Archive pour le Tag 'narcissique'

Dissolution : une décision purement narcissique de Macron

Dissolution : une décision purement narcissique de Macron 

 

Daniel Cohn-Bendit, soutien de Glucksmann  et qui fut proche un moment de Macron ,considère dans La Tribune que la décision de dissolution correspond à un réflexe purement narcissique du chef de l’État.

 Comment expliquez-vous cette décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ? Arrivez-vous à la rationaliser ?

DANIEL COHN- BENDIT - Non, je suis incapable de la rationaliser. Je me demande ce que je n’ai pas compris chez lui, ce que je n’ai pas vu. Ce type, qui avait des capacités extraordinaires, est enfermé dans lui-même. C’est un don Juan intellectuel, qui peut aimer certaines personnes et puis les lâcher, comme les don Juan lâchent les femmes. Il ne cherche ses vérités que dans lui-même. C’est un mystère, un homme visiblement perdu parce qu’il ne croit qu’en lui-même. Il n’y a que lui qui comprenne tout. Il n’y a que lui qui trouve les solutions. Il n’y a que sa parole qui porte. Alors même que ce n’est pas lui qui comprend tout, que sa parole ne porte plus et qu’il s’isole avec des bras cassés qui lui donnent des conseils incompréhensibles. Toutes les forces politiques livrent la France au Rassemblement national. Et c’est à qui est le plus bête pour y arriver le plus rapidement.

Est-ce le reflet d’une déconnexion totale ?

Ce n’est pas une déconnexion, mais le reflet d’une incapacité à s’adapter aux évolutions de la France. Le choix de la dissolution, c’est celui de quelqu’un qui ne répond qu’à sa propre blessure narcissique. Seulement, ce n’est pas un jeu. On n’est pas dans une cour d’école. Il s’en remet à la dissolution sans préparation, sans essayer autre chose, avec une véritable probabilité de mettre la France aux mains du RN. Tout ça pour ça. Du dépassement au RN. Waouh !

Qu’aurait-il pu faire pour accuser réception du score triomphant du RN ?

Emmanuel Macron aurait eu la possibilité de dire qu’il fallait une culture de coalitions. Il aurait pu changer la loi électorale en reprenant celle de 1986 sur la proportionnelle de François Mitterrand. Et dire que, avec l’élection à la proportionnelle, il n’y a plus de majorité absolue vu la France d’aujourd’hui. Cela aurait obligé tout le monde à entrer dans une nouvelle culture politique de négociation et de compromis.

Que pensez-vous du Nouveau Front populaire ? Est-ce une alliance contre-nature

ou une nécessité ?

S’allier en passant sous les fourches caudines de La France insoumise, c’est la défaite annoncée. En vingt-quatre heures, ils ont mis de côté Raphaël Glucksmann. En vingt-quatre heures ! Et Jean-Luc Mélenchon nous prend pour des idiots en disant qu’il peut être Premier ministre, mais que c’est le groupe le plus fort qui décidera. Or le groupe le plus fort sera La France insoumise étant donné la répartition des circonscriptions. Et vous croyez que ce trotskiste autoritaire laissera la place à qui que ce soit si jamais le Nouveau Front populaire est majoritaire ? De toute façon, la France ne donnera pas la majorité absolue à ce dernier au scrutin majoritaire. Il faut arrêter de rêver ! Le seul qui peut avoir la majorité absolue, c’est le Rassemblement national. C’est pour ça que l’idée prônée par Raphaël Glucksmann de choisir Laurent Berger pour Matignon était la plus intelligente. Laurent Berger est un homme rassembleur, c’est un médiateur. Il fait confiance. Mélenchon, c’est le contraire, il n’inspire pas confiance.

Vous considérez donc que socialistes et Écologistes n’auraient pas dû s’allier aux Insoumis ?

Il faut y aller à condition de leur faire comprendre que continuer avec Jean-Luc Mélenchon comme porte-drapeau, c’est le suicide collectif de la gauche. Une coalition avec pour porte-parole celui qui est un repoussoir pour 65 à 70 % des Français est une folie. Être contre le populisme, le souverainisme, le nationalisme aujourd’hui, ce n’est pas chercher à être le plus radical possible, comme La France insoumise. Être contre le populisme, le souverainisme aujourd’hui, c’est justement être capable de
calmer le jeu dans une France complètement désorientée. La manière dont ils font de la politique, la manière dont ils agressent, la manière dont ils assènent des méchancetés, leur discours sur le conflit au Proche-Orient et le Hamas en font des repoussoirs pour une grande majorité des gens de gauche en France.

