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Chômage en hausse et croissance tassée (OFCE)

Chômage en hausse et croissance tassée (OFCE)

La multiplication des chocs Le contexte international économique et géopolitique impacte évidemment l’évolution de la croissance de l’économie française. . Dans ce contexte morose, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut pour 2024, à 0,8% contre 1,2% au printemps dernier. S’agissant de 2023, l’institut a très légèrement révisé à la hausse à 0,9%, contre 0,8% en avril. Le taux de chômage en France pourrait grimper de 7,2% à 7,9% en 2024.

Après plusieurs années de baisses consécutives, les économistes s’attendent ainsi à un retournement en 2024. Au total, près de 53.000 postes pourraient être détruits l’année prochaine contre 140.000 créations en 2023, et plus de 500.000 en 2022 dans le sillage du rebond post-Covid.

Depuis 2019, « plus de 1 million d’emplois ont été créés. Sur ce total, 70% des créations sont liées à des phénomènes exceptionnels, comme l’apprentissage (250.000 emplois), les faibles défaillances (280.000 emplois) ou encore la durée du travail », a résumé Mathieu Plane.

La fermeture du robinet des aides (chômage partiel, PGE, fonds de solidarité) et la moindre prise en charge des embauches d’apprentis devraient réduire le nombre de créations d’emplois.

L’inflation galopante et persistante depuis 2022 a poussé les banques centrales à durcir leur politique monétaire. Depuis plus d’un an, la Banque centrale européenne (BCE) a serré la vis en annonçant une série de hausses inédites, depuis la création de la zone monétaire en 1999. Les effets de cette stratégie vont clairement se faire ressentir en 2024, d’après les modèles statistiques de l’OFCE.

« La remontée des taux produit un choc majeur sur l’économie française », a appuyé Mathieu Plane. Compte tenu des effets de diffusion de l’ordre « de 12 à 18 mois » sur l’économie, l’année 2024 serait marquée par des effets en cascade sur le marché de l’immobilier ou encore l’investissement des entreprises.

« On s’attend à une contraction de l’investissement des ménages dans l’immobilier et un repli de l’investissement des entreprises », a-t-il ajouté.

La montée en flèche des prix à la consommation depuis 2022 a sérieusement réduit le pouvoir d’achat des ménages. Confrontés à des prix de l’énergie et de l’alimentaire élevés, les plus modestes doivent se serrer la ceinture. Après un recul en 2023, le pouvoir d’achat par unité de consommation, qui prend en compte la composition des ménages, retrouverait des couleurs.

« Il devrait augmenter en 2023 en raison de la hausse de l’emploi. La contribution de la masse salariale est favorable au pouvoir d’achat », a indiqué Mathieu Plane.

Pour 2024, la hausse des salaires réels, c’est-à-dire en prenant en compte l’inflation, devrait compenser les pertes d’emplois. Malgré cette bonne nouvelle, le moral des ménages reste terne. En moyenne, le taux d’épargne devrait demeurer à un niveau élevé, de l’ordre de 18% à la fin de l’année 2024, contre 15% avant la pandémie. Le manque de perspectives favorables pèse sur la confiance des Français.

Finances publiques : Macron ment (OFCE)

Finances publiques : Macron ment (OFCE)

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) conteste les prévisions du gouvernement Macron de ramener la dette à 3 % si la fin du mandat du président de la république. En cause des prévisions de croissances qui ne seront pas atteintes  ( Seulement 1 % en 2023) et toujours la dérive des dépenses publiques complètement sous-estimées. La dette autour de 112 % en 2021 serait à peu près du même ordre en 2027. De la même manière, l’objectif d’un taux de chômage à 5 % est  illusoire et devrait atteindre 7.5% en 2027

L’OFCE table sur une réduction du déficit public à -3,7% du PIB d’ici à 2027. Après avoir plongé en 2020 et 2021 (-6,4% du PIB) en pleine crise du Covid, le solde public devrait progressivement se réduire dans les cinq prochaines années. La baisse la plus importante est attendue entre 2022 et 2023 (-0,9%) sous l’effet principalement de l’extinction progressif des mesures d’urgence sanitaires et des dispositifs destinés à amortir la crise énergétique. Le solde primaire, c’est-à-dire le déficit hors mesures temporaires et effet d’activité, serait en 2022 inférieur à 3% en 2022 (2,5%).

Les économistes estiment que les mesures d’urgence, de relance, d’énergie et de pouvoir d’achat représentent environ 2,6 points de PIB en 2022. Le débranchement de certaines mesures devrait permettre au déficit de se réduire si les conséquences de la guerre en Ukraine et celles de la crise sanitaire ne se prolongent pas.

Au final, la dette rapportée au PIB serait relativement stable passant de 112% en 2022 à 113% en 2024 et 2025 avant de baisser légèrement vers 112% en 2027. Cette trajectoire ne tient pas compte de la recapitalisation d’EDF à 8 milliards d’euros qui pourrait avoir une incidence sur les chiffres de la dette.

La succession des crises ces dernières années a propulsé l’inflation à un niveau record en France. L’indice général des prix pourrait s’établir à 5,3% en 2022 avant de redescendre à 4,1% en 2023 et 2,1% en 2024. « Notre scénario principal est que les prix de l’énergie vont rester durablement élevés. Le choc macroéconomique va aller au-delà de 2022. Les mesures de protection face à l’énergie vont permettre d’amortir une partie de ce choc », indique Mathieu Plane. Le scénario noir d’une coupure de gaz russe d’ici la fin de l’année pourrait à nouveau faire flamber les prix de l’énergie sur le Vieux continent.

Si la dépendance du gaz russe en France est bien moins forte qu’en Allemagne, cette décision aurait néanmoins un impact sévère sur la croissance et l’inflation.

La croissance du produit intérieur brut devrait marquer le pas entre 2022 et 2023 passant de 2,4% à 1%. Après avoir atteint un sommet en 2021 à 6,8% dans le sillage de la reprise post-covid, l’économie française traverse une zone de fortes secousses. Entre la crise énergétique et les tensions sur les approvisionnements, la trajectoire du PIB est encore très loin de retrouver son niveau d’avant crise. Les différentes crises ont ainsi provoqué des pertes de revenus immenses difficilement rattrapables malgré l’effet rebond de l’année 2021.

