Pacte de responsabilité : « On ne décrète pas la création d’emplois par ordonnance »
Eric Heyer, directeur adjoint du département analyses et prévisions de l’OFCE, était l’invité de RTL Midi, ce mardi 21 janvier. Selon lui, il est impossible de dire quel sera l’impact exact du pacte de responsabilité voulu par François Hollande sur l’emploi. « Ce serait croire que rien ne bouge en économie, explique-t-il. Si la conjoncture décélère ou si le gouvernement prend de nouvelles mesures pour financer cette baisse de charges les conséquences seront différentes pour les entreprises ». Bien qu’il soit impossible de savoir exactement si le pacte de responsabilité va créer de l’emploi, l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) estime toutefois que la baisse de charges peut avoir un impact positif : « Quand vous baissez les charges, vous faites un double cadeau à l’emploi : vous rendez plus attractif le travail par rapport au capital et vous baissez le coût de production donc augmentez la compétitivité », argumente Eric Heyer. Mais la situation économique actuelle est telle que « rien ne dit que cette mesure ait un impact massif (…). Les entreprises ne peuvent pas embaucher car il y a, en France, un sureffectif ». Concrètement, l’OFCE estime que si le chômage correspondait à la réalité économique, il y aurait 250.000 salariés de moins – et donc autant de chômeurs supplémentaires. Le pacte de responsabilité pourrait donc « sauvegarder quelques emplois » avant d’en créer de nouveaux. Même son de cloche chez Sandra Le Grand, vice-présidente de Croissance Plus, une association professionnelle d’entrepreneurs qui fédère les dirigeants d’entreprises en forte croissance. « On ne décrète pas la création d’emplois par ordonnance, estime-t-elle. Il faut d’abord maintenir l’emploi ». Si les entreprises ne demandent qu’à embaucher, Sandra Le Grand rappelle que les avantages que le Président veut accorder aux entreprises sont appréciables mais pas « révolutionnaires » : « J’ai activé le CICE pour mon entreprise, ça ne s’élève qu’à 160.000 euros sur une masse salariale totale de 9 millions d’euros ». Si les carnets de commande sont là, si les entrepreneurs ont confiance, on le fera Sandra Le Grand « Lorsque vous faites des baisses de charges, vous ne savez pas ce que le chef d’entreprise va en faire », rappelle Eric Heyer. Selon lui, les sociétés peuvent en effet choisir de restaurer leurs marges ou assainir leurs finances avant de songer à créer de l’emploi. C’est notamment ce qui était arrivé lorsque la TVA avait été abaissée à 5,5% pour la restauration. L’objectif de création de 40.000 postes n’avait pas été atteint – seuls 10.000 emplois avaient été créés. Comme le rappelle Sandra Le Grand, plus que les baisses de charges, c’est donc de la croissance qu’attendent les entreprises : « Si les carnets de commande sont là, si les entrepreneurs ont confiance, on le fera ».