alertes de l’AMAN, le service de renseignement militaire.

Surprise. Un peu de géostratégie, quelques négociations d’arrière-cuisine salariale, une opportunité créée par le gouvernement israélien et, cinquante ans après la « surprise de Kippour », Israël est à nouveau pris à défaut. Pas par des Etats, mais par des milices dont la puissance et la mobilité rappellent, comme dans les débuts du conflit ukrainien, qu’on ne gagne jamais la guerre qui vient avec les outils et les méthodes qu’on veut imposer à l’adversaire alors que c’est lui qui a le choix des armes.

Il ne reste plus au Hezbollah qu’à lancer des manœuvres au nord d’Israël et au Jihad Islamique à se rappeler au mauvais souvenir de tous les acteurs pour que cette opération au long cours accouche d’un gouvernement d’union nationale d’un côté et d’une déstabilisation majeure de tous les processus en cours.

A ce « jeu », l’Iran a déjà gagné.

Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises. Dernier ouvrage: La guerre ne fait que commencer (Fayard).

Gaza: La fin de l’illusion de paix

Gaza: La fin de l’illusion de paix (Alain Bauer)

L’attaque, sophistiquée, puissante et coordonnée, puissamment aidée par l’Iran, vient de mettre fin à l’illusion de la paix et du plan issu des
Longtemps, les soulèvements à Gaza ou la guerre de pierres en Cisjordanie s’ordonnaient sous une forme de duel scénarisé permettant à chacun de faire valoir ses droits et de récolter ses soutiens. Une incursion rapide, des représailles, parfois des mobilisations de quelques jours, comme en mai dernier. (par Alain Bauer dans l’Opinion)

Au fil du temps, même le Hamas avait troqué sa détermination à détruire Israël et les Juifs en une possibilité de trouver un accord avec l’Etat hébreu sur les lignes de 1967. L’attaque, sophistiquée, puissante et coordonnée, puissamment aidée par l’Iran, vient de mettre fin à l’illusion de la paix et du plan issu des accords d’Oslo.

Alors qu’Israël et l’Arabie Saoudite avançaient prudemment vers un processus diplomatique de reconnaissance, l’Iran, aux abois face à sa propre société civile, créait les conditions d’une remise en question majeure de la pacification par petits pas engagées depuis quelques années sous les auspices de Washington.

Trois facettes. Il existe en fait plusieurs facettes à ce conflit :

–Un accord tacite Syrie-Iran pour faire du Hamas une puissance équivalente au Hezbollah. Tsahal, l’armée d’Israël, avait payé le prix fort en 2006, en envoyant ses troupes au Liban pour tenter de sauver deux soldats kidnappés en Israël début juillet par la milice chiite, après de nombreux tirs de roquette contre le nord de l’Etat hébreu. Le 14 août 2006, Tsahal cessa ses offensives au Liban sur ordre du gouvernement israélien. La Deuxième Guerre du Liban aura causé la mort de 119 soldats et de 44 civils israéliens. Par ailleurs, 400 soldats et environ 2000 civils israéliens furent blessés. Ce fut la répétition générale de l’opération menée en ce début octobre 2023.

–Un débat interne complexe à l’intérieur du Hamas. Depuis l’exécution ou la disparition des principaux fondateurs de l’organisation qui se réclame des Frères musulmans, des options contradictoires existent sur la manière d’exercer le pouvoir (à Gaza), de le conquérir (au sein de ce qui reste de l’Autorité palestinienne) et de régler le conflit avec Israël. L’aile militaire dirigée par Mohammed Deif et le patron du Hamas à Saza, Yahia Sinwar, semblent avoir pris le dessus sur les « politiques » qui sont le plus souvent à Damas, Téhéran et, dit-on parfois, Istanbul.

Il ne reste plus au Hezbollah qu’à lancer des manœuvres au nord d’Israël et au Jihad Islamique à se rappeler au mauvais souvenir de tous les acteurs pour que cette opération au long cours accouche d’un gouvernement d’union nationale d’un côté et d’une déstabilisation majeure de tous les processus en cours
–Un problème géopolitique ou la plupart des acteurs du Golfe jouent un double ou triple jeu. Le Qatar qui payait, pas assez semble-t-il, pour que l’administration de Gaza fonctionne et qui n’aurait pas revalorisé ses versements depuis septembre, aurait ainsi involontairement laissé la main à l’Iran qui, tout en se rapprochant officiellement de l’Arabie Saoudite, fait tout ce qui lui est possible pour saborder les accords d’Abraham.

Israël, engluée dans un conflit de réforme institutionnelle qui a cassé le consensus national et qui a été attirée par une audacieuse manœuvre d’enfumage sur les risques créés par sa politique sur l’esplanade des Mosquées/Mont du Temple, a aussi perdu de nombreux agents infiltrés depuis quelques mois et qui, faisant trop confiance aux outils technologiques, a perdu sa capacité de prévision des évènements, malgré les alertes de l’AMAN, le service de renseignement militaire.

