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Orthographe, le niveau baisse depuis un siècle !

Orthographe, le niveau baisse depuis un siècle !

par
Nadir Altinok
Maître de conférences, IUT de Metz, UMR BETA, Université de Lorraine

Claude Diebolt
Directeur de Recherche au CNRS, UMR BETA, Université de Strasbourg
dans The Conversation

En orthographe, les élèves d’aujourd’hui seraient-ils moins performants que leurs aînés ? Oui, répondent les rapports qui se succèdent sur la question. Selon une enquête de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), publiée fin 2022 par le ministère de l’Éducation, les élèves de CM2 feraient environ neuf fautes d’orthographe de plus que ceux de 1987, soit une hausse de 81,3 % sur un intervalle de 35 ans. Ce constat suscite souvent des cris d’orfraie sur l’état de l’école et le niveau scolaire des nouvelles générations.

Mais, quelle est la portée de ce diagnostic ? Que nous dit-il des apprentissages, des savoirs et des compétences des élèves de manière plus globale ? L’augmentation du nombre de fautes d’orthographe a-t-elle une réelle incidence sur les capacités de lecture et de compréhension des textes ?

Au-delà des enquêtes centrées sur la France permettant de mesurer les évolutions en orthographe, les évaluations internationales comme PISA (Programme for International Student Assessment) nous aident à mieux situer ces enjeux dans un contexte où les programmes scolaires eux-mêmes se sont étoffés sur le long terme.

En effet, inscrites dans le temps, les inquiétudes concernant l’orthographe ne sont pas inédites. Dès 1996, une étude prémonitoire compare le niveau de français des élèves sur le temps long. Elle mobilise une enquête réalisée dans les années 1920 auprès d’élèves ayant participé à l’examen du certificat d’études primaires (CEP) de 1923 à 1925.

En répliquant cette expérience historique, les auteurs du rapport ont mis en avant une baisse du niveau en orthographe au long du XXe siècle. Soumis aux mêmes dictées, les élèves de collège de 1996 ont commis, en moyenne, environ 2,5 fois plus de fautes que ceux des années 1920. Alors que, dans les années 1920, près d’un quart des élèves faisaient 0 ou 1 faute d’orthographe, cela ne concerne plus que 5 % des élèves en 1996.

On observe clairement une hausse des fautes d’orthographe de 81,3 % entre 1987 et 2021.

Une autre analyse de l’évolution du niveau en orthographe confirme ces données en comparant les fautes d’orthographe des jeunes élèves en 1873, 1987 et 2005. L’étude utilise une dictée basée sur un court texte de Fénelon et montre que le nombre de fautes des élèves de CM2 double sur la période 1873-2005 .

Pourtant, si le rapport Thélot de 1996 cité plus haut étaye par des éléments concrets la baisse du niveau en orthographe, il invite aussi à nuancer cette tendance. En effet, si les élèves font davantage de fautes, leur niveau en vocabulaire et en compréhension de texte est équivalent à celui des élèves des années 1920, précise-t-il. Qui plus est, à tort ou à raison, les élèves d’aujourd’hui ne sont plus vraiment soumis avec intensité au rituel de la dictée.

Il apparaît également, en toute logique, que les élèves des années 1920 devaient intégrer moins de contenus d’enseignement que ceux d’aujourd’hui. En d’autres termes, l’étendue des connaissances transmises en français, mais aussi en mathématiques par exemple, nous invite à ne pas déconsidérer les compétences de la nouvelle génération, bien au contraire. Dès lors, il n’est sans doute pas déraisonnable de se demander si les formats actuels d’évaluation, en orthographe notamment, sont propres à les mesurer efficacement.

Les évaluations internationales sur la lecture, PISA (Programme for International Student Assessment) et PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study) éclairent sous un autre angle la complexité de la situation. En effet, contrairement à une dictée classique, PISA n’est pas un test de connaissances, mais une évaluation des compétences des jeunes de 15 ans, PIRLS se focalisant les jeunes de CM1. Leur objectif est d’estimer leur capacité à analyser un texte et à produire des inférences (c’est-à-dire à combiner des informations pour comprendre ce qui n’est pas dit explicitement dans le texte), et non de juger s’ils maîtrisent les règles d’orthographe ou de grammaire.

