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ChatGPT : Une mutation du rapport au monde ?

ChatGPT : Une mutation du rapport au monde

Le 30 novembre 2022, la société Open AI lançait ChatGPT déclenchant un foisonnement de débats et de questionnements. Le rapport à la « réalité » qu’entretient notre société explique en partie l’émergence et le succès d’intelligence artificielle comme ChatGPT. À la fin des années 70, l’économiste Harry Braverman soulignait déjà que l’informatique contribuait à accentuer la distance entre la main et l’esprit signant la disparition progressive de gestes et de savoirs traditionnels comme de certains métiers manuels. L’informatique, nous le comprenions déjà, allait transformer notre rapport à la réalité, telle une membrane ou une interface qui s’interpose entre nous et le monde pour nous dire ce qui compte et ce qui vaut. Ce que nous ne savions pas à l’époque, c’est que ces membranes ou interfaces, autrefois maîtrisables et intelligibles dans des programmes qu’on parvenait encore à expliquer et à discuter, allaient devenir de plus en plus intelligentes et obscures. Avec les systèmes d’IA, comme celui qui supporte ChatGPT, la membrane perd en contrôle.

par Claire Lobet-Maris
Professeure senior sociologie du digital et créativité, Université de Namur dans « The Conversation »

La sociologue Madeleine Akrich propose de considérer la technologie comme un acteur à qui on décide de déléguer des tâches. Ce terme de délégation est intéressant car que déléguons-nous à ChatGPT ? On lui confie la tâche de répondre à nos questions en fouillant des milliards de données pour trouver la « bonne information ». En ce sens, ChatGPT ne fait qu’un pas de plus dans les délégations que nous avons déjà confiées aux machines.

Mais peut-être est-ce un pas de trop car en utilisant la métaphore du délégué pour penser ChatGPT, ce que nous acceptons, c’est de confier la recherche d’information – et partant, notre rapport au monde – à un délégué dont on ne sait ni ce qu’il interroge, ni comment il fonctionne. C’est comme si on acceptait de confier son sort à un parfait inconnu dont on ne sait rien. Il y a là l’installation progressive d’un régime de vraisemblance où la distinction entre matérialité des faits et fabrication des faits par l’algorithme s’obscurcit, nous amenant dans un monde où plus rien ni personne ne peut être sûr.

En effet, l’incertitude liée à l’inflation informationnelle que nous connaissons depuis des décennies avait déjà tissé le lit de ce régime de post-vérité fait de fake news et de grands complots. Ce rapport troublé à la vérité des faits est ce qui permet évidemment toutes les manipulations, puisque ces textes produits sans discernement ne se heurtent plus ni à la consistance du réel que la philosophe Hannah Arendt qualifiait de « matérialité factuelle », ni à l’âpreté du débat.

Avec des outils comme ChatGPT, nous ne sommes plus qu’« au bord du monde », comme le dirait l’urbaniste et essayiste Paul Virilio, à sa toute dernière extrémité. La réalité n’est plus qu’un reste, un résidu…

Ce régime de vraisemblance est d’autant plus critique qu’il nous prend individuellement. De fait, le deuxième rôle que nous confions à ce « délégué » est de répondre à « nos » questions en « tenant compte » de nos réactions et avis, nous enfermant progressivement, par ce système d’apprentissage, dans une boucle de renforcement. À titre d’exemple, en suggérant dans la conversation avec ChatGPT que vous adorez les romans de Louis-Ferdinand Céline ou que vous les détestez, vous aurez deux appréciations totalement différentes de l’écrivain.

Ici aussi ce qui permet à ChatGPT d’exister et de se loger dans les différents plis de la société, c’est qu’il s’inscrit dans un terreau social bien présent que Paul Virilio nomme « l’individualisme de masse ». Par ce terme, il désigne la capacité des médias informatiques avancés « à traiter tête par tête nos mentalités ». En fait, nous dit-il, toutes ces technologies ne font qu’ouvrir la voie à la « télécommande universelle », une métaphore qui permet de penser ces applications qui ne laisseront plus à l’individu « de temps perdu, autrement dit de temps libre pour la réflexion, l’introspection prolongée ».

« L’individualisme de masse » permet à ChatGPT d’exister et de se loger dans les différents plis de la société
« L’individualisme de masse » permet à ChatGPT d’exister et de se loger dans les udifférents plis de la société. Pexels, CC BY-NC
La vitesse à laquelle opère ChatGPT contribue, pour reprendre ses termes, à « une sorte d’illusion stroboscopique qui brouille toute perception et donc toute véritable connaissance ». Notre esprit y était déjà bien préparé « habitué au zapping […] à l’association sauvage de sa navigation sur Internet […] il se contente de glaner çà et là des informations par butinage des lambeaux figés de sens ». Ceci pose la question de comment peut se faire et avancer une société dans un tel individualisme volatile et pointilliste.

Ce nouveau délégué qu’est ChatGPT est très symbolique de ce régime socio-économique que le philosophe André Gorz a qualifié de capitalisme cognitif. Dans ce régime, comme le résument bien les philosophes italiens Toni Negri et Carlo Vercellone « l’enjeu central de la valorisation du capital porte directement […] sur la transformation de la connaissance en une marchandise fictive ».

Rappelons que pour l’économiste Karl Polanyi, une marchandise répond à deux critères : être produit (critère de production) pour la vente (critère de validation). Ces connaissances ne sont pas des marchandises, elles font partie du commun et c’est le propre du capitalisme cognitif de privatiser à la fois leur accès et leur exploitation.

Ce régime considère la connaissance comme un stock regorgeant de données qu’il s’agit de fouiller et d’exploiter, enfermant progressivement la connaissance dans une boucle où plus rien ne se crée et où tout devient exploitation et gestion. À l’instar d’autres systèmes industriels ayant exploité la terre et la nature jusqu’à l’épuiser, des systèmes comme ChatGPT peuvent également participer à un appauvrissement de notre culture, transformant par bouclage et renforcement ce bien commun qu’est la connaissance en un vaste fournisseur d’inepties et inerties.

Au-delà de l’épuisement de la connaissance et de la culture, ces outils d’IA recèlent en eux un risque de perte généralisée de notre rapport au réel. Ainsi, nous dit Paul Virilio, « après l’accident de la substance, nous inaugurons avec le siècle qui vient un accident sans pareil, accident du réel », véritable « dé-réalisation, conduisant adultes et adolescents vers un monde parallèle sans consistance, où chacun s’accoutume peu à peu à habiter l’accident d’un continuum audiovisuel indépendant de l’espace réel de sa vie ».

Cet accident est tout en abîme puisqu’il s’agit à la fois de perdre pied par rapport à la matérialité des faits mais aussi de ne plus pouvoir reprendre pied du fait du caractère autonome et dès lors peu contrôlable de ces technologies dites intelligentes.

