Urgence écologique oui, dictature verte non
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D’après un sondage de l’IFOP demandé par la Tribune, 83% des Franciliens se disent inquiets du réchauffement climatique et révèlent une conscience forte de la nécessité de s’y adapter. Ce chiffre qui correspond à la moyenne nationale est plus particulièrement élevé chez les moins de 25 ans, la génération Climat dont 43% sont affectés par le phénomène de l’éco-anxiété.
77% des Franciliens considèrent en novembre 2022 que ces pollutions augmentent (40% beaucoup, en particulier dans Paris intra muros, signe d’une inefficacité, au moins dans les quartiers périphériques et de délestage, du plan de circulation de la Mairie de Paris).
Selon l’IFOP, un sentiment de fatalisme règne chez les Franciliens selon qui le réchauffement climatique est un phénomène qui s’accélère (91%), selon qui les élus locaux devraient agir davantage et avec plus d’efficacité (86%).
73% des Franciliens considèrent que l’Etat demande trop d’effort aux plus pauvres et pas assez aux plus riches. Les deux tiers sont résignés à un changement climatique jugé inéluctable pour lequel il n’y a pas de solution (58%). Assez inquiétant, on trouve 36% des Franciliens climato-sceptiques selon qui le phénomène est exagéré par les médias.
Fracture sociale et fracture écologique vont de pair : 51% des Franciliens ont aussi le sentiment de « faire plus d’efforts que les autres » : un sentiment majoritaire chez les Parisiens, les écologistes, les jeunes et… les plus modestes et les pauvres, ainsi que chez les convertis, de gré ou de force, à la petite reine…
Côté solutions, l’IFOP mesure un degré d’acceptation plus fort de l’idée que fin du monde et fin du mois sont compatibles, pour 60% des sondés, seuls 23% jugeant que la priorité doit être donnée au pouvoir d’achat sur la transition écologique. Reste à voir si cela demeurera vrai en début d’année avec la probable poussée des prix de l’alimentation et de l’énergie.
Les mesures prioritaires à mettre en place sont en numéro 1 la rénovation thermique des bâtiments, une urgence alors que 39% des émissions proviennent de cette source et que les règles de diagnostic énergétique vont mettre la pression sur les travaux, encore très en retard. En 2, l’accélération de la transition écologique de l’industrie, en 3 le développement accru des espaces verts, la végétalisation pour lutter contre les îlots de chaleur en ville. La réduction de l’usage des véhicules thermiques et le passage à la motorisation électrique n’est cité qu’en numéro 4 tout comme la limitation de l’usage de l’avion. Le bio, sans doute un effet de la baisse du pouvoir d’achat, ne vient qu’en 6ème position alors que les ventes s’effondrent.
Les Franciliens, qui vivent à la fois des embouteillages et des retards du RER, plébiscitent évidemment le développement du rail en alternative à la route autant que possible. 90% jugent que c’est la priorité des années à venir. En deuxième position, 85% privilégient le recul du recours aux pesticides d’ici à 2030, 83% le doublement du parc d’énergies renouvelables. Pour rendre juste et efficace la transition écologique, les Franciliens attendent aussi plus d’aides de l’Etat pour que les ménages les plus précaires rénovent leur logement (78%), 62% que les propriétaires soient contraints de le faire avant une vente et 61% sont pour la limitation de l’accès des véhicules les plus polluants en ville. Seuls 55%, une courte majorité, veulent que les trajets en avion soient plus taxés. Moins de la moitié, 47% sont favorables à l’interdiction de la vente des véhicules diesel, essence et hybrides neufs en 2035, comme le propose l’Union européenne. Il y a donc du travail de conviction à faire, relève François Legrand de l’IFOP, en particulier sur les aides pour le passage aux motorisations électriques.
Les Franciliens font confiance aux entreprises notamment aux plus grandes pour faire avancer les choses en matière de lutte contre le réchauffement, à 86%, presque à égalité avec l’Etat et l’UE (85% et 83%). Les citoyens eux même, la métropole du Grand Paris sont mis en avant alors que la Ville de Paris n’intervient qu’en dernière position à 74%.
74% des Franciliens pensent que l’utilisation moindre de la voiture individuelle en Île-de-France est une bonne chose mais attention au retour des Gilets Jaunes, car un quart, les plus modestes, sont opposés .
L’adhésion à court terme à l’interdiction des véhicules diesel de l’aire urbaine francilienne via la mise en œuvre des amendes dans la ZFE divise les Franciliens. Seuls 17% sont très favorables, 38% favorables et 45% sont opposés, dont 18% sont irréductiblement contre. Là encore, les irréductibles de la voiture des départements les plus ruraux sont très opposés ainsi que les seniors et les retraités.Conclusion urgence écologique oui, la dictature verte non.