Dans une interview à la Tribune, le ministre de la santé Français attire l’attention sur le risque de cas de MTOX en France( variole du singe). Face à la propagation du nouveau variant du virus Mpox, l’OMS a rehaussé vendredi son état d’alerte au niveau maximal.
LA TRIBUNE DIMANCHE - Des cas du nouveau variant du virus ont-ils été détectés en France?
FRÉDÉRIC VALLETOUX - Jusqu’à présent, aucun. Chaque suspicion fait l’objet d’un séquençage. Pour l’instant, cela n’a pas donné lieu à la découverte d’un patient atteint par ce nouveau variant du Mpox.
Faut-il tout de même se préparer à voir la maladie surgir aussi dans le pays?
La France n’est pas isolée. Donc oui, on s’attend, comme tous les pays européens, à des cas déclarés, notamment en raison des allées et venues avec les zones d’Afrique touchées. Je ne suis pas devin et je ne peux pas prédire combien de cas il y aura. Mais il y a de fortes chances que des cas sporadiques apparaissent, et sans doute prochainement.
L’OMS a lancé une alerte mondiale. Faut-il s’en inquiéter?
Cet appel de l’OMS a surtout un double objectif. Le premier est de mettre en garde contre un virus d’une forme nouvelle qui doit être pris au sérieux et faire l’objet d’une solidarité internationale. C’est pour cela que l’OMS fait appel à une mobilisation de financement pour des vaccins, parce que le virus concerne surtout des pays aux systèmes de santé fragiles. C’est la raison pour laquelle le président de la République a décidé de donner des vaccins aux pays les plus touchés. Le second est de mettre en alerte l’ensemble des systèmes de santé de façon que chacun soit vigilant et en capacité de réagir. On parle d’un type d’épidémie dont le mode de diffusion et de contamination n’a rien à voir avec le Covid
Qu’est-ce qui a été mis en place depuis le lancement de cette alerte?
Tous les professionnels de santé ont été alertés par le ministère et les agences régionales de santé. Nous allons également avertir toutes les personnes qui ont voyagé dans les zones touchées, au départ et à l’arrivée de chaque vol. Nous allons poursuivre la vaccination. Elle ne concerne cependant pas la totalité de la population, seulement le public le plus exposé. Les rapports sexuels sont le mode de contamination le plus courant pour le clade 1B [nouvelle souche du virus], c’est pourquoi nous allons sensibiliser en particulier les publics les plus exposés à ce risque par le biais d’associations et de réseaux adaptés.
Aucun dispositif spécial n’est donc prévu?
Depuis 2022 et la première vague épidémique de clade 2, la France a mis en place un système de surveillance, de dépistage et de traitement qui a démontré son efficacité. Cette année-là, nous avions détecté à peu près 5000 cas sur le territoire. Puis il y en a eu 52 en 2023. Et pour l’instant, nous en sommes à 107 en 2024. Le système que nous avons déployé a permis la vaccination d’environ 150 000 personnes sur les trois dernières années.
Mais les vaccins valaient pour la précédente souche. Sont-ils également efficaces avec ce nouveau variant?
Ce nouveau virus a certes une létalité plus forte en Afrique. Il est trop tôt pour avoir des certitudes sur le niveau d’efficacité des vaccins sur ce variant. Aujourd’hui, nous avons des stocks robustes qui permettent une réponse adaptée. Nous en avons plus qu’en 2022 et nous pouvons en commander rapidement si besoin.
L’alerte lancée par l’OMS rappelle évidemment la période Covid. Prévoyez-vous une campagne de sensibilisation pour éviter la panique?
On parle d’un type d’épidémie dont le mode de diffusion et de contamination n’a rien à voir avec le Covid. Il faut donc rassurer la population de ce point de vue-là: les réponses ne seront absolument pas les mêmes. Cependant, je sais qu’à chaque suspicion d’épidémie ou à chaque alerte un certain nombre de fausses informations circulent. Il faut seulement expliquer ce qu’est le Mpox et les gestes de prévention à adopter pour rassurer la population. À ce jour, nous avons un appareil de santé qui permet des prises en charge sûres et limite la propagation, comme cela a pu être le cas en 2022