En 1960, dans « L’œil et l’esprit », le philosophe Maurice Merleau Ponty écrivait « La science manipule les choses et renonce à les habiter. Elle […] ne se confronte que de loin en loin avec le monde actuel. »

Face à ChatGPT, on lirait certainement chez Paul Virilio, comme chez André Gorz, une même invitation à retrouver la voie sensible du savoir, à renouer avec l’expérience touchante du monde vécu. Savoir et comprendre nous rappellent ces auteurs n’est pas connaître. Savoir et comprendre nécessitent de se confronter au monde, de le toucher, de le sentir, de l’appréhender autrement que dans la platitude des écrans. Là, nous dit Paul Virilio, le sens du réel et de sa finitude se perd et toutes les vérités deviennent possibles.

Au-delà de l’épuisement de la connaissance et de la culture, ces outils d’IA recèlent en eux un risque de perte généralisée de notre rapport au réel. Pexels, CC BY-NC
L’ère industrielle nous a conduit au réchauffement climatique. L’ère artificielle pourrait nous conduire à un réchauffement des esprits, une perte généralisée du « sens de l’orientation » où notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes deviendrait incontrôlable. Il est évident, nous dit Paul Virilio, que cette perte d’orientation inaugure une crise profonde qui affectera nos démocraties.

Face à ce défi majeur, le concept d’écologie grise de Paul Virilio est une invitation à politiser ce qui arrive au « réel », à notre culture, c’est-à-dire à notre rapport au monde, tout comme l’écologie verte l’a fait depuis bien longtemps avec la nature.

L’écologie grise nous invite à reprendre fermement et sérieusement la main démocratique sur le développement de ces technologies. Sans cette fermeté, souligne Paul Virilio en reprenant Hannah Arendt : « Il se pourrait que nous ne soyons plus jamais capables de comprendre, c’est-à-dire de penser et d’exprimer les choses que nous sommes cependant capables de faire. »

La mutation politique de l’Afrique

La mutation politique de l’Afrique


L’Afrique est entrée dans un autre cycle historique et, dans celui-ci, la France n’est plus qu’un acteur secondaire, constate le philosophe et historien, Achille Mbembe, philosophe dans une tribune au « Monde ». Le continent se trouve ainsi confronté, selon lui, au choix entre néosouverainisme et démocratie. Les prises du pouvoir par les militaires au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger, tout comme d’autres conflits plus ou moins sanglants dans les territoires africains anciennement colonisés par la France, ne sont que des symptômes des transformations profondes que l’on a longtemps occultées et dont l’accélération soudaine prend à contre-pied nombre d’observateurs distraits. Derniers soubresauts de la longue agonie du modèle français de la décolonisation incomplète, pourrait-on arguer. Encore faut-il préciser que ces luttes sont, pour l’essentiel, portées par des forces éminemment endogènes. A tout prendre, elles annoncent la fin inéluctable d’un cycle qui, entamé au lendemain de la seconde guerre mondiale, aura duré près d’un siècle.

Certes, il existe toujours des bases militaires au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Tchad et à Djibouti. Le franc CFA n’a toujours pas été aboli, et l’Agence française de développement est loin d’avoir achevé sa mue. Entre-temps, les centres culturels français ont changé de nom. Nonobstant la permanence de ces vestiges d’un temps révolu, la France ne décide plus de tout dans ses anciennes possessions coloniales. Au demeurant, la plupart de ces outils et bien d’autres sont dorénavant désuets. Le temps est peut-être venu de s’en débarrasser, et en bon ordre.

Le hiatus serait ainsi clos. Placés pour une fois devant leurs responsabilités, les Africains ne disposeraient plus d’aucune échappatoire. La décolonisation serait parachevée et, surtout, actée. Car l’étau que la France maintenait sur ses anciennes colonies s’est largement desserré en ce début de siècle, parfois en dépit de sa volonté. Dans le tournant historique en cours, celle-ci n’est plus qu’un acteur secondaire. Non pas parce qu’elle aurait été évincée par la Russie ou par la Chine, épouvantails que savent bien agiter ses ennemis et pourfendeurs locaux dans le but de mieux la rançonner, mais parce que, dans un mouvement inédit et périlleux d’autorecentrage, dont beaucoup peinent à prendre toute la mesure, l’Afrique est entrée dans un autre cycle historique.

Mue par des forces, pour l’essentiel autochtones, elle est en train de se retourner sur elle-même. Pour qui veut comprendre les ressorts profonds de ce pivotage, les luttes multiformes qu’il entraîne et son inscription dans la longue durée, il faut changer de grille d’analyse et partir d’autres postulats. Il faut surtout commencer par prendre au sérieux les compréhensions que les sociétés africaines elles-mêmes ont désormais de leur vie historique propre. Le continent fait en effet l’expérience de transformations multiples et simultanées. D’ampleur variable, elles touchent tous les ordres de la société et se traduisent par des ruptures en cascade.

La mutation de la mondialisation

La mutation de la mondialisation

La mondialisation a atteint un tournant critique où la flambée des flux de données et d’informations génère désormais plus de valeur économique que le commerce mondial des marchandises daprès uen étude de McKinsey rapportée par the digital Insurer

Dans le rapport «Mondialisation numérique: la nouvelle ère des flux mondiaux», James Manyika et Susan Lund de McKinsey évoquent les tendances des échanges transfrontaliers de biens, services, finances, personnes, données et informations. Selon le rapport, les flux de données transfrontières devraient être multipliés par neuf d’ici 2020. D’autres résultats clés sont les suivants:

• Les flux mondiaux de biens, de services, de finances, de personnes et de données ont contribué à au moins 10% du PIB mondial, ajoutant 7.8 billions de dollars en 2014 avec des flux de données représentant 2.8 billions de dollars
• D’ici 2020, près d’un milliard d’acheteurs dépenseront 1 billion de dollars dans le commerce transfrontalier. Il y a déjà 1 millions de petites et moyennes entreprises (PME) sur les réseaux sociaux; 50 millions de PME font du commerce sur le site e-commerce Alibaba et 10 millions sur Amazon
• D’ici 2025, l’impression 3D pourrait déplacer certains échanges de produits manufacturés
• D’ici 2019, les connexions machine à machine devraient représenter plus de 40% des appareils et des connexions mondiaux
• Singapour en tête des dernières Indice de connectivité McKinsey MGI, qui quantifie les entrées et sorties de biens, de services, de finances, de personnes et de données. Singapour est suivie des Pays-Bas, des États-Unis et de l’Allemagne. La Chine est passée du n ° 25 au n ° 7
• Par 2025, MGI estime que les entreprises basées sur les marchés émergents représenteront 45% du classement mondial Fortune 500, contre 26% aujourd’hui
Presque tous les secteurs verticaux connaissent une croissance numérique en termes de nouvelles idées, de talents et d’intrants, ce qui pourrait entraîner des perturbations massives dans toutes les chaînes de valeur.