Surprise. Un peu de géostratégie, quelques négociations d’arrière-cuisine salariale, une opportunité créée par le gouvernement israélien et, cinquante ans après la « surprise de Kippour », Israël est à nouveau pris à défaut. Pas par des Etats, mais par des milices dont la puissance et la mobilité rappellent, comme dans les débuts du conflit ukrainien, qu’on ne gagne jamais la guerre qui vient avec les outils et les méthodes qu’on veut imposer à l’adversaire alors que c’est lui qui a le choix des armes.

Il ne reste plus au Hezbollah qu’à lancer des manœuvres au nord d’Israël et au Jihad Islamique à se rappeler au mauvais souvenir de tous les acteurs pour que cette opération au long cours accouche d’un gouvernement d’union nationale d’un côté et d’une déstabilisation majeure de tous les processus en cours.

A ce « jeu », l’Iran a déjà gagné.

Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises. Dernier ouvrage: La guerre ne fait que commencer (Fayard).

Pour la paix, l’Ukraine dans l’OTAN ?

Pour la paix, l’Ukraine dans l’OTAN ?

par
Anders Fogh Rasmussen

Ancien secrétaire général de l’OTAN

Andriy Yermak

Chef de l’administration présidentielle ukrainienne

L’ex-secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen et le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriy Yermak, affirment, dans une tribune au « Monde », que l’intégration de l’Ukraine dans l’architecture de sécurité euroatlantique relève de l’intérêt de tous les alliés de l’OTAN.

Au cours des seize derniers mois, la Russie a causé un niveau de souffrance humaine sans précédent en Ukraine. La destruction du barrage de Kakhovka montre une fois de plus le mépris total de la Russie pour la vie du peuple ukrainien. Le plus récent, mais certainement pas le dernier, d’une multitude de crimes de guerre commis par les forces russes. Tout au long du conflit, ces dernières ont pris pour cible des villes et infrastructures civiles, dans le but de faire de la vie des Ukrainiens un véritable enfer. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre contre l’Ukraine. C’est une guerre contre les principes de l’Europe et les valeurs universelles que la France défend.

Face à cette barbarie, le peuple ukrainien a fait preuve d’une immense bravoure. De son côté, l’armée démontre chaque jour qu’avec les armes nécessaires elle peut et va vaincre la Russie sur le champ de bataille. Les canons Caesar et les chars AMX-10 français permettent aux forces ukrainiennes de libérer en quelques jours des zones que la Russie a mis des mois à occuper. Sans le soutien résolu du peuple et du gouvernement français, cela n’aurait pas été possible.

Les alliés de l’Ukraine doivent continuer à apporter tout le soutien nécessaire pour que l’Ukraine puisse protéger son peuple et reprendre l’ensemble de son territoire. Cependant, nous devons également préparer l’avenir et construire une architecture sécuritaire de long terme pour l’Ukraine.

Ukraine: le plan de paix chinois

Ukraine: le plan de paix chinois


Dans son plan pour résumer , la Chine appelle au cessez-le-feu et au retour aux négociations

« Il n’existe pas de solution simple à une question complexe », indique le ministère chinois des Affaires étrangères, qui ne mentionne pas explicitement les territoires pro-russes à l’est de l’Ukraine ou la Crimée dans le document

Pour « empêcher une confrontation entre blocs » et « oeuvrer ensemble à la paix et à la stabilité en Eurasie », la Chine appelle les deux parties à revenir à la table des négociations. « Le dialogue est la seule solution viable à la crise ukrainienne », peut-on lire dans le document, qui plaide pour une « désécalade » du conflit avant un « cessez-le-feu. »

La « souveraineté de tous les pays » doit aussi être respectée, assure Pékin, qui est de son côté critiqué par Taïwan en raison de ses menaces répétées contre la petite île.

La Chine veut « résoudre la crise humanitaire » en Ukraine et « toutes les mesures en ce sens doivent être encouragées et soutenues », plaide Pékin. Ces « opérations humanitaires » doivent être réalisées dans un cadre « neutre » et « ne doivent pas être politisées. »

« L’ONU devrait être soutenue dans son rôle de coordination de l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones de conflit », souligne le document.

« Les parties (impliquées) dans le conflit doivent se conformer strictement au droit humanitaire international, éviter d’attaquer des civils ou des bâtiments civils », plaide le ministère chinois des Affaires étrangères. La Chine encourage aussi l’échange de prisonniers de guerres entre la Russie et l’Ukraine.

Point central de la guerre en Ukraine: le nucléaire. Avec les risques autour de Zaporijjia, Pékin se dit opposé aux « attaques contre les centrales nucléaires » et apporte son soutien à l’AIEA dans le rôle qu’elle joue dans le pays pour protéger les sites sensibles.

Toujours sur le nucléaire, la Chine estime que l’arme atomique « ne doit pas être utilisée et il ne faut pas se livrer à une guerre nucléaire. Il faut s’opposer à la menace ou au recours à l’arme nucléaire. » Pékin se dit aussi opposé à la « recherche, au développement et à l’usage d’armes chimiques ou biologiques. »

« Les sanctions unilatérales et la pression maximale ne peuvent pas résoudre la question, elles ne font que créer de nouveaux problèmes », juge le ministère des Affaires étrangères. « La Chine s’oppose aux sanctions unilatérales non autorisées par le Conseil de sécurité des Nations unies. »

« Les pays concernés doivent cesser d’abuser des sanctions unilatérales afin de contribuer à la désescalade de la crise ukrainienne », plaide Pékin.

