Archive pour le Tag 'moyens ?'

France: Comment trouver les moyens de financement

France: Comment trouver les moyens de financement

Financer les efforts de guerre sans s’endetter, sans augmenter les impôts, sans sacrifier le modèle social et l’environnement, sans emprunt national ni Livret défense… C’est possible ! Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière dans la Tribune.

Investir dans la défense, les Français sont majoritairement favorables, mais 6 Français sur 10 refusent que leur épargne serve au financement de la Défense. Le déficit public a atteint 6,1% en 2024 avec un ratio d’endettement par rapport au PIB de 109,7%. Il va falloir faire d’autres choix que l’endettement extérieur pour soutenir l’économie et équilibrer le budget. Pour assurer le court et le long terme, la souveraineté et la sécurité, la seule solution envisageable serait d’utiliser l’épargne des Français pour des investissements massifs autres que régaliens.

La demande d’État des citoyens français dans les domaines régaliens reste très forte. L’affirmation des monopoles régaliens est historiquement indissociable de celle de la souveraineté nationale. L’État doit trouver le financement de son armée dans son propre budget. Il faut donc utiliser l’épargne des Français pour créer de la croissance productive et utile via des livrets réglementés gérés par des établissements de crédit publics garantis par l’État. Ces fonds serviraient à accompagner la vie, soutenir l’économie, protéger la terre, créer de la croissance et libérer de nouveaux budgets régaliens.

Les Français sont prêts, mais moins d’un quart font confiance à leur gouvernement. Pour les épargnants, l’instabilité des lois et des règlements sont devenus des vecteurs influents d’insécurité financière.

À la Libération, le développement industriel a été fortement façonné par l’action des pouvoirs publics. Le développement des entreprises nationalisées et les aides au développement ont largement participé à la remise sur pied du système productif, donc au renforcement du processus de croissance. Il est largement admis que la période de reconstruction, qui s’est achevée au début des années 1950, a contribué à renforcer cette croissance, sous l’impulsion aussi de l’action de l’État. Il reste que le développement des systèmes d’armement pendant les « trente glorieuses » a joué un rôle déterminant dans les performances de croissance enregistrées au cours des années 1950 et 1960. En 1960 la France a consacré 5,4% de son PIB aux dépenses militaires (9% pour les États-Unis), en 1970 3,5% et en 2022 1,9% (3,5% pour les États-Unis) d’après les données de la Banque mondiale.

Après la pandémie, et plus de trois ans après le début de la guerre à la porte de l’Europe, la France et l’Europe se réveillent et admettent qu’il faut se réarmer pour gagner la guerre en Ukraine. Les moyens consacrés à la défense doivent être augmentés pour sauvegarder les dividendes de la paix.

Faut-il emprunter plus
Le nouveau plan de la Commission européenne de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe », dévoilé le 4 mars 2025, prévoit quelque 150 milliards d’euros de prêts qui seront mis à la disposition des 27 pays de l’Union européenne pour soutenir leurs capacités de défense en Europe. La présidente de la Commission encourage plutôt les États membres à emprunter plus pour leurs dépenses militaires : le non-respect des critères de convergence « permettra aux États membres d’augmenter de manière significative leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif ». Ce n’est pas la bonne solution pour la France. Surendettée, elle est sous la pression des agences de notation américaine.
L’exemple de la Grèce, de la Suède et du Portugal.

La Grèce a subi de plein fouet les conséquences de réduction de ses dépenses publiques. Le 08 décembre 2009, l’agence de notation Fitch annonce sa décision de ramener la note de la dette publique grecque de A- à BBB+ avec une perspective négative. Le problème mis en lumière était le surendettement. La solution résidait dans la baisse des dépenses, baisse des retraites et des salaires, etc. Elle a créé une véritable cure d’austérité. L’efficacité de ces mesures a été remise en cause.

En Suède, le choix s’est porté sur des réductions de l’emploi public. Les dépenses publiques à 70% du PIB en 1993 ont fortement diminué à 37% en 2012. Avec des réformes importantes de son système social et de retraite, l’emploi qui était majoritairement public est devenu essentiellement privé. En réalité l’amélioration de la situation budgétaire est due uniquement à une forte croissance.

Reste le cas du Portugal. De 2011 à 2018, le Portugal a suivi deux politiques économiques différentes. La première infligée par la Troïka (les instances européennes et le FMI) qui ont imposé une violente cure d’austérité qui a contraint à l’exil plus de 340 000 Portugais et jeté dans la pauvreté plus de 2 millions de personnes. D’après les prévisions de la Troïka, de 2010 à 2014 le déficit public devait chuter de 9,8% à 2,3% en 2014. Ce fut un échec. Le déficit termina l’année 2014 à 7,2%. Après les élections d’octobre 2015, la seconde adopte l’opposé de la première politique tout en respectant les critères de convergences. Elle allège l’austérité par des mesures de soutien à la demande (accroissement du salaire minimum mensuel, privatisations, programme de valorisation de la fonction publique, etc.). Le taux de croissance atteint 2,2% en 2019, le chômage tombe à 6,5% et le déficit à 0,2%.

Faut-il augmenter les impôts ?
La France est déjà numéro un eu
ropéen du ratio (impôts + taxes + cotisations) / PIB. Le montant de ses prélèvements obligatoires en France est de 1 218Md€, soit 43,2% du PIB, en 2023. Il était près de 1 194Md€ (45,0% du PIB) en 2022 selon l’Insee. « Chaque impôt, considéré en lui-même, et de même l’ensemble du système fiscal d’un pays, se détruit lui-même en dépassant un certain niveau des taux de prélèvement » Ludwig von Mises. Pour les plus riches, il serait plus percutant de réviser les lois du capital. Ne faut-il pas plutôt baisser les impôts et créer de la croissance pour redonner confiance aux entreprises comme aux investisseurs ?

Faut-il un emprunt national?
L’exemple de 1973,1983 et 1993. L’emprunt Giscard à 7% de 1973. À partir de 1978, il fut indexé sur le cours du lingot d’or pour un montant de 6,5 milliards sur quinze ans. En 1988, il a coûté à l’État 92 milliards (capital et intérêts), soit, en francs constants, plus de trois fois et demie, sa valeur d’origine.

Emprunt Mauroy en 1983. Tout de suite après la troisième dévaluation du franc, les réserves de la Banque de France ont chuté, l’inflation s’est envolée au-dessus de 12%. Une partie des capitaux a pris la fuite. La politique de relance est un échec. Le gouvernement Mauroy lance un emprunt forcé. Les contribuables payant plus de 5 000 francs d’impôt doivent verser à l’État 10% du montant sur le revenu et de l’impôt sur la fortune. C’est une ponction de 14 milliards de francs. Le gouvernement remboursa la totalité en 1985.

1997 l’emprunt Edward Balladur en pleine récession. 110 milliards de francs furent collectés, au lieu des 40 milliards prévus avec un taux attractif de 6%. Cet emprunt s’est révélé très coûteux pour l’État dues aux commissions de placement réglées aux intermédiaires financiers, aux exonérations des taxations sur les plus-values, etc. L’État a donc dû rembourser aux particuliers plus de 96 milliards de francs.

Faut-il créer de nouveaux Livrets réglementés ?
Oui, mais l’État est-il le meilleur gestionnaire ?

En 2017, le taux du Livret A est gelé à 0.75% jusqu’en janvier 2020. Une mauvaise nouvelle pour les petits épargnants, car l’inflation en 2017 a atteint 1%, en 2018 1,8% et en 2019 1,1%. Il a atteint son taux le plus bas en février 2020 à 0,5%, à la veille de la crise de la Covid-19. La formule de calcul du taux a été changée le 14 juin 2018 et mise à jour par l’arrêté du 27 janvier 2021.

Début 2023, le taux du Livret A était à 2%, il sera à un taux de 3% au 1er février 2023 avec une inflation de 4,9%. Encore une très mauvaise nouvelle pour les épargnants qui seront rémunérés à un taux réel de – 1,9% par rapport à l’inflation. Le taux passera à 2,4% au 15 février 2025. De nouveau c’est une mauvaise nouvelle pour les épargnants et une bonne nouvelle pour les banques. Les banques ont prêté aux PME en 2024 à un taux supérieur à 4% (4,67% en septembre 2024).

Dans les Livrets réglementés, il y a le PEL. Depuis plus de 30 ans, le taux d’épargne du PEL n’a cessé de diminuer… Le taux du PEL au 1er janvier 2025 tombe à 1,75%. Son montant maximal de placement est de 61 200 euros. Depuis 2018, les intérêts perçus du PEL sont soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (FLAT TAX de 30%), ce qui donne un taux réel (déduction faite du taux de l’inflation) à – 0,27%.