Sur le front de l’emploi, la situation pourrait rapidement se dégrader. Après avoir baissé à 7,3% de la population active, le chômage au sens du bureau international du travail (BIT) pourrait grimper à 8% en 2023 avant de s’infléchir à 7,5% en 2027. Là encore, la promesse d’Emmanuel Macron de revenir au plein emploi d’ici la fin du quinquennat s’éloigne encore. Le coup de frein de l’économie peut en partie expliquer ces moins bons résultats en matière d’emplois et de chômage.

 

 

Ukraine: Un choc économique très important pour la France ( Mathieu Plane , OFCE)

Ukraine: Un choc économique très important pour la France ( Mathieu Plane , OFCE)

 

Pour l’économiste de l’OFCE, Mathieu Plane, l’inflation en France risque d’atteindre 5 % cette année. Une mauvaise nouvelle, qui vient après le Covid, alors que l’économie française reste encore convalescente. Le taux de chômage risque de remonter, indique-t-il dans la Tribune.

 

Avec la guerre en Ukraine, à quoi faut-il s’attendre pour notre économie ?

MATHIEU PLANE- À court terme, nous le voyons déjà, il y a un effet inflation fort, dû essentiellement à la hausse des prix de l’énergie. Bruno Le Maire a raison de parler de choc pétrolier. Il y a encore quelques semaines, nous anticipions un pic d’inflation, sous l’effet de la reprise, mais ce devait être temporaire, transitoire. Ce choc était lié à une dynamique, il résultait des goulots d’étranglement sur des matériaux, des chaînes d’approvisionnement …. Aujourd’hui, avec le conflit ukrainien, nous savons que cette inflation va être plus forte encore et probablement durer. Ce qui change la donne. La première conséquence est sur le pouvoir d’achat des ménages. Car si les pensions de retraite, les minimas sociaux et le SMIC sont indexés sur l’inflation, ce n’est pas le cas des salaires. Est-ce tenable socialement d’avoir des différences qui promettent d’être importantes entre ceux qui vivent de leur travail et les retraités ?

Mais les salaires devraient toutefois augmenter…

Certes, mais plutôt entre 2 et 3 %. A priori les entreprises n’iront pas forcément au-delà … Alors que l’inflation est déjà à 3,6%….et je ne serai pas surpris qu’elle dépasse les 5 % dans quelques semaines. Il y aura donc des pertes pour le porte-monnaie des Français. C’est une situation que l’on a pas connue en France depuis des décennies. Le choc budgétaire sera important car l’Etat devra absorber cette hausse. S’il faut augmenter les pensions de quelques points à 16 millions de retraités pour atteindre 5% par exemple, ce n’est pas neutre…

Le gouvernement a promis d’aider les Français…

Certes, mais cette inflation durable va aussi poser des questions quant à notre politique économique. Le gouvernement va bientôt présenter un plan de résilience : jusqu’où va-t-il pouvoir compenser cette hausse des prix ? Comment aider les plus modestes ? En s’endettant encore ? Autre question cruciale : Que va faire la Banque centrale européenne ? Elle ne va pas pouvoir remonter les taux d’intérêt… Comment allons nous financer les dépenses dues à la guerre, même si nous ne sommes pas directement impliqués – ces dépenses pour assurer notre indépendance militaire, énergétique ? Tout ça dans un contexte où notre économie n’était pas totalement remise du choc du Covid ….

En attendant, notre économie a crée plus de 700 000 emplois l’an dernier…

Oui, selon l’Insee, 700.000 postes ont été créés en 2021, dans le privé, c’est considérable. Certes, il y a un effet rattrapage après des destructions importantes en 2020, mais personne ne s’attendait à un tel chiffre. C’est véritablement une bonne surprise. Cela représente 390.000 emplois de plus qu’avant la crise, en 2019. Dans le secteur privé, c’est 1,6 % de plus qu’avant la crise. Et dans le même temps, le niveau d’activité, lui, est resté relativement faible : 0,5 % de plus dans le privé. La comparaison de ces deux chiffres illustre une perte de productivité de notre économie. Perte très marquée dans certains secteurs comme la restauration, la construction… qui ont créé de nombreux emplois, sans retrouver leur niveau d’activité d’avant crise.

Comment expliquer cette perte de productivité  ?

Plusieurs éléments peuvent être avancés. Tout d’abord, la durée du travail. Nous n’avons pas retrouvé les niveaux de 2019, car l’économie est encore convalescente. Il y a eu dans certains secteurs, le maintien du chômage partiel, mais aussi des temps partiels, des pertes d’heures supplémentaires aussi…. On peut aussi penser que ces créations d’emploi ont été encouragées par des aides à l’embauche, comme les primes pour les jeunes, pour les apprentis. Autant de dispositifs qui ont stimulé les recrutements, de façon parfois un peu artificielle. `

Autre explication, l’économie est encore affectée par les mesures sanitaires : concrètement, par exemple, il faut plus de monde dans un restaurant qu’avant, pour vérifier les pass sanitaires, espacer les tables, les services etc… Il y a une désorganisation des entreprises du fait aussi des absences à cause du covid, des cas contacts, etc. Autrement dit, pour produire autant qu’avant, ou réaliser le même service, il faut plus de personnel. Enfin, dernière suggestion, comme les chefs d’entreprise ont du mal à recruter, ils préservent leurs emplois, ceux qu’ils n’auraient pas forcément gardés en pariant sur l’avenir. Par exemple, dans l’hôtellerie, un jeune qui arrive en fin de CDD, le patron se dit  » je le prolonge le temps que la saison estivale arrive car je sais que le marché est tellement tendu, que ce sera difficile de trouver du personnel… »

Le niveau d’emploi peut-il être préservé avec la guerre ?