De ce point de vue, la France présente un retard vis-à-vis des autres pays riches. En primaire, le niveau en lecture des élèves français se situe dans le groupe des pays les moins performants en 2016. Le Danemark ou l’Italie affichent des scores qui avoisinent les 550 points, lorsque la France aboutit à une performance moindre avec 511 points. Transformé en équivalents d’années d’apprentissage, cet écart équivaut à un peu plus d’une année d’acquis scolaires. Au collège, les élèves français affichent également une performance au-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE avec 493 points, alors que des pays comme la Finlande ont un score de 520 points.

Ces résultats ne permettent toutefois pas d’apprécier les tendances de long terme. Aussi, forts de nos travaux précédents, nous effectuons des analyses complémentaires dans le but d’obtenir des données comparables sur la performance en lecture des élèves français entre 1970 et 2020.

Nos résultats soulignent que, depuis 1970, le niveau des élèves français progresse en lecture et en mathématiques malgré une tendance à la baisse sur les vingt dernières années. En comparant les évolutions respectives de la performance en orthographe et en lecture aux deux niveaux scolaires entre 1985 et 2021, les résultats montrent également l’absence d’une relation entre la chute du niveau en orthographe et le niveau général des élèves : alors que la part des élèves faisant moins de 10 fautes à la dictée passe de près de 60 % à moins de 25 % sur cette période, la performance des élèves en lecture augmente de 1 % en primaire et de 8 % au niveau secondaire.

Mais pourquoi, finalement, évalue-t-on davantage l’orthographe que la capacité rédactionnelle ou la posture réflexive des élèves ? Comme le soulignaient en 2007 Danièle Manesse et Danièle Cogis, la maîtrise de l’orthographe est perçue comme un, si ce n’est « le » préalable à la réussite des élèves.

En extension, la baisse du niveau en orthographe se traduit-elle par une moindre performance de la France vis-à-vis d’autres pays ? Notre base de données montre que la position française en lecture et en mathématiques est en retrait des autres pays de l’OCDE. Alors que la plupart des pays ont une performance proche de 540 points en lecture, la France ne parvient à obtenir que 500 points. La situation n’est guère meilleure en mathématiques où le retard français apparaît même de manière plus aggravée.

Le niveau en orthographe des élèves français diminue depuis maintenant un siècle au moins. Par-delà l’orthographe, c’est l’augmentation des fautes de grammaire qui semble poser un problème majeur. En effet, ces erreurs laissent supposer un manque de rigueur, un défaut de logique et donc un moindre niveau de compétence en lecture et en mathématiques. La baisse observée en orthographe peut ainsi suggérer une baisse plus généralisée des compétences en primaire et dans le secondaire. Quoi qu’il en soit, elle ne devrait pas laisser de marbre, au seul titre que la langue française serait plus complexe que d’autres langues, comme l’anglais par exemple, et donc plus sujette aux fautes d’orthographe.

En définitive, ces résultats s’apparentent à des signaux d’alerte sur l’état de la transmission des connaissances, à l’heure où tous les pays tentent de renforcer les savoirs et savoir-faire de leur population, décisifs pour leur avenir économique.

Orthographe : des problèmes dans 75 % des entreprises

Orthographe : des problèmes dans 75 % des entreprises

La crise de l’enseignement se répercute maintenant logiquement dans les entreprises qui sont victimes de l’écroulement du niveau scolaire en particulier en orthographe d’après une info d’Europe 1. Selon un sondage Ipsos pour la Fondation Voltaire, trois entreprises françaises sur quatre estiment être confrontées à un problème d’orthographe de leurs employés. Des difficultés d’expression écrite et/ou orale qui nuisent à l’image de ces entreprises, selon Mélanie Viennot, présidente de la Fondation.