L’encours du PEL au 31 décembre 2024 représente 225,3 milliards d’euros (-12,6% sur un an). Une somme très importante. Les Français doivent pouvoir sortir de leur PEL sans pénalités et le transférer à de nouveaux livrets réglementés.

« Les emplois du fonds d’épargne sont fixés par le ministre chargé de l’économie … »faut-il changerla Loi de Modernisation de l’économie (LME) du 4 Août 2008?
Faut-il utiliser les « épargnes populaires » pour financer l’industrie d’armement ?
Le 28 décembre 2023, le Conseil constitutionnel a rejeté l’utilisation de l’épargne populaire (Livret A, Livret de développement durable) pour financer l’industrie de la Défense, après l’adoption en force de la loi de finances 2024 le 22 par un nouveau recours au 49-3. Pourquoi le Sénat repart à l’attaque ?

Pour une croissance auto-entretenue et vigilante

Les banques excluent de plus en plus le financement de l’industrie de l’armement. Dans la situation actuelle, notre économie a besoin des investissements publics pour soutenir la croissance et éviter les dérapages des finances publiques. Le gouvernement préfère les dépenses d’armements aux investissements écologiques, numériques ou sociaux. Les armements constituent un investissement improductif à court et long terme. Nécessaires pour la dissuasion, pour aider l’Ukraine, etc. Il faut être prêt pour une guerre de haute intensité, car le pire est suffisamment probable.

Si la France investissait uniquement dans l’armement, que les armes soient employées ou non, ces fonds n’auraient pas servi à la croissance auto-entretenue par des investissements dans de nouvelles technologies, l’écologie, la santé, etc. L’origine des fonds doit se faire autrement.

Des nouveaux livrets réglementés pour stimuler la croissance et prévoir de nouveaux budgets régaliens.

De 2024 à 2030, la France disposera d’un budget total de l’armée de 400 Md€. La France peut revenir rapidement à un budget comme en 1970 (3,5% du PIB) si la croissance est portée par la transition écologique, la santé, l’énergie, le numérique, etc. Et non uniquement par une économie militarisée. En 2024, le taux d’épargne des ménages a atteint 18,2 % de leur revenu disponible brut, marquant une progression de 1,3 point par rapport à 2023. L’État français devrait créer immédiatement des Livrets réglementés et spécialisés gérés par des établissements de crédit publics et paritaires. Chaque citoyen doit décider de la destination de son argent. Avec des plafonds de versement, ces livrets seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, stabilité du contrat, etc.

Avec une croissance prévue à 0,7% en 2025, une production industrielle encore en baisse, le nombre de demandeurs d’emploi en forte hausse, un besoin de 180 milliards d’euros d’effort rien que pour stabiliser la dette à l’horizon 2030 (en tenant compte de la hausse des besoins en matière de défense), il faut investir.

Il faut investir 1% du PIB par an pendant 4-5 ans, comme l’Allemagne qui s’apprête à engager 1 000 milliards d’euros pour la défense et ses infrastructures. À titre d’exemple : 100 milliards par an pour le pacte vert, 50 milliards pour le pacte républicain de solidarité, 40 milliards pour le pacte dépendance et handicap et 10 milliards pour le pacte ruralité, etc.

Il faut la confiance des ménages avec un contrat stable ; un plafond et une fiscalité inchangée jusqu’à fin 2030 ; un taux de rémunération égal au taux des obligations d’État à 10 ans (supérieur à 3% en 2025, le taux d’emprunt France à 10 ans est de 3,55 au 13 mars 2025) ; la gestion de l’épargne conservée par des établissements de crédits publics paritaires ; une centralisation à 90% à la Caisse des dépôts et consignations avec une répartition de chaque Livret réglementé à 90% selon le choix de l’épargnant.

D’après le FMI en 2020 : dans une période de grande incertitude, « une augmentation de l’investissement public égale à 1% du PIB renforcerait la confiance dans le redémarrage de l’activité et dynamiserait le PIB de 2,7%, l’investissement privé de 10% et l’emploi de 1,2%, à condition que les projets retenus portent sur des investissements haute qualité et que les niveaux préexistants de dette publique et privée n’affaiblissent pas la réponse du secteur privé à cette relance. »

À titre d’exemple, pour un investissement de 1% du PIB soit 291 milliards d’euros (PIB 2024 en valeur 2 917 milliards d’euros) le multiplicateur budgétaire est évalué à 1% sur 1 an (OFCE). Le PIB sera dynamisé de 291 milliards d’euros. Dans une économie comme la France, caractérisée par une pression fiscale de 43,2%, la recette fiscale additionnelle serait de 125,71 milliards d’euros en 2025. Pour stabiliser la dette il faut uniquement 18 mois. Il faut 3 ans pour réduire le déficit à moins de 3% du PIB. La France réalisera, en 2025, l’ajustement budgétaire évalué à 110 milliards d’euros estimée par la Cour des comptes.

« Lorsqu’un gouvernement dépend des banquiers pour l’argent, ce sont eux et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation »Napoléon Bonaparte.

Les Européens face à Trump : quels moyens d’action

Les Européens face à Trump : quels moyens d’action

Chacun s’accorde à dire que le contexte actuel contraint les Européens à se mobiliser face à ce qui s’apparente à la fin de l’alliance transatlantique. Mais concrètement, quelles mesures devraient être prises, et par qui exactement ? Est-il possible d’agir conjointement dans le cadre d’une UE à 27 dont les dirigeants ne sont pas nécessairement d’accord sur tout ?

Guillaume Duval
Enseignant de sciences politiques à Sciences Po Saint-Germain en Laye, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay dans The Conversation

Chacun s’attendait à un Donald Trump plus dur lors de son second mandat que lors du premier, mais personne n’avait anticipé un tel alignement sur Vladimir Poutine. Le président des États-Unis a en effet cédé à son homologue russe l’essentiel de ce que celui-ci pouvait espérer – la conservation des territoires conquis par la Russie et l’assurance de la non-entrée de l’Ukraine dans l’OTAN – avant même l’ouverture de négociations, tout en humiliant publiquement Volodymyr Zelensky et en suspendant l’aide militaire à Kiev (avant de la rétablir quand l’Ukraine a donné son assentiment à la proposition de trêve avancée par Washington à Djeddah le 11 mars dernier).

Dans un tel contexte, que peuvent faire Ukrainiens et Européens ? Dans l’immédiat, pas grand-chose. Ils sont en effet très dépendants des équipements militaires états-uniens, qu’il s’agisse des missiles sol-air Patriot ou des munitions pour la défense antiaérienne, des F16 ou encore du renseignement spatial.

C’est ce qui explique le profil bas maintenu à l’égard des États-Unis tant par Zelensky, malgré les humiliations qu’il a subies, que par les Européens qui cherchent à éviter de rompre avec le président américain. Chacun espère encore éviter la capitulation totale de l’Ukraine en infléchissant la position des États-Unis, ce qui semble s’être amorcé à Djeddah.

L’OTAN n’existe plus de facto

S’il reste difficile d’anticiper précisément l’évolution de la guerre en Ukraine, les leçons à tirer des débuts de la seconde présidence Trump sont, elles, d’ores et déjà très claires. La garantie de sécurité offerte à l’Europe par les États-Unis dans le cadre de l’OTAN n’existe plus de facto. Chacun sait désormais que l’achat de matériel militaire à ces derniers représente une menace potentielle pour la sécurité des pays qui y ont recours parce que les États-Unis continuent d’en contrôler l’emploi. Et tout le monde a compris que Donald Trump entend démanteler le multilatéralisme et le droit international bâti après la Seconde Guerre mondiale.

La plupart des responsables européens ont pris la mesure de ce changement d’ère. Y compris les plus fervents atlantistes comme la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Kaja Kallas, qui estimait le 28 février dernier qu’« il est devenu clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leader », ou encore Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, toujours très attentive jusqu’ici à ne jamais fâcher Washington.

C’est le cas également du futur chancelier allemand Friedrich Merz qui a affirmé que sa « priorité absolue sera de renforcer l’Europe le plus rapidement possible pour obtenir peu à peu une véritable indépendance vis-à-vis des États-Unis ».

C’est le cas, enfin, de Donald Tusk, le premier ministre polonais, qui cherche désormais lui aussi une alternative au parapluie nucléaire américain disparu.

L’Union européenne peut-elle faire ce qu’il faut ? Il y a lieu d’en douter
Que doivent faire les Européens ? Reconstruire une industrie de défense qui permettrait aux armées européennes de se passer des équipements américains ; rebâtir une architecture de sécurité qui ne fasse plus appel aux États-Unis ; et, enfin, trouver de nouveaux alliés pour préserver le multilatéralisme et le droit international. Mais l’UE peut-elle mener à bien des chantiers aussi colossaux ? Il y a de nombreuses raisons d’en douter. Il faudra probablement en passer surtout par des formats ad hoc en dehors des institutions de l’Union.