Jeudi, plusieurs heures avant la publication de ce document, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit vouloir discuter avec Pékin du plan de paix chinois pour l’Ukraine, jugeant « positive » l’implication de ce proche partenaire de Moscou.

Guerre Ukraine : Macron pour le plan de paix de Zelensky

Guerre Ukraine : Macron pour le plan de paix de Zelensky

Emmanuel Macron a «réaffirmé son attachement au plan de paix en 10 points proposé par le président Zelensky et lui a assuré qu’il soutiendrait cette initiative sur la scène internationale lors des prochains événements diplomatiques», a indiqué l’Élysée.

Extrait du plan de pais de Zelensky:
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1 — Radiation et sécurité nucléaire
La Russie doit immédiatement retirer tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. La centrale doit être immédiatement transférée sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique et du personnel ukrainien. La connexion normale de la centrale au réseau électrique doit être rétablie immédiatement afin que rien ne menace la stabilité des réacteurs.
Il en va de même pour les menaces folles d’armes nucléaires auxquelles les responsables russes ont recours. Il n’y a et ne peut y avoir aucune excuse au chantage nucléaire.
2 — Sécurité alimentaire
Nous avons déjà lancé l’initiative Grain From Ukraine… L’Ukraine peut exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année. Et une partie importante de celle-ci doit se diriger vers ceux qui souffrent le plus.
Chaque pays peut se joindre à nous avec une contribution spécifique et devenir un co-créateur de la victoire contre la faim et la crise alimentaire.
3 — Sécurité énergétique
Environ 40 % de nos infrastructures énergétiques ont été détruites par les frappes des missiles russes et des drones iraniens utilisés par les occupants.
Un objectif connexe de cette terreur est d’empêcher l’exportation de notre électricité vers les pays voisins, ce qui pourrait considérablement les aider à stabiliser la situation énergétique et à réduire les prix pour les consommateurs.
Je remercie tous nos partenaires qui ont déjà aidé l’Ukraine en lui fournissant des systèmes de défense aérienne et de défense antimissile. Cela nous permet d’abattre certains des missiles russes et des drones iraniens… Je leur demande d’augmenter leur aide respective.
Des restrictions de prix sur les ressources énergétiques russes devraient être introduites. Si la Russie essaie de priver l’Ukraine, l’Europe et tous les consommateurs d’énergie dans le monde de la prévisibilité et de la stabilité des prix, la réponse à cela devrait être une limitation forcée des prix à l’exportation pour la Russie.
4 — Prisonniers et déportés
Des milliers de nos concitoyens — militaires et civils — sont en captivité chez les Russes. Ils sont soumis à des tortures brutales.
En outre, nous connaissons par les noms des 11 000 enfants qui ont été déportés de force en Russie. Ils ont été séparés de leurs parents en pleine connaissance de cause.
Ajoutez à cela des centaines de milliers d’adultes déportés… et des prisonniers politiques — des citoyens ukrainiens qui sont détenus en Russie et dans le territoire temporairement occupé, en particulier en Crimée.
Nous devons libérer toutes ces personnes.
5 — Charte des Nations unies et intégrité territoriale de l’Ukraine
Nous devons rétablir la validité du droit international – et cela sans aucun compromis avec l’agresseur. Car la Charte des Nations Unies ne peut être appliquée de manière partielle, sélective ou selon son bon vouloir.
La Russie doit réaffirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le cadre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations unies et des documents internationaux contraignants applicables. Il ne s’agit pas de négociations.
6 — Troupes russes et hostilités
La Russie doit retirer toutes ses troupes et formations armées du territoire de l’Ukraine. Le contrôle de l’Ukraine sur toutes les sections de la frontière de notre État avec la Russie doit être restauré. Cela entraînera une cessation réelle et complète des hostilités.
7 — Justice
Le monde devrait approuver l’établissement du Tribunal spécial concernant le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la création d’un mécanisme international pour compenser tous les dommages causés par cette guerre. Une compensation aux dépens des actifs russes est nécessaire, car c’est l’agresseur qui doit tout faire pour rétablir la justice qu’il a violée.
Nous avons déjà proposé une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU concernant un mécanisme international de compensation des dommages causés par la guerre russe. Elle a été approuvée. Nous vous demandons de la mettre en œuvre.
Nous préparons également la deuxième résolution — sur le Tribunal spécial. Nous vous conjurons d’y adhérer et de la soutenir.
8 — Protection immédiate de l’environnement
Des millions d’hectares de forêt ont été brûlés par les bombardements. Près de 200 000 hectares de nos terres sont contaminés par des mines et des obus non explosés.
Je remercie tous les pays qui nous aident déjà à déminer. Il est urgent d’augmenter le nombre d’équipements et d’experts pour ces opérations.
Des fonds et des technologies sont également nécessaires pour la restauration des installations de traitement des eaux.
9 — Prévention de l’escalade
L’Ukraine n’est membre d’aucune alliance. Et la Russie a pu déclencher cette guerre précisément parce que l’Ukraine est restée dans la zone grise — entre le monde euro-atlantique et l’impérialisme russe.
Nous devrions organiser une conférence internationale pour cimenter les éléments clés de l’architecture de sécurité d’après-guerre dans l’espace euro-atlantique, y compris les garanties pour l’Ukraine. Le principal résultat de la conférence devrait être la signature du Pacte de sécurité de Kiev. (Le Pacte de sécurité de Kiev de neuf pages publié en septembre appelle les pays occidentaux à fournir des « ressources politiques, financières, militaires et diplomatiques » pour renforcer la capacité de Kiev à se défendre).
10 — Confirmation de la fin de la guerre
Lorsque toutes les mesures anti-guerre seront mises en œuvre, lorsque la sécurité et la justice commenceront à être rétablies, un document confirmant la fin de la guerre devra être signé par les parties. Les États prêts à prendre l’initiative de telle ou telle décision peuvent devenir parties à cette convention.