Un mot mal orthographié sur le CV, une mauvaise concordance des temps à l’oral, une erreur de vocabulaire au cours d’un entretien… Les fautes d’orthographe sont de plus en plus rédhibitoires pour les employeurs. Et pour cause, selon un sondage Ipsos pour la Fondation Voltaire, 75% des entreprises françaises se retrouvent confrontées à un problème d’orthographe de leurs employés. Un problème lors du recrutement, qui va aussi au-delà.

Car selon la gravité de la faute d’orthographe, cela peut nuire à la crédibilité du salarié, mais également de l’entreprise, explique au micro d’Europe 1, Mélanie Viennot, présidente de la Fondation Voltaire qui a commandé ce sondage. « Aujourd’hui, on écrit beaucoup plus du fait du télétravail, du fait de l’évolution des fonctions, que ce soit sur des postes de techniciens, de commerciaux, de managers, d’encadrants… Tous ces postes sont concernés », précise-t-elle. « Quelqu’un qui fait des fautes, a tendance à apparaître comme moins compétent, moins intelligent, alors que ce n’est pas du tout le cas ». Reste que pour les employeurs, cela pose un véritable problème d’image : « Quelqu’un qui s’exprime mal, qui fait des fautes, nuit à l’image de toute son entreprise. »

Un phénomène accentué par le coronavirus

D’autant que l’arrivée du télétravail dans le sillon du coronavirus a accentué ce phénomène, même à l’oral. Car avec moins de temps informel et plus de réunions, il faut être percutant, plus succinct et maîtriser son expression. D’ailleurs, neuf employeurs sur dix estiment que la qualité de l’expression orale est désormais plus nécessaire qu’avant la crise.

Réhabilitation de l’orthographe dans les entreprises (Pascal Hostachy)

Réhabilitation de l’orthographe dans les entreprises (Pascal Hostachy)

 

 

Si les collégiens ne maîtrisent que 27% des règles de base de l’orthographe, les étudiants 44% de celles-ci et les salariés, 52%. Bien qu’honorable, ce chiffre est loin de satisfaire les entreprises dont la communication externe souffre de l’orthographe souvent défaillante des salariés. Pascal Hostachy, responsable du Projet Voltaire, premier service en ligne de remise à niveau en orthographe dans les entreprises, évoque pour Le Figaro les moyens mis en œuvre par les RH pour pallier ce problème.

 

 

Comment expliquez-vous l’intérêt des entreprises pour le niveau orthographique de leurs salariés?

Il faut d’abord noter que ce phénomène est très récent. La question de la non-maîtrise de l’orthographe a longtemps constitué un sujet extrêmement tabou dans l’entreprise. Il y a eu une vraie évolution sur cette question, avec des RH de moins en moins dans le déni du problème. Cette vigilance accrue s’explique également par le poids croissant de la communication externe à l’entreprise, via les mails notamment. Aujourd’hui, la forme de votre discours tend à prendre autant d’importance que le fond. L’employé expose l’image de l’entreprise au travers de ses écrits. D’où la nécessite d’une maîtrise parfaite de la langue.

Et c’est là que le Projet Voltaire intervient …

Absolument. Au départ, les entreprises ont réclamé nos services de formation pour quelques collaborateurs ciblés pour leurs lacunes, mais cette formule n’a pas fonctionné. C’est un exercice délicat car la non-maîtrise de l’orthographe peut très vite être jugée stigmatisante. Nous avons donc radicalement inversé notre démarche de management en proposant une plateforme en ligne (le Projet Voltaire, ndrl) accessible à tous les salariés des entreprises clientes. L’idée est désormais d’envisager l’amélioration de l’orthographe et de la grammaire des salariés sous un angle ludique, avec un outil d’entraînement numérique qui favorise le développement d’une culture du «challenge» au sein de l’entreprise. Le directeur des ressources humaines peut s’adresser directement au projet Voltaire pour créer un projet personnalisé en fonction des spécificités de son entreprise.

Quelle sont les entreprises concernées?

Jusqu’à très récemment, seules les grandes entreprises faisaient appel à nos services. Depuis un an environ, on assiste à une véritable explosion de la demande de la part des PME et des TPE. Nous travaillons actuellement avec 700 entreprises, et rien que sur l’année 2016, une centaine de PME/TPE ont choisi notre outil. Et les demandes affluent tous les jours.

