Nucléaire Penly: retour à la normale ? En tout cas manque de transparence
EDF a annoncé vendredi « un retour à la normale » sur le circuit de refroidissement du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), après un « incident » classé provisoirement de niveau 1 par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) qui a conduit à l’arrêt du réacteur. Le réacteur a continué à refroidir toute la nuit et devrait être en « arrêt à froid » (permettant une intervention sur le circuit primaire de refroidissement) « peut-être ce soir » ou un peu plus tard dans le week-end, a indiqué vendredi à l’AFP Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d’EDF. A l’origine de l’arrêt automatique du réacteur: l’incendie de deux flaques d’huile, précédant une fuite d’eau « sur un joint » de la pompe de refroidissement.
Une eau radioactive a été « collectée dans des réservoirs prévus à cet effet (..) à l’intérieur du bâtiment réacteur », précisait l’opérateur, en assurant que l’incident n’avait eu « aucune conséquence sur l’environnement ». De son côté, l’ASN a « provisoirement » classé l’événement en niveau 1 sur l’échelle Ines (échelle internationale des événements nucléaires) qui en compte 7, le 1 étant le moins grave. L’Autorité, qui a envoyé une mission d’inspection sur place vendredi, a précisé que le redémarrage du réacteur serait soumis à son autorisation.
De son côté, l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’ouest (ACRO), l’un des deux laboratoires indépendants en France en la matière, a indiqué avoir effectué trois prélèvements d’air à deux kilomètres de la centrale « pour vérifier que les assertions de non-atteinte à l’environnement sont bien réelles », selon Yves Blondel, animateur de l’association.
Eva Joly, candidate EELV à l’Elysée, a demandé vendredi « la plus grande transparence et le plus grand sérieux ». « Les pro-nucléaires nous présentent une technologie high-tech et complètement contrôlée, ces incidents donnent plutôt le sentiment d’une plomberie vétuste », accuse-t-elle soulignant également « qu’un capteur défaillant a provoqué l’arrêt du réacteur numéro 2 de Saint Laurent » (Loir-et-Cher). « Une fois de plus, j’attends du gouvernement qu’il garantisse toute la transparence sur les événements de Penly », conclut Mme Joly. Arrêté jeudi pour un « problème mineur » de défaillance d’un capteur d’eau, le réacteur numéro 2 de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devrait être remis en service comme prévu vendredi dans l’après-midi, selon EDF. De son côté, Yannick Rousselet a demandé que l’ASN exige d’EDF un « contrôle de toutes ses pompes (de refroidissement) de tous ses sites ». La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, a regretté un « incident très sérieux » mais « ce n’est pas une catastrophe ». « Il y a un manque de transparence autour du nucléaire », a déclaré l’élue francilienne. S’il devait se passer la même chose à Penly qu’à Fukushima, « ça veut dire qu’il n’y a plus de Dieppe, qu’il n’y a plus d’habitants au Tréport pendant des centaines d’années », a-t-elle averti. Interrogé en marge d’un déplacement à Vaulx-en-Velin (Rhône) François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a évoqué « un incident, je n’utilise pas un incident pour défendre un point de vue », a déclaré le député de Corrèze. « Je ne change pas non plus de position en fonction d’un certain nombre d’événements, c’est ce qui me distingue du candidat sortant », a-t-il ajouté. A Penly, les diagnostics et réparations sur le réacteur pourraient commencer après le week-end de Pâques. Si « une intervention » sur le circuit primaire du réacteur « est théoriquement possible » ce week-end, « il n’y a pas de raison d’intervenir aussi rapidement, (…) il vaut mieux attendre un refroidissement complet » pour intervenir, a priori mardi, a-t-on appris auprès d’EDF vendredi soir. La centrale pourrait rester à l’arrêt pendant 4, 5 ou 6 jours, jusqu’à une dizaine de jours. « On ne redémarra pas avant qu’on ait compris ce qui s’est passé dans le détail », a assuré M. Minière.