Les États-Unis souhaitent la paix en Ukraine pour relancer l’économie

Les États-Unis souhaitent la paix en Ukraine pour relancer l’économie


Il semble bien que les autorités américaines tentent maintenant de peser pour parvenir à une situation de paix en Ukraine à fin de relancer l’économie médiale dont la croissance est très menacée. On souhaite donc officiellement aux États-Unis que des négociations s’engagent. Le problème évidemment c’est maintenant de convaincre l’Ukraine de stopper sa reconquête mais aussi de parvenir à ce que la Russie non seulement souscrive un accord de paix mais le respecte.

Officiellement les négociations devraient concerner l’Ukraine et la Russie. Pour autant, les deux seules puissances qui peuvent peser dans le sens de la paix sont d’une part la Chine, également inquiète de l’évolution de l’économie internationale et des débordements de Poutine d’autre part les Américains.

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a estimé ce lundi que mettre fin à la guerre en Ukraine constituait le meilleur moyen de répondre aux difficultés de l’économie mondiale, dans un message apparent à la Russie avant le sommet du G20 en Indonésie.

« Mettre fin à la guerre menée par la Russie constitue un impératif moral et tout simplement la meilleure chose à faire pour l’économie mondiale », a déclaré Janet Yellen à la presse en marge d’une rencontre avec son homologue français Bruno Le Maire.

La guerre lancée il y a neuf mois par Vladimir Poutine a de profondes répercussions économiques, avec l’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Ukraine : la paix négociée ou la fragile victoire?

Ukraine : la paix négociée ou la fragile victoire?

 

La double contre-offensive de l’Ukraine dans le sud et dans le nord-est du pays est pour l’instant un succès. Mais a-t-elle les moyens de remporter une victoire militaire décisive et incontestable ? Par Cyrille Bret, Sciences Po

 

 

Six mois après le déclenchement de l’« opération militaire spéciale » russe en Ukraine, le 24 février 2022, le gouvernement de Kiev a engagé, fin août-début septembre, une contre-offensive dans le sud et le nord du pays. Dans la région méridionale de Kherson et dans la zone nord-orientale de Kharkiv, les soldats ukrainiens ont commencé à reprendre du terrain aux troupes russes. Remarquées pour leur rapidité, leur agilité et leur efficacité, ces deux contre-attaques inquiètent en Russie, rassurent en Occident et suscitent l’espoir en Ukraine.

En effet, les troupes russes ont quitté les villes de Balakliia, Izioum et Koupiansk dans l’est du pays. L’armée ukrainienne semble ainsi inverser la tendance : désormais, les armées russes sont en difficulté dans la région de Donetsk, pourtant sous contrôle des séparatiste pro-russes.

Malgré les succès tactiques qu’elles semblent promettre, ces initiatives suscitent toutefois plusieurs questions : pourquoi maintenant, et pourquoi précisément dans ces zones ? Comment l’Ukraine parvient-elle à bousculer les forces armées russes, en pleine réorganisation ? Surtout, cette contre-attaque présage-t-elle d’une reconquête complète des 20 % du territoire ukrainien occupés par la Russie ?

Saisir l’opportunité de la « rentrée diplomatique »

Les deux mouvements ont été lancés à un moment essentiel du calendrier stratégique international et régional. En effet, l’action sur Kherson a été déclenchée au moment de la commémoration de la fête nationale ukrainienne, le 24 août, et juste avant la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Prague, le 31 août (le fameux Gymnich). L’avancée dans la région de Kharkiv a démarré quelques jours plus tard.

Il était essentiel pour la présidence Zelensky d’éviter l’érosion de son soutien populaire à l’intérieur et de manifester sa détermination à l’extérieur. Élu le 21 avril 2019 pour cinq ans, le président Zelensky aborde en effet le dernier tiers de son mandat : face aux risques d’usure à l’intérieur et de « fatigue » à l’extérieur, il se devait de prendre l’initiative.

Son projet est également de parvenir à des résultats militaires tangibles avant la 77ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui aura lieu du 20 au 26 septembre 2022. L’Ukraine veut s’y présenter non seulement comme victime de la Russie mais également comme État souverain capable d’assurer sa sécurité, pour peu qu’il bénéficie des soutiens internationaux nécessaires.

