Archive pour le Tag 'nucléaire'

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Ukraine : La folie des bombardements de la centrale nucléaire de Zaporijia

Ukraine : La folie des bombardements de la centrale nucléaire de Zaporijia

La centrale nucléaire qui comprend six réacteurs est sans doute devenue la cible privilégiée de Poutine pour écraser l’Ukraine et priver le pays d’infrastructures majeures. Le dictature russe acculé et qui accumule les déboires tente sans doute de sauver son régime par des actes inconsidérés qui pourraient y compris conduire à une catastrophe nucléaire.

« Arrêtez cette folie (…) La situation est gravissime », a déploré ce dimanche le patron de l’AIEA ( Agence internationale de sûreté nucléaire). « Ce n’est pas nouveau, on le dit et on le redit (…) la situation est intenable et aujourd’hui on a vu comment ça pouvait se dégrader et mener à des situations gravissimes ».

Pour Rafael Grossi, il est « incroyable » que certains pays considèrent une centrale nucléaire comme « une cible militaire légitime ».
« Des attaques directes sur la centrale »
Le directeur de l’agence a fait savoir que l’AIEA avait « une équipe spécialisée en sécurité » installée sur le site » avec laquelle ils étaient en contact samedi soir afin « d’évaluer les dégâts ». À ce stade, Rafael Grossi a précisé que l’installation avait été « touchée à plusieurs reprises et à des endroits sensibles », notamment dans la zone « où les combustibles usés se trouvent ».
« Ce sont des attaques directes sur la centrale, cela n’avait pas eu lieu depuis cet été. Ça montre l’aggravation évidente de la situation », a poursuivi le directeur général de l’AIEA, qui évoque « une douzaine » de tirs de missiles. Et, selon lui, des attaques ont également lieu sur « les sites qui fournissent l’électricité dont l’installation a besoin ».

Eoliennes: prochain fiasco après le nucléaire

Eoliennes: prochain fiasco après le nucléaire

Fort justement Patrice Cahart dénonce dans le Figaro les invraisemblables contradictions du pouvoir qui invite en ce moment le Parlement à discuter du projet de loi concernant les énergies dites alternatives.

Faute de cohérence et de courage, le pouvoir mène de front ses orientations de développement du nucléaire et des énergies renouvelables. Une stratégie souvent soutenue dans les cercles politiques comme dans les bistrots; c’est-à-dire avec une approche scientifique et environnementale tout à fait approximative. Comment en effet comparer une éolienne de puissance de 24 MW avec une centrale nucléaire de 900 et un EPR de 1300 MW. Ou alors il faut envisager de couvrir la France d’éoliennes; par parenthèse dont les éléments sont essentiellement fournis par les Chinois !

Pire le président de la république sous Hollande a défendu l’idée de réduire le nucléaire ce qui s’est traduit par la fermeture inutile de Fessenheim à un moment où on avait particulièrement besoin d’énergie. L’objectif était de supprimer aussi 14 réacteurs. Aujourd’hui on revient totalement sur ces orientations pour construire d’abord six OPR et ultérieurement huit. En cause le fait que la France qui était globalement exportatrice d’électricité fait désormais venir cette énergie notamment d’Allemagne alors qu’elle est produite avec des centrales à charbon. Une politique qui constitue une véritable escroquerie énergétique et écologique. Mercredi 2 novembre, le Sénat commence l’examen du projet de loi visant à «accélérer les énergies renouvelables», qui entend supprimer les rares verrous législatifs qui ralentissent encore la multiplication des éoliennes.

La tribune de Patrice Cahart, inspecteur général des finances honoraire, mis en ligne le 22 septembre, qui alerte sur la nocivité avérée des éoliennes pour les riverains, les animaux et les paysages (extrait).
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Patrice Cahart est ancien élève de l’ENA. Ancien haut fonctionnaire au ministère des Finances. Il est notamment l’auteur de La Peste éolienne (Éditions Hugo & Cie, 2021).
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Le gouvernement va déposer fin septembre un projet de loi destiné à «accélérer les énergies renouvelables», c’est-à-dire, pour l’essentiel, l’éolien et le photovoltaïque. Dans sa rédaction actuelle, ce texte souffre de graves défauts.
Pendant quatre ans, les projets éoliens de moins de vingt engins (c’est-à-dire la grande majorité) pourraient être admis sans avoir fait l’objet d’une «évaluation environnementale». Or cet examen des incidences des projets sur l’environnement est l’un des piliers de notre politique écologique. Sans lui, quantité d’installations nuisibles pourraient surgir. Même les écologistes s’émeuvent de cette mesure.
Un autre article du projet de loi faciliterait le déboisement pour faire place aux éoliennes et aux capteurs photovoltaïques. La France tournerait ainsi le dos à la politique de reboisement…

Quel avenir pour la fusion nucléaire ?

Quel avenir pour la fusion nucléaire ?

La Russie va fournir pour le projet Iter de fusion nucléaire situé en France un énorme aimant.

La fusion nucléaire pourrait assez prochainement remplacer la fission nucléaire à laquelle on reproche surtout de produire des déchets pour l’instant impossible à recycler. par ailleurs es prochaines décennies sont d’une importance capitale pour la mise en place d’une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

D’ici la fin du siècle, compte tenu de la croissance démographique, de l’augmentation de l’urbanisation et de l’extension du réseau électrique dans les pays en développement, la demande en énergie aura triplé. Le recours aux combustibles fossiles qui ont modelé la civilisation industrielle est synonyme d’émission de gaz à effet de serre et de pollution.

Il est urgent de trouver une nouvelle source d’énergie à grande échelle, non émettrice de CO2, pérenne et disponible. La fusion offre les avantages suivants :

Une énergie abondante : A masse égale, la fusion d’atomes légers libère une énergie près de quatre millions de fois supérieure à celle d’une réaction chimique telle que la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz, et quatre fois supérieure à celle des réactions de fission nucléaire. La fusion peut fournir l’énergie de base nécessaire pour satisfaire les besoins en électricité de nos villes et de nos industries.

Pérennité : Les combustibles de fusion sont universellement disponibles et quasiment inépuisables. Le deutérium peut être obtenu à partir de l’eau ; le tritium sera produit pendant la réaction de fusion lorsque les neutrons issus de la fusion des noyaux interagiront avec le lithium des modules placés dans la chambre à vide. (Les réserves de lithium dans la croûte terrestre permettraient l’exploitation de centrales de fusion pendant plus de 1 000 ans ; celles des océans pourraient répondre aux besoins pendant des millions d’années.)

Aucune émission de CO₂ : La fusion ne génère pas de dioxyde de carbone ou d’autres gaz à effet de serre. Le sous-produit principal est l’hélium, un gaz inerte non toxique.

Aucun déchet radioactif de haute activité à vie longue : Les réacteurs de fusion nucléaire ne produisent pas de déchets radioactifs de haute activité à vie longue. L’activation des composants d’un réacteur de fusion est suffisamment faible pour que les matériaux puissent être recyclés ou réutilisés dans les 100 ans qui suivent la mise à l’arrêt de l’installation.

Aucune prolifération : La fusion n’utilise pas de matières fissiles comme l’uranium et le plutonium (le tritium radioactif n’est pas un matériau fissile ni fissionnable). Un réacteur de fusion ne contient pas d’éléments susceptibles d’être utilisés pour fabriquer des armes nucléaires.

Aucun risque de fusion du cœur : Un accident nucléaire de type Fukushima ne peut pas se produire dans un réacteur de fusion. Les conditions propices aux réactions de fusion sont difficiles à atteindre ; en cas de perturbation, le plasma se refroidit en l’espace de quelques secondes et les réactions cessent. En outre, la quantité de combustible présente dans l’enceinte est insuffisante pour alimenter les réactions au-delà de quelques secondes et une « réaction en chaîne » est inconcevable du point de vue de la physique.

