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Environnement-Coût des catastrophes naturelles : 250 milliards par an

Environnement-Coût des catastrophes naturelles : 250 milliards par an

Depuis cinq ans, le coût des catastrophes naturelles s’élève à 250 milliards de dollars chaque année, selon les données du premier réassureur mondial, Munich Re. La facture s’élève à 230 milliards de dollars par an sur dix ans (ajustée de l’inflation) et à 180 milliards sur trente ans.

Sur les cinq dernières années, les catastrophes naturelles représentent une charge pour le secteur de l’assurance et de la réassurance de 105 milliards de dollars par an, soit presque que deux fois plus que la moyenne observée ces trente dernières années (57 milliards de dollars).

Des catastrophes particulièrement coûteuses en vies humaines, avec 74.000 décès, un plus haut depuis dix ans, contre 40.000 morts relevés en moyenne par an depuis 1993.

De nombreuses recherches scientifiques suggèrent que le changement climatique favorise les phénomènes météorologiques violents, avec de fortes chutes de grêle ou de pluies.

« Le réchauffement climatique s’accélère et exacerbe les événements extrêmes dans de nombreuses régions, ce qui conduit à des pertes potentielles plus importantes », déduit ainsi Ernst Rauch, chef scientifique chez Munich Re.

L’enchaînement est connu : plus de chaleur, plus d’évaporation, plus de tempêtes. Et les tempêtes en Europe et en Amérique du Nord ont été plus destructrices que jamais, appuie Munich Re, avec des dégâts globaux de 76 milliards de dollars, couverts à hauteur de 75 % par les assurances (58 milliards), un bilan sans précédent dans ces deux régions.

Cette hausse continue des sinistres se traduit par une flambée des tarifs de réassurance, mais aussi par une hausse des franchises ou des exclusions. Résultat, les assureurs sont contraints, soit de prendre en charge une part plus importante du risque, soit de ne plus assurer les biens, comme cela commence à se voir aux Etats-Unis.

En France, sans même attendre les conclusions de la mission Langreney sur l’assurabilité du risque climatique, attendues en fin de mois, le gouvernement a finalement accepté de relever la surprime sur les contrats d’assurance habitation, automobile et professionnelle pour financer le régime public privé Cat’Nat’ à partir du 1er janvier 2025.

Une, certitude : la facture des catastrophes naturelles va s’alourdir dans les prochaines années.

Coût des catastrophes naturelles : 250 milliards par an

Coût des catastrophes naturelles : 250 milliards par an

Depuis cinq ans, le coût des catastrophes naturelles s’élève à 250 milliards de dollars chaque année, selon les données du premier réassureur mondial, Munich Re. La facture s’élève à 230 milliards de dollars par an sur dix ans (ajustée de l’inflation) et à 180 milliards sur trente ans.

Sur les cinq dernières années, les catastrophes naturelles représentent une charge pour le secteur de l’assurance et de la réassurance de 105 milliards de dollars par an, soit presque que deux fois plus que la moyenne observée ces trente dernières années (57 milliards de dollars).

Des catastrophes particulièrement coûteuses en vies humaines, avec 74.000 décès, un plus haut depuis dix ans, contre 40.000 morts relevés en moyenne par an depuis 1993.

De nombreuses recherches scientifiques suggèrent que le changement climatique favorise les phénomènes météorologiques violents, avec de fortes chutes de grêle ou de pluies.

« Le réchauffement climatique s’accélère et exacerbe les événements extrêmes dans de nombreuses régions, ce qui conduit à des pertes potentielles plus importantes », déduit ainsi Ernst Rauch, chef scientifique chez Munich Re.

L’enchaînement est connu : plus de chaleur, plus d’évaporation, plus de tempêtes. Et les tempêtes en Europe et en Amérique du Nord ont été plus destructrices que jamais, appuie Munich Re, avec des dégâts globaux de 76 milliards de dollars, couverts à hauteur de 75 % par les assurances (58 milliards), un bilan sans précédent dans ces deux régions.

Cette hausse continue des sinistres se traduit par une flambée des tarifs de réassurance, mais aussi par une hausse des franchises ou des exclusions. Résultat, les assureurs sont contraints, soit de prendre en charge une part plus importante du risque, soit de ne plus assurer les biens, comme cela commence à se voir aux Etats-Unis.

En France, sans même attendre les conclusions de la mission Langreney sur l’assurabilité du risque climatique, attendues en fin de mois, le gouvernement a finalement accepté de relever la surprime sur les contrats d’assurance habitation, automobile et professionnelle pour financer le régime public privé Cat’Nat’ à partir du 1er janvier 2025.

Une, certitude : la facture des catastrophes naturelles va s’alourdir dans les prochaines années.

Environnement et catastrophes naturelles : Un coût de 250 milliards par an

Environnement et catastrophes naturelles : Un coût de 250 milliards par an

Depuis cinq ans, le coût des catastrophes naturelles s’élève à 250 milliards de dollars chaque année, selon les données du premier réassureur mondial, Munich Re. La facture s’élève à 230 milliards de dollars par an sur dix ans (ajustée de l’inflation) et à 180 milliards sur trente ans.

Sur les cinq dernières années, les catastrophes naturelles représentent une charge pour le secteur de l’assurance et de la réassurance de 105 milliards de dollars par an, soit presque que deux fois plus que la moyenne observée ces trente dernières années (57 milliards de dollars).

Des catastrophes particulièrement coûteuses en vies humaines, avec 74.000 décès, un plus haut depuis dix ans, contre 40.000 morts relevés en moyenne par an depuis 1993.

De nombreuses recherches scientifiques suggèrent que le changement climatique favorise les phénomènes météorologiques violents, avec de fortes chutes de grêle ou de pluies.

« Le réchauffement climatique s’accélère et exacerbe les événements extrêmes dans de nombreuses régions, ce qui conduit à des pertes potentielles plus importantes », déduit ainsi Ernst Rauch, chef scientifique chez Munich Re.

L’enchaînement est connu : plus de chaleur, plus d’évaporation, plus de tempêtes. Et les tempêtes en Europe et en Amérique du Nord ont été plus destructrices que jamais, appuie Munich Re, avec des dégâts globaux de 76 milliards de dollars, couverts à hauteur de 75 % par les assurances (58 milliards), un bilan sans précédent dans ces deux régions.

Cette hausse continue des sinistres se traduit par une flambée des tarifs de réassurance, mais aussi par une hausse des franchises ou des exclusions. Résultat, les assureurs sont contraints, soit de prendre en charge une part plus importante du risque, soit de ne plus assurer les biens, comme cela commence à se voir aux Etats-Unis.

En France, sans même attendre les conclusions de la mission Langreney sur l’assurabilité du risque climatique, attendues en fin de mois, le gouvernement a finalement accepté de relever la surprime sur les contrats d’assurance habitation, automobile et professionnelle pour financer le régime public privé Cat’Nat’ à partir du 1er janvier 2025.

Une, certitude : la facture des catastrophes naturelles va s’alourdir dans les prochaines années.

Catastrophes naturelles : Un coût de 250 milliards par an

Catastrophes naturelles : Un coût de 250 milliards par an

Depuis cinq ans, le coût des catastrophes naturelles s’élève à 250 milliards de dollars chaque année, selon les données du premier réassureur mondial, Munich Re. La facture s’élève à 230 milliards de dollars par an sur dix ans (ajustée de l’inflation) et à 180 milliards sur trente ans.

Sur les cinq dernières années, les catastrophes naturelles représentent une charge pour le secteur de l’assurance et de la réassurance de 105 milliards de dollars par an, soit presque que deux fois plus que la moyenne observée ces trente dernières années (57 milliards de dollars).

Des catastrophes particulièrement coûteuses en vies humaines, avec 74.000 décès, un plus haut depuis dix ans, contre 40.000 morts relevés en moyenne par an depuis 1993.

De nombreuses recherches scientifiques suggèrent que le changement climatique favorise les phénomènes météorologiques violents, avec de fortes chutes de grêle ou de pluies.

« Le réchauffement climatique s’accélère et exacerbe les événements extrêmes dans de nombreuses régions, ce qui conduit à des pertes potentielles plus importantes », déduit ainsi Ernst Rauch, chef scientifique chez Munich Re.

L’enchaînement est connu : plus de chaleur, plus d’évaporation, plus de tempêtes. Et les tempêtes en Europe et en Amérique du Nord ont été plus destructrices que jamais, appuie Munich Re, avec des dégâts globaux de 76 milliards de dollars, couverts à hauteur de 75 % par les assurances (58 milliards), un bilan sans précédent dans ces deux régions.

Cette hausse continue des sinistres se traduit par une flambée des tarifs de réassurance, mais aussi par une hausse des franchises ou des exclusions. Résultat, les assureurs sont contraints, soit de prendre en charge une part plus importante du risque, soit de ne plus assurer les biens, comme cela commence à se voir aux Etats-Unis.

