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Un « plan Marshall » pour relancer le nucléaire

Un  « plan Marshall » pour relancer le nucléaire 

C’est en tout cas la proposition du patron d’EDF Jean-Bernard Lévy pour à se donner les moyens financiers et législatifs de relancer la filière. Et à ne pas reproduire les errements politiques de la dernière décennie qui expliquent en partie l’état du nucléaire français selon lui.Une manière aussi de critiquer les contradictions du pouvoir qui après avoir été  anti nucléaire redécouvre l’intérêt stratégique de cette électricité. Une manière aussi de mettre un voile pudique  sur les insuffisances de l’entreprise nationale qui a perdu en dynamisme et en compétences

 

 

« Le discours de Belfort (fait par Emmanuel Macron) en février 2022 a clairement posé le cadre du développement du nucléaire à moyen et long-terme. Nous sommes en mesure de poursuivre la montée en charge de la filière, avec l’université des métiers du nucléaire, le plan Excel fin 2019. Nous avons lancé une école de soudage dans le Cotentin », a reconnu Jean-Bernard Lévy, défenseur infatigable de l’électronucléaire. Cet été, l’exécutif a acté la renationalisation totale d’EDF pour avoir les mains libres dans la gestion du programme nucléaire.

S’il se félicite du projet de relance du nucléaire dévoilé par Emmanuel Macron en février, après avoir critiqué la volte-face de l’Elysée qui a longtemps exigé une baisse de régime du nucléaire, Jean-Bernard Lévy exhorte maintenant le gouvernement et les pouvoirs à aller plus loin que des simples « débats ». C’est-à-dire lancer concrètement les six EPR de deuxième génération promis par le président de la République au terme de son premier mandat.

« Nous avons besoin des textes, des autorisations pour lancer les chantiers. Nous avons besoin d’un « plan Marshall » pour relancer la construction d’EPR. Le terme me paraît justifié pour avoir des moyens » à la hauteur de l’ambition de l’Elysée, a réclamé le PDG d’EDF dans son adresse finale aux parlementaires. Une manière de les inciter à voter des lois facilitant l’établissement de nouveaux réacteurs sur tout le territoire.

Relance du programme nucléaire: Hypothéquée par les contradictions du pouvoir et la question financière

 Relance du programme nucléaire: Hypothéquée par les contradictions du pouvoir et la question financière

 

Face à l’embargo russe sur le gaz, l’entreprise doit retrouver son excellence perdue pour construire les nouveaux réacteurs EPR, estime dans sa chronique Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».

 

On souhaite bien du courage – sinon du plaisir – au futur directeur général d’Electricité de France (EDF), qui sera sans doute Luc Rémont. Le responsable des activités internationales de Schneider Electric devrait prendre les rênes d’un groupe stratégique dont l’Etat actionnaire à 84 % va reprendre le contrôle total pour lancer la construction de six à quatorze réacteurs EPR. Du courage, oui, car il lui faudra composer avec une tutelle exigeant de lui, entre autres défis, d’exécuter ce programme nucléaire en évitant la ruineuse dérive du calendrier et des coûts constatée à Flamanville (Manche). Et sans regimber, comme son prédécesseur Jean-Bernard Lévy, pour ne pas s’exposer aux foudres jupitériennes d’Emmanuel Macron.

Le nouveau patron l’apprendra vite, s’il ne le sait déjà : EDF n’est pas une entreprise comme les autres. Quelle autre société publique cotée en Bourse le gouvernement aurait-il pu priver de 10 milliards d’euros de résultat d’exploitation pour fiancer le plafonnement à 4 % de la hausse des factures d’électricité des Français, alors qu’elle supporte une dette nette de 43 milliards d’euros et prévoit des dizaines de milliards d’investissements dans un proche avenir ?

M. Lévy a dû s’exécuter. Non sans adresser à l’Etat un recours gracieux pour qu’il revienne sur sa décision ; puis, faute de réponse, de saisir le Conseil d’Etat et réclamer 8,3 milliards d’indemnisation. Sans plus de succès. Sa récente passe d’armes avec M. Macron instruira le nouveau PDG. Un dirigeant d’entreprise publique, c’est comme un ministre, « ça ferme sa gueule ou ça démissionne », selon la formule de Jean-Pierre Chevènement.

Le gouvernement ayant décidé d’avancer son départ de six mois, M. Lévy s’est lâché, fin août, imputant notamment l’arrêt de 30 réacteurs sur 56 au projet de l’Etat de fermer douze « tranches », après les deux de Fessenheim. « On n’a pas embauché des gens pour en construire douze, on en a embauchés pour en fermer douze », a-t-il déploré.

« Absolument inacceptable », a cinglé M. Macron, persuadé d’avoir « redonné de la visibilité à la filière » dès 2018 en repoussant l’arrêt progressif de 2025 à 2035, puis en supprimant cette date butoir. L’exploitation et la maintenance sont du ressort d’EDF, et leur défaillance est à mettre au débit du patron sortant.

Mais la visibilité – et donc la planification de nouvelles centrales nécessaires à une industrie du temps long – est de la responsabilité de l’Etat. Et au plus haut niveau, tant les enjeux de financement, de sécurité d’approvisionnement et de sûreté des réacteurs sont lourds. L’annonce des nouveaux EPR s’est fait attendre jusqu’en février 2022, à la veille du scrutin présidentiel.

Nucléaire–Les énormes contradictions de Macron

Nucléaire–Les  énormes contradictions de Macron

 

 

Face aux critiques du patron d’EDF concernant la politique nucléaire de la France, Macron tente vainement de se défendre. Et pour cela,  il impute la responsabilité du manque d’électricité ( la France importe actuellement d’Allemagne de l’énergie produite par des centrales à charbon !) à EDF. Il y a sans doute des responsabilités propres à l’entreprise nationale concernant autant l’entretien du parc actuel que le maintien de compétence pour le développement des nouvelles centrales.

