Bal tragique au Front national, (Sophie Montel)
Règlement de comptes au RN avec la sortie du livre de Sophie Montel, Sophie Montel, anciennement frontiste puis membre des Patriotes, le parti de Florian Philippot ; La députée européenne et présidente déchue du groupe dissèque les pratiques et méthodes de son ancien parti avec confidences divertissantes sur ses ex-colistiers qui vont égayer la chronique.
Inutile aux lecteurs curieux de tenter d’identifier cet élu FN qui conseillait à Sophie Montel, jugeant ses cheveux un peu secs, « de les rincer avec (son) urine » macérée après chaque shampoing. Ça, c’était dans une mandature précédente, tandis que l’assemblée de Franche-Comté examinait son schéma de développement économique. Mais sur ses colistiers présents ou passés, Sophie Montel n’est pas avare d’anecdotes. L’ex-chef de file frontiste rappelle ne pas les avoir tous choisis, beaucoup étant imposés. Elle décrit certains comme des « alcoolodépendants » arrimés au bar de la Région, et d’autres, ou les mêmes, comme étant « incapables de lire » les notes de leurs assistants. Seuls « deux ou trois » des élus actuels seraient capables, selon elle, d’écrire eux-mêmes des textes tenant la route. L’auteur assure qu’un des élus du FN proche de la mouvance catholique traditionaliste aurait fait élire en 2015 à son côté sa maîtresse, « une main dans le bénitier et l’autre dans la culotte de la voisine », cingle-t-elle, sans citer de nom. Opposé à l’avortement, l’homme aurait été moins regardant sur ses grands principes pour sa famille, le tacle Sophie Montel. Des propos homophobes d’élus, qu’elle rapporte, sont pitoyables de grossièreté. Elle se réjouit de n’avoir pas emporté la Région en 2015, un scénario un temps plausible mais « catastrophe » pour elle. « La divine providence m’a évité ce chemin de croix […] avec un groupe pour l’essentiel fainéant et incapable. » On apprend que Marion Maréchal-Le Pen voulait qu’un de ses amis fût tête de liste dans le Jura et qu’elle l’a refusé. « Elle est drôle cette gamine quand elle s’énerve », glisse-t-elle. « Elle trépigne, j’ai chaque fois l’impression qu’elle va se rouler par terre. » Sophie Montel liste les avantages et moyens de la Région réclamés par certains élus « déloyaux, incompétents et […] prétentieux », au profit parfois de leurs fédérations départementales. Elle s’y est opposée, évitant d’importer les errements bruxellois à Besançon. On pourrait multiplier les extraits, mais il y en a trop. Celle qu’au FN on surnommait « la montbéliarde », en référence à la vache éponyme, étrille Florian Philippot en lequel elle a cru, sorte de « Dr Jekyll et M. Hyde » au final, selon elle. Sexe, beuveries ou coucheries collectives, Sophie Montel ne nous épargne rien. Exit la « solidarité entre blondes » que Marine Le Pen feignait, bien que les deux femmes ne s’appréciassent pas. L’auteur affirme ne rien regretter. « Ces boutiquiers du Front national […] abusent les électeurs et les électrices, leur promettant des solutions miracles qu’ils n’ont pas et n’auront jamais. Plus grave encore, leurs cibles préférées sont souvent les plus modestes, les plus fragiles. Ils trahissent sciemment cette France des oubliés dont ils n’ont, à l’évidence, que faire… », Conclut-elle. «Je veux faire passer aux lecteurs le message suivant, explique au Figaro Sophie Montel: le RN n’est pas la solution. C’est une boutique pleine d’opportunistes, qui ne veulent surtout pas accéder au pouvoir mais souhaitent jouir d’une position d’opposants confortable, rémunératrice et stérile. J’ai été naïve, je n’ai pas voulu voir, puis y croire. J’ai fini par renoncer et je suis partie».
Au Rassemblement national, les réactions sont virulentes sur cet ouvrage qu’on qualifie de «ramassis de ragots et d’approximations». «Sur la forme, c’est épouvantable, c’est écrit avec les pieds et d’une vulgarité sans nom, réagit Sébastien Chenu, porte-parole du RN. Sur le fond, c’est le néant, le vide intellectuel. Mme Montel a visiblement beaucoup de ressentiment à l’encontre d’une maison qui l’a fait vivre durant plus de trente ans, et qu’elle ne trouvait pas si abominable, à l’époque». «Elle a vraiment dû passer sa vie à en vouloir à autrui», commente un proche de la présidente du parti.
Bal tragique au Front national, Éditions du Rocher, 17,90€, le 13 mars en librairie.