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OPA d’Elon Musk sur Twitter : La nouvelle menace démocratique

Twitter: l’OPA d’Elon Musk  , la menace démocratique

Le chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des nouvelles technologies à l’Université de Nantes, décrypte les conséquences d’un éventuel rachat total de Twitter par le milliardaire Elon Musk, qui prône une vision radicale de la liberté d’expression. Fin connaisseur du modèle économique des médias sociaux, l’universitaire explique la différence entre la liberté d’expression et son amplification algorithmique, qui justifie selon lui la modération. Il dénonce également le problème de la gouvernance des réseaux sociaux, qui permet à leurs dirigeants de concentrer un pouvoir démesuré.

 

LA TRIBUNE – Elon Musk vient de proposer de racheter entièrement Twitter et de le sortir de la Bourse. Depuis des années, le patron de Tesla et SpaceX se positionne en défenseur de la liberté d’expression, qui serait menacée par la modération de Twitter. S’il réussissait son OPA hostile, qu’est-ce que cela signifierait pour le débat démocratique ?

Olivier ERTZSCHEID - Il faut bien comprendre qu’il existe deux conceptions de la liberté d’expression. La première, plutôt américaine, est radicale : la liberté est au-dessus de tout, ce qui signifie que tout point de vue, quel qu’il soit, peut être exprimé dans l’espace public. Y compris, donc, un point de vue raciste, xénophobe, antisémite ou la diffusion d’une fake news. La deuxième conception, plutôt européenne et française, est qu’il y a des limites légales à ce qu’on peut dire dans l’espace public.

La plupart des patrons des entreprises de la tech américaine, y compris Jack Dorsey [le fondateur et premier CEO de Twitter, qui a quitté la direction fin 2021, Ndlr] pensent que la liberté d’expression doit être totale. C’est pour cela qu’ils combattent l’idée que les réseaux sociaux sont des médias responsables des contenus qu’ils diffusent, et qu’ils se montrent si réticents à les modérer. Mark Zuckerberg [le fondateur et patron de Meta qui comprend Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, Ndlr], Jack Dorsey, ou encore les dirigeants de Google/YouTube, estiment que leur plateforme est un outil technique avant tout. Pour eux, leur rôle est simplement de mettre en relation les utilisateurs, grâce à des algorithmes qui mettent en avant des contenus liés à leurs centres d’intérêts.

 

La conception radicale de la liberté d’expression, telle que la défend Elon Musk, est-elle toujours tenable étant donné l’impact négatif, prouvé par de multiples études, des réseaux sociaux sur le débat démocratique ?

Non ce n’est plus tenable, car quel que soit le camp que l’on défend, il faut distinguer le « free speech » (la liberté d’expression) du  »free reach » (la libre portée) des réseaux sociaux, c’est-à-dire l’amplification algorithmique des contenus. Le fait qu’un propos raciste ou qu’une fake news puisse, par le simple fait de son existence, atteindre une audience énorme, pose manifestement un problème. Ce constat est largement partagé dans la classe politique. L’enjeu est donc de trouver le juste équilibre, c’est-à-dire garantir à chacun la possibilité de dire ce qu’il veut, sans offrir à chaque parole la même capacité à toucher une grande audience.

L’Histoire récente a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux ne sont pas neutres et qu’ils peuvent avoir un impact négatif majeur sur la vie démocratique, partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par les Ouïghours en Chine, ou en Europe. Les Facebook Files, révélés l’an dernier par la lanceuse d’alerte Frances Haugen à partir de documents internes à Facebook, ont confirmé l’ampleur du phénomène et surtout, la complicité de Facebook lui-même. On a pu constater lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, où les électeurs indécis ont été abreuvés de fake news, ou lors du référendum du Brexit la même année, que les réseaux sociaux peuvent être manipulés. De nombreux travaux scientifiques font également le lien entre la mise en avant des contenus haineux et polémiques, et le modèle économique même des Facebook, Twitter et consorts. Car celui-ci se base sur l’engagement de l’utilisateur : plus les contenus génèrent une émotion, plus l’utilisateur passe de temps sur la plateforme et dissémine des données personnelles que l’entreprise monétise.

Face à ces constats, les plateformes sociales comme Facebook et Twitter subissent la pression des régulateurs depuis quelques années. Des deux côtés de l’Atlantique, les pouvoirs publics les incitent à intervenir sur les contenus, notamment pour réduire le cyberharcèlement et les fake news.

Globalement, ils ne font pas un bon travail, surtout Twitter qui a le pire ratio de modérateurs humains par utilisateur. Mais cette « brèche » dans la conception américaine de la liberté d’expression, a déclenché un mouvement contestataire selon lequel les réseaux sociaux dominants entraveraient la liberté d’expression, et dont Donald Trump et Elon Musk sont des porte-voix.

 

En prenant le contrôle de Twitter, Elon Musk pourrait-il appliquer sa conception radicale de la liberté d’expression sans que rien ne l’en empêche ?

La régulation progresse des deux côtés de l’Atlantique pour imposer des obligations aux plateformes. En Europe, le Digital Services Act (DSA), entièrement dédié à ce sujet, sera bientôt voté au Parlement européen. Des travaux similaires sont menés aux Etats-Unis. Mais pour l’heure, le fonctionnement des réseaux sociaux reste principalement de leur propre responsabilité.

Je pense donc que le principal problème démocratique aujourd’hui est avant tout un problème de gouvernance. Au regard de leur poids politique, de leur puissance économique, et de leur capacité extraordinaire à façonner les opinions de centaines de millions de personnes [Facebook est utilisé par 2,9 milliards de personnes par mois, 330 millions pour Twitter, Ndlr], leurs dirigeants disposent de beaucoup trop de pouvoir.

Dans ce contexte, la personnalité des dirigeants et de leur conseil d’administration est cruciale. Le moindre soubresaut idéologique d’un Mark Zuckerberg, d’un Parag Agrawal [l'actuel CEO de Twitter, Ndlr] ou demain peut-être d’Elon Musk, peut avoir un impact sur la vie de millions de personnes.

A ce titre, le fait qu’Elon Musk soit si près d’obtenir un tel pouvoir peut légitimement inquiéter tant l’homme est connu pour son imprévisibilité. C’est un euphémisme de dire qu’il n’est ni le plus calme, ni le plus stable, ni le plus modéré des patrons de la tech américaine. En obtenant 100% du capital de Twitter et en sortant l’entreprise de la Bourse, il sera libre de la gouverner comme bon lui semble et de choisir qui siège à son Conseil d’administration.

En attendant la régulation, pourrait-il toutefois être limité dans sa volonté de détruire toute forme de modération, par la pression des pouvoirs publics voire par les propres utilisateurs de Twitter ?

Le fait que Facebook et Twitter se soient mis à la modération après avoir été fortement mis en cause pour des dysfonctionnements majeurs, montre que la pression politique peut être efficace.