Hélas, il y a peu de chances…Dans ce contexte, les entreprises risquent de moins investir, d’être plus frileuses dans les embauches. Alors qu’il passait en dessous de 8%, le taux de chômage risque de remonter. Le gouvernement le dit : il va y avoir des incidences sur la croissance, qui va ralentir. Comme les prix vont augmenter, la consommation promet de chuter. Nous allons moins dépenser. Par crainte de l’avenir, les Français risquent d’aller moins au restaurant, de moins sortir, de limiter leurs achats, d’agir avec prudence … Et donc l’activité promet de faiblir.  D’où la stagflation probable. Enfin, il faut s’attendre aussi à des effets sur l’épargne. Les ménages qui en possèdent vont certainement piocher dedans pour maintenir leur niveau de vie, et accuser les hausses de prix. Mais, ceux qui le pourront vont aussi mettre de l’argent de côté du fait de la guerre. Une chose est sûre, il est très difficile de faire des prévisions. Tout va dépendre du comportement des ménages, de celui des entreprises, des réactions des banques centrales… Du contexte politique, aussi. Dans cinq semaines à peine, il y aura l’élection présidentielle. Mais cette guerre, en plus d’être un drame humain, sera aussi aussi un choc économique

Coronavirus :  » Une urgence: soutenir le pouvoir d’achat des ménages » Christophe Blot (OFCE)

Coronavirus :  » Une urgence: soutenir le pouvoir d’achat des ménages » Christophe Blot (OFCE)

L ‘économiste Christophe Blot (OFCE) estime dans une interview à la tribune que « le choc actuel sera probablement très fort compte tenu des mesures qui sont prises »

 

Quel regard portez-vous sur les mesures annoncées par Christine Lagarde jeudi dernier pour faire face à la crise du coronavirus ?

Les mesures n’ont pas apaisé la crise et l’inquiétude des marchés. Il faut néanmoins tenir compte du contexte dans lequel cette crise intervient en matière de politique monétaire européenne. La BCE a engagé une politique de taux très bas. Le taux principal de refinancement est à zéro depuis 2016 et le taux de facilité de dépôt est déjà négatif. Il y a également des politiques d’achats d’actifs avec des programmes de soutien à l’activité. La politique monétaire est déjà très expansionniste. Dans ce contexte, les marges de manœuvre étaient limitées. La BCE pouvait baisser les taux mais cette baisse aurait eu surtout un effet de signal.

Il y a quand même eu des mesures annoncées de refinancement aux banques en contrepartie des crédits qu’elles vont accorder aux entreprises. Il y a un biais par lequel la banque centrale peut soutenir l’activité de crédit bancaire afin de ne pas pénaliser les entreprises de plus petite taille. Certaines mesures signifient que les banques doivent soutenir l’activité des entreprises pour leur éviter des problèmes de trésorerie. Sur le volet des achats d’actifs, il y a eu également des annonces. Jusqu’à maintenant, la BCE achetait 20 milliards d’euros de titres par mois pour une durée indéterminée. Là, elle a annoncé qu’elle allait racheter 120 milliards sur l’année en se focalisant sur les marchés d’entreprises.

 

Pourquoi les mesures annoncées par Christine Lagarde ont-elles provoqué des déceptions ?

Ce qui a pu provoquer des déceptions est l’absence de mesures relatives aux écarts de taux sur la zone euro. Avant la réunion du 12 mars, le taux italien commençait à remonter et le taux allemand commençait à baisser. Sur les marchés, les investisseurs qui souhaitaient garder des liquidités en euros se désengageaient de la dette italienne pour acheter de la dette allemande. Ce comportement peut se comprendre par le fait que l’Italie est le premier pays de la zone euro à prendre des mesures de confinement. La péninsule devrait donc être le premier pays à subir les conséquences macroéconomiques du coronavirus. L’Italie est un pays dans lequel la dette publique est déjà élevée. Cette situation devrait se traduire par une augmentation de dette italienne. Cette pression-là n’est pas du tout liée aux mesures budgétaires. Elle est liée au fait que l’activité va fortement se contracter au moins à court terme. Cet effondrement devrait avoir une incidence sur la dette. Le gouvernement italien va mettre en place un certain nombre de mesures de soutien à l’activité qui vont contribuer à faire croître la dette publique. Les marchés se disent que les risques sur la dette italienne vont s’accroître. Sur ce point, la BCE aurait pu annoncer une mesure pour que les écarts de taux dans la zone euro restent contenus à un certain niveau. Autrement, si le gouvernement adopte un plan de relance, ces effets peuvent être annihilés par une possible remontée des taux.

En revanche, Christine Lagarde a eu raison de rappeler que la politique monétaire ne peut pas tout faire mais une décision sur les écarts de taux aurait permis une coordination implicite de la politique monétaire et des politiques budgétaires. Elle a appelé les gouvernements à prendre leur responsabilité de coordination à l’échelle européenne. Il faut rappeler qu’il y a beaucoup d’autres annonces qui ont perturbé les marchés comme les annonces de Trump sur la fermeture des frontières américaines pour les Européens par exemple.

Existe-il un risque pour le secteur bancaire en Europe ?

Sur l’ensemble de la zone euro, la profitabilité des banques n’était pas dégradée avant la crise du coronavirus. Les banques ont bénéficié d’un certain nombre de mesures de la Banque centrale européenne qui leur permettent d’avoir des refinancements à très bas coût. Globalement, la situation s’est améliorée depuis la crise financière de 2008. Pour l’Italie, les créances douteuses avaient tendance à diminuer mais il est possible que certains établissements bancaires italiens soient encore dans une situation fragile. Un nouveau choc macroéconomique peut accentuer cette fragilité là. Un certain nombre d’entreprises qui ont une faible rentabilité et un haut niveau d’endettement pourraient subir les dégâts de cette crise.

Comment évaluez-vous l’ampleur de ce choc ?

