Agriculture : la tyrannie des normes
La journaliste Isabelle Saporta qui a écrit plusieurs ouvrages sur la crise de l’agriculture dénonce les normes parfois kafkaïennes que rencontrent au quotidien les agriculteurs. (Interview le Figaro)
- Après le Livre noir de l’Agriculture, pourquoi sortez-vous maintenant Foutez-nous la Paix?
Au moment de la sortie du Livre noir, un éleveur laitier de Rambouillet, Jean-Baptiste Galloo, ancien syndicaliste de la FNSEA m’a dit, «c’est facile de taper sur les agriculteurs mais si tu savais à quoi nous sommes confrontés en permanence notamment en ce qui concerne les normes en tout genre, il y a de quoi devenir fou.» J’ai commencé mon tour de France chez cet agriculteur et ai commencé à comprendre ce qu’il voulait dire.
Pourquoi ce titre?
Au pays des 400 000 normes et à force d’enquiquiner les agriculteurs, ils se débrouillent tout seul en douce et disent aux technocrates qui ont pondu ces normes: au secours, Kafka revient, foutez-nous la paix!
Combien de temps avez-vous mis pour faire votre tour de France?
J’ai mis plus d’un an à faire mon enquête en voulant couvrir le maximum de régions, douze au total sur tout le territoire national y compris en Corse. J’ai choisi les fermes de façon arbitraire, cela s’est fait beaucoup grâce au bouche à oreilles. J’ai autofinancée ce travail d’investigation grâce aux ventes de mes livres, 70 000 exemplaires pour le Livre noir et 40 000 pour Le VinoBusiness. Je ne veux surtout pas dépendre de qui que ce soit pour mes enquêtes, je veux être totalement indépendante.
Quels sont les exemples de normes les plus délirants?
Ils sont tous un peu fou. Je me souviens de l’un d’entre eux où un éleveur de moutons de prés salés a dû choisir entre garder son âne ou enlever une dizaine de brebis du champ pour respecter la norme sur densité d’animaux dans les champs car un âne équivalait à 8 brebis. Pourtant il protégeait les agneaux des chiens errants et des renards. Autre exemple, il a fallu deux ans à un éleveur pour obtenir l’agrément de son abattoir high tech car lors du contrôle, il y avait trop de bottes dans le vestiaire, un clou dépassait du mur et le ventilateur était à une mauvaise place. Les scolaires pouvaient visiter sa ferme mais à la cantine du village ils ne pouvaient manger que du poulet brésilien faute d’agréments pour son abattoir. Je reçois encore beaucoup de témoignages. Je pourrais faire un tome 2 et un tome 3 de Foutez nous la paix. Vive l’agriculture, vive l’agro écologie. J’ai croisé des personnages formidables.
Comment expliquez-vous ces situations grotesques?
En France, rien ne part d’en bas, toutes les réglementations partent d’en haut sans concertation avec les intéressés. L’Etat ne leur fait pas confiance. Il faudrait organiser un grenelle de la bonne chère c’est-à-dire que l’on mette autour de la table, les grands chefs, les politiques, les agriculteurs et les représentants de la charcuterie, pour simplifier les normes. Mais attention pas celles sur l’emploie des pesticides mais sur le lait cru ou sur les questions de l’agriculture de proximité. Les personnes que j’ai vues étaient en grande partie syndiquées à la FNSEA. Ils ont quitté le syndicat majoritaire car ils ne comprenaient pourquoi ce dernier ne s’intéressait pas aussi à eux. Il peut défendre aussi cette agriculture alternative. Sans nos élevages, on aura plus nos paysages.
Comment expliquez-vous la crise actuelle?
Je crois que Xavier Beulin ne se rend pas compte de la fronde à l’intérieur de ses troupes qui ne sentent plus représentés par lui. Ou alors, il ne veut pas voir la situation en face. Ce qui m’angoisse vraiment c’est la détresse dans laquelle se trouve le monde paysan actuellement. Je suis catastrophé, on sent un désarroi qui est démentiel. Et à côté de cela on a un manque de vision politique pour un secteur qui est crucial pour la France.
Que pensez-vous de l’attitude de Stéphane Le Foll face à cette crise?
Il n’est pas la hauteur des enjeux. Par ailleurs sa réaction au lendemain de la visite nocturne surprise dominicale des agriculteurs m’a énormément choqué. Ils ne l’ont pas molesté, il a réagi comme si en face de lui, il avait à faire à des gueux. Il n’y a plus de pilote a bord.
Volkswagen ne sait pas comment répondre aux normes
Volkswagen ne sait pas comment répondre aux normes
Volkswagen est salement empêtrée dans son affaire de tricherie relative aux normes d’émission polluante. Du coup elle demande officiellement du temps pour résoudre un problème qu’elle ne sait pas par quel bout prendre. Certes elle promet d’éliminer le logiciel qui permet la tricherie ce qui ne constitue pas une difficulté technique majeure. Par contre Volkswagen ne s’est pas en ce moment comment résoudre la question du respect des normes notamment américaines. Il faudrait pour cela procéder à des opérations lourdes sur la motorisation ce qui implique de lourds investissements. Volkswagen mais aussi les autres constructeurs allemands ont toujours freiné des quatre fers au sein de l’Europe contre le durcissement des normes. Il n’est même pas certain aujourd’hui que ces véhicules puissent répondre aux exigences de la nouvelle norme euro six si on effectue des contrôles dans des conditions normales de circulation. A fortiori s’il s’agit d’énormes américaine plus contraignante. C’est pourquoi Volkswagen A présenté mercredi aux autorités allemandes ses premières propositions sur l’affaire de la fraude aux tests anti-pollution, tout en répétant qu’il faudrait du temps pour tourner la page de ce scandale sans précédent dans l’histoire du groupe. Près de trois semaines après la révélation de l’affaire par les autorités américaines, le premier constructeur européen est sommé d’identifier les responsables de la fraude, de dire comment il compte mettre ses voitures en conformité avec la loi et si le groupe a manipulé les tests en Europe comme aux Etats-Unis. « Des spéculations ou des informations trop vagues sur d’éventuelles avancées ne font l’affaire de personne », a déclaré Hans Dieter Pötsch, le nouveau président du conseil de surveillance du groupe, lors d’une conférence de presse après avoir été confirmé à son nouveau poste. »Il faudra donc du temps jusqu’à ce qu’on ait des résultats factuels et fiables qui nous permettent de vous apporter une information globale », a-t-il dit, refusant toute autre question. Hans Dieter Pötsch s’exprimait à l’issue d’une réunion extraordinaire des 20 membres du conseil au siège de Wolfsburg, destinée à discuter des résultats de l’enquête interne menée par le groupe, confronté à la plus grave crise de ses 78 années d’existence. Volkswagen a par ailleurs soumis mercredi à la KBA, l’autorité fédérale allemande du secteur automobile, un plan détaillé de modification des quelque 11 millions de véhicules concernés. Le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, a déclaré à la presse que selon ce rapport, les moteurs diesel Euro-5 de 2,0 litres, 1,6 l et 1,2 l devraient être modifiés. »Pour les moteurs 2,0 litres, VW dit qu’une solution logicielle sera prête cette année et qu’elle sera mise en œuvre à partir du début de l’an prochain », a-t-il précisé. »Pour les moteurs 1,6 litre, en plus du nouveau logiciel, des modifications du moteur seront nécessaires, ce qui, selon Volkswagen, ne sera pas prêt avant septembre 2016. »