De ce point de vue,  il y a sans doute nécessité de secouer sérieusement le management. Il faut cependant souligner pour la défense d’EDF que la France depuis Macron et Hollande se sont complètement trompés sur le plan énergétique. Pour son premier mandat Macron avait en effet confirmé la fermeture de Fessenheim mais aussi celle prévue de 14 réacteuNucléairers. Changement total de stratégie avec la crise puisque Macron ne parle plus du tout de fermeture des réacteurs et prévoit de construire six EPR, puis huit plus tard.

La semaine dernière, le patron d’EDF avait remis en cause la stratégie du gouvernement et pointé du doigt les erreurs en matière de nucléaire. Invité à s’exprimer lors des Rencontres des Entrepreneurs de France du Medef, Jean-Bernard Lévy avait regretté le « manque de bras ». « On n’a pas assez d’équipes formées… Un soudeur, un tuyauteur, il faut deux-trois ans pour le former », avait-il expliqué, avant de se montrer offensif devant la ministre de la transition énergétique, Agnès Panier-Runacher.

Il avait alors indiqué que sa stratégie avait été basée sur la loi réduisant la part du nucléaire dans le mix électrique à 50 %. « Pourquoi on n’a pas assez d’équipes formées ? Parce que l’on nous a dit que le parc nucléaire va décliner, « préparez-vous à fermer des centrales ». On a déjà fermé les deux premières. Ce sont d’ailleurs les textes en vigueur au moment où l’on se parle. On nous a dit : « Préparez-vous à fermer les douze suivantes ». Nous, avec la filière, nous n’avons pas embauché de gens pour construire douze centrales, nous avons embauché pour en fermer douze », avait-il poursuivi, alors que 32 réacteurs sont actuellement à l’arrêt et qu’EDF affiche une disponibilité de son parc historiquement faible, aggravant la crise énergétique qui frappe le vieux Continent.

 

Nucléaire: l’avantage compétitif

Nucléaire: l’avantage compétitif

Pour Olivier Lluansi, associé chez Pwc Strategy et Senior Fellow ESCP Business School, l’impact de la crise énergétique risque d’être sévère à court terme pour l’industrie tricolore. Mais «sur le long terme, les fondamentaux qui portent la demande et doivent soutenir la réindustrialisation sont toujours là», assure-t-il.Dans une interview aux Echos ?

Il est trop tôt pour savoir comment l’industrie française va passer cette crise. Les industriels sont eux rentrés en mode crise . Leur préoccupation c’est la survie. Pour vous donner un exemple, j’ai rencontré récemment le patron d’une PME industrielle de taille moyenne qui en temps normal fait 1 million d’euros de résultat avec 1 million de facture d’énergie. Avec la hausse des prix du gaz et de l’électricité, sa facture d’énergie va doubler ou tripler. Ce qui signifie que l’entreprise va basculer dans le rouge. C’est représentatif de ce qui se passe dans beaucoup de PME. Avec la flambée des cours, elles voient leurs marges fondre, voire devenir en perte. Et celles qui avaient déjà utilisé leur PGE n’arrivent pas à se refinancer. Devant la crise énergétique qui touche la France et l’Europe, certains grands groupes dans les secteurs de la métallurgie ou de l’acier par exemple ont aussi commencé à procéder à des réallocations de productions vers l’Asie et les Etats-Unis.

Cela va-t-il entrainer une recomposition du paysage ?

Le risque, si aucune mesure majeure de régulation du marché de l’électricité n’est prise, est que la production française, et européenne, se concentre sur la production à haute valeur ajoutée qui peut mieux absorber la flambée des prix de l’énergie. En revanche, les productions de base seront de plus en plus importées.

Si on veut apporter une réponse à la hauteur de la crise, il faut découpler le marché de l’énergie du prix du gaz. C’est une urgence. Le plafonnement du prix du gaz est une modalité évoquée lors de la réunion ce vendredi à Bruxelles : à quel plafond ? Pour quel volume ou quelles origines ? Cela relève d’une décision politique. Et la Commission européenne et Bercy ont du mal à assumer un choix qui représente un revirement profond par rapport à la logique de marché en vigueur depuis quarante ans.

La crise de l’énergie ne percute-t-elle pas les objectifs de réindustrialisation et de souveraineté en France ?

Il faut dissocier le court terme et le moyen terme. A court terme, l’impact de la crise énergétique risque d’être sévère. Le tissu industriel va être fragilisé , sa rentabilité va diminuer. Mais cette situation n’est pas forcément irréversible. La crise ne change pas fondamentalement la trajectoire de l’industrie française. Sans l’arrêt d’une partie du parc nucléaire, la France serait la « reine » de l’Europe. Dans six mois selon EDF , douze mois si on veut être plus prudent, lorsque les réacteurs nucléaires seront remis en route, son industrie retrouvera des avantages compétitifs réels. Elle aura de nouveau accès à une énergie décarbonnée et à faible coût. Cela permettra une accélération de l’électrification des processus industriels qui peuvent l’être et donc leur décarbonation. Enfin sur le long terme, les fondamentaux qui portent la demande et doivent soutenir la réindustrialisation sont toujours là.

Quels sont-ils ?

La France a besoin de regagner une souveraineté sur les biens stratégiques, même si deux ans et demi après la crise du Covid, aucune liste officielle de biens et services stratégiques n’est encore disponible. Par ailleurs, la demande du marché et des consommateurs pour une production de proximité, éco-responsable dont les approvisionnements sont sécurisés, sera toujours là. Ce sont ces facteurs structurants qui tireront la renaissance de l’industrie, française et sans doute européenne sur le long terme, si nous recouvrons une compétitivité raisonnable.