Le choc actuel sera probablement très fort compte tenu des mesures qui sont prises. Ce choc, lié aux mesures de confinement, d’arrêt de l’activité, pourrait être limité dans le temps. À l’heure actuelle, il est difficile de se prononcer sur la durée de la crise. Cette crise n’est pas comparable à une crise financière. La crise financière va laisser des dégâts importants dans le système financier. Elle va provoquer par la suite un désendettement des agents. Après la crise de 2008 aux Etats-Unis, les ménages se sont fortement désendettés. Cela a pesé sur la consommation. Les banques ont réduit les crédits, compensant ainsi les prises de risque excessives précédentes. Aujourd’hui, la situation n’est pas la même. Ce n’est pas une crise financière. C’est une crise sanitaire qui a des effets économiques.

Une fois que la crise sanitaire s’estompe, le retour à une activité économique devrait se faire plus rapidement que lors d’une crise financière. Certains secteurs vont être plus touchés que d’autres comme le tourisme par exemple. L’effet sur le long terme de la crise du coronavirus devrait être moins fort que celui d’une crise financière. Sur ce point, les mesures temporaires vont permettre de faire du soutien aux revenus des ménages par des mesures de chômage partiel, de garanties de droits au chômage assouplies, des mesures de soutien pour la trésorerie des entreprises qui devraient permettre d’atténuer les liquidations et les faillites et donc éviter in fine de fragiliser le système bancaire.

La Commission européenne a annoncé récemment la mise en place d’un fonds d’investissement en réponse à l’épidémie allant jusqu’à 25 milliards d’euros. Est-ce suffisant ?

Les moyens dont disposent l’Europe en tant qu’institution sont actuellement limités. Le budget européen est très restreint. Il dépend de la contribution des Etats et il s’élève à environ un point de PIB de la zone euro. Ce n’est pas le levier principal par lequel l’Europe peut agir. L’enveloppe de 25 milliards d’euros peut sembler ridicule. Le Royaume-Uni a par exemple annoncé un plan de 30 milliards de livres. En l’absence de budget européen, il ne faut pas s’attendre à de fortes mesures de soutien de l’économie de la part de la Commission au vu de ses moyens. Il reste que la Commission peut jouer un rôle dans sa capacité à inciter les pays Etats membres à prendre les mesures nécessaires. Dit autrement, la Commission doit faire en sorte que les pays agissent de façon coordonnée.

Le deuxième levier est l’assouplissement des règles budgétaires en vigueur pour permettre aux pays d’avoir des actions suffisantes. Le soutien budgétaire viendra principalement des pays européens. Les décisions seront d’abord prises par la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne… pour faire face à la crise. Si ces pays sont contraints par les règles budgétaires, ils vont voir leurs marges de manœuvre réduites. Il semble logique de dire que les règles budgétaires ne doivent pas être la priorité. Dans les règles, il y a néanmoins des clauses de sortie prévues qui prévoient un assouplissement des règles en cas de récession. L’un des dangers sera d’éviter de reproduire l’erreur commise en 2011 en demandant aux Etats Membres de respecter les règles alors même que la situation économique n’était pas encore rétablie. Il faut faire en sorte de ne pas casser le rebond au moment de la sortie de crise.

Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé lors de son allocution que l’ensemble des gouvernements européens devait prendre les décisions de soutien de l’activité puis de relance quoi qu’il en coûte ». Quel regard portez vous sur cette position ?

Pour l’instant, il n’y a pas eu de mesures coordonnées. Chaque pays prend des mesures de façon indépendante. Comme le levier n’est pas européen, ce sont les Etats membres qui définissent leur programme de relance et le montant de ces programmes. Il faut éviter des phénomènes de « passager clandestin ». Au regard des situations en Italie, en Espagne ou en Allemagne, il est probable que ces pays mettent en place des mesures de relance similaires mais peut-être pas avec la même ampleur.

Quelles sont les mesures prioritaires à mettre en place pour éviter le marasme économique ?

À court terme, il faut absolument soutenir la trésorerie des entreprises en priorité et mettre en place des mesures de soutien au pouvoir d’achat des ménages par des dispositifs de chômage partiel. Il faut également garantir l’accès aux allocations chômage pour les individus qui n’arrivent pas à retrouver rapidement un emploi. Il peut y avoir des mécanismes de soutien à l’emploi. Il faut s’assurer également que le système de santé est capable de tenir le choc. Il faut lui donner tous les moyens nécessaires pour face à la crise sanitaire. À moyen terme, il faut absolument avoir une réflexion sur les moyens alloués à la recherche sur ce type de risque et les vaccins.

 

Fiscalité : une perte de près de 500 euros entre 2008 et 2016 (OFCE)

Fiscalité : une perte de  près de 500 euros entre 2008 et 2016 (OFCE)

 

Entre 2008 et 2016, les ménages ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenu disponible, révèle une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiée dans le dernier Portrait social de la France de l’Insee mardi 20 novembre. Le revenu disponible est ce qui reste aux ménages une fois déduits les impôts et les cotisations. Cette baisse de revenus concerne une grande partie de la classe moyenne (67%) et s’explique par les réformes fiscales et sociales. Les ménages de revenu médian ont perdu précisément 470 euros et les 5% les plus modestes 160 euros. Par ailleurs, l’étude montre que les 5% les plus riches ont perdu 2 500 euros de revenu disponible en 2016 par rapport à 2008.

Budget : baisse du pouvoir d’achat pour 80% de retraités (OFCE)

Budget : baisse du pouvoir d’achat pour 80% de retraités (OFCE)

Une étude de l’OFCE confirme que les grands perdants de la politique budgétaire seront les retraités. D’abord les retraités ont à subir une augmentation de la CSG et en plus les pensions ne seront revalorisées que de 0,3 % en 2009 et 2000 alors que sommes sur une tendance annuelle d’inflation de 2,3 %. En euros constants la baisse sera dont considérable. Quelques retraités seulement échapperont à la saignée notamment les 300 000 qui seront exonérés de hausse de la CSG. Le gouvernement explique que la ponction sur les retraités vise à améliorer la situation des actifs et que d’une certaine manière les retraités bénéficient d’une situation privilégiée. Faut-il rappeler que le montant moyen des retraites et de l’ordre de 1100 € avec évidemment beaucoup de dispersion autour de cette moyenne. Faut-il rappeler que nombre de retraités, surtout les plus anciens n’ont pas travaillé 35 heures mais plutôt le double et que leur retraite au regard de l’apport qu’ils ont fait à la richesse nationale est loin d’être imméritée. Selon l’étude l’OFCE, 79 % des retraités verront donc leur pouvoir d’achat amputé à l’horizon 2020 du fait des mesures du gouvernement, avec une perte moyenne de 400 euros par an au global par ménage. Les plus modestes devraient être épargnés.