Il est vrai aussi que les réseaux sociaux ne sont que ce qu’en font leurs utilisateurs. Même si la présence sur les réseaux sociaux est addictive, nous sommes libres de partir ou de rester. Nous évoluons tous dans notre propre bulle algorithmique, en fonction des personnes que nous avons choisi de suivre et des contenus avec lesquels nous interagissons via nos commentaires, nos « likes » et nos retweets. Donc il y a autant de « Twitters » que d’utilisateurs de Twitter, et malgré tous les problèmes de modération, ce réseau social est aujourd’hui prisé par de nombreux activistes, journalistes, universitaires, chercheurs et citoyens lambda qui le considèrent comme une source importante d’accès à l’information.

Elon Musk ne peut donc pas faire n’importe quoi, car il n’aurait pas intérêt à ce que le service perde des utilisateurs. Mais des changements majeurs pourraient tout de même être décidés car Musk est persuadé que la direction actuelle n’exploite pas le plein potentiel de Twitter. Il a déjà déclaré que les changements qu’il souhaite vers une liberté d’expression plus radicale seraient bénéfiques pour recruter de nouveaux utilisateurs et mieux engager les utilisateurs actuels.

Quoi qu’il en soit, ce qui changera de manière certaine si Elon Musk contrôle Twitter, c’est qu’il fera beaucoup moins de concessions dans certains contextes, comme récemment lors de la guerre en Ukraine, ou encore la fermeture du compte de Donald Trump en 2021. Musk estime qu’exclure l’ancien président des Etats-Unis de Twitter est une aberration, malgré le fait que Trump ait utilisé ce réseau social pour contester le résultat de l’élection présidentielle de 2020, ce qui a contribué à l’insurrection du Capitole en janvier 2021.

Pensez-vous qu’Elon Musk a un agenda politique ? L’entrepreneur met en scène sa proximité avec Donald Trump, partage son opinion sur la liberté d’expression, et mène une OPA hostile sur Twitter alors que les Etats-Unis s’apprêtent à entrer en période électorale avec les élections de mi-mandat de fin d’année.

Je n’en sais rien car je ne suis pas dans sa tête, mais il faut se poser la question. Des études de chercheurs ainsi que les Facebook Files ont révélé que l’amplification algorithmique des contenus favorise l’extrême-droite. Pourquoi ? Parce que les contenus les plus extrêmes déclenchent des émotions, donc des réactions -d’autant plus si les émotions sont négatives. Ce sont eux qui bénéficient le plus des mécanismes de la viralité, ce qui contribue à diffuser les idées qu’ils véhiculent.

Aucune plateforme sociale ne peut être pensée indépendamment de son poids politique. Ceci dit, il faut prendre en compte qu’aux Etats-Unis, les grands patrons ont un rapport différent à la politique qu’en France. Il est tout à fait accepté dans les mœurs américaines qu’une entreprise finance massivement les deux camps ou donne plus d’argent à l’un par rapport à l’autre. Ce n’est pas du tout perçu comme un danger pour la démocratie.

Mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère depuis 2016. La société américaine est extrêmement fracturée. Donald Trump a changé la donne dans le sens où pour la première fois, les patrons de la tech américaine ont massivement rejeté sa candidature en 2020, à quelques exceptions près comme Peter Thiel [un investisseur phare de la Silicon Valley, Ndlr]. Il y a donc une instrumentalisation du rôle des réseaux sociaux et de leur allégeance politique supposée. Parce qu’ils se plient -même mal et de manière très insuffisante- à des impératifs de régulation des contenus, Facebook et le Twitter de la période Jack Dorsey puis Parag Agrawal, sont perçus par certains comme faisant le jeu des Démocrates, ce qui est une déduction très contestable.

Peut-être y-a-t-il la volonté d’un « rééquilibrage » de la part d’Elon Musk. Gardons toutefois en tête que les réseaux sociaux partisans, créés par et pour un camp, ne décollent pas de leur cercle d’adhésion idéologique, à l’image du réseau social d’extrême-droite Gab ou de celui lancé cette année par Donald Trump. Ces plateformes ont été créées justement pour garantir la liberté d’expression qu’il manquerait à Twitter, mais il est très difficile de percer dans l’univers bouché des réseaux sociaux. C’est peut-être pour cela qu’Elon Musk a jeté son dévolu sur Twitter plutôt que sur l’un de ces acteurs ou sur la création d’un nouveau réseau social.

Quid des conflits d’intérêts ? En plus d’être l’homme le plus riche du monde, Elon Musk est également le patron de deux entreprises, Tesla et SpaceX, qui ont de forts enjeux avec les pouvoirs publics. Récemment, Musk a critiqué le président démocrate Joe Biden, qu’il accuse de ne pas assez soutenir Tesla, et SpaceX est sous contrat avec la Nasa…

Elon Musk est un entrepreneur milliardaire à la tête de deux entreprises plus ou moins stratégiques. S’il devait posséder un média social et la puissance qui va avec, cela représenterait un conflit d’intérêts très clair, mais ce n’est pas illégal. Ce ne serait d’ailleurs pas une première dans le secteur des médias. En France comme aux Etats-Unis, un nombre non-négligeable de médias sont détenus par des milliardaires qui sont aussi des grands patrons [Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, détient le Washington Post ; Bernard Arnault, le patron du géant du luxe LVMH, détient Les Echos et Le Parisien, Ndlr] voire même par des capitaines d’industries stratégiques [la famille Dassault, active dans la défense, détient Le Figaro, Ndlr].

 

Si la concentration des médias entre les mains de milliardaires est un sujet majeur, il est très clair que dans le domaine des réseaux sociaux au moins, on se dirige vers un contrôle plus strict des plateformes via la régulation, même si on n’y est pas encore. Un corpus doctrinaire est en train de se réinventer autour des lois antitrust pour voir de quelles manières on pourrait produire de nouvelles législations adaptées à la réalité de ce qu’est une plateforme technologique aujourd’hui, et des nouveaux défis démocratiques qu’elles posent. Cette évolution va dans le sens inverse de ce que souhaite Elon Musk. Il est certain que ni lui ni Mark Zuckerberg n’en seront des alliés.

OPA d’Elon Musk sur Twitter : La nouvelle menace démocratique

OPA d’Elon Musk sur Twitter : La nouvelle menace démocratique

Le chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des nouvelles technologies à l’Université de Nantes, décrypte les conséquences d’un éventuel rachat total de Twitter par le milliardaire Elon Musk, qui prône une vision radicale de la liberté d’expression. Fin connaisseur du modèle économique des médias sociaux, l’universitaire explique la différence entre la liberté d’expression et son amplification algorithmique, qui justifie selon lui la modération. Il dénonce également le problème de la gouvernance des réseaux sociaux, qui permet à leurs dirigeants de concentrer un pouvoir démesuré.

 

LA TRIBUNE – Elon Musk vient de proposer de racheter entièrement Twitter et de le sortir de la Bourse. Depuis des années, le patron de Tesla et SpaceX se positionne en défenseur de la liberté d’expression, qui serait menacée par la modération de Twitter. S’il réussissait son OPA hostile, qu’est-ce que cela signifierait pour le débat démocratique ?

Olivier ERTZSCHEID - Il faut bien comprendre qu’il existe deux conceptions de la liberté d’expression. La première, plutôt américaine, est radicale : la liberté est au-dessus de tout, ce qui signifie que tout point de vue, quel qu’il soit, peut être exprimé dans l’espace public. Y compris, donc, un point de vue raciste, xénophobe, antisémite ou la diffusion d’une fake news. La deuxième conception, plutôt européenne et française, est qu’il y a des limites légales à ce qu’on peut dire dans l’espace public.