Vous attendez-vous néanmoins à une pause dans le mouvement de rapatriement d’activités ?

Oui, à court terme, il va y avoir un coup de frein. Les entreprises ne relocalisent que s’il y a un avantage compétitif à rapprocher la production. Et la hausse des coûts actuels ne va pas dans ce sens. Mais cela devrait seulement retarder le mouvement, du moins c’est ma conviction et mon espoir.

Avec le retour de l’inflation et la crise énergétique, la mise en oeuvre du plan France 2030 lancé pour développer des filières d’avenir reste-t-elle une priorité ?

La philosophie de ce plan garde tout son sens. Mais dans le contexte actuel où les signaux faibles annoncent un ralentissement de l’investissement industriel, il serait peut-être préférable de revenir à l’esprit qui prévalait avec France Relance, à savoir des investissements plus transversaux qui profitent davantage à l’ensemble de l’économie, et pas uniquement à des filières d’excellence, et qui se mettent en oeuvre très rapidement sur quelques mois. C’est ce qui a soutenu l’investissement des entreprises pendant la crise sanitaire et qui pourrait le maintenir pendant cette nouvelle crise.

L’Allemagne relance son nucléaire ?

L’Allemagne relance son nucléaire ?

Paradoxe, alors que la France a fermé Fessenheim et qu’elle est contrainte d’importer de l’électricité d’Allemagne produite le plus souvent dans des centrales à charbon, le ministre allemand de l’économie décide de réactiver le moment venu de centrales nucléaires qui devaient être fermées.. Ce lundi, le ministre de l’Economie et du Climat, Robert Habeck, a annoncé que le pays va finalement laisser deux centrales nucléaires en veille jusqu’à mi-avril 2023 pour faire face à d’éventuelles pénuries d’électricité. À la suite d’un nouveau test de résistance du réseau, deux des trois centrales restantes « resteront disponibles jusqu’à la mi-avril 2023 en cas de besoin », a-t-il déclaré à Berlin.

Cette éventualité était connue. Fin juillet, le gouvernement allemand avait, en effet, indiqué qu’il réfléchissait à une prolongation des dernières centrales nucléaires, censées s’arrêter en fin d’année. Quelques jours plus tard, le chancelier Olaf Scholz, avait estimé que cela « peut faire sens » de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité en Allemagne même si elles « ne sont pertinentes que pour la production d’électricité et seulement pour une petite partie de celle-ci ». Il avait, en outre, justifié les réflexions en cours par le fait que le développement des énergies renouvelables, censées remplacer l’énergie nucléaire et le charbon, est plus lent que prévu !

 

 

L’arme nucléaire russe : qu’en cas d’ »urgence »!

L’arme nucléaire russe : qu’en cas d’ »urgence » !

 

 

Une déclaration dont on ne sait pas si elle se veut rassurante quand  la Russie affirme que l’arme nucléaire ne serait utilisée qu’en cas d’urgence. Encore faut-il définir cette notion d’urgence et savoir  s’il s’agit de frappes stratégiques ou tactiques. Mardi, le ministre russe de la Défense avait assuré que Moscou n’avait « pas besoin » d’utiliser l’arme nucléaire dans le cadre de ses opérations militaires en Ukraine, qualifiant de « mensonges absolus » les informations de presse selon lesquelles son pays pourrait déployer des armes nucléaires ou chimiques dans le conflit en cours. Un papier de géo.fr  fait le point sur la question.

L’hypothèse avait été évoquée peu après le déclenchement des hostilités, lorsque Vladimir Poutine avait indiqué avoir ordonné à ses généraux de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat ». Et le chef de la CIA, William Burns, vient de la brandir à nouveau, jeudi 14 avril, en évoquant le recours potentiel pour Moscou à des armes nucléaires tactiques ou de faible puissance.

« Il est possible que le président Poutine et les dirigeants russes sombrent dans le désespoir, compte tenu des revers qu’ils ont subis jusqu’ici d’un point de vue militaire », a-t-il fait valoir, tout en admettant n’avoir  »pas vraiment constaté de signes concrets (…) qui pourraient aggraver » les inquiétudes occidentales sur ce dossier.

Une arme nucléaire tactique, plus petite en charge explosive que l’arme nucléaire stratégique, est en théorie destinée au champ de bataille et transportée par un vecteur ayant une portée inférieure à 5 500 km.

« Au niveau vertical, il y a un vrai risque. Ils ont désespérément besoin de remporter des victoires militaires pour les transformer en levier politique », expliquait fin mars à l’AFP Mathieu Boulègue, du centre de réflexion britannique Chatham House.  »L’arme chimique ne changerait pas la face de la guerre. Une arme tactique nucléaire qui raserait une ville ukrainienne, oui. C’est improbable mais pas impossible. Et là ce serait 70 ans de théorie de dissuasion nucléaire qui s’effondrent ».

Du risque à la réalité, le pas reste immense. La doctrine russe est sujette à débat. Certains experts et responsables militaires, en particulier à Washington, affirment que Moscou a abandonné la doctrine soviétique de ne pas utiliser l’arme suprême en premier. Moscou aurait désormais dans ses options la théorie de « l’escalade pour désescalader » : utiliser l’arme dans des proportions limitées pour forcer l’OTAN à reculer.

Les récentes déclaration russes n’ont pas vraiment levé le doute sur cette interprétation. Moscou n’utilisera l’arme nucléaire en Ukraine qu’en cas de « menace existentielle » contre la Russie, a ainsi déclaré récemment le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur CNN, citant un des points de la doctrine officielle russe, sans autre précision.

Techniquement, Moscou est équipée. Selon le très respecté Bulletin of the Atomic Scientists« 1 588 têtes nucléaires russes sont déployées », dont 812 sur des missiles installés à terre, 576 sur des sous-marins et 200 sur des bombardiers.

