- « La liberté est un droit fragile et une restriction, même temporaire pour une question sanitaire, ne saurait être prise à la légère », affirme la députée LREM de la Loire Valéria Faure-Muntian après l’adoption, dans la nuit de jeudi à vendredi, en première lecture du projet de loi sanitaire (dans l’Opinion, extrait)
Tribune
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- Comme des millions de mes concitoyens, j’ai suivi l’allocution du Président de la République lundi 12 juillet.
- Oui, la couverture vaccinale est l’une des solutions pour que la vie continue.
- Oui, la découverte rapide et le déploiement de plusieurs vaccins sont des prouesses techniques, scientifiques et logistiques remarquables.
- Oui, les mesures qui ont été prises depuis un an ont été nécessaires, car la vie n’a pas de prix.
- Oui, les analogies historiques plus que douteuses entre les heures sombres de notre histoire et notre période contemporaine sont intolérables.
- Mais non, je ne peux pas en tant que progressiste et libérale, européenne convaincue et viscéralement attachée aux valeurs qui m’ont accueilli, celles de la République, accepter que l’on étende pour les actes les plus anodins de notre quotidien la présentation d’un pass sanitaire. Je ne souhaite pas que l’on rende obligatoire, de fait, la vaccination, que les forces de l’ordre viennent contrôler l’isolement au domicile des personnes positives à la Covid-19, que l’on limite l’accès à un lieu public en fonction de nos données de santé. Je m’inquiète que la majorité, à laquelle j’assume d’appartenir, se soit éloignée, d’après moi, de son identité originelle, sans même évoquer ici la faisabilité pratique de toutes les nouvelles mesures dans le nouveau projet de loi relatif à l’adaptation de nos outils de gestion de la crise sanitaire.
- Vie normale. En effet, outre le débat démocratique expéditif sur ces nouvelles mesures, je ne peux que m’interroger et faire preuve de vigilance sur les risques de discrimination des non-vaccinés, sur les menaces de stigmatisation des non-vaccinés et en particulier des mineurs, et sur l’accroissement de la fracture sociale et numérique, puisque l’on constate que ce sont les plus précaires et éloignés du numérique qui sont les moins vaccinés.
- Dès lors que tout un pan de nos libertés et de notre égalité est ballotté par la circulation du virus, je ne peux admettre que de devoir présenter son pass sanitaire pour la moindre chose soit un retour à la vie normale.
- Non, je ne déroge pas au projet présidentiel. Au contraire, je souhaite demeurer fidèle au sel du macronisme, aux valeurs qui m’ont amené à m’engager dans la vie publique depuis 2017, celles des libertés publiques et fondamentales, celles de la réconciliation de l’ensemble de nos concitoyens, celles de permettre à toutes et tous de se réaliser de manière autonome, de briser les inégalités de destin et les assignations sociales.
- Le risque de créer un précédent est trop grand. La crainte d’un pas de côté vers des inégalités de traitement et d’accès aux droits en fonction de la couverture vaccinale est trop forte
- De la fin de vie à la transmission du patrimoine, en passant par la vaccination, j’ai toujours et je continuerai de respecter au plus haut point l’autodétermination et le choix émancipé de mes citoyens.
- Notre histoire en est témoin et l’actualité internationale nous le montre au quotidien, la liberté est un droit fragile et une restriction, même temporaire pour une question sanitaire, ne saurait être prise à la légère, tant dans le bouleversement que cela engendrerait dans nos relations humaines, que pour le rôle que tient la France dans le monde.
- La bataille contre l’épidémie est aussi une bataille géopolitique. Les démocraties doivent endiguer l’épidémie en respectant leurs valeurs et leur état de droit. L’exercice par chacun de la liberté, condition essentielle au respect des valeurs de la République et au fonctionnement démocratique de notre Nation, n’a pas de prix. Le risque de créer un précédent est trop grand. La crainte d’un pas de côté vers des inégalités de traitement et d’accès aux droits en fonction de la couverture vaccinale est trop forte.
- De surcroît, après plus d’un an de crise sanitaire, les Françaises et les Français sont épuisés, ils ont fait preuve d’immenses efforts. Ils disposent de suffisamment de moyens et d’informations pour agir en responsabilité et adopter des comportements réduisant la circulation du virus.
- Les libertés fondamentales sont immuables, elles sont inscrites dans le préambule de notre constitution. En tant qu’élue c’est ma boussole.
- Valéria Faure-Muntian est députée LREM de la Loire.