L’enjeu de cette Assemblée générale des Nations unies sera triple pour Kiev :

  • premièrement, rallier des soutiens au-delà du camp occidental, car l’Ukraine dépend très largement des financements extérieurs (Banque mondiale, FMI, Union européenne, États-Unis) pour continuer à fonctionner ;
  • deuxièmement, essayer d’isoler davantage la Fédération de Russie, puisque les politiques de sanctions sont peu suivies en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud ;
  • enfin et surtout, faire reconnaître sa détermination à recouvrer son intégrité territoriale dans le temple des États-nations, l’ONU. En février 2022, le but de la Russie était en effet de faire apparaître l’Ukraine comme un « État failli » à l’identité nationale illusoire et au gouvernement incapable. Les deux contre-offensives qui viennent d’être lancées réduiront la portée de ces éléments de langage de Moscou.

Quels que soient leurs résultats militaires (durables ou fugaces, concrets ou symboliques), ces initiatives militaires démontrent que l’Ukraine a bien survécu, comme État et comme nation, à l’invasion russe. Avec ces contre-attaques, l’Ukraine saisit à pleines mains l’opportunité de la « rentrée diplomatique ». Reste à évaluer les chances de succès et, surtout, la finalité de ces actions.

Un « Valmy ukrainien » ?

Ces opérations ne répondent pas seulement à un timing soigneusement pensé, elles se déploient aussi dans des champs géographiques et à travers des modes d’action hautement symboliques. Dans les deux opérations, c’est en effet le « peuple en armes » (une armée qui compte environ 40 % de conscrits) de l’Ukraine qui reconquiert des régions essentielles du territoire national. À bien des égards, ces batailles sont comparables, dans leur portée politique, avec celle de Valmy où, le 20 septembre 1792, l’armée populaire française avait défait les troupes étrangères.

Dans les deux actions se manifestent les ressorts qui ont permis aux forces armées ukrainiennes de répliquer à la tentative de conquête russe : rapidité, agilité, utilisation des informations de terrain et mobilisation de soldats motivés. Les troupes ukrainiennes tirent en effet parti de leurs blindés pour fondre rapidement sur des nœuds logistiques essentiels de l’armée russe au nord ; pour mener la campagne du Donbass au sud-est de Kharkiv ; et enfin, au sud, près de la Crimée, pour bloquer les troupes russes qui continuent à se diriger vers la région d’Odessa. Encore une fois, les forces armées ukrainiennes ont mis en évidence la fatigue des troupes russes, le niveau discutable de leurs équipements et la qualité médiocre de leurs tactiques.

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Par-delà leur intérêt tactique, les zones dans lesquelles les troupes ukrainiennes agissent ont une valeur politique et symbolique essentielle pour les opinions ukrainienne comme russe. Contre-attaquer dans la région de Kherson, c’est, pour les Ukrainiens, tout à la fois essayer de reprendre une des villes les plus importantes conquises par l’armée russe, bloquer l’avancée russe vers la région essentielle d’Odessa (sud-ouest) et surtout tenter de débloquer un verrou vers la Crimée. Longuement préparée, cette opération n’est pas une « action surprise » à proprement parler car Kiev a toujours affiché son refus d’abandonner le sud du pays.

En revanche, la contre-offensive conduite dans le nord du pays a, quant à elle, fait jouer au maximum l’effet de surprise. Là encore, la zone a une valeur majeure à de multiples points de vue : proche de la Russie, peuplée d’un grand nombre de russophones, capitale économique du nord du pays, la ville de Kharkiv (Kharkov en russe) est un enjeu fondamental pour la Russie : si le gouvernement de Kiev réussit à renforcer ses positions dans cette région, Moscou pourrait devoir se résoudre à abandonner l’idée, sérieusement envisagée, consistant à l’annexer ou à y créer un État fantoche.

Reste à savoir si ces batailles déboucheront sur des victoires (Valmy) ou sur des points de fixation meurtriers (Verdun).

La paix ou la victoire ?

Ces contre-offensives manifestent de façon éclatante la détermination des Ukrainiens à sauver leur État, à défendre leur territoire et à préserver leur souveraineté. Mais elles sont circonscrites dans l’espace et dans leurs résultats. Elles posent donc avec acuité la question de la finalité stratégique que poursuit l’Ukraine.

Dans de nombreux forums politiques, les représentants officiels de l’Ukraine affirment que leur but est la victoire complète contre la Russie. Et ils considèrent tout compromis d’armistice et de paix comme une véritable « trahison » de l’idée nationale ukrainienne.

Autrement dit, leur objectif stratégique est de reconquérir non seulement les zones prises par les Russes depuis le 24 février 2022 mais également les régions sécessionnistes (Républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk) et les zones annexées (Crimée) depuis 2014.

Ces objectifs sont-ils militairement et économiquement réalistes ? L’Ukraine est-elle en capacité de mener une contre-offensive de grande ampleur pour reprendre le cinquième de son territoire actuellement occupé par les troupes de la Fédération de Russie ? Si elle est dans son droit au regard des normes internationales, l’Ukraine doit-elle s’engager résolument dans un conflit nécessairement très long pour reconstituer son territoire ? En conséquence, les soutiens de l’Ukraine doivent-ils également assumer cet objectif de « victoire » ? C’est la position que plusieurs voix influentes défendent aux États-Unis.