La plupart des patrons des entreprises de la tech américaine, y compris Jack Dorsey [le fondateur et premier CEO de Twitter, qui a quitté la direction fin 2021, Ndlr] pensent que la liberté d’expression doit être totale. C’est pour cela qu’ils combattent l’idée que les réseaux sociaux sont des médias responsables des contenus qu’ils diffusent, et qu’ils se montrent si réticents à les modérer. Mark Zuckerberg [le fondateur et patron de Meta qui comprend Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, Ndlr], Jack Dorsey, ou encore les dirigeants de Google/YouTube, estiment que leur plateforme est un outil technique avant tout. Pour eux, leur rôle est simplement de mettre en relation les utilisateurs, grâce à des algorithmes qui mettent en avant des contenus liés à leurs centres d’intérêts.

 

La conception radicale de la liberté d’expression, telle que la défend Elon Musk, est-elle toujours tenable étant donné l’impact négatif, prouvé par de multiples études, des réseaux sociaux sur le débat démocratique ?

Non ce n’est plus tenable, car quel que soit le camp que l’on défend, il faut distinguer le « free speech » (la liberté d’expression) du  »free reach » (la libre portée) des réseaux sociaux, c’est-à-dire l’amplification algorithmique des contenus. Le fait qu’un propos raciste ou qu’une fake news puisse, par le simple fait de son existence, atteindre une audience énorme, pose manifestement un problème. Ce constat est largement partagé dans la classe politique. L’enjeu est donc de trouver le juste équilibre, c’est-à-dire garantir à chacun la possibilité de dire ce qu’il veut, sans offrir à chaque parole la même capacité à toucher une grande audience.

L’Histoire récente a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux ne sont pas neutres et qu’ils peuvent avoir un impact négatif majeur sur la vie démocratique, partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par les Ouïghours en Chine, ou en Europe. Les Facebook Files, révélés l’an dernier par la lanceuse d’alerte Frances Haugen à partir de documents internes à Facebook, ont confirmé l’ampleur du phénomène et surtout, la complicité de Facebook lui-même. On a pu constater lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, où les électeurs indécis ont été abreuvés de fake news, ou lors du référendum du Brexit la même année, que les réseaux sociaux peuvent être manipulés. De nombreux travaux scientifiques font également le lien entre la mise en avant des contenus haineux et polémiques, et le modèle économique même des Facebook, Twitter et consorts. Car celui-ci se base sur l’engagement de l’utilisateur : plus les contenus génèrent une émotion, plus l’utilisateur passe de temps sur la plateforme et dissémine des données personnelles que l’entreprise monétise.

Face à ces constats, les plateformes sociales comme Facebook et Twitter subissent la pression des régulateurs depuis quelques années. Des deux côtés de l’Atlantique, les pouvoirs publics les incitent à intervenir sur les contenus, notamment pour réduire le cyberharcèlement et les fake news.

Globalement, ils ne font pas un bon travail, surtout Twitter qui a le pire ratio de modérateurs humains par utilisateur. Mais cette « brèche » dans la conception américaine de la liberté d’expression, a déclenché un mouvement contestataire selon lequel les réseaux sociaux dominants entraveraient la liberté d’expression, et dont Donald Trump et Elon Musk sont des porte-voix.

 

En prenant le contrôle de Twitter, Elon Musk pourrait-il appliquer sa conception radicale de la liberté d’expression sans que rien ne l’en empêche ?

La régulation progresse des deux côtés de l’Atlantique pour imposer des obligations aux plateformes. En Europe, le Digital Services Act (DSA), entièrement dédié à ce sujet, sera bientôt voté au Parlement européen. Des travaux similaires sont menés aux Etats-Unis. Mais pour l’heure, le fonctionnement des réseaux sociaux reste principalement de leur propre responsabilité.

Je pense donc que le principal problème démocratique aujourd’hui est avant tout un problème de gouvernance. Au regard de leur poids politique, de leur puissance économique, et de leur capacité extraordinaire à façonner les opinions de centaines de millions de personnes [Facebook est utilisé par 2,9 milliards de personnes par mois, 330 millions pour Twitter, Ndlr], leurs dirigeants disposent de beaucoup trop de pouvoir.

Dans ce contexte, la personnalité des dirigeants et de leur conseil d’administration est cruciale. Le moindre soubresaut idéologique d’un Mark Zuckerberg, d’un Parag Agrawal [l'actuel CEO de Twitter, Ndlr] ou demain peut-être d’Elon Musk, peut avoir un impact sur la vie de millions de personnes.

A ce titre, le fait qu’Elon Musk soit si près d’obtenir un tel pouvoir peut légitimement inquiéter tant l’homme est connu pour son imprévisibilité. C’est un euphémisme de dire qu’il n’est ni le plus calme, ni le plus stable, ni le plus modéré des patrons de la tech américaine. En obtenant 100% du capital de Twitter et en sortant l’entreprise de la Bourse, il sera libre de la gouverner comme bon lui semble et de choisir qui siège à son Conseil d’administration.

En attendant la régulation, pourrait-il toutefois être limité dans sa volonté de détruire toute forme de modération, par la pression des pouvoirs publics voire par les propres utilisateurs de Twitter ?

Le fait que Facebook et Twitter se soient mis à la modération après avoir été fortement mis en cause pour des dysfonctionnements majeurs, montre que la pression politique peut être efficace.

Il est vrai aussi que les réseaux sociaux ne sont que ce qu’en font leurs utilisateurs. Même si la présence sur les réseaux sociaux est addictive, nous sommes libres de partir ou de rester. Nous évoluons tous dans notre propre bulle algorithmique, en fonction des personnes que nous avons choisi de suivre et des contenus avec lesquels nous interagissons via nos commentaires, nos « likes » et nos retweets. Donc il y a autant de « Twitters » que d’utilisateurs de Twitter, et malgré tous les problèmes de modération, ce réseau social est aujourd’hui prisé par de nombreux activistes, journalistes, universitaires, chercheurs et citoyens lambda qui le considèrent comme une source importante d’accès à l’information.

Elon Musk ne peut donc pas faire n’importe quoi, car il n’aurait pas intérêt à ce que le service perde des utilisateurs. Mais des changements majeurs pourraient tout de même être décidés car Musk est persuadé que la direction actuelle n’exploite pas le plein potentiel de Twitter. Il a déjà déclaré que les changements qu’il souhaite vers une liberté d’expression plus radicale seraient bénéfiques pour recruter de nouveaux utilisateurs et mieux engager les utilisateurs actuels.

Quoi qu’il en soit, ce qui changera de manière certaine si Elon Musk contrôle Twitter, c’est qu’il fera beaucoup moins de concessions dans certains contextes, comme récemment lors de la guerre en Ukraine, ou encore la fermeture du compte de Donald Trump en 2021. Musk estime qu’exclure l’ancien président des Etats-Unis de Twitter est une aberration, malgré le fait que Trump ait utilisé ce réseau social pour contester le résultat de l’élection présidentielle de 2020, ce qui a contribué à l’insurrection du Capitole en janvier 2021.