Les entreprises doivent se poser quelques questions pour créer une situation gagnant-gagnant sur le marché numérique:
1. Votre empreinte et votre structure organisationnelle ont-elles un sens dans un monde plus numérique?
2. Devez-vous proposer une marque et une gamme de produits dans le monde entier ou personnaliser pour les marchés locaux?
3. Avez-vous les bons fournisseurs et canaux clients?
4. Avez-vous les bons atouts pour rivaliser numériquement et mondialement?
5. Êtes-vous prêt pour une nouvelle ère de concurrence mondiale accélérée numériquement?
6. Êtes-vous prêt à affronter de nouveaux risques?

Cette transition des entreprises traditionnelles vers NextGen créera de nouvelles opportunités en favorisant des emplacements riches en infrastructures, institutions et environnements commerciaux.
Avec la vigilance numérique croissante des acteurs du marché, les décideurs politiques seront confrontés aux défis suivants:
• Créer un environnement propice aux flux de données pouvant varier d’un pays à l’autre
• Éliminer les obstacles politiques et administratifs qui entravent les flux mondiaux
• Faire face à la dislocation en cas d’emploi et d’autres causes sociétales
• Investir dans le capital humain
• Construire l’infrastructure nécessaire et réduire la fracture numérique
• Créer un environnement commercial et institutionnel solide
• Protéger la confidentialité des données tout en maintenant un Internet ouvert
• Faire de la cybersécurité une priorité absolue
C’est aux décideurs politiques de saisir les avantages numériques tout en atténuant les risques. Pour les acteurs du marché, il s’agit de présenter la bonne aptitude et l’attitude nécessaires pour survivre et s’adapter à l’évolution du paysage numérique, en tirant le meilleur parti des opportunités disponibles.

La mutation écologique passe par l’industrialisation du pays

 La mutation écologique passe par l’industrialisation du pays

Le  directeur général de la Caisse des Dépôts ,Eric Lombard,  rappelle l’importance du développement maîtrisé des territoires ( papier de la  Tribune)

Le territoire n’a jamais été autant au coeur des attentions. Si on le regardait déjà différemment avant la crise, les changements et remises en question engendrés par celle-ci ont sans doute accélérer un mouvement de fond qui, certes, existait déjà mais de manière plus discrète.

Pour rappel, c’est déjà dans un contexte de pouvoir redonné aux élus que la Caisse des Dépôts a lancé la Banque des Territoires en 2018. L’idée était déjà de confier à nouveau les manettes décisionnelles aux élus, ceux qui sont sur le terrain et connaissent tout du besoin de leur territoire. Quatre ans après la naissance de cette marque, Eric Lombard n’est pas mécontent du bilan qu’il juge « positif » en rappelant que « le volume de l’investissement sur les territoires a été multiplié par 3 ». Des territoires « qui se transforment ». Vite. L’enjeu étant que cette transformation se fasse bien.

« Bottom up » plutôt que « top down »

Dans le rôle du levier, le programme « Action Cœur de Ville» a créé une appétence certaine auprès des élus. « C’est un bon modèle de l’action territoriale », reconnaît Eric Lombard. Parce que « nous avons mis à disposition une boîte à outils » et que le tout s’est fait avec les différentes associations d’élus. « Les outils sont à leur disposition. Ce sont les élus qui décident des projets », insiste encore Eric Lombard.  Une façon de dire que ce n’est pas un programme national dupliqué en région (comme le faisait l’ex-DATAR) mais qu’il appartient à chaque élu de développer les projets dont ont besoin leur territoire.  En langage startup, ça s’appelle «bottom up» plutôt que «top down». Et preuve du succès, sa prolongation jusqu’en 2026 par le Premier ministre, Jean Castex, il y a un an, lui accorde une plus grande longévité que prévu, initialement de quatre ans.

Et puisque l’état d’esprit fonctionne bien, c’est le même schéma qui a été dupliqué pour le programme «Petites Villes de demain». « Nous y injectons quatre fois plus d’ingénierie, soit 200 millions d’euros », indique Eric Lombard. Dédié aux communes de moins de 20.000 habitants qui représentent à la fois une centralité mais aussi une fragilité, le programme a connu un démarrage rapide dès 2021. Il faut dire qu’entre-temps, la crise sanitaire a créé un exode urbain qui a redonné encore plus d’appétence aux villes hors métropoles. « Ce programme est arrivé au bon moment, apportant une réponse à la fois aux Gilets jaunes qui ne se sentaient pas bien traités par la République et à la crise. Nous avons maintenant un sujet de construction de logements, notamment de logements sociaux. Nous devons accélérer le rythme de construction en étant soucieux de sujets comme l’artificialisation des sols et en intégrant la mobilité douce ».

Les friches, atout pour l’industrie durable

Dans ce contexte, les friches peuvent être un atout. Déjà pris en main par les Safer (les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui peinent à trouver toutes les solutions, le Fonds Friche, doté de 100 millions d’euros et réitéré pour la troisième fois depuis le début de l’année, doit aussi être un outil utile. « Les friches disponibles doivent être utilisées et ce travail doit être mené, lui aussi, avec les élus ».

Créé bien avant la crise, mais freiné par celle-ci, un autre programme pourrait bien accompagner le mouvement de réindustrialisation désiré. Car « Territoires d’industries » a vocation à rassembler les parties prenantes autour de problématiques industrielles partagées, en intégrant évidemment le volet durabilité. « La transformation écologique nécessite impérativement l’industrialisation du pays », affirme Eric Lombard. « Si l’on veut fabriquer durable, il faut des usines propres, des usines plus sobres en énergie, en gaz carboné et cela doit être fait de façon pérenne ». Favoriser une industrialisation verte, c’est aussi, rappelle le directeur général de la CDC, « créer des emplois, avoir un effet positif sur la balance commerciale… ». Et « Territoires d’industries est aussi un sujet lié à l’utilisation des friches. C’est un élément de la solution ».

Et Eric Lombard de rappeler que la Caisse des Dépôts est un partenaire qui choisit la durée. « Chaque ville à ses problématiques, nous nous inscrivons dans le temps long, nous accompagnons les élus dans la durée. Même si un programme venait à s’achever, nous serons présents ». De quoi jouer un effet réassurance.

Marseille en Grand, effet labo

Et puis il y a aussi l’effet expérimentation. Le « Plan Marseille en Grand » est de ces projets qui servent de laboratoire. Avec ses lieux d’incubations et ses tiers-lieux, la Cité phocéenne qu’Eric Lombard a beaucoup parcouru, est « une terre d’entreprenariat », reconnaît-il. La rénovation des écoles et la rénovation des bâtiments en n’oubliant pas le volet logement social – parts majeures du Plan – sont les deux sujets dans lesquels la CDC s’investit.

