Centre des impôts incendié à Morlaix : la colère fiscale et sociale
On ne peut évidemment approuver l’incendie du centre des impôts de Morlaix par les agriculteurs mais cet acte témoigne du ralbol de certaines professions. C’est le cas de l’agriculture dont la compétitivité est plombée par la fiscalité et par l’importation de produits des pays à bas coûts de production (viandes, légumes fruits notamment).sans parler des pressions qu’exercent la grande distribution sur les prix ou encore de la réduction des dépense de ménages en matière d’alimentation. Une colère qui pourrait bien contaminer d’autres secteurs même si les formes d’action sont différentes. Ce sont quelque 140 tracteurs qui ont convergé vers Morlaix dans la nuit de vendredi à samedi. Des agriculteurs en colère qui ont incendié le bâtiment des impôts et celui de la mutualité sociale agricole. Ils s’en sont ensuite pris à un pont. Une colère « inadmissible » mais finalement « logique » estime sur France Info Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix : « Les agriculteurs sont accablés par les charges sociales, les impôts, les dettes, accablés par le fait que ce que vous achetez sept euros le kilo dans un supermarché, on le leur paye sept centimes à la production. » Les producteurs bretons sont ainsi confrontés à de grosses difficultés de trésorerie accentuées par l’embargo imposé par la Russie début août. Des restrictions sur les importations de produits alimentaires en réaction aux sanctions européennes dans le cadre de la crise ukrainienne. Un embargo qui a un effet domino puisque les gros exportateurs vers la Russie, à la recherche de nouveaux débouchés, viendront concurrencer la production française sur son propre marché tirant encore plus les prix vers le bas. Mais les légumiers protestent aussi contre « un ras-le-bol fiscal et social« , explique Thierry Mérette, président de la FDSEA du Finistère. Les agriculteurs « n’en peuvent plus, ils ont le sentiment d’être abandonnés« . Selon lui : « Les représentants de l’État m’ont appelé vers 1 heure du matin… C’est qu’ils commencent à comprendre qu’il y a un vrai désarroi. Je leur ai dit que ce n’était que le début et que s’ils ne nous écoutaient pas, cela pourrait être bien autre chose. » « Vous avez, par rapport à vous concurrents directs, 30% de charges en plus« , dénonce Jean-François Jacob président du SICA, la société d’intérêt collectif agricole de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement français des producteurs de légumes. Il pointe également les surcoûts dus à la superposition des couches administratives : « Quand dans la semaine, le groupement que je préside reçoit un chèque de 353 euros 70 à partager entre 1500 adhérents, donc 23 centimes par adhérents, on ferait mieux de rien nous envoyer. » Son groupement a décidé de renvoyer ce chèque à Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie « pour qu’il vienne nous rencontrer ».