Pensez-vous qu’Elon Musk a un agenda politique ? L’entrepreneur met en scène sa proximité avec Donald Trump, partage son opinion sur la liberté d’expression, et mène une OPA hostile sur Twitter alors que les Etats-Unis s’apprêtent à entrer en période électorale avec les élections de mi-mandat de fin d’année.

Je n’en sais rien car je ne suis pas dans sa tête, mais il faut se poser la question. Des études de chercheurs ainsi que les Facebook Files ont révélé que l’amplification algorithmique des contenus favorise l’extrême-droite. Pourquoi ? Parce que les contenus les plus extrêmes déclenchent des émotions, donc des réactions -d’autant plus si les émotions sont négatives. Ce sont eux qui bénéficient le plus des mécanismes de la viralité, ce qui contribue à diffuser les idées qu’ils véhiculent.

Aucune plateforme sociale ne peut être pensée indépendamment de son poids politique. Ceci dit, il faut prendre en compte qu’aux Etats-Unis, les grands patrons ont un rapport différent à la politique qu’en France. Il est tout à fait accepté dans les mœurs américaines qu’une entreprise finance massivement les deux camps ou donne plus d’argent à l’un par rapport à l’autre. Ce n’est pas du tout perçu comme un danger pour la démocratie.

Mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère depuis 2016. La société américaine est extrêmement fracturée. Donald Trump a changé la donne dans le sens où pour la première fois, les patrons de la tech américaine ont massivement rejeté sa candidature en 2020, à quelques exceptions près comme Peter Thiel [un investisseur phare de la Silicon Valley, Ndlr]. Il y a donc une instrumentalisation du rôle des réseaux sociaux et de leur allégeance politique supposée. Parce qu’ils se plient -même mal et de manière très insuffisante- à des impératifs de régulation des contenus, Facebook et le Twitter de la période Jack Dorsey puis Parag Agrawal, sont perçus par certains comme faisant le jeu des Démocrates, ce qui est une déduction très contestable.

Peut-être y-a-t-il la volonté d’un « rééquilibrage » de la part d’Elon Musk. Gardons toutefois en tête que les réseaux sociaux partisans, créés par et pour un camp, ne décollent pas de leur cercle d’adhésion idéologique, à l’image du réseau social d’extrême-droite Gab ou de celui lancé cette année par Donald Trump. Ces plateformes ont été créées justement pour garantir la liberté d’expression qu’il manquerait à Twitter, mais il est très difficile de percer dans l’univers bouché des réseaux sociaux. C’est peut-être pour cela qu’Elon Musk a jeté son dévolu sur Twitter plutôt que sur l’un de ces acteurs ou sur la création d’un nouveau réseau social.

Quid des conflits d’intérêts ? En plus d’être l’homme le plus riche du monde, Elon Musk est également le patron de deux entreprises, Tesla et SpaceX, qui ont de forts enjeux avec les pouvoirs publics. Récemment, Musk a critiqué le président démocrate Joe Biden, qu’il accuse de ne pas assez soutenir Tesla, et SpaceX est sous contrat avec la Nasa…

Elon Musk est un entrepreneur milliardaire à la tête de deux entreprises plus ou moins stratégiques. S’il devait posséder un média social et la puissance qui va avec, cela représenterait un conflit d’intérêts très clair, mais ce n’est pas illégal. Ce ne serait d’ailleurs pas une première dans le secteur des médias. En France comme aux Etats-Unis, un nombre non-négligeable de médias sont détenus par des milliardaires qui sont aussi des grands patrons [Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, détient le Washington Post ; Bernard Arnault, le patron du géant du luxe LVMH, détient Les Echos et Le Parisien, Ndlr] voire même par des capitaines d’industries stratégiques [la famille Dassault, active dans la défense, détient Le Figaro, Ndlr].

 

Si la concentration des médias entre les mains de milliardaires est un sujet majeur, il est très clair que dans le domaine des réseaux sociaux au moins, on se dirige vers un contrôle plus strict des plateformes via la régulation, même si on n’y est pas encore. Un corpus doctrinaire est en train de se réinventer autour des lois antitrust pour voir de quelles manières on pourrait produire de nouvelles législations adaptées à la réalité de ce qu’est une plateforme technologique aujourd’hui, et des nouveaux défis démocratiques qu’elles posent. Cette évolution va dans le sens inverse de ce que souhaite Elon Musk. Il est certain que ni lui ni Mark Zuckerberg n’en seront des alliés.

OPA d’Elon Musk sur Twitter : La menace démocratique

OPA d’Elon Musk  sur Twitter : La menace démocratique

Le chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des nouvelles technologies à l’Université de Nantes, décrypte les conséquences d’un éventuel rachat total de Twitter par le milliardaire Elon Musk, qui prône une vision radicale de la liberté d’expression. Fin connaisseur du modèle économique des médias sociaux, l’universitaire explique la différence entre la liberté d’expression et son amplification algorithmique, qui justifie selon lui la modération. Il dénonce également le problème de la gouvernance des réseaux sociaux, qui permet à leurs dirigeants de concentrer un pouvoir démesuré.(Interview dans « la Tribune »).

- Elon Musk vient de proposer de racheter entièrement Twitter et de le sortir de la Bourse. Depuis des années, le patron de Tesla et SpaceX se positionne en défenseur de la liberté d’expression, qui serait menacée par la modération de Twitter. S’il réussissait son OPA hostile, qu’est-ce que cela signifierait pour le débat démocratique ?

Olivier ERTZSCHEID - Il faut bien comprendre qu’il existe deux conceptions de la liberté d’expression. La première, plutôt américaine, est radicale : la liberté est au-dessus de tout, ce qui signifie que tout point de vue, quel qu’il soit, peut être exprimé dans l’espace public. Y compris, donc, un point de vue raciste, xénophobe, antisémite ou la diffusion d’une fake news. La deuxième conception, plutôt européenne et française, est qu’il y a des limites légales à ce qu’on peut dire dans l’espace public.

La plupart des patrons des entreprises de la tech américaine, y compris Jack Dorsey [le fondateur et premier CEO de Twitter, qui a quitté la direction fin 2021, Ndlr] pensent que la liberté d’expression doit être totale. C’est pour cela qu’ils combattent l’idée que les réseaux sociaux sont des médias responsables des contenus qu’ils diffusent, et qu’ils se montrent si réticents à les modérer. Mark Zuckerberg [le fondateur et patron de Meta qui comprend Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, Ndlr], Jack Dorsey, ou encore les dirigeants de Google/YouTube, estiment que leur plateforme est un outil technique avant tout. Pour eux, leur rôle est simplement de mettre en relation les utilisateurs, grâce à des algorithmes qui mettent en avant des contenus liés à leurs centres d’intérêts.

La conception radicale de la liberté d’expression, telle que la défend Elon Musk, est-elle toujours tenable étant donné l’impact négatif, prouvé par de multiples études, des réseaux sociaux sur le débat démocratique ?

