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Environnement : Alerte avec de nouvelles limites franchies

Environnement : Alerte avec de nouvelles limites  franchies

Depuis le début de l’année 2022, deux nouvelles limites planétaires ont été franchies, celles de la pollution chimique et celle du cycle de l’eau. Retour sur cette notion méconnue. Par Mélanie Mignot, INSA Rouen Normandie. (

 

Au cours des derniers mois, les franchissements de deux limites planétaires ont été annoncés dans les médias à la suite de publications scientifiques. Celle des polluants chimiques, en janvier dernier, puis celle du cycle de l’eau douce, en mai. Aussi inquiétantes qu’elles soient, ces annonces n’ont pas défrayé la chronique. Peut-être en partie car cette notion reste méconnue : qu’entend-on donc par limite planétaire ?

Le concept, défini par une équipe internationale de 26 chercheurs et publié en 2009 dans les revues scientifiques Nature et Ecology and Society, entend fixer des seuils à l’échelle mondiale que l’humanité ne devrait pas dépasser afin de continuer à vivre dans des conditions favorables et préserver un écosystème sûr, autrement dit une certaine stabilité de la planète. L’Holocène est souvent utilisée comme point de comparaison car cette période qui remonte à 11 700 ans apparaît plutôt stable d’un point de vue climatique.

Le dépassement des limites planétaires pourrait entraîner des modifications brutales, non linéaires et difficilement prévisibles sur l’humain et son environnement, compromettant donc la capacité de notre planète à rester dans des conditions semblables à l’Holocène.

À l’heure actuelle, certaines limites apparaissent comme déjà franchies : à savoir le changement climatique, l’intégrité de la biosphère (biodiversité), la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, les modifications de l’occupation des sols et l’introduction de nouvelles entités dans l’environnement.

Certains phénomènes n’ont pas encore atteint ce seuil alarmant – ce qui n’empêche pas que les processus soient en cours : c’est le cas de l’acidification des océans, l’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique, et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère.

La neuvième et dernière limite, le cycle de l’eau, a fait l’objet d’une dernière étude qui apporte un nouvel éclairage en déclinant l’eau douce en eau verte et eau bleue.

Toutes ces notions relatives à l’environnement sont liées, interconnectées, les processus de régulation interagissent et la perturbation de l’un affecte la régulation et/ou la résilience des autres. Une façon très interactive et accessible de percevoir ces notions est de participer un atelier de la Fresque du Climat, un jeu crée par Cédric Ringenbach.

La première étude, publiée le 18 janvier dans la revue scientifique Environmental Science and Technology, émane de scientifiques du Stockholm Resilience Center (SRC) et présente des données relatives à la pollution chimique. Cette dernière désigne toute entité émise lors de rejets de produits chimiques d’origine industrielle et/ou domestique. Elle peut résulter par exemple de l’utilisation de pesticides, de détergents ou encore de métaux lourds. Parfois, elle est aussi engendrée lors d’accidents ponctuels (industriels, marée noire, etc.). Ces polluants en s’accumulant dans l’environnement et/ou en formant des sous-produits de dégradation peuvent présenter un risque pour la santé humaine et l’environnement.

Les plastiques bien sûr, dont l’utilisation a explosé avant une prise de conscience relativement récente, génèrent une pollution pour la faune et la flore lorsqu’ils sont relargués dans l’environnement (micro plastique et formation du « 7ᵉ continent »

Cette étude est la première évaluation publiée des limites planétaires liées aux « entités nouvelles ». Les chercheurs concluent que lla frontière a maintenant été dépassée, augmentant les risques pour la stabilité du système terrestre. Une meilleure gestion des risques, une réduction de la production et des rejets de polluants sont nécessaires, et rapidement, pour revenir dans la zone sûre.

La deuxième étude publiée dans Nature Reviews Earth & Environment le 26 avril dernier, porte sur une nouvelle évaluation réalisée par des chercheurs du Stockholm Resilience Center avec d’autres scientifiques du monde entier au sujet de l’eau verte.

Ils y mettent en lumière que l’eau douce évaluée jusqu’alors portait essentiellement sur l’eau bleue, c’est-à-dire l’eau dans les rivières, les lacs et les eaux souterraines (40 % de la masse totale des précipitations).

L’eau verte quant à elle est stockée dans le sol et la biomasse, évaporée ou absorbée et évapotranspirée par les plantes. Elle retourne directement à l’atmosphère et représente 60 % de la masse totale des précipitations.

Or les chercheurs estiment que le rôle de l’eau verte n’a pas suffisamment été pris en compte dans les précédentes études, malgré son importance capitale : elle contribue à assurer la résilience de la biosphère, préserver les puits de carbone et réguler la circulation atmosphérique.

Ainsi, si l’on s’en tient à la définition actuelle des limites planétaires, la déforestation qui détériore le fonctionnement de l’eau verte en faveur d’une disponibilité accrue d’eau bleue ne participe pas à la transgression des frontières – actuellement établies en fonction de l’eau bleue. Cette contribution de l’eau verte devrait en réalité être prise en compte.

Parmi les exemples concrets, citons la forêt qui perd de son humidité du fait du changement climatique et de la déforestation – il est de plus en plus courant de découvrir des sols anormalement humides ou secs.

Pour conserver une chance de rester dans des conditions favorables à la vie telle qu’on la connaît à l’heure actuelle, il est urgent d’agir sur l’utilisation croissante de l’eau, la déforestation, la dégradation des terres, l’érosion des sols, la pollution atmosphérique et plus globalement, le changement climatique. Le franchissement de ces limites compromet peu à peu la capacité de résilience de la Terre.

De l’espoir et surtout des actions concrètes émergent progressivement : une conscience collective qui prend forme et une éducation au respect de l’environnement dès le plus jeune âge pour enrayer la tendance. En France, des collectifs tels que le Shift Project cherchent à éclairer et influencer le débat sur la transition énergétique.

Ils produisent des rapports, animent des conférences et des ateliers, afin d’accompagner sur les enjeux climatiques et forcer à l’action, pour bâtir un autre modèle économique, décarboné et prouver scientifiquement que des alternatives existent, si l’on s’ouvre au changement.

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Par Mélanie Mignot, Enseignante chercheuse en chimie au sein du laboratoire COBRA, INSA Rouen Normandie.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

De nouvelles méthodes pour l’hôpital ?