A priori, la tâche n’a pourtant rien d’insurmontable. En 2023, le PIB de l’UE était huit fois plus important que celui de la Russie. Les dépenses militaires cumulées des pays de l’UE, 326 milliards d’euros en 2024, sont 2,5 fois supérieures aux dépenses militaires russes, malgré la mobilisation totale du pays pour la guerre contre l’Ukraine. Mais la règle de l’unanimité, toujours en place dans ce domaine, rend le cadre de l’Union largement inutilisable en matière de sécurité et de défense.

L’Union européenne vient certes d’adopter, le 6 mars dernier, le plan ReArm Europe, proposé par Ursula von der Leyen. Le montant global annoncé – 800 milliards d’euros – est impressionnant, supérieur aux 750 milliards d’euros mobilisés en 2020 avec Next Generation EU face à la pandémie de Covid-19.

Mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu’aucun argent nouveau supplémentaire n’est en réalité mis sur la table à l’échelle de l’Union.

L’exclusion des dépenses militaires des règles du Pacte de stabilité marque bien sûr une évolution positive des politiques européennes. Mais la hausse des budgets militaires que cette réforme devrait faciliter restera gérée à un niveau purement national et continuera de peser sur les finances publiques des États.

Le changement des règles pour permettre à la Banque européenne d’investissement (BEI) de financer des projets de défense était certes attendu, mais il ne s’accompagne pas d’une augmentation du capital de la banque. Cet effort restera donc limité. La réorientation de 150 milliards d’euros de prêts prévus dans le cadre de Next Generation EU vers le financement de projets communs de défense se fera aux dépens des transitions énergétique et numérique. Quant à la réorientation des fonds de cohésion, elle se fera, elle, aux dépens de la lutte contre les inégalités territoriales.

Il manque une nouvelle dette commune et la saisie des avoirs russes
Il manque à ce plan deux volets qui auraient marqué un véritable sursaut européen : un nouvel endettement commun et la saisie des quelque 235 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Europe, et plus seulement des intérêts qu’ils dégagent.

Mais pour l’instant, les divisions ont empêché l’UE de s’engager dans cette voie. La Hongrie de Viktor Orban n’est cette fois pas la seule à s’opposer à une telle saisie ; c’est le cas également, pour l’instant, des gouvernements français et allemand, qui craignent que l’Europe y perde sa capacité à accueillir des capitaux étrangers. On verra si les choses bougent dans les prochains mois sur ce plan au fur et à mesure que les Européens prendront toute la mesure de la gravité de la situation.

Là où l’UE peut néanmoins déjà jouer un rôle, c’est en matière de renforcement de l’industrie de défense, domaine dans lequel elle dispose d’outils et de moyens significatifs. La tâche est énorme parce que cette industrie a été très affaiblie après la chute du mur de Berlin dans tous les domaines traditionnels. De plus, alors que les Européens avaient une position solide dans le spatial, ils ont perdu pied ces dernières années.

L’aviation militaire européenne reste extrêmement dépendante des États-Unis et si les ventes de Rafale ont augmenté ces dernières années, c’est surtout en dehors de l’Union. L’industrie des drones européenne reste balbutiante…

La tâche est aussi très délicate sur le plan politique. La plupart des projets européens d’équipements militaires, et notamment les projets franco-allemands, ont été des fiascos jusqu’ici, chacune des armées cherchant à préserver ses spécificités et à favoriser ses propres fournisseurs. Le projet de char du futur franco-allemand n’arrête pas de prendre du retard tandis que le développement de l’Airbus de transport militaire A400 M a été un véritable calvaire.

Le nouveau contexte géopolitique va-t-il permettre d’enfin surmonter ces blocages ? Pour que l’UE puisse inciter efficacement les industriels de l’armement à collaborer bien davantage voire à fusionner, il faudra qu’elle ait suffisamment d’argent à mettre sur la table, ce qui rejoint le point évoqué précédemment.

Par ailleurs, à court terme, l’industrie européenne de l’armement n’aura pas la capacité suffisante pour fournir aux armées du continent matériels et munitions au niveau qu’implique désormais la menace. Si l’on veut pouvoir se passer des équipements américains, il faudra acheter d’autres équipements non européens, turcs ou coréens notamment. Et accepter que des fonds européens puissent aider les États de l’Union à en acquérir.

Dans le domaine militaire au sens strict ainsi que dans celui du renseignement, il reste en revanche improbable qu’on parvienne à progresser significativement à 27. Il faudra compter avant tout sur des coalitions de pays volontaires hors du cadre formel de l’UE, d’autant qu’il faudra nécessairement y associer des pays non membres comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Turquie voire le Canada ou l’Australie. C’est déjà le cas, par exemple, pour le projet consistant à assurer une protection aérienne à l’Ukraine, pour le déploiement d’une éventuelle force d’interposition en cas de cessez-le-feu ou encore pour construire un bouclier antimissile européen.

Au-delà, devrait se poser rapidement la question d’une alliance de sécurité pérenne capable de se substituer à une OTAN désormais dépassée. Ce sera nécessaire en particulier pour formaliser l’extension éventuelle de la protection nucléaire française et britannique à d’autres pays européens, comme le souhaitent la Pologne et l’Allemagne. Là aussi, cette nouvelle architecture collective de sécurité européenne, qui devra prendre le relais de l’OTAN en préservant son savoir-faire, devra probablement démarrer en dehors du cadre formel de l’UE.

Se rapprocher des autres alliés des États-Unis et se tourner vers le Sud global
Enfin, l’UE et les autres États européens doivent d’urgence agir pour protéger le multilatéralisme et le droit international face à Donald Trump. Pour cela, il leur faut d’abord resserrer leurs liens avec les pays du G6 (le G7 moins les États-Unis, à savoir le Japon et le Canada), mais aussi avec la Corée du Sud ou encore l’Australie – pour coordonner leurs réponses aux agressions du président des États-Unis.

Parallèlement, l’UE doit se tourner (enfin) bien davantage vers les pays du « Sud global » – l’Indonésie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud… – pour moderniser avec eux le cadre multilatéral existant, en leur y donnant plus de place, ce qui contribuera à faire barrage à la volonté de Donald Trump de détruire le droit international. Il sera essentiel, en particulier, de sauver l’accord de Paris et la lutte contre le changement climatique, en coopérant étroitement sur ce dossier avec la Chine pour contrer les États-Unis.

Bref, les Européens ont a priori les moyens de contrer Donald Trump et Vladimir Poutine ; mais leur principale difficulté consiste à parvenir à mobiliser ces moyens efficacement. Il restera sans doute souvent difficile d’y parvenir dans le cadre de l’UE et il faudra probablement recourir, dans beaucoup de dossiers, à d’autres formats.

Pour des moyens européens contre le projet impérialiste de Poutine

Pour des moyens européens contre  le projet impérialiste de  Poutine 

 

Au-delà du soutien à l’Ukraine, les pays européens doivent renforcer leur poids au sein de l’OTAN et mener une politique militaro-industrielle ambitieuse face à la guerre hybride que mène la Russie, estime Philippe Sabuco, membre du Collectif Télémaque, dans une tribune au « Monde ».

 

La guerre en Ukraine entre dans sa troisième année. Ce conflit, que le maître du Kremlin présentait comme une « opération spéciale » dont la durée ne devait pas excéder trois jours, s’est mué en une guerre de positions. Un camouflet qui n’est pourtant pas une défaite pour la Russie, qui a les moyens politiques, militaires et humains de mener une guerre d’usure quand, de son côté, l’armée ukrainienne reste largement tributaire des aides occidentales pour son matériel militaire et compte un nombre de soldats mobilisables très largement inférieur.

Dans ces conditions, l’Europe doit poursuivre sa contribution à l’effort de guerre ukrainien dans la durée. Car de deux choses l’une : soit l’Europe réduit son soutien et la Russie finira par gagner la guerre ; soit l’Europe l’accélère et la guerre se poursuivra – possiblement sous la forme d’un conflit gelé – jusqu’à ce que le rapport de force permette enfin des discussions sérieuses avec Moscou. Dans ce cas de figure, le seul raisonnable, l’aide de l’Europe à l’Ukraine devra s’inscrire dans le temps long.

