Pour un nouveau service national citoyen
Alors que le projet de loi de finances 2025 se précise pour faire face aux défis économiques, plusieurs dispositifs comme le SNU sont aujourd’hui dans le viseur du gouvernement. L’un d’eux pourrait être supprimé dans le cadre de ce budget, à l’initiative de Laurent Lafon, président de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication, et avec le soutien possible d’Éric Jeansannetas, prêt à déposer un amendement. Ce dispositif ne fait plus l’unanimité, et beaucoup questionnent son efficacité. Face à cette situation, la création d’un nouveau service national citoyen devient un impératif. (Un papier intéressant mais cependant qui fait l’impasse sur le caractère obligatoire de ce service, son rôle de brassage social et de défense des valeurs du pays NDLR).
Collectif (*)
Les commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale ont toutes deux voté pour la suppression du projet de Service national universel expérimenté depuis 2018. Le gouvernement quant à lui ne semble pas complètement décidé, mais confirme l’impossibilité de généraliser le projet, notamment pour des raisons budgétaires.
Nous proposons de refondre le projet de SNU en un parcours citoyen, comprenant d’une part une Éducation morale et civique (EMC) et une Éducation à la Défense revisitées et renforcées tout au long du parcours scolaire, avec éventuellement une ou deux semaines dédiées, au collège, à ces questions. Et d’autre part le développement du Service civique, qui propose aux jeunes, entre 16 et 25 ans, de consacrer 6 à 12 mois de leur vie à servir l’intérêt général, tout en gagnant en expérience et compétences. Car nous le savons tous, même si nous en avions les moyens, ce n’est pas en proposant aux 800 000 jeunes d’une classe d’âge un séjour éducatif de 12 jours que nous changerons en profondeur et durablement la relation de nos jeunes avec notre pays et ferons naître la « société de l’engagement » que nous appelons tous de nos vœux.
Créé en 2010 justement pour donner une suite civile et volontaire au service national suspendu en 1996, le Service civique a aujourd’hui largement fait ses preuves : plus de 800 000 jeunes mobilisés depuis sa création, 150 000 sur la seule année 2024. Des jeunes qui s’engagent sur la durée, 8 mois en moyenne, auprès des services publics et des associations pour contribuer à relever les défis sociaux et environnementaux auxquels notre pays doit faire face. Des jeunes de tous milieux sociaux, décrocheurs scolaires comme diplômés du supérieur, des jeunes à l’image des jeunesses de France, à qui l’on confie de vraies missions utiles au pays, et à qui l’on propose une véritable expérience d’engagement sur le terrain, indemnisée, accompagnée. Avec un impact éprouvé : plus de 70% trouvent un emploi ou repartent en formation qualifiante après leur service, beaucoup deviennent ensuite bénévoles, ou s’engagent dans les métiers du lien, et les structures qui les accueillent sont satisfaites à plus de 90% du soutien que ces jeunes leur apportent.
Certes le service civique est à améliorer, notamment pour promouvoir, voire généraliser les missions collectives, qui permettent l’expérience de mixité ; l’indemnité versée aux jeunes qui est, sur certains territoires, insuffisante ; ou encore le contrôle des missions qui leur sont confiées, pour qu’elles viennent bien soutenir le travail des professionnels salariés et non les remplacer. Mais le Service civique, s’il est enfin promu et valorisé massivement dans toutes les sphères de la société, et notamment dans les établissements d’enseignement secondaire et supérieur, peut devenir une étape naturelle dans le parcours de vie de tous nos jeunes, adaptée aux enjeux du 21e siècle et aux aspirations et besoins de notre jeunesse.
Aussi, Madame la Présidente de l’Assemblée nationale, Monsieur le Président du Sénat, Mesdames les Présidentes et Messieurs les Présidents de groupes parlementaires, nous vous invitons à insister pour que notre pays ne continue pas à investir l’argent qu’il n’a pas dans un « service national » au rapport coût/bénéfice contestable, et à ressortir la « proposition de loi visant à renforcer le Service Civique » qui avait été votée à l’unanimité au Sénat au printemps dernier…
Ainsi nous respecterons à la fois la voix de la société civile et celle de notre démocratie représentative, en renonçant à un dispositif trop coûteux et non généralisable, et en consolidant un dispositif inscrit au code du service national, ayant fait ses preuves, et qui ne demande qu’à être développé pour qu’un jour, tous nos jeunes puissent vivre une « année de césure citoyenne », au service des autres, d’eux-mêmes… et de la cohésion de notre pays.
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*Co-signataires
Marie Trellu-Kane, Présidente fondatrice d’Unis-Cité
Claire Thoury, Présidente du Mouvement Associatif
Maelle Nizan, Présidente de la FAGE
Mathieu Adenot, Président d’ANIMAFAC
Hélène Lacassagne, Présidente de la Ligue de l’Enseignement