Tarification Electricité : un prix « autour de 70 euros » du MWh
Après de longs mois de négociations, l’Etat et EDF sont parvenus à un accord garantissant le prix de l’électricité nucléaire moyen « autour de 70 euros » le mégawattheure, a annoncé, mardi 14 novembre, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Un accord déjà contesté par le grand patronat qui s’attend déjà à des hausses et critique la complexité du système. Mais un accord qui permet quand même de se désengager du mécanisme européen de fixation des prix de l’électricité en fonction de ceux du gaz et qui revient sur la vente à perte par EDF d’électricité à des organisations intermédiaires souvent parasites . L’objectif est aussi et peut-être surtout de donner les moyens financiers à EDF pour son redressement et les énormes investissements à venir.
L’accord fixe donc un niveau de prix moyen autour de 70 euros le MWh pour l’électricité nucléaire, à partir de 2026 et pour 15 ans. Dans ce mécanisme, les éventuels revenus supplémentaires engrangés par EDF en cas de dérapage des prix sur le marché, seront reversés pour partie aux consommateurs.
Cet accord, a promis Bruno Le Maire, permettra au consommateur une « protection permanente » sur les prix de l’électricité, aux entreprises de préserver leurs « atouts de compétitivité », et à EDF de « garantir le financement de ses investissements futurs, en particulier dans les nouveaux réacteurs nucléaires ».
« Une bonne négociation est une négociation où tout le monde est satisfait du résultat final. Je pense que c’est le cas », s’est félicité, ce matin, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse présentant l’accord entre EDF et l’exécutif sur la nouvelle régulation encadrant le prix de l’électricité nucléaire.
Cet accord intervient après de longs mois de négociations sous haute tension entre l’électricien historique et le gouvernement, alors que le mécanisme actuel de l’Arenh, qui contraint EDF à vendre une grande partie de son électricité nucléaire à prix cassé (42 euros du mégawattheure), va s’arrêter fin 2025.
La déclaration du locataire de Bercy a de quoi faire grincer des dents Frank Roubanovitch, le président de la CLEEE, une association d’entreprises grandes consommatrices d’énergie issues de secteurs variés, allant de l’industrie métallurgique à l’agroalimentaire, en passant par les semi-conducteurs, l’automobile, les télécoms ou encore les grands transporteurs et l’hôtellerie. Loin d’être satisfaite par cet accord, la CLEEE dénonce, au contraire, « un grand pas en arrière pour les entreprises françaises ».
« EDF est une entreprise nationalisée », mais « EDF doit être rentable, nous ne sommes pas en Union soviétique », a souligné le ministre, qui se refusait à voir le groupe vendre son électricité à « prix cassé ».
Cet accord s’inscrit dans la continuité d’un accord sur la réforme du marché européen de l’électricité, « qui vise à déconnecter le prix de l’électricité du prix des énergies fossiles, notamment celui du gaz », a expliqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Dans le mécanisme actuel, depuis 2012, EDF était contraint de vendre une partie de son électricité au prix cassé de 42 euros le MWh à ses concurrents fournisseurs alternatifs, qui devaient le répercuter sur les factures des consommateurs finaux. Or, EDF a toujours considéré que ce système le privait de revenus, son ancien PDG Jean-Bernard Lévy le qualifiant même de « poison ». Alors qu’une partie de la production nucléaire était exposée à la volatilité des marchés, le nouveau cadre couvrira l’intégralité de cette production.
Concrètement, cette nouvelle organisation reposera sur « un mécanisme de plafonnement des prix pour protéger les consommateurs », qui sera activé « dès lors que les prix d’EDF seraient significativement supérieurs au prix d’équilibre moyen de 70 euros le MWh », a expliqué la ministre de la Transition énergétique. Dès que le prix moyen dépassera les 78 à 80 euros le MWh, 50% des revenus supplémentaires engrangés par EDF au-delà de ce seuil iront « à la collectivité », donc aux consommateurs. Et si le prix moyen dépasse 110 euros, la captation de ces revenus excédentaires sera de 90%.
Le système du tarif réglementé de vente de l’électricité pour les particuliers et les petites entreprises sera « étendu » à toutes les Très petites entreprises (TPE), a annoncé mardi le ministre de l’Economie et des Finances.
« Toutes les entreprises de moins de dix personnes et de moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires auront droit à un tarif régulé, quel que soit leur niveau de consommation électrique. Il n’y aura donc plus de seuil à 36 kilovoltampères (kVA) », a indiqué le ministre. Jusqu’ici, les TPE les plus consommatrices d’énergie – comme dans le secteur des artisans-boulangers – qui étaient alimentées pour une puissance supérieure à 36 kVA n’avaient pas accès à ce tarif.