Au-delà de la guerre en Ukraine, l’Europe doit également répondre de manière énergique à la guerre hybride que mène la Russie contre ses intérêts directs, en particulier dans le cyberespace, qu’il s’agisse d’attaques visant ses entreprises et ses administrations ou de manœuvres de désinformation. Cette guerre, qui ne dit pas son nom mais qui menace les démocraties occidentales en leur cœur, nécessite également des moyens technologiques et humains pour mener la contre-offensive. Au fond, l’Europe doit se donner les moyens de lutter contre le projet impérialiste et anti-occidental de la Russie de Vladimir Poutine.

se pose immédiatement à tout responsable européen est la suivante : dans quel cadre l’Europe peut-elle assurer le plus efficacement sa sécurité ? Si les sensibilités varient d’un pays à l’autre, il ne fait aucun doute que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), seule alliance militaire occidentale opérationnelle, reste le cadre de référence et la meilleure garantie de sécurité à ce jour. La Finlande et la Suède l’ont bien compris, qui viennent d’intégrer l’Alliance (respectivement en 2023 et 2024), rompant ainsi avec une longue tradition de neutralité.

Immobilier : des taux moyens de 4 % encore trop hauts

Immobilier : des taux moyens de 4 % encore trop hauts

 Les taux de crédit immobilier continuent de décroître sensiblement, selon le dernier pointage de l’Observatoire Crédit Logement/CSA.Des taux autour de 4 % mais encore bien trop hauts pour relancer un secteur en pleine déprime victime non seulement de la hausse des taux d’intérêt mais surtout et aussi de prix complètement démentiels du logement. Des prix tellement excessifs que nombre de couches moyennes se trouvent désormais complètement écartés de la perspective d’acquisition d’un logement.

 

Ainsi, le taux moyen (hors assurances) repasse sous les 4 % pour s’établir à 3,99% en février 2024, soit 16 points de base de moins qu’en janvier. La baisse amorcée en janvier s’est même accélérée en février.

Les ménages sont toujours contraints à l’abandon de projets, ou à les modifier de façon substantielle. Pour autant, la production de crédit repart, avec une hausse de 35% sur les deux premiers mois de l’année, par rapport à décembre 2023.

« Le rebond est encourageant mais la reprise va être lente et hésitante », soutient l’Observatoire. En rythme annuel glissant, la production de crédit reste en baisse de 40 %. Selon les chiffres de la Banque de France, qui prend en compte les crédits effectivement débloqués, la production s’établit à 7,6 milliards d’euros en janvier (hors renégociation), contre 8,2 milliards en décembre.

 

Énergies renouvelables : un manque de moyens

Énergies renouvelables : un manque de moyens

Le développement des énergies renouvelables (EnR) est l’un des grands engagements pris par l’Union européenne (40 % dans le bouquet énergétique en 2030). Alors que l’UE s’est donné pour objectif une puissance installée de 100 gigawatts (GW) dans l’hydrogène en 2030, la capacité réelle aujourd’hui correspond à seulement 0,2% de cet objectif ! La France, elle, n’a pas atteint l’objectif fixé en 2009 : 23 % d’EnR dans sa consommation énergétique finale.

par Bruno Alomar , ancien conseiller au cabinet du Commissaire européen à l’énergie dans l’Opinion

Comment développer les EnR et surmonter les obstacles politiques, sociaux et économiques que l’on perçoit de plus en plus clairement ? Au-delà de l’ampleur des financements, sujet crucial, proposons d’ores et déjà quelques pistes.

Les EnR ne sont pas une martingale. Elles sont une condition nécessaire, dans un bouquet diversifié, mais pas suffisante. Rappelons ici qu’EDF, numéro un mondial du nucléaire, est aussi le premier producteur européen d’EnR. Rappelons qu’en fait de développement de l’hydrogène, l’électricité pour le produire est essentielle, et que la France a tout à gagner à développer l’hydrogène à partir du nucléaire… Ce qui a d’ailleurs suscité beaucoup de débats au sein de l’UE. Il est ainsi logique que les préconisations de RTE et les orientations de la Stratégie française pour l’Energie et le Climat prennent en compte cette complémentarité. Il faut également faire confiance au progrès technique. Plusieurs exemples l’attestent.

Le premier tient au nucléaire dont la COP28 a consacré le retour en grâce. D’ailleurs, si l’Allemagne conserve sa position sur les centrales, elle n’oublie pas de poursuivre ses recherches à moyen/long terme sur la fusion nucléaire car elle en perçoit tout le potentiel.

Le second concerne l’éolien flottant avec l’ambition affichée d’Emmanuel Macron de faire de la France le leader européen de ce secteur. L’Etat a déjà lancé des appels d’offres sans attendre les résultats des fermes-pilotes.

Chaîne de valeur. Le troisième concerne l’hydrolien. Comme toute innovation, cette technologie prometteuse comprend sa part d’aléa. Construire une filière nécessite de s’appuyer sur des briques technologiques éprouvées pour réduire les risques. Mais attention aux contradictions ! On ne peut pas faire grandir une filière en prenant des décisions frileuses. Lancer des appels d’offres commerciaux sans attendre le résultat des fermes-pilote est là aussi indispensable. C’est tout l’enjeu de la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) figurant dans le projet de loi sur la Souveraineté énergétique de la France qui sera débattu au Parlement début 2024.

L’UE a fait des efforts, notamment en matière d’aides d’Etats. Sommeillant dans les Traités, les Projets Importants d’Intérêt Européen Commun (PIIEC ou IPCEI) ont été utilisés dans les domaines des batteries et de l’hydrogène. Est-ce suffisant ? Sans doute pas. Si l’on s’arrête à l’hydrogène, à côté de la construction d’une offre, la solvabilité d’une demande qui, seule, permettra à un marché véritable de se faire jour, manque. Et si beaucoup d’obstacles ont été réduits, d’autres surgissent, comme l’attestent – hélas – de nouvelles obligations de consultation qui ralentissent les industriels. L’UE, pourtant bien consciente d’avoir raté le développement du photovoltaïque au profit de la Chine, son rival systémique, peine à développer de réelles protections de ses filières. Les Américains n’ont pas ces pudeurs…

En France, si l’Etat veut rester cohérent sur l’innovation, il devra tenir les deux bouts de la chaîne, de la création de la technologie au marché, en assumant une part de made in France.

Transition énergétique: Retardée par manque de moyens

Transition énergétique: Retardée par manque de moyens (Jean-Laurent Bonnafé, BNP Paribas)

Jean-Laurent Bonnafé, 62 ans, directeur général de BNP Paribas, regrette que faute de financement suffisant , la transition énergétique prenne du retard en Europe. Dans la Tribune
(extrait)

Une interview intéressante du patron de la BNP mais qui reste assez floue sur l’ampleur et la nature des moyens financiers NDLR

Où en êtes-vous dans la transition énergétique ?

Nous accélérons fortement, en mobilisant tous nos moyens pour accompagner des projets permettant de substituer les énergies bas carbone aux énergies fossiles. Le groupe est ainsi devenu le numéro un mondial des green bonds, les émissions obligataires vertes, alors qu’il n’est plus que 26e mondial pour les émissions obligataires du secteur pétrolier et gazier. En 2022, 60 % de notre portefeuille de crédits à la production d’énergie finançaient déjà la production d’énergies bas carbone. Nous visons 80 % d’ici à 2030. Mais nous devrions y parvenir plus tôt, dans le courant de l’année 2026, en réduisant entre autres nos financements à l’exploration-production pétrolière de 80 %. Nous déployons cette stratégie de transition dans tous les secteurs, en sélectionnant des projets et des entreprises dont les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre diminuent dans la durée.

Et pour les particuliers ?

Les objectifs sont identiques, tant pour les ménages que pour les TPE. Nous finançons l’achat de voitures électriques et hybrides, tout comme la rénovation des logements. Nous souhaitons pouvoir offrir de la mobilité par différents moyens, avec un ensemble de services destinés à évoluer dans le temps, en fonction des progrès technologiques. Là encore, la transition coûte cher. Une étude récente démontre que financer l’achat d’un véhicule électrique et la rénovation énergétique d’un logement représente quatre ans de capacité d’épargne pour un foyer moyen. Des accompagnements publics restent donc essentiels. Il s’agit d’un sujet collectif : la rénovation énergétique demeure hors de portée pour un certain nombre de ménages.

En 2022, 60 % de nos crédits à la production d’énergie finançaient la production d’énergies bas carbone. Nous visons 80 % d’ici à 2030.

Face à la puissance du plan américain, l’Europe a-t-elle mis en place un cadre adapté au financement de la transition énergétique ?

Les États-Unis sont un marché intégré, doté d’une politique fiscale unique et efficace, à la différence de l’Union européenne. Un tel plan ne peut se concevoir de ce côté-ci de l’Atlantique. En matière de financement de la transition énergétique, la réponse européenne reste à construire, pour l’essentiel. Il faudra en particulier s’appuyer sur les initiatives des différents pays, sans en entraver la bonne marche du fait d’un cadre européen parfois trop rigide.