Pour son directeur général, le partage d’expérience entre élus est aussi une très bonne façon de faire infuser les idées, de dupliquer des modèles qui fonctionnent très bien dans d’autres endroits . C’est ce Printemps des territoires que la CDC organise chaque année et qui met tous les élus, de tous bords politiques dans un processus d’échange et de désir de changer leur ville. Autrement dit, « la politique au service de la ville ».

Politique- » Classes populaires « : fin ou mutation

Politique- » Classes populaires « : fin ou mutation

 

Il existe une « incapacité persistante », de la part des partis politiques et notamment de gauche, à comprendre les frontières, les transformations et les divisions d’un monde populaire beaucoup plus divers qu’autrefois, estime le directeur du think tank Terra Nova dans une tribune au « Monde ».

 

Visiblement la gauche politique à des difficultés à appréhender l’évolution sociologique des couches qu’elle est supposée représenter. On est un ainsi passé d’une sémantique à une autre pour parler d’abord de prolétariat, de classe ouvrière, puis de classes populaires sans pour autant clarifier l’évolution. Aujourd’hui on devrait sans doute parler davantage de couches moyennes relativement paupérisées et surtout plombées par les dépenses contraintes dont celles relatives au logement dans les métropoles.

 

Voilà plus de dix ans que la gauche est accusée d’avoir « abandonné les classes populaires ». Ce faisant, elle aurait délibérément brisé son socle électoral historique et organisé sa propre déroute. Ceux qui adhèrent à ce récit prétendent en avoir trouvé la preuve dans la publication, en mai 2011, d’un rapport de Terra Nova sur la stratégie électorale de la gauche qui lui conseillait de rechercher les suffrages des jeunes, des femmes, des diplômés, des minorités et des quartiers populaires plutôt que ceux des ouvriers et des employés.

J’ai, dès mon arrivée à Terra Nova, pris mes distances avec ce rapport, mais la polémique qu’il a suscitée masque, aujourd’hui encore, un fait qui empêche la gauche de renouveler son assise : une incapacité persistante à comprendre les frontières et les transformations du monde populaire. C’est cette difficulté qui était le plus problématique dans l’analyse de Terra Nova, comme chez la plupart de ses contradicteurs, et qui transparaît, aujourd’hui encore, dans l’ensemble des discours politiques.

Commençons par les ouvriers, composante longtemps hégémonique des classes populaires dans l’imaginaire collectif. La tendance des dernières décennies est clairement au déclin : les ouvriers représentent aujourd’hui 20 % de l’emploi total, soit 10 points de moins qu’au début des années 1980 et 20 points de moins qu’à la fin des années 1950. Le monde ouvrier s’éloigne en outre de l’industrie : si les ouvriers qualifiés (fraiseurs, chaudronniers…) n’ont pas trop mal résisté, les ouvriers non qualifiés sont passés, en quarante ans, de près de 30 % de l’emploi ouvrier à 15 % environ. Les deux tiers des ouvriers d’aujourd’hui ne travaillent plus dans le secteur industriel.

De fait, l’identification des ouvriers aux prolétaires des grands ateliers industriels d’antan relève de la persistance rétinienne d’une gauche nostalgique. Si elle veut renouer avec les ouvriers d’aujourd’hui, il ne lui suffira pas de parler au monde de l’usine ou de faire des gammes sur la réindustrialisation (projet essentiel, mais pour d’autres raisons). Qu’ils soient chauffeurs, cuisiniers ou maçons, la majorité des emplois d’ouvriers se trouve en effet aujourd’hui dans des entreprises de plus petite taille où la socialisation des expériences de travail est moins aisée, les interactions avec les autres catégories plus diversifiées et les syndicats souvent absents. Le sentiment d’appartenance au monde ouvrier s’est d’ailleurs affaibli : au début des années 2010, un quart seulement des ouvriers se considérait encore comme appartenant à la « classe ouvrière ». Celle-ci n’a pas seulement perdu en nombre et en cohérence : elle s’est aussi dépouillée d’une conscience d’elle-même et des grands récits qui lui donnaient forme.

Politique- » Classes populaires » : fin ou mutation

Politique- » Classes populaires » : fin ou mutation

 

Il existe une « incapacité persistante », de la part des partis politiques et notamment de gauche, à comprendre les frontières, les transformations et les divisions d’un monde populaire beaucoup plus divers qu’autrefois, estime le directeur du think tank Terra Nova dans une tribune au « Monde ».

 

Visiblement la gauche politique à des difficultés à appréhender l’évolution sociologique des couches qu’elle est supposée représenter. On est un ainsi passé d’une sémantique à une autre pour parler d’abord de prolétariat, de classe ouvrière, puis de classes populaires sans pour autant clarifier l’évolution. Aujourd’hui on devrait sans doute parler davantage de couches moyennes relativement paupérisées et surtout plombées par les dépenses contraintes dont celles relatives au logement dans les métropoles.

 

Voilà plus de dix ans que la gauche est accusée d’avoir « abandonné les classes populaires ». Ce faisant, elle aurait délibérément brisé son socle électoral historique et organisé sa propre déroute. Ceux qui adhèrent à ce récit prétendent en avoir trouvé la preuve dans la publication, en mai 2011, d’un rapport de Terra Nova sur la stratégie électorale de la gauche qui lui conseillait de rechercher les suffrages des jeunes, des femmes, des diplômés, des minorités et des quartiers populaires plutôt que ceux des ouvriers et des employés.

J’ai, dès mon arrivée à Terra Nova, pris mes distances avec ce rapport, mais la polémique qu’il a suscitée masque, aujourd’hui encore, un fait qui empêche la gauche de renouveler son assise : une incapacité persistante à comprendre les frontières et les transformations du monde populaire. C’est cette difficulté qui était le plus problématique dans l’analyse de Terra Nova, comme chez la plupart de ses contradicteurs, et qui transparaît, aujourd’hui encore, dans l’ensemble des discours politiques.

Commençons par les ouvriers, composante longtemps hégémonique des classes populaires dans l’imaginaire collectif. La tendance des dernières décennies est clairement au déclin : les ouvriers représentent aujourd’hui 20 % de l’emploi total, soit 10 points de moins qu’au début des années 1980 et 20 points de moins qu’à la fin des années 1950. Le monde ouvrier s’éloigne en outre de l’industrie : si les ouvriers qualifiés (fraiseurs, chaudronniers…) n’ont pas trop mal résisté, les ouvriers non qualifiés sont passés, en quarante ans, de près de 30 % de l’emploi ouvrier à 15 % environ. Les deux tiers des ouvriers d’aujourd’hui ne travaillent plus dans le secteur industriel.

