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Ouïgours: 1 million emprisonnés par la Chine

 

 Ouïgours: 1 million emprisonnés

 

Un collectif international d’une trentaine de chercheurs, dont les travaux ont permis de révéler l’ampleur des crimes commis contre la minorité ouïgoure, déplore, dans une tribune au « Monde », que Michelle Bachelet, Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, s’est abstenue de condamner cette politique lors de sa visite en Chine.

 

Au printemps 2017, dans ce que la Chine appelle la « région autonome ouïgoure du Xinjiang », des centaines de milliers de Ouïgours et autres populations indigènes ont commencé à disparaître sans bruit, en prison et en camp d’internement. A la fin de 2017, il est devenu évident pour la communauté internationale des chercheurs travaillant sur la région qu’une ingénierie opaque était en cours ; ils ont par conséquent, en 2018, exhorté l’ONU à établir une enquête. Cela fait désormais quatre ans que le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR) est attendu. Pendant ces quatre années, les chercheurs ont mené des études rigoureuses sur les politiques chinoises dans la région et ont permis de révéler des crimes contre l’humanité à une échelle qui dépasse largement le programme d’internement massif.

Si nous sommes reconnaissants à l’OHCHR, sous l’administration de Michelle Bachelet, d’avoir consulté certains membres de notre communauté d’experts académiques avant sa visite en Chine, nous restons néanmoins très inquiets de sa déclaration officielle du 28 mai, qui ignore les conclusions présentées par les chercheurs (dont deux de nos signataires) à son équipe, et va même à l’encontre de ces conclusions.

Il est pourtant rare que le monde académique arrive à un tel niveau de consensus. Bien que les raisons pour lesquelles Pékin commet des atrocités dans la région restent sujettes à débat, nous sommes unanimes dans notre compréhension des faits et des opérations menées sur place par le gouvernement chinois. Ce consensus exceptionnel est le résultat d’une quantité saisissante de preuves que l’Etat chinois lui-même nous a fournies à travers sa propre documentation, dont une partie a fait l’objet de fuites, mais dont la majorité est tout simplement disponible publiquement sur l’Internet chinois. Ces preuves, complétées par des témoignages de rescapés et des images satellites, nous offrent un tableau précis de ce qui peut raisonnablement être nommé un agenda génocidaire.

Les rapports montrent clairement que Pékin a enfermé de façon arbitraire et sous différentes formes extralégales au moins un million de personnes, non seulement dans des camps d’internement, mais aussi dans des centres de détention et des prisons. Si une partie des camps d’internement et d’endoctrinement ont été fermés récemment, il n’y a aucune preuve que ce système soit totalement dissous. Plus important encore, une part non négligeable des internés de ces camps désormais fermés a été transférée vers des prisons officielles, après des simulacres de procès, tandis que d’autres ont été placés dans des programmes de travail forcé. Torture, viols et autres mauvais traitements sont endémiques dans les prisons, centres de détention et camps.

Huawei, l’outil chinois réprimer les Ouïgours

Huawei,  l’outil chinois  réprimer les Ouïgours 

La région du Xinjiang, où Pékin réprime cette communauté turcophone, est utilisée comme un laboratoire de l’Etat policier du XXIe siècle avec la collaboration de l’entreprise chinoise de télécommunication, dénonce l’anthropologue et sinologue Adrian Zenz, dans une tribune au « Monde ».

Pour avoir outrepassé les cent vingt secondes autorisées lors de son passage aux toilettes, Gulzira Auelhan reçoit des électrochocs à la tête. Oui, à la tête, car, selon ses gardiens, ces chocs laisseraient plus de traces sur d’autres parties de son corps. L’histoire horrifiante de Mme Auelhan ne remonte pas à la terrible époque de la Révolution culturelle mais date bien de 2018, il y a à peine trois ans. Gulzira est une femme kazakhe du Xinjiang, cette région du nord-ouest de la Chine où près d’1,8 millions de personnes de minorités turcophones et à majorité musulmanes (principalement des Ouïgours) sont internées dans des camps de rééducation.

Le Xinjiang est le laboratoire sans précédent de la répression chinoise. Cette expérimentation à grande échelle est, entre autres, rendue possible par Huawei.

Par deux fois, l’entreprise de télécommunication a nié et démenti toute collaboration et participation à la répression du Xinjiang. La première fois, John Suffolk, responsable mondial de la cybersécurité et de la protection de la vie privée chez Huawei, expliquait que l’entreprise n’entretenait que des relations commerciales et que les autorités de sécurité de l’Etat chinois n’étaient pas des clients directs. La seconde, le vice-président de Huawei au Canada déclarait : « Nous vendons notre technologie au monde entier. Nous n’avons pas connaissance de l’usage de nos clients. »

Les preuves sont pourtant indéniables : à deux reprises donc, Huawei a ouvertement menti. De nouveaux documents permettent d’en attester.