On ne joue pas à la roulette russe comme ça

 

Si le RN arrive à Matignon, cela peut-il le démonétiser en vue de 2027 ? Est-ce ça, selon vous, le pari d’Emmanuel Macron ?

Je ne dis pas qu’il est impossible, mais c’est un pari fou. Emmanuel Macron se croit tout-puissant. Il a cru qu’il allait tordre le bras à Poutine. Est-ce qui lui a tordu le bras ? Non. Il a cru qu’il allait le ramener à la raison. Est-ce qu’il l’a fait ? Non. Il a cru pouvoir ramener Trump à la raison, avec le succès qu’on connaît. Alors pourquoi tout risquer comme ça ? Risquer de mettre le RN à Matignon pour prouver que ce parti est incapable de gouverner ? Vous jouez à quitte ou double. Quitte, il n’en est pas capable. Double, Marine Le Pen prend l’Élysée dans trois ans. On ne joue pas à la roulette russe comme ça. Leur probable arrivée au pouvoir rappelle l’exemple du PiS en Pologne, l’exemple de Viktor Orbán en Hongrie, c’est la tendance aux démocraties illibérales. Qu’on donne la France aux héritiers de Pétain me désespère.

Dissolution : une décision purement narcissique de Macron ( COHN- BENDIT)

Dissolution : une décision purement narcissique de Macron ( COHN- BENDIT)

 

Daniel Cohn-Bendit, soutien de Glucksmann  qui fut proche un moment de Macron ,considère dans La Tribune que la décision de dissolution correspond à un réflexe purement narcissique du chef de l’État.

 Comment expliquez-vous cette décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ? Arrivez-vous à la rationaliser ?

DANIEL COHN- BENDIT - Non, je suis incapable de la rationaliser. Je me demande ce que je n’ai pas compris chez lui, ce que je n’ai pas vu. Ce type, qui avait des capacités extraordinaires, est enfermé dans lui-même. C’est un don Juan intellectuel, qui peut aimer certaines personnes et puis les lâcher, comme les don Juan lâchent les femmes. Il ne cherche ses vérités que dans lui-même. C’est un mystère, un homme visiblement perdu parce qu’il ne croit qu’en lui-même. Il n’y a que lui qui comprenne tout. Il n’y a que lui qui trouve les solutions. Il n’y a que sa parole qui porte. Alors même que ce n’est pas lui qui comprend tout, que sa parole ne porte plus et qu’il s’isole avec des bras cassés qui lui donnent des conseils incompréhensibles. Toutes les forces politiques livrent la France au Rassemblement national. Et c’est à qui est le plus bête pour y arriver le plus rapidement.

Est-ce le reflet d’une déconnexion totale ?

Ce n’est pas une déconnexion, mais le reflet d’une incapacité à s’adapter aux évolutions de la France. Le choix de la dissolution, c’est celui de quelqu’un qui ne répond qu’à sa propre blessure narcissique. Seulement, ce n’est pas un jeu. On n’est pas dans une cour d’école. Il s’en remet à la dissolution sans préparation, sans essayer autre chose, avec une véritable probabilité de mettre la France aux mains du RN. Tout ça pour ça. Du dépassement au RN. Waouh !

Qu’aurait-il pu faire pour accuser réception du score triomphant du RN ?

Emmanuel Macron aurait eu la possibilité de dire qu’il fallait une culture de coalitions. Il aurait pu changer la loi électorale en reprenant celle de 1986 sur la proportionnelle de François Mitterrand. Et dire que, avec l’élection à la proportionnelle, il n’y a plus de majorité absolue vu la France d’aujourd’hui. Cela aurait obligé tout le monde à entrer dans une nouvelle culture politique de négociation et de compromis.

Que pensez-vous du Nouveau Front populaire ? Est-ce une alliance contre-nature

ou une nécessité ?