De fait, l’identification des ouvriers aux prolétaires des grands ateliers industriels d’antan relève de la persistance rétinienne d’une gauche nostalgique. Si elle veut renouer avec les ouvriers d’aujourd’hui, il ne lui suffira pas de parler au monde de l’usine ou de faire des gammes sur la réindustrialisation (projet essentiel, mais pour d’autres raisons). Qu’ils soient chauffeurs, cuisiniers ou maçons, la majorité des emplois d’ouvriers se trouve en effet aujourd’hui dans des entreprises de plus petite taille où la socialisation des expériences de travail est moins aisée, les interactions avec les autres catégories plus diversifiées et les syndicats souvent absents. Le sentiment d’appartenance au monde ouvrier s’est d’ailleurs affaibli : au début des années 2010, un quart seulement des ouvriers se considérait encore comme appartenant à la « classe ouvrière ». Celle-ci n’a pas seulement perdu en nombre et en cohérence : elle s’est aussi dépouillée d’une conscience d’elle-même et des grands récits qui lui donnaient forme.

Classes populaires »: fin ou mutation

 » Classes populaires « : fin ou mutation

Il existe une « incapacité persistante », de la part des partis politiques et notamment de gauche, à comprendre les frontières, les transformations et les divisions d’un monde populaire beaucoup plus divers qu’autrefois, estime le directeur du think tank Terra Nova dans une tribune au « Monde ».

 

Visiblement la gauche politique à des difficultés à appréhender l’évolution sociologique des couches qu’elle est supposée représenter. On est un ainsi passé d’une sémantique à une autre pour parler d’abord de prolétariat, de classe ouvrière, puis de classes populaires sans pour autant clarifier l’évolution. Aujourd’hui on devrait sans doute parler davantage de couches moyennes relativement paupérisées et surtout plombées par les dépenses contraintes dont celles relatives au logement dans les métropoles.

 

Voilà plus de dix ans que la gauche est accusée d’avoir « abandonné les classes populaires ». Ce faisant, elle aurait délibérément brisé son socle électoral historique et organisé sa propre déroute. Ceux qui adhèrent à ce récit prétendent en avoir trouvé la preuve dans la publication, en mai 2011, d’un rapport de Terra Nova sur la stratégie électorale de la gauche qui lui conseillait de rechercher les suffrages des jeunes, des femmes, des diplômés, des minorités et des quartiers populaires plutôt que ceux des ouvriers et des employés.

J’ai, dès mon arrivée à Terra Nova, pris mes distances avec ce rapport, mais la polémique qu’il a suscitée masque, aujourd’hui encore, un fait qui empêche la gauche de renouveler son assise : une incapacité persistante à comprendre les frontières et les transformations du monde populaire. C’est cette difficulté qui était le plus problématique dans l’analyse de Terra Nova, comme chez la plupart de ses contradicteurs, et qui transparaît, aujourd’hui encore, dans l’ensemble des discours politiques.

Commençons par les ouvriers, composante longtemps hégémonique des classes populaires dans l’imaginaire collectif. La tendance des dernières décennies est clairement au déclin : les ouvriers représentent aujourd’hui 20 % de l’emploi total, soit 10 points de moins qu’au début des années 1980 et 20 points de moins qu’à la fin des années 1950. Le monde ouvrier s’éloigne en outre de l’industrie : si les ouvriers qualifiés (fraiseurs, chaudronniers…) n’ont pas trop mal résisté, les ouvriers non qualifiés sont passés, en quarante ans, de près de 30 % de l’emploi ouvrier à 15 % environ. Les deux tiers des ouvriers d’aujourd’hui ne travaillent plus dans le secteur industriel.

De fait, l’identification des ouvriers aux prolétaires des grands ateliers industriels d’antan relève de la persistance rétinienne d’une gauche nostalgique. Si elle veut renouer avec les ouvriers d’aujourd’hui, il ne lui suffira pas de parler au monde de l’usine ou de faire des gammes sur la réindustrialisation (projet essentiel, mais pour d’autres raisons). Qu’ils soient chauffeurs, cuisiniers ou maçons, la majorité des emplois d’ouvriers se trouve en effet aujourd’hui dans des entreprises de plus petite taille où la socialisation des expériences de travail est moins aisée, les interactions avec les autres catégories plus diversifiées et les syndicats souvent absents. Le sentiment d’appartenance au monde ouvrier s’est d’ailleurs affaibli : au début des années 2010, un quart seulement des ouvriers se considérait encore comme appartenant à la « classe ouvrière ». Celle-ci n’a pas seulement perdu en nombre et en cohérence : elle s’est aussi dépouillée d’une conscience d’elle-même et des grands récits qui lui donnaient forme.

« Classes populaires »: la mutation

 « Classes populaires »: la mutation 

 

Il existe une « incapacité persistante », de la part des partis politiques et notamment de gauche, à comprendre les frontières, les transformations et les divisions d’un monde populaire beaucoup plus divers qu’autrefois, estime le directeur du think tank Terra Nova dans une tribune au « Monde ».

 

Voilà plus de dix ans que la gauche est accusée d’avoir « abandonné les classes populaires ». Ce faisant, elle aurait délibérément brisé son socle électoral historique et organisé sa propre déroute. Ceux qui adhèrent à ce récit prétendent en avoir trouvé la preuve dans la publication, en mai 2011, d’un rapport de Terra Nova sur la stratégie électorale de la gauche qui lui conseillait de rechercher les suffrages des jeunes, des femmes, des diplômés, des minorités et des quartiers populaires plutôt que ceux des ouvriers et des employés.

J’ai, dès mon arrivée à Terra Nova, pris mes distances avec ce rapport, mais la polémique qu’il a suscitée masque, aujourd’hui encore, un fait qui empêche la gauche de renouveler son assise : une incapacité persistante à comprendre les frontières et les transformations du monde populaire. C’est cette difficulté qui était le plus problématique dans l’analyse de Terra Nova, comme chez la plupart de ses contradicteurs, et qui transparaît, aujourd’hui encore, dans l’ensemble des discours politiques.

Commençons par les ouvriers, composante longtemps hégémonique des classes populaires dans l’imaginaire collectif. La tendance des dernières décennies est clairement au déclin : les ouvriers représentent aujourd’hui 20 % de l’emploi total, soit 10 points de moins qu’au début des années 1980 et 20 points de moins qu’à la fin des années 1950. Le monde ouvrier s’éloigne en outre de l’industrie : si les ouvriers qualifiés (fraiseurs, chaudronniers…) n’ont pas trop mal résisté, les ouvriers non qualifiés sont passés, en quarante ans, de près de 30 % de l’emploi ouvrier à 15 % environ. Les deux tiers des ouvriers d’aujourd’hui ne travaillent plus dans le secteur industriel.