Pour Pavel Luzin, analyste du groupe de réflexion Riddle basé à Moscou, la Russie pourrait utiliser une arme nucléaire tactique « pour démoraliser un adversaire, pour empêcher l’ennemi de continuer à se battre ». L’objectif est d’abord « démonstratif », ajoute-t-il à l’AFP. « Mais si l’adversaire veut toujours se battre ensuite, elle peut être employée de manière plus directe ».

De fait, les menaces font leur effet : le risque ne peut être totalement écarté. « En cas d’enlisement ou d’humiliation, on peut imaginer une escalade verticale. Cela fait partie de la culture stratégique russe d’aller dans l’intimidation et l’escalade pour obtenir la désescalade », rappelle un haut gradé français sous couvert de l’anonymat. « Poutine n’est pas entré dans cette guerre pour la perdre ».Mais d’autres veulent croire que le tabou absolu demeure. Si Vladimir Poutine décide d’anéantir ne serait-ce qu’un village ukrainien pour montrer sa détermination, la zone serait potentiellement exclue de toute vie humaine pour des décennies. « Le coût politique serait monstrueux. Il perdrait le peu de soutien qui lui reste. Les Indiens reculeraient, les Chinois aussi », assure à l’AFP William Alberque, de l’International Institute for Strategic Studies (IISS). « Je ne pense pas que Poutine le fera ».

Reste que la Russie ne jouirait pas aujourd’hui d’une telle stature sans l’arme suprême. Elle ne constituerait pas une menace d’une telle ampleur avec ses seules forces conventionnelles, qui témoignent en Ukraine d’une immense capacité de destruction mais aussi de réelles faiblesses tactiques, opérationnelles et logistiques.

Dans les chancelleries occidentales, les certitudes n’ont plus cours. « Le Rubicon initial a été franchi » lors de l’invasion de l’Ukraine,  »il n’y a plus vraiment de limites », admet un diplomate occidental. Mais il espère que tienne ce « tabou qui dure depuis le 9 août 1945″ et la bombe sur Nagasaki.

Menace de catastrophe nucléaire à Zaporijia?

Menace  de  catastrophe nucléaire à Zaporijia?

Emmanuelle Galichet, spécialiste du nucléaire, passe en revue les risques qui pèsent sur la plus grande centrale européenne qui a subi plusieurs bombardements ( dans l’Opinion)

 

 

Selon l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il y aurait de nombreuses failles. La situation à la centrale de Zaporijia est-elle inquiétante ?

Emmanuelle Galichet, chercheure en physique nucléaire au conservatoire national des arts et métiers : « Depuis très longtemps, les pays qui ont du nucléaire ont signé des protocoles et notamment la Convention de Genève avec des obligations comme, par exemple, de ne pas tirer avec des armes sur des installations industrielles et notamment sur les installations nucléaires.

Et lorsque la guerre en Ukraine a commencé au mois de mars, l’AIEA a rajouté sept piliers pour préserver la sécurité et la sûreté des installations nucléaires parce qu’effectivement, l’Ukraine est un pays très nucléarisé. On ne sait pas trop ce qui s’est passé mais il y a des bâtiments annexes qui ont été touchés, donc déjà, l’intégrité physique de la centrale n’est plus sûre.

D’un autre côté, là où il y a eu des problématiques de tirs, ce n’est pas le cœur du réacteur. Là où il y aura une problématique de catastrophe, on va dire, c’est vraiment le moment où l’intégrité du cœur du réacteur sera touché. Aujourd’hui, ça n’est pas le cas du tout.

Le deuxième, c’est que tous les équipements doivent pouvoir fonctionner à tout moment. Donc là, comme vous l’avez entendu, un réacteur a été arrêté parce qu’il n’avait plus d’alimentation électrique. Il faut y faire attention mais vous voyez que le réacteur a bien réagi puisqu’il s’est mis en arrêt d’urgence automatique.

Le troisième pilier qui n’est plus respecté c’est le stress des opérateurs. Les opérateurs qui sont Ukrainiens – c’est toujours l’exploitant ukrainien qui est là bas – ont des Russes avec eux, ça les met sous stress et on sait très bien qu’une erreur humaine peut amener vers une possible catastrophe. Je dirais que c’est un des piliers qu’il faut surveiller.

Le quatrième pilier, c’est les alimentations d’électricité en plus. Dans une centrale nucléaire, on fait ce qu’on appelle de la sûreté en profondeur. Ça veut dire qu’on va mettre plusieurs barrières pour protéger l’environnement et les hommes du risque radiologique.

Vous avez plusieurs alimentations électriques qui peuvent être utilisées si vous avez une coupure sur l’alimentation normale de tous les jours. C’est ce qui s’est passé à Zaporijia. Vous avez des diesels de secours, des groupes électrogènes… Il y a eu une seule des sources électriques qui a été coupée, on est très loin, encore une fois, du scénario catastrophe.

Enfin, le dernier pilier, c’est le système de monitorage de la radioactivité ambiante. Autour des centrales nucléaires, quelles qu’elles soient et où qu’elles se trouvent, l’exploitant doit surveiller la radioactivité autour de son site. Certains de ces capteurs ont été endommagés mais ça n’a rien à voir avec la production électrique et le fonctionnement du réacteur nucléaire. »

Dans quel(s) cas risquerait-on une catastrophe nucléaire ?

Emmanuelle Galichet : « Le dôme, c’est plus d’un mètre de béton armé autour du cœur du réacteur et donc il a été dimensionné pour résister à des chutes d’avions, de missiles ou autres. Si vous y mettez vraiment plein d’armes, plein d’avions, etc, à un moment donné, ça ne va pas tenir. Mais on ne pense pas que ce soit ça qui soit le plus important.

Si, évidemment, vous avez toutes vos sources électriques qui sont endommagées les unes après les autres, ça c’est un petit peu le scénario de Fukushima où on a eu ce qu’on appelle des problématiques de réchauffement du cœur du réacteur. On n’a plus réussi à refroidir le cœur du réacteur. Et donc vous avez notamment le circuit primaire, qui est celui qui permet d’évacuer la chaleur, aussi bien en exploitation qu’en arrêt de la centrale, vers l’extérieur, et donc éviter que l’eau bouille et que vous ayez ce qu’on appelle un dénoyage du cœur qui va, à la fin, vers le scénario de fusion du cœur du réacteur. Donc c’est là-dessus qu’il faut être très attentif. »

L’approvisionnement électrique des Ukrainiens peut-il en pâtir ?

Emmanuelle Galichet : « Zaporijia est la centrale la plus importante d’Ukraine. Elle a six réacteurs de 1000 mégawatts donc c’est quand même très important. Donc si vous l’arrêtez, ça peut effectivement provoquer un manque assez important d’électricité pour les Ukrainiens. Et d’ailleurs c’est pour ça que l’exploitant ukrainien continue malgré tout à produire de l’électricité. »

Ukraine: Risque de catastrophe nucléaire à Zaporijia?

Ukraine: Risque de catastrophe nucléaire à Zaporijia?

Après la prise de contrôle de la centrale nucléaire Ukrainienne de Zaporijia, le risque de catastrophe nucléaire n’est pas à écarter dans la mesure où les Russes servent de cette centrale comme bouclier pour protéger leur dispositif d’artillerie orientée vers l’Ukraine.

 

 

Selon l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il y aurait de nombreuses failles. La situation à la centrale de Zaporijia est-elle inquiétante ?

Emmanuelle Galichet, chercheure en physique nucléaire au conservatoire national des arts et métiers : « Depuis très longtemps, les pays qui ont du nucléaire ont signé des protocoles et notamment la Convention de Genève avec des obligations comme, par exemple, de ne pas tirer avec des armes sur des installations industrielles et notamment sur les installations nucléaires.

Et lorsque la guerre en Ukraine a commencé au mois de mars, l’AIEA a rajouté sept piliers pour préserver la sécurité et la sûreté des installations nucléaires parce qu’effectivement, l’Ukraine est un pays très nucléarisé. On ne sait pas trop ce qui s’est passé mais il y a des bâtiments annexes qui ont été touchés, donc déjà, l’intégrité physique de la centrale n’est plus sûre.

D’un autre côté, là où il y a eu des problématiques de tirs, ce n’est pas le cœur du réacteur. Là où il y aura une problématique de catastrophe, on va dire, c’est vraiment le moment où l’intégrité du cœur du réacteur sera touché. Aujourd’hui, ça n’est pas le cas du tout.

Le deuxième, c’est que tous les équipements doivent pouvoir fonctionner à tout moment. Donc là, comme vous l’avez entendu, un réacteur a été arrêté parce qu’il n’avait plus d’alimentation électrique. Il faut y faire attention mais vous voyez que le réacteur a bien réagi puisqu’il s’est mis en arrêt d’urgence automatique.

Le troisième pilier qui n’est plus respecté c’est le stress des opérateurs. Les opérateurs qui sont Ukrainiens – c’est toujours l’exploitant ukrainien qui est là bas – ont des Russes avec eux, ça les met sous stress et on sait très bien qu’une erreur humaine peut amener vers une possible catastrophe. Je dirais que c’est un des piliers qu’il faut surveiller.

Le quatrième pilier, c’est les alimentations d’électricité en plus. Dans une centrale nucléaire, on fait ce qu’on appelle de la sûreté en profondeur. Ça veut dire qu’on va mettre plusieurs barrières pour protéger l’environnement et les hommes du risque radiologique.

Vous avez plusieurs alimentations électriques qui peuvent être utilisées si vous avez une coupure sur l’alimentation normale de tous les jours. C’est ce qui s’est passé à Zaporijia. Vous avez des diesels de secours, des groupes électrogènes… Il y a eu une seule des sources électriques qui a été coupée, on est très loin, encore une fois, du scénario catastrophe.

Enfin, le dernier pilier, c’est le système de monitorage de la radioactivité ambiante. Autour des centrales nucléaires, quelles qu’elles soient et où qu’elles se trouvent, l’exploitant doit surveiller la radioactivité autour de son site. Certains de ces capteurs ont été endommagés mais ça n’a rien à voir avec la production électrique et le fonctionnement du réacteur nucléaire. »

Dans quel(s) cas risquerait-on une catastrophe nucléaire ?

Emmanuelle Galichet : « Le dôme, c’est plus d’un mètre de béton armé autour du cœur du réacteur et donc il a été dimensionné pour résister à des chutes d’avions, de missiles ou autres. Si vous y mettez vraiment plein d’armes, plein d’avions, etc, à un moment donné, ça ne va pas tenir. Mais on ne pense pas que ce soit ça qui soit le plus important.

Si, évidemment, vous avez toutes vos sources électriques qui sont endommagées les unes après les autres, ça c’est un petit peu le scénario de Fukushima où on a eu ce qu’on appelle des problématiques de réchauffement du cœur du réacteur. On n’a plus réussi à refroidir le cœur du réacteur. Et donc vous avez notamment le circuit primaire, qui est celui qui permet d’évacuer la chaleur, aussi bien en exploitation qu’en arrêt de la centrale, vers l’extérieur, et donc éviter que l’eau bouille et que vous ayez ce qu’on appelle un dénoyage du cœur qui va, à la fin, vers le scénario de fusion du cœur du réacteur. Donc c’est là-dessus qu’il faut être très attentif. »

L’approvisionnement électrique des Ukrainiens peut-il en pâtir ?

Emmanuelle Galichet : « Zaporijia est la centrale la plus importante d’Ukraine. Elle a six réacteurs de 1000 mégawatts donc c’est quand même très important. Donc si vous l’arrêtez, ça peut effectivement provoquer un manque assez important d’électricité pour les Ukrainiens. Et d’ailleurs c’est pour ça que l’exploitant ukrainien continue malgré tout à produire de l’électricité. »

Nucléaire iranien : L’impossible accord ?

Nucléaire iranien : L’impossible accord ?

 

Une relance de l’accord de 2015 semble impossible alors que le régime iranien se radicalise et accélère son programme nucléaire, estiment, dans une tribune au « Monde », l’eurodéputée Nicola Beer et l’universitaire Peter Neumann, spécialiste des questions de sécurité.

Alors que la guerre en Ukraine continue à faire la « une », un autre conflit a atteint un point critique. Après dix mois de négociations, la tentative de réactiver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien – aussi connu sous le nom de Plan d’action global commun – est au point mort. Il pourrait bien se solder par un échec retentissant. Même l’envoyé spécial du président Biden, Robert Malley, a décrit la dernière tentative de négociation au Qatar comme une « perte de temps ».

Au cours de ces derniers mois, le programme nucléaire iranien a accéléré. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Iran aurait accumulé 43 kg d’uranium hautement enrichi. C’est plus que suffisant pour produire au moins une bombe nucléaire. En juin, le pays des mollahs a éteint plusieurs caméras de sites nucléaires. Et il y a seulement quelques jours, l’Iran a commencé à enrichir de l’uranium dans l’usine souterraine de Fordo, alors qu’il avait promis qu’elle ne serait utilisée qu’à des fins civiles.

Il semblait naturel d’essayer de relancer l’accord que le président Trump avait unilatéralement et imprudemment déchiré. Sans succès, l’Europe doit maintenant envisager des alternatives. Si l’on s’accroche par dogmatisme à l’idée que poursuivre des négociations conduira d’une manière ou d’une autre au succès, nous courons droit vers une situation faisant écho à celle de la Russie, dans laquelle une puissance profite du temps diplomatique pour préparer ou intensifier ses agressions.

En effet, il ne fait aucun doute que, sous la nouvelle présidence de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, l’Iran s’est radicalisé. Sur place, des milliers de personnes ont été emprisonnées et torturées pour opposition au régime, pendant qu’une centaine de personnes se trouve dans le couloir de la mort pour des crimes tels qu’« insulte au Prophète ». Selon Amnesty International, les femmes continuent d’être confrontées à une « discrimination enracinée » dans la loi et en pratique. Des minorités religieuses, telles que les Bahais, sont brutalement réprimées.

Depuis que Raïssi est au pouvoir, le rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur l’Iran s’est vu refuser l’entrée dans le pays. Et alors que des proches du pouvoir utilisent librement Twitter, le gouvernement a fait de l’accès aux réseaux sociaux occidentaux un crime pour les Iraniens.

L’Iran reste une source majeure d’instabilité au Moyen-Orient. En essayant d’étendre sa zone d’influence, le gouvernement a parrainé des milices comme le Hezbollah libanais et les houthis au Yémen, qui ont conduit ces dernières années des opérations « hors zone » ciblant des civils en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.

Iran : Un projet d’accord sur le nucléaire

La  Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et, bien sûr, l’Iran ont mis au point un projet d’accord sur le nucléaire iranien. Reste à savoir si les États-Unis donnerons leur feu vert à cet accord et dont dépend aussi la position définitive de l’Iran.

 

C’est cependant une étape de franchie, mais du chemin reste à parcourir avant que l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien ne reprenne vie. Signé après douze ans de crise et 21 mois de négociations acharnées, il avait été torpillé par le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis sous l’impulsion de Donald Trump et le rétablissement des sanctions américaines. Suite à cela, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.

Le pacte connu sous son acronyme anglais JCPOA vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire iranien, accusé de chercher à se doter de l’arme atomique malgré ses démentis.

 « Aujourd’hui, le texte est sur la table des hauts représentants », a déclaré un responsable européen à la presse sous couvert d’anonymat, espérant une conclusion « dans les prochaines semaines ». « La négociation est finie, c’est le texte final (…) et il ne sera pas renégocié », a-t-il insisté, avec la volonté d’aller vite après déjà plus d’un an de discussions et un blocage de plusieurs mois. « Maintenant, la balle est dans le camp des capitales et on va voir ce qui va se passer », a ajouté le responsable européen. « Personne ne reste à Vienne ». Insistant sur la « qualité du texte », il a dit « espérer vivement qu’il soit accepté » et qu’un accord intervienne « dans quelques semaines ».

 

Energies- Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

Energies- Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

 

 

L’Allemagne envisage désormais de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales en activité dans le pays. De même pour le charbon: Berlin compte augmenter le recours à cette énergie fossile très polluante qui devait pourtant disparaître du pays en 2030.

L’Allemagne dépendait à plus de 50 % du gaz russe qui constitué l’axe stratégique de sa politique énergétique. Aujourd’hui ce gaz russe représente plus que 30 % et devrait tomber à 10 % voire à zéro. Du coup, l’Allemagne remet  complètement en cause le contenu de sa politique énergétique. En plus du gaz russe, l’Allemagne comptait sur les énergies alternatives qui constituent un véritable fiasco notamment les éoliennes. Forcé de trouver une solution - au-delà de demander aux ménages d’adopter des habitudes de sobriété énergétique en prenant, en prenant par exemple des douches plus courtes et plus froides (!), Olaf Scholz a justifié les réflexions en cours sur le sujet du nucléaire par le fait que le développement des énergies renouvelables, censées remplacer l’énergie nucléaire et le charbon, est plus lent que prévu. Et il est « très différent d’une région à l’autre en Allemagne », a-t-il dit, pointant du doigt l’énergie éolienne .  Du coup l’Allemagne développe surtout des centrales à charbon. Pire l’Allemagne à travers des propos de son chancelier n’exclut plus de recourir davantage au nucléaire !