S’allier en passant sous les fourches caudines de La France insoumise, c’est la défaite annoncée. En vingt-quatre heures, ils ont mis de côté Raphaël Glucksmann. En vingt-quatre heures ! Et Jean-Luc Mélenchon nous prend pour des idiots en disant qu’il peut être Premier ministre, mais que c’est le groupe le plus fort qui décidera. Or le groupe le plus fort sera La France insoumise étant donné la répartition des circonscriptions. Et vous croyez que ce trotskiste autoritaire laissera la place à qui que ce soit si jamais le Nouveau Front populaire est majoritaire ? De toute façon, la France ne donnera pas la majorité absolue à ce dernier au scrutin majoritaire. Il faut arrêter de rêver ! Le seul qui peut avoir la majorité absolue, c’est le Rassemblement national. C’est pour ça que l’idée prônée par Raphaël Glucksmann de choisir Laurent Berger pour Matignon était la plus intelligente. Laurent Berger est un homme rassembleur, c’est un médiateur. Il fait confiance. Mélenchon, c’est le contraire, il n’inspire pas confiance.

Vous considérez donc que socialistes et Écologistes n’auraient pas dû s’allier aux Insoumis ?

Il faut y aller à condition de leur faire comprendre que continuer avec Jean-Luc Mélenchon comme porte-drapeau, c’est le suicide collectif de la gauche. Une coalition avec pour porte-parole celui qui est un repoussoir pour 65 à 70 % des Français est une folie. Être contre le populisme, le souverainisme, le nationalisme aujourd’hui, ce n’est pas chercher à être le plus radical possible, comme La France insoumise. Être contre le populisme, le souverainisme aujourd’hui, c’est justement être capable de
calmer le jeu dans une France complètement désorientée. La manière dont ils font de la politique, la manière dont ils agressent, la manière dont ils assènent des méchancetés, leur discours sur le conflit au Proche-Orient et le Hamas en font des repoussoirs pour une grande majorité des gens de gauche en France.

On ne joue pas à la roulette russe comme ça

 

Si le RN arrive à Matignon, cela peut-il le démonétiser en vue de 2027 ? Est-ce ça, selon vous, le pari d’Emmanuel Macron ?

Je ne dis pas qu’il est impossible, mais c’est un pari fou. Emmanuel Macron se croit tout-puissant. Il a cru qu’il allait tordre le bras à Poutine. Est-ce qui lui a tordu le bras ? Non. Il a cru qu’il allait le ramener à la raison. Est-ce qu’il l’a fait ? Non. Il a cru pouvoir ramener Trump à la raison, avec le succès qu’on connaît. Alors pourquoi tout risquer comme ça ? Risquer de mettre le RN à Matignon pour prouver que ce parti est incapable de gouverner ? Vous jouez à quitte ou double. Quitte, il n’en est pas capable. Double, Marine Le Pen prend l’Élysée dans trois ans. On ne joue pas à la roulette russe comme ça. Leur probable arrivée au pouvoir rappelle l’exemple du PiS en Pologne, l’exemple de Viktor Orbán en Hongrie, c’est la tendance aux démocraties illibérales. Qu’on donne la France aux héritiers de Pétain me désespère.

Mode du selfie : un recentrage idéologique narcissique

Mode du selfie : un recentrage idéologique narcissique

 

Les adeptes de la religion du selfie  ne peuvent prendre une photo de monuments, de paysages ou de personnages sans y apposer aussi leurs propres bobines. Souvent même cette bobine constitue le sujet central du selfie ensuite diffusé comme expression d’art nouveau sur les réseaux sociaux populistes. Une sorte de culte égocentrique pour remplacer sans doute les anciennes idéologies plus collectives et plus universelles. Bref le culte du nombril.

D’après un sondage IFOP de 2018 , on compte 40 milliards de selfies pris chaque année dans le monde et  60% des Français prennent des selfies, dont la majorité (34%) moins d’une fois par mois, et 3% tous les jours, d’après un sondage IFOP de 2018. En manque sans doute de regards sur l’extérieur, les accros du Smartphone orientent leur attention d’abord sur leur appareil et les plus hyperactifs aussi sur eux-mêmes.

À quand des vidéos, des films ou des programmes télé uniquement de selfies de celui qui regarde. Bref grâce aux technologies modernes on réinvente le miroir !