 

Budget 2018 : surtout profitable aux riches ( OFCE)

Budget 2018 :  surtout profitable aux riches( OFCE)

Pas vraiment de révolution dans la politique redistrive  et pas étonnant que l’opinion se montre prudente sur la politique de Macron. D’après un sondage paru dans LCI, . 35% des personnes interrogées estiment que le bilan d’Emmanuel Macron est positif. 37% le jugent négatif, et 21% estiment qu’il est trop tôt pour juger. De fait d’après une étude de l’OFCE ce pourrait être une année relativement blanche concernant le pouvoir d’achat des ménages ( première préoccupation des Franaçis) ; par contre ; les plus aisés serait favorisé. Il faudra attendre 2019 pour que les ménages engrangent des effets positifs Les mesures du budget 2018 devraient en moyenne exercer un effet presque neutre sur le pouvoir d’achat global des ménages cette année avant de l’augmenter en 2019, mais devraient davantage profiter aux plus aisés, selon une étude de l’OFCE publiée lundi. Pour 2019, malgré la poursuite de la hausse de la fiscalité écologique et des prix du tabac, l’OFCE estime à six milliards d’euros la hausse du pouvoir d’achat des ménages, sous l’effet de la montée en charge de certaines mesures fiscales (taxe d’habitation, PFU) et des nouvelles revalorisations de certaines prestations sociales. Au-delà de ces chiffres globaux, les économistes de l’OFCE soulignent un « déficit de redistribution », avec un accroissement des inégalités en 2018 par rapport à 2017 et un « rééquilibrage partiel » en 2019. Même si cette année le niveau de vie d’une majorité de ménages, en moyenne, ne devrait selon eux être impacté qu’« à la marge », avec notamment un impact nul pour les classes moyennes, les principaux bénéficiaires des mesures nouvelles seront les « 2% de ménages du haut de la distribution des revenus, détenant l’essentiel du capital mobilier ». D’après leurs calculs, en 2018, les 5% de ménages les plus modestes devraient en moyenne voir leur niveau de vie être amputé de 0,6% en 2018 (soit 60 euros par an et par ménage) alors que les 5% de ménages les plus aisés verraient le leur progresser de 1,6% (soit 1.730 euros).

 

Revenu universel : irréaliste (OFCE)

Revenu universel : irréaliste (OFCE)

L’OFCE confirme que le revenu universel est à la fois irréaliste,  aussi irresponsable ; Une proposition de la gauche  hors sol mais aussi des ultra libéraux. Les uns pensent qu’ainsi on résoudrait tous les maux sociaux notamment le chômage dû à la robotisation. Les autres ne seraient pas fâchés de supprimer toutes prestations sociales actuelles. L’OFCE ne fait que confirmer que cette utopie est particulièrement dangereuse. Dangereuse surtout pour les bénéficiaires des classes défavorisées qui risquent de consacrer la totalité de ce revenu à la consommation et aux dépenses contraintes. Du coup qui seraient incapables de gérer sur le long terme ce revenu pour couvrir les risques sociaux (chômage, retraite, maladie etc.). À l’inverse des couches sociales plus favorisées seraient en capacité  d’affecter cette somme aux assurances couvrant ses risques. Dangereuse aussi cette utopie car elle coûterait de l’ordre de 300 milliards pour un revenu universel de moins de 800 €.  L’Observatoire français des conjonctures économiques indique donc que, « pour ne pas dégrader la situation des actuels bénéficiaires des minima sociaux, le revenu universel devrait être au minimum de 785 euros par mois et par adulte ». Il serait de 315 euros pour les enfants (jusqu’à 18 ans), et de 1.100 euros pour les plus de 65 ans et les personnes handicapées. Le revenu universel coûterait ainsi 588 milliards d’euros. Mais compte-tenu des économies réalisables (87 milliards de prestations et 22 milliards de suppression du quotient familial et conjugal), le coût serait ramené à 480 milliards d’euros, soit 22 points de PIB, a calculé l’OFCE. Le revenu universel remplacerait en effet les prestations familiales, la prime d’activité et les allocations logement. Retraites, assurance-chômage, assurance-maladie et prestations d’aide à la garde d’enfants seraient en revanche maintenues. Si le montant du revenu universel était de 1.000 euros par adulte (niveau du seuil de pauvreté) et 300 euros par enfant, le coût atteindrait 674 milliards d’euros par an. « Le montant global des sommes ainsi redistribuées serait extrêmement élevé » et « s’ajouterait en grande partie à un taux de prélèvement déjà particulièrement élevé en France », estime l’étude. « Le risque est grand alors que le financement du revenu de base ne s’effectue au détriment d’autres dépenses publiques ou sociales ». Estimant sa mise en oeuvre « irréaliste en pratique », les auteurs estiment préférable, pour lutter contre la pauvreté, « d’une part d’alléger fortement les conditions d’obtention du RSA, d’autre part de mettre en oeuvre concrètement le droit de chacun à avoir un emploi », à court terme par une politique de relance économique.