L’Ukraine doit-elle plutôt chercher un rapport de force militaire suffisamment favorable pour engager ensuite des négociations ? Doit-elle donc multiplier les contre-offensives pour conduire ensuite une Russie épuisée à la table des négociations ? Et les soutiens de l’Ukraine doivent-ils la soutenir dans cette stratégie comme la France et l’Allemagne l’envisagent mezza voce ?

Si les succès tactiques actuellement constatés se confirment et se multiplient, les autorités ukrainiennes seront placées devant un véritable dilemme : la victoire complète à très long terme ou la paix insatisfaisante à moins longue échéance.

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Les énergies renouvelables, garantie de paix mondiale ? (Antonio Guterres)

 Les énergies renouvelables, garantie de paix mondiale ?  (Antonio Guterres)

 

La seule solution pour assurer la sécurité énergétique de tous passe par l’abandon des combustibles fossiles polluants et l’accélération de la transition énergétique, alerte le secrétaire général des Nations unies , Antonio Guterres, dans une tribune au « Monde ».

 

Un appel intéressant pour l’abandon des énergies fossiles mais un peu court concernant la paix mondiale dont les conditions sont autrement plus complexes et plus nombreuses. Bref un appel sympathique mais un peu naïf qui pose d’ailleurs la question de l’ONU dans la période.  NDLR

 

Néron [37 apr. J.-C. - 68 apr. J.-C.] est tristement célèbre pour avoir joué du violon pendant que Rome brûlait. Aujourd’hui, certains dirigeants font pire. Ils mettent littéralement de l’huile sur le feu. Alors que les répercussions de l’invasion de l’Ukraine par la Russie se ressentent dans le monde entier, la réponse de certaines nations à la crise énergétique croissante a été de doubler la mise sur les combustibles fossiles – en injectant des milliards de dollars supplémentaires dans le charbon, le pétrole et le gaz, les matières mêmes qui sont à l’origine de l’aggravation de l’urgence climatique.

Pendant ce temps, tous les indicateurs climatiques continuent de battre des records, annonçant un avenir émaillé de tempêtes féroces, d’inondations, de sécheresses, d’incendies de forêt et de températures invivables sur de vastes étendues de la planète. Notre monde sombre dans le chaos climatique. Il est insensé de verser de nouveaux financements dans les infrastructures d’exploration et de production de combustibles fossiles. Les énergies fossiles ne sont pas la solution, et ne le seront jamais. Nous pouvons voir de nos propres yeux les dégâts que nous causons à la planète et à nos sociétés. On en parle tous les jours dans les médias, et personne n’est à l’abri.

Les combustibles fossiles sont précisément la cause de la crise climatique. Seules les énergies renouvelables constituent une réponse pour limiter les dérèglements climatiques et renforcer la sécurité énergétique. Si nous avions investi plus tôt et massivement dans les énergies renouvelables, nous ne nous retrouverions pas une fois de plus à la merci de l’instabilité des marchés des combustibles fossiles.

Les énergies renouvelables sont les garantes de la paix au XXIe siècle. Mais la bataille pour une transition énergétique rapide et juste ne se livre pas à armes égales. Les investisseurs continuent de soutenir les combustibles fossiles et les Etats continuent de distribuer des milliards de dollars de subventions pour le charbon, le pétrole et le gaz, soit quelque 11 millions de dollars (10,5 millions d’euros) par minute.

Il y a un terme pour désigner le fait de privilégier le soulagement à court terme au détriment du bien-être à long terme : l’addiction. Nous sommes encore dépendants aux combustibles fossiles. Pour la santé de nos sociétés et de notre planète, nous devons nous sevrer. Immédiatement. La seule solution pour parvenir à la sécurité énergétique, à la stabilité des prix de l’électricité, à la prospérité et pour que la planète reste habitable, c’est d’abandonner les combustibles fossiles polluants et d’accélérer la transition énergétique fondée sur les énergies renouvelables.

Politique -Fin de l’état de paix

Politique -Fin de l’état de paix

 

Spécialiste des relations internationales, le journaliste et essayiste américain Fareed Zakaria estime, dans un entretien au « Monde », que l’invasion russe signe la fin de la « pax americana ».

 

 

Fareed Zakaria est l’une des principales figures de la chaîne d’information américaine CNN, où il anime une émission consacrée à l’international. D’origine indienne, il arrive aux Etats-Unis dans les années 1980 et fait sa thèse à Harvard sous la direction de Samuel Huntington. Il débute dans le journalisme à Foreign Affairs dans les années 1990. Il collabore par la suite à Foreign Policy, au Washington Post et à Newsweek.

En 1997, il publie un article dans Foreign Affairs sur les démocraties illibérales, concept qu’il développe par la suite dans L’Avenir de la liberté (Odile Jacob, 2003), livre dans lequel il met en garde contre certains risques inhérents à la démocratie. Auteur de Retour vers le futur (Saint-Simon, 2021), Fareed Zakaria reste l’une des voix les plus influentes en matière de géopolitique aux Etats-Unis.