En 2014, le président Xi Jinping a proclamé une « guerre contre le terrorisme » dans le Xinjiang. La même année a débuté la mise en place d’un état de surveillance numérique généralisée, dans laquelle Huawei a joué un rôle crucial. Et l’entreprise a reçu une récompense bien particulière de la part du chef du ministère de la sécurité publique du Xinjiang : la fourniture des systèmes de surveillance de villes entières lui était confiée. Déjà, à l’époque, toutes les données des réseaux urbains de caméras de surveillance pouvaient être stockées dans le cloud grâce aux technologies de Huawei.

Parmi ces villes sous surveillance figurait déjà Kashgar, berceau de la culture ouïgoure où plus de 90 % des habitants sont issus de ce peuple turcophone. En août 2017, au point culminant de la campagne d’internement des ces musulmans chinois, un représentant du gouvernement de la ville décrivait la collaboration des autorités avec Huawei comme « très étroite ». Une coopération qui s’étend à plusieurs domaines et sous la forme, entre autres, d’un partenariat avec les forces de police. Un ancien ingénieur de Huawei revendique souvent dans son CV son rôle, au nom de l’entreprise, entre juillet 2017 et septembre 2018, dans un « projet de vidéosurveillance policière ».

Ouïgours : le scandaleux accord entre la Chine et la Turquie

Ouïgours : le scandaleux accord entre la Chine et la Turquie

La Chine a annoncé samedi 26 décembre la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie : un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïgours soupçonnés de « terrorisme » et réfugiés en Turquie.

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes – ouïgoures notamment – dans des « camps ». Pékin parle de « centres de formation professionnelle », destinés à aider la population à trouver un emploi et, ainsi, à l’éloigner de l’extrémisme. S’estimant victimes de persécution, de nombreux Ouïgours ont fui en Turquie.

 « Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a ratifié » le « traité d’extradition » sino-turc, a annoncé dans un court communiqué le parlement chinois.

Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C’est notamment le cas si l’Etat auquel est soumise la demande d’extradition l’estime liée à un « crime politique », si la personne visée est l’un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d’asile.

« Ce traité d’extradition va provoquer la panique parmi les Ouïgours ayant fui la Chine et n’ayant pas encore la citoyenneté turque », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïgour, organisation d’exilés siégeant en Allemagne. « Nous appelons le gouvernement turc […] à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution », a-t-il ajouté, assurant que Pékin exerçait une pression économique sur la Turquie afin qu’elle ratifie le traité.

 

Ouïgours :  » les colères sélectives de certains pays musulmans « 

Ouïgours : «  les colères sélectives de certains pays musulmans « 

La sociologue Dilnur Reyhan dénonce, dans une tribune au « Monde », la colère sélective de certains pays musulmans qui appellent à boycotter les produits français après l’affaire des caricatures, mais restent silencieux quant au sort réservé aux

Tribune.

Ces dernières semaines, dans certains pays musulmans, on a pu voir des mouvements de boycott des produits français. La raison de cette grande mobilisation est liée à l’affaire des caricatures du Prophète qui ont été republiées en France après la mort de Samuel Paty, décapité par un terroriste au nom de l’islam, mais aussi aux propos d’Emmanuel Macron promettant de pas « renoncer » aux caricatures. En tant que musulmane, je trouve que la réaction de la grande majorité des musulmans français est digne, car ces derniers condamnent sévèrement cette barbarie et demandent de ne pas lier ce terroriste à l’islam. Etant moi-même musulmane et humaniste de gauche, je vis très mal l’ambiance de haine et les déclarations à tout-va dans les médias incriminant l’ensemble des musulmans juste parce que le terroriste se réclame de notre religion.

Mais les réactions en dehors de France, dans les pays musulmans, sont surprenantes d’hypocrisie. En tant qu’Ouïgoure, membre d’un peuple majoritairement musulman victime d’un génocide mené par la Chine depuis quatre ans dans l’indifférence totale du monde, et notamment des pays musulmans, je n’ai pu m’empêcher de m’étonner de cette « colère » sélective.

Si la Chine continue de construire et d’agrandir impunément ses camps de concentration pour musulmans malgré toutes les pressions internationales, c’est surtout grâce au soutien sans faille de ses amis musulmans : n’oublions pas la liste de la honte de 50 pays, dont la moitié sont musulmans, qui ont soutenu la politique génocidaire de la Chine tandis que 23 autres, majoritairement occidentaux, la condamnaient et demandaient la fermeture des camps de concentration destinés aux millions de musulmans turciques.

En Turquie, par exemple, qui compte la plus grande diaspora ouïgoure hors d’Asie centrale, la société civile a toujours soutenu la cause de mon peuple. Malgré ce soutien fort et la pression populaire, le pays a signé, en 2017, un accord avec la Chine qui autorise l’extradition des Ouïgours de nationalité chinoise. Ainsi, en août 2019, une jeune mère a-t-elle été déportée avec ses deux enfants via le Tadjikistan.