De nouvelles méthodes pour l’hôpital

Pour sauver l’hôpital, il ne faut pas pérenniser des méthodes qui ont échoué.estime dans une tribune  Vincent Bénard, économiste et essayiste.(dans la Tribune)

 

Nous apprenons ces jours-ci que 120 services d’urgence, publics comme privés, font état de difficultés similaires, ou que des cliniques ne sont plus en mesure d’assurer le suivi de certains de leurs patients dans certaines spécialités comme les maternités, faute de pouvoir recruter infirmiers et médecins en nombre suffisant. Depuis quelques années, ce sont environ la moitié des hôpitaux publics qui sont en déficit. Et malheureusement, l’hôpital privé, qui en France représente 23% du personnel hospitalier mais surtout 36% des séjours de patients, est à peine moins mal loti, un tiers des établissements ayant connu au moins un exercice déficitaire depuis trois ans.

Les explications mettent le plus souvent l’accent sur les suites de la pandémie : épuisement des personnels et renvoi d’une proportion faible, mais difficile à remplacer, de soignants non vaccinés. Mais si cette crise a sûrement contribué à exacerber ces difficultés, celles-ci sont bien antérieures. En 2018, l’on constatait une même proportion d’établissements déficitaires dans l’intervalle 2012-2016. La pandémie n’explique pas tout.

La santé n’est pas différente des autres secteurs de l’économie. Comme tout contrôle de prix, la T2A  (« tarification à l’acte », modèle de financement en vigueur pour les établissements de santé) y génère des pénuries : pénuries de recrutement de médecins et d’infirmiers, se traduisant par des files d’attente de plus en plus longues pour les patients, et incapacité de rémunérer les professionnels de santé au niveau espéré après de longues études. Les infirmiers français touchent en moyenne 26% de moins qu’outre-Rhin, et les médecins hospitaliers 40%.

L’assurance maladie annonce régulièrement une « trajectoire pluriannuelle » d’évolution de la T2A. Mais voilà que l’inflation, grande absente des deux dernières décennies, effectue un retour surprenant et violent, prenant de court les décideurs publics. Les dépenses courantes de l’hôpital devraient augmenter 2,5% plus vite que la T2A au minimum en 2022, certains postes de dépense comme l’énergie voyant leur flambée dépasser les 30%.

Les hôpitaux, qui ont déjà vu les tarifs de la T2A décrocher d’environ 6% de l’inflation lors de la dernière décennie, craignent une aggravation de cette perte, et demandent que l’État s’engage sur une correction de la trajectoire prévue de la T2A pour y réintégrer l’inflation réelle. Sans quoi, ils devront rogner soit sur leurs investissements, soit sur leurs recrutements, pourtant déjà insuffisants pour maintenir leur qualité de service.

À très court terme, cette demande est légitime, pour éviter en urgence une catastrophe financière et médicale. Mais dans une perspective plus lointaine, ne faudrait-il pas en finir avec ce régime de contrôle des prix, qui contraint les acteurs de la santé à mendier des faveurs tarifaires à une assurance maladie peu encline à y céder, du fait de sa situation financière elle-même fort dégradée ?

C’est tout le système de financement de la santé qu’il faut réformer, en réintroduisant une vraie liberté des prix, mais avec une vraie transparence permettant aux malades, et surtout à leurs assureurs et mutuelles, d’opérer une mise en concurrence des établissements et des praticiens. Pour compenser l’inévitable hausse du prix de certains actes médicaux, des économies seront à rechercher par la « débureaucratisation » du système de santé.

La liberté tarifaire des hôpitaux fait souvent peur, car les Français ont en tête les problèmes du système de santé américain, où les soins sont prohibitifs et la couverture maladie des classes moyennes incomplète. Mais plus près de nous, les Suisses, les Néerlandais et, dans une moindre mesure, les Allemands ont réussi à mettre en place des formules « raisonnablement libérales », où la couverture des patients est excellente, et où l’assurance maladie privée concurrence au premier euro celle fournie par la puissance publique. L’assureur négocie les tarifs hospitaliers dans le cadre d’une mise en concurrence des établissements, permettant à ceux-ci de facturer un prix leur garantissant d’être profitables, mais sans excès, puisque la concurrence n’est jamais loin. Mieux encore, en pourcentage du PIB, la santé dans ces pays n’est pas plus chère que la nôtre, aux environs de 11%. Et les personnels de santé y sont non seulement mieux rémunérés, nous l’avons vu, mais leurs conditions de travail y sont meilleures, car les hôpitaux y ont intérêt pour pouvoir conserver des effectifs médicaux stables.

Malheureusement, l’idée d’une « grande sécu », synonyme de plus de centralisme, de bureaucratie et de contrôle des prix, semblait mieux vue qu’une évolution plus libérale dans les cercles du pouvoir, avant les élections. Mais on ne vaincra pas les problèmes du système de santé en lui infligeant toujours plus de ce qui a échoué. Puisse l’accumulation actuelle de couacs hospitaliers provoquer une révolution intellectuelle d’inspiration plus libérale chez nos dirigeants !

Vincent Bénard

Nouvelles technologies : Métavers : espérance autant qu’illusion

Nouvelles technologies : Métavers : espérance autant qu’illusion

Une passion triste, tel est le sens de l’utopie développée par le projet métavers, estiment, dans une tribune au « Monde », la philosophe Valérie Julien Grésin et Alexandre Menais, vice-président d’Atos.

Dans son livre Le Jeu vidéo ou l’Aliénation heureuse (Post Editions, 2019), Douglas Hoare décrit avec minutie le processus de dépersonnalisation auquel s’exposent les joueurs : « Plus l’avatar est libre, plus le joueur est esclave. En jouant à un jeu vidéo, on échange une soumission réelle contre une liberté simulée. »

Plus ambitieux que le jeu vidéo (qui compte plus de 2,7 milliards de joueurs), plus constant, plus sérieux, un nouveau monde d’avatars se conquiert dans l’espace numérique, dont le nom, hérité du roman de science-fiction Le Samouraï virtuel [paru aux Etats-Unis en 1992, en France en 1996], de Neal Stephenson, le métavers, donne le « la ».

Le métavers, « au-delà de l’univers », porte l’ambition de faire converger les technologies du numérique existantes ou en cours de développement, pour créer un monde virtuel, persistant, interactif, interconnecté et immersif, soutenu par une volonté d’interopérabilité entre les plates-formes dans la portabilité des données.