Nous assistons à la fin de la « pax americana ». Depuis la chute de l’URSS en 1991, les Etats-Unis ont été les garants de l’ordre international, sans que l’on arrive à une pacification totale des relations internationales. Certes, il y a eu la Yougoslavie, l’Irak, la Syrie. Mais la dynamique allait néanmoins dans le sens d’une mondialisation des échanges commerciaux et de la diffusion du modèle démocratique. L’hégémonie américaine était militaire, politique, économique et idéologique.

 

Mais, peu à peu, le mouvement s’est essoufflé. Sur le plan géopolitique, l’Irak a érodé la légitimité des Etats-Unis à exercer un tel pouvoir. La crise économique de 2008 a aussi atteint leur prestige. Et voilà que, pour la première fois, une grande puissance, la Russie, le pays qui dispose du plus grand arsenal nucléaire au monde, défie l’Amérique de manière frontale.

La réplique occidentale à l’agression voulue par le président russe Vladimir Poutine a été tout aussi frontale et a conduit à isoler l’économie russe, à un point où il sera difficile de retourner au statu quo ante. Nous avons quitté l’ancien monde dans lequel l’économie a, pendant trente ans, dominé le politique. Désormais, le politique est prioritaire.

Et la fin de la « pax americana » signifie l’entrée dans un monde multipolaire, où la concurrence entre un grand nombre de nations est constante. Ce qui signifie que le risque de commettre des erreurs est démultiplié, le danger qu’éclate un conflit augmente.

 

La redéfinition de l’équilibre international est un moment très dangereux, car les règles générales ne sont pas encore établies. A long terme, une forme de bipolarité se mettra sans doute en place entre les Etats-Unis et la Chine. Mais rien n’est encore joué.

Société-Fin de l’état de paix

Société-Fin de l’état de paix

 

Spécialiste des relations internationales, le journaliste et essayiste américain Fareed Zakaria estime, dans un entretien au « Monde », que l’invasion russe signe la fin de la « pax americana ».

 

 

Fareed Zakaria est l’une des principales figures de la chaîne d’information américaine CNN, où il anime une émission consacrée à l’international. D’origine indienne, il arrive aux Etats-Unis dans les années 1980 et fait sa thèse à Harvard sous la direction de Samuel Huntington. Il débute dans le journalisme à Foreign Affairs dans les années 1990. Il collabore par la suite à Foreign Policy, au Washington Post et à Newsweek.

En 1997, il publie un article dans Foreign Affairs sur les démocraties illibérales, concept qu’il développe par la suite dans L’Avenir de la liberté (Odile Jacob, 2003), livre dans lequel il met en garde contre certains risques inhérents à la démocratie. Auteur de Retour vers le futur (Saint-Simon, 2021), Fareed Zakaria reste l’une des voix les plus influentes en matière de géopolitique aux Etats-Unis.

Nous assistons à la fin de la « pax americana ». Depuis la chute de l’URSS en 1991, les Etats-Unis ont été les garants de l’ordre international, sans que l’on arrive à une pacification totale des relations internationales. Certes, il y a eu la Yougoslavie, l’Irak, la Syrie. Mais la dynamique allait néanmoins dans le sens d’une mondialisation des échanges commerciaux et de la diffusion du modèle démocratique. L’hégémonie américaine était militaire, politique, économique et idéologique.

 

Mais, peu à peu, le mouvement s’est essoufflé. Sur le plan géopolitique, l’Irak a érodé la légitimité des Etats-Unis à exercer un tel pouvoir. La crise économique de 2008 a aussi atteint leur prestige. Et voilà que, pour la première fois, une grande puissance, la Russie, le pays qui dispose du plus grand arsenal nucléaire au monde, défie l’Amérique de manière frontale.

La réplique occidentale à l’agression voulue par le président russe Vladimir Poutine a été tout aussi frontale et a conduit à isoler l’économie russe, à un point où il sera difficile de retourner au statu quo ante. Nous avons quitté l’ancien monde dans lequel l’économie a, pendant trente ans, dominé le politique. Désormais, le politique est prioritaire.

Et la fin de la « pax americana » signifie l’entrée dans un monde multipolaire, où la concurrence entre un grand nombre de nations est constante. Ce qui signifie que le risque de commettre des erreurs est démultiplié, le danger qu’éclate un conflit augmente.

 

La redéfinition de l’équilibre international est un moment très dangereux, car les règles générales ne sont pas encore établies. A long terme, une forme de bipolarité se mettra sans doute en place entre les Etats-Unis et la Chine. Mais rien n’est encore joué.

Fin de l’Etat de paix

Fin de l’Etat de paix

Spécialiste des relations internationales, le journaliste et essayiste américain Fareed Zakaria estime, dans un entretien au « Monde », que l’invasion russe signe la fin de la « pax americana ».

 

 

Fareed Zakaria est l’une des principales figures de la chaîne d’information américaine CNN, où il anime une émission consacrée à l’international. D’origine indienne, il arrive aux Etats-Unis dans les années 1980 et fait sa thèse à Harvard sous la direction de Samuel Huntington. Il débute dans le journalisme à Foreign Affairs dans les années 1990. Il collabore par la suite à Foreign Policy, au Washington Post et à Newsweek.