En France, sans même attendre les conclusions de la mission Langreney sur l’assurabilité du risque climatique, attendues en fin de mois, le gouvernement a finalement accepté de relever la surprime sur les contrats d’assurance habitation, automobile et professionnelle pour financer le régime public privé Cat’Nat’ à partir du 1er janvier 2025.

Une, certitude : la facture des catastrophes naturelles va s’alourdir dans les prochaines années.

Environnement–Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Environnement–Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Par
Bruno Villalba
Professeur de science politique environnementale, AgroParisTech – Université Paris-Saclay dans the Conversation

La sobriété interroge notre rapport à la matérialité. Elle est souvent conçue comme la masse et la composition physico-chimique des choses extraites, produites et échangées ou des investissements réalisés qui s’oppose à leurs valeurs.Mais une telle approche minimise le stock disponible, c’est-à-dire la quantité physiquement existante pour permettre que ces dynamiques de flux et d’échange puissent se mettre en place et se développer. Concevoir une matérialité dans une vision évolutive (comme l’extension du contrôle efficace des échanges) revient à maintenir une certaine vision de l’abondance de la ressource – ou tout au moins de l’extension de ses potentialités d’exploitation. Or, nous assistons plutôt à une raréfaction programmée de cette matérialité. Cette programmation résulte du prolongement des politiques de développement qui, inévitablement, conduiront à l’assèchement des ressources.

De nombreuses analyses mettant en évidence ce paradoxe ont déjà été réalisées. Une abondante littérature porte sur la disparition programmée des ressources fossiles et de ses conséquences catastrophiques sur nos « sociétés carbones ». Nous souhaitons insister sur le déploiement de mécanismes plus invisibles encore, qui rend plus compliqué le fait de saisir la relation de dépendance qui nous relie à eux, et montrer combien le « pic » concerne la quasi-totalité des matières avec lesquelles nous entretenons un rapport d’extraction.

Découvrez Ici la Terre, notre newsletter Environnement
En 1863, le chimiste Dmitri Mendeleev a classé 63 éléments chimiques naturels, connus à l’époque, qui composent tout ce qui nous entoure, et a publié, en 1869, le fameux « tableau périodique ». Depuis la classification s’est étoffée et il y a maintenant 118 éléments répertoriés, dont 90 sont présents dans la nature. Les autres sont pour la plupart des éléments super lourds qui ont été créés dans les laboratoires au cours des dernières décennies par des réactions nucléaires et qui se désintègrent rapidement en un ou plusieurs des éléments naturels.

En 1976, le chimiste américain William Sheehan offre une nouvelle vision de ce tableau. Il représente chaque élément en fonction de son abondance ou de sa rareté, ce qui permet d’échapper à la présentation traditionnelle, où chacun d’entre eux est soigneusement rangé dans des petits carrés équivalents18.

On peut ainsi voir l’abondance de l’hydrogène (H), du carbone (C), de l’oxygène (O), d’une moindre profusion du phosphore (P) ou du calcium (Ca), et d’une très faible présence du lithium (Li) ou de l’argon (Ar), ou bien plus encore, de l’extrême pénurie du prométhium (Pm). Avec cette figuration, il souhaite signifier les possibilités d’exploitation de ces éléments, en fonction de leur profusion naturelle ou de leur création artificielle. Ce croquis, repris puis diffusé sur les réseaux numériques, connaît une amélioration graphique ; ainsi, le tableau a été codé par couleur pour indiquer la vulnérabilité plus ou moins grande des éléments.

Ce qui est ainsi mis en scène, c’est l’extension de la pression sur certains éléments non renouvelables. Bien sûr, cette présentation synthétique a fait l’objet de certaines critiques, dont l’une qui fait état de l’absence de connaissances globales sur l’état des ressources qui empêcheraient de mesurer avec précision le degré de disparition. Mais, elles ne remettent pas en cause l’inégale pression sur les ressources, ni l’intensification des tensions.

The European Chemical Society (EuChemS) s’inspire de ce travail et publie, en 2021, une nouvelle version de son « Element Scarcity – EuChemS Periodic Table ». Dans la plupart des cas, les éléments n’ont pas disparu. Mais, au fur et à mesure que nous les utilisons, ils se dispersent et sont beaucoup plus difficiles à récupérer. La dispersion rendra certains éléments beaucoup moins facilement disponibles dans cent ans ou moins – c’est le cas pour l’hélium (He), l’argent (Ag), le tellure (Te), le gallium (Ga), le germanium (Ge), le strontium (Sr), l’yttrium (Y), le zinc (Zn), l’indium (In), l’arsenic (As), l’hafnium (Hf) et le tantale (Ta). L’hélium est utilisé pour refroidir les aimants des scanners IRM et pour diluer l’oxygène pour la plongée sous-marine. 26 éléments du tableau de Mendeleïev, tels que l’or, le cuivre, le platine, l’uranium, le zinc ou le phosphore seraient en voie d’épuisement. 6 autres ont une durée de vie utile prévue est inférieure à cent ans. Sur les 90 éléments, 31 portent un symbole de smartphone – reflétant le fait qu’ils sont tous contenus dans ces appareils.

The European Chemical Society attire aussi notre attention sur une autre dimension, que les auteurs qualifient de « provenant des ressources du conflit ». Par exemple, le carbone, en particulier le pétrole, peut provenir d’endroits où des guerres sont menées pour les champs pétrolifères ou où les revenus pétroliers sont utilisés pour mener des guerres. Nous sommes donc face à un stock limité d’éléments constitutifs. De plus, même les agencements que nous pouvons réaliser entre eux sont limités : dès lors que l’un des éléments vient à manquer, ils ne sont pas toujours substituables.

À partir de ce simple constat matériel, on voit combien le dépassement technologique est rendu illusoire à cause de la disparition progressive des ressources non renouvelables. Leur rareté devrait conduire à une modération dans leur usage. On retrouve ainsi le « stock de sable » : une quantité limitée, des possibilités d’innovations limitées en raison de la disparition programmée de certains éléments, ainsi que des combinaisons limitées… Et il faudra encore que les générations futures gèrent durablement ces pénuries.

Malgré cet état de fait, la transition écologique, notamment dans son volet énergétique, continue à promouvoir le développement de technologies vertes nécessitant l’utilisation intensive de ces ressources limitées. Il faut, quoi qu’il en coûte, maintenir la croissance, désormais flanquée du qualificatif « verte ». Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), cette croissance consiste « à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être. Pour ce faire, elle doit catalyser l’investissement et l’innovation qui étaieront une croissance durable et créeront de nouvelles opportunités économiques ».

Cette définition met clairement en lumière l’objectif que les démocraties occidentales et les autocraties cherchent aujourd’hui à atteindre : poursuivre l’amplification économique, mais en s’appuyant sur le progrès technique pour tenter d’atténuer les impacts sur l’environnement.

Cependant cet artefact des économistes classiques et néo-classiques, qui suppose de considérer le système économique comme une machine à mouvement perpétuel, se heurte aux limites matérielles bien réelles du monde naturel. En effet, les réserves de métaux rares sont relativement peu abondantes, comparées au rythme de consommation effréné de notre siècle. Elle croît à un rythme de 3 à 5 % par an. À titre indicatif, à l’horizon 2030, la demande de germanium, utilisé pour la fabrication de cellules photovoltaïques, va doubler ; celle de tantale, utilisé comme conducteur de la chaleur et de l’électricité ou pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et d’implants, va quadrupler ; celle de cobalt, utilisé pour la fabrication des aimants ou des voitures hybrides, va être multipliée par 24. Ces métaux les moins abondants (lithium, béryllium, cobalt…) sont devenus essentiels à la production d’aimants, de moteurs, de batteries, incorporés à l’électronique… Autant de ressources qui sont indispensables au développement des « énergies vertes ». Les terres rares – une trentaine d’éléments chimiques – sont aussi concernées par cette intensification de leur exploitation, au nom des énergies renouvelables.

L’extractivisme est général ! La déplétion est progressive mais permanente. La quantité de matière première extraite de la Terre est passée de 22 milliards de tonnes en 1970 à 70 milliards de tonnes en 2010. Au cours des années 2000-2010, à l’échelle du globe, entre 47 et 49 milliards de tonnes de matériaux ont été extraits chaque année, soit 18 kg en moyenne par jour et par personne.

Au rythme actuel d’extraction, nombreux sont ceux qui risquent d’être épuisés dans une cinquantaine d’années. Il est estimé que, pour satisfaire la demande – en termes de logements, mobilité, nourriture, énergie, eau, etc. – des futurs 10 milliards d’habitants de notre planète, 180 milliards de tonnes de matières premières, soit trois fois la quantité de ressources actuelles, seront nécessaires à l’horizon 2050. L’océan profond devient ainsi un nouvel espace de jeu de l’extractivisme. On envisage tranquillement d’aller exploiter la Lune et Mars… : la poubellocène deviendra spatiale !