Si le métavers n’est pas nouveau, ce qui l’est, en revanche, c’est la valorisation de tout ce que l’on peut y trouver, grâce à la blockchain et aux NFT [pour « non fungible token », « jetons non ­fongibles », des certificats numériques qui authentifient le caractère unique d’objets virtuels, comme des œuvres d’art]. En effet, le marché du métavers représente une fusion de trois technologies existantes, dont les capacités sont évolutives : les plates-formes rendues possibles par une capacité de calcul et une connectivité accrues ; puis la réalité augmentée – réalité virtuelle, réalité mixte ; et enfin les actifs numériques et Web3 activés par la blockchain.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour dire exactement quelles technologies ou quelles plates-formes domineront, les grands acteurs des technologies ont pourtant déjà déterminé comment ils comptaient participer à l’écosystème du métavers – en achetant, comme Republic Realm, un terrain sur The Sandbox pour 4,3 millions de dollars (environ 4,07 milliards d’euros). Mais, plus encore, plusieurs grandes marques dans le commerce B to C (business to consumer, de l’entreprise au consommateur, comme les marques Gucci, H&M, etc.) ou B to B (business to business, commerce entre les entreprises) se sont lancées dans ce nouvel eldorado (Microsoft, avec le rachat pour 69 milliards d’Activision).

Société: Protéger les cerveaux des nouvelles technologies

 

Société: Protéger les cerveaux des nouvelles technologies

Pour la première fois, la Constitution d’un pays, le Chili, instaure des « neurodroits », destinés à protéger les cerveaux humains des dérives de la technologie. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.( la « Tribune »)

Pas sûr qu’Elon Musk soit le bienvenu à Santiago. L’emblématique patron de Tesla, et depuis peu de Twitter, est également le créateur de la société Neuralink(1) qui a pour objet d’élaborer une connexion directe entre le cerveau de l’Homme et des ordinateurs, et cela, grâce à des implants placés dans le cortex. D’abord à usage médical, pour soigner des troubles neurologiques graves, Elon Musk ne cache pas qu’il a également pour ambition d’implanter des puces dans des cerveaux humains afin de doter l’organisme d’un supplément de capacités digne d’un ordinateur.

Pour l’heure, seule la truie Gertrude(2) eut « l’honneur » d’expérimenter cette interface cerveau-machine (ICM), digne d’un passable ouvrage de science-fiction. Grâce à la puce de 8 millimètres insérée dans son cerveau, les scientifiques ont pu observer l’activité neuronale de l’animal selon que Gertrude se nourrissait, se déplaçait ou encore dormait. Fort de ces premiers essais pratiqués sur des cobayes animaux, le fondateur de Neuralink rêve déjà à l’étape suivante : obtenir les autorisations pour implanter des puces dans les cerveaux d’humains volontaires. Une fois ceci réalisé, ceux-ci pourraient alors « utiliser un smartphone avec leur esprit plus rapidement qu’avec leurs pouces(3) ». Nul besoin de préciser que les conséquences de cette idée de connexion « Hommes-machines » percutent nos convictions éthiques, philosophiques et morales les plus profondes, à commencer par le simple énoncé de ces quelques questions de bon sens : à qui appartiendront les données issues de nos cerveaux, de nos pensées, voire de nos rêves ? A quelles fins pourraient-être utilisées ces technologies ? Et puis, quelles nouvelles inégalités pourraient-elles créer ? Abyssales interrogations…

Modification de l’article 19 de la Constitution du Chili

C’est dans ce contexte, où la techno-réalité dépasse la science-fiction, que l’ex-président de la République chilienne, Sebastian Piñera (les récentes élections de mars 2022 l’ont, depuis, démis de ses fonctions) prit l’initiative de proposer et faire voter une loi, puis de modifier la Constitution de son pays en légiférant sur les «neurodroits» (neuroderechos) ou droits du cerveau. La modification constitutionnelle fut promulguée le 14 octobre dernier et l’ajout d’un nouvel alinéa de quelques lignes à l’article 19(4) suffit à faire du Chili le pionnier dans la protection des « droits du cerveau » en inscrivant que « le développement scientifique et technologique est au service des personnes et doit se faire dans le respect de la vie et de l’intégrité physique et mentale. La loi réglemente les exigences, les conditions et les restrictions de son utilisation chez les personnes, et doit notamment protéger l’activité cérébrale, ainsi que les informations qui en proviennent(5)».

Se prémunir contre le « brain hacking »

Dans ses travaux préparatoires, le Sénat chilien détailla ce qu’il faut entendre par « neurodroits inaliénables ». En l’occurrence, il s’est employé à établir et détailler trois conditions de préservation des individus qui auraient été soumis à un éventuel « piratage de cerveau » (brain hacking) dès lors qu’une machine aurait été connectée, consciemment ou pas, à leurs cerveaux : 1/ affirmer la préservation des données de l’esprit humain afin d’éviter leur trafic, 2/ encadrer le rôle des « neuroalgorithmes » et 3/ limiter les capacités d’écriture dans le cerveau(6). On croirait lire le script du film du réalisateur Christopher Nolan, « Inception », qui met en scène la capacité à lire dans les rêves et à graver des idées dans le cerveau de personnes.

Cerveau connecté : mythe ou réalité ?

Face à Elon Musk qui n’hésite pas à surenchérir en proclamant que nous serions proches d’une sorte de singularité couplant Hommes et machines, il faut se méfier des annonces tonitruantes promptes, d’une part, à faire naître des attentes démesurées chez des patients atteints de pathologies neurologiques et, d’autre part, d’entretenir le mythe d’une machine connectée à notre cerveau capable de sonder notre tréfonds cérébral. La lecture de la littérature scientifique sur ce sujet remet quelque peu les pendules à l’heure(7).

En 2014, des scientifiques européens publièrent une lettre ouverte(8) à l’Union européenne demandant une réorientation urgente du projet « Human Brain Project(9) » qui vise, d’ici à 2024, à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur qui fournirait des informations capables d’aider à développer de nouvelles thérapies médicales pour soigner les maladies neurologiques. Pour ces scientifiques, il faudra bien plus qu’une machine, aussi puissante soit elle, pour simuler le comportement d’un cerveau entier. Rien que pour le cortex (la partie supérieure du cerveau), ce sont des milliards de neurones, pouvant chacun se connecter à 10.000 autres par le biais de quatre à dix messages chimiques différents. Et, en plus du cortex, il faut ajouter les autres zones du cerveau (cervelet, système limbique…) qui, elles aussi, interagissent les unes avec les autres. Cette lettre ouverte des scientifiques porta ses fruits puisque le projet « Human Brain Project » fut remodelé et l’utopie d’un futur humain connecté passa au second plan au profit de la recherche neurologique.

Éthique des neurotechnologies

En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, de nombreux programmes de recherche en neurosciences sont en cours et drainent des budgets très importants. Du fait de leurs objets qui, parfois, frisent avec la manipulation mentale et la prise de contrôle du cerveau, la seule limite à se fixer est celle de l’éthique.

Pour l’heure, il n’existe pas (encore) de charte mondiale que les Etats s’engageraient à respecter, à l’instar de nombreux traités internationaux sur la non-prolifération d’armes nucléaires.

