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Dmitri Mouratov, Prix Nobel de la paix : journalistes, le contrepoison de la dictature

Dmitri Mouratov, Prix Nobel de la paix :  journalistes, le contrepoison de la dictature

Dans son discours de réception du Nobel de la paix dont il est colauréat avec la journaliste philippine Maria Ressa, le rédacteur en chef du journal russe « Novaïa Gazeta » a dénoncé, vendredi 10 décembre, les dérives autoritaires, les idéologues de la mort et rappelé que le rôle du journaliste est « de grogner et de mordre ». Il reprend les propos d’Andreï Sakharov.

[Dmitri Mouratov, 60 ans, est rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, renommé pour ses enquêtes approfondies sur la corruption, les abus des politiques, les atteintes aux droits humains. Il en fut le fondateur, en 1993, avec une équipe issue, comme lui, de la Komsomolskaïa Pravda, dans le but de créer un média qui soit « une source honnête et indépendante pour les citoyens russes ». Six journalistes de Novaïa Gazeta ont été assassinés. Dmitri Mouratov a reçu de nombreux prix pour la liberté de la presse et a été élevé, en France, en 2010, au rang de chevalier de la Légion d’honneur pour ses engagements. Avec la journaliste philippine Maria Ressa, il a reçu, en 2021, le prix Nobel de la paix qui, pour la première fois de son histoire, récompensait la liberté d’information. Il reprend les propos d’ Andreï Sakharov ( Le Monde)

Document.

Vos Majestés ! Vos Altesses Royales, membres distingués du Comité Nobel et invités de marque !

Le matin du 8 octobre, ma mère m’a appelé. Elle m’a demandé : « Quoi de neuf ? »

– Maman, on nous a attribué le prix Nobel…

– C’est bien. Et quoi d’autre ?

Un instant, maman, je vais tout te raconter.

« Je suis convaincu que la liberté d’opinion, tout comme les autres libertés civiques, est la base du progrès.

Je défends la thèse de l’importance fondamentale des libertés civiques et politiques dans le destin de l’humanité !

Je suis convaincu que la confiance internationale, (…) le désarmement et la sécurité sont impensables sans une société ouverte, sans la liberté de l’information et d’opinion, sans la transparence (…).

La paix, le progrès, les droits de l’homme, ces trois objectifs sont inextricablement liés. »

Ce texte est un extrait du discours du Nobel de l’académicien Andreï Sakharov, citoyen de la Terre et grand penseur. Le discours a été lu ici même, dans cette ville [Oslo], le jeudi 11 décembre 1975, par son épouse, Elena Bonner. Il m’a semblé nécessaire que les paroles de Sakharov résonnent, une seconde fois, ici, dans cette salle mondialement connue.

Pourquoi est-ce si important pour nous tous, et pour moi personnellement ? Le monde n’aime plus la démocratie. Le monde est déçu par les élites dirigeantes. Le monde aspire à la dictature. Une illusion est née que le progrès peut être atteint grâce à la technologie et à la violence plutôt que grâce au respect des libertés et des droits de l’homme. Ce progrès sans la liberté, c’est comme du lait sans la vache… Les dictatures se sont assuré un accès facile à la violence.

 




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