Regrettez-vous l’absence d’un marché européen des capitaux ?

Bien sûr. Dans ce domaine, l’Europe est au point mort. Rien n’avance depuis vingt ans. On a peur de voir grand, alors que nous nous mesurons à des géants. Le risque est réel que des investissements se réalisent ailleurs, là où ces marchés sont plus puissants. Les marchés de capitaux sont un levier essentiel pour accompagner et financer la transition énergétique dans son ensemble, comme l’économie plus généralement.

Sondage dette France : Six Français sur dix jugent que la France vit au-dessus de ses moyens

Sondage dette France : Six Français sur dix jugent que la France vit au-dessus de ses moyens

Comme les agences de notation, les Français considèrent que la France vie au-dessus de ses moyens. L’agence S&P Global doit d’ailleurs noter la France vendredi, lui accorder la note «AA » avec une perspective négative, signifiant un risque d’abaissement d’au moins un cran à « AA- ».

Ainsi, selon le dernier sondage Odoxa – Backbone Consulting – Le Figaro, une majorité de Français (52%) pensent que la France doit lutter contre les déficits, quitte à ralentir l’économie. Dans ce contexte, la baisse du déficit public sous la barre des 3% du PIB et le ratio d’endettement à 108,3% du PIB d’ici 2027 sont vus comme des objectifs importants à tenir (62%) plutôt que des contraintes qui étouffent l’économie (37%).

Alors que Fitch a abaissé fin avril la note de la France, et que le pays attend le verdict de Standard and Poor’s ce vendredi, plus des deux tiers des Français (67%) estiment qu’une nouvelle dégradation serait «grave» pour l’économie hexagonale. Et ce, même s’ils estiment à 58% qu’elle n’aurait pas directement d’impact sur leur situation personnelle. Ils sont aussi nombreux à s’inquiéter «qu’ils l’étaient en 2012 lors de la perte du triple A de la France qui fut un événement extrêmement marquant pour les esprits», observe Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.

Les Français tiennent l’exécutif pour responsable de cette situation: près de 6 sondés sur 10 trouvent que le gouvernement augmente trop la dépense publique. 21% jugent, au contraire, qu’ils pourraient ouvrir plus largement les cordons de la bourse quand 19% pensent que ce qui est fait est « juste ce qu’il faut». Bien sûr, ces jugements ne sont pas homogènes. «On est ‘pro dépense’ jusqu’à 34 ans, puis on devient ‘pro baisse’ ensuite», observe Céline Bracq. «Les clivages politiques classiques persistent aussi». Ainsi, la gauche défend le soutien de l’économie avant tout (58%) quand la droite (extrême droite comprise) est sur une position strictement inverse (58% des sympathisants veulent une baisse des déficits et de la dépense). «Les sympathisants de Renaissance – qui rejoignent souvent ceux de la droite sur les questions économiques — ne sont sur ce sujet pas sur la même ligne : 58% préfèrent que la France soutienne l’activité économique quitte à augmenter la dépense publique et les déficits», analyse Céline Bracq.

Pour baisser la dépense publique, les Français ont en revanche des avis tranchés. Ils sont prêts à couper dans les aides sociales (à 60%) mais aussi à baisser le nombre de fonctionnaires (53%). «Les chiffres évoqués par Gabriel Attal en annonçant ses propositions contre la fraude sociale y sont probablement pour quelque chose», estime Cécile Bracq. En revanche, ils refusent de réduire les aides aux entreprises (53%), et surtout de baisser les dotations aux collectivités (68%).

Sondage Argent magique : Six Français sur dix jugent que la France vit au-dessus de ses moyens

Sondage Argent magique : Six Français sur dix jugent que la France vit au-dessus de ses moyens

Comme les agences de notation, les Français considèrent que la France vie au-dessus de ses moyens. L’agence S&P Global doit d’ailleurs noter la France vendredi, lui accorder la note «AA » avec une perspective négative, signifiant un risque d’abaissement d’au moins un cran à « AA- ».

Ainsi, selon le dernier sondage Odoxa – Backbone Consulting – Le Figaro, une majorité de Français (52%) pensent que la France doit lutter contre les déficits, quitte à ralentir l’économie. Dans ce contexte, la baisse du déficit public sous la barre des 3% du PIB et le ratio d’endettement à 108,3% du PIB d’ici 2027 sont vus comme des objectifs importants à tenir (62%) plutôt que des contraintes qui étouffent l’économie (37%).

Alors que Fitch a abaissé fin avril la note de la France, et que le pays attend le verdict de Standard and Poor’s ce vendredi, plus des deux tiers des Français (67%) estiment qu’une nouvelle dégradation serait «grave» pour l’économie hexagonale. Et ce, même s’ils estiment à 58% qu’elle n’aurait pas directement d’impact sur leur situation personnelle. Ils sont aussi nombreux à s’inquiéter «qu’ils l’étaient en 2012 lors de la perte du triple A de la France qui fut un événement extrêmement marquant pour les esprits», observe Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.

Les Français tiennent l’exécutif pour responsable de cette situation: près de 6 sondés sur 10 trouvent que le gouvernement augmente trop la dépense publique. 21% jugent, au contraire, qu’ils pourraient ouvrir plus largement les cordons de la bourse quand 19% pensent que ce qui est fait est « juste ce qu’il faut». Bien sûr, ces jugements ne sont pas homogènes. «On est ‘pro dépense’ jusqu’à 34 ans, puis on devient ‘pro baisse’ ensuite», observe Céline Bracq. «Les clivages politiques classiques persistent aussi». Ainsi, la gauche défend le soutien de l’économie avant tout (58%) quand la droite (extrême droite comprise) est sur une position strictement inverse (58% des sympathisants veulent une baisse des déficits et de la dépense). «Les sympathisants de Renaissance – qui rejoignent souvent ceux de la droite sur les questions économiques — ne sont sur ce sujet pas sur la même ligne : 58% préfèrent que la France soutienne l’activité économique quitte à augmenter la dépense publique et les déficits», analyse Céline Bracq.

Pour baisser la dépense publique, les Français ont en revanche des avis tranchés. Ils sont prêts à couper dans les aides sociales (à 60%) mais aussi à baisser le nombre de fonctionnaires (53%). «Les chiffres évoqués par Gabriel Attal en annonçant ses propositions contre la fraude sociale y sont probablement pour quelque chose», estime Cécile Bracq. En revanche, ils refusent de réduire les aides aux entreprises (53%), et surtout de baisser les dotations aux collectivités (68%).

Immobilier :une crise faute de moyens des acquéreurs

Immobilier :une crise faute de moyens des acquéreurs

« Les Echo »s s’interrogent sur l’avenir de l’immobilier en notant qu’ entre la hausse du coût des matériaux de construction, le tarif élevé des terrains et le poids des nouvelles normes environnementales, les prix de vente des logements neufs ont atteint des niveaux prohibitifs pour de nombreux Français.

Les taux de crédit immobilier ne cessent de progresser pour atteindre aujourd’hui autour de 3 % et la hausse va continuer . Du coup la demande de financement s’écroule aussi de 40 % sur un an. En cause aussi le manque de capacité financière des candidats à l’acquisition en raison notamment de l’inflation qui pèse sur les niveaux de vie. Mécaniquement de toute façon les capacités d’emprunt des candidats à l’accession diminuent avec l’inflation .

.
Nécessairement l’offre et la demande vont se rééquilibrer du fait du tassement observé concernant les prêts. Ce rééquilibrage devrait se traduire par une baisse d’au moins 10 % pour de l’année afin de resolvabiliser les acheteurs potentiels

Selon les chiffres diffusés ce lundi par la Banque de France, la production de nouveaux crédits à l’habitat est tombée à 14,6 milliards d’euros en février, soit près de 40% de moins sur un an. Les taux continuent leur ascension à 2,52 % en moyenne en mars, selon les premières estimations.

Il faut ajouter au phénomène conjoncturel évoqué ci-dessus la question plus structurelle pour nombre de ménages moyens d’accéder désormais à la propriété des biens dont les prix entre 200 000 et 400 000 €. Un vrai problème économique mais aussi sociétal.

RER en province : Une annonce sans moyens financiers !

RER en province : Une annonce sans moyens financiers !

OPINION. Les Sénateurs Hervé Maurey et Stéphane Sautarel, rapporteurs spéciaux de la commission des finances du Sénat en charge des crédits des transports terrestres et maritimes et auteurs en mars 2022 d’un rapport sur la situation financière du système ferroviaire français et de la SNCF, réagissent aux annonces du Président de la République relatives au développement du transport ferroviaire du quotidien de type RER dans dix métropoles françaises afin de favoriser la transition écologique.( la Tribune)

« Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu’on se dote d’une grande ambition nationale : qu’il y ait dans dix grandes agglomérations, dix grandes métropoles françaises, un réseau de RER, de trains urbains (…) Là où il y a thromboses, où il y a trop de circulation, où les déplacements sont compliqués, on doit se doter d’une vraie stratégie de transports urbains et c’est un super objectif pour l’écologie, l’économie, la qualité de vie », a exposé ce dimanche le Président de la République dans une séquence postée sur YouTube.