Les futures grandes règles éthiques à respecter sont néanmoins connues : d’abord, la confidentialité et le consentement des données collectées. Ensuite, la préservation de l’identité et, en cela, la non-altération de notre capacité à choisir nos actions (ce principe renvoi à l’idée que des implants neuronaux pourraient influencer nos effets cognitifs, émotionnels, voire notre personnalité même).

Et enfin, la maîtrise du domaine problématique de l’augmentation cognitive. Ici, il s’agirait de borner ce que les neurotechnologies pourraient apporter en matière d’amélioration des performances cognitives afin d’aboutir à cet humain artificiellement « augmenté ».

Autant de garde-fous éminemment éthiques destinés à éviter qu’un docteur Folamour n’ouvre un jour la boîte de Pandore et qu’un « neuro-charlatanisme » ne devienne la norme. Si tel était le cas, il ne nous resterait alors qu’à traverser l’Atlantique, direction Santiago.

 

 

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NOTES

1 https://neuralink.com/

2 https://siecledigital.fr/2020/09/02/neuralink-teste-son-implant-neuronal-sur-des-porcs/

3 https://medium.com/geekculture/how-elon-musks-neuralink-could-disrupt-the-smartphone-industry-1b18d4a583d2

4 https://www.senado.cl/proteccion-de-los-neuroderechos-a-un-paso-de-pasar-a-segundo-tramite

5https://www.bcn.cl/leychile/navegar?idNorma=1166983&idParte=10278855&idVersion=2021-10-25

6 Bruno Patino Tempête dans le bocal, Ed Grasset 2022

7 A lire : Les nouvelles frontières du cerveau, Hors Série Le Point

8 https://www.science.org/content/article/updated-european-neuroscientists-revolt-against-eus-human-brain-project

9 https://www.humanbrainproject.eu/en/

Carburant : de nouvelles hausses à attendre du fait de la guerre en Ukraine

 

 

Carburant : de nouvelles hausses à attendre du fait du pétrole russe

Suite aux sanctions envisagé par l’union Européenne vis-à-vis du pétrole russe, il faut s’attendre à de nouvelles augmentations significatives du carburant d’après Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités, ex-Union française des industries pétrolières.

 

 

La Russie, plus gros exportateur au monde de pétrole, produit quelque 11 millions de barils par jour de brut, dont un peu plus de 5 millions sont exportés. Mais le pays exporte aussi 1,5 million de barils par jour de gazole, dont l’Europe et notamment la France .

La Russie représente ainsi 10 à 12% des importations françaises de pétrole brut et 20 à 25% des importations de gazole en France, selon l’Ufip.

L’Hexagone peut toutefois très bien se fournir ailleurs. « Il existe déjà en temps normal des alternatives qui sont essentiellement pour le pétrole brut le Moyen-Orient et l’Amérique du nord », a expliqué Olivier Gantois. Pour le gazole, s’ajoute à ces deux régions « l’Inde, qui est un gros producteur ».

 

Le président de l’Ufip prédit « un jeu de vases communicants dans lequel le pétrole russe exporté va être détourné vers des pays qui n’ont pas décidé d’embargo, notamment la Chine, l’Inde, la plupart des pays africains, les pays d’Amérique du sud… ce qui libérera des barils non russes achetés normalement par ces pays ».

 

Toutefois, cela aura un prix. « Le schéma d’approvisionnement actuel est un schéma optimisé, dans lequel on fait venir en France les barils qui sont les plus intéressants économiquement. Dès lors qu’on s’écarte de ce schéma, on peut partir sur le principe que ça va coûter plus cher », a mis en garde Olivier Gantois. En clair on pourrait s’orienter vers des hausses pouvant conduire jusqu’à des prix de deux euros le litre de carburant

 

Numérique, pensée et discours

Numérique, pensée et discours 

par David Lacombled est président de la Villa numéris.

 

 

L’oral précède l’écrit. Tel un fleuve, il permet d’irriguer tous les canaux de communication que le numérique a démultiplié. Désormais, les discours se regardent aussi en télévision ou sur des chaînes YouTube, en direct ou en replay. Saucissonnée en punchlines, la parole se retrouve servie à l’envie sur les réseaux sociaux ou les messageries instantanées. Telle une cuisine de restes, rien ne doit se perdre.

Au-delà, la parole agit sans doute comme une des meilleures thérapies de groupe. A condition qu’elle ne soit pas uniquement descendante et que chacun puisse s’exprimer ou pour le moins être représenté. C’était l’intuition du président de la République quand il a initié le Grand débat national pour contribuer à mettre un terme à la crise des Gilets jaunes. Les Français ont besoin de s’exprimer et d’être écoutés. Et cette parole ne saurait être contenue dans le seul geste de déposer un bulletin dans une urne.

Il s’agit d’inventer de nouvelles agoras pour que chacun puisse s’y exprimer selon des méthodes d’intelligence collective qui ont fait leur preuve pour aboutir à des consensus

C’est tout le défi qui se présente aux décideurs publics pour renouer les fils distendus entre les citoyens eux-mêmes, d’une Nation qui ne s’aime plus, pour se parler, s’écouter, s’apprécier. Ce devra être le prélude à l’écriture d’un nouveau destin commun. Dans un monde où globalement tout va mieux, chaque injustice ou déclassement devient insupportable. Les réseaux sociaux en particulier, par leur effet de masse et d’entraînement, par leur réactivité et leur proximité – le téléphone sur le cœur, convoquent les émotions avant la raison. En cela l’esprit critique doit être encouragé. Par chance, la France a hérité de celui des Lumières.

Hâbleurs, aussi parfois, les Français ont besoin de se raconter. Le succès de la série «En thérapie» sur Arte leur offre le miroir d’eux-mêmes en quelque sorte. Ses audiences en témoignent. Plus d’un million de téléspectateurs se rassemblent devant le canapé du Docteur Philippe Dayan, acteur permanent du programme diffusé en linéaire sur la chaîne de télévision le jeudi soir. Les épisodes de la saison 2, intégralement diffusés en ligne, ont déjà été vus plus de 20 millions de fois en un mois. Comme quoi le « binge-watching », qui consiste à avaler les épisodes d’une série sans s’arrêter, n’est pas réservé au seul Netflix. La parole y convoque les faits de société. Exprimée – libérée, pour reprendre un vocable plus militant – elle guérit.

Que les Français donnent de la voix est une bonne nouvelle pour notre avenir. Si le comptoir des cafés a longtemps été le parlement du peuple, pour faire référence à Honoré de Balzac, force est de constater que beaucoup de communes se sont éteintes au fur et à mesure que leurs commerces les plus essentiels disparaissaient et que les liaisons ferroviaires se faisaient plus rares. Il s’agit d’inventer de nouvelles agoras pour que chacun puisse s’y exprimer selon des méthodes d’intelligence collective qui ont fait leur preuve pour aboutir à des consensus. Sans cela, l’opinion, chauffée à blanc par quelques irresponsables, ne pourra qu’être éruptive.