De fait, l’identification des ouvriers aux prolétaires des grands ateliers industriels d’antan relève de la persistance rétinienne d’une gauche nostalgique. Si elle veut renouer avec les ouvriers d’aujourd’hui, il ne lui suffira pas de parler au monde de l’usine ou de faire des gammes sur la réindustrialisation (projet essentiel, mais pour d’autres raisons). Qu’ils soient chauffeurs, cuisiniers ou maçons, la majorité des emplois d’ouvriers se trouve en effet aujourd’hui dans des entreprises de plus petite taille où la socialisation des expériences de travail est moins aisée, les interactions avec les autres catégories plus diversifiées et les syndicats souvent absents. Le sentiment d’appartenance au monde ouvrier s’est d’ailleurs affaibli : au début des années 2010, un quart seulement des ouvriers se considérait encore comme appartenant à la « classe ouvrière ». Celle-ci n’a pas seulement perdu en nombre et en cohérence : elle s’est aussi dépouillée d’une conscience d’elle-même et des grands récits qui lui donnaient forme.

Barkhane: la mutation du dispositif militaire en dispositif de coopération !

Barkhane: la mutation du dispositif militaire en dispositif de coopération !

Pour masquer l’échec total de l’opération Barkhane qui non seulement n’a pas réussi à contenir le terrorisme mais a plutôt favorisé le sentiment antifrançais ( il est vrai encouragé par des puissances étrangères et des apprentis sorciers locaux), le chef de l’État devrait procéder à la fermeture de plusieurs bases militaires

En gros les effectifs ( Déjà insignifiants) devraient être divisés par deux. On explique ce recul par la conversion du dispositif actuel en dispositif de coopération. De quoi s’interroger car nombre de chefs militaires ne sont pas d’accord avec cette mission de coopération.

Deuxièmement ce ne sont pas les mêmes profils qui peuvent intervenir selon qu’il s’agit d’une action militaire ou d’une action de coopération.

Pour résumer ce serait plutôt un recul en rase campagne de la France pour laisser les pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso se dépatouiller avec leurs positions contradictoires sur le terrorisme.

Conséquences de la mutation du Bac

 La mutation du Bac

 

Directeur de Sciences-Po Lille, Pierre Mathiot avait été missionné dès 2017 par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, pour réformer lycée et bac. La première édition de cet examen intervient cette année. Y est maintenue la traditionnelle épreuve de philosophie qui a lieu ce jeudi. Pierre Mathiot copilote désormais le comité de suivi de la réforme.

En présentant la réforme du lycée en 2018, vous vouliez « restaurer la crédibilité » du bac. L’édition 2021, certes touchée par la Covid, n’est-elle pas dévalorisée ? Notes et appréciations surévaluées, épreuves de philo et du grand oral allégées : le taux de réussite va s’approcher des 100 %…

Le bac cette année ne correspond effectivement pas à ce qui était prévu par la réforme, mais il n’est pas dévalorisé. Il faudra cependant attendre 2023 (année du bac pour les élèves en première à la prochaine rentrée) pour avoir une vision plus complète. Il faut comprendre que le bac n’est plus cet examen qui a longtemps mis fin à un cursus. En 1985, 30 % d’une génération avait le niveau bac, avec un taux de réussite de 66 %. Aujourd’hui, c’est 80 % d’une classe d’âge et 95 % de réussite en 2020. La place du bac a changé, il faut l’accepter.

Le bac arrive après Parcoursup. Beaucoup de lycéens sont admis dans le supérieur avant même de passer l’examen. N’est-il pas en voie de marginalisation ?

Parcoursup a effectivement de plus en plus d’importance en terminale. Le moment clé de l’année, ce n’est plus la philo en juin mais la mi-mars, moment où les lycéens déposent leurs vœux sur la plateforme. La réforme a justement pour but qu’au moment de ces vœux, deux tiers des notes entrant dans le calcul du bac soient déjà prises en compte dans l’application. Avec Jean-Michel Blanquer, nous pensons que c’est le meilleur moyen de restaurer la centralité du bac dans le cursus du lycée. Cursus qui doit s’inscrire dans un continuum : de bac – 3 à bac +3, voire bac + 5, au moins pour les bacheliers généraux.

Parmi les objectifs de la réforme du lycée, il y avait la volonté d’élargir l’éventail des cursus ouverts aux élèves, de sortir des couloirs tracés par les filières S (maths, physique-chimie), ES (sciences éco + maths), L (littéraire)… Est-ce atteint ?

Le « nouveau » lycée offre effectivement une plus grande liberté de choix avec des enseignements de spécialité (trois à choisir en première, deux à conserver en terminale) qui s’ajoutent au tronc commun. Déjà, plus de la moitié des « triplettes » formées par les élèves ne correspondent pas aux anciennes séries. La discipline privilégiée reste les maths, mais ensuite les choix sont équilibrés entre plusieurs matières. Et c’est la spécialité Sciences économiques et sociales qui est la plus conservée en terminale. La spécialité Humanités, littérature et philosophie est suivie par 23 % des lycéens alors qu’ils n’étaient que 15 % à faire L. Un rééquilibrage est donc en train de s’opérer.

Mais la spécialité « Maths » semble rester la voie royale…

Elle est choisie par 62 % des lycéens mais, auparavant, la filière S était suivie par 52 % d’entre eux, dont une grande partie ne poursuivaient pas leur cursus par des études scientifiques. S et ES regroupaient 85 % des élèves. Le vrai enjeu sera celui des critères appliqués par les formations de l’enseignement supérieur pour choisir leurs élèves. Il faut que le supérieur joue le jeu et valorise la diversité des parcours lycéens.

Quelles réticences se manifestent ?

On va regarder lors des résultats de Parcoursup. Mais il est vrai que les prépas scientifiques ont l’habitude de privilégier trois matières scientifiques. Les études de santé aussi. Il sera intéressant de voir si à l’avenir, elles préfèrent récupérer de très bons élèves ou des scientifiques moyens. C’est vraiment l’enseignement supérieur qui va façonner la réforme.

Quelles améliorations sont envisagées ?

Il faut tirer les leçons du contrôle continu quasi intégral imposé par la Covid. Il convient de savoir ce que l’on doit entendre par contrôle continu, quelles règles collectives on doit instaurer, quels effets celui-ci a sur l’organisation des lycées, quels effets aussi sur les relations professeurs/élèves/familles, quel rôle donner à l’harmonisation académique… Donner plus de place au contrôle continu, aujourd’hui fixée à 40 %, peut être une piste de réflexion.

Au risque de braquer les enseignants qui y sont souvent hostiles ?

Les enseignants expriment des craintes qu’il faut entendre sur un contrôle continu « intégral » car la note en France est une sorte d’institution et comme le contrôle continu est pris en compte dans le calcul du bac et dans Parcoursup, les réactions des élèves et de leurs familles face à des notes moyennes ou médiocres peuvent rendre leur métier difficile.