Coût : La quantité d’énergie produite par un réacteur de fusion industriel, tels qu’ils pourront voir le jour dans la seconde moitié de ce siècle, sera équivalente à celle produite par un réacteur de fission — entre 1 et 1.7 gigawatts. Le coût moyen par kilowatt d’électricité devrait aussi être du même ordre : légèrement plus élevé au début, la technologie étant nouvelle, puis décroissant par la suite dans la mesure où les économies d’échelle feront baisser les prix.

Le mix énergétique des prochaines décennies devra reposer sur une large variété de sources d’énergie différentes. En tant que nouvelle option énergétique non émettrice de carbone et non productrice de déchets nucléaires de haute activité à vie longue, la fusion répond aux défis que représentent le maintien des grands équilibres climatiques, la disponibilité des ressources et la sûreté.

Nucléaire : un débat surréaliste

Nucléaire : un débat Surréaliste

Le pouvoir vient de s’apercevoir de la nécessité d’un débat sur le nucléaire. Et certains médias d’en rajouter comme le « Monde » qui titre « il n’y a jamais eu de débat sur le nucléaire »! À ceci près qu’on ne cesse d’en parler à juste titre et d’en débattre partout depuis environ 60 ans au moins.

Du coup EDF, incité par le pouvoir a confié à un machin administratif la »commission de débat national » le soin de lancer la consultation bidon.

Notons que le président a déjà décidé des orientations en matière nucléaire puisqu’il a clairement annoncé la construction de six EPR dès que possible et six autres ultérieurement. Reste cependant de nombreuses contradictions liées justement aux prises de position complètement opposées de Macon lui-même.

Les documents officiels de programmation n’ont pas été modifiés et ils parlent encore d’une limitation de l’énergie nucléaire et de la suppression de réacteurs.

Aujourd’hui la position officielle est au contraire de prolonger la vie de ses réacteurs et comme déjà indiqué de développer de nouveaux réacteurs EPR et même de mini réacteurs type SMR à des fins internes mais aussi exportation.

De toute manière les débats organisés par la Commission nationale du débat public [CNDP] n’ont jamais eu le moindre retentissement. Il s’agit d’une de ces multiples institutions qui ne servent à peu près à rien.

L’organisation de ce pseudo débat est un peu surréaliste dans la mesure où la problématique du moment est de savoir si le pays ne risque pas d’être paralysé par manque d’énergie en général et d’électricité en particulier.

C’est un peu comme si on demandait au Français s’ils souhaitaient que la France se dote des moyens nécessaires pour assurer ses besoins en électricité à des coûts abordables.

D’un certain point de vue, ces débats dans de multiples structures constituent des sortes d’enfumage démocratique comme par exemple les enquêtes d’utilité publique. Finalement quelques dizaines voire des centaines de personnes sont supposées être consultées quand les orientations sont déjà prises.

« Fusion » nucléaire : la France veut son propre projet

Fusion nucléaire : la France veut son propre projet

La fusion nucléaire ( Aujourd’hui toutes les centrales nucléaires reposent sur la technique de la fission nucléaire) offre les avantages suivants :

Une énergie abondante : A masse égale, la fusion d’atomes légers libère une énergie près de quatre millions de fois supérieure à celle d’une réaction chimique telle que la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz, et quatre fois supérieure à celle des réactions de fission nucléaire. La fusion peut fournir l’énergie de base nécessaire pour satisfaire les besoins en électricité de nos villes et de nos industries.

Pérennité : Les combustibles de fusion sont universellement disponibles et quasiment inépuisables. Le deutérium peut être obtenu à partir de l’eau ; le tritium sera produit pendant la réaction de fusion lorsque les neutrons issus de la fusion des noyaux interagiront avec le lithium des modules placés dans la chambre à vide. (Les réserves de lithium dans la croûte terrestre permettraient l’exploitation de centrales de fusion pendant plus de 1 000 ans ; celles des océans pourraient répondre aux besoins pendant des millions d’années.)

Aucune émission de CO₂ : La fusion ne génère pas de dioxyde de carbone ou d’autres gaz à effet de serre. Le sous-produit principal est l’hélium, un gaz inerte non toxique.

Le CEA espère décrocher une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d’euros pour financer une étude de faisabilité d’une centrale à fusion nucléaire plus compacte que le réacteur Iter. Objectif : éviter les écueils d’ingénierie qui découlent de sa dimension XXL. Un projet national de fusion nucléaire permettrait aussi à la France d’avancer plus rapidement sur cet immense défi technologique alors que la course internationale s’intensifie.

Contrairement au projet international Iter , l’objectif n’est plus de faire des machines encore plus grandes, mais, au contraire, de développer des réacteurs à fusion nucléaire plus petits, à l’image de ce qui se produit dans l’industrie de la fission nucléaire qui s’oriente désormais vers des petits réacteurs modulaires, les fameux SMR (pour small modular reactors).
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Avenir : la fusion nucléaire

Avenir : la fusion nucléaire

La fusion nucléaire pourrait assez prochainement remplacer la fission nucléaire à laquelle reproche surtout de produire des déchets pour l’instant impossible à recycler. par ailleurs es prochaines décennies sont d’une importance capitale pour la mise en place d’une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

D’ici la fin du siècle, compte tenu de la croissance démographique, de l’augmentation de l’urbanisation et de l’extension du réseau électrique dans les pays en développement, la demande en énergie aura triplé. Le recours aux combustibles fossiles qui ont modelé la civilisation industrielle est synonyme d’émission de gaz à effet de serre et de pollution.

Il est urgent de trouver une nouvelle source d’énergie à grande échelle, non émettrice de CO2, pérenne et disponible. La fusion offre les avantages suivants :

Une énergie abondante : A masse égale, la fusion d’atomes légers libère une énergie près de quatre millions de fois supérieure à celle d’une réaction chimique telle que la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz, et quatre fois supérieure à celle des réactions de fission nucléaire. La fusion peut fournir l’énergie de base nécessaire pour satisfaire les besoins en électricité de nos villes et de nos industries.

Pérennité : Les combustibles de fusion sont universellement disponibles et quasiment inépuisables. Le deutérium peut être obtenu à partir de l’eau ; le tritium sera produit pendant la réaction de fusion lorsque les neutrons issus de la fusion des noyaux interagiront avec le lithium des modules placés dans la chambre à vide. (Les réserves de lithium dans la croûte terrestre permettraient l’exploitation de centrales de fusion pendant plus de 1 000 ans ; celles des océans pourraient répondre aux besoins pendant des millions d’années.)

Aucune émission de CO₂ : La fusion ne génère pas de dioxyde de carbone ou d’autres gaz à effet de serre. Le sous-produit principal est l’hélium, un gaz inerte non toxique.

Aucun déchet radioactif de haute activité à vie longue : Les réacteurs de fusion nucléaire ne produisent pas de déchets radioactifs de haute activité à vie longue. L’activation des composants d’un réacteur de fusion est suffisamment faible pour que les matériaux puissent être recyclés ou réutilisés dans les 100 ans qui suivent la mise à l’arrêt de l’installation.

Aucune prolifération : La fusion n’utilise pas de matières fissiles comme l’uranium et le plutonium (le tritium radioactif n’est pas un matériau fissile ni fissionnable). Un réacteur de fusion ne contient pas d’éléments susceptibles d’être utilisés pour fabriquer des armes nucléaires.

Aucun risque de fusion du cœur : Un accident nucléaire de type Fukushima ne peut pas se produire dans un réacteur de fusion. Les conditions propices aux réactions de fusion sont difficiles à atteindre ; en cas de perturbation, le plasma se refroidit en l’espace de quelques secondes et les réactions cessent. En outre, la quantité de combustible présente dans l’enceinte est insuffisante pour alimenter les réactions au-delà de quelques secondes et une « réaction en chaîne » est inconcevable du point de vue de la physique.