David Lacombled est président de la Villa numéris.

Protéger nos cerveaux des nouvelles technologies

Protéger nos cerveaux des nouvelles technologies

Pour la première fois, la Constitution d’un pays, le Chili, instaure des « neurodroits », destinés à protéger les cerveaux humains des dérives de la technologie. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.( la « Tribune »)

Pas sûr qu’Elon Musk soit le bienvenu à Santiago. L’emblématique patron de Tesla, et depuis peu de Twitter, est également le créateur de la société Neuralink(1) qui a pour objet d’élaborer une connexion directe entre le cerveau de l’Homme et des ordinateurs, et cela, grâce à des implants placés dans le cortex. D’abord à usage médical, pour soigner des troubles neurologiques graves, Elon Musk ne cache pas qu’il a également pour ambition d’implanter des puces dans des cerveaux humains afin de doter l’organisme d’un supplément de capacités digne d’un ordinateur.

Connecteriez-vous votre cerveau ?

Pour l’heure, seule la truie Gertrude(2) eut « l’honneur » d’expérimenter cette interface cerveau-machine (ICM), digne d’un passable ouvrage de science-fiction. Grâce à la puce de 8 millimètres insérée dans son cerveau, les scientifiques ont pu observer l’activité neuronale de l’animal selon que Gertrude se nourrissait, se déplaçait ou encore dormait. Fort de ces premiers essais pratiqués sur des cobayes animaux, le fondateur de Neuralink rêve déjà à l’étape suivante : obtenir les autorisations pour implanter des puces dans les cerveaux d’humains volontaires. Une fois ceci réalisé, ceux-ci pourraient alors « utiliser un smartphone avec leur esprit plus rapidement qu’avec leurs pouces(3) ». Nul besoin de préciser que les conséquences de cette idée de connexion « Hommes-machines » percutent nos convictions éthiques, philosophiques et morales les plus profondes, à commencer par le simple énoncé de ces quelques questions de bon sens : à qui appartiendront les données issues de nos cerveaux, de nos pensées, voire de nos rêves ? A quelles fins pourraient-être utilisées ces technologies ? Et puis, quelles nouvelles inégalités pourraient-elles créer ? Abyssales interrogations…

Modification de l’article 19 de la Constitution du Chili

C’est dans ce contexte, où la techno-réalité dépasse la science-fiction, que l’ex-président de la République chilienne, Sebastian Piñera (les récentes élections de mars 2022 l’ont, depuis, démis de ses fonctions) prit l’initiative de proposer et faire voter une loi, puis de modifier la Constitution de son pays en légiférant sur les «neurodroits» (neuroderechos) ou droits du cerveau. La modification constitutionnelle fut promulguée le 14 octobre dernier et l’ajout d’un nouvel alinéa de quelques lignes à l’article 19(4) suffit à faire du Chili le pionnier dans la protection des « droits du cerveau » en inscrivant que « le développement scientifique et technologique est au service des personnes et doit se faire dans le respect de la vie et de l’intégrité physique et mentale. La loi réglemente les exigences, les conditions et les restrictions de son utilisation chez les personnes, et doit notamment protéger l’activité cérébrale, ainsi que les informations qui en proviennent(5)».

Se prémunir contre le « brain hacking »

Dans ses travaux préparatoires, le Sénat chilien détailla ce qu’il faut entendre par « neurodroits inaliénables ». En l’occurrence, il s’est employé à établir et détailler trois conditions de préservation des individus qui auraient été soumis à un éventuel « piratage de cerveau » (brain hacking) dès lors qu’une machine aurait été connectée, consciemment ou pas, à leurs cerveaux : 1/ affirmer la préservation des données de l’esprit humain afin d’éviter leur trafic, 2/ encadrer le rôle des « neuroalgorithmes » et 3/ limiter les capacités d’écriture dans le cerveau(6). On croirait lire le script du film du réalisateur Christopher Nolan, « Inception », qui met en scène la capacité à lire dans les rêves et à graver des idées dans le cerveau de personnes.

Cerveau connecté : mythe ou réalité ?

Face à Elon Musk qui n’hésite pas à surenchérir en proclamant que nous serions proches d’une sorte de singularité couplant Hommes et machines, il faut se méfier des annonces tonitruantes promptes, d’une part, à faire naître des attentes démesurées chez des patients atteints de pathologies neurologiques et, d’autre part, d’entretenir le mythe d’une machine connectée à notre cerveau capable de sonder notre tréfonds cérébral. La lecture de la littérature scientifique sur ce sujet remet quelque peu les pendules à l’heure(7).

En 2014, des scientifiques européens publièrent une lettre ouverte(8) à l’Union européenne demandant une réorientation urgente du projet « Human Brain Project(9) » qui vise, d’ici à 2024, à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur qui fournirait des informations capables d’aider à développer de nouvelles thérapies médicales pour soigner les maladies neurologiques. Pour ces scientifiques, il faudra bien plus qu’une machine, aussi puissante soit elle, pour simuler le comportement d’un cerveau entier. Rien que pour le cortex (la partie supérieure du cerveau), ce sont des milliards de neurones, pouvant chacun se connecter à 10.000 autres par le biais de quatre à dix messages chimiques différents. Et, en plus du cortex, il faut ajouter les autres zones du cerveau (cervelet, système limbique…) qui, elles aussi, interagissent les unes avec les autres. Cette lettre ouverte des scientifiques porta ses fruits puisque le projet « Human Brain Project » fut remodelé et l’utopie d’un futur humain connecté passa au second plan au profit de la recherche neurologique.

Éthique des neurotechnologies

En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, de nombreux programmes de recherche en neurosciences sont en cours et drainent des budgets très importants. Du fait de leurs objets qui, parfois, frisent avec la manipulation mentale et la prise de contrôle du cerveau, la seule limite à se fixer est celle de l’éthique.

Pour l’heure, il n’existe pas (encore) de charte mondiale que les Etats s’engageraient à respecter, à l’instar de nombreux traités internationaux sur la non-prolifération d’armes nucléaires.

Les futures grandes règles éthiques à respecter sont néanmoins connues : d’abord, la confidentialité et le consentement des données collectées. Ensuite, la préservation de l’identité et, en cela, la non-altération de notre capacité à choisir nos actions (ce principe renvoi à l’idée que des implants neuronaux pourraient influencer nos effets cognitifs, émotionnels, voire notre personnalité même).