Pour les enseignants, le contrôle continu est source d’inégalités. Et les harmonisations de notes sont souvent vues comme des « magouilles »…

Il est faux de parler de magouilles. Il est tout à fait normal de regarder au niveau académique les écarts aberrants à la moyenne dans la notation d’un lycée ou d’un professeur. Il faut donc travailler le sujet de l’harmonisation. En fait, il faut dépassionner le débat et rendre routinier le contrôle continu !

Combien de temps faudra-t-il à la réforme pour s’installer ?

Il faudra sans doute cinq ans pour qu’elle se déploie, prendre de nouvelles habitudes, permettre aussi à l’enseignement supérieur de se l’approprier afin de diversifier ses profils de recrutement. Un gros effort doit aussi être mené sur l’orientation pour mieux accompagner les élèves, depuis le choix de leurs spécialités dès la fin de la seconde jusqu’à l’expression de leurs vœux sur Parcoursup, en terminale.

Covid Inde: nouvelle mutation du variant Delta (indien)

Covid Inde: nouvelle mutation du variant Delta (indien)

Une nouvelle mutation du variant indien appelé aussi Delta. Il a été baptisé « Delta Plus ». Le« Delta Plus » serait encore plus contagieux, capable de mieux s’accrocher aux cellules des poumons et plus résistant à certains traitements à base d’anticorps monoclonaux.

(Article des Échos)

L’Inde a « observé sporadiquement » environ quarante cas de ce variant, répartis dans le Kerala, le Madhya Pradesh et le Maharashtra, selon un communiqué publié mercredi. Le ministre de la Santé a conseillé à ces Etats de prendre des mesures de confinement immédiates, de renforcer les tests et d’assurer un suivi de la vaccination dans les districts concernés.

Une mutation connue depuis le 11 juin

Le « Delta plus » a été mentionné pour la première fois le 11 juin dans le bulletin de l’agence sanitaire anglaise qui l’a baptisé « Delta-AY.1 ». Il s’agit d’un variant Delta, précédemment appelé variant indien, possédant une mutation codée K417N. Cette dernière est également présente sur le variant Beta, initialement identifié en Afrique du Sud et qui est moins sensible à l’immunité acquise.

Au 24 juin, ce variant Delta Plus avait été identifié dans au moins onze pays dont la France, le Royaume-Uni ou encore les Etats-Unis, selon la base de données génomique Gisaid . « Sur le fond, il possède les mêmes caractéristiques que le variant Delta, déjà considéré comme préoccupant », explique Chandrakant Lahariya, épidémiologiste. « Au regard des connaissances que nous possédons actuellement, le variant Delta Plus n’est pas plus inquiétant que le variant Delta lui-même », nuance l’expert en santé publique.

Forte contagiosité du variant Delta

Le variant Delta, extrêmement contagieux, a largement contribué à la féroce seconde vague qui a récemment balayé l’Inde. Ce variant devrait représenter 90 % des nouveaux cas de Covid dans l’Union européenne d’ici fin août selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. En Inde, le nombre de contaminations depuis le début de la pandémie a dépassé la barre des 30 millions. Et le Covid y a officiellement coûté la vie à 393.310 personnes au 25 juin, des chiffres qui seraient très largement sous-estimés.

Menace d’une troisième vague en Inde

Aujourd’hui, la pandémie reflue rapidement et les restrictions sont progressivement levées. Mais les autorités prennent très au sérieux la menace d’une troisième vague , d’autant que la campagne de vaccination a connu de nombreux ratés. Si 53,4 millions d’Indiens ont été entièrement vaccinés, cela ne représente que 4 % de la population.

Selon un sondage réalisé par Reuters auprès de quarante spécialistes de la santé, l’Inde devrait s’attendre à une nouvelle flambée épidémique d’ici le mois d’octobre. « A ce stade, nous ne possédons pas de preuve suggérant que le Delta Plus serait responsable d’une éventuelle troisième vague », a néanmoins déclaré sur une chaîne de télévision locale Anurag Agarwal, directeur de l’Institute of Genomics and Integrative Biology, membre de l’Inasog.

 

Pour une mutation digitale du système de soins

Pour une mutation digitale du système de soins

 

Par Franck Le Ouay et le Pr Philippe Ravaud dans l’Opinion

 

 

 

La crise sanitaire a mis en lumière les fragilités de notre système de soins.

Les enjeux du nombre de médecins ou d’infirmiers dans certains territoires ou spécialités, le nombre de lits et les moyens du système de santé étaient connus, ils sont devenus incontournables. En affrontant la pandémie, notre système de soins s’est aussi confronté à de nouvelles problématiques : le besoin de faire remonter des statistiques sur les tests, de connaître la disponibilité en temps réel des lits de réanimation, de suivre à distance certaines pathologies, d’organiser en urgence une vaccination massive et ciblée

Des nouveaux besoins à traiter qui nécessitent de nouveaux outils. Cette pression sur le système de soins français ne va pas diminuer, notre démographie l’explique : le nombre de malades chroniques était de plus de 10 millions en 2017. En 2030, il atteindra 15 millions et le nombre de personnes de plus de 75 ans aura augmenté de 30 %.

Notre modèle de soins est en tension permanente et chaque année, l’épidémie de grippe ou de bronchiolite entraîne une crise hospitalière. Cette situation ne disparaîtra pas après la crise. Les moyens alloués au système de soins apparaissent insuffisants face à l’accroissement permanent des attentes et des besoins.

Au-delà des moyens, nous avons des problèmes d’efficience systémiques importants, qui n’ont, à ce jour, pas été traités par le progrès technologique, contrairement à d’autres activités comme les services financiers ou de mobilité.

Pour dépasser les difficultés liées à la pandémie, deux leviers se sont montrés très efficaces. D’une part, l’engagement puissant des équipes soignantes et de l’ensemble des acteurs hospitaliers. D’autre part, ce qui était technologiquement infaisable il y a quelques mois est devenu la règle en quelques semaines (recours à des services numériques de coordination, téléconsultation).

Notre système de soins ne peut continuer à demander l’impossible aux soignants. Seule une accélération très puissante de sa transition digitale lui permettra de progresser.

Le numérique est donc le seul moyen de préserver notre système de santé. Il permettra sa transformation profonde et l’amélioration de la qualité des soins.