Croissance France 2016 : ramenée à 1,4 % (OFCE)

Croissance France 2016 : ramenée à 1,4 % (OFCE)

 

Ralentissement de la croissance mondiale, atonie de la croissance européenne, risques liés aux réussites, attentats et manifs en France ont conduit.  L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a révisé mercredi légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour 2016 en France. Pour 2016, l’OFCE table désormais sur une hausse de 1,4 % du produit intérieur brut (PIB), contre 1,6 % dans ses prévisions publiées en avril. Selon le gouvernement, la croissance devrait être « aux alentours de 1,5 % ». « Le trou d’air du milieu d’année, marqué par les grèves, les inondations, les attentats ou la fin initialement programmée du suramortissement fiscal, explique en partie la faiblesse de la reprise en 2016 », détaille l’institut de recherches. Toutefois, l’investissement devrait continuer à croître, de 2,7 %, et le taux de chômage baisser de 0,5 point pour s’établir à 9,4 % de la population active en fin d’année. Le déficit devrait revenir à 3,3 % du PIB, selon l’OFCE, une prévision conforme à celle du gouvernement. En 2017, la croissance devrait pour sa part s’établir à 1,5 %, estime l’OFCE qui tablait auparavant sur une hausse de 1,6 % du PIB. Le gouvernement table aussi sur une progression de 1,5 % l’an prochain. « La France doit faire face, par rapport à la prévision de printemps, à deux nouveaux chocs, l’impact négatif du Brexit sur le commerce extérieur et celui des attentats sur la fréquentation touristique », explique l’OFCE. Mais en 2017 « la politique budgétaire n’impactera pas négativement la croissance », a souligné lors d’une conférence Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, notant que ce serait « la première fois depuis sept ans ». Le taux de chômage ne devrait baisser que de 0,1 point, « en raison du rebond de la population active avec le retour progressif sur le marché du travail des personnes ayant bénéficié du plan formation » de 500.000 demandeurs d’emplois. Le déficit public devrait pour sa part passer sous la barre des 3 % et s’établir à 2,9 %. Le gouvernement prévoit un déficit public à 2,7 % du PIB en 2017. Au niveau mondial, l’OFCE a aussi révisé à la baisse sa prévision de croissance en 2016, à 2,7 % contre 2,9 % jusqu’alors. Pour 2017, en revanche, l’institut l’a revue à la hausse, à 3 % contre 2,9 % annoncés précédemment, grâce notamment à la sortie de récession en Chine et en Russie et à la forte croissance en Inde. Pour la zone euro, l’institut prévoit désormais une croissance de 1,6 % cette année (contre 1,8 % dans les précédentes prévisions) et de 1,5% l’an prochain (contre 1,7 %). « Les sources d’incertitudes sont multiples: la transition de l’économie chinoise, le Brexit et l’avenir de l’Union européenne, la situation des finances publiques et l’absence de gouvernement en Espagne », souligne l’OFCE. « On a enclenché une reprise, mais elle revient de façon molle », a commenté Christophe Blot, de l’Observatoire, en conférence de presse. Et tous ces facteurs d’incertitude conduisent, selon lui, à « une certaine forme d’attentisme, de frilosité des investisseurs ».

(Avec la Tribune et AFP)

Nouvelles baisses de la monnaie chinoise à attendre (OFCE)

Nouvelles baisses de la monnaie chinoise à attendre (OFCE)

La Chine a dévalué d’environ 3,5% en deux jours la valeur de sa monnaie face au dollar, la plus forte dépréciation en deux décennies. Les marchés et les analystes sont divisés sur les motivations de Pékin et sur les conséquences à attendre. Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques, livre son analyse au Figaro.

LE FIGARO – Le yuan a perdu plus de 3,5% de sa valeur en deux jours. Est-ce une nouvelle manière de fixer le taux-pivot autour duquel est autorisé à fluctuer le yuan comme le prétend le discours officiel?

Henri Sterdyniak – Prétendre que la dévaluation est une nouvelle façon de calculer le taux-pivot est de la pure communication. La banque populaire de Chine affirme qu’elle n’intervient pas mais tout le monde sait qu’elle décide du mouvement de sa monnaie. Il s’agit bien d’une dévaluation de la banque populaire de Chine dans un régime de change géré. C’est un acte volontaire. Dans un système de changé géré, la banque centrale n’a pas d’engagement. Elle décide ce qu’elle veut quand elle veut et n’a pas d’obligation de prévenir. A l’inverse, dans un régime de changes flexibles, ce sont les marchés qui décident et la monnaie se déprécie selon l’esprit des marchés. Dans un régime de change fixe (comme celui du franc CFA), la banque centrale doit annoncer solennellement qu’elle dévalue sa monnaie.

La Chine cherche-t-elle à rejoindre le club national des monnaies mondiales de référence en faisant croire qu’elle laisse fluctuer le yuan ou à doper son économie?

La monnaie est très contrôlée par les autorités chinoises. La volonté actuelle de la Chine est claire: doper son économie. La Chine accepte une forte appréciation de sa monnaie depuis une dizaine d’année, pour entrer dans le jeu normal du système monétaire international et ne plus accumuler trop de réserves de change. Elle misait essentiellement sur un essor de sa demande intérieure pour dépendre progressivement de moins en moins de ses exportations. Aujourd’hui, elle a besoin d’augmenter ses exportations car sa croissance a diminué. Elle considère que l’appréciation du yuan est allé trop loin. Elle infléchit donc sa politique en dépréciant sa monnaie.

Est-ce que d’autres dévaluations sont possibles dans les jours qui viennent?

Je pense que la Chine va aller plus loin dans la dévaluation du yuan. Maintenant qu’ils ont commencé, ils vont plutôt faire 10% que 4%. Pourquoi en rester à 4% si les exportations ne sont pas satisfaisantes? La banque populaire de Chine va poursuivre la dévaluation dans les jours qui viennent. Elle va faire varier sa monnaie lentement jusqu’à ce qu’elle juge une valeur satisfaisante. Ces dévaluations pourraient s’étaler sur 15 jours encore. Une monnaie comme l’euro peut facilement s’apprécier ou se déprécier de 15% face au dollar en un mois sur le marché des changes donc cela n’a rien de choquant pour le yuan. La différence est que la banque populaire de Chine prend une décision seule sans consulter personne et cela surprend les marchés. L’économie mondiale risque ainsi de s’engager dans les dépréciations compétitives si la Chine, comme le Japon ou la zone euro, estiment avoir besoin d’une monnaie faible.