Et enfin, la maîtrise du domaine problématique de l’augmentation cognitive. Ici, il s’agirait de borner ce que les neurotechnologies pourraient apporter en matière d’amélioration des performances cognitives afin d’aboutir à cet humain artificiellement « augmenté ».

Autant de garde-fous éminemment éthiques destinés à éviter qu’un docteur Folamour n’ouvre un jour la boîte de Pandore et qu’un « neuro-charlatanisme » ne devienne la norme. Si tel était le cas, il ne nous resterait alors qu’à traverser l’Atlantique, direction Santiago.

 

 

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NOTES

1 https://neuralink.com/

2 https://siecledigital.fr/2020/09/02/neuralink-teste-son-implant-neuronal-sur-des-porcs/

3 https://medium.com/geekculture/how-elon-musks-neuralink-could-disrupt-the-smartphone-industry-1b18d4a583d2

4 https://www.senado.cl/proteccion-de-los-neuroderechos-a-un-paso-de-pasar-a-segundo-tramite

5https://www.bcn.cl/leychile/navegar?idNorma=1166983&idParte=10278855&idVersion=2021-10-25

6 Bruno Patino Tempête dans le bocal, Ed Grasset 2022

7 A lire : Les nouvelles frontières du cerveau, Hors Série Le Point

8 https://www.science.org/content/article/updated-european-neuroscientists-revolt-against-eus-human-brain-project

9 https://www.humanbrainproject.eu/en/

Crise démocratique française : La même qu’en Afrique ?

 Crise démocratique française : La même qu’en Afrique ?

Pour le journaliste béninois Francis Laloupo, « nous sommes entrés dans le cycle des revanches ».( « Le Monde »)

L’euphorie qui a accompagné les transitions démocratiques en Afrique a vécu. La mauvaise gouvernance, les crises économiques, les coups d’Etat militaires et constitutionnels ont mis à mal les fragiles édifices politiques nés il y a trente ans dans la foulée des conférences nationales. Sur le continent comme en Occident, les populismes prospèrent.

Mais, souligne Francis Laloupo, journaliste béninois, enseignant et auteur de Blues démocratique, Afrique 1990-2020 (éd. Karthala), ce malaise se nourrit aussi des crises qui touchent les vieilles démocraties. Un phénomène d’autant plus prégnant que les autocraties russes et chinoises ont, dans leurs échanges avec l’Afrique, également exporté leur modèle politique.

Pour la troisième fois en vingt ans, l’extrême droite se retrouve au second tour de l’élection présidentielle en France. Comment cette montée en puissance est-elle perçue en Afrique francophone ?

Francis Laloupo Les démocraties africaines émergentes ne peuvent que constater la fragilité des démocraties anciennes. La prise du Capitole par les partisans de Donald Trump en a été un bon exemple. La présence de Marine Le Pen au deuxième tour en est un autre. Mais, si le processus n’est jamais complètement achevé, la démocratie a montré qu’elle était aussi un système capable de dépasser les épreuves. Aux Etats-Unis comme en Europe, elle tient malgré les assauts des partis d’extrême droite. Les gens continuent de voter même si l’abstention reste forte.

Néanmoins, cette flambée populiste qui balaie le monde, des Etats-Unis au Brésil en passant par l’Europe, résonne aussi en Afrique. On s’inquiète pour les diasporas confrontées aux discours racistes, en France notamment. Mais il y a aussi, sur le continent, une fascination trouble à l’égard des discours d’extrême droite qui a tendance à renforcer les populismes émergents. On peut se dire que, puisque les Français se défendent contre l’étranger, nous, Africains, sommes également fondés à le faire, en particulier contre la France. Nous sommes entrés dans le cycle des revanches. Le repli sur soi que promeuvent les lepénistes et des zemmouriens légitiment le positionnement nationaliste des autorités maliennes actuelles et leur discours anti-français.

Sciences: nouvelles cathédrales ?

Sciences: nouvelles  cathédrales ?

Dans une tribune au « Monde »,  Stéphane Van Damme , (Professeur d’histoire des sciences à l’Ecole normale supérieure (Paris), retrace l’évolution des infrastructures de recherche, jadis promesses de modernisation infinie, aujourd’hui outils incontournables d’une géopolitique de la science.

Un hymne à la science internationale, nouvelles cathédrales,  un peu coloré de corporatisme NDLR

Tribune  

Dans quelles mesures les infrastructures scientifiques sont-elles un des piliers de la politique de recherche ? A l’occasion du 20e anniversaire du Forum stratégique européen sur les infrastructures de recherche (Esfri), un colloque organisé à l’Académie des sciences, à Paris, le 25 mars, a rappelé les réalisations concrètes de la recherche européenne dans ce domaine, du synchrotron de l’ESRF à Grenoble utilisé en archéologie et en paléontologie à la spectroscopie de la source de spallation européenne (ESS) en construction à Lund (Suède), en passant par l’European Social Survey en sciences sociales.

Cet anniversaire nous invite à revenir sur le champ des infrastructure studies qui s’est affirmé depuis la fin des années 1990. On doit à Geoffrey C. Bowker et Susan Leigh Star d’avoir reconceptualisé la notion d’infrastructure pour montrer qu’elle recoupe aussi bien des réalités physiques et matérielles comme des équipements, des instruments que des concepts et des normes qui visent à classer et hiérarchiser les flux d’informations. En insistant sur les pratiques de coopération et de coordination de l’activité scientifique, les infrastructures matérialisent une dimension relationnelle des sciences.

Certes, la notion d’infrastructure n’est pas nouvelle puisqu’elle apparaît dans le vocabulaire scientifique de l’ingénieur comme dans le lexique philosophique avec Marx dès le XIXe siècle. Au XXe siècle, elle sera associée aux champs de l’économie et de la planification. Elle est souvent considérée comme impure, partagée entre le monde de la recherche et le monde des décideurs publics et du management.

Pour les historiens des sciences, les infrastructures posent une double difficulté : elles sont célébrées dans des grands discours qui lissent les difficultés à imposer ces projets, les anomalies, voire les défaillances ; elles sont le plus souvent perçues comme invisibles dans le temps ordinaire de la recherche. Sociologues et historiens ont ainsi bien mis en évidence ce paradoxe des infrastructures oscillant entre l’imaginaire du « sublime » et de la grandeur et les représentations d’infrastructures en ruine.

