Notre Dames des landes ou Roissy ? inteview député Bertrand Plancher- le ( Parisien)
N’est-il pas étrange de maintenir ce projet d’aéroport et de suspendre d’autres grands projets d’aménagement comme le Canal Seine-Nord ou les lignes LGV ?
- Il y a une vraie contradiction, oui. Le ministre des Transports dit que l’ancienne majorité a engagé trop de dossiers d’infrastructure et que la plupart des projets devront être abandonnés ou décalés. Soit. Mais pourquoi maintenir Notre-Dame-des-Landes ? Ou bien on continue tout, ou bien on arrête tout
(Bertrand Pancher, député UDI de la Meuse, est membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée nationale. Il est connu pour son engagement de longue date dans le domaine environnemental, ayant doté son Conseil général d’une charte départementale de l’environnement. Souhaitant renforcer la concertation avec l’ensemble des acteurs concernés par les dossiers sensibles de son département (Laboratoire de Bure sur le stockage des déchets nucléaires, création de zones d’épandage de crues…), a créé un Institut local du débat public animé par Dominique Bourg, philosophe proche de Nicolas Hulot. Il livre son analyse de la situation conflictuelle qui entoure le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.)
Comment réagissez-vous à la mobilisation grandissante contre Notre-Dame-des-Landes ?
- C’est un dossier très très ancien. Le projet date d’une quarantaine d’années, a été relancé au début des années 1990 et adopté en 2000. Dès le départ, il a fait l’objet d’oppositions. Dans ses conclusions, le rapport du large débat public mené en 2003 faisait déjà le double constat, à la fois d’un intérêt socio-économique incontestable, et d’une opposition forte autour des écologistes, des centristes et des agriculteurs. Or ce débat public remonte aujourd’hui à 10 ans et se fondait sur une étude commanditée par le ministère des Transports qui n’était pas neutre.
Pour s’en sortir aujourd’hui, on pourrait organiser sous l’égide du préfet une réunion de type gouvernance à cinq, avec des écologistes, des entreprises, des élus, l’administration et les syndicats. Dans ce cadre, on commander pourrait ne étude indépendante et pluraliste pour voir si le contexte est toujours le même qu’il y a 10 ans, et si l’intérêt est resté inchangé pour cet aéroport. C’est la seule solution que je vois pour apaiser cette affaire. Sant quoi l’administration va passer en force et cristalliser les oppositions.
Vous semblez dire qu’en 10 ans, les choses ont changé…
- Certains problèmes restent actuels, comme l’insécurité liée au survol de la Nantes par les avions ou l’intérêt pour les collectivités de récupérer des terrains qui seront libérés par la fermeture de l’aéroport existant, Nantes-Atlantique. Mais cet aéroport est-il aussi indispensable compte tenu des possibilités de Roissy ? A l’époque, on se disait qu’on avait besoin d’un aéroport complémentaire à Roissy, dont l’avenir semblait borné. Mais on parie aujourd’hui davantage sur son développement, rendu possible par les évolutions technologiques : on sait faire atterrir différemment les avions, et ceux du futur feront moins de bruit – Safran met actuellement au point un moteur de ce type. Autrement dit, Roissy n’est plus un aéroport saturé. De la même façon, il y a peut-être d’autres données globales à reconsidérer.
Pensez-vous que le projet puisse être abandonné ?
- Le processus semble relativement engagé. La question est de savoir s’il existe la volonté politique de se donner un peu plus de temps pour rediscuter. Il faudrait comprendre, au plus haut niveau de l’Etat, qu’on n’est pas à six mois près. Mais le dossier est rendu très sensible par la présence de l’ancien maire de Nantes à la fonction de Premier ministre. François Hollande ne peut désavouer Jean-Marc Ayrault. En même temps, ils sont quand même enquiquinés par leur majorité. Les écologistes ont digéré l’enterrement d’un grand ministère de l’Ecologie, les explorations off-shore en Guyane, la baisse du budget du ministère… Je ne sais pas jusqu’où ils peuvent aller vu leur faiblesse mais beaucoup d’écologistes se posent des questions.