Liban : Macron adresse une « ordonnance « au pays
Curieusement Macron a rendu public une ordonnance politique aux responsable libanais. Une manière de faire pression évidemment mais peut-être aussi de mécontenter certains d’entre eux qui verront la les velléités de la France de s’immiscer dans la vie intérieure libanaise.
En vérité, il n’y a rien de très surprenant dans la médecine que propose Macron sinon précisément le fait que le document soit largement rendu public. Le chef de l’État français propose une forme de mise en tutelle du Liban sous responsabilité du FMI et de l’ONU.
Ce document de deux pages, transmis par l’ambassadeur de France à Beyrouth et que Reuters a pu consulter, évoque notamment un audit de la banque centrale, la nomination d’un gouvernement provisoire en mesure de mettre en œuvre en urgence des réformes et des élections législatives anticipées dans un délai d’un an.
Le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire. L’Elysée n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire de Reuters.
Alors que l’Etat libanais est en défaut sur sa dette et que la livre chute depuis des mois, le gouvernement libanais actuel n’est pas parvenu à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) malgré des mois de discussions, en raison notamment de désaccords sur les réformes et sur l’ampleur des pertes à faire assumer au secteur bancaire.
“La priorité doit aller à la formation rapide d’un gouvernement pour éviter un vide du pouvoir qui laisserait le Liban s’enfoncer davantage dans la crise”, estime le document rédigé à l’Elysée.
Il cite quatre domaines nécessitant des mesures d’urgence: l’aide humanitaire et la réponse à la pandémie de COVID-19; la reconstruction après la catastrophe du 4 août; les réformes politiques et économiques et enfin des élections législatives anticipées.
Paris plaide aussi pour un déblocage des discussions avec le FMI, pour le placement des aides financières promises à Beyrouth après le 4 août sous la supervision des Nations unies et pour une enquête impartiale sur la cause de l’explosion du port.
Le document transmis aux responsables politiques libanais souligne aussi la nécessité d’un audit rapide et exhaustif des finances de l’Etat libanais et celle d’une réorganisation du secteur de l’électricité, à la fois très coûteux et incapable d’assurer un approvisionnement fiable du pays.
Le Parlement devrait adopter pendant la période de transition les lois nécessaires à la mise en application des réformes, poursuit-il.
Le document propose aussi que la France joue un rôle majeur dans la reconstruction du port de Beyrouth comme dans l’amélioration du système de santé, qu’elle envoie des experts du Trésor et de la Banque de France pour mener l’audit des finances publiques et qu’elle contribue à l’organisation des élections anticipées au côté de l’Union européenne.