Il va sans dire que les impacts négatifs iront de pair. Tout d’abord, ces exploitations répondent à la loi des pics d’extraction : on doit creuser plus profond, pour des taux de concentration plus diffus… Ce qui entraîne inévitablement une logique d’épuisement et une l’augmentation des coûts énergétiques croissants de leur extraction.

Ensuite, ces politiques ont des effets sociaux importants, comme l’augmen – tation des prix de l’énergie en raison de ces contractions de quantité, mais aussi de la spéculation financière qu’elles produiront. De plus, il faut aussi prendre en compte les effets rebonds sur les grands enjeux écologiques : pour extraire toujours plus de matière, on aura besoin de toujours plus de ressources (en pétrole, en eau, etc.), ce qui accentuera les émissions de gaz à effet de serre et participera à la continuité (voir l’amplification) des effets de rétroaction du dérèglement climatique (acidification des océans, érosion de la biodiver- sité…), mais aura aussi des conséquences sur les milieux de vie, sur les pollution et eutrophisation des sols et des nappes d’eau douce, la déforestation massive…

Enfin, cette course à la ressource participera à l’accroissement des violences et des conflits locaux pour protéger la richesse générée par ces exploitations. La diminution des volumes disponibles (à bas coûts) entraîne une augmentation des prix, ce qui rend l’accès plus difficile pour certains pays ne disposant pas de ressources financières importantes.

Si l’on souhaite bâtir des politiques de souveraineté énergétique à l’échelle de chaque pays, la compétition va être rude pour sécuriser l’accès à ces ressources. La concentration de ces terres dans quelques pays représente une source de tensions géopolitiques de premier plan. Par exemple, la Chine dispose aujourd’hui de 80 % à 90 % de la production mondiale de 17 matériaux, indispensables à la fabrication de nombreux équipements électroniques, alors même qu’elle ne possède qu’un tiers des réserves. Comment réagir face à la contraction des échanges si la Chine décide de conserver ces ressources ? Les stocks de ressources deviennent de plus en plus des enjeux stratégiques, comme l’a montré la guerre en Ukraine. Les États développent des stratégies de sécurisation de leurs approvisionnements afin de maintenir ce flux de métaux indispensables au fonctionnement de leur économie. Comment garantir l’approvisionnement en métaux dits « critiques », selon la terminologie de l’International Energy Agency ? La question est posée, la réponse est plus sibylline, notamment lorsqu’elle tend à édulcorer son rapport à la violence (assurer la ressource et ainsi renforcer sa souveraineté) ainsi que les conséquences d’un redéploiement local de l’approvisionnement (réduire sa dépendance, c’est relancer l’exploitation des mines sur son sol, ce qui n’est pas sans rencontrer de vives oppositions).

Mais face à cette réalité, on continue à invoquer le mythe d’une innovation capable de limiter les effets rebonds et d’élaborer des compensations réparatrices… Cette politique extractiviste mobilise de plus en plus de compétences et d’ingéniosités, de financements et de complexités dans les chaînes d’approvisionnement – ce qui contribue d’autant plus à la fiction de l’ingéniosité humaine sans limite, comme en témoigne le récit des énergies « vertes ».

Écologie–Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Écologie–Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Par
Bruno Villalba
Professeur de science politique environnementale, AgroParisTech – Université Paris-Saclay dans the Conversation

La sobriété interroge notre rapport à la matérialité. Elle est souvent conçue comme la masse et la composition physico-chimique des choses extraites, produites et échangées ou des investissements réalisés qui s’oppose à leurs valeurs.Mais une telle approche minimise le stock disponible, c’est-à-dire la quantité physiquement existante pour permettre que ces dynamiques de flux et d’échange puissent se mettre en place et se développer. Concevoir une matérialité dans une vision évolutive (comme l’extension du contrôle efficace des échanges) revient à maintenir une certaine vision de l’abondance de la ressource – ou tout au moins de l’extension de ses potentialités d’exploitation. Or, nous assistons plutôt à une raréfaction programmée de cette matérialité. Cette programmation résulte du prolongement des politiques de développement qui, inévitablement, conduiront à l’assèchement des ressources.

De nombreuses analyses mettant en évidence ce paradoxe ont déjà été réalisées. Une abondante littérature porte sur la disparition programmée des ressources fossiles et de ses conséquences catastrophiques sur nos « sociétés carbones ». Nous souhaitons insister sur le déploiement de mécanismes plus invisibles encore, qui rend plus compliqué le fait de saisir la relation de dépendance qui nous relie à eux, et montrer combien le « pic » concerne la quasi-totalité des matières avec lesquelles nous entretenons un rapport d’extraction.

Découvrez Ici la Terre, notre newsletter Environnement
En 1863, le chimiste Dmitri Mendeleev a classé 63 éléments chimiques naturels, connus à l’époque, qui composent tout ce qui nous entoure, et a publié, en 1869, le fameux « tableau périodique ». Depuis la classification s’est étoffée et il y a maintenant 118 éléments répertoriés, dont 90 sont présents dans la nature. Les autres sont pour la plupart des éléments super lourds qui ont été créés dans les laboratoires au cours des dernières décennies par des réactions nucléaires et qui se désintègrent rapidement en un ou plusieurs des éléments naturels.

En 1976, le chimiste américain William Sheehan offre une nouvelle vision de ce tableau. Il représente chaque élément en fonction de son abondance ou de sa rareté, ce qui permet d’échapper à la présentation traditionnelle, où chacun d’entre eux est soigneusement rangé dans des petits carrés équivalents18.

On peut ainsi voir l’abondance de l’hydrogène (H), du carbone (C), de l’oxygène (O), d’une moindre profusion du phosphore (P) ou du calcium (Ca), et d’une très faible présence du lithium (Li) ou de l’argon (Ar), ou bien plus encore, de l’extrême pénurie du prométhium (Pm). Avec cette figuration, il souhaite signifier les possibilités d’exploitation de ces éléments, en fonction de leur profusion naturelle ou de leur création artificielle. Ce croquis, repris puis diffusé sur les réseaux numériques, connaît une amélioration graphique ; ainsi, le tableau a été codé par couleur pour indiquer la vulnérabilité plus ou moins grande des éléments.

Ce qui est ainsi mis en scène, c’est l’extension de la pression sur certains éléments non renouvelables. Bien sûr, cette présentation synthétique a fait l’objet de certaines critiques, dont l’une qui fait état de l’absence de connaissances globales sur l’état des ressources qui empêcheraient de mesurer avec précision le degré de disparition. Mais, elles ne remettent pas en cause l’inégale pression sur les ressources, ni l’intensification des tensions.

The European Chemical Society (EuChemS) s’inspire de ce travail et publie, en 2021, une nouvelle version de son « Element Scarcity – EuChemS Periodic Table ». Dans la plupart des cas, les éléments n’ont pas disparu. Mais, au fur et à mesure que nous les utilisons, ils se dispersent et sont beaucoup plus difficiles à récupérer. La dispersion rendra certains éléments beaucoup moins facilement disponibles dans cent ans ou moins – c’est le cas pour l’hélium (He), l’argent (Ag), le tellure (Te), le gallium (Ga), le germanium (Ge), le strontium (Sr), l’yttrium (Y), le zinc (Zn), l’indium (In), l’arsenic (As), l’hafnium (Hf) et le tantale (Ta). L’hélium est utilisé pour refroidir les aimants des scanners IRM et pour diluer l’oxygène pour la plongée sous-marine. 26 éléments du tableau de Mendeleïev, tels que l’or, le cuivre, le platine, l’uranium, le zinc ou le phosphore seraient en voie d’épuisement. 6 autres ont une durée de vie utile prévue est inférieure à cent ans. Sur les 90 éléments, 31 portent un symbole de smartphone – reflétant le fait qu’ils sont tous contenus dans ces appareils.

The European Chemical Society attire aussi notre attention sur une autre dimension, que les auteurs qualifient de « provenant des ressources du conflit ». Par exemple, le carbone, en particulier le pétrole, peut provenir d’endroits où des guerres sont menées pour les champs pétrolifères ou où les revenus pétroliers sont utilisés pour mener des guerres. Nous sommes donc face à un stock limité d’éléments constitutifs. De plus, même les agencements que nous pouvons réaliser entre eux sont limités : dès lors que l’un des éléments vient à manquer, ils ne sont pas toujours substituables.

À partir de ce simple constat matériel, on voit combien le dépassement technologique est rendu illusoire à cause de la disparition progressive des ressources non renouvelables. Leur rareté devrait conduire à une modération dans leur usage. On retrouve ainsi le « stock de sable » : une quantité limitée, des possibilités d’innovations limitées en raison de la disparition programmée de certains éléments, ainsi que des combinaisons limitées… Et il faudra encore que les générations futures gèrent durablement ces pénuries.