Les exemples d’innovations développées en santé digitale par les start-up françaises sont nombreux. Le développement d’objets connectés améliore le suivi et la prévention des maladies. L’intelligence artificielle est peu à peu utilisée dans l’imagerie médicale pour aider aux diagnostics complexes, trouver le ou les traitements les mieux adaptés à chaque malade, suivre les évolutions de la maladie, détecter les rechutes…

L’action publique doit alors répondre à deux objectifs. D’une part, développer une règle d’évaluation de l’intérêt des dispositifs médicaux numériques. D’autre part, déployer un processus de financement volontariste de ces dispositifs

Ces innovations répondent aux enjeux qui sont devant nous : nombre de malades à prendre en charge, complexité des pathologies, exigence de qualité des soins partout sur le territoire. Faire émerger cette médecine préventive, personnalisée et prédictive nécessite un engagement fort de l’État.

L’action publique doit alors répondre à deux objectifs. D’une part, développer une règle d’évaluation de l’intérêt des dispositifs médicaux numériques. D’autre part, déployer un processus de financement volontariste de ces dispositifs. Le programme “DIGA” en Allemagne, qui pilote, évalue et finance la digitalisation des acteurs de santé, nous semble un exemple à suivre.

Il est impossible d’espérer développer la santé numérique sans qu’un modèle économique clairement défini n’existe.

Cet engagement doit également s’accompagner d’une réduction drastique des freins aux innovations dans les hôpitaux. Il faut aujourd’hui entre six mois et un an à un hôpital pour intégrer une innovation. Le Ségur de la Santé a permis de poser le socle d’une nouvelle politique publique de la e-santé. L’émergence de services dédiés à l’interopérabilité à grande échelle pour les innovations en santé doit également permettre de réduire ce temps d’intégration des innovations.

. L’ensemble de ces enjeux doit donc être pris à bras-le-corps par la puissance publique, du plus haut niveau jusqu’à son application concrète. Il est nécessaire de mettre l’ensemble des acteurs de la e-santé et ceux de la santé publique autour de la table pour définir un modèle économique des dispositifs médicaux numériques.

Si la crise sanitaire a montré nos faiblesses, elle est un signal d’alerte utile et un puissant levier de transformation. Pour faire face aux enjeux de la prochaine décennie, la digitalisation de notre système de santé est fondamentale. Les acteurs de la e-santé et les établissements de santé y sont prêts !

Franck Le Ouay est CEO de la plateforme de e-santé Lifen. Le Pr Philippe Ravaud est directeur du centre de recherche en épidémiologie à l’Inserm et chef de service du centre d’épidémiologie clinique de l’hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP, Paris)

Mutation vers la voiture électrique : un impact important sur l’emploi

 

 Mutation vers la voiture électrique : un impact important sur l’emploi

 

Quand vous abandonnez une technologie pour une autre [le thermique pour l'électrique], qui utilise sept fois moins de composants que pour la fabrication d’un moteur et qui nécessite trois fois moins d’ouvriers, évidemment ça a des conséquences sur l’emploi », détaille sur notre antenne Luc Chatel, président de la PFA. ( Organisation qui regroupe l’ensemble des constructeurs ) : de ce faite 100 000 emplois seraient menacés dans la filière

Certains métiers « vont disparaître dans la forge, dans la fonderie, dans la mécanique. D’autres vont se transformer et émerger », assure Luc Chatel. Concrètement, il souhaite que l’Etat aide les « entreprises qui vont rencontrer de grandes difficultés, dans la sous-traitance notamment ».

Selon celui qui fut porte-parole du gouvernement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, « ce ne sont pas les industriels de l’automobile qui ont décidé du jour au lendemain de faire des batteries« .

La France « a un rôle à jouer dans l’automobile du futur », croit l’ancien politique. Pour cela, le pays doit attirer de grands projets industriels pour revenir dans la course, plaide le président de la PFA. A l’heure actuelle, l’Europe compte 25 projets de giga factories dont dix en Allemagne et « seulement un en France », selon Luc Chatel.

Mutation du virus : les questions qui se posent

Mutation du virus : les questions qui se posent

 

Morgane Bomsel, directrice de recherche au CNRS et à l’Institut Cochin et spécialiste en virologie, répond à LCI.

Était-ce attendu que le virus provoquant le Covid-19 mute ?

Morgane Bomsel : Les mutations sont des choses normales. Jusqu’à maintenant, nous avons détecté une trentaine de mutations. Il n’y a d’ailleurs pas de raison que nous n’en ayons pas observées en France. Mais elles ne semblent pas affecter le comportement du virus : il n’est pas plus infectieux, ni moins. Suivant le type de virus, les mutations sont plus ou moins nombreuses. Par exemple, le VIH mute beaucoup, 40 ou 50 fois plus que ce coronavirus.

Nous n’avons pas donc beaucoup de raisons de penser que cela pourrait affecter l’efficacité du vaccin- Morgane Bomsel, virologue

À quoi sont-elles dues ?

Les mutations proviennent du mécanisme de production du virus. Le Sars-Cov-2 est un virus à ARN, un code qui doit être traduit en protéines. Le problème intervient pendant la traduction, au cours de laquelle il peut y avoir quelques erreurs, puisque les mécanismes de réplication ne sont pas totalement fiables. Ce sont ces petites erreurs qui créent les mutations.

Les mutations « pourraient remettre en cause l’efficacité du vaccin », estime Jean-François Delfraissy. Pourquoi ?

Les mutations pourraient effectivement limiter l’efficacité du vaccin si elles figurent à l’endroit que reconnaissent les anticorps protecteurs. C’est ce que nous appelons des mutations d’échappement : le virus se débrouille pour échapper aux anticorps. En revanche, si ce ne sont pas des mutations d’échappement, tout va bien.

«Mutation climatique et économie » : Laurent Fabius sort de son rôle

 «Mutation climatique et économie » : Laurent Fabius sort de son rôle

 

Sans doute un mal existentiel, le président du conseil constitutionnel Laurent Fabius, propose une politique de relance plus écologique. Le propos n’est pas incohérent mais il est pour le moins baroque, voire anticonstitutionnel. En effet le rôle des membres du conseil constitutionnel et de s’en tenir strictement à l’analyse juridique des textes proposés par le gouvernement. Pendant tout leur mandat, ils doivent éviter de s’investir sur la scène politique. Par ailleurs, on voit mal ce qui qualifie Laurent Fabius pour parler avec pertinence de la comparaison entre le covid et la relance économique. Pendant tous ses mandats au gouvernement, Laurent Fabius n’a guère fait la preuve concrète de ces convictions dans le champ environnemental. Il a plutôt été un ministre socialiste libéral classique.

«La mutation climatique est, d’une certaine façon, beaucoup plus grave encore que la Covid, y compris en matière de santé», a d’abord affirmé l’ancien ministre socialiste. «Là où est le paradoxe, c’est qu’on ne fait pas, pour lutter contre la mutation climatique, le même effort qu’on fait pour lutter – à juste raison – contre la Covid. (…) Il n’y a pas de vaccin, d’accord, mais il y a un antidote (…) qui s’appelle l’application intégrale de l’Accord de Paris», a-t-il poursuivi.

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