En 1997, il publie un article dans Foreign Affairs sur les démocraties illibérales, concept qu’il développe par la suite dans L’Avenir de la liberté (Odile Jacob, 2003), livre dans lequel il met en garde contre certains risques inhérents à la démocratie. Auteur de Retour vers le futur (Saint-Simon, 2021), Fareed Zakaria reste l’une des voix les plus influentes en matière de géopolitique aux Etats-Unis.

Nous assistons à la fin de la « pax americana ». Depuis la chute de l’URSS en 1991, les Etats-Unis ont été les garants de l’ordre international, sans que l’on arrive à une pacification totale des relations internationales. Certes, il y a eu la Yougoslavie, l’Irak, la Syrie. Mais la dynamique allait néanmoins dans le sens d’une mondialisation des échanges commerciaux et de la diffusion du modèle démocratique. L’hégémonie américaine était militaire, politique, économique et idéologique.

 

Mais, peu à peu, le mouvement s’est essoufflé. Sur le plan géopolitique, l’Irak a érodé la légitimité des Etats-Unis à exercer un tel pouvoir. La crise économique de 2008 a aussi atteint leur prestige. Et voilà que, pour la première fois, une grande puissance, la Russie, le pays qui dispose du plus grand arsenal nucléaire au monde, défie l’Amérique de manière frontale.

La réplique occidentale à l’agression voulue par le président russe Vladimir Poutine a été tout aussi frontale et a conduit à isoler l’économie russe, à un point où il sera difficile de retourner au statu quo ante. Nous avons quitté l’ancien monde dans lequel l’économie a, pendant trente ans, dominé le politique. Désormais, le politique est prioritaire.

Et la fin de la « pax americana » signifie l’entrée dans un monde multipolaire, où la concurrence entre un grand nombre de nations est constante. Ce qui signifie que le risque de commettre des erreurs est démultiplié, le danger qu’éclate un conflit augmente.

 

La redéfinition de l’équilibre international est un moment très dangereux, car les règles générales ne sont pas encore établies. A long terme, une forme de bipolarité se mettra sans doute en place entre les Etats-Unis et la Chine. Mais rien n’est encore joué.

Pour la paix : tous à Kiev !

Pour la paix  : tous à Kiev !

 

« Que l’ensemble des premiers ministres et des présidents des pays ayant voté pour le cessez-le-feu passent de la parole aux actes et se réunissent à Kiev afin de soutenir [...] l’Ukraine et son président Volodymyr Zelensky, propose Denis Houde. dans le « Monde »[...] Poutine a imposé son invasion et sa guerre. Il est temps d’imposer la paix et la non-violence. »

 

Le 2 mars 2022, 141 pays ont voté pour une résolution afin d’exiger un cessez-le-feu et un retrait des troupes russes d’Ukraine lors de la 11e réunion extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le 15 mars 2022, les premiers ministres de la Pologne, de la Slovénie et de la République tchèque ont tenu à se déplacer à Kiev en signe de soutien à l’Ukraine et à son président.

 

Le 16 mars 2022, la Cour internationale de justice a rendu son ordonnance sur la demande en indication de mesures conservatoires présentée par l’Ukraine en l’affaire relative à des allégations de génocide au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Puis il y a eu Boutcha, Borodianka et combien d’autres atrocités issues de cette invasion.

Pour passer de la parole aux actes, les Nations unies doivent faire respecter ce jugement et que l’ensemble des premiers ministres et des présidents des pays ayant voté pour le cessez-le-feu passent de la parole aux actes et se réunissent à Kiev afin de soutenir concrètement et massivement l’Ukraine et son président Volodymyr Zelensky, comme l’ont fait les premiers ministres polonais, slovène et chèque.

Ce pourrait être une grande conférence et une grande manifestation non-violente afin de promouvoir le cessez-le-feu, la paix et la résolution par la non-violence, conférence présidée par le secrétaire des Nations Unies lui-même. Cette manifestation pourrait justifier une protection exceptionnelle tant que les dirigeants de ces pays y siégeraient. Le ciel ukrainien pourrait être ainsi sécurisé jusqu’au retrait des troupes russes afin de protéger tous ces dignitaires. Il faut se le dire, les Nations Unies joueraient leur crédibilité sur ce coup.

 

Premiers ministres et présidents des pays du monde entier, rester dans vos bureaux, dans vos parlements, dans vos capitales et dans vos pays, c’est jouer le jeu de Poutine. Faire le jeu de la guerre, c’est jouer le jeu de Poutine.

La logique de la non-violence pourrait avoir une fois de plus raison d’une logique de guerre. C’est arrivé en Inde (Gandhi) et dans bon nombre d’ex-pays signataires du Pacte de Varsovie. Ça demande du courage, de l’humilité et une confiance à toute épreuve pour rester solidaire. Poutine a imposé son invasion et sa guerre. Il est temps d’imposer la paix et la non-violence… sans concession.

Denis Houde, Saint-Bruno-de-Montarville (Québec, Canada)

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