Malgré cet état de fait, la transition écologique, notamment dans son volet énergétique, continue à promouvoir le développement de technologies vertes nécessitant l’utilisation intensive de ces ressources limitées. Il faut, quoi qu’il en coûte, maintenir la croissance, désormais flanquée du qualificatif « verte ». Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), cette croissance consiste « à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être. Pour ce faire, elle doit catalyser l’investissement et l’innovation qui étaieront une croissance durable et créeront de nouvelles opportunités économiques ».

Cette définition met clairement en lumière l’objectif que les démocraties occidentales et les autocraties cherchent aujourd’hui à atteindre : poursuivre l’amplification économique, mais en s’appuyant sur le progrès technique pour tenter d’atténuer les impacts sur l’environnement.

Cependant cet artefact des économistes classiques et néo-classiques, qui suppose de considérer le système économique comme une machine à mouvement perpétuel, se heurte aux limites matérielles bien réelles du monde naturel. En effet, les réserves de métaux rares sont relativement peu abondantes, comparées au rythme de consommation effréné de notre siècle. Elle croît à un rythme de 3 à 5 % par an. À titre indicatif, à l’horizon 2030, la demande de germanium, utilisé pour la fabrication de cellules photovoltaïques, va doubler ; celle de tantale, utilisé comme conducteur de la chaleur et de l’électricité ou pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et d’implants, va quadrupler ; celle de cobalt, utilisé pour la fabrication des aimants ou des voitures hybrides, va être multipliée par 24. Ces métaux les moins abondants (lithium, béryllium, cobalt…) sont devenus essentiels à la production d’aimants, de moteurs, de batteries, incorporés à l’électronique… Autant de ressources qui sont indispensables au développement des « énergies vertes ». Les terres rares – une trentaine d’éléments chimiques – sont aussi concernées par cette intensification de leur exploitation, au nom des énergies renouvelables.

L’extractivisme est général ! La déplétion est progressive mais permanente. La quantité de matière première extraite de la Terre est passée de 22 milliards de tonnes en 1970 à 70 milliards de tonnes en 2010. Au cours des années 2000-2010, à l’échelle du globe, entre 47 et 49 milliards de tonnes de matériaux ont été extraits chaque année, soit 18 kg en moyenne par jour et par personne.

Au rythme actuel d’extraction, nombreux sont ceux qui risquent d’être épuisés dans une cinquantaine d’années. Il est estimé que, pour satisfaire la demande – en termes de logements, mobilité, nourriture, énergie, eau, etc. – des futurs 10 milliards d’habitants de notre planète, 180 milliards de tonnes de matières premières, soit trois fois la quantité de ressources actuelles, seront nécessaires à l’horizon 2050. L’océan profond devient ainsi un nouvel espace de jeu de l’extractivisme. On envisage tranquillement d’aller exploiter la Lune et Mars… : la poubellocène deviendra spatiale !

Il va sans dire que les impacts négatifs iront de pair. Tout d’abord, ces exploitations répondent à la loi des pics d’extraction : on doit creuser plus profond, pour des taux de concentration plus diffus… Ce qui entraîne inévitablement une logique d’épuisement et une l’augmentation des coûts énergétiques croissants de leur extraction.

Ensuite, ces politiques ont des effets sociaux importants, comme l’augmen – tation des prix de l’énergie en raison de ces contractions de quantité, mais aussi de la spéculation financière qu’elles produiront. De plus, il faut aussi prendre en compte les effets rebonds sur les grands enjeux écologiques : pour extraire toujours plus de matière, on aura besoin de toujours plus de ressources (en pétrole, en eau, etc.), ce qui accentuera les émissions de gaz à effet de serre et participera à la continuité (voir l’amplification) des effets de rétroaction du dérèglement climatique (acidification des océans, érosion de la biodiver- sité…), mais aura aussi des conséquences sur les milieux de vie, sur les pollution et eutrophisation des sols et des nappes d’eau douce, la déforestation massive…

Enfin, cette course à la ressource participera à l’accroissement des violences et des conflits locaux pour protéger la richesse générée par ces exploitations. La diminution des volumes disponibles (à bas coûts) entraîne une augmentation des prix, ce qui rend l’accès plus difficile pour certains pays ne disposant pas de ressources financières importantes.

Si l’on souhaite bâtir des politiques de souveraineté énergétique à l’échelle de chaque pays, la compétition va être rude pour sécuriser l’accès à ces ressources. La concentration de ces terres dans quelques pays représente une source de tensions géopolitiques de premier plan. Par exemple, la Chine dispose aujourd’hui de 80 % à 90 % de la production mondiale de 17 matériaux, indispensables à la fabrication de nombreux équipements électroniques, alors même qu’elle ne possède qu’un tiers des réserves. Comment réagir face à la contraction des échanges si la Chine décide de conserver ces ressources ? Les stocks de ressources deviennent de plus en plus des enjeux stratégiques, comme l’a montré la guerre en Ukraine. Les États développent des stratégies de sécurisation de leurs approvisionnements afin de maintenir ce flux de métaux indispensables au fonctionnement de leur économie. Comment garantir l’approvisionnement en métaux dits « critiques », selon la terminologie de l’International Energy Agency ? La question est posée, la réponse est plus sibylline, notamment lorsqu’elle tend à édulcorer son rapport à la violence (assurer la ressource et ainsi renforcer sa souveraineté) ainsi que les conséquences d’un redéploiement local de l’approvisionnement (réduire sa dépendance, c’est relancer l’exploitation des mines sur son sol, ce qui n’est pas sans rencontrer de vives oppositions).

Mais face à cette réalité, on continue à invoquer le mythe d’une innovation capable de limiter les effets rebonds et d’élaborer des compensations réparatrices… Cette politique extractiviste mobilise de plus en plus de compétences et d’ingéniosités, de financements et de complexités dans les chaînes d’approvisionnement – ce qui contribue d’autant plus à la fiction de l’ingéniosité humaine sans limite, comme en témoigne le récit des énergies « vertes ».

Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Sobriété : Le gâchis des ressources naturelles

Par
Bruno Villalba
Professeur de science politique environnementale, AgroParisTech – Université Paris-Saclay dans the Conversation

La sobriété interroge notre rapport à la matérialité. Elle est souvent conçue comme la masse et la composition physico-chimique des choses extraites, produites et échangées ou des investissements réalisés qui s’oppose à leurs valeurs.Mais une telle approche minimise le stock disponible, c’est-à-dire la quantité physiquement existante pour permettre que ces dynamiques de flux et d’échange puissent se mettre en place et se développer. Concevoir une matérialité dans une vision évolutive (comme l’extension du contrôle efficace des échanges) revient à maintenir une certaine vision de l’abondance de la ressource – ou tout au moins de l’extension de ses potentialités d’exploitation. Or, nous assistons plutôt à une raréfaction programmée de cette matérialité. Cette programmation résulte du prolongement des politiques de développement qui, inévitablement, conduiront à l’assèchement des ressources.

De nombreuses analyses mettant en évidence ce paradoxe ont déjà été réalisées. Une abondante littérature porte sur la disparition programmée des ressources fossiles et de ses conséquences catastrophiques sur nos « sociétés carbones ». Nous souhaitons insister sur le déploiement de mécanismes plus invisibles encore, qui rend plus compliqué le fait de saisir la relation de dépendance qui nous relie à eux, et montrer combien le « pic » concerne la quasi-totalité des matières avec lesquelles nous entretenons un rapport d’extraction.

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En 1863, le chimiste Dmitri Mendeleev a classé 63 éléments chimiques naturels, connus à l’époque, qui composent tout ce qui nous entoure, et a publié, en 1869, le fameux « tableau périodique ». Depuis la classification s’est étoffée et il y a maintenant 118 éléments répertoriés, dont 90 sont présents dans la nature. Les autres sont pour la plupart des éléments super lourds qui ont été créés dans les laboratoires au cours des dernières décennies par des réactions nucléaires et qui se désintègrent rapidement en un ou plusieurs des éléments naturels.

En 1976, le chimiste américain William Sheehan offre une nouvelle vision de ce tableau. Il représente chaque élément en fonction de son abondance ou de sa rareté, ce qui permet d’échapper à la présentation traditionnelle, où chacun d’entre eux est soigneusement rangé dans des petits carrés équivalents18.

On peut ainsi voir l’abondance de l’hydrogène (H), du carbone (C), de l’oxygène (O), d’une moindre profusion du phosphore (P) ou du calcium (Ca), et d’une très faible présence du lithium (Li) ou de l’argon (Ar), ou bien plus encore, de l’extrême pénurie du prométhium (Pm). Avec cette figuration, il souhaite signifier les possibilités d’exploitation de ces éléments, en fonction de leur profusion naturelle ou de leur création artificielle. Ce croquis, repris puis diffusé sur les réseaux numériques, connaît une amélioration graphique ; ainsi, le tableau a été codé par couleur pour indiquer la vulnérabilité plus ou moins grande des éléments.

