Investissements en Allemagne : 3 milliards, 8 milliards ou 75 milliards ?
Il est clair que le fameux plan d’investissement allemand est une illusion uniquement pour répondre à la demande française de relance européenne. En fait un plan de 10 milliards et sur trois ans, soit environ 3 milliards par an. Une goutte d’eau considèrent certains experts allemands qui vont jusqu’à chiffrer à 75 milliards par an effort que peut fournir l’Allemagne pour soutenir la croissance qui en a bien besoin en Europe mais en Allemagne aussi. Le gouvernement français n’est, en effet, plus le seul à le dire: de plus en plus d’Allemands considèrent que leur pays n’investit pas assez. C’est même l’un des économistes les plus réputés, le responsable de l’un des quatre instituts de conjoncture allemands, qui a levé le tabou. Pour lui, Berlin devrait investir 75 milliards d’euros supplémentaires par an plutôt que de se raccrocher à tout prix à l’équilibre budgétaire, « un objectif de prestige ». Depuis, beaucoup d’autres institutions se sont engouffrées dans la brèche. L’investissement doit être un combat prioritaire, affirme ainsi la plus grosse organisation syndicale du pays. Même discours enfin du côté de la fédération allemande du bâtiment qui exhorte, elle aussi, le gouvernement à relancer la croissance par l’investissement. En clair, la polémique est en train d’enfler au sein même de l’Allemagne. Une polémique sur laquelle le gouvernement français compte bien s’appuyer pour faire bouger les lignes. La semaine dernière, le rapport très commenté de deux économistes, le Français Jean Pisany-Ferry et l’Allemand Henrik Enderlein enjoignait déjà l’Allemagne à éviter le « contentement excessif », et de cesser de « procrastiner » face à de « sérieux défis de long terme ». « L’Allemagne ne prépare pas du tout son avenir« , déclarait même Jean Pisany-Ferry sur BFM Business. Pour y remédier, le rapport préconise que la première puissance économique européenne investisse 24 milliards d’euros supplémentaires dans les trois ans qui viennent. Le 6 novembre dernier, Wolfgang Schaüble, le ministre des Finances allemand, avait pourtant annoncé une rallonge de 10 milliards d’euros d’investissements publics jusqu’en 2018, espérant ainsi favoriser un effet de levier permettant quelque 50 milliards d’investissements privés. Paris, de son côté, ne l’entend pas de cette oreille, et plaide pour un vrai geste de son principal partenaire.