Si nous ne pouvons tous que partager l’idée que le RER n’est pas que pour Paris, et que les grandes métropoles françaises, aujourd’hui congestionnées, doivent engager une démarche de décarbonation grâce à des RER métropolitains, nous ne pouvons ignorer que ces annonces s’inscrivent en totale opposition avec les actes du gouvernement depuis des mois, des années, malgré les semonces que nous lui avons adressées.

Tous les acteurs du secteur : Régions, Métropoles, Parlementaires, SNCF, Fédérations de transports et Associations d’usagers… tous ont découvert ce projet, ou plutôt ces annonces ! Alors même que par ailleurs SNCF Réseau est en panne de financement !

Si nous sommes favorables au développement des transports en commun, de tous les modes de transports, et pour tous les territoires, urbains comme ruraux, si nous ne pouvons que souscrire à un « new deal » ferroviaire pour notre pays, que nous avons même sollicité, nous ne pouvons accepter cette posture descendante et ces effets d’annonce déconnectés de toute réalité, qui font perdre à nos concitoyens toute confiance dans la parole publique.

De qui se moque-t-on ?

Alors que nous nous apprêtons à examiner cette fin de semaine au Sénat les budgets transports de la mission « Écologie, développement et mobilité durables » dans le cadre du PLF 2023, les faits, les moyens, sont bien loin de l’ambition affichée :
o investissements dans la régénération notoirement insuffisants : 1 milliard de plus par an a minima sont nécessaires pour seulement remettre à niveau et interrompre la trajectoire de dégradation du réseau,
o un contrat de performance de SNCF réseau que nous avons requalifié de contrat de « contre-performance » puisqu’il ne répond en rien aux enjeux ni de régénération, ni de modernisation, des travaux que le Gouvernement n’entend à ce jour pas achever d’ici 2050 dans l’hypothèse la plus optimiste,
• un renvoi au Conseil d’orientation des infrastructures (COI) dont on sait déjà qu’il ne peut répondre aux enjeux au regard du grand nombre de projets à financer (ferroviaires et routiers),
• un contexte d’inflation qui se traduit par des surcoûts de l’ordre de 500 millions d’euros pour SNCF réseau qui ne connaitrait donc, en fait, aucune hausse de ses moyens mais bien au contraire une baisse de sa capacité d’investissement,
• zéro euro pour la modernisation dans ce budget (comme dans le contrat) alors que les besoins pour la commande centralisée du réseau est de 15 milliards et que ceux pour l’ERTMS sont de 20 milliards.
Après l’annonce des nouvelles lignes LGV dans le sud et le sud-ouest, l’année dernière, toujours sans moyens et en contradiction avec les engagements du début du quinquennat de mettre fin aux investissements sur les lignes à grande vitesse pour se concentrer sur le transport du quotidien, cette nouvelle annonce sur les RER métropolitains (pour 10 métropoles, lesquelles ?), n’est ni concertée, ni financée une fois de plus. Pour le seul RER lyonnais par exemple, les besoins sont estimés à minima à 6 milliards d’euros.
Alors un peu de sérieux, nos concitoyens, sans parler de leurs représentants, nécessitent davantage de considération !
Oui nous avons besoin, enfin, d’investissements sur nos réseaux, faute de quoi non seulement nos lignes d’aménagement du territoire mais toutes nos lignes sous 10 ans, sur tous nos réseaux, vont être en panne.

Nous les avions estimés, comme le Président Farandou après nous, à environ 100 milliards d’euros. Ils sont avec le RER, encore bien supérieurs. Les besoins sont conséquents et nécessitent des engagements forts et concrets dans trois domaines :
• des crédits complémentaires, a minima 1milliard de plus par an, et désormais avec l’inflation, la nécessité d’avancer sur la modernisation et le financement des annonces nouvelles, sans doute plus du double,
• des capacités techniques à faire des travaux, puisque non seulement ceux-ci sont insuffisants, mais pire en 2022 l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (l’AFIT-France) n’est pas arrivée à les consommer,
• des études sérieuses, notamment sur le plan juridique, pour imaginer des montages innovants, du type de la Société du Grand paris (SGP) par exemple, permettant une débudgétisation, une pluriannualité, la remise en cause de notre système de péages, une mobilisation de crédits européens et de fonds verts, des moyens affectés, un partenariat public privé renforcé… avec un examen sérieux de la question de l’indépendance de SNCF Réseau pour bénéficier de moyens publics conséquents.
Mais tout cela ne se décide pas un dimanche soir à l’Élysée devant la chaine Youtube ! On ne peut se moquer ainsi des Français. Cela se construit avec le Parlement, avec les partenaires, pour répondre au double objectif que nous poursuivons :

• la décarbonation de la mobilité, et le maillage intermodal,
• le soutien au pouvoir d’achat par un vrai travail sur l’offre de mobilité pour tous, à des tarifs soutenables et lisibles pour chacun.

Transition urbaine low-tech: Des moyens plutôt anecdotiques

 Transition urbaine low-tech: Des moyens plutôt anecdotiques

Face à la raréfaction des ressources et au changement climatique, un collectif de professionnels de la fabrique urbaine appelle à adopter une démarche low-tech pour construire et aménager les villes.( Le Monde)

Une tribune qui propose des moyens utiles mais plutôt anecdotiques. On fait notamment l’impasse sur la structure , la dimension urbaine  et sur la super concentration humaine comme si était inévitable.Une vraie vision d’urbanistes classiques. NDLR

 

 

Parce qu’elles concentrent les populations, les activités et les infrastructures, les villes sont des lieux incontournables pour relever les grands défis de notre siècle, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou économiques. Pour répondre à ces enjeux, en particulier à celui du changement climatique, une nouvelle trajectoire se dessine : celle de la ville low-tech.

De quoi parle-t-on ? La low-tech est une démarche qui prend comme point de départ les besoins des citadins et se demande comment habiter, se déplacer, consommer et produire de manière soutenable. Questionnant la course à l’innovation ultratechnologique particulièrement énergivore, elle fait preuve d’un plus grand discernement quant aux technologies utilisées dans les solutions et pose un nouveau regard éthique sur le progrès en cherchant à valoriser l’existant et en misant sur la création d’espaces urbains plus sobres.

Rénover nos bâtiments, investir des espaces sous occupés (friches, parkings, bureaux vacants…) pour développer de nouveaux usages, réparer nos équipements ou encore transformer nos modèles énergétiques sont autant d’actions permettant de faire mieux avec moins. Cette nouvelle approche repose sur des valeurs structurantes, telles que l’accessibilité économique des solutions, leur simplicité, leur utilité ou, plus largement, la sobriété. Mise en avant récemment par le rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la sobriété est définie comme « un ensemble de politiques, de mesures, de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter des demandes d’énergie, de matériaux, de biens, de terres tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites planétaires ».

Aujourd’hui, la révolution a déjà commencé : utilisation de matériaux biosourcés (bois, terre crue, paille…), recycleries, ressourceries, cafés solidaires, ateliers de réparation, développement de filières du réemploi, rétrofit, les initiatives fleurissent. Nombreux sont les acteurs qui se sont déjà emparés de ce modèle, l’ont nourri, l’ont fait évoluer et connaître. Ils ont testé des innovations frugales et ont prouvé que bien vivre low-tech, c’est possible et même plutôt agréable.

L’enjeu, à présent, est de diffuser ces initiatives et d’appliquer leurs principes à des échelles plus grandes et à des organisations plus structurantes pour les territoires et pour la société. C’est cet esprit collaboratif qui a guidé notre collectif Quand les bâtisseurs de la ville accélèrent l’innovation urbaine low-tech, qui réunit des aménageurs, constructeurs, promoteurs, énergéticiens, asset managers [gestionnaire d’actifs], investisseurs et concepteurs. Ensemble, notre groupement a identifié plus d’une centaine de solutions pouvant facilement être déployées par les acteurs de la fabrique urbaine. C’est de la systématisation de ce type de solutions que viendra une véritable rupture.

Défense : des moyens insuffisants

Défense : des moyens insuffisants 

 

 

Nicolas Lecaussin, Jean-Philippe Feldman, experts, dénoncent dans l’Opinion  l’insuffisance des moyens de défense en France

Il peut apparaître stupéfiant que l’Etat champion du monde des prélèvements obligatoires ne soit pas capable de consacrer des sommes substantielles à sa défense

 

Tribune

Il y a bien longtemps que nos concitoyens se rendent compte de la faiblesse de leurs forces de l’ordre. Au-delà du ressenti, les chiffres ne masquent plus l’état de dégradation de la sécurité publique.La crise ukrainienne met maintenant en pleine lumière la déliquescence de nos forces armées.