Ce qui est ainsi mis en scène, c’est l’extension de la pression sur certains éléments non renouvelables. Bien sûr, cette présentation synthétique a fait l’objet de certaines critiques, dont l’une qui fait état de l’absence de connaissances globales sur l’état des ressources qui empêcheraient de mesurer avec précision le degré de disparition. Mais, elles ne remettent pas en cause l’inégale pression sur les ressources, ni l’intensification des tensions.

The European Chemical Society (EuChemS) s’inspire de ce travail et publie, en 2021, une nouvelle version de son « Element Scarcity – EuChemS Periodic Table ». Dans la plupart des cas, les éléments n’ont pas disparu. Mais, au fur et à mesure que nous les utilisons, ils se dispersent et sont beaucoup plus difficiles à récupérer. La dispersion rendra certains éléments beaucoup moins facilement disponibles dans cent ans ou moins – c’est le cas pour l’hélium (He), l’argent (Ag), le tellure (Te), le gallium (Ga), le germanium (Ge), le strontium (Sr), l’yttrium (Y), le zinc (Zn), l’indium (In), l’arsenic (As), l’hafnium (Hf) et le tantale (Ta). L’hélium est utilisé pour refroidir les aimants des scanners IRM et pour diluer l’oxygène pour la plongée sous-marine. 26 éléments du tableau de Mendeleïev, tels que l’or, le cuivre, le platine, l’uranium, le zinc ou le phosphore seraient en voie d’épuisement. 6 autres ont une durée de vie utile prévue est inférieure à cent ans. Sur les 90 éléments, 31 portent un symbole de smartphone – reflétant le fait qu’ils sont tous contenus dans ces appareils.

The European Chemical Society attire aussi notre attention sur une autre dimension, que les auteurs qualifient de « provenant des ressources du conflit ». Par exemple, le carbone, en particulier le pétrole, peut provenir d’endroits où des guerres sont menées pour les champs pétrolifères ou où les revenus pétroliers sont utilisés pour mener des guerres. Nous sommes donc face à un stock limité d’éléments constitutifs. De plus, même les agencements que nous pouvons réaliser entre eux sont limités : dès lors que l’un des éléments vient à manquer, ils ne sont pas toujours substituables.

À partir de ce simple constat matériel, on voit combien le dépassement technologique est rendu illusoire à cause de la disparition progressive des ressources non renouvelables. Leur rareté devrait conduire à une modération dans leur usage. On retrouve ainsi le « stock de sable » : une quantité limitée, des possibilités d’innovations limitées en raison de la disparition programmée de certains éléments, ainsi que des combinaisons limitées… Et il faudra encore que les générations futures gèrent durablement ces pénuries.

Malgré cet état de fait, la transition écologique, notamment dans son volet énergétique, continue à promouvoir le développement de technologies vertes nécessitant l’utilisation intensive de ces ressources limitées. Il faut, quoi qu’il en coûte, maintenir la croissance, désormais flanquée du qualificatif « verte ». Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), cette croissance consiste « à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être. Pour ce faire, elle doit catalyser l’investissement et l’innovation qui étaieront une croissance durable et créeront de nouvelles opportunités économiques ».

Cette définition met clairement en lumière l’objectif que les démocraties occidentales et les autocraties cherchent aujourd’hui à atteindre : poursuivre l’amplification économique, mais en s’appuyant sur le progrès technique pour tenter d’atténuer les impacts sur l’environnement.

Cependant cet artefact des économistes classiques et néo-classiques, qui suppose de considérer le système économique comme une machine à mouvement perpétuel, se heurte aux limites matérielles bien réelles du monde naturel. En effet, les réserves de métaux rares sont relativement peu abondantes, comparées au rythme de consommation effréné de notre siècle. Elle croît à un rythme de 3 à 5 % par an. À titre indicatif, à l’horizon 2030, la demande de germanium, utilisé pour la fabrication de cellules photovoltaïques, va doubler ; celle de tantale, utilisé comme conducteur de la chaleur et de l’électricité ou pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et d’implants, va quadrupler ; celle de cobalt, utilisé pour la fabrication des aimants ou des voitures hybrides, va être multipliée par 24. Ces métaux les moins abondants (lithium, béryllium, cobalt…) sont devenus essentiels à la production d’aimants, de moteurs, de batteries, incorporés à l’électronique… Autant de ressources qui sont indispensables au développement des « énergies vertes ». Les terres rares – une trentaine d’éléments chimiques – sont aussi concernées par cette intensification de leur exploitation, au nom des énergies renouvelables.

L’extractivisme est général ! La déplétion est progressive mais permanente. La quantité de matière première extraite de la Terre est passée de 22 milliards de tonnes en 1970 à 70 milliards de tonnes en 2010. Au cours des années 2000-2010, à l’échelle du globe, entre 47 et 49 milliards de tonnes de matériaux ont été extraits chaque année, soit 18 kg en moyenne par jour et par personne.

Au rythme actuel d’extraction, nombreux sont ceux qui risquent d’être épuisés dans une cinquantaine d’années. Il est estimé que, pour satisfaire la demande – en termes de logements, mobilité, nourriture, énergie, eau, etc. – des futurs 10 milliards d’habitants de notre planète, 180 milliards de tonnes de matières premières, soit trois fois la quantité de ressources actuelles, seront nécessaires à l’horizon 2050. L’océan profond devient ainsi un nouvel espace de jeu de l’extractivisme. On envisage tranquillement d’aller exploiter la Lune et Mars… : la poubellocène deviendra spatiale !

Il va sans dire que les impacts négatifs iront de pair. Tout d’abord, ces exploitations répondent à la loi des pics d’extraction : on doit creuser plus profond, pour des taux de concentration plus diffus… Ce qui entraîne inévitablement une logique d’épuisement et une l’augmentation des coûts énergétiques croissants de leur extraction.

Ensuite, ces politiques ont des effets sociaux importants, comme l’augmen – tation des prix de l’énergie en raison de ces contractions de quantité, mais aussi de la spéculation financière qu’elles produiront. De plus, il faut aussi prendre en compte les effets rebonds sur les grands enjeux écologiques : pour extraire toujours plus de matière, on aura besoin de toujours plus de ressources (en pétrole, en eau, etc.), ce qui accentuera les émissions de gaz à effet de serre et participera à la continuité (voir l’amplification) des effets de rétroaction du dérèglement climatique (acidification des océans, érosion de la biodiver- sité…), mais aura aussi des conséquences sur les milieux de vie, sur les pollution et eutrophisation des sols et des nappes d’eau douce, la déforestation massive…

Enfin, cette course à la ressource participera à l’accroissement des violences et des conflits locaux pour protéger la richesse générée par ces exploitations. La diminution des volumes disponibles (à bas coûts) entraîne une augmentation des prix, ce qui rend l’accès plus difficile pour certains pays ne disposant pas de ressources financières importantes.

Si l’on souhaite bâtir des politiques de souveraineté énergétique à l’échelle de chaque pays, la compétition va être rude pour sécuriser l’accès à ces ressources. La concentration de ces terres dans quelques pays représente une source de tensions géopolitiques de premier plan. Par exemple, la Chine dispose aujourd’hui de 80 % à 90 % de la production mondiale de 17 matériaux, indispensables à la fabrication de nombreux équipements électroniques, alors même qu’elle ne possède qu’un tiers des réserves. Comment réagir face à la contraction des échanges si la Chine décide de conserver ces ressources ? Les stocks de ressources deviennent de plus en plus des enjeux stratégiques, comme l’a montré la guerre en Ukraine. Les États développent des stratégies de sécurisation de leurs approvisionnements afin de maintenir ce flux de métaux indispensables au fonctionnement de leur économie. Comment garantir l’approvisionnement en métaux dits « critiques », selon la terminologie de l’International Energy Agency ? La question est posée, la réponse est plus sibylline, notamment lorsqu’elle tend à édulcorer son rapport à la violence (assurer la ressource et ainsi renforcer sa souveraineté) ainsi que les conséquences d’un redéploiement local de l’approvisionnement (réduire sa dépendance, c’est relancer l’exploitation des mines sur son sol, ce qui n’est pas sans rencontrer de vives oppositions).

Mais face à cette réalité, on continue à invoquer le mythe d’une innovation capable de limiter les effets rebonds et d’élaborer des compensations réparatrices… Cette politique extractiviste mobilise de plus en plus de compétences et d’ingéniosités, de financements et de complexités dans les chaînes d’approvisionnement – ce qui contribue d’autant plus à la fiction de l’ingéniosité humaine sans limite, comme en témoigne le récit des énergies « vertes ».

Retour aux forêts naturelles ?

Retour aux forêts naturelles ?

Alors que le débat bat son plein sur la question des forêts ayant brûlé cet été, le Parlement européen se prononce cette semaine sur deux textes à impact majeur pour les forêts du monde : la lutte contre la déforestation mondiale et la catégorisation ou non du bois brûlé parmi les renouvelables. Par Marie Toussaint, députée européenne au sein du parti Europe Ecologie – Les Verts.

 Une contribution qui n’est pas sans intérêt mais comme souvent chez les écolos d’Europe Ecologie les Verts une sorte de patchwork qui mélange l’approche écologique et l’approche économique avec la problématique de la croissance, des droits de la forêt et des droits humains. Une vision un peu utopique sur la  régénération spontanée des forêts naturelles et les conséquences économiques . Par ailleurs , beaucoup d’écologues soutiennent la thèse selon laquelle une forêt primaire ayant subi un déboisement anarchique a peu de chance de se régénérer naturellement. En effet la repousse des végétaux après coupe ou incendie d’une forêt primaire donne une forêt secondaire. NDLR

 

Tribune

« Si nous voulons des forêts vivantes et une planète accueillante pour l’Humanité, il nous faut d’urgence rompre avec l’idéologie de la croissance infinie et de la supériorité humaine sur les écosystèmes », estime Marie Toussaint. (Crédits : © European Union 2019 – Source : EP)

L’avenir des forêts se joue peut-être ce mardi au Parlement européen. L’heure est grave. Pas moins de 737.083 hectares ont brûlé dans l’Union européenne depuis le début de l’année 2022, dont plus de 60.000 en France. Le désastre environnemental se poursuit en Amazonie brésilienne avec de nouveaux records de feux principalement d’origine humaine, aussi bien qu’en Indonésie, à travers l’accaparement de milliers d’hectares au profit de plantations et d’activités minières. Quant à la forêt du bassin du Congo, ses tourbières, véritables puits de carbone, sont menacées par l’ouverture prochaine de l’extraction pétro-gazière.

Nous aurions tort de considérer séparément toutes ces tensions qui s’abattent sur les forêts du monde. Elles relèvent de la même logique. Partout, acteurs politiques et économiques considèrent les forêts comme des choses, appropriables et manipulables à l’envi. Partout, elles sont accaparées, exploitées et asservies au nom de la croissance. Partout, les populations qui y vivent sont menacées, humiliées, déplacées et parfois tuées -sacrifiées sur l’autel du profit. Si nous voulons des forêts vivantes et une planète accueillante pour l’Humanité, il nous faut d’urgence rompre avec l’idéologie de la croissance infinie et de la supériorité humaine sur les écosystèmes. Il nous faut ériger une nouvelle règle pour les forêts françaises, européennes et du monde et reconnaître leur droit à se régénérer.

 

Si la forêt de la Teste-de-Buch reste soumise à des règles antérieures au mouvement d’enclosure, et est encore aujourd’hui appréhendée comme un commun, les forêts européennes sont aujourd’hui largement soumises aux lois du marché et accaparées par des firmes privées. Quant aux forêts publiques, elles font elles aussi l’objet d’une industrialisation croissante. Toutes sont menacées par le dérèglement climatique et la perte de biodiversité, aussi bien que par les pratiques prédatrices qui s’y déploient.

Grâce à la mobilisation des scientifiques comme des associations, nous savons désormais avec certitude que les mono-plantations, notamment celles de pins ou d’eucalyptus, sont un véritable danger pour le vivant. Que certaines pratiques comme les coupes rases -déjà interdites ou strictement encadrées en Slovénie, en Autriche, ou en Lettonie- constituent, elles aussi, de véritables menaces pour l’intégrité forestière.

Une nouvelle menace est venue s’ajouter aux pressions déjà insoutenables pesant sur les forêts : les tensions sur l’énergie causées par la terrible guerre que Poutine mène à l’Ukraine pourraient bien aboutir à une production accrue d’énergie à partir du bois. Or, au sein de l’Union, la filière bois-énergie est aujourd’hui estampillée comme « renouvelable », quelles que soient les méthodes utilisées. Une aberration lorsque l’on sait que, dans certains cas, l’exploitation du bois émet plus de gaz à effet de serre que le charbon. La commission environnement du Parlement européen propose donc aujourd’hui d’exclure la biomasse primaire des énergies classifiées comme « renouvelables », une impérieuse nécessité si nous voulons faire cesser les pressions sur les forêts européennes et du monde. Seuls les produits issus de la transformation du bois seront ainsi considérés comme renouvelables, et plus aucune subvention ne devrait être versée pour la destruction des forêts.

Le Parlement européen a appelé à reconnaître les forêts anciennes et primaires comme des communs naturels mondiaux, dont les écosystèmes doivent se voir accorder un statut juridique. Une réponse à l’appel de Christopher Stone qui, en 1972 et dans un article désormais célèbre, soulevait déjà cette question cruciale : « Et si les arbres pouvaient plaider ? ». Il y constatait que la défense des stricts intérêts humains était inapte à garantir l’intégrité des écosystèmes et in fine, la persistance de la vie humaine sur Terre. Il est temps de nous saisir du défi qu’il nous a lancé voilà 50 ans et faire des droits des écosystèmes forestiers à la régénération naturelle la boussole de notre politique forestière -en particulier en ce qui concerne les forêts qui ont brûlé cet été et dont il nous faut aujourd’hui décider du sort.

 

Reconnaître la valeur intrinsèque des forêts, leur valeur en soi, suppose de tenir responsables celles et ceux qui leur portent atteinte. Concrètement, nous devons reconnaître et condamner les crimes contre la nature, et le plus graves d’entre eux, le crime d’écocide, mais nous devons aussi faire en sorte que nul ne puisse plus engranger de profits à travers la déforestation.

C’est là l’objet du texte qui devra être adopté au Parlement européen cette semaine, s’adressant frontalement à la question de la responsabilité des entreprises. La proposition de directive, qui reconnait la part croissante de l’Union européenne dans la déforestation mondiale (jusqu’à 16% selon le WWF) devrait établir un devoir de vigilance pour toutes les entreprises, européennes ou non, qui commercialisent des produits issus de la déforestation sur le marché européen. Elle garantirait à chaque personne qui fait ses courses qu’elle ne contribue pas à la déforestation ou à la violation des droits humains.

Le texte concernerait les filières du bœuf, du soja, du maïs ou encore du cuir. Si les entreprises du cacao soutiennent elles aussi cette évolution réglementaire, les lobbies d’autres secteurs d’activité font aujourd’hui pression pour réduire l’ambition du texte : soit en réduisant le nombre de produits concernés par les nouvelles obligations de vigilance, soit en restreignant les territoires concernés aux seules forêts boisées (laissant ainsi hors champs les vastes mangroves ou les savanes comme le Cerrado brésilien), soit encore en dispensant les acteurs financiers de toute obligation en la matière. BNP Paribas est pourtant l’un des plus grands acteurs de la déforestation dans le monde (selon l’ONG Global Witness, elle a soutenu des activités responsables de déforestation à hauteur de 5 milliards de dollars entre 2016 et 2020). Les tourbières du Bassin du Congo, elles, ne seront pas protégées : ni les tourbières ni les énergies fossiles ne sont à ce stade concernés par la législation européenne en cours de négociation.

Les votes de cette première session plénière du Parlement européen sont déterminants pour les forêts d’Europe et du monde. Une étape majeure pour leur protection avant – qui sait ? -  que les accords internationaux sur la biodiversité ne reconnaissent enfin leurs droits.

La malédiction des ressources naturelles en Afrique

La  malédiction des ressources naturelles en Afrique

 

Les pays d’Afrique dont le sous-sol est riche en matières premières ne sont pas forcément ceux dont la population en profite le plus. Ils sont, bien souvent, victimes de la « malédiction des ressources naturelles », raconte Marie de Vergès, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Chronique.

Le Nigeria a vécu, mi-février 2022, une mésaventure que l’on pourrait trouver cocasse si elle n’était pas désolante. Le premier producteur d’or noir en Afrique a été confronté toute une semaine à une pénurie de carburant, provoquant de monstrueux embouteillages dans les stations-service du pays. A l’origine de ce dysfonctionnement, l’importation accidentelle d’une grosse quantité d’essence frelatée. Car là est le nœud du problème : le Nigeria achète à l’étranger l’essentiel de son carburant, faute de raffiner lui-même les centaines de milliers de barils extraits chaque jour de son sous-sol.

L’incident a causé un « choc inutile » à l’économie, selon le Bureau national des statistiques. Dans l’immédiat, on s’attend à un nouveau pic d’inflation alors que près d’un Nigérian sur deux vit avec moins de 1,90 dollar par jour. A plus long terme, cet incident vient confirmer ce que l’on savait déjà : les incroyables richesses pétrolières du géant d’Afrique de l’Ouest ne profitent guère à sa population.