Coût : La quantité d’énergie produite par un réacteur de fusion industriel, tels qu’ils pourront voir le jour dans la seconde moitié de ce siècle, sera équivalente à celle produite par un réacteur de fission — entre 1 et 1.7 gigawatts. Le coût moyen par kilowatt d’électricité devrait aussi être du même ordre : légèrement plus élevé au début, la technologie étant nouvelle, puis décroissant par la suite dans la mesure où les économies d’échelle feront baisser les prix.

Le mix énergétique des prochaines décennies devra reposer sur une large variété de sources d’énergie différentes. En tant que nouvelle option énergétique non émettrice de carbone et non productrice de déchets nucléaires de haute activité à vie longue, la fusion répond aux défis que représentent le maintien des grands équilibres climatiques, la disponibilité des ressources et la sûreté.

Agriculture, nucléaire:Le même désastre !

Agriculture, nucléaire:Le même désastre !

Par Gil Rivière-Wekstein,fondateur et rédacteur de la revue « Agriculture & Environnement »

« Il existe un parallèle incontestable entre ce qu’a subi la filière nucléaire et ce que connaît aujourd’hui l’agriculture française»

A la grande surprise de nombre de nos concitoyens, la France connaît aujourd’hui une incertitude concernant son approvisionnement en électricité pour cet hiver. Alors que notre pays s’est doté d’un considérable parc nucléaire faisant de la France le champion mondial de l’atome, la conjugaison d’une série d’éléments imprévus et conjoncturels explique partiellement cette situation ubuesque (guerre en Ukraine, bouleversement de l’agenda de la maintenance des centrales, problèmes de corrosion dans un certain nombre d’unités de production, etc.)… Mais cela ne saurait suffire à justifier que le président de la République réclame au pays la « sobriété énergétique », terme plus politiquement acceptable que celui de « rationnement » et de « fermeture partielle de nos entreprises ».

En réalité, cela fait plusieurs décennies que l’exécutif adresse un message clair à la filière nucléaire, en lui ordonnant de se défaire d’un de ses joyaux industriels. Le sabordage a commencé dès 1997 avec l’arrêt du projet de Superphénix et s’est poursuivi jusqu’à la fermeture de Fessenheim, en passant par l’arrêt du projet d’Astrid, un prototype de réacteur dit de « quatrième génération », qui devait être mis en service dès 2020. Depuis lors, EDF s’est dédié à la formation d’équipes pour gérer le démantèlement de ses centrales, au prix de ne plus avoir suffisamment de personnel formé pour garantir une maintenance efficace et encore moins des équipes pour la création de nouvelles unités. Ce choix stratégique résulte d’un cruel manque d’anticipation politique dû aux multiples compromis que les présidences successives ont accordés aux responsables de l’écologie politique.

Pour qui connaît le monde agricole, il existe un parallèle incontestable entre ce qu’a subi la filière nucléaire et ce que connaît aujourd’hui l’agriculture française. Comme vient de le confirmer un rapport sur la compétitivité de la ferme France, rédigé par les sénateurs Duplomb, Louault et Mérillou, remis à la Commission des affaires économiques ce 28 septembre, « la Ferme France décroche ». « La France, “grenier de l’Europe”, est désormais déficitaire avec l’Union européenne en matière alimentaire depuis 2015. Hors vins, elle est même déficitaire avec le monde entier. » Plus inquiétant encore : « le potentiel productif agricole s’érode d’année en année par une baisse du nombre d’exploitations, une chute de la surface agricole utile en cultures et un plafonnement des rendements. La productivité de l’agroalimentaire, faute d’investissements suffisants compte tenu de la guerre des prix, est également en berne. »

Résultat : 71 % de notre consommation de fruits est importée, 28 % de notre consommation de légumes. Et c’est pire pour ce qui concerne l’élevage : 56 % de la viande ovine consommée en France est importée, 22 % de la viande bovine, 45 % du poulet, 26 % du porc et 30 % de notre consommation de produits laitiers. A cela s’ajoutent les 63 % de protéines que nous consommons, issues d’oléagineux importés à destination des élevages, et entre 70 et 80 % de nos besoins de miel. De seconde exportatrice mondiale qu’elle était, derrière les Etats-Unis, au début des années 1990, la France est passée au sixième rang. Supplantée successivement par les Pays-Bas et l’Allemagne, puis par la Chine et le Brésil. Nos parts de marché ont fondu de 11 % en 1990 à moins de 5 % en 2021.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse est simple : en minimisant l’importance stratégique de l’agriculture, non seulement l’exécutif français n’a pas su accompagner sa nécessaire modernisation, notamment dans les filières d’élevage, comme l’ont pourtant fait nos voisins européens (Danemark, Espagne, Allemagne), mais, bien pire, en laissant le champ libre à la propagande écologiste décroissante, il a paralysé son développement.

Cela s’est traduit par le blocage systématique de tous les projets d’irrigation, par d’insupportables contraintes administratives que subissent les exploitants agricoles à tous les niveaux, par la réduction considérable des outils de production disponibles pour les agriculteurs, notamment dans le domaine de la protection des plantes, et enfin par un non-accès à l’innovation.
En outre, au motif de vouloir réduire l’impact sur l’environnement, l’exécutif a favorisé les modèles les moins productifs, entraînant le monde agricole vers des impasses économiques, comme en témoignent les problèmes que rencontrent aujourd’hui les agriculteurs convertis à l’agriculture biologique.

Enfin, la stratégie de la montée en gamme, seule réponse du gouvernement actuel, a déjà montré ses limites. Le cas de la tomate cerise en est un parfait exemple, comme l’analyse le rapport du sénateur Duplomb : « afin d’échapper à la concurrence marocaine, la filière tomate s’est spécialisée dans la production de tomates cerises, abandonnant ainsi le marché cœur de gamme aux tomates importées (qui ont aujourd’hui 30 % de parts de marché) ». Sauf que les importations de tomates cerises marocaines sont passées de 300 tonnes en 1995 à 70 000 tonnes. D’où la conclusion des auteurs : « Les producteurs de tomates se spécialisent dans des niches où la concurrence vient progressivement…les dénicher. »
Ce manque de stratégie explique notre incapacité actuelle à assurer notre souveraineté alimentaire, avec pour conséquence la délocalisation d’une partie importante de notre production agricole. Comme le note un rapport du cabinet de conseil Solagro, l’importation de produits agricoles nécessite l’usage hors de France de 9,1 millions d’hectares, soit l’équivalent d’un tiers de la surface agricole utile française.

Gil Rivière-Wekstein est fondateur et rédacteur de la revue « Agriculture & Environnement ».

Edf- Nucléaire : un accord salarial avec les syndicats

Edf- Nucléaire : un accord salarial avec les syndicats

Alors qu’environ la moitié des centrales nucléaires sont à l’arrêt du fait d’opérations d’entretien retardées, des mouvements de grève affectaient notamment les centrales arrêtées et menaçaient évidemment la production électrique de la France qui déjà est contrainte d’importer de l’électricité.

Commencé le 13 septembre, le mouvement de grève s’est étendu au fil des semaines, jusqu’à toucher ce vendredi matin 12 centrales sur les 18 que compte le parc nucléaire français.
À l’occasion de négociations, direction d’EDF a proposé 5 % d’augmentation pour les bas salaires jusqu’aux agents de maîtrise . L’encadrement s’est vu proposer 2,5 % d’augmentation accompagnés de primes dont le montant reste à finaliser. Les quatre syndicats représentatifs (CGT, FO, CFDT et CFE-CGC) ont jusqu’au jeudi 27 octobre pour valider cet accord. Ce qui correspond à une deuxième étape, après un accord de branche sur des augmentations dans les industries électriques et gazières, signé lundi par la CGT, la CFDT et FO, mais non par la CFE-CGC.

Les syndicats ont sans doute bien fait de donner un accord de principe à cette proposition de la direction. En effet le risque de coupures de l’électricité aurait pu certainement retourner l’opinion contre des salariés qui ne sont pas les plus désavantagés. Et par ailleurs compte tenu de la situation financière catastrophique d’EDF, ces augmentations seront payées par l’usager et où le contribuable.

Politique nucléaire : le pouvoir devra rendre des comptes

Politique nucléaire : le pouvoir devra rendre des comptes

Le véritable fiasco du nucléaire avec les positions invraisemblables de François Hollande et de Macron devrait faire l’objet d’une commission d’enquête d’après Olivier Marlex.

On se souvient en effet que ce sont bien macron et Hollande qui ont décidé de supprimer 14 réacteurs dont celui effectif de Fessenheim et de mettre entre parenthèses toute la filière nucléaire.

Du coup cette politique et incidents liés au Covid qui ont retardé l’entretien des centrales contraignent la France d’acheter de l’électricité à l’extérieur alors qu’elle était réellement exportatrice de cette énergie.

La question de la responsabilité devrait faire l’objet d’une enquête parlementaire. La commission des affaires économiques a en effet considéré le mercredi 5 octobre que les conditions de la création la création d’une commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France étaient réunies. Il appartient donc désormais à la conférence des Présidents de prendre acte de la création de cette commission, ce qui devrait être fait le 11 octobre à l’Assemblée nationale.

C’est parce qu’il est acculé que Poutine menace de jouer la carte nucléaire

C’est parce qu’il est acculé que Poutine menacent de jouer la carte nucléaire

 

Alors que son armée continue de subir des revers, la nouvelle allusion à l’arme nucléaire du président russe ne vaut pas tant comme menace stratégique que comme outil de propagande destiné aux populations des démocraties, explique l’historien et politiste Benjamin Hautecouverture dans une tribune au « Monde ».

 

Dans les faits, l’armée de Poutine est en pleine déroute et les très prochaines semaines pourraient confirmer le succès de la reconquête ukrainienne dans le Donbass. D’où le rattachement à la va-vite de ces territoires à la Russie avec des référendums bidons afin de justifier l’éventuel recours au nucléaire tactique. La dernière carte  du dictateur pourrait aussi signifier sa fin d’autant qu’il a commis l’erreur fondamentale d’une mobilisation générale terrorise maintenant la population russe NDLR

 

Le facteur nucléaire agit dans l’ombre du conflit en Ukraine depuis février. Il a resurgi à la faveur de l’allocution du président russe, mercredi 21 septembre, évoquant de nouveau la menace d’emploi de l’arme nucléaire, sans la nommer (le paragraphe pertinent du texte mentionne « différents types d’armes » ainsi que « tout type de système d’arme disponible »).

Or, l’évolution du contexte militaire en modifie peut-être le sens : les régions dans lesquelles se sont déroulés les référendums de rattachement évoqués par Vladimir Poutine avec une probabilité élevée de réponses qui lui seraient favorables seraient-elles, le cas échéant, considérées comme participant des intérêts vitaux de la Russie une fois leurs résultats parvenus permettant au Kremlin de les attacher au territoire de la Fédération ? La protection de leur intégrité relèverait alors, craint-on, de la dissuasion nucléaire russe. Cette question appelle des commentaires dont il faut distinguer les termes discursifs, doctrinaux, stratégiques.

Rien ne permet, dans la construction du discours du 21 septembre, d’indiquer un lien mécanique entre l’issue de possibles référendums locaux et l’anticipation d’un risque d’atteinte à l’intégrité territoriale de la Russie dont feraient partie de nouveaux territoires contestés. Il s’agit, pour le moment, d’une lecture interprétative d’un argumentaire dont les développements nucléaires qui le concluent s’adressent au premier chef à certains représentants de l’OTAN tentés, aux dires du président russe, de faire usage de l’arme nucléaire. Dans ce cas, il s’agirait de la part du Kremlin d’une insistance dans le cadre d’un dialogue dissuasif qui fait des vagues depuis sept mois mais qui n’appelle pas aujourd’hui de commentaire complémentaire.

Mais supposons qu’une telle lecture soit justifiée, ce à quoi l’auteur de ces lignes ne souscrit pas. D’abord, l’enchaînement doctrinal qui résulterait de tels référendums n’a que l’apparence de la simplicité. On ne retrouve pas la mention de l’intégrité territoriale de l’Etat dans les documents doctrinaux russes récents, en particulier dans l’oukase présidentiel n° 355 de juin 2020. Tout au plus, peut-on convoquer ici le cas d’une agression armée de type conventionnelle susceptible de compromettre l’existence de l’Etat russe, c’est-à-dire l’un des quatre cas dans lesquels l’article 19 de l’oukase n° 355 envisage l’emploi de l’arme nucléaire.

Or, la continuation d’un conflit conventionnel dans ce qui deviendrait une nouvelle frontière de la Russie ne serait pas une menace existentielle. Il y a là pour le moins une marge interprétative importante. En outre, les critères d’exercice de la dissuasion nucléaire ne sont nulle part gravés dans le marbre. Autrement dit, le seuil nucléaire n’étant ni parfaitement connu ni mécaniquement déductible, rien ne permet de l’abaisser à la continuation d’un conflit conventionnel dans des territoires nouvellement rattachés (et dont le changement de statut serait alors contesté à Kiev).

Géopolitique : Quels risques de guerre nucléaire ?

Géopolitique : Quels risques de guerre nucléaire  ?

Les menaces proférées par Vladimir Poutine, ce 21 septembre, ne doivent pas être balayées d’un revers de la main. Aux yeux du Kremlin, l’emploi de l’arme nucléaire en premier n’est pas tabou. Par Cyrille Bret, Sciences Po

 

Ce 21 septembre, Vladimir Poutine a réitéré une menace qu’il avait déjà exprimée fin février, au tout début de l’invasion de l’Ukraine, quand il avait mis en état d’alerte les unités des forces armées russes en charge des armements nucléaires : si l’intégrité territoriale de la Russie est menacée, a-t-il assuré, il n’exclut pas le recours aux armes nucléaires.

Au moment même où, à New York, les chefs d’État du monde entier se succèdent à la tribune de la 77ᵉ Assemblée générale des Nations unies, appelant à la cessation des hostilités, il choisit, lui, de reprendre l’offensive en franchissant un nouveau cran dans la rhétorique très codée de l’arme nucléaire.

Face à ce qu’ils considèrent comme une récidive ou une rechute, les Occidentaux se partagent à nouveau entre incrédulité horrifiée et le scepticisme inquiet. Le sérieux des déclarations du président russe est, comme en février, mis en doute. « Bluff », « dérapage », « outrance », « exagération », etc. : les interprétations visant à minimiser le risque nucléaire vont bon train.

Les sceptiques ont raison de souligner qu’un usage – même circonscrit – de l’arme nucléaire aurait des conséquences dévastatrices pour Vladimir Poutine : il serait immédiatement privé de ses soutiens – déjà réticents – en Chine et en Inde ; il s’exposerait à une très large réprobation interne, à l’heure où l’opposition à la guerre se manifeste dans les rues (quelque 1 300 personnes ont été interpellées au soir du 21 septembre) ; et, surtout, il risquerait une réplique directe de la part des puissances nucléaires qui soutiennent l’Ukraine : États-Unis, Royaume-Uni et France.

Faut-il pour autant congédier comme irréel le spectre d’une attaque nucléaire russe ? Ou bien serait-il plus avisé de considérer ce qui, aujourd’hui, rend la perspective de l’emploi de l’arme nucléaire moins taboue qu’avant le début de la guerre en Ukraine ?

Trois éléments se conjuguent aujourd’hui pour abaisser le seuil nucléaire aux yeux du Kremlin : premièrement, cette menace prend corps dans un contexte où la Russie est largement en échec dans son « opération militaire spéciale » ; deuxièmement, Moscou n’a cessé depuis des années, et plus encore depuis février dernier, de rompre avec les méthodes conventionnelles de la conduite de la guerre ; enfin, à titre personnel, Vladimir Poutine se montre, en brandissant la menace nucléaire, fidèle à l’image qu’il cherche à imposer depuis des années – celle d’un homme qui, au nom de sa vision du monde et de la place que son pays doit selon lui y occuper, est prêt à absolument tout.

Envisagée depuis le Kremlin, la situation militaire oriente le pouvoir russe vers des moyens d’extrême urgence. En effet, la Russie s’est montrée incapable, en plusieurs mois, d’atteindre ses objectifs stratégiques par le moyen d’une campagne militaire conventionnelle.

Malgré la modernisation de ses forces armées depuis une décennie, malgré l’aguerrissement de ses officiers sur le théâtre syrien, malgré la combinaison de cyberattaques et de campagnes de désinformation en complément des opérations militaires classiques, la Russie n’a ni pris Kiev, ni brisé la résistance nationale ukrainienne, ni même conservé ses gains territoriaux face aux contre-offensives déclenchées depuis un mois.

La tentation de recourir à des moyens non conventionnels s’accroît quand la victoire militaire conventionnelle se dérobe et le spectre d’une défaite se profile. De fait, les opérations ukrainiennes menées dans les zones de Kharkiv (au nord-est) et de Kherson (dans le sud) visent explicitement à remporter la « victoire » contre la Russie.

Pour les Ukrainiens, « victoire » signifie une reconquête intégrale du territoire national issu de l’indépendance de 1991, y compris la Crimée annexée par la Russie en 2014 et les régions de Donetsk, de Lougansk, de Kherson et de Zaporojié qui pourraient tout prochainement être annexées à leur tour, des « référendums de rattachement à la Fédération de Russie » y ayant été annoncés pour la fin du mois de septembre, alors même que Moscou ne contrôle pas la totalité de leurs territoires respectifs.

Mais pour certains soutiens de Kiev – avant tout en Pologne, dans les États baltes et aux États-Unis -, la notion de « victoire » implique une déroute militaire de la Russie, suivie d’un bouleversement politique et d’un affaiblissement stratégique durable de ce pays. Ce que redoute le Kremlin désormais, c’est de revenir à l’état d’abaissement international qui fut le sien dans les années 1990.

En somme, la Russie de Poutine considère qu’elle est à présent explicitement passée d’une guerre d’invasion contre l’Ukraine à une guerre de défense contre l’OTAN. Le niveau de menace étant dès lors drastiquement plus élevé, il pourrait être justifié, du point de vue du Kremlin, de recourir à un type d’arme qualitativement différent. En matière d’armes nucléaires, les échelons à franchir sont nombreux et il y a loin des premières annonces à l’usage effectif. Toutefois, à mesure que la crise militaire se précise pour la Russie et à mesure que le risque de défaite se matérialise, la tentation de mettre en œuvre un moyen militaire extrême se renforce.

Aujourd’hui plus que jamais, les fondements de la doctrine nucléaire russe doivent être rappelés. Ils sont en rupture complète avec la doctrine française, par exemple : la vision russe ne repose pas sur le principe de « frappe nucléaire en second », qui consiste à n’employer l’arme nucléaire qu’une fois que le territoire national aura lui-même été soumis à une attaque nucléaire.

Un usage « en premier », dans un cadre « tactique » et pour atteindre des buts militaires, est au contraire régulièrement envisagé par les différents documents stratégiques russes.

En l’occurrence, une attaque contre la Crimée (ou contre tout autre territoire considéré par le Kremlin comme étant « russe ») de la part des troupes ukrainiennes, tout particulièrement à l’aide d’armements de l’OTAN, pourrait justifier, aux yeux du pouvoir russe, le lancement de missiles opérant des frappes nucléaires soit sur le champ de bataille pour briser une avancée, soit contre des infrastructures critiques pour l’organisation des forces armées ukrainiennes.

C’est ce qui avait été déjà mentionné par le président russe, de façon plus indirecte, en février 2022. C’est ce qui est répété aujourd’hui. Il ne s’agit là ni d’une gesticulation militaire ni d’un coup de menton politique. C’est le rappel strict d’une doctrine depuis longtemps connue et diffusée.

Récemment, cette doctrine nucléaire a été influencée par de nombreuses ruptures avec les méthodes conventionnelles de guerre : soupçonnée d’être impliquée dans l’usage d’armes chimiques et bactériologiques en Syrie, coopérant avec des supplétifs mercenaires comme le groupe Wagner ou « ethniques » comme les milices du président tchétchène Kadyrov, conduisant à l’occasion des opérations militaires clandestines, voilà déjà au moins une décennie que l’armée russe ne se contente pas des moyens conventionnels pour remplir ses objectifs.

La Russie de Poutine a franchi bien des Rubicons dans les guerres qu’elle a menées, que ce soit au sein de la Fédération (en Tchétchénie), à ses frontières (en Géorgie) ou dans ses zones d’influence (Moyen-Orient, Afrique centrale). L’invasion de l’Ukraine constitue en elle-même une rupture profonde avec le principe d’intangibilité des frontières issues de la dissolution de l’URSS. À mesure que les tabous militaires et stratégiques sont brisés, les uns après les autres, la possibilité de rompre le dernier d’entre eux, l’usage de l’arme nucléaire, devient moins fantasmagorique.

L’usage de l’arme nucléaire correspondrait également à la posture politique que le président russe a choisie en déclenchant l’invasion de l’Ukraine.

En effet, le choix de l’invasion, en février 2022, répond à deux grandes lignes politiques explicites chez Vladimir Poutine. La première, bien identifiée et depuis longtemps analysée, correspond à sa volonté d’annuler, en partie du moins, la réduction du poids international de Moscou suite à la désintégration de l’URSS. La seconde répond à la conception du pouvoir politique qu’il a imposée à l’intérieur comme à l’extérieur : il souhaite se poser comme celui qui ose ce que personne d’autre n’ose. L’usage extrême de la force et l’usage de la force extrême sont la marque de cette conception hyperbolique du pouvoir. Oser franchir le seuil nucléaire serait, en somme, dans la lignée de ce rapport sans complexe à la force.

Enfin, la posture politique de la Russie de 2022 se précise désormais, avec les autres mesures annoncées le 21 septembre. D’une part, une mobilisation des réservistes a été décrétée : cela souligne que la Russie, sanctionnée de toutes parts, se transforme rapidement, à l’intérieur, en citadelle assiégée et en caserne généralisée. D’autre part, nous l’avons évoqué, des référendums seront organisés dans plusieurs régions d’Ukraine pour élargir le territoire de la Fédération de Russie et consacrer ainsi une nouvelle mutilation du territoire ukrainien.

Ainsi, la Russie se prépare à une longue guerre d’usure pour conserver ce qu’elle considère désormais comme son glacis défensif contre l’OTAN, à savoir la Crimée et une partie du sud et de l’est de l’Ukraine. Brandir une menace nucléaire crédible vise à renforcer encore davantage cette idée que la Russie, assiégée, ne se laissera jamais vaincre.

Lorsqu’il a répété, ce 21 septembre, ses menaces nucléaires, Vladimir Poutine avait assurément à l’esprit les répercussions terribles auxquelles il exposerait la Russie si elle frappe en premier. Nul ne doit en douter. Mais nul ne doit négliger non plus les facteurs qui érodent peu à peu l’impossibilité d’utiliser ces armes.

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Un risque de guerre nucléaire en Europe ?

Un  risque de guerre nucléaire en Europe  ?

 

 Vladimir Poutine choisit donc l’escalade militaire alors que, sur le front ukrainien, les forces russes ont bien été obligées de reculer ces derniers jours. Le maître du Kremlin a décidé de frapper fort en organisant des référendums d’annexion dans le Donbass et en déclenchant la mobilisation des réservistes russes, voire de plus jeunes inexpérimentés à la chose militaire… Soit, entre 300.000 et 1 million d’hommes selon les sources ! ( un papier de la Tribune)

 

Lors de son allocution télévisée, Poutine explique ensuite qu’il pourrait utiliser toutes les armes à sa disposition (et donc l’arme atomique) pour défendre la sécurité de la Russie et son intégrité territoriale, précisant qu’il ne bluffe pas. Face à ces menaces, le président Macron a préféré temporiser. « Nous sommes une puissance dotée et responsable, et je pense qu’il faut, sur ce sujet, être à la fois clair et rigoureux », a-t-il déclaré, ajoutant : « Et nous resterons, comme les États-Unis d’Amérique, les Britanniques et les grandes puissances de ce monde, dans une conception, une doctrine que j’ai eu l’occasion de clarifier il y a plusieurs mois qui est de ne pas aller et de ne pas participer à quelque escalade que ce soit sur ce sujet. »

Cette fois-ci, le président français n’a pas souhaité répondre aux déclarations de son homologue russe. En février dernier pourtant, la France n’avait pas mâché ses mots face aux premières menaces russes dans ce domaine. Le ministre des Affaires étrangères d’alors, Jean-Yves Le Drian, avait rappelé très fortement que la France disposait aussi de l’arme atomique, et le président avait décidé de mettre en alerte pas moins de trois sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), pierre angulaire des forces de dissuasion française. À cette époque, alors que les troupes russes venaient d’attaquer l’Ukraine, les tensions étaient donc déjà montées d’un cran sur le front nucléaire.

Incontestablement, la guerre en Ukraine comporte une réelle composante nucléaire. Si cette thématique est peu relayée par les commentateurs et les responsables politiques afin de ne pas apeurer les opinions publiques, elle n’en demeure pas moins un enjeu central du conflit. Cet été, l’attention s’est portée sur la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par les forces russes et subissant de multiples bombardements. Le spectre d’un nouveau Tchernobyl planait alors que la Français avaient pris la route des vacances. Qui se souvient en cette rentrée que le 1er août dernier, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, tira la sonnette d’alarme lors de l’ouverture de la conférence d’examen du Traité de Non Prolifération (TNP) en déclarant : « L’Humanité n’est qu’à un malentendu, à une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire » ?

Ils sont nombreux à préférer détourner le regard et à parier sur un grand bluff russe. Ceux-là n’évoquent jamais l’élément suivant : depuis l’annexion par les Russes de la Crimée en 2014, de nombreuses voix en Ukraine se sont élevées pour rétablir le statut d’État nucléaire (militaire) de leur pays, une ligne rouge pour Vladimir Poutine, la seule peut-être, au-delà même de la question de l’OTAN. Ce dernier n’ignore pas que les Ukrainiens ont, à  de multiples occasions ces dernières années, regretté publiquement d’avoir renvoyé à Moscou, au milieu des années 1990, les milliers d’ogives nucléaires soviétiques qui se situaient alors sur leur territoire.

À l’époque, cet engagement avait été formalisé à travers le Mémorandum de Budapest signé en 1994, entre l’Ukraine et la Russie, mais également avec les autres puissances nucléaires que sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, auxquelles se sont jointes par la suite la Chine et la France. En contrepartie du transfert de ces armes à Moscou et de la signature du Traité sur la non-prolifération des Armes nucléaires (TNP), les puissances nucléaires s’engageaient à respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Mais aucune disposition n’obligeait chacune des parties à venir en aide à l’Ukraine en cas d’attaque, d’où les regrets et la rancœur des Ukrainiens aujourd’hui, y compris vis-à-vis des puissances occidentales. Lors de la conférence de sécurité de Munich, le 18 février, six jours avant l’invasion russe, Volodymyr Zelensky expliquait ainsi dans son discours : « Nous n’avons pas cette arme, nous n’avons pas la sécurité ».

D’ailleurs, que Vladimir Poutine mette en alerte ses forces nucléaires dès le début du conflit, ou que la Biélorussie abandonne dans sa Constitution son statut « d’État non nucléaire » entre novembre 2021 et février 2022, montre que la situation de la sécurité collective en Europe n’est plus assurée. Une situation en réalité ancienne, peu reconnue par nos responsables politiques face aux opinions publiques. En annexant la Crimée en 2014, Vladimir Poutine a ouvert la boîte de Pandore en bafouant le Mémorandum de Budapest. Cette année-là, Ban Ki-moon, alors secrétaire général des Nations Unies, avait lancé une première alerte : « Les implications sont profondes tant pour la sécurité que pour l’intégrité du régime de non-prolifération nucléaire ». Récemment, l’ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski a déclaré que la Russie avait violé le mémorandum de Budapest et que, par conséquent, l’Occident pouvait « offrir » des ogives nucléaires à l’Ukraine afin « qu’elle puisse défendre son indépendance ». Quand Poutine souhaite imposer une « démilitarisation » de l’Ukraine, il a en tête le maintien de son statut d’État non nucléaire militaire. Une question s’impose : le président russe a-t-il décidé de mener une guerre préventive, comme les Américains en Irak ou les Occidentaux en Libye ?

Une chose est sûre : ses déclarations publiques au sujet de l’Ukraine manquent singulièrement de clarté. C’est bien parce que la diplomatie française, et l’Elysée en particulier, s’est concentrée en priorité sur les accords de Minsk  (et leur non-application) dans les semaines qui ont précédé le 24 février fatidique que la France n’a pas réussi à éviter la guerre. Si la France était garante de ces accords, elle l’était pourtant tout autant du Mémorandum de Budapest. On pouvait se demander en début d’année si notre pays avait réellement les moyens de maintenir la paix, mais on voit bien que nos dirigeants n’avaient pas forcément les bons arguments (ni les bonnes analyses) pour convaincre Poutine de ne pas engager une invasion massive de l’Ukraine.

De fait, par plusieurs aspects, la situation pour l’Europe est même plus dangereuse aujourd’hui que du temps de la guerre froide historique. Ces dernières années, on a bien assisté à une fragilisation des mécanismes internationaux de non-prolifération et de l’efficacité de la dissuasion entre puissances nucléaires. Sous Donald Trump, les États-Unis sont ainsi sortis de trois traités dans ce domaine. À bas bruit, tant les Russes que les Américains ont relancé un réarmement nucléaire notamment en construisant des ogives de « faible puissance », dites « tactiques », que certains experts ou généraux, aux États-Unis comme en Russie, souhaitent désormais utiliser sur les champs de bataille, une doctrine ouvrant pourtant la voie à une éventuelle escalade. En février 2020, lors d’un discours à l’École de guerre, Emmanuel Macron s’était fermement opposé à une telle évolution.

Dès 1993, le spécialiste américain de stratégie, John Mearsheimer, chef de file de l’école réaliste dans les relations internationales, avait averti qu’un conflit entre l’Ukraine et la Russie était possible. Dans la revue Foreign Affairs, il avait publié un article retentissant dans lequel il estimait que des « armes nucléaires ukrainiennes sont la seule dissuasion fiable contre une agression russe ». Un an plus tard, le Mémorandum de Budapest était signé, et le désarmement ukrainien était enclenché.

Aujourd’hui, John Mearsheimer estime que les risques d’une « escalade catastrophique » de la guerre en Ukraine sont très sous-estimés, comme il l’écrit dans son dernier article publié fin août dans Foreign Affairs. D’autant plus que, selon lui, les gouvernements russe, ukrainien et américain ont des objectifs contradictoires, mais de plus en plus maximalistes : entre une Russie désespérée, la volonté de revanche ukrainienne, un Joe Biden pressé par son opinion publique à quelques mois des midterms, et un éventuel accident à la centrale de Zaporijia… Le professeur à l’université de Chicago imagine alors dans son article différents scénarios qui pourraient conduire à « une guerre majeure en Europe, et peut-être même une annihilation nucléaire ». Nous n’avons plus qu’à espérer que cette nouvelle prophétie ne se réalise pas. En attendant, aucun camp n’est aujourd’hui prêt à faire des compromis.

Quels risques de guerre nucléaire ?

 Quels risques de guerre nucléaire  ?

Les menaces proférées par Vladimir Poutine, ce 21 septembre, ne doivent pas être balayées d’un revers de la main. Aux yeux du Kremlin, l’emploi de l’arme nucléaire en premier n’est pas tabou. Par Cyrille Bret, Sciences Po

 

Ce 21 septembre, Vladimir Poutine a réitéré une menace qu’il avait déjà exprimée fin février, au tout début de l’invasion de l’Ukraine, quand il avait mis en état d’alerte les unités des forces armées russes en charge des armements nucléaires : si l’intégrité territoriale de la Russie est menacée, a-t-il assuré, il n’exclut pas le recours aux armes nucléaires.

Au moment même où, à New York, les chefs d’État du monde entier se succèdent à la tribune de la 77ᵉ Assemblée générale des Nations unies, appelant à la cessation des hostilités, il choisit, lui, de reprendre l’offensive en franchissant un nouveau cran dans la rhétorique très codée de l’arme nucléaire.

Face à ce qu’ils considèrent comme une récidive ou une rechute, les Occidentaux se partagent à nouveau entre incrédulité horrifiée et le scepticisme inquiet. Le sérieux des déclarations du président russe est, comme en février, mis en doute. « Bluff », « dérapage », « outrance », « exagération », etc. : les interprétations visant à minimiser le risque nucléaire vont bon train.

Les sceptiques ont raison de souligner qu’un usage – même circonscrit – de l’arme nucléaire aurait des conséquences dévastatrices pour Vladimir Poutine : il serait immédiatement privé de ses soutiens – déjà réticents – en Chine et en Inde ; il s’exposerait à une très large réprobation interne, à l’heure où l’opposition à la guerre se manifeste dans les rues (quelque 1 300 personnes ont été interpellées au soir du 21 septembre) ; et, surtout, il risquerait une réplique directe de la part des puissances nucléaires qui soutiennent l’Ukraine : États-Unis, Royaume-Uni et France.

Faut-il pour autant congédier comme irréel le spectre d’une attaque nucléaire russe ? Ou bien serait-il plus avisé de considérer ce qui, aujourd’hui, rend la perspective de l’emploi de l’arme nucléaire moins taboue qu’avant le début de la guerre en Ukraine ?

Trois éléments se conjuguent aujourd’hui pour abaisser le seuil nucléaire aux yeux du Kremlin : premièrement, cette menace prend corps dans un contexte où la Russie est largement en échec dans son « opération militaire spéciale » ; deuxièmement, Moscou n’a cessé depuis des années, et plus encore depuis février dernier, de rompre avec les méthodes conventionnelles de la conduite de la guerre ; enfin, à titre personnel, Vladimir Poutine se montre, en brandissant la menace nucléaire, fidèle à l’image qu’il cherche à imposer depuis des années – celle d’un homme qui, au nom de sa vision du monde et de la place que son pays doit selon lui y occuper, est prêt à absolument tout.

Envisagée depuis le Kremlin, la situation militaire oriente le pouvoir russe vers des moyens d’extrême urgence. En effet, la Russie s’est montrée incapable, en plusieurs mois, d’atteindre ses objectifs stratégiques par le moyen d’une campagne militaire conventionnelle.

Malgré la modernisation de ses forces armées depuis une décennie, malgré l’aguerrissement de ses officiers sur le théâtre syrien, malgré la combinaison de cyberattaques et de campagnes de désinformation en complément des opérations militaires classiques, la Russie n’a ni pris Kiev, ni brisé la résistance nationale ukrainienne, ni même conservé ses gains territoriaux face aux contre-offensives déclenchées depuis un mois.

La tentation de recourir à des moyens non conventionnels s’accroît quand la victoire militaire conventionnelle se dérobe et le spectre d’une défaite se profile. De fait, les opérations ukrainiennes menées dans les zones de Kharkiv (au nord-est) et de Kherson (dans le sud) visent explicitement à remporter la « victoire » contre la Russie.

Pour les Ukrainiens, « victoire » signifie une reconquête intégrale du territoire national issu de l’indépendance de 1991, y compris la Crimée annexée par la Russie en 2014 et les régions de Donetsk, de Lougansk, de Kherson et de Zaporojié qui pourraient tout prochainement être annexées à leur tour, des « référendums de rattachement à la Fédération de Russie » y ayant été annoncés pour la fin du mois de septembre, alors même que Moscou ne contrôle pas la totalité de leurs territoires respectifs.

Mais pour certains soutiens de Kiev – avant tout en Pologne, dans les États baltes et aux États-Unis -, la notion de « victoire » implique une déroute militaire de la Russie, suivie d’un bouleversement politique et d’un affaiblissement stratégique durable de ce pays. Ce que redoute le Kremlin désormais, c’est de revenir à l’état d’abaissement international qui fut le sien dans les années 1990.

En somme, la Russie de Poutine considère qu’elle est à présent explicitement passée d’une guerre d’invasion contre l’Ukraine à une guerre de défense contre l’OTAN. Le niveau de menace étant dès lors drastiquement plus élevé, il pourrait être justifié, du point de vue du Kremlin, de recourir à un type d’arme qualitativement différent. En matière d’armes nucléaires, les échelons à franchir sont nombreux et il y a loin des premières annonces à l’usage effectif. Toutefois, à mesure que la crise militaire se précise pour la Russie et à mesure que le risque de défaite se matérialise, la tentation de mettre en œuvre un moyen militaire extrême se renforce.

Aujourd’hui plus que jamais, les fondements de la doctrine nucléaire russe doivent être rappelés. Ils sont en rupture complète avec la doctrine française, par exemple : la vision russe ne repose pas sur le principe de « frappe nucléaire en second », qui consiste à n’employer l’arme nucléaire qu’une fois que le territoire national aura lui-même été soumis à une attaque nucléaire.

Un usage « en premier », dans un cadre « tactique » et pour atteindre des buts militaires, est au contraire régulièrement envisagé par les différents documents stratégiques russes.

En l’occurrence, une attaque contre la Crimée (ou contre tout autre territoire considéré par le Kremlin comme étant « russe ») de la part des troupes ukrainiennes, tout particulièrement à l’aide d’armements de l’OTAN, pourrait justifier, aux yeux du pouvoir russe, le lancement de missiles opérant des frappes nucléaires soit sur le champ de bataille pour briser une avancée, soit contre des infrastructures critiques pour l’organisation des forces armées ukrainiennes.

C’est ce qui avait été déjà mentionné par le président russe, de façon plus indirecte, en février 2022. C’est ce qui est répété aujourd’hui. Il ne s’agit là ni d’une gesticulation militaire ni d’un coup de menton politique. C’est le rappel strict d’une doctrine depuis longtemps connue et diffusée.

Récemment, cette doctrine nucléaire a été influencée par de nombreuses ruptures avec les méthodes conventionnelles de guerre : soupçonnée d’être impliquée dans l’usage d’armes chimiques et bactériologiques en Syrie, coopérant avec des supplétifs mercenaires comme le groupe Wagner ou « ethniques » comme les milices du président tchétchène Kadyrov, conduisant à l’occasion des opérations militaires clandestines, voilà déjà au moins une décennie que l’armée russe ne se contente pas des moyens conventionnels pour remplir ses objectifs.