Croissance : pas de reprise en 2015 (OFCE)

Croissance : pas de reprise en 2015 (OFCE)

 

Selon l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), la France devrait afficher une croissance de 0,4% de son produit intérieur brut cette année, puis de 1,1% en 2015, Donc une croissance très insuffisante pour faire diminuer le chômage puisqu’il  faudrait une croissance de l’ordre de 1.5%.  Si la baisse du pétrole et de l’euro vont soutenir la croissance l’an prochain, la politique budgétaire aura toujours un impact négatif. En outre, la désinflation entraîne une hausse des taux d’intérêt réels, préjudiciable elle aussi à l’expansion. Le PIB n’augmenterait donc pas beaucoup plus de 1% l’an prochain,  L’institut de recherche économique OFCE prévoit une amélioration de la croissance économique en France l’an prochain, mais pas à un niveau suffisant pour faire baisser le chômage ou résorber significativement le déficit public. Les prévisions de l’institut sont proches de celles du gouvernement, qui s’attend à une progression du PIB de 0,4% cette année et de 1% l’an prochain, tout comme le FMI et l’OCDE. En tout état de cause, cette progression serait insuffisante pour enrayer la hausse du chômage, estime Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision, qui estime à 1,5% le niveau de croissance qui permettrait de « stabiliser » le taux de chômage. L’institut table ainsi sur un taux de chômage de 9,8% l’an prochain, après 9,7% cette année. Et il estime que le déficit public ne devrait que faiblement se résorber, à 4,3% en 2015 après 4,5% cette année. Des chiffres encore une fois proches des prévisions du gouvernement, qui vise 4,4% en 2014 et 4,3% en 2015. Au-delà des frontières, c’est l’ensemble de la zone euro qui peine à renouer avec la croissance, ce qui en fait « le boulet de l’économie mondiale », souligne M. Timbeau. L’OFCE voit le PIB de cette région augmenter de 0,8% cette année (soit 0,5 point de moins que sa précédente prévision, en avril) et de 1,3% en 2015 (-0,3 point). Ainsi que le souligne Eric Heyer, « tous les organismes internationaux font  l’hypothèse que des coupes dans les dépenses ont un effet plus restrictif sur l’économie que les hausses d’impôts ». Ces coupes joueront donc fortement en 2015, la politique budgétaire amputant la croissance par ailleurs, « le mouvement de désinflation entraîne une hausse des taux d’intérêt réels », c’est-à-dire des taux d’intérêt hors inflation, qui efface les bénéfices de la réduction observée des taux nominaux », soulignent les experts.

 

Retraites : une situation financière inquiétante (Touzé, OFCE)

Retraites : une situation financière inquiétante (Touzé, OFCE)

 

« Le dernier rapport du COR sur les évolutions et les perspectives des retraites en France publié en décembre 2012 s’intitulait « Retraites : perspectives 2020, 2040 et 2060″. Ce rapport a joué un rôle majeur puisqu’il a servi de point de référence pour la commission Moreau (rapport publié en juin 2013) puis pour des mesures correctives adoptées par le parlement fin 2013 (réforme Touraine). La réforme Touraine a principalement abouti à une hausse des cotisations (impact négatif pour les salariés), à une hausse de la durée d’activité (impact négatif pour les salariés), à une fiscalisation des majorations de retraite (impact négatif pour les retraités) et à un report de l’indexation des pensions (perte de pouvoir d’achat pour les retraités). Le nouveau rapport est, donc, particulièrement attendu puisqu’il va enfin fournir une estimation (indépendante) des mesures prises par le gouvernement Ayrault. Le moins qu’on puisse attendre d’un tel rapport est une évaluation précise de l’évolution des soldes financiers des différents régimes de retraite selon plusieurs scénarios, en général trois du type pessimiste, intermédiaire et optimiste. Si le rapport ne fournit pas ces estimations, on n’est en droit d’être très inquiet car la question de la solvabilité est essentielle pour envisager l’avenir et comprendre nos choix passés. En aucun cas, elle ne peut être éludée. Au contraire, c’est un devoir démocratique d’information car les citoyens ont le droit d’être informé, surtout que le COR a tous les moyens (techniques et humains) pour réaliser une telle évaluation. Le COR avoue un secret de polichinelle : les réformes passées bien qu’elles aient eu des effets bénéfiques, ne sont pas suffisantes. Le problème est que les réformes sont trop souvent prises avec retard et surtout elles sont évaluées à partir d’hypothèses extrêmement favorables à savoir pour le scénario de base : un taux de croissance de la productivité de 1,5% et un taux de chômage de 4,5% à long terme. Ces hypothèses pour un compte central ne sont pas réalistes car elles ne reproduisent pas les tendances de long terme. Elles correspondent seulement à des objectifs, mais faudrait-il encore se donner les moyens d’y arriver avec des politiques structurelles effectives. A défaut de vraie réforme, on annonce aujourd’hui aux jeunes générations : « ne vous inquiétez pas car à long terme, il y aura de la croissance et peu de chômage ; tous les problèmes seront donc résolus ». De plus, les scénarios optimistes sur le taux de chômage sont très favorables à l’amélioration du solde financier de la CNAV car dès lors que l’UNEDIC fait des excédents, il y a un transfert vers l’assurance vieillesse. En dessous d’un certain seuil, un bas niveau de chômage provoque un double dividende. Au contraire, un pilotage prudent des systèmes de retraite par répartition devrait se construire à partir d’hypothèses pas vraiment optimistes afin d’éviter les fausses promesses en garantissant une adéquation durable entre recettes et dépenses. Les seules surprises seraient des bonnes surprises car dès lors qu’on fait mieux que le scénario, il est toujours possible d’être plus généreux. Les scénarios trop optimistes sont un leurre (les français sont mal informé) et contribuent à une désinformation économique nuisible à la prise de décision. Par le passé, une bonne gestion aurait nécessité de réaliser d’importants excédents accumulés dans un fonds de réserve dès les années 1980. Aux Etats-Unis, l’accumulation d’un tel fonds permet au régime de retraite par répartition de tenir sans réforme jusqu’en 2033. La Suède accumule un fonds de réserve depuis les années 70. En France, aujourd’hui, on finance globalement le système de retraite avec de la dette… Le « mauvais » pilotage du système de retraite provient de la nature « craintive » des décideurs politiques qui craignent de subir un lourd échec électoral si jamais ils s’engageaient dans une vraie réforme d’envergure. Pour sortir d’une insolvabilité permanente des retraites, il faudrait faire comme les Suédois avec une grande réforme qui garantirait une justice fiscale entre les générations en figeant le taux de cotisation, une plus grande transparence en créant des comptes notionnels et surtout une solvabilité en adoptant des mécanismes d’ajustements automatiques qui permettraient au système de retraite de réévaluer les pensions (à la hausse comme à la baisse) en fonction de l’évolution de la croissance économique. Un système de retraite par répartition ne peut pas promettre de façon permanente un rendement des cotisations versées supérieur au taux de croissance économique (masse salariale), car un tel objectif nécessiterait d’augmenter (à l’infini) les taux de cotisation, ce qui n’est pas possible.