 

Vous intervenez également lors de la phase de recrutement …

L’enjeu est gigantesque. 80% des recruteurs seraient sensibles à la bonne maîtrise de l’orthographe. Christelle Martin-Lacroux, chercheuse à l’Université de Toulon, a consacré sa thèse à l’impact négatif des fautes d’orthographe lors du processus de recrutement. Son constat est implacable: la présence de fautes dans votre CV diviserait par trois vos chances d’être recruté. Avec la création du Certificat Voltaire, en 2011, nous avons voulu donner la possibilité aux demandeurs d’emploi de mettre en valeur leurs compétences en orthographe. Aujourd’hui, nous avons dépassé les 100.000 certifiés. Rien qu’en 2016, 35.000 personnes ont souhaité disposer de ce certificat.

Réforme orthographe: la vré révolusion pour la rentrée scolaire ?

réforme Orthographe: la vré révolusion pour la rentrée scolaire ?

 

La  révolution orthographique a été lancée  en ce début de rentrée scolaire. . Cela avec le soutien de l’Académie française qui a autorisé  la simplification orthographique de 2400 mots. D’autres simplifications suivront évidemment puisqu’un  courant éducatif milite pour une écriture phonétique. Cela parce que la plupart des élèves du collège sont incapables d’écrire correctement une page. Il est  loin le temps où 5 fautes dans une dictée étaient sanctionnées par un beau zéro. Aujourd’hui,  il faut sans doute faire 40 ou 50 fautes pour obtenir la même note. Progressivement, on va donc s’orienter vers une orthographe sur le mode SMS. Pourtant la complexité d’une langue, sa syntaxe, son orthographe ne sont pas neutres. D’une certaine manière,  elle rend compte des spécificités culturelles,  en même temps qu’elle structure les capacités cognitives. Pourquoi aussi ne pas procéder à la simplification du calcul et des mathématiques, admettre que l’élève peut considérer  que 1 + 1 n’est pas forcément égal à 2. Pourquoi ne pas supprimer les tables de multiplication puisque des logiciels peuvent se charger des opérations. Et pourquoi comme l’indique ce professeur de français ne pas supprimer les dates dans l’histoire de France, dates trop difficile à retenir. Ainsi, on pourra désormais écrire ognon au lieu d’oignon et nénufar plutôt que nénuphar. En tout, 2.400 mots ont subi un toilettage. Certains mots comme portemonnaie ou millepattes perdent leur trait d’union. D’autres leur accent circonflexe, qui pourra désormais disparaître sur les lettres i et u. Les éditeurs de manuels scolaires ont intégré ces réformes pour la rentrée. Mais la réforme, aux oubliettes depuis 26 ans, ne fait pas l’unanimité. « C’est vrai que l’accent circonflexe ce n’est pas grand-chose », reconnaît Julien Soulié, professeur de lettres classiques, sur TF1. « Est-ce qu’on supprime les dates de l’Histoire de France, sous prétexte que ce n’est pas facile à retenir? Non. Il est plus simple plutôt que de soigner le malade de casser le thermomètre et là en l’occurrence on casse le thermomètre plutôt que de soigner les difficultés en orthographe que connaissent les élèves d’aujourd’hui », déplore cet enseignant. On objectera juste titre qu’une langue vivante a toujours évolué pour autant accepter une évolution pour s’aligner sur le bas n’est pas nécessairement un progrès culturel. Pour rééquilibrer la réforme orthographique, certaines universités imposent maintenant des dictées aux étudiants. !