 

En jargon économique, on appelle ceci la « malédiction des ressources naturelles ». Ou comment, trop souvent, l’exploitation rentière des matières premières déstabilise l’activité économique, nourrit la corruption, ralentit l’industrialisation et aggrave la pauvreté. Au Nigeria, l’argent du pétrole a été dilapidé pendant des décennies. Et la première économie africaine en termes de PIB est, à de nombreux égards (mortalité infantile, violence, déscolarisation…), un Etat en déliquescence.

Or, comme le Nigeria, de nombreux pays africains dépendent encore à l’excès de leurs ressources naturelles. Pour certains, il peut s’agir de thé, de coton ou de cacao, mais il est plus souvent question de produits miniers ou pétroliers. En Angola, au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Soudan du Sud, les exportations sont composées à plus de 90 % de ressources extractives.

Est-ce forcément problématique ? L’Economie africaine 2022 (La Découverte, 126 pages, 10 euros), tout juste publié par l’Agence française de développement (AFD), nous livre des éléments d’appréciation factuels mais éclairants sur « l’inertie » de ces économies tributaires de leur sous-sol. On y apprend qu’elles ont enregistré des taux de croissance plus faibles depuis 2015 que les pays plus diversifiés. Et qu’elles ne sont pas parvenues, dans l’ensemble, à renouer avec leur niveau d’activité d’avant la crise du coronavirus.

La croissance y est volatile, soumise aux aléas des cours mondiaux. Quand les prix sont fortement à la hausse, les caisses de l’Etat se remplissent mais l’afflux de capitaux renchérit la monnaie, ce qui handicape la compétitivité et décourage l’industrialisation. Quand ils s’effondrent, les recettes publiques s’évaporent et les déficits se creusent.

Ressources naturelles : Vers la finitude ?

Ressources naturelles : Vers la finitude ?

L’idée d’une croissance heureuse, où l’économie pourrait continuer à croître éternellement si le capital se substitue assez rapidement aux ressources naturelles qui s’épuisent, ne fait pas l’unanimité, souligne Florian Fizaine, maître de conférences en sciences économiques.( interview Le Monde) 

Comme l’indique l’auteur la question n’est pas nouvelle et l’économie a répondu en partie aux interrogations si l’on se fie aux tendances de composition de la richesse produite  ( ou Pib mondial). Les services occupent une place de plus en prépondérante dans lʼéconomie mondiale et représentent, dʼaprès les données de la Banque mondiale, près de 75 % du PIB des pays développés et 50 % de celui des pays en développement. Or les services consomment beaucoup moins d’énergie et de matières premières que les activités industrielles. La mutation est donc largement engagée, se pose surtout une question d’ampleur et surtout de rythme par rapport à la problématique environnementale notamment  NDLR


 

A partir de quand la problématique de la nature comme ressource épuisable est apparue chez les économistes ?

Contrairement à ce que l’on entend parfois, il n’a pas fallu attendre le « rapport Meadows » [du nom de ses deux principaux coauteurs, Dennis et Donella Meadows, paru en français sous le titre Les Limites à la croissance], en 1972, pour que les économistes s’interrogent sur le lien entre croissance et ressources naturelles. Dès la naissance de la discipline au XVIIIsiècle, les physiocrates placent la nature au cœur de la production des richesses, ce qui implique d’en respecter les contraintes.

A partir de la révolution industrielle, cette question de la finitude des ressources prend une autre tournure et va devenir plus conflictuelle chez les économistes classiques. Alors que, pour Jean-Baptiste Say, les ressources naturelles, illimitées et donc gratuites, ne sont pas un sujet, pour d’autres, comme David Ricardo, il existe une limite naturelle à la croissance, se traduisant par une décroissance des rendements, et donc une hausse du prix du blé, qui conduit in fine l’économie à un état stationnaire sur le long terme.

A partir de là, des économistes comme John Stuart Mill vont considérer cette décroissance comme une opportunité pour l’humanité qui, au lieu d’accumuler des richesses, pourra se tourner vers d’autres activités, telles que l’art. D’autres, à l’image de Thomas Malthus, craignent que les ressources naturelles ne s’accroissent pas suffisamment vite face aux dynamiques de croissance démographique, ce qui nécessite de limiter la fécondité.

Après la seconde révolution industrielle, l’idée dominante est celle qu’il n’y a pas de limites à la croissance…

A la fin du XIXsiècle, l’école néoclassique, très inspirée des travaux de Karl Marx et d’Adam Smith, estime en effet que la disponibilité limitée en ressources naturelles peut être compensée par une organisation du travail optimisée. Pour les néoclassiques, le progrès technique et les découvertes de nouvelles ressources pourront continuellement lutter contre les rendements décroissants. Malgré cette idéologie dominante, certains économistes commencent à réfléchir à l’épuisement.

Russie : catastrophes naturelles en forte hausse

Russie : catastrophes naturelles en forte hausse

Le président Vladimir Poutine s’est inquiété samedi de catastrophes naturelles d’une ampleur «sans précédent» en Russie, confrontée à des feux de forêts dévastateurs en Sibérie et des inondations dans le Sud. «L’ampleur et la nature des catastrophes naturelles dans certaines régions sont absolument sans précédent», a déclaré M. Poutine lors d’une réunion retransmise à la télévision, appelant le gouvernement à «agir rapidement et efficacement» face aux problèmes écologiques.

Les peuples autochtones dépossédés des ressources naturelles

Les  peuples autochtones dépossédés des ressources naturelles

 

 

Christian Lévêque, hydrobiologiste, directeur de recherches émérite de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) estime dans une chronique à la Tribune  que les peuples locaux sont souvent dépossédés des ressources naturelles de leur territoire.

 

Chronique

 

 

La législation minière reconnaît le droit de propriété des Etats, plus rarement celui des populations natives. L’enjeu est bien entendu le partage des bénéfices liés à l’exploitation, et l’intérêt des Etats prend souvent le pas sur celui des autochtones. Même si, sous la pression d’un agenda où la notion de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est de plus en plus marquée, certaines sociétés minières font désormais cas des populations présentes sur les lieux où elles s’implantent.

Exploitation des ressources naturelles et respect de l’environnement et des populations indigènes font rarement bon ménage. Des exemples récents pour lesquels le conflit porte sur la destruction de sites qui ont une valeur patrimoniale, historique ou religieuse en fournissent une illustration. Ainsi, en Australie, le dynamitage en mai dernier d’un site aborigène historique par Rio Tinto a suscité une grande émotion et le géant minier a été accusé de « vandalisme d’entreprise » par les peuples Puutu Kunti Kurrama et Pinikura (PKKP). Ce site vieux de plus de 46.000 ans a été détruit lors de travaux à l’explosif destinés à agrandir une mine de fer, qui avaient été autorisés par le gouvernement de l’Etat d’Australie-occidentale… Un « incident » ayant entraîné la démission de plusieurs responsables du groupe Rio Tinto.

Le groupe BHP, concurrent de Rio Tinto, a lui aussi été autorisé par le gouvernement local à détruire des dizaines de sites aborigènes dans l’ouest de l’Australie, ce qui a suscité encore plus d’émotion ! Selon les communiqués de presse, cela concerne les terres traditionnelles du peuple Banjima, dont les représentants avaient conclu en 2015 un accord avec BHP pour l’exploitation de cette zone, mais qui n’ont semble-t-il pas été consultés par l’Etat d’Australie occidentale pour cette dernière décision.

Ces deux exemples concernent des sites patrimoniaux. Mais le plus souvent, la question sous-jacente est celle du partage des bénéfices liés à l’exploitation et à l’usage de ces ressources. Cette question s’est également posée dans le cadre de la Convention sur la Diversité biologique, dans laquelle elle est même devenue l’objet central des discussions Le Protocole de Nagoya, adopté en 2010, porte sur l’accès aux ressources génétiques et aux connaissances traditionnelles associées, ainsi que sur le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA). Ce protocole vise à rétablir une certaine équité entre propriétaires et utilisateurs de ces ressources et de ces connaissances. En théorie, les revenus doivent contribuer à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité. Reste à voir si ce principe est vérifié sur le terrain. Ce qui semble certain, c’est que ce protocole n’a pas entrainé un flux très significatif de dollars vers les sociétés autochtones en faveur de la protection de la biodiversité! Les groupes industriels ont développé des stratégies de contournement… C’est évidemment difficile de le reconnaître sur le plan politique, et on continue à faire semblant d’y croire.

Plus probant, on apprend récemment qu’un autre géant minier, le russe Nornickel, a signé un accord de coopération avec les associations représentant les peuples autochtones de la péninsule de Taimyr, une terre arctique isolée surnommée «la dernière frontière de la Russie». Ce geste peut être considéré comme une tentative, pour Nornickel, d’expier ses péchés, l’entreprise étant responsable d’une marée noire d’hydrocarbures à Norilsk fin mai 2020. Le programme de soutien de Nornickel est assez remarquable, comprenant un large éventail d’initiatives visant à protéger l’habitat naturel et à soutenir les activités traditionnelles des peuples autochtones. On ne peut que s’en réjouir a priori puisqu’il aurait fait l’objet, selon les communiqués de presse, de nombreux entretiens et de différents sondages auprès des communautés autochtones. Mais qu’en est-il réellement? Les sommes retenues (22 millions d’euros), si elles ne sont pas énormes pour une population estimée à 10.000 habitants, devraient être accueillies avec joie dans cette région en voie de paupérisation.