OFCE : « la débâcle de l’austérité »

OFCE : « la débâcle de l’austérité »  

 L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) intitule sa dernière note de perspectives économiques «la débâcle de l’austérité». Ces experts, traditionnellement jugés keynésiens, se défendent de toute idéologie. «Notre analyse s’appuie sur les faits», insiste Xavier Timbeau, le directeur des prévisions, qui dresse un sombre panorama sur 2012 et 2013. Selon l’OFCE, la zone euro va enchaîner deux années de récession, à 0,5% et 0,1% du PIB. Les pays du Sud seront les plus touchés: l’Espagne, l’Italie, le Portugal et surtout la Grèce avec un recul de presque 10 points de PIB. «Il y a dans cette zone un vrai risque de désintégration politique et sociale», alerte Timbeau. L’Allemagne reste la locomotive européenne – 0,8% de croissance en 2012 et 0,6% sur 2013 – tandis que l’économie française sera en stagnation. Autre signal alarmant, le chômage touche un «niveau record sur les dix dernières années», et continuera de grimper à 12% en 2013. «Si nous plongeons dans la récession à nouveau, après le choc de 2008, c’est parce que tous les pays ont procédé à des restrictions budgétaires», critique Xavier Timbeau. Tel est le schéma «de rigueur et de récession»: la réduction des dépenses publiques conjuguée à la hausse des prélèvements, pèsent sur la confiance, la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Résultat, la croissance ralentit, il y a moins de recettes fiscales, ce qui du coup freine la baisse des déficits publics. L’impact s’avère d’autant plus récessif que les partenaires commerciaux suivent la même voie. «Plusieurs pays, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne, cumulent quatre années de restriction budgétaire», rappelle le directeur des analyses de l’Observatoire français. Le FMI et la Commission européenne reconnaissent qu’ils ont sous-estimé l’effet récessif des politiques d’austérité. C’est ce que l’on appelle l’effet des multiplicateurs, plus élevés en période de crise, en raison du chômage prolongé. L’OFCE comme le FMI l’ont revu en hausse. Lorsqu’un pays réduit d’un point de PIB son déficit budgétaire, le recul de l’activité économique serait de 0,9 à 1,6%. Il atteindrait même 2% dans le cas de l’Espagne. La seule solution, plaide l’OFCE, c’est d’assouplir la trajectoire d’assainissement. «Donnons-nous vingt ans pour rétablir la situation», plaide Xavier Timbeau, sans pour autant remettre en cause les règles européennes. Cela serait compatible avec le nouveau pacte budgétaire – le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)- qui fixe un objectif de déficit structurel à 0,5%.

 

OFCE : l’austérité en Europe contestée par les économistes

OFCE : l’austérité en Europe contestée par les économistes

Un point d’austérité (budget), c’est entre 1 à 2 points de croissance en moins pour l’OFCE. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) intitule sa dernière note de perspectives économiques «la débâcle de l’austérité». Ces experts, traditionnellement jugés keynésiens, se défendent de toute idéologie. «Notre analyse s’appuie sur les faits», insiste Xavier Timbeau, le directeur des prévisions, qui dresse un sombre panorama sur 2012 et 2013. Selon l’OFCE, la zone euro va enchaîner deux années de récession, à 0,5% et 0,1% du PIB. Les pays du Sud seront les plus touchés: l’Espagne, l’Italie, le Portugal et surtout la Grèce avec un recul de presque 10 points de PIB. «Il y a dans cette zone un vrai risque de désintégration politique et sociale», alerte Timbeau. L’Allemagne reste la locomotive européenne – 0,8% de croissance en 2012 et 0,6% sur 2013 – tandis que l’économie française sera en stagnation. Autre signal alarmant, le chômage touche un «niveau record sur les dix dernières années», et continuera de grimper à 12% en 2013. «Si nous plongeons dans la récession à nouveau, après le choc de 2008, c’est parce que tous les pays ont procédé à des restrictions budgétaires», critique Xavier Timbeau. Tel est le schéma «de rigueur et de récession»: la réduction des dépenses publiques, conjuguée à la hausse des prélèvements, pèsent sur la confiance, la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Résultat, la croissance ralentit, il y a moins de recettes fiscales, ce qui du coup freine la baisse des déficits publics. L’impact s’avère d’autant plus récessif que les partenaires commerciaux suivent la même voie. «Plusieurs pays, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne, cumulent quatre années de restriction budgétaire», rappelle le directeur des analyses de l’Observatoire français. Le FMI et la Commission européenne reconnaissent qu’ils ont sous-estimé l’effet récessif des politiques d’austérité. C’est ce que l’on appelle l’effet des multiplicateurs, plus élevés en période de crise, en raison du chômage prolongé. L’OFCE comme le FMI l’ont revu en hausse. Lorsqu’un pays réduit d’un point de PIB son déficit budgétaire, le recul de l’activité économique serait de 0,9 à 1,6%. Il atteindrait même 2% dans le cas de l’Espagne. La seule solution, plaide l’OFCE, c’est d’assouplir la trajectoire d’assainissement. «Donnons-nous vingt ans pour rétablir la situation», plaide Xavier Timbeau, sans pour autant remettre en cause les règles européennes. Cela serait compatible avec le nouveau pacte budgétaire – le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)- qui fixe un objectif de déficit structurel à 0,5%.

 

 




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