 

François Bayrou : contre la réforme de l’orthographe

François Bayrou : contre la réforme de l’orthographe

François Bayrou déclare son opposition à la réforme de d’orthographe pour la raison simple qu’elle s’attaque à des questions anecdotiques et non à l’essentiel à savoir la nécessité d’un minimum de maîtrise du français par les collégiens. (Interview de François Bayrou au JDD)

Ognon, nénufar, disparition d’accents circonflexes : une réforme facultative de l’orthographe, adoptée par le Conseil supérieur de la langue française il y a 26 ans, approuvée à l’époque par l’Académie française, mais passée largement inaperçue, sera généralisée dans les manuels scolaires du primaire à la rentrée 2016.  Une application qui soulève une vague de protestations… Dans le JDD, François Bayrou, maire de Pau, président du Modem et ancien ministre de l’Education nationale (1993-1997) exprime sa colère contre cette réforme. Extraits de sa tribune.

« Le gouvernement voudrait que j’écrive à sa convenance. Je continuerai à écrire à la mienne. Et il me restera suffisamment d’arguments grammaticaux qui me feront souvenir que l’accent circonflexe est la trace d’un « s » d’autrefois, effacé dans la prononciation, mais présent dans l’histoire du mot : le maître fut un master après avoir été un magister. Et honni soit qui mal y pense.

[…]

Il y aura cependant des conséquences. Il y aura ceux qui sauront, ceux qui se reconnaîtront au circonflexe, ou au trait d’union : autrement dit une orthographe pour les uns, les initiés, et une orthographe pour les autres. Une discrimination de plus. D’autant que personne ne pourra déclarer fautive l’orthographe traditionnelle. Leur pouvoir ne va pas jusque là.

[…]

Ajoutons que prétendre que ces simplifications imposées facilitent en quoi que ce soit l’acquisition de l’orthographe par les élèves est une plaisanterie de garçon de bains. Ce n’est pas l’orthographe de nénuphar qui est un problème au collège, c’est l’accord du sujet avec le verbe, au pluriel le s ou le x pour les noms, et le nt pour les verbes, et la conjugaison simple. Non pas le recherché ou le complexe, mais l’élémentaire. On ne facilitera pas le travail des enseignants de français ou des professeurs des écoles en introduisant dans les esprits des élèves l’idée que ces règles qu’ils essaient de transmettre sont discutables et d’un autre temps. »

Orthographe : c’est une vieille réforme ! (Michel Lussault)

Orthographe : c’est une vieille réforme (Michel Lussault) 

 

.Le président du conseil supérieur des programmes, Michel Lussault), conteste violemment la polémique concernant la réforme de l’orthographe qui serait imposable à partir de cette année ; en faite il considère qu’il s’agit d’une vieille affaire qui ne mérite pas un tel bruit puisque la réforme est en cours depuis 1990. Pour autant il ne paraît pas certain que son propos soit de nature à rassurer puisque finalement on est maintenant engagé dans un processus de réforme de l’orthographe à la carte.

Interview de Michel Luçon préside du conseil supérieur des programmes :

A l’époque, le but était de proposer une orthographe révisée, qui n’est même pas imposée car les deux orthographes restent valables. Elle est par contre devenue l’orthographe officielle de la République française, et tous les textes de l’Etat l’ont adoptée car ils y sont tenus. C’est une erreur, un mensonge éhonté – et je pèse mes mots – de dire qu’il existe une réforme qui aurait été imposée pour s’appliquer en 2016.

Qui aurait intérêt à entretenir la confusion sur le sujet?
Je pense que ceux qui font ressurgir cette réforme ont des arrière-pensées politiques. Je vois beaucoup de professeurs de lettres classiques s’opposer à cette révision comme si elle était nouvelle et je note simplement que ceux qui se manifestent maintenant sont les mêmes que ceux qui sont contre la réforme du collège. C’est un non-évènement, une tempête dans un verre d’eau – même pas! dans un dé à coudre. On essaie délibérément de provoquer une polémique.

Donc rien n’a changé depuis 1990. 
Non! Les textes du Conseil supérieur des programmes font tous référence à la nouvelle orthographe depuis qu’elle a été adoptée. Les documents rendus publics par le Conseil supérieur des programmes en avril, puis fin septembre, et le Bulletin officiel prennent évidemment déjà en compte l’orthographe révisée. A la limite, on aurait pu expliquer une telle émotion en novembre, puisqu’un nouveau texte venait d’être publié, mais là… Quant aux programmes scolaires, rien de nouveau non plus : ceux de 2005 et de 2008 comportent déjà la mention de la nouvelle orthographe – tout comme ceux de 2016 -, ainsi que les précédents qui l’avaient également, même si de manière plus discrète.