Dans les années 2000, le terme « infrastructure » va resurgir de manière massive dans le vocabulaire étatique, accolé aux adjectifs « vitale » ou « critique »

Sur une perspective longue, ces études opposent l’émergence, dans le sillage de la révolution scientifique, d’une révolution de l’organisation des sciences à l’absence d’une logique toujours fonctionnelle qui présidait à leur création. C’est l’époque où se multiplient aussi les petites technologies intellectuelles qu’ont en commun les sciences et les premières bureaucraties : des fiches de papier aux listes. Des grandes cathédrales des sciences du XIXe siècle aux équipements géants de la big science des années 1950, elles sont désormais associées à une nouvelle économie de la promesse, indicateurs de prospérité et d’efficacité. C’est le moment d’émergence des grands systèmes techniques qui annoncent une modernisation infinie.

 

Le Pen: Le soutien de nouvelles couches sociales

 

 Le Pen: Le soutien de nouvelles couches sociales

 

La candidature d’Eric Zemmour n’a pas constitué un handicap insurmontable pour la tête de liste du Rassemblement national, qui a progressé de près de deux points par rapport à son score de 2017, analyse le politiste Florent Gougou, dans une tribune au « Monde »

 

Tribune.

 

 Ce n’est plus une surprise. Pour la deuxième fois consécutive, Marine Le Pen participera au second tour de l’élection présidentielle. Pour la troisième fois sur les cinq dernières présidentielles, la droite radicale [terme consacré dans le champ des sciences sociales] sera en situation d’accéder à l’Elysée. Le 21 avril 2002, la sidération dominait. Le 23 avril 2017, la banalité se profilait. Le 10 avril 2022, l’ordinaire s’est imposé.

Les contours d’un nouveau monde politique se dessinent. Pour la deuxième fois consécutive, Marine Le Pen retrouvera Emmanuel Macron au second tour. L’opposition entre « mondialistes » et « nationaux », pour reprendre les termes de la candidate du Rassemblement national (RN), entre « progressistes » et « nationalistes », pour reprendre les termes du président de la République sortant, semble être devenue la principale ligne d’affrontement dans la vie politique française au niveau national. Imposer ce nouveau dualisme était un objectif assumé (et partagé) par les deux protagonistes depuis 2017. Les résultats du premier tour ont brutalement rappelé aux forces de gauche, une nouvelle fois écartées du second tour, qu’ils sont en passe d’y parvenir.

Avec plus de 23 % des suffrages, Marine Le Pen réalise la meilleure performance d’une candidature de droite radicale à l’élection présidentielle, progressant de près de 2 points par rapport à son score de 2017. Surtout, en ajoutant les quelque 7 % rassemblés par Eric Zemmour (Reconquête !), les forces de droite radicale franchissent les 30 %, seuil qu’elles n’avaient jamais atteint en France, tous types de scrutins confondus. Le premier tour de la présidentielle de 2022 constitue un nouveau point haut dans la dynamique ouverte depuis les européennes de 2014, quand les listes Front national avaient, pour la première fois, dépassé la barre des 20 %.

La dynamique de la droite radicale s’appuie sur trois mouvements principaux, qui indiquent une forme de complémentarité entre la candidature de Marine Le Pen et celle d’Eric Zemmour. Premier mouvement, l’accentuation de la domination de Marine Le Pen dans ses fiefs ouvriers situés dans le nord et dans l’est du pays. En 2017, l’Aisne, le Pas-de-Calais et la Haute-Marne étaient les trois départements les plus favorables à Marine Le Pen ; en 2022, elle progresse encore dans ces départements pour atteindre respectivement 39,3 % (+ 3,6 points), 38,7 % (+ 4,4) et 36,6 % (+ 3,4). Deuxième mouvement, des transferts significatifs de la fraction rurale de l’électorat Fillon de 2017, notamment dans l’ouest du pays. Dans la Sarthe, en Mayenne et en Vendée, où François Fillon avait systématiquement obtenu plus de 25 % en 2017 et où Valérie Pécresse s’effondre autour de 5 %, Marine Le Pen progresse respectivement de 6,9 points (27,7 %), de 5,5 points (22,4 %) et de 4,7 points (23,2 %), tandis qu’Eric Zemmour y obtient entre 5 et 6 %. Troisième mouvement, l’attraction Zemmour au sein de la fraction aisée de la droite classique. La dynamique est particulièrement évidente dans le 16e arrondissement de Paris, où le candidat de Reconquête ! obtient 17,5 %, alors que Marine Le Pen y reste marginalisée à 5,8 %.

 

Nucléaire : 7 nouvelles centrales au Royaume-Uni

Nucléaire : 7 nouvelles centrales au Royaume-Uni

La guerre en Ukraine aura au moins convaincu d’accélérer la transition énergétique afin d’assurer une plus grande indépendance de l’Europe. Ainsi la France a déjà décidé de construire six nouvelles centrales nucléaires et d’en étudier la construction de huit autres.
Aujourd’hui disposer d’électricité d’origine nucléaire constitue un atout indispensable d’indépendance économique. A contrario, on peut voir que l’Allemagne est complètement engluée dans ses relations avec la Russie via le gaz.

Le Royaume-Uni pourrait construire jusqu’à sept centrales nucléaires d’ici 2050 tout en misant sur l’éolien en mer dans le cadre d’une nouvelle stratégie pour accroître son indépendance énergétique après l’invasion russe de l’Ukraine, a indiqué dimanche le ministre de l’Énergie.

«L’idée est que, vu ce que (le président russe Vladimir) Poutine est en train de faire, nous ne voulons pas vivre dans un monde où nous dépendons des hydrocarbures russes», a déclaré Kwasi Kwarteng dans le Sunday Telegraph, soulignant que «l’éolien en mer, et surtout le nucléaire» étaient «des moyens d’avoir des capacités de génération électrique au Royaume-Uni».

Selon le journal, après d’intenses discussions en son sein, le gouvernement du premier ministre conservateur Boris Johnson doit présenter jeudi sa stratégie pour réduire la dépendance énergétique du Royaume-Uni et atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. «

Poutine : De nouvelles menaces vis-à-vis de l’Europe

Poutine : De nouvelles menaces vis-à-vis de l’Europe

 

Vladimir Poutine menace l’Europe affirmant que les sanctions imposées à son pays s’apparentaient « à une déclaration de guerre ».

Sans doute contrarié par la lenteur de l’invasion russe en Ukraine, Poutine multiplie les menaces y compris contre l’Europe. Poutine a déclaré qu’il parviendrait à atteindre ses objectifs soit par la guerre ,soit par la négociation. En clair il conteste le statut d’État à l’Ukraine.

En même temps il menace les pays européens qui apporteraient un soutien trop significatif à Kiev.

Les états voisins de l’Ukraine sont particulièrement inquiet de l’évolution du conflit.

Après la Pologne, Blinken en Moldavie. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé samedi en Moldavie pour montrer le soutien des États-Unis à ce pays submergé par une vague de réfugiés en provenance d’Ukraine et qui craint de tomber sous la menace Moscou.