En 2020, des étudiants ouïgours ont essayé de manifester silencieusement à Istanbul en portant des tee-shirts sur lesquels étaient imprimées des photos de leurs parents enfermés dans les camps chinois. La police turque les a obligés à les retourner et fait effacer les captations photos et vidéos prises lors de l’événement. Quelque temps plus tard, lorsque des Ouïgours ont organisé une conférence de presse à Ankara, les témoins venus d’Istanbul se sont vus contraints par la police à faire demi-tour.

L’hypocrisie des islamistes vis-à-vis des Ouïgours

L’hypocrisie des islamistes vis-à-vis des Ouïgours

Alors que la Chine développe une terrible répression des musulmans ouïgours, que près d’un million de cette population est condamnée à la prison ou au travail forcé, les Etats islamiques restent muets sans doute pour ne pas contrarier la Chine. Il préfère mettre en cause la pseudo oppression que subirait la religion musulmane en Europe qui est pourtant autorisée comme les autres.

Cela démontre à l’évidence le caractère politique des Etats musulmans autoritaires davantage préoccupés par des considérations politiciennes que par les problèmes de liberté de culte. En attaquant la France, ces pays se posent en défenseurs de l’islam. Appel au boycott des produits français par le président turc Recep Tayyip Erdoganattaques du Premier ministre pakistanais Imran Khan ainsi que d’officiels iraniens, jordaniens, koweïtiens, qataris ou marocains, drapeaux tricolores brûlés, manifestations ou menaces en Palestine, en Syrie, au Liban ou en Irak.  

À la suite de la décapitation du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty le 16 octobre, la défense de la laïcité par Emmanuel Macron et la republication des caricatures de Charlie Hebdo ont suscité une véritable sainte alliance contre le rappel à France mais le silence vis-à-vis du million de  ouïgours victimes de la terrible répression chinoise.

Répression et désinformation vis-à-vis des ouïgours

Répression et désinformation vis-à-vis des ouïgours

Internements massifs, travail forcé, stérilisations contraintes : la répression du régime chinois contre cette minorité musulmane turcophone continue malgré le déni des autorités, relève Vanessa Frangville, spécialiste de la Chine, dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Interrogé sur la question ouïgoure lors de son passage éclair en Europe, fin août, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, avait noyé le poisson sous un flot de statistiques énigmatiques. Pékin persiste à pratiquer la désinformation sur le sujet, depuis que l’ONU a rendu public, en août 2018, un rapport accablant sur la situation de la région du Xinjiang, aux confins de la Chine et de l’Asie centrale. Plus de deux ans déjà, donc, que les preuves s’accumulent, que les témoignages circulent et que les analyses se succèdent.

Tous les rapports d’experts, sans exception, concluent à la mise en place d’une société de surveillance panoptique, à l’arrestation massive et arbitraire des élites intellectuelles et économiques et à l’envoi forcé dans des camps de détention et de travail de millions de Ouïgours. Rompus à une rhétorique fabriquée autour de contre-vérités et de poncifs, les dirigeants chinois vantent au monde leur modèle de « lutte antiterroriste », tout en rappelant avec agressivité qu’il s’agit d’« affaires internes à la Chine ».

 

Ces mesures de répression révèlent avant tout l’échec de l’Etat chinois à intégrer ses périphéries. Wang Yi a affirmé lors de son passage à Paris que la population des Ouïgours avait doublé en soixante-dix ans. Il omet de rappeler que ceux-ci représentent désormais à peine 40 % de la population de la région contre 80 % en 1949. Des migrations massives vers la région de colons, d’abord militaires puis civils, ont été orchestrées par l’Etat, avec pour résultat des discriminations à l’emploi pour les jeunes diplômés ouïgours et une appropriation des ressources par les migrants souvent sous-qualifiés et peu enclins à changer leurs modes de vie sur ces nouvelles terres considérées comme acquises. 

Selon Wang Yi, la politique de planification familiale ne s’appliquerait pas aux Ouïgours. En fait, les autorités locales ont investi en 2019 plus de 13 millions d’euros dans la prévention des grossesses. Les Ouïgours n’ont jamais été exclus des politiques de réduction des naissances, même si les urbains n’ont été que tardivement contraints à la politique de l’enfant unique (non applicable au monde rural chinois de toute façon). De nombreuses Ouïgoures ont, en outre, témoigné de stérilisations et d’avortement forcés depuis des années.

Pékin affirme que l’objectif des camps d’internement est la prévention du radicalisme religieux par l’éducation et l’intégration par le travail. Un projet « éducatif » qui puise dans un budget de sécurité augmenté de 90 % dans la région en 2018… La majorité des cas de disparus témoigne d’une autre réalité : sont visés des professeurs d’université, des fonctionnaires de tous niveaux – souvent membres du Parti –, des commerçants, des médecins, des écrivains ou des artistes.




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