Il y aurait aujourd’hui plusieurs manuels scolaires de 2016 qui l’adopteraient.
Pour les manuels, c’est à la discrétion de l’auteur. Moi-même, je suis auteur et j’ai préféré conserver l’ancienne orthographe, sauf pour les pluriels des noms composés. Eux, c’est pareil : certains l’ont adoptée depuis longtemps, d’autres non. Les éditeurs ont toujours eu à faire le choix entre l’ancienne ou la nouvelle orthographe. D’ailleurs, beaucoup d’entre nous font déjà un usage partiel de la nouvelle orthographe sans même le savoir : on adopte la nouvelle orthographe des pluriels de noms composés, et on garde l’orthographe apprise à l’école pour le reste.

Vingt-cinq ans après, ceux qui s’y opposent peuvent-ils modifier la révision?
Tout cela a été réalisé en 1990 puis avalisé par l’Académie française avant de paraître au JO. Si certains académiciens sont en désaccord avec leurs prédécesseurs, cela ne regarde qu’eux-mêmes. On ne va faire pas de révision d’une révision! En plus, c’est une révision mineure, cosmétique même, et non une réforme. Pour tout vous dire, elle avait même été critiquée en 1990 comme étant trop légère. Elle revoit certaines orthographes mais ne touche pas à la grammaire. On ne touche pas à la structure de la langue, la syntaxe n’est pas modifiée. La révision est juste la pour lisser les incohérences. La grammaire française n’est pas la Bible ou le Coran, c’est une évolution historique. Et tant mieux! Pourquoi faudrait-il que le français n’évolue jamais?

Réforme orthographe : « on se fout de nous » (Jean d’Ormesson)

Réforme orthographe : « on  se fout de nous » (Jean d’Ormesson)

Comme d’autres, Jean d’Ormesson, membre de l’académie française s’interroge sur l’intérêt de la réforme de l’orthographe soutenue par le gouvernement. Jean d’Ormesson refuse « absolument de parler d’accent circonflexe et de virgule à un moment où les écoliers n’apprennent plus à lire et à écrire ». Selon lui, les débats sur l’orthographe devaient donc attendre. « . On peut effectivement se demander si cette réforme est très opportune. D’ Après le Monde « le constat d’une dégradation du niveau des élèves au cours des vingt dernières années est réel en se fondant  Une étude sur laquelle s’est appuyé le e. Elle repose sur une dictée, que son service statistique a proposée à des élèves de CM2 en 1987, puis en 2007. Il en ressort que le nombre d’erreurs a augmenté en moyenne de 10,7 à 14,7. La proportion d’élèves faisant plus de quinze fautes atteint 46 % en 2007, contre 26 % vingt ans plus tôt. Dans une précédente étude comparable, qui date de 2007, deux professeures en sciences du langage, Danièle Cogis et Danièle Manesse, tiraient les mêmes conclusions. Selon leur étude, les élèves de 2005 accusaient un retard d’environ deux niveaux scolaires par rapport à ceux de 1987. Autrement dit, un élève de 5e en 2005 faisait le même nombre d’erreurs qu’un élève de CM2 vingt ans plus tôt… ». Des comparaisons qui portent sur une vingtaine d’années mais il est vraisemblable que  l’écart serait encore beaucoup plus considérable s’il était possible de comparer les niveaux des élèves actuels avec ceux d’il y a 50 ou 70 ans. Faut-il rappeler qu’à l’époque cinq fautes été sanctionnée par un beau 0, on est loin évidemment des 15 ou 30 fautes actuelles. Du coup la tentation est grande de s’orienter progressivement vers une écriture à caractère phonétique.

« Ortografe : la vré révolution » ?

Ortografe : la vré révolution ?