La Russie de Poutine a franchi bien des Rubicons dans les guerres qu’elle a menées, que ce soit au sein de la Fédération (en Tchétchénie), à ses frontières (en Géorgie) ou dans ses zones d’influence (Moyen-Orient, Afrique centrale). L’invasion de l’Ukraine constitue en elle-même une rupture profonde avec le principe d’intangibilité des frontières issues de la dissolution de l’URSS. À mesure que les tabous militaires et stratégiques sont brisés, les uns après les autres, la possibilité de rompre le dernier d’entre eux, l’usage de l’arme nucléaire, devient moins fantasmagorique.

L’usage de l’arme nucléaire correspondrait également à la posture politique que le président russe a choisie en déclenchant l’invasion de l’Ukraine.

En effet, le choix de l’invasion, en février 2022, répond à deux grandes lignes politiques explicites chez Vladimir Poutine. La première, bien identifiée et depuis longtemps analysée, correspond à sa volonté d’annuler, en partie du moins, la réduction du poids international de Moscou suite à la désintégration de l’URSS. La seconde répond à la conception du pouvoir politique qu’il a imposée à l’intérieur comme à l’extérieur : il souhaite se poser comme celui qui ose ce que personne d’autre n’ose. L’usage extrême de la force et l’usage de la force extrême sont la marque de cette conception hyperbolique du pouvoir. Oser franchir le seuil nucléaire serait, en somme, dans la lignée de ce rapport sans complexe à la force.

Enfin, la posture politique de la Russie de 2022 se précise désormais, avec les autres mesures annoncées le 21 septembre. D’une part, une mobilisation des réservistes a été décrétée : cela souligne que la Russie, sanctionnée de toutes parts, se transforme rapidement, à l’intérieur, en citadelle assiégée et en caserne généralisée. D’autre part, nous l’avons évoqué, des référendums seront organisés dans plusieurs régions d’Ukraine pour élargir le territoire de la Fédération de Russie et consacrer ainsi une nouvelle mutilation du territoire ukrainien.

Ainsi, la Russie se prépare à une longue guerre d’usure pour conserver ce qu’elle considère désormais comme son glacis défensif contre l’OTAN, à savoir la Crimée et une partie du sud et de l’est de l’Ukraine. Brandir une menace nucléaire crédible vise à renforcer encore davantage cette idée que la Russie, assiégée, ne se laissera jamais vaincre.

Lorsqu’il a répété, ce 21 septembre, ses menaces nucléaires, Vladimir Poutine avait assurément à l’esprit les répercussions terribles auxquelles il exposerait la Russie si elle frappe en premier. Nul ne doit en douter. Mais nul ne doit négliger non plus les facteurs qui érodent peu à peu l’impossibilité d’utiliser ces armes.

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Arme nucléaire tactique ou stratégique ?

Arme nucléaire tactique ou stratégique ?

 

D’après les experts patentés, en général des retraités, il y aurait deux types d’armes nucléaires. L’arme nucléaire tactique destinée à détruire une zone géographique très limitée et l’arme stratégique qui pourrait détruire un pays entier voire la planète.

Un distinguo très théorique en fait dans la mesure où le premier qui utilisera l’arme tactique nucléaire pourrait provoquer une réplique du même type de l’adversaire avec des risques évidemment de fuite en avant pour viser des zones de plus en plus grandes.

En réalité ,l’arme nucléaire a surtout un caractère dissuasif. Son emploi lors d’un conflit entraînerait des conséquences aujourd’hui complètement imprévisibles dans une perspective de destruction d’affrontement, de terreur de plus en plus irréversibles

L’arme nucléaire tactique, plus petite en charge explosive que l’arme nucléaire stratégique, est en théorie destinée au champ de bataille et transportée par un vecteur ayant une portée inférieure à 5 500 kilomètres. L’arme tactique peut être utilisée à partir de chars, de batteries lance-missiles ou depuis des bâtiments de guerre navale.

 La Russie dispose de nombreuses armes nucléaires tactiques conformément à sa doctrine traditionnelle « escalade-désescalade » qui consisterait à faire usage en premier d’une arme nucléaire de faible puissance pour reprendre l’avantage en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux. Selon certains experts, la doctrine militaire russe également prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués. Ce qui pourrait être le cas après l’annexion des territoires de Donetsk et de Lougansk dans le Donbass, ainsi que les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud.

La Russie disposerait de 2 000 ogives nucléaires tactiques. Sa puissance peut varier de 1 à 100 kilotonnes. Par comparaison, la bombe lancée à Hiroshima était de 15 kilotonnes. Une utilisation d’une telle arme serait évidemment un événement qui changerait la face du monde alors que l’utilisation d’armes nucléaires dans les conflits armées est taboue depuis 1945 et le bombardement de Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis afin de faire capituler le Japon.

Débat nucléaire : une discussion de bistrot !

Débat nucléaire : Trop souvent une discussion de bistrot !

 

 Par Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

 

Qui imagine un seul instant le général de Gaulle polémiquer sur l’avenir de la filière nucléaire avec Marcel Boiteux (nommé patron d’EDF en septembre 1967) ? La question est anachronique, mais elle a le mérite de mettre en perspective la dispute surréaliste à laquelle viennent de se livrer Emmanuel Macron et Jean-Bernard Lévy.

Juste avant de céder les rênes de l’électricien national, ce dernier a accusé à mots à peine couverts le chef de l’Etat d’avoir participé au déclin de la filière nucléaire. Celle-ci traverse une passe difficile avec près de la moitié du parc de réacteurs à l’arrêt pour cause de maintenance, de corrosion et de malfaçons. Au cœur de la passe d’armes, la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) en 2020, décidée huit ans plus tôt par François Hollande, mais mise en œuvre par Emmanuel Macron.

L’épisode est symptomatique du malaise qui hante le nucléaire français et de l’incapacité à débattre objectivement de la place qu’il doit occuper dans notre bouquet énergétique. Face à l’inconstance du pouvoir politique, la filière est déboussolée et impréparée à prendre les bonnes décisions.

Quant au débat public, il tient tantôt du café du commerce, tantôt du combat idéologique, sans jamais pouvoir faire émerger un diagnostic qui permettrait aux Français de se forger une opinion raisonnable sur un sujet crucial, au moment où la lutte contre le réchauffement climatique se double d’une crise énergétique sans précédent. « Il est très compliqué d’obtenir la photographie complète du sujet, puisque, suivant son point de vue, chacun n’utilise que les arguments allant dans un sens en fonction de ses propres a priori », résume Christian de Perthuis, directeur de la chaire Economie du climat à l’université Paris-Dauphine.

L’exemple vient d’en haut, dit-on. Voire. Fessenheim n’est que la triste illustration de l’absence de vision du politique. La fermeture d’une centrale est une décision lourde et de long terme, qui doit être prise sur des critères scientifiques et économiques, pas à l’aune d’un accord politicien que l’élection suivante ou la démission soudaine d’un ministre rendra caduc quelques mois plus tard.

Aujourd’hui, personne n’assume et chacun se renvoie la balle. Après les atermoiements sur la relance de la filière s’impose désormais le fait du prince, avec un chef de l’Etat qui annonce la construction de nouveaux réacteurs sans avoir débattu du sort du parc existant, du choix de la technologie et de l’intégration du projet dans une vision européenne de l’énergie. Le président doit fixer le cap, mais est-ce son rôle de déterminer ex abrupto de combien de réacteurs le pays a besoin avant une large consultation ? La méthode n’aide pas à apaiser un dialogue déjà passablement sous tension.

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