Détournement de fonds aux jeux olympiques de 2024
Ce n’est pas la première fois ni sans doute la dernière que des organisations sportives internationales sont soupçonnées de détournements de fonds. C’est encore le cas pour le comité d’organisation des JO de 2024.
Le ministère public a confirmé partiellement une information de France Télévisions en précisant que ces perquisitions étaient effectuées dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes respectivement en 2017 et 2022, sur des soupçons de prise illégale d’intérêts et de favoritisme. Elles sont relatives à des marchés attribués dans le cadre de l’organisation des Jeux.
La première enquête, ouverte en 2017 est menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Elle est relative à une série de marchés attribués « par plusieurs pouvoirs adjudicateurs successifs liés aux JO, notamment le Cojo et le GIP 2024 (le comité de candidature qui précédait le Cojo, NDLR) », a précisé le PNF.
L’enquête concerne plus précisément, d’après le ministère public, des soupçons de « prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, favoritisme et recel de favoritisme ».
La seconde enquête concerne la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), dans le centre-ouest de Paris et d’autres sites ainsi que le Cojo, selon le PNF.
D’après le PNF, cette deuxième procédure, a été déclenchée en 2022 et confiée à la BRDE, la brigade financière de la police judiciaire parisienne, pour des soupçons de prise illégale d’intérêts, favoritisme et recel de favoritisme.
Toujours selon le PNF, elle a pour objet plusieurs marchés passés par le Cojo et la Solideo, après un contrôle de l’Agence française anticorruption (AFA). Cela concernerait des « contrats de conseil » sur « différents sujets », d’après une source proche du dossier.
D’après une autre source proche du dossier, l’une de ces deux procédures est relative à de potentiels conflits d’intérêts en lien avec Edouard Donnelly. Le directeur exécutif des opérations du Cojo avait été auparavant prestataire des JO via sa société RNK.
Des rapports pointent des « conflits d’intérêts »
A ce jour, aucune annonce d’enquête judiciaire visant le comité n’était connue. Le Cojo « collabore pleinement avec les enquêteurs pour faciliter leurs investigations », a affirmé le comité.
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Deux rapports de l’agence française anti-corruption (AFA) concernant l’organisation des JO, publiés en avril 2021, dont l’AFP a pris connaissance, mettaient en lumière des « risques d’atteintes à la probité » et de « conflits d’intérêts ». Les inspecteurs de l’AFA ont également estimé que la procédure générale relative aux achats est « imprécise et incomplète », et pointe « des situations de potentiels conflits d’intérêts non maîtrisés ».
Ces deux rapports, publiés début 2021, que le Canard Enchaîné avait déjà évoqué il y a près d’un mois, concernent le Comité d’organisation (Cojo) et à la Solideo… les deux entités actuellement perquisitionnées. A noter que la Cour des comptes suit attentivement l’activité du Cojo et devrait publier un rapport prochainement.
« Cela va leur coller à la peau »
David Roizen, expert en politique publique sportive, est revenu, pour l’AFP, sur ces perquisitions. « Ce n’est pas forcément une surprise. Il y avait déjà eu deux alertes, une venant de l’AFA et l’autre d’un ancien membre du Cojo, qui avait d’ailleurs été licencié ensuite ».
« Vis-à-vis de tout le monde, ces perquisitions sont catastrophiques. Ils viennent de perdre leur crédibilité, notamment sur le devoir d’exemplarité (…) cela va leur coller à la peau jusqu’aux JO », explique-t-il.
Ces perquisitions arrivent dans un contexte déjà tendu. En effet, dix ouvriers qui ont travaillé sans papiers sur les chantiers des JO-2024, ont assigné plusieurs géants du BTP, à savoir Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC, aux prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), afin d’avoir une « reconnaissance » de leur travail et le versement des arriérés de salaires.
Le parquet de Bobigny avait ouvert, il y a un an, une enquête préliminaire pour « travail dissimulé »et « emploi d’étranger sans titre en bande organisée » après que des contrôles ont permis de montrer que plusieurs travailleurs étaient en situation irrégulière sur un chantier olympique.
(Avec AFP)