Bourse : doutes sur Trump après le report du vote sur l’Obamacare
Faute de majorité potentielle, la réforme concernant l’Obamacare à été reporté. Report qui s’ajoute aux déboires de Trump à propos de ces mesures anti immigration font douter de la capacité du nouveau président à mettre en œuvre ses nouvelles politiques notamment dans le domaine économique. Il était prévisible qu’il ne serait pas facile de détricoter le Obamacare qui a permis à environ 20 millions d’Américains de disposer, eux aussi, de couverture santé via une mutuelle (aidée par l’État pour les plus défavorisés). Le texte proposé au vote de la chambre des représentants était par ailleurs particulièrement mal ficelé. On objectera que la réforme de Obama elle-même était loin d’être un succès total, ce n’était sans doute qu’un premier pas pour une meilleure couverture des Américains qui ne disposent pas actuellement de mutuelle (environ 50 millions). La grande question est de savoir quel est l’ampleur financier des risques (y compris pour les assureurs eux mêmes) et si le nouveau système que voulait imposer Trump sera ou non moins coûteux et plus efficace. Au-delà de cette question relative à la santé se pose la problématique de la compétence de Trump rapide pour signer des décrets sous l’œil des caméras mais des décrets qui ne changent pas grand-chose quand ils sont confrontés aux réalités politiques, juridiques et voire économiques. Les Républicains eux-mêmes sont très divisés sur la plupart des réformes que souhaitent entamer Trump. Cela vaut pour la santé comme pour l’immigration, les investissements, les infrastructures. Ou encore la fiscalité. Des reculs soit sur les délais, soit sur les contenus mettraient en cause les capacités réelles de Trump. Wall Street a donc fini en baisse jeudi, ayant cédé ses gains en fin de séance à l’annonce du report du vote de la Chambre des représentants sur la réforme de l’assurance-maladie, le premier grand test législatif pour le président Donald Trump. L’indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a cédé 4,72 points, soit 0,02%, à 20.656,58 et le Standard & Poor’s-500, plus large, a abandonné 2,49 points ou 0,11% à 2.345,96. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 3,95 points (0,07%) à 5.817,69. Le Parti républicain du président Trump est majoritaire au Congrès mais divisé sur la réforme de l’Obamacare, la loi emblématique de son prédécesseur qu’il a promis d’abroger. Une source républicaine haut placée au Congrès a indiqué que la Chambre des représentants ne voterait pas jeudi comme initialement prévu sur un projet de détricotage de la loi, les dirigeants républicains au Congrès ne parvenant pas à réunir un nombre suffisant de voix. Au moment où Wall Street clôturait, d’autres sources évoquaient un report du vote à vendredi, voire en début de semaine prochaine. Un échec de Trump dès son premier test au Congrès mettrait en doute sa capacité à faire adopter d’autres pans de son programme économique comme la réforme fiscale ou les investissements dans les infrastructures. « Si cette affaire s’enlise ou si le non l’emporte, la réaction du marché sera terrible », prédit Jake Dollarhide, directeur général de Longbow Asset Management à Tulsa. « Mais s’i y a un vote demain matin et que ça passe, on aura un énorme rally. » Le S&P-500 a pris quelque 10% depuis l’élection du 8 novembre, dopé par les promesses de Trump de baisses d’impôts, d’investissements publics et de dérégulation. « Plus ce sera long et plus il faudra attendre pour voir la politique de Trump commencer à avoir un effet sur les résultats des entreprises », relève Michael Jones, responsable des investissements chez RiverFront Investment Group à Richmond, en Virginie. « C’est cela qui décevra le marché. » Signe de l’attentisme des investisseurs, seulement 6,4 milliards d’actions ont été échangées à comparer à une moyenne de 7,1 milliards sur les 20 dernières séances. L’indice CBOE de la volatilité, surnommé le « baromètre de la peur » à Wall Street, a pris pour sa part 2,4% à 13,12, sa première clôture au-dessus de 13 depuis le 30 décembre. Sept des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en repli mais la plus forte baisse, pour la pharmacie et l’énergie, n’a été que de 0,36% dans les deux cas. L’assureur santé UnitedHealth (-1,04%) a accusé le plus fort repli du Dow Jones alors que Nike a repris 2,69%, meilleure performance de l’indice, après sa chute de 7,05% mercredi consécutive à ses résultats. Plus forte baisse du S&P, Accenture est retombé de 4,52% à 120,76 dollars après avoir établi un record la veille, les investisseurs sanctionnant des résultats sans surprise. Le groupe de conseil a certes relevé ses prévisions pour l’ensemble de l’exercice mais moins que ce qu’escomptaient les analystes. Sur le Nasdaq, Alphabet, la maison mère de Google, a reculé de 1,19%. Le groupe ne parvient pas pour l’instant à apaiser la polémique déclenchée par la diffusion de messages publicitaires accolés à des vidéos au contenu haineux sur son service YouTube. Aux valeurs moyennes, la biotech Flexion Therapeutics a bondi de 33,38% à 26,25 dollars en réaction à une information du site spécialisé FiercePharma selon laquelle Sanofi pourrait racheter la société pour plus d’un milliard de dollars (927 millions d’euros). L’attentisme a aussi été marqué sur les autres marchés pendant que se poursuivaient les tractations au Congrès et jusqu’à la Maison blanche sur la réforme de l’assurance-santé. L’indice dollar a peu évolué mais le billet vert a touché en séance un plus bas de quatre mois face au yen, à 110,64 yens, ce dernier bénéficiant de son statut de valeur refuge. « Si la Chambre des représentants ne vote pas la réforme de l’assurance-santé, ce sera négatif pour le dollar et de façon générale pour tous les actifs risqués », dit Alvise Marino, stratège changes chez Credit Suisse à New York.