 

C’est parti, la révolution de l’orthographe est en marche. L’Académie française vient d’autoriser la simplification orthographique de 2400 mots. D’autres simplifications suivront évidemment puisqu’un  courant éducatif milite pour une écriture phonétique. Cela parce que la plupart des élèves du collège sont incapables d’écrire correctement une page. Il est  loin le temps où 5 fautes dans une dictée étaient sanctionnées par un beau zéro. Aujourd’hui il faut sans doute faire 40 ou 50 fautes par page pour obtenir la même note. Progressivement, on va donc s’orienter vers une orthographe sur le mode SMS. Pourtant la complexité d’une langue, sa syntaxe, son orthographe ne sont pas neutres. D’une certaine manière elle rend compte des spécificités culturelles en même temps qu’elle structure les capacités cognitives. Pourquoi aussi ne pas procéder à la simplification du calcul et des mathématiques, admettre que l’élève peut considérer  que 1 + 1 n’est pas forcément égal à 2. Pourquoi ne pas supprimer les tables de multiplication puisque des logiciels peuvent se charger des opérations. Et pourquoi comme l’indique ce professeur de français ne pas supprimer les dates dans l’histoire de France, dates trop difficile à retenir. Ainsi, on pourra désormais écrire ognon au lieu d’oignon et nénufar plutôt que nénuphar. En tout, 2.400 mots ont subi un toilettage. Certains mots comme portemonnaie ou millepattes perdent leur trait d’union. D’autres leur accent circonflexe, qui pourra désormais disparaître sur les lettres i et u. Les éditeurs de manuels scolaires préparent déjà la rentrée. Les nouvelles éditions à jour sont prêtes à sortir pour septembre. Mais la réforme, aux oubliettes depuis 26 ans, ne fait pas l’unanimité. « C’est vrai que l’accent circonflexe ce n’est pas grand-chose », reconnaît Julien Soulié, professeur de lettres classiques, sur TF1. « Est-ce qu’on supprime les dates de l’Histoire de France, sous prétexte que ce n’est pas facile à retenir? Non. Il est plus simple plutôt que de soigner le malade de casser le thermomètre et là en l’occurrence on casse le thermomètre plutôt que de soigner les difficultés en orthographe que connaissent les élèves d’aujourd’hui », déplore cet enseignant. On objectera juste titre qu’une langue vivante a toujours évolué pour autant accepter une évolution pour s’aligner sur le bas n’est pas nécessairement un progrès culturel.

Orthographe : baisse de 40% en 30 ans

Orthographe : baisse de 40% en 30 ans

 

40 % de moins pour le temps consacré à orthographe en 30 ans. A cela s’ajoute évidemment l’usage qui consiste à utiliser  une langue phonétique et réduite à pas grand-chose dans les SMS , Mel et t autres tweets. Il ne faut certes pas généraliser ca mais la tendance est à l’ alignement vers le bas. D’autant que la mode du pédagogisme  a supprimé nombre de contrainte relatives à l’apprentissage nécessaire des bases fondamentales. Certains avaient pronostiqué que les outils numériques constitueraient un formidable outil d’aide à  la maitrise de l’orthographe. Or c’est l’inverse qui s’est produit.  C’est le temps dédié à l’orthographe qui a beaucoup diminué« , dénonce Olivier Fromont, directeur du « Projet Voltaire », un service en ligne d’entraînement à l’orthographe initialement destiné aux entreprises, mais de plus en plus utilisé dans les écoles et les universités. Le premier baromètre Voltaire révélé ce jeudi 11 juin rapporte qu’entre 2010 et 2015, le niveau de maîtrise des règles d’orthographe de référence a baissé de 51 à 45%, et ce malgré l’importance grandissante de l’écrit dans nos sociétés. « On a jamais produit autant d’écrits qu’aujourd’hui. Tout le monde écrit en permanence, vous écrivez tous les jours, que ce soit des mails, des SMS, des tweets », résume Olivier Froment. De l’instantanéité dans laquelle les fautes d’orthographe sont souvent présentes. Mais les femmes s’en sortent mieux, avec un résultat de 48% contre 43% pour les hommes. « Elles sont plus proches du langage, les garçons sont peut-être plus proches des matières scientifiques », résume le directeur du « Projet Voltaire ».   »C’est quelque chose qui est censé être acquis depuis l’enfance. Il y a des gens qui vont traîner ces problèmes d’orthographe jusqu’au moment où ils seront en entreprise. Et en entreprise, il y a un couperet qui tombe », explique Olivier Fromont. Un couperet qui peut déranger dans le monde de l’entreprise, envoyer un mail avec des fautes d’orthographe n’est jamais bon pour l’image de la société. En 30 ans, le temps dédié à l’orthographe a selon lui baissé de près de 40%. Avec l’arrivée de nouvelles matières, et les journées n’étant pas extensibles, l’orthographe est passé « à un niveau secondaire« , explique-t-il.

