Nombre de chômeurs : 3, 5 ou 8 millions ?
Il y a des catégories chez les chômeurs dénombrés, 3 millions c’est pour la catégorie A, mais il y aussi la catégorie, B et C, puis D et E et on pourrait prendre toutes les lettres de l’alphabet pour classer les autres non recensés officiellement comme chômeurs. Donc 3 millions sans aucun emploi, 5 millions avec ceux qui travaillent partiellement (chômeurs à temps partiel). Il faudrait aussi ajouter les bénéficiaires du RSA qui ne recherchent plus d’emploi. Il y a environ 2 millions de bénéficiaires du RSA dont sans doute la moitié au moins a renoncé à chercher du travail, il y a aussi ceux qui bénéficient de l’allocation adulte handicapé (environ 1 million) certains pourraient retravailler mais le marché du travail ne les incite pas. Il y a enfin ceux qui ont tout simplement décidé de ne pas s’inscrire épuisés par des démarches administratives inutiles à Pôle emploi, enfin ceux qu’on raye des liste sans raison pour une broutille de procédure (retard d’actualisation par exemple, non réponse à un courrier qui n’a pas été reçu etc.). En fait le total des chômeurs se situe entre 7 et 8 millions. Officiellement Pôle emploi a ainsi recensé fin mars 3,224 millions de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucune activité), contre 3,195 millions en 1997, date du précédent record. Le cap des trois millions, redouté comme la peste encore l’an dernier, est même franchi depuis septembre. Mais à y regarder de plus près, les chiffres sont encore bien plus impressionnants. Et pour cause : il n’y a pas que la catégorie A. Pour l’ensemble des demandeurs « tenus de faire des actes positifs de recherche » (catégories A+B+C), le nombre s’élève à 4,741 millions, soit une hausse de 34.400 en mars (+0,7% sur un mois et +9,8% sur un an). En incluant l’Outre-mer, le chiffre dépasse même le cap des 5 millions, avec 5,033 chômeurs, du jamais vu. Les catégories B et C ont déjà battu leur record d’affluence depuis janvier, avec (1,4 million) et atteignent à elles seules 1,5 million de chômeurs en mars. Leur proportion dans l’ensemble ABC a même quasiment doublé depuis 1996. Des chiffres vertigineux, auxquels il faut encore ajouter 607.000 inscrits à Pôle emploi « non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi », les catégories D et E. Le nombre d’inscrits dans la première a, lui, toutefois diminué de 1,6% et celui dans la seconde de 0,3%.Ces demandeurs sont toujours tenus de rechercher activement du travail, sous peine d’être radiés. Mais à l’inverse de ceux de la catégorie A, ils exercent une activité partielle. Sont ainsi chômeurs de catégorie B ceux qui travaillent 78 heures par mois ou moins, les autres basculant dans la C. En dessous de 110 heures d’activité mensuelle, ces chômeurs peuvent par ailleurs cumuler leur revenu d’activité avec une allocation chômage. « Ces catégories ne sont pas totalement exclues, mais ne parviennent pas à s’insérer durablement dans l’emploi. Ce phénomène permet d’avoir des chiffres du chômage plus bas. En même temps, il est injuste, car révèlent que des personnes restent protégées (les CDI) tandis que d’autres absorbent le risque conjoncturel », décryptait, en janvier dernier, Mario Cochard, économiste à l’OFCE, interrogé par Libération. Le ministère du Travail ne dispose pas de statistiques précises sur le type d’activités exercé par ces chômeurs. Mais la DARES, l’organe statistique du ministère, cite tout de même approximativement, dans une étude publiée en janvier dernier, les aides à domicile, les employés de maison, les métiers de la culture, les surveillants, les agents d’entretien ou encore les intermittents du spectacle et les intérimaires, notamment dans le BTP. « Fin 2011, les demandeurs d’emploi en activité réduite ont un niveau d’étude globalement plus élevé que les autres demandeurs d’emploi et sont également un peu plus qualifiés. Il s’agit plus souvent de femmes, de personnes d’âge médian, vivant en couple avec des enfants à charge », révélait également cette étude. Il s’agit des inscrits à Pôle emploi qui ne sont donc pas obligés de rechercher activement du travail. Ceux de la catégorie D sont sans emploi, mais sont dispensés de recherche parce qu’ils ont trouvé un stage, une formation ou encore bénéficient d’un contrat de sécurisation professionnel (ils ont droit, après un licenciement économique, à un suivi personnalisé par Pôle emploi, voire à une allocation selon l’ancienneté dans l’entreprise). Les inscrits en catégorie E sont toujours à Pôle emploi et demandent toujours du travail, mais ils ne sont pas sans emploi. Il s’agit, notamment, des contrats aidés ou des créateurs d’entreprise.