Non ce n’est plus tenable, car quel que soit le camp que l’on défend, il faut distinguer le « free speech » (la liberté d’expression) du  »free reach » (la libre portée) des réseaux sociaux, c’est-à-dire l’amplification algorithmique des contenus. Le fait qu’un propos raciste ou qu’une fake news puisse, par le simple fait de son existence, atteindre une audience énorme, pose manifestement un problème. Ce constat est largement partagé dans la classe politique. L’enjeu est donc de trouver le juste équilibre, c’est-à-dire garantir à chacun la possibilité de dire ce qu’il veut, sans offrir à chaque parole la même capacité à toucher une grande audience.

L’Histoire récente a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux ne sont pas neutres et qu’ils peuvent avoir un impact négatif majeur sur la vie démocratique, partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par les Ouïghours en Chine, ou en Europe. Les Facebook Files, révélés l’an dernier par la lanceuse d’alerte Frances Haugen à partir de documents internes à Facebook, ont confirmé l’ampleur du phénomène et surtout, la complicité et la passivité de Facebook lui-même. On a pu constater lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, où les électeurs indécis ont été abreuvés de fake news, ou lors du référendum du Brexit la même année, que les réseaux sociaux peuvent être manipulés. De nombreux travaux scientifiques font également le lien entre la mise en avant des contenus haineux et polémiques et le modèle économique même des Facebook, Twitter et consorts. Car celui-ci se base sur l’engagement de l’utilisateur : plus les contenus génèrent une émotion négative, plus l’utilisateur passe de temps sur la plateforme.

Face à ces constats, les plateformes sociales comme Facebook et Twitter subissent la pression des régulateurs depuis quelques années. Des deux côtés de l’Atlantique, les pouvoirs publics les incitent à intervenir sur les contenus, notamment pour réduire le cyberharcèlement et les fake news.

Globalement, ils ne font pas un bon travail, surtout Twitter qui a le pire ratio de modérateurs humains par utilisateur. Mais cette « brèche » dans la conception américaine de la liberté d’expression, a déclenché un mouvement contestataire selon lequel les réseaux sociaux dominants entraveraient la liberté d’expression, et dont Donald Trump et Elon Musk sont des porte-voix.

En prenant le contrôle de Twitter, Elon Musk pourrait-il appliquer sa conception radicale de la liberté d’expression sans que rien de l’en empêche ?

La régulation progresse des deux côtés de l’Atlantique pour imposer des obligations aux plateformes. En Europe, le Digital Services Act (DSA), entièrement dédié à ce sujet, sera bientôt voté au Parlement européen. Des travaux similaires sont menés aux Etats-Unis. Mais pour l’heure, le fonctionnement des réseaux sociaux reste principalement de leur propre responsabilité.

Je pense donc que le principal problème démocratique aujourd’hui est avant tout un problème de gouvernance. Au regard de leur poids politique, de leur puissance économique, et leur capacité extraordinaire à façonner les opinions de centaines de millions de personnes [Facebook est utilisé par 2,9 milliards de personnes par mois, 330 millions pour Twitter, Ndlr], leurs dirigeants disposent de beaucoup trop de pouvoir.

Dans ce contexte, la personnalité des dirigeants et de leur conseil d’administration est cruciale. Le moindre soubresaut idéologique d’un Mark Zuckerberg, d’un Parag Agrawal [l'actuel CEO de Twitter, Ndlr] ou demain d’Elon Musk peut-être, peut avoir un impact sur la vie de millions de personnes.

A ce titre, le fait qu’Elon Musk soit si près d’obtenir un tel pouvoir peut légitimement inquiéter tant l’homme est connu pour son imprévisibilité. C’est un euphémisme de dire qu’il n’est ni le plus calme, ni le plus stable, ni le plus modéré des patrons de la tech américaine. En obtenant 100% du capital de Twitter et en sortant l’entreprise de la Bourse, il sera libre de la gouverner comme bon lui semble et de choisir chaque siège de son Conseil d’administration.

En attendant la régulation, pourrait-il toutefois être limité dans sa volonté de détruire toute forme de modération, par la pression des pouvoirs publics voire par les propres utilisateurs de Twitter ?

Le fait que Facebook et Twitter se soient mis à la modération après avoir été fortement mis en cause pour des dysfonctionnements majeurs, montre que la pression politique peut être efficace.

Il est vrai aussi que les réseaux sociaux ne sont que ce qu’en font leurs utilisateurs. Même si la présence sur les réseaux sociaux est addictive, nous sommes libres de partir ou de rester. Même si Elon Musk lance de gros changements, nous évoluons tous dans notre propre bulle algorithmique, en fonction des personnes que nous avons choisi de suivre et des contenus avec lesquels nous interagissons via nos commentaires, nos « likes » et nos retweets. Donc il y a autant de « Twitters » que d’utilisateurs de Twitter, et malgré tous les problèmes de modération, ce réseau social est aujourd’hui prisé par de nombreux activistes, journalistes, universitaires, chercheurs et citoyens lambda qui le considèrent comme une source importante d’accès à l’information.

Elon Musk ne peut donc pas faire n’importe quoi, car il n’aurait pas intérêt à ce que le service perde des utilisateurs. Mais des changements majeurs pourraient tout de même être décidés car Musk est persuadé que la direction actuelle n’exploite pas le plein potentiel de Twitter. Il a déjà déclaré que les changements qu’il souhaite vers une liberté d’expression plus radicale seraient bénéfiques pour recruter de nouveaux utilisateurs et mieux engager les utilisateurs actuels.

Quoi qu’il en soit, ce qui changera de manière certaine si Elon Musk contrôle Twitter, c’est qu’il fera beaucoup moins de concessions dans certains contextes, comme récemment lors de la guerre en Ukraine, ou encore la fermeture du compte de Donald Trump en 2021. Musk estime qu’exclure l’ancien président des Etats-Unis de Twitter est une aberration, malgré le fait que Trump ait utilisé ce réseau social pour contester le résultat de l’élection présidentielle de 2020, ce qui a contribué à l’insurrection du Capitole en janvier 2021.

Pensez-vous qu’Elon Musk a un agenda politique ? L’entrepreneur met en scène sa proximité avec Donald Trump, partage son opinion sur la liberté d’expression, et mène une OPA hostile sur Twitter alors que les Etats-Unis s’apprêtent à entrer en période électorale avec les élections de mi-mandat de fin d’année.

Je n’en sais rien car je ne suis pas dans sa tête, mais il faut se poser la question. Des études de chercheurs ainsi que les Facebook Files ont révélé que l’amplification algorithmique des contenus favorise l’extrême-droite. Pourquoi ? Parce que les contenus les plus extrêmes déclenchent des émotions, donc des réactions -d’autant plus si les émotions sont négatives. Ce sont eux qui bénéficient le plus des mécanismes de la viralité, ce qui contribue à diffuser les idées qu’ils véhiculent.

Aucune plateforme sociale ne peut être pensée indépendamment de son poids politique. Ceci dit, il faut prendre en compte qu’aux Etats-Unis, les grands patrons ont un rapport différent à la politique qu’en France. Il est tout à fait accepté dans les mœurs américaines qu’une entreprise finance massivement les deux camps ou donne plus d’argent à l’un par rapport à l’autre. Ce n’est pas du tout perçu comme un danger pour la démocratie.

Mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère depuis 2016. La société américaine est extrêmement fracturée. Donald Trump a changé la donne dans le sens où pour la première fois, les patrons de la tech américaine ont massivement rejeté sa candidature en 2020, à quelques exceptions près comme Peter Thiel [un investisseur phare de la Silicon Valley, Ndlr]. Il y a donc une instrumentalisation du rôle des réseaux sociaux et de leur allégeance politique supposée. Parce qu’ils se plient -même mal et de manière très insuffisante- à des impératifs de régulation des contenus, Facebook et le Twitter de la période Jack Dorsey puis Parag Agrawal, sont perçus par certains comme faisant le jeu des Démocrates, ce qui est une déduction très contestable.

Peut-être y-a-t-il la volonté d’un « rééquilibrage » de la part d’Elon Musk. Gardons toutefois en tête que les réseaux sociaux partisans, créés par et pour un camp, ne décollent pas de leur cercle d’adhésion idéologique, à l’image du réseau social d’extrême-droite Gab ou de celui lancé cette année par Donald Trump. Ces plateformes ont été créées justement pour garantir la liberté d’expression qu’il manquerait à Twitter, mais il est très difficile de percer dans l’univers bouché des réseaux sociaux. C’est peut-être pour cela qu’Elon Musk a jeté son dévolu sur Twitter plutôt que sur l’un de ces acteurs ou sur la création d’un nouveau réseau social.

Quid des conflits d’intérêts ? En plus d’être l’homme le plus riche du monde, Elon Musk est également le patron de deux entreprises, Tesla et SpaceX, qui ont de forts enjeux avec les pouvoirs publics. Récemment, Musk a critiqué le président démocrate Joe Biden, qu’il accuse de ne pas assez soutenir Tesla, et SpaceX est sous contrat avec la Nasa…

Elon Musk est un entrepreneur milliardaire à la tête de deux entreprises plus ou moins stratégiques. S’il devait posséder un média social et la puissance qui va avec, cela représenterait un conflit d’intérêts très clair, mais ce n’est pas illégal. Ce ne serait d’ailleurs pas une première dans le secteur des médias. En France comme aux Etats-Unis, un nombre non-négligeable de médias sont détenus par des milliardaires qui sont aussi des grands patrons [Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, détient le Washington Post ; Bernard Arnault, le patron du géant du luxe LVMH, détient Les Echos et Le Parisien, Ndlr] voire même par des capitaines d’industries stratégiques [la famille Dassault, active dans la défense, détient Le Figaro, Ndlr]

Si la concentration des médias entre les mains de milliardaires est un sujet majeur, il est très clair que dans le domaine des réseaux sociaux au moins, on se dirige vers un contrôle plus strict des plateformes via la régulation, même si on n’y est pas encore. Un corpus doctrinaire est en train de se réinventer autour des lois antitrust pour voir de quelles manières on pourrait produire de nouvelles législations adaptées à la réalité de ce qu’est une plateforme technologique aujourd’hui, et des nouveaux défis démocratiques qu’elles posent. Cette évolution va dans le sens inverse de ce que souhaite Elon Musk. Il est certain que ni lui ni Mark Zuckerberg n’en seront des alliés.

OPA de Vivendi sur Lagardère : une opération politique avant 2022 ?

OPA de Vivendi sur Lagardère : une opération politique avant 2022 ?

Il y a peine trois mois que Vivendi et Lagardère s’étaient mis d’accord sur un protocole mettant fin à la guerre entre les deux groupes. Comme souvent Vivendi naguère respecté sa parole et annonce cette fois une OPA globale sur Lagardère après le rachat des titres détenus par le fonds Ambert.

Une opération capitalistique bien sûr mais peut-être aussi politique afin de permettre à Vivendi de maîtriser les médias que possède Lagardère en vue des élections de 2022.

Les médias de Vivendi penchent le fait de plus en plus à droite et même à l’extrême droite. Témoin le fait qu’une filiale  de Vivendi diffuse d’ailleurs le livre de Zemmour. Sans parler de la chaîne CNews qui s’enfonce de plus en plus dans le populisme nauséabond. Sur le plan politique, Lagardère a été très proche de Sarkozy, ensuite de Macron. Bref deux groupes très teintés politiquement.

Veolia doit suspendre son OPA sur Suez

Veolia doit suspendre son OPA sur Suez

Bruno Le Maire annonce la saisie de l’Autorité des marchés financiers et appelle les deux groupes à revenir à la table des discussions.

Saisi dimanche 7 février au soir par Suez, le tribunal de commerce de Nanterre a ordonné à Veolia de suspendre le lancement de toute OPA contre son concurrent, dans l’attente d’un débat au fond sur ses précédents engagements d’amicalité. Dans la foulée, ce lundi matin sur Europe 1, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la saisie de l’Autorité des marchés financiers. Il évoque «des questions de transparence».

Visiblement agacé par la tournure que prennent les événements, le ministre de l’Économie a renouvelé son appel au calme. «Je vais répéter une nouvelle fois qu’une opération de cette ampleur, entre deux champions industriels, ne peut réussir que si elle est amicale», a-t-il affirmé. «On ne peut pas réussir contre les salariés, le conseil d’administration, les usagers. Cette offre n’est pas amicale et cela contrevient aux engagements pris par Veolia. Elle est précipitée», a ajouté le ministre, énumérant des «risques» sur «l’emploi, sur l’empreinte industrielle». Bruno Le Maire appelle les deux groupes à «retrouver le chemin de la raison et du dialogue» mais aussi «un peu de sagesse et le sens de l’intérêt général». «Je veux que chacun comprenne que dans le contexte actuel, le capitalisme Français ne peut pas être la guerre de tous contre tous (…) Est-ce qu’il ne serait pas infiniment préférable que cette opération se fasse dans un dialogue apaisé ?», s’interroge-t-il.

 

En attendant, le tribunal ordonne donc à Veolia «de ne pas rendre l’Autorité des marchés financiers destinataire d’un projet d’offre public ni d’initier d’offre publique sur les titres de Suez non préalablement approuvée par le conseil d’administration de Suez», indique la décision en référé.

OPA hostile sur Suez : Veolia persiste dans son opération suicidaire

OPA hostile sur Suez : Veolia persiste dans son opération suicidaire

 

 

 

Il paraît de plus en plus clair que Veolia est engagée dans une opération suicidaire pour l’avenir aussi bien de Suez que Veolia. En effet l’acharnement de Veolia risque de déstabiliser les deux entreprises.  La logique obsessionnelle du patron de Veolia s’oppose en effet à toute rationalité économique dans la mesure où un éventuel regroupement des sociétés conduirait à l’abandon d’un certain nombre d’actifs à la demande de la commission européenne. Parmi ces actifs, on compterait notamment l’abandon de l’activité EAU qui constitue un atout stratégique pour s’implanter durablement chez les clients potentiels. On imagine évidemment le désarroi des donneurs d’ordres qui prennent connaissance des agitations capitalistiques de Veolia.

 

De toute manière le regroupement les amènera forcément dans certains cas à solliciter d’autres entreprises que les sociétés françaises trop oligopolistiques en cas de regroupement. Ce secteur vital a besoin de stabilité eue égard aux énormes investissements nécessaires aujourd’hui et qui le seront encore davantage demain pour des motifs environnementaux.