La société minière Anglo American quant à elle va dans le même sens. Bien qu’elle n’ait pas une réputation irréprochable, l’entreprise a pris des mesures pour aider les autochtones. Elle a lancé par exemple un programme de bourses d’études pour des étudiants aborigènes ou insulaires du détroit de Torres qui entreprennent des études dans les universités australiennes, et elle soutient financièrement une organisation à but non lucratif qui propose des bourses d’études secondaires aux enfants aborigènes issus de communautés éloignées. De plus, l’anglo-american a lancé plusieurs programmes pour encourager les peuples autochtones à être employés dans l’entreprise (et l’industrie minière en général) et la société minière enseigne à ses employés l’histoire des peuples autochtones et de leur patrimoine. Par ailleurs, la société a pris aussi l’engagement d’être à l’écoute des communautés autochtones quand les travaux miniers menacent des sites patrimoniaux traditionnels pour trouver des solutions adaptées.

Ces différents cas montrent que la concertation avec les populations autochtones ne peut plus rester une simple formalité. Si les grandes entreprises industrielles n’ont pas toutes la même démarche en matière de concertation avec les peuples autochtones, la pression internationale les incite à y porter beaucoup plus d’attention. Et si tout n’est certes pas parfait, on peut le saluer comme un progrès. L’étape suivante serait d’associer réellement les populations locales aux bénéfices de l’exploitation des ressources de leur sol. On entrerait alors, enfin, dans la mise en place des conditions nécessaires à la réalisation de ce concept abstrait que l’on appelle « développement durable».

Aires naturelles protégées de Macron : ça ne change rien !

Aires naturelles protégées de Macron : ça ne change rien !

Lors de son déplacement moment au Mont-Blanc, Macron a voulu donner un coup de peinture verte à sa politique Sa principale annonce a consisté à déclarer qu’il fallait procéder à l’augmentation de la surface globale d’aires protégées avec un objectif de 30 %. Le problème, c’est qu’on est déjà à ce chiffre. !

 

La surface d’aires protégées terrestres est déjà de 29,5% -( celle concernant les aires maritimes est de 23,5%). Notons aussi que les différents plans et autres statuts de zones protégées sont régulièrement bousculés par des révisions des PLU qui autorisent de nouvelles destructions de zones protégées très sensibles. Il y a aussi d’autres dimensions environnementales : « En Europe, la biodiversité s’effondre même au sein des réserves naturelles, constate François Letourneux, vice-président du comité français de l’Union internationale pour la conversation de la nature (UICN). C’est une chose de protéger la nature dans une zone déterminée, mais si on ne cesse pas, par exemple, l’usage de pesticides au nom de l’intensification agricole à quelques kilomètres de cette zone, ça ne sert à rien. »

Les associations réclament notamment la reconstitution de corridors écologiques entre les aires protégées, afin que la biodiversité puisse circuler. « La nature n’est pas immobile, ajoute François Letourneux. Si on l’enferme, elle se meurt. »

« Attention à ne pas opposer nature extraordinaire et nature ordinaire, prévient toutefois Christophe Lépine, président de la Fédération des conservatoires d’espaces naturels. Il faut protéger les deux : la nature est partout, même dans les zones urbanisées. »

La Fédération des parcs naturels régionaux pointe, elle, un sujet juridique. Les compétences juridiques des parcs restent très limitées : par exemple, ils n’ont qu’un avis consultatif concernant les délivrances d’autorisations d’urbanisme. Bref des annonces de Macron à usage surtout électoral puisque d’une part les surfaces protégées ne vont guère progresser quantitativement, que la question environnementale ne peut être limitée à des « zones indiennes »et qu’on ne se prive pas de modifier les zones sensibles avec la modification des PLU et autres documents d’urbanisme et d’aménagement.

Ressources naturelles : épuisées en mai en France

Ressources naturelles : épuisées en mai en France

 

 

Une alerte lancée en particulier à la France qui hormis ses discours gaspille de plus en plus tôt les ressources naturelles. Selon l’ONG Global Footprint Network, la France aura dépassé le 5 mai  (en 1961 c’était en  septembre) ses ressources naturelles (début aout pour l’ensemble du monde).  Empreinte carbone, ressources consommées pour la pêche, l’élevage, l’agriculture, la construction et l’utilisation de l’eau : chaque année, l’ONG Global Footprint Network calcule le « jour du dépassement » pour le monde - le 2 août en 2017 -, avec une déclinaison par pays. Selon ses calculs pour 2018, ce jour du dépassement tombera le 5 mai pour la France. C’est la première fois que WWF décide de communiquer en amont et séparément pour la France « pour envoyer un signal fort à un moment politique clef où plusieurs lois et décisions sont attendues dans les domaines de l’alimentation, des mobilités, de l’énergie, de la biodiversité ou encore de la lutte contre la déforestation importée ». Selon les calculs – refaits chaque année avec des statistiques mises à jour -, le jour du dépassement français arrive toujours plus tôt depuis quatre ans (du 10 mai en 2014 au 5 mai en 2018), alors qu’après le record de 2008 (25 avril) il y avait eu une amélioration pendant plusieurs années marquées par la crise économique mondiale. C’est un « signe que la transition écologique n’est pas assez ambitieuse », estime WWF, pointant notamment du doigt l’augmentation de la consommation de carburants pour les transports, liée à la baisse des prix du pétrole. « Ce serait assez incohérent de prétendre vouloir incarner (…) un leadership climatique mondial et de ne pas en tirer les conséquences chez soi, de ne pas tout faire pour avoir un plan de désendettement écologique », a insisté le directeur général de WWF France Pascal Canfin lors d’un point presse. Global Footprint a calculé ce jour du dépassement pour la France jusqu’en 1961, où il tombait seulement le 30 septembre. 

2015 : ressources naturelles épuisées

2015 : ressources naturelles épuisées

Les ressources naturelles renouvelables ont déjà été consommées en 2015. À partir de maintenant pour l’année en cours nous hypothéquant donc les ressources à venir. Pour parler plus simplement l’humanité actuellement gaspille les ressources naturelles avant qu’elles  ne soit capables  de ce reconstituer.  Jusque dans les années 70 le renouvellement comblé à peu près la totalité de la consommation de ses ressources. Depuis progressivement le gaspillage prend de l’ampleur sous l’effet notamment de l’industrialisation dans tous les domaines. Aussi de la concentration des populations dans des zones de plus en plus dense. Si l’industrialisation est parfois remis en cause d’un point de vue théorique par contre la concentration urbaine, elle ,n’est nullement discutée et la mode mondiale est à la métropolisolation partout avec son cortège de pollution, de congestion, de gaspillage des ressources;  sans parler des autres dimensions socio- économiques qui se traduisent notamment par le développement de quasi ghettos et de spéculation foncière qui rende le logement difficilement accessible. La totalité des ressources que la planète est en mesure de renouveler en un an a été théoriquement consommée jeudi, selon le calcul de « l’overshoot day », le « jour du dépassement », effectué par l’ONG Global Footprint Network. Cette situation place l’Humanité dans une dette écologique d’ici au 31 décembre.  Le « jour du dépassement », ou « overshoot day » survient de plus en plus tôt, signe d’une consommation de plus en plus décalée par rapport aux ressources disponibles. L’année dernière, il était intervenu le 17 août, rappelle dans un communiqué l’ONG basée en Californie qui dresse ce bilan tous les ans, rectifiant parfois légèrement, rétrospectivement, les dates annoncées les années précédentes en raison de progrès dans sa méthodologie et de mises à jour des données. En 1970, le « jour du dépassement » n’était survenu que le 23 décembre. Mais depuis, sa date n’a cessé de régresser: 3 novembre en 1980, 13 octobre en 1990, 4 octobre en 2000, 3 septembre en 2005, 28 août en 2010. Cette année, « il aura fallu moins de huit mois à l’humanité pour consommer toutes les ressources naturelles renouvelables que la Terre peut produire en un an », déplore Global Footprint Network, « une indication claire que le processus d’épuisement des ressources naturelles s’accélère ».   »Cela illustre le rythme incroyable et non durable du développement mondial », souligne Pierre Cannet, responsable énergie/climat au WWF France. »Nous sommes sur une mauvaise pente. D’ici à 2030, on risque d’arriver à une surconsommation en juin », a-t-il déclaré à l’AFP, exprimant cependant l’espoir que « des objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2″ permettront de repousser la date de l’ »overshoot day ».




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