En effet,’une des pistes actuellement envisagées par le gouvernement est de se tourner de nouveau vers le nucléaire. Une énergie que l’Allemagne avait pourtant décidé d’abandonner à la fin de l’année. Néanmoins, ce mercredi, le chancelier allemand a estimé que cela « peut faire sens » de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité en Allemagne même si elles « ne sont pertinentes que pour la production d’électricité et seulement pour une petite partie de celle-ci ».

La consommation de charbon était pourtant déjà en hausse avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix qui s’en est suivie. L’Allemagne s’était davantage appuyée sur cette énergie fossile pour pallier la sortie du nucléaire et en attendant que les énergies renouvelables se développent suffisamment. En 2021, la production d’électricité à partir de charbon avait crû de près de 18%. De même, 28,9% de l’électricité injectée dans le réseau du pays provenait encore de centrales à charbon au premier trimestre 2021, « contre 13% en moyenne dans l’Union européenne », selon une note de l’Institut Jacques Delors sur le sujet. La demande de ce combustible a toutefois été divisée par trois depuis 1990 en Allemagne.

 

Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Contrairement aux cycles politiques, de plus en plus courts, les questions énergétiques se jouent sur le temps long. Une fois pensé un mix énergétique, la création, l’exploitation, le démantèlement des capacités de production se jouent sur décennies, et en réalité avoisinent le siècle. Par Bruno Alomar, économiste.(la Tribune)

 

Prenons l’exemple de l’énergie nucléaire. Elle a fait l’objet d’un rejet de principe de la part de certains, alimenté notamment en Europe par la catastrophe de Fukushima qui a convaincu l’Allemagne, en urgence, d’y renoncer en 2012. Il n’y a cependant pas eu de rejet unanime du nucléaire civil au cours des vingt dernières années. La Chine, la Finlande, le Royaume-Uni ont souhaité poursuivre et développer la part du nucléaire dans leur mix énergétique.

En l’état, la question de l’énergie nucléaire se trouve confrontée à une forme de paradoxe.

Désormais, il est clair que le développement de capacités de production d’électricité d’origine nucléaire fait bien partie de la solution au problème du réchauffement climatique. La prise de position du GIEC, peu suspect de sympathie a priori pour l’atome, l’a illustré de manière spectaculaire. En France, le choix désormais sans équivoque formulé par le Président de la République le 10 février 2022 de relancer la filière nucléaire, avec la construction programmée de 6 EPR à l’horizon 2035, est un tournant. La guerre en Ukraine et ce qu’elle a révélé de l’ampleur des problèmes d’indépendance énergétique a fortifié la conviction de beaucoup de pays en Europe d’investir dans le nucléaire civil. Ajoutons à cela, si besoin en était, que coté consommateurs, l’on a assisté au cours des dernières semaines à un puissant aggiornamento. Parmi les exemples les plus frappants, citons Enercoop, fournisseur « alternatif » d’électricité fondé par des opposants à l’énergie nucléaire (Greenpeace, les Amis de la Terre), qui a officiellement demandé à bénéficier de l’accès au nucléaire.

Or, c’est au moment où l’horizon se dégage pour la filière nucléaire civile d’origine nucléaire que les problèmes sont les plus massifs, et mettent en danger la trajectoire décidée. Ils sont de deux ordres.

Des problèmes liés à la régulation européenne d’abord. Au cours des vingt dernières années, et spectaculairement depuis quelques mois, la régulation européenne a semblé courir après ses principes. Il a d’abord été question du tout marché, avec les paquets de libéralisation des années 2000, qui, à la surprise de la Commission, n’ont pas toujours donné les résultats qu’elle en escomptait. Plus récemment, les limites avérées du tout marché en matière énergétique ont suscité des difficultés importantes. L’Union européenne a d’abord dû faire face à la demande de certains États – dont la France -d’amender puissamment les dispositifs de fixation des prix, pour finalement en exclure récemment le Portugal et l’Espagne. La Présidente de la Commission européenne l’a d’ailleurs admis qui a déclaré le 8 juin devant les eurodéputés que « ce système de marché ne fonctionne plus » et que « nous devons le réformer ».

Des problèmes techniques aussi, fortement médiatisés, mais dont il ne faut pas minimiser l’ampleur. Car le fait est que la filière nucléaire, au sens industriel, est aussi à la croisée des chemins. Les difficultés rencontrées ont été fortes et justifié une réaction déterminée (plan Excell d’EDF) qui doit se poursuivre pour produire ses effets dans la durée, notamment pour se donner les marges en matière de compétences techniques. La question de la réforme d’EDF reste aussi pendante.

En définitive, la question de l’opportunité du développement du nucléaire civil est désormais réglée, du moins dans beaucoup de pays, dont la France. Ceci ne doit pas cacher qu’en fait d’exécution, le moment est critique. Il exige une mobilisation maximale des acteurs publics (régulation européenne) et des acteurs industriels dans les années à venir.

Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

 

 

L’Allemagne envisage désormais de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales en activité dans le pays. De même pour le charbon: Berlin compte augmenter le recours à cette énergie fossile très polluante qui devait pourtant disparaître du pays en 2030.