L’entêtement du président de Veolia pourrait porter un grave préjudice à l’image et à la situation des deux sociétés.

Le groupe dirigé par le patron de Suez, Bertrand Camus , a jugé dimanche soir le dépôt de cette OPA « irrégulier et illégal »«Veolia est dans l’impossibilité juridique de déposer une OPA», a souligné une porte-parole de Suez, dénonçant une «rupture de l’engagement d’amicalité» pris par Veolia. «Nous ne laisserons pas faire Veolia dans son entreprise de destruction», a déclaré de son côté l’intersyndicale de Suez (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC) dénonçant une «OPA hostile contre Suez et ses salariés», synonyme de «déclaration de guerre sans retour». Cette offensive hostile risque de fortement déplaire à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, qui a plusieurs fois appelé les protagonistes à se parler pour trouver un accord.

 

D’une certaine manière, cette affaire illustre aussi la conversion d’anciens fonctionnaires à l’ultralibéralisme parvenus un peu par hasard à la tête d’entreprises privées  où ils n’ont même pas apporté un seul euro. Bref le capitalisme technocratique à la française.

Une OPA de Vivendi sur Lagardère pour déstabiliser ?

Une OPA de Vivendi sur Lagardère pour déstabiliser ?

 

 

Une nouvelle fois Bolloré ne prend pas des pincettes en matière de capitalisme. C’est comme pour ses affaires, à coups de pied au cul qu’il conduit sa barque dans l’affaire Lagardère dont il veut prendre le contrôle. En tout cas il va au moins réussir à déstabiliser Lagardère.

Bolloré propose tout simplement de racheter la participation du fonds Ambert capital. Premier actionnaire de Lagardère à hauteur de 26,7%, le géant des médias contrôlé par Vincent Bolloré a indiqué vendredi, dans un courrier à l’Autorité des marchés financiers (AMF), qu’il comptait encore grimper au capital. Surtout, Vivendi déclare qu’il est « en mesure » de s’offrir les actions de son allié, le fonds Amber Capital, qui possède 19,93% du groupe d’édition, de travel retail et de médias. Dans cette hypothèse, Vivendi franchirait le seuil des 30% du capital et serait contraint de lancer une OPA sur Lagardère.

Si Bolloré devait mettre la main sur Lagardère et notamment les médias   il y aurait sans doute lieu de s’interroger encore davantage sur la ligne éditoriale si l’on en juge par la façon dont Bolloré a muselé Canal+. Notons qu’en ce moment les patrons français sont plus forts pour déstabiliser les entreprises françaises que pour renforcer leur dimension internationale. Pas sûr que les médias aient  besoins d’être secoués par cette tentative capitalistique à un moment où ils  se trouvent dans une situation particulièrement délicate du fait de la crise sanitaire ( baisse d’audience et baisse de recettes publicitaires)

OPA de Veolia sur Suez : de quoi se mêle Bruno Lemaire ?

OPA de Veolia sur Suez : de quoi se mêle Bruno Lemaire ?

D’une certaine manière Bruno Lemaire a donné son aval à l’OPA de Veolia sur Suez même s’il est fixe des conditions. La première observation est de savoir pourquoi le ministre de l’économie met son grain de sel dans cette affaire. Une affaire typique de la conception du capitalisme français avec des relations sulfureuses entre l’État et les grandes entreprises. Pas étonnant d’ailleurs puisque ces grandes entreprises sont souvent dirigées par d’anciens fonctionnaires. En réalité Bruno Lemaire appuie cette éventuelle fusion pour n’avoir pas à mettre au pot d’énergie d’Engie en fragilité financière et stratégique. Ensuite il y a le mythe de la concentration. Sans doute le même mythe qui a conduit à abandonner la branche Alstom électrique à général électrique. Cette fois le ministre de l’économie et des finances souhaitent un actionnariat français. On voit mal cependant en l’état de la législation comment il pourrait s’opposer à un actionnariat étranger. Le ministre de l’Économie et des Finances a listé les conditions de rachat des parts de Suez par Véolia, avec notamment le maintien de l’emploi et l’actionnariat majoritairement français.

«Toute offre peut toujours être améliorée», a estimé dimanche le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, deux jours après les déclarations du patron d’Engie qui a jugé insatisfaisant le prix offert par Veolia pour racheter les parts de son groupe dans Suez.

 

«Nous regardons avec un souci d’équité l’offre de Veolia ou les autres offres qui pourraient venir (en posant) trois conditions impératives: l’emploi; l’empreinte industrielle française et l’actionnariat majoritairement français; et la valorisation patrimoniale», a-t-il réaffirmé dans un entretien à Europe1/Les Échos/CNews. À noter que le premier ministre lui-même approuve ce regroupement qui va déstabiliser la position des acteurs français sur le les marchés étrangers, renchérir le prix de l’eau et provoquer une vague de plusieurs milliers de licenciements en France notamment.

Jean Castex, qui évidemment n’y connaît rien, estime que le rapprochement entre Suez et Véolia «fait sens». Une formulation de sociologue de bistrot !

« L’Entreprise Macron » : une OPA sur le pays

« L’Entreprise Macron » : une OPA sur le pays

 

 

Nombre de chercheurs s’efforcent de comprendre les raisons de l’exceptionnelle ascension de Macron. Ce dernier a sans doute bénéficié d’un environnement politique favorable mais il a surtout été l’instrument d’une stratégie libérale, une sorte d’OPA sur le pays des financiers et des grands patrons. Comment en effet quelqu’un comme Macron qui n’a strictement aucune légitimité politique et sociale a-t-il pu devenir candidat à la présidence de la république. Ce n’est évidemment pas son passage chez Rothschild qui pouvait lui fournir cette légitimité sociale. La conquête pouvoir de Macron était en quelque sorte programmée par les cercles qui gravitent autour des grands intérêts financiers. Dans cette stratégie de conquête du pouvoir, le pays a été considéré comme une entreprise sur laquelle on pouvait faire une OPA et avec les mêmes méthodes. Le problème maintenant c’est qu’on s’aperçoit que la France n’est pas une start-up et ne veut pas être dirigée de manière monarchique. Vingt-deux chercheurs ont analysé, dans un ouvrage, le basculement majeur dans l’histoire de la Ve République que constitue la dernière élection présidentielle et donnent quelques clés pour comprendre le succès d’Emmanuel Macron.

 

« L’Entreprise Macron », Collectif sous la direction de Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre, Presses universitaires de Grenoble, 24 euros

Le livre. Comme la plupart des commentateurs, journalistes, acteurs politiques, etc., les politistes, dans leur grande majorité sans doute, n’ont longtemps pas cru possible la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017. » En introduisant ainsi leur ouvrage L’Entreprise Macron, les vingt-deux chercheurs réunis sous la direction de Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre font acte salvateur d’humilité. En croisant ainsi les regards de plusieurs sous-disciplines de la science politique, ils s’efforcent d’analyser un basculement majeur dans l’histoire de la Ve République. Avec ce riche travail de fond, il s’agit d’essayer de comprendre les raisons de cet « improbable succès ».