Les spécialistes le savent depuis des décennies, la guerre du Golfe l’avait déjà démontré : nos matériels sont largement insuffisants. Depuis lors, les informations distillées malgré la différence de la forme font état de munitions ou de pièces détachées qui manquent, d’heures de vol qui sont rationnées, de commandes qui sont reportées, d’engins qui ne sont pas renouvelés, etc..

Comment en est-on arrivé là ? Depuis les années 1980 jusqu’à 2018 et au-delà de la l’aveuglement de nos gouvernants successifs sur les « dividendes de la paix », le budget des armées a été l’une des variables d’ajustement de nos finances publiques en capilotade. Une difficulté pour boucler la loi de finances ? Comme on diminue le nombre des militaires, il suffit de couper en taille claire dans les crédits des armées. Et, ceci expliquant cela, la manœuvre apparaît d’autant plus facile que la Grande muette n’a pas usurpé son nom : il n’y a personne pour défendre publiquement les crédits de ses ouailles. Pour paraphraser Victor Hugo, notre budget des armées peut être violé car il ne crie pas…

Aujourd’hui, sur 100 euros de dépenses publiques, à peine 10 sont alloués aux coûts régaliens : défense, justice et sécurité, pour… 57 à la protection sociale !

Il peut apparaître stupéfiant que l’Etat champion du monde des prélèvements obligatoires ne soit pas capable de consacrer des sommes substantielles à sa défense. Le mouvement, comme souvent, n’a rien de nouveau. L’histoire du temps long démontre que, selon le calcul d’un auteur, si les dépenses de l’Etat-gendarme n’ont haussé que de 9,5 à 12,5 % du PIB de 1815-1819 à 1965-1969, les dépenses économiques et sociales sont passées corrélativement d’un confidentiel 2,4 % à un gros 24,2%. Aujourd’hui, sur 100 euros de dépenses publiques, à peine 10 sont alloués aux coûts régaliens : défense, justice et sécurité, pour… 57 à la protection sociale !

Loi de programmation militaire. La hausse récente du budget des armées avec la loi de programmation militaire 2019-2024 n’a presque rien changé à ces chiffres car celui-ci ne croît pas en proportion des dépenses publiques. En 2022, il est ainsi prévu que l’armée ne représente avec 41 milliards d’euros que 6,65 % des dépenses totales de l’Etat, soit moins de 2 % du PIB, et encore le gouvernement actuel s’enorgueillit-il de l’augmentation du pourcentage ! En bref, on ne peut pas faire du social à outrance et avoir des forces armées dignes de ce nom.

S’ajoute à ces considérations financières un mépris plus ou moins affiché à l’égard de nos militaires. Quand l’on sait combien aux Etats-Unis le décès d’un soldat est un drame national et que l’on voit au mieux l’indifférence polie qui accompagne la mort d’un des défenseurs de notre pays, on ne peut qu’être stupéfait de la différence abyssale qui sépare les deux nations.

Il ne faut pas croire pour autant que l’augmentation inconsidérée du budget des armées serait la panacée. C’est un classique de justifier par le comparatisme de manière aveugle la croissance des fonds, par exemple en matière de justice, mais il convient de ne pas oublier les écueils qui attendent le réformateur : gaspillages administratifs,bureaucratie envahissante, liens incestueux avec les fournisseurs entre autres. La nécessaire hausse consistante du budget militaire exige donc un strict contrôle de l’utilisation des fonds et une vraie mise en concurrence pour limiter les dépenses de manière drastique. Il faudrait aussi faire de plus en plus appel à la sous-traitance, autant pour le matériel militaire que pour certaines opérations, comme le font souvent les Britanniques et les Américains. Revigorer l’armée française dans le cadre d’une OTAN rénovée, c’est s’affirmer comme une réelle puissance militaire.

Un Etat qui n’assume pas la sécurité de ses citoyens n’a plus de légitimité. Des philosophes classiques aussi différents que Thomas Hobbes et John Locke l’ont martelé

Il n’est pas inutile de rappeler qu’un Etat qui n’assume pas la sécurité de ses citoyens n’a plus de légitimité. Des philosophes classiques aussi différents que Thomas Hobbes et John Locke l’ont martelé. Il serait bon que les candidats à l’élection présidentielle, et avant tout le Président sortant, s’en souviennent.

Si la question de l’insuffisance du budget de nos armées ne peut être résolue à court terme, elle suppose pour être traitée que les limites de l’Etat soient au plus vite retracées au regard des lourdes contraintes budgétaires actuelles et du montant édifiant de notre dette publique. Entre le social fort et le régalien fort, il va falloir choisir.

Jean-Philippe Feldman, ancien Professeur des Universités et maître de conférences à SciencesPo, avocat à la Cour de Paris, vice-président de l’A.L.E.P.S. (Association pour la liberté économique et le progrès social) et contributeur à l’IREF. Dernier ouvrage paru : Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron (Odile Jacob, 2020). Nicolas Lecaussin, directeur de l’IREF (Institution de Recherches Economiques et Fiscales).

Justice : question de moyens ou de gestion ?

Justice : question de moyens ou de gestion ?

 Un article de Marie-Amélie Lombard-Latune dans l’Opinion  tord le coup  à la revendication permanente de moyens supplémentaires pour la justice en s’appuyant sur l’analyse de la Cour des Comptes. 

La justice est encombrée, c’est une évidence mais encombrée surtout par des affaires qu’elle ne devrait pas traiter. Un exemple un nombre de plaintes considérables pourraient être gérées  directement par les médiateurs; autre exemple que vient  faire la Sextape de l’affaire Benzema devant les tribunaux. Pourquoi le recours systématique aux avocats qui complexifient à dessein les procédures etc. NDLR

« La conviction de la Cour » des comptes est que la justice « a besoin moins d’être réformée que mieux gérée. » Mine de rien, c’est un pavé dans la mare que lancent les magistrats financiers. Le message est clair : après des décennies de disette budgétaire, les ressources existent, elles doivent désormais être mieux réparties. A l’heure des Etats généraux de la justice, ce constat des Sages de la rue Cambon, à contre-courant des discours du corps judiciaire, mérite d’être exposé. Il est dressé par la note « Enjeux structurels pour la France » d’octobre 2021 et a été réalisé par la 4e chambre de la Cour.

Côté budget, les hauts magistrats rappellent que la justice a vu ses crédits grimper de 22 % entre 2011 et 2021. Après une hausse de 8 %, déjà enregistrée en 2021, la même augmentation vient à nouveau d’être votée pour 2022 (soit 720 millions d’euros), ce lundi par l’Assemblée. Un « doublé historique » ne manque pas de souligner le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti, qui se félicite aussi que le recrutement de 650 juges permette de franchir la barre symbolique des 9 000 magistrats en France. Sans oublier la « justice de proximité » et les 11 % d’effectifs en plus dans les juridictions.

Dans les tribunaux, ce coup de pouce des « sucres rapides » — c’est le terme qu’affectionne le garde des Sceaux — est indéniablement apprécié, même s’il repose largement sur des contractuels. A cette augmentation substantielle des moyens, s’ajoutent « de nombreuses réformes (destinées) à alléger le travail du juge » (simplification du droit familial, déjudiciarisation comme pour le divorce par consentement mutuel), rappelle la Cour des comptes.

Il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats »

« Délais de traitement ». A suivre la rue Cambon, il s’agirait donc aujourd’hui de se retrousser les manches. Mais c’est là que le bât blesse car encore faut-il savoir qui fait quoi dans les 164 tribunaux judiciaires. Or, la justice ne dispose pas d’« outils d’évaluation de la charge de travail et de répartition des effectifs adaptée aux besoins ». Résultat, « les délais de traitement des affaires civiles se détériorent et le stock des dossiers en attente augmente ». Selon la note, il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats ». Il s’agit d’« une priorité pour le ministère ». Il permettrait « une allocation des ressources humaines adaptées aux besoins ».

Deux autres orientations sont préconisées pour gagner en efficacité. D’une part, il s’agit de revoir, une fois de plus, la carte judiciaire, principalement le périmètre des 36 cours d’appel, souvent trop réduit, qui entraîne « dispersion des moyens et complexité de gestion ». D’autre part, un plan de transformation numérique est indispensable, le retard pris en la matière étant « considérable ».