Pour Nicolas Guéguen, professeur et chercheur en psychologie, auteur de Psychologie de la séduction (Dunod), leurs raisons sont multiples: ces réfractaires aux selfies «sont des personnes plutôt solitaires pour qui le contact social n’est pas la priorité; et plutôt hyperactifs, qui n’ont ni le temps, ni l’envie, d’appuyer sur pause.» Il est aussi question de génération et de genre: «Les “digital natives” sont naturellement plus familiers de ces supports.

La révolution numérique et l’émergence d’un nouveau concept narcissique

La révolution numérique et l’émergence d’un nouveau 

concept narcissique (Clotilde Leguil)

 

Notre époque favorise un nouveau narcissisme numérique pour  la philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil dans son dernier livre « “Je”, une traversée des identités » (PUF). Elle en attribue la cause à un internet de l’intime qui provoque souffrance et enfermement. Car si le narcissisme est nécessaire à la constitution de l’individu, il devient mortifère quand il n’est pas dépassé. Indiscutablement les technologies numériques ont permis des progrès qui rendent possible de s’affranchir d’une certaine manière de l’espace. Elle constitue un moyen d’ouverture sur le monde en favorisant l’accélération des échanges d’informations, de bien et de culture. C’est un changement fondamental aussi dans les conditions de production et de consommation. Des outils qui peuvent permettre un accès sans limite à la formation, à la culture et à l’échange. Mais des outils qui peuvent aussi aliéner quand en fait le sujet utilisateur de ces technologies devient l’unique objet de l’utilisation de ces outils. Le monde virtuel qui l’accompagne constituant une sorte de miroir sujet lui-même. Avec en plus une addiction quasi permanente à ce miroir. (Interview de lobs) extraites :

Vous expliquez que nous vivons dans une période particulièrement propice au narcissisme, quels en sont les symptômes ?

Tout part d’une formule que j’ai découverte par hasard à Venise. Alors que je me surprenais à regarder des touristes se filmant avec leur iPhone plutôt que de contempler la beauté de la ville, j’ai lu un graffiti : « Le narcissisme de masse est le goulag des temps modernes. » Aphorisme que j’ai trouvé poétique et rassemblant quelque chose d’un diagnostic de notre époque. Il ne s’agit pas pour moi de dénoncer le narcissisme en tant que tel. Ce que j’interroge, c’est une nouvelle version du narcissisme au XXIe siècle, liée à la révolution numérique, un narcissisme à la fois globalisé et enfermant.

Aujourd’hui, l’univers d’internet – les réseaux sociaux, les sites de rencontre etc. – capte quasiment l’entièreté de la libido : les foules sont comme hypnotisées par le regard de l’autre qui les contemple derrière son écran. »

La révolution numérique favorise un nouveau concept narcissique (Clotilde Leguil)

 La révolution numérique favorise un nouveau  concept narcissique (Clotilde Leguil)

 

Notre époque favorise un nouveau narcissisme numérique pour  la philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil dans son dernier livre « “Je”, une traversée des identités » (PUF). Elle en attribue la cause à un internet de l’intime qui provoque souffrance et enfermement. Car si le narcissisme est nécessaire à la constitution de l’individu, il devient mortifère quand il n’est pas dépassé. Indiscutablement les technologies numériques ont permis des progrès qui rendent possible de s’affranchir d’une certaine manière de l’espace. Elle constitue un moyen d’ouverture sur le monde en favorisant l’accélération des échanges d’informations, de bien et de culture. C’est un changement fondamental aussi dans les conditions de production et de consommation. Des outils qui peuvent permettre un accès sans limite à la formation, à la culture et à l’échange. Mais des outils qui peuvent aussi aliéner quand en fait le sujet utilisateur de ces technologies devient l’unique objet de l’utilisation de ces outils. Le monde virtuel qui l’accompagne constituant une sorte de miroir sujet lui-même. Avec en plus une addiction quasi permanente à ce miroir. (Interview de lobs) extraites : 

Vous expliquez que nous vivons dans une période particulièrement propice au narcissisme, quels en sont les symptômes ?

Tout part d’une formule que j’ai découverte par hasard à Venise. Alors que je me surprenais à regarder des touristes se filmant avec leur iPhone plutôt que de contempler la beauté de la ville, j’ai lu un graffiti : « Le narcissisme de masse est le goulag des temps modernes. » Aphorisme que j’ai trouvé poétique et rassemblant quelque chose d’un diagnostic de notre époque. Il ne s’agit pas pour moi de dénoncer le narcissisme en tant que tel. Ce que j’interroge, c’est une nouvelle version du narcissisme au XXIe siècle, liée à la révolution numérique, un narcissisme à la fois globalisé et enfermant.

Aujourd’hui, l’univers d’internet – les réseaux sociaux, les sites de rencontre etc. – capte quasiment l’entièreté de la libido : les foules sont comme hypnotisées par le regard de l’autre qui les contemple derrière son écran. »

Hollande : immature et narcissique

Hollande : immature et narcissique

Ce qui caractérise les confidences de François Hollande aux journalistes c’est  le caractère immature et égocentrique du personnage. D’une certaine façon Hollande se regards dans un miroir déformé. Il veut démontrer qu’il a bien la posture du président de la république mais s’il n’est pas certain de cela puisqu’il tend le miroir à deux journalistes du monde sous influence. Finalement François Hollande n’a jamais réussi à entrer dans les habits du Président. Témoin des confidences autant sur les l affaires publiques que sur sa vie privée qui rendent compte de l’immaturité et du narcissisme du petit bourgeois parvenu un peu par hasard aux plus hautes fonctions de la république. François Hollande davantage profilé pour faire un sous-préfet de province ou un curé de campagne mais qui veut encore se persuader qu’il aura occupé une place dans l’histoire. En cassant les codes habituels de la communication, François Hollande ne renonce pas à ses objectifs. Isolé, impopulaire, peu crédible, il ne lui reste qu’une carte à jouer : le prestige du sortant dans sa posture d’homme d’Etat. En murmurant à l’oreille des journalistes l’envers du décor de sa pratique du pouvoir, le président se met en scène en président et se place dans l’histoire. Il se donne un prestige qu’il espère secrètement voir peser lors de la prochaine campagne, faut de vrai bilan à faire valoir. Cette stratégie n’est cependant pas que le fruit d’une situation désespérée. La mise en abyme d’un président en fonction se décrivant en tant que président en fonction pour s’assurer qu’il est bien un président en fonction donne l’image d’un Narcisse inquiet, incapable de se convaincre lui-même qu’il est bien un président en fonction. Dans le dernier ouvrage paru, François Hollande se plaint que les journalistes ne voient en lui qu’un éternel secrétaire national du PS et jamais un président, mais lui-même ne semble si peu convaincu de son rôle qu’il doit en permanence se mettre en scène en tant que président. L’ouvrage a cette fonction de l’assurer qu’il est bien un acteur de l’histoire, comme si la fonction elle-même ne lui suffisait pas à s’en convaincre. Et c’est pour cela que François Hollande ne peut attendre la fin de son mandat pour en écrire l’histoire. Depuis quelques mois, François Hollande se montre très inquiet de la trace qu’il laissera. On l’a vu dans ses propos sur les attentats qui ont frappé la France, lorsqu’il a souligné combien le président devait faire face à la mort. Faire face à la mort des autres, c’est aussi faire face à la sienne et à l’éternité. C’est faire du président l’intermédiaire entre les vivants et les morts, entre ce monde et l’autre. L’hôte de l’Elysée s’est alors placé dans une temporalité différente de celle des Français. On l’a vu aussi dans la gestion de la loi El-Khomri où l’obsession de « réformer » a pris aussi une tournure métaphysique, où il s’agissait, à tout prix, d’apparaître devant l’histoire comme un président « réformateur » et donc de laisser sa marque à la postérité.  L’histoire du quinquennat de François Hollande est pourtant objectivement celle d’un renoncement. A ses promesses de 2012, comme à sa conversion « réformatrice » qui a suivi. C’est celle d’une forme d’inaction et d’incapacité permanente de choisir. En renonçant à laisser à la postérité le temps qui est le sien, François Hollande renonce à utiliser le vrai ressort de l’histoire : l’action de long terme. Faute de pouvoir ou vouloir véritablement agir, le président construit donc lui-même la narration de son quinquennat pour tenter de combler un vide dont la trace future l’effraie. François Hollande a peur du vide qu’il laissera, il le remplit donc avec ce qu’il peut : lui-même.

= (avec BFM)




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