Pékin a appelé de son côté à des négociations directes entre la Russie et l’Ukraine lors d’un entretien téléphonique samedi entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue américain Antony Blinken, selon un communiqué officiel chinois.

Les forces russes se rapprochent de Kiev, rencontrant une tenace résistance et bombardant parfois des immeubles d’habitation, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale, où des dizaines de civils ont été tués ces derniers jours.

. L’armée russe continue de pilonner les alentours de Kiev, au nord-ouest et à l’est notamment.

 

Entourage de Sarkozy : nouvelles condamnations notamment de Guéant

Entourage de Sarkozy : nouvelles condamnations notamment de Guéant

 

Un vent juridique mauvais souffle toujours autour de Sarkozy et de son entourage. Sarkozy doit toujours rendre compte de plusieurs inculpations dans différentes affaires. Son entourage est lui aussi visé par la justice en particulier l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant actuellement en prison.

Un  tribunal a encore condamné Claude Guéant à un an d’emprisonnement dont quatre mois avec sursis, assorti d’un mandat de dépôt, dans le procès des sondages de l’Élysée. Dans cette affaire, le tribunal a jugé que les millions d’euros en conseil politique et sondages facturés à l’Élysée entre 2007 et 2012 par les sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, ainsi que par l’Institut Ipsos, avaient bien fait l’objet de favoritisme. Deux contrats signés par Patrick Buisson constituent en outre bien un détournement de fonds publics à hauteur de 1,4 million d’euros, a expliqué le président Benjamin Blanchet.

Quatre autres anciens conseillers ou collaborateurs de Nicolas Sarkozy, soupçonnés de favoritisme, recel de favoritisme et détournement de fonds publics, comparaissaient à ce procès. Le tribunal a décidé de condamner Patrick Buisson, absent également pour le rendu du verdict, à deux ans d’emprisonnement avec sursis, ainsi qu’à une amende de 150.000 €. Patrick Buisson a été condamné pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux au préjudice de ses sociétés. Sa peine est assortie d’une interdiction de diriger ou de gérer une entreprise commerciale pendant dix ans.

L’ex-sondeur Pierre Giacometti a quant à lui été condamné à six mois de prison avec sursis ainsi qu’à 70.000 € d’amende. Enfin, l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, Emmanuelle Mignon, a été condamnée à six mois de prison avec sursis, une peine bien plus lourde que les 10.000 euros d’amende requis

COVID FRANCE 9 janvier 2022 : 303.669 nouvelles contaminations en 24 heures

COVID FRANCE 9 janvier 2022 : 303.669 nouvelles contaminations en 24 heures

Une tendance en légère baisse mais qui reste à confirmer. En effet, 303.669 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés ces 24 dernières heures, selon les derniers chiffres de Santé Publique France. Ce résultat est en légère baisse par rapport aux 328.214 nouvelles contaminations annoncées la veille, chiffre qui était le plus élevé jamais enregistré dans l’hexagone. Une variation sur une seule journée ne permet néanmoins pas de dessiner une tendance. La moyenne sur sept jours est toujours en progression, avec plus de 270.000 cas quotidiens, contre environ 267.000 la veille, et 204.000 jeudi. La maladie a emporté 125.349 personnes depuis le début de l’épidémie au printemps 2020. Dont 98.209 sont mortes à l’hôpital, avec 143 nouveaux décès en 24 heures. La maladie a emporté 125.349 personnes depuis le début de l’épidémie au printemps 2020. Dont 98.209 sont mortes à l’hôpital, avec 143 nouveaux décès en 24 heures.

Nouvelles technologies–L’aliénation par les machines parlantes ?

Nouvelles technologies–L’aliénation par les machines parlantes 

Pour le psychiatre Serge Tisseron, l’installation à domicile d’enceintes connectées, de plus en plus perfectionnées et dotées d’une subjectivité artificielle, va accroître considérablement les pouvoirs de suggestion de ces machines. (tribune Le Monde)

 

Demain, toutes les machines qui nous entourent vont être progressivement dotées de la voix. Et, comme rien ne mobilise autant l’être humain que de pouvoir parler de lui et d’être écouté, certaines d’entre elles deviendront probablement nos confidents privilégiés. Le problème est que plus ces machines bénéficieront de compétences réelles dans le domaine de la compréhension et de la simulation émotionnelle, plus certains d’entre nous seront tentés de leur accorder par projection des compétences imaginaires. Personne, bien entendu, ne les confondra avec des humains, mais nous nous habituerons, à leur contact, à de nouvelles formes de relations qui modifieront peu à peu notre fonctionnement psychique et nos liens avec nos semblables. 

Tout d’abord, l’installation d’enceintes connectées de plus en plus perfectionnées dans l’espace domestique va accroître considérablement le potentiel d’« intimité » entre l’homme et ses machines. Même si leurs utilisateurs continuent à les considérer comme des objets perfectionnés, beaucoup risquent de leur octroyer dans leur vie quotidienne des formes de prévenance traditionnellement réservées aux humains, à commencer par la politesse, et de les intégrer au monde de leurs relations sociales. Certains pourraient même être tentés de leur attribuer un peu « d’humanité », selon une gradation pour laquelle j’ai proposé de parler de degrés de « personnéité », puisque l’objet n’aura évidemment pas de personnalité, et encore moins d’humanité. L’homme qui parle à la machine parle en réalité toujours à l’homme qui est derrière la machine.

Il en résultera évidemment des problèmes inédits liés à la sécurité et à la préservation de la vie privée. Comment évoluera la représentation que nous avons de ce qu’est notre intimité ? Et que deviendra notre désir de partage quand une machine se présentera à tout moment comme attentive, disponible et jamais fatiguée de nous écouter ? Comment accepterons-nous d’avoir des émotions non partagées quand des machines capables de simuler l’attention et la compréhension humaine rendront à tout moment possible ce partage ? Et même, pourrons-nous encore éprouver une émotion sans la partager ?

Les capacités d’autorégulation, qui permettent à l’être humain d’organiser ses choix, risquent d’être, elles aussi, fortement impactées par la révolution des machines parlantes. La machine « sujetisée », c’est-à-dire partiellement perçue comme un sujet parce qu’elle est dotée d’une subjectivité artificielle, peut rapidement acquérir des pouvoirs de suggestion. Google, Amazon, Facebook et Apple – les fameux GAFA – ne cachent d’ailleurs pas leur ambition de faire de leurs enceintes connectées un cheval de Troie capable non seulement de capturer nos données les plus intimes, mais aussi de nous faire accepter, à terme, d’autres technologies plus invasives encore, utilisant des avatars numériques, puis des robots physiques dotés de capacités « empathiques ».

 

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