L’Allemagne dépendait à plus de 50 % du gaz russe qui constitué l’axe stratégique de sa politique énergétique. Aujourd’hui ce gaz russe représente plus que 30 % et devrait tomber à 10 % voire à zéro. Du coup, l’Allemagne remet  complètement en cause le contenu de sa politique énergétique. En plus du gaz russe, l’Allemagne comptait sur les énergies alternatives qui constituent un véritable fiasco notamment les éoliennes. Forcé de trouver une solution - au-delà de demander aux ménages d’adopter des habitudes de sobriété énergétique en prenant, en prenant par exemple des douches plus courtes et plus froides (!), Olaf Scholz a justifié les réflexions en cours sur le sujet du nucléaire par le fait que le développement des énergies renouvelables, censées remplacer l’énergie nucléaire et le charbon, est plus lent que prévu. Et il est « très différent d’une région à l’autre en Allemagne », a-t-il dit, pointant du doigt l’énergie éolienne .  Du coup l’Allemagne développe surtout des centrales à charbon. Pire l’Allemagne à travers des propos de son chancelier n’exclut plus de recourir davantage au nucléaire !

En effet,’une des pistes actuellement envisagées par le gouvernement est de se tourner de nouveau vers le nucléaire. Une énergie que l’Allemagne avait pourtant décidé d’abandonner à la fin de l’année. Néanmoins, ce mercredi, le chancelier allemand a estimé que cela « peut faire sens » de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité en Allemagne même si elles « ne sont pertinentes que pour la production d’électricité et seulement pour une petite partie de celle-ci ».

La consommation de charbon était pourtant déjà en hausse avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix qui s’en est suivie. L’Allemagne s’était davantage appuyée sur cette énergie fossile pour pallier la sortie du nucléaire et en attendant que les énergies renouvelables se développent suffisamment. En 2021, la production d’électricité à partir de charbon avait crû de près de 18%. De même, 28,9% de l’électricité injectée dans le réseau du pays provenait encore de centrales à charbon au premier trimestre 2021, « contre 13% en moyenne dans l’Union européenne », selon une note de l’Institut Jacques Delors sur le sujet. La demande de ce combustible a toutefois été divisée par trois depuis 1990 en Allemagne.

 

Guerre: Retour du risque nucléaire ?

Guerre: Retour du risque nucléaire

 

Les propos guerriers de Poutine et de son entourage nourrissent  la crainte d’une hypothèse de guerre nucléaire. La Russie utilise certes cette éventualité à des fins d’intoxication mais pourrait bien être tentée de recourir au nucléaire pour sauver la dictature et le régime de Poutine.

Conscient de cette menace l’ONU par la voix de son secrétaire général l’ONU met en garde la Communauté internationale sur les risques encourus par le monde entier.

 L’humanité n’est qu’à «un malentendu» ou «une erreur de jugement» de l’«anéantissement nucléaire », a mis en garde lundi 1er août le secrétaire général de l’ONU, estimant qu’un tel «danger nucléaire n’(avait) pas été connu depuis l’apogée de la guerre froide ». «Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu’à présent. Mais la chance n’est pas une stratégie ni un bouclier pour empêcher les tensions géopolitiques de dégénérer en conflit nucléaire», a déclaré Antonio Guterres à l’ouverture d’une conférence des 191 pays signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). «Aujourd’hui, l’humanité est à un malentendu, une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire», a-t-il martelé, appelant à construire un monde «débarrassé des armes nucléaires».

«Éliminer les armes nucléaires est la seule garantie qu’elles ne seront jamais utilisées», a-t-il encore ajouté, précisant qu’il se rendrait dans quelques jours à Hiroshima pour l’anniversaire du bombardement. «Près de 13.000 armes nucléaires sont stockées dans les arsenaux à travers le monde. À un moment où les risques de prolifération grandissent et les garde-fous pour prévenir cette escalade faiblissent», a-t-il insisté, évoquant notamment les «crises» au Moyen-Orient, dans la péninsule coréenne et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

Prendre en compte la sûreté nucléaire

Prendre en compte  la  sûreté nucléaire 

 

Lanceur d’alerte et ancien membre de l’équipe de direction de la centrale nucléaire du Tricastin, Hugo appelle dans une tribune au « Monde » à l’urgence d’un « dialogue transparent » pour bâtir ensemble un plan de renforcement de la sûreté nucléaire en France, à l’heure où « la situation énergétique de notre pays n’aura jamais été aussi critique ».

Un rappel utile concernant la sûreté nucléaire mais qui n’apporte pas grand-chose de nouveau puisque précisément le grand carénage a pour objet de renforcer considérablement la sécurité et de permettre le prolongement les durées de vie des centrales. Une opération d’un coût  de 50 milliards qui immobilise actuellement près de la moitié du parc nucléaire NDLR

 

La situation de crise énergétique que nous vivons en France et en Europe est telle que des concurrents historiques tels qu’EDF, ENGIE et TOTAL lancent un appel commun, avec mon PDG, Jean-Bernard Lévy, pour demander une réduction de notre consommation. Ils souhaitent également un « dialogue transparent » … C’est dans cet esprit de transparence, et en tant qu’expert en sûreté et exploitation nucléaire, que j’ai décidé d’écrire.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le 10 février 2022, à Belfort, la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 et le lancement d’une étude pour la construction de huit EPR2 supplémentaires, parallèlement à la prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de cinquante ans.

Le parc nucléaire est vieillissant, les premiers réacteurs ont déjà fait l’objet de leur 4e visite décennale parmi lesquels Tricastin, centrale au sein de laquelle j’ai travaillé en tant que chef du service en charge de l’exploitation des quatre réacteurs, avec 400 salariés sous ma responsabilité. D’autres réacteurs vont ainsi prochainement atteindre le terme de leur durée de vie, initialement prévue dès 40 ans.

La question n’est plus pour ou contre le nucléaire

Le manque d’anticipation dans le développement des autres énergies décarbonées et dans le remplacement du parc nucléaire existant, la perte de compétences dans certains domaines du nucléaire, dont le retard dans la construction de l’EPR est le triste exemple, ainsi que les problèmes de corrosion sur des tuyauteries du circuit primaire, contraignant à l’arrêt plus d’une dizaine de réacteurs, font que la situation énergétique de notre pays n’a jamais été aussi critique.

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