 

 

Etudiants : trop de fautes d’orthographe

Etudiants : trop de fautes d’orthographe

A l’université, dans les écoles d’ingénieurs on s’inquiète de lacunes en matière d’orthographe de la part des étudiants. Certaines universités ont même rétabli des exercices de dictée ! A l’école d’ingénieurs Ecam à Lyon (Rhône) on a décidé de conditionner désormais la validation des examens à l’obtention d’un score minimal au certificat Voltaire, un quiz d’orthographe basé sur le même principe que le TOEFL ou le TOEIC en anglais. « On est parti du constat qu’on demandait une certaine qualification en anglais, l’acquisition d’un minimum de 750 points au TOEIC, mais rien en langue française. Or on forme des ingénieurs avec des compétences scientifiques qui sont aussi des manageurs devant savoir communiquer, faire preuve d’aisance à l’oral comme à l’écrit », argumente Sophie Mathé, responsable du pôle formation humaine à l’Ecam. Jusqu’à présent, la grande école faisait passer les 195 questions semées de pièges à ses futurs ingénieurs généralistes bac + 5, sans imposer d’objectif de résultat. Lors de la session d’examens en mai prochain, les élèves en première année, qui se seront entraînés au préalable sur logiciel, devront décrocher au moins 400 points sur 1 000 possibles. S’ils n’y parviennent pas, ils auront encore deux ans pour repasser l’épreuve. Sauf catastrophe ou lacunes vraiment trop profondes, personne ne devrait donc rester sur le carreau. Le niveau exigé n’a rien d’exceptionnel, il est jugé moyen par l’école qui, dès 2016, pourrait l’élever d’un cran, à 500 points. Martin fait partie des 150 pionniers qui plancheront solennellement au printemps. « Cela met une petite pression car l’orthographe n’est pas mon fort. Mais je sais que je peux y arriver en bossant. J’y vois surtout une chance de progresser », confie ce jeune âgé de 20 ans.  En 2013, c’est l’école d’ingénieurs Eseo , présente notamment à Angers (Maine-et-Loire), qui imposait déjà cette maîtrise des subtilités du français. Le choix de l’Ecam s’inscrit dans une tendance plus générale dans l’enseignement supérieur, qui prend conscience d’une chute de compétences en grammaire ou conjugaison depuis deux décennies. « Pendant longtemps, on n’a pas fait d’orthographe après le bac parce qu’on considérait que tout était acquis. Mais comme le nombre d’heures de français enseignées a nettement baissé, il faut bien combler les insuffisances qui font souffrir aujourd’hui les entreprises », estime Pascal Hostachy, patron de la société ayant mis au point le certificat Voltaire.  « On est face à une génération très vive, centrée sur les nouvelles technologies, avec un profil d’étudiants polyvalents mais dont le niveau de vigilance par rapport à l’orthographe est moins élevé qu’autrefois. Il y a des mots de liaison, des accents, de la ponctuation qui se perdent », observe Sophie Mathé. Des erreurs qui peuvent coûter cher, une embauche par exemple. « Une candidature truffée de fautes passe directement à la benne », prévient Guillaume Faux, du site d’offres d’emploi en ligne CareerBuilder. « Les recruteurs se retrouvent tous plus ou moins avec des parcours similaires. L’orthographe peut vraiment faire la différence », assure l’expert.

 




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