Politique- Retraites–Élisabeth Borne à la télé : « encore une intervention pour les nuls » ( CFDT)
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger n’a guère été tendre quant à l’intervention de la première ministre jeudi sur France 2. Le leader de la CFDT a en effet considéré qu’il s’agissait d’une nouvelle intervention pour les nuls. « On a l’impression de revivre la conférence de presse du 10 janvier. En fait la conférence de presse qui présentait la réforme des retraites pour les nuls. Il y a rien de bougé. On a le sentiment qu’entre temps, il n’y a pas eu un mouvement social de grande ampleur qui ne s’était pas produit depuis les années 90″.
Il faut dire qu’Élisabeth Borne s’est montrée comme à son habitude, une technocrate assez pâle s’efforçant de montrer avec des chiffres la légitimité comptable de la réforme. En réalité, rien de nouveau car la première ministre n’avait rien d’autre à offrir que le texte initial du gouvernement. Certains dans la majorité considèrent que le mécontentement des Français provient d’une insuffisance de pédagogie. Or les Français ont bien compris les enjeux et les modalités. Ils ont bien compris les efforts injustes qu’on leur demandait, ils ont bien compris l’inefficacité de cette réforme. Il ne s’agit donc pas d’un problème de communication mais d’une opposition radicale à une réforme insuffisante, bâclée et non réellement discutée avec les partenaires sociaux. Pour preuve d’ailleurs l’attitude du Medef favorable des lèvres à la réforme mais surtout qui ne veut pas entendre parler d’ »index » mesurant la part des séniors dans l’entreprise.
Face à une opposition grandissante à sa réforme des retraites, Élisabeth Borne s’est expliquée jeudi soir sur France 2 sur le sens de son projet qu’elle n’a pas qualifié de « juste » comme elle le disait jusqu’ici. Et pour cause : le gouvernement a été critiqué pour avoir utilisé ce vocable au moment de la présentation du projet alors qu’il subsistera des disparités de durées de cotisations et que ceux qui ont commencé à travailler plus jeunes devront contribuer plus longtemps au système. La situation de certaines femmes a aussi été soulignée.
Elisabeth Borne a plutôt insisté sur l’« effort » demandé pour convaincre les Français. Alors que la pression de la rue est forte et qu’une majorité à l’Assemblée nationale sur le texte n’est pas acquise, la Première ministre a déclaré qu’elle « n’envisage pas l’hypothèse » d’un recours au 49.3 pour faire adopter sa réforme qui repousse notamment l’âge de départ de 62 à 64 ans.
Elisabeth Borne a redit le côté « indispensable » de la réforme « pour sauver le système de retraites », même si « ça n’est pas simple de demander aux Français de travailler progressivement plus longtemps ».
Concernant le travail de seniors, aspect crucial de la réforme, Elisabeth Borne s’est dite favorable à des « sanctions » contre les entreprises qui ont de « mauvaises pratiques » en matière d’emploi des seniors. Au sujet de l’index d’emploi des seniors que le gouvernement veut mettre en place, Elisabeth Brtne « pense qu’on peut aller plus loin (…) en disant que les entreprises dont l’index montre qu’elles n’ont pas des bonnes pratiques à l’égard des seniors, doivent mettre en oeuvre un plan d’action qui évidemment sera négocié dans l’entreprise ». « Et si elles ne le font pas, ou s’il n’y a pas d’effets pour corriger les mauvaises pratiques, alors il pourrait y avoir des sanctions », a-t-elle ajouté. Une première est bien vague à laquelle s’oppose totalement le Medef qui ne veut même pas le temps de parler d’index.