En premier lieu, comprendre que le surgissement d’Emmanuel Macron et de son mouvement ne relève pas d’une simple éruption mais d’une stratégie progressive qui « n’a pas seulement bénéficié d’un “alignement favorable des planètes” [mais] a également su tirer profit de “logiques de situation” ». Comprendre aussi l’essence de son programme, ou sa défiance à l’égard des programmes.

OPA sur Euler Hermes par Allianz

OPA sur Euler Hermes par Allianz

 

L’assureur allemand qui détient 63% dans l’assureur-crédit français a annoncé lundi un projet d‘offre sur le leader français de l‘assurance-crédit Euler Hermes. Le géant allemand de l‘assurance prévoit de lancer une offre simplifiée sur 24,20% du capital d‘Euler Hermes au prix de 122 euros par action, ce qui représente une prime de près de 21% sur le cours de clôture du 24 novembre. Allianz a déjà conclu le rachat de 11,34% du capital auprès de certains actionnaires. Le conseil de surveillance, qui s’est réuni hier dimanche 26 novembre, a accueilli favorablement le principe d’une telle offre, selon le communiqué d’Euler Hermes dont 35,5% du capital est dans le public et 1,50% autodétenu par le groupe. Le conseil d’Euler Hermes annonce qu’il s’exprimera à nouveau fin décembre pour émettre un avis motivé sur le projet d’offre. « Augmenter la participation dans Euler Hermes est une étape logique d’Allianz dans sa volonté d’affecter des capitaux dans des activités stratégiques dégageant de solides performances opérationnelles et dans sa volonté de renforcer ses positions dans des marchés domestiques clef et, en particulier, dans l’assurance dommages », souligne le groupe allemand dans un communiqué. La transaction aura un effet relutif d’un point de pourcentage sur le bénéfice par action d’Allianz dès qu’elle sera finalisée, poursuit l’assureur, notant qu’elle n’aurait aucune incidence sur son programme de rachat d’actions de 2 milliards d’euros.

 

Allemagne : protection contre les OPA étrangères

Allemagne : protection contre les OPA étrangères

 

L’Allemagne qui a toujours su protéger son économie s’apprête cette fois-ci à empêcher les OPA étrangères sur les entreprises de haute technologie. Une attitude qui ne sera pas forcément appréciée par les autorités de Bruxelles mais qui devra cependant être prise  en compte dans la mesure où l’Allemagne assure de fait la véritable gouvernance de l’union européenne. Le ministère de l’Economie allemand veut en effet protéger les sociétés high tech de toute OPA hostile, surtout celles que pourraient lancer des entreprises publiques ou semi-publiques de pays non européens, rapporte dimanche le Welt am Sonntag. L’hebdomadaire précise que le secrétaire à l’Economie Matthias Machnig a transmis à des membres du gouvernement un document comportant six points fondamentaux gouvernant l’examen des investissements au niveau de l’Union européenne (UE). Selon ce document, l’UE mais aussi les pays membres auraient toute latitude d’interdire l’achat de sociétés par des investisseurs extérieurs à l’Union. « Le ministre (de l’Economie Sigmar) Gabriel a toutefois souigné à plusieurs reprises qu’il souhaiterait examiner les possibilités, à un niveau européen également, d’établir les bases d’une concurrence loyale, surtout avec des entreprises étrangères subventionnées par l’Etat, tout en restant ouvert à l’investissement », a ajouté le porte-parole. La question prend d’autant plus d’importance en Allemagne que le groupe chinois d’électroménager Midea est en train de racheter le constructeur de robots industriels Kuka et que le fondeur chinois Sanan Optoelectronics a dit lundi être en contact avec le spécialiste allemand de l’éclairage Osram, la presse allemande prêtant au premier l’intention d’acheter le second.

(Avec Reuters)

Vivendi : OPA sur Telecom Italia ?

Vivendi : OPA sur Telecom Italia ?

Vivendi détient désormais 24,9% du capital de l’opérateur italien Telecom Italia  S’il passe la barre des 25%, le groupe français pourra lancer une OPA sur ce groupe qui suscite les convoitises dans le secteur des télécoms européennes. Le groupe français de médias Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia, est désormais propriétaire de près d’un quart du capital de l’opérateur italien, à un cheveu d’une possible OPA, annonce samedi l’agence économique RadioCor, citant la SEC américaine. Le groupe de Vincent Bolloré avait fait son entrée en juin 2015 au capital de Telecom Italia, en acquérant 14,9% de son capital. Il a ensuite augmenté progressivement sa participation, pour atteindre 23,8% au 1er mars. Selon les informations communiquées à la SEC, le gendarme boursier américain, cité par RadioCor, Vivendi a acheté plus de 148 millions d’actions ordinaires supplémentaires entre le 1er et le 9 mars, pour un montant total de 155 millions d’euros, grimpant ainsi à 24,9% du capital. Le groupe français se trouve donc désormais à peine en dessous du seuil des 25%, synonyme d’offre publique d’achat selon la loi italienne. A la Bourse de Milan vendredi, Telecom Italia a clôturé en hausse de 5,47% à 1,042 euro.

 (Avec AFP)

La Grande Bretagne veut contrôler les OPA étrangères

La Grande Bretagne veut contrôler les OPA étrangères

 

Au pays du libéralisme triomphant on veut désormais contrôler les OPA étrangères qui menaceraient les intérêts stratégiques du pays. Le débat sur les OPA étrangères au Royaume-Uni s’est ouvert au printemps lorsque le géant américain de la pharmacie Pfizer, a tenté en vain de prendre le contrôle d’AstraZeneca, ce qui a fait craindre des pertes importantes pour l’emploi et la recherche britanniques. « Ce qu’a fait alors le gouvernement, c’est s’engager dans des négociations pour obtenir des assurances. Ce que nous devons faire désormais, c’est nous assurer que lorsque des engagements sont pris, il n’y ait pas de marge de manœuvre », a dit Vince Cable à la BBC. Pour tenter de mettre la main sur AstraZeneca, Pfizer avait promis de mener à bien l’installation d’un centre de recherche à Cambridge, de conserver une usine dans le nord de l’Angleterre et de maintenir en Grande-Bretagne 20% de ses effectifs de recherche. Mais il avait précisé que ces promesses étaient susceptibles d’être modifiées si les circonstances évoluaient « considérablement ». En 2010, le groupe américain d’alimentation Kraft, lors du rachat de Cadbury, s’était engagé à laisser ouverte l’une des usines du britannique jugée menacée par l’opération. Mais il était revenu sur cette promesse sitôt l’opération bouclée. « Nous pourrions aller vers des pénalités financières afin de faire en sorte que ces engagements soient contraignants (…) Il existe des marges de manœuvre dans les règles existantes et nous voulons parvenir à ce qu’il ne soit pas possible d’y échapper », a dit le ministre. Il a ajouté que la modification de la réglementation nécessiterait sans doute l’adoption d’un nouveau texte de loi mais que celui-ci pourrait entrer en vigueur rapidement.  Vince Cable a précisé que le Parti libéral-démocrate, allié des conservateurs au sein de la coalition gouvernementale, souhaitait doter l’Etat de pouvoirs d’intervention dans les opérations concernées en cas de refus de l’acheteur de s’engager « Il faut un dernier recours dans lequel le gouvernement peut intervenir, peut invoquer l’intérêt général », a-t-il dit.




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