Au passage, la Cour des comptes tord le cou à quelques idées reçues sur la France qui, selon le Conseil de l’Europe, consacrait en 2018, 69,50 euros par habitant et 0,2 % de son PIB à sa justice alors que la moyenne européenne était de 72 euros par habitant et de 0,33 % du PIB. Ces comparaisons sont à prendre « avec prudence », écrit la Cour, car les systèmes judiciaires sont très différents. Les données sur le nombre de magistrats ne sont pas, non plus, toujours probantes. Certes, la France n’en compte « que » 11 pour 100 000 habitants (21 en moyenne dans les pays européens), mais ces chiffres ne tiennent pas compte des juges non professionnels qui siègent aux Prud’hommes et dans les tribunaux de commerce.

La réforme justice: Problème de moyens ou de gestion ?

La réforme justice: Problème de moyens ou de gestion ?

 Un article de Marie-Amélie Lombard-Latune dans l’Opinion  tord le coup  à la revendication permanente de moyens supplémentaires pour la justice en s’appuyant sur l’analyse de la Cour des Comptes. 

La justice est encombrée, c’est une évidence mais encombrée surtout par des affaires qu’elle ne devrait pas traiter. Un exemple un nombre de plaintes considérables pourraien t être géré directement par les médiateurs; autre exemple que vient  la Sextape de l’affaire Benzema devant les tribunaux. Pourquoi le recours systématique aux avocats qui complexifient à dessein les procédures etc. NDLR

« La conviction de la Cour » des comptes est que la justice « a besoin moins d’être réformée que mieux gérée. » Mine de rien, c’est un pavé dans la mare que lancent les magistrats financiers. Le message est clair : après des décennies de disette budgétaire, les ressources existent, elles doivent désormais être mieux réparties. A l’heure des Etats généraux de la justice, ce constat des Sages de la rue Cambon, à contre-courant des discours du corps judiciaire, mérite d’être exposé. Il est dressé par la note « Enjeux structurels pour la France » d’octobre 2021 et a été réalisé par la 4e chambre de la Cour.

Côté budget, les hauts magistrats rappellent que la justice a vu ses crédits grimper de 22 % entre 2011 et 2021. Après une hausse de 8 %, déjà enregistrée en 2021, la même augmentation vient à nouveau d’être votée pour 2022 (soit 720 millions d’euros), ce lundi par l’Assemblée. Un « doublé historique » ne manque pas de souligner le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti, qui se félicite aussi que le recrutement de 650 juges permette de franchir la barre symbolique des 9 000 magistrats en France. Sans oublier la « justice de proximité » et les 11 % d’effectifs en plus dans les juridictions.

Dans les tribunaux, ce coup de pouce des « sucres rapides » — c’est le terme qu’affectionne le garde des Sceaux — est indéniablement apprécié, même s’il repose largement sur des contractuels. A cette augmentation substantielle des moyens, s’ajoutent « de nombreuses réformes (destinées) à alléger le travail du juge » (simplification du droit familial, déjudiciarisation comme pour le divorce par consentement mutuel), rappelle la Cour des comptes.

Il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats »

« Délais de traitement ». A suivre la rue Cambon, il s’agirait donc aujourd’hui de se retrousser les manches. Mais c’est là que le bât blesse car encore faut-il savoir qui fait quoi dans les 164 tribunaux judiciaires. Or, la justice ne dispose pas d’« outils d’évaluation de la charge de travail et de répartition des effectifs adaptée aux besoins ». Résultat, « les délais de traitement des affaires civiles se détériorent et le stock des dossiers en attente augmente ». Selon la note, il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats ». Il s’agit d’« une priorité pour le ministère ». Il permettrait « une allocation des ressources humaines adaptées aux besoins ».

Deux autres orientations sont préconisées pour gagner en efficacité. D’une part, il s’agit de revoir, une fois de plus, la carte judiciaire, principalement le périmètre des 36 cours d’appel, souvent trop réduit, qui entraîne « dispersion des moyens et complexité de gestion ». D’autre part, un plan de transformation numérique est indispensable, le retard pris en la matière étant « considérable ».

Au passage, la Cour des comptes tord le cou à quelques idées reçues sur la France qui, selon le Conseil de l’Europe, consacrait en 2018, 69,50 euros par habitant et 0,2 % de son PIB à sa justice alors que la moyenne européenne était de 72 euros par habitant et de 0,33 % du PIB. Ces comparaisons sont à prendre « avec prudence », écrit la Cour, car les systèmes judiciaires sont très différents. Les données sur le nombre de magistrats ne sont pas, non plus, toujours probantes. Certes, la France n’en compte « que » 11 pour 100 000 habitants (21 en moyenne dans les pays européens), mais ces chiffres ne tiennent pas compte des juges non professionnels qui siègent aux Prud’hommes et dans les tribunaux de commerce.

Réforme Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

Réforme Justice: Problème de moyens ou de gestion ?

 Un article de Marie-Amélie Lombard-Latune dans l’Opinion  tord le à la revendication permanente de moyens supplémentaires pour la justice en s’appuyant sur l’analyse de la Cour des Comptes. 

La justice est encombrée, c’est une évidence mais encombrée surtout par des affaires qu’elle ne devrait pas traiter. Un exemple un nombre de plaintes considérables pourraien t être géré directement par les médiateurs; autre exemple que vient  la Sextape de l’affaire Benzema devant les tribunaux. Pourquoi le recours systématique aux avocats qui complexifient à dessein les procédures etc.NDLR

« La conviction de la Cour » des comptes est que la justice « a besoin moins d’être réformée que mieux gérée. » Mine de rien, c’est un pavé dans la mare que lancent les magistrats financiers. Le message est clair : après des décennies de disette budgétaire, les ressources existent, elles doivent désormais être mieux réparties. A l’heure des Etats généraux de la justice, ce constat des Sages de la rue Cambon, à contre-courant des discours du corps judiciaire, mérite d’être exposé. Il est dressé par la note « Enjeux structurels pour la France » d’octobre 2021 et a été réalisé par la 4e chambre de la Cour.

Côté budget, les hauts magistrats rappellent que la justice a vu ses crédits grimper de 22 % entre 2011 et 2021. Après une hausse de 8 %, déjà enregistrée en 2021, la même augmentation vient à nouveau d’être votée pour 2022 (soit 720 millions d’euros), ce lundi par l’Assemblée. Un « doublé historique » ne manque pas de souligner le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti, qui se félicite aussi que le recrutement de 650 juges permette de franchir la barre symbolique des 9 000 magistrats en France. Sans oublier la « justice de proximité » et les 11 % d’effectifs en plus dans les juridictions.

Dans les tribunaux, ce coup de pouce des « sucres rapides » — c’est le terme qu’affectionne le garde des Sceaux — est indéniablement apprécié, même s’il repose largement sur des contractuels. A cette augmentation substantielle des moyens, s’ajoutent « de nombreuses réformes (destinées) à alléger le travail du juge » (simplification du droit familial, déjudiciarisation comme pour le divorce par consentement mutuel), rappelle la Cour des comptes.

Il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats »

« Délais de traitement ». A suivre la rue Cambon, il s’agirait donc aujourd’hui de se retrousser les manches. Mais c’est là que le bât blesse car encore faut-il savoir qui fait quoi dans les 164 tribunaux judiciaires. Or, la justice ne dispose pas d’« outils d’évaluation de la charge de travail et de répartition des effectifs adaptée aux besoins ». Résultat, « les délais de traitement des affaires civiles se détériorent et le stock des dossiers en attente augmente ». Selon la note, il est « urgent » de créer « un référentiel évaluant la charge de travail des magistrats ». Il s’agit d’« une priorité pour le ministère ». Il permettrait « une allocation des ressources humaines adaptées aux besoins ».

Deux autres orientations sont préconisées pour gagner en efficacité. D’une part, il s’agit de revoir, une fois de plus, la carte judiciaire, principalement le périmètre des 36 cours d’appel, souvent trop réduit, qui entraîne « dispersion des moyens et complexité de gestion ». D’autre part, un plan de transformation numérique est indispensable, le retard pris en la matière étant « considérable ».

Au passage, la Cour des comptes tord le cou à quelques idées reçues sur la France qui, selon le Conseil de l’Europe, consacrait en 2018, 69,50 euros par habitant et 0,2 % de son PIB à sa justice alors que la moyenne européenne était de 72 euros par habitant et de 0,33 % du PIB. Ces comparaisons sont à prendre « avec prudence », écrit la Cour, car les systèmes judiciaires sont très différents. Les données sur le nombre de magistrats ne sont pas, non plus, toujours probantes. Certes, la France n’en compte « que » 11 pour 100 000 habitants (21 en moyenne dans les pays européens), mais ces chiffres ne tiennent pas compte des juges non professionnels qui siègent aux Prud’hommes et dans les tribunaux de commerce.

123



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol