Budget européen: Hollande prévoit la réduction de la PAC
Hollande a assuré qu’il venait à Bruxelles « chercher un accord » sur ce budget de l’UE pour la période 2014-2020, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’ouvre jeudi pour deux jours à Bruxelles. « Je n’y vais pas pour exprimer d’avance un refus ou espérer un échec », a-t-il ajouté. Il faut « éviter que les coupes budgétaires finissent par mettre en cause la croissance », a plaidé M. Hollande, qui avait déjà obtenu en juin dernier la mise en place d’un pacte de croissance comme pendant du pacte renforçant la discipline budgétaire. Paris défend un budget européen qui permette la préservation des politiques communes, une « politique de cohésion pas seulement pour les pays bénéficiaires mais pour l’ensemble de l’Europe » et surtout la politique agricole commune, dont il est l’un des principaux bénéficiaires. Après un premier sommet en novembre qui s’était soldé par un échec, les Européens continuent de se déchirer entre partisans d’une politique privilégiant croissance et solidarité, comme la France, et partisans de coupes franches dans les dépenses, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les pays nordiques et le Pays-Bas. »Mon devoir c’est de chercher un compromis », a promis le président français. A ceux qui estiment qu’il est « difficile, voire impossible » en raison de la position intransigeante du Premier ministre britannique David Cameron, M. Hollande a lancé: « Pourquoi un pays pourrait-il décider à la place des 26 autres »? Il a reconnu que la Politique agricole commune (PAC), dont la France est le principal bénéficiaire, allait « voir ses crédits diminuer par rapport aux propositions de la Commission européenne ». « Cela engendrera nécessairement des restructurations difficiles dans un secteur essentiel pour nos territoires », a-t-il souligné. Le chef de l’Etat français doit retrouver mercredi soir la chancelière allemande Angela Merkel, pour tenter de rapprocher leurs vues avant le sommet. En cas de nouvel échec, les Européens devraient se contenter d’un budget annualisé et plusieurs pays, dont l’Allemagne, se verraient privés de leur rabais. Londres en revanche pourrait garder le sien, obtenu en 1984 et inscrit dans les traités. Plus généralement, le président français a estimé que « l’intérêt national est en train de prendre le pas sur l’intérêt européen ». « Ce qui nous menace n’est plus la défiance des marchés, mais c’est celle des peuples », a-t-il lancé. « L’Europe ne peut pas être une addition de nations, chacune venant chercher dans l’Union ce qui lui serait utile pour elle et elle seule ». Trois jours après son déplacement au Mali, où il a été accueilli en « libérateur », le chef de l’Etat a été salué pour son engagement dans le pays. Présent dans l’hémicycle, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso est intervenu pour lui rendre « hommage ». Paris est engagée militairement depuis trois semaines dans le pays, mais avec un soutien européen qui était jugé timide par nombre d’observateurs. »C’était notre responsabilité. Nous pouvions apporter immédiatement l’aide que le président malien attendait de nous. Décision prise aussi au nom de l’Europe, de la Communauté internationale ». Il attend désormais que l’Europe se mobiliser « pour participer au développement du Sahel », a justifié le président français.