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La monnaie : d’abord un fondement politique

 La monnaie : d’abord un fondement politique 

Les économistes Michel Aglietta et Natacha Valla, auteurs de l’ouvrage « Le Futur de la monnaie », expliquent, dans un entretien au « Monde », que les innovations dans les politiques monétaires ou les technologies financières ne remettent pas en cause les fondements psychologiques et politiques de l’argent tel que nous le connaissons.

 

Entretien.
Michel Aglietta est conseiller scientifique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), organisme de recherche indépendant placé auprès du premier ministre. Né en 1938, professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris-Nanterre, il a écrit de nombreux ouvrages sur la théorie de la monnaie : La Violence de la monnaie (avec André Orléan, PUF, 1984), La Monnaie souveraine (Odile Jacob, 1998), La Monnaie : entre violence et confiance (Odile Jacob, 2002), La Monnaie : entre dettes et souveraineté (avec Pepita Ould Ahmed et Jean-François Ponsot, Odile Jacob, 2016) et Le Futur de la monnaie (avec Natacha Valla, Odile Jacob, 320 pages, 24,90 euros). 

 

Natacha Valla est doyenne de l’Ecole de management et d’innovation de Sciences Po Paris. Née en 1976, elle a fait une grande partie de sa carrière à la Banque centrale européenne, de 2001 à 2005, puis de 2018 à 2020 comme directrice générale adjointe chargée de la politique monétaire, entrecoupée de passages par le secteur privé – Goldman Sachs de 2008 à 2014, LVMH de 2016 à 2018 et à nouveau depuis 2020 – et par la recherche – CEPII de 2014 à 2016. Avec Michel Aglietta, elle a publié, en 2017, Macroéconomie financière (La Découverte).

Le déversement de milliers de milliards de dollars et d’euros d’argent public sur les économies victimes de la crise du Covid-19, de part et d’autre de l’Atlantique, risque-t-il de rallumer les craintes d’une perte de confiance dans la « valeur de l’argent », tant le sentiment d’une abondance soudaine paraît surréaliste après des décennies de discours sur la nécessité de l’austérité budgétaire et la condamnation de l’obésité financière des Etats ?

Il convient de repartir de l’idée que la monnaie n’est pas un dispositif technique, une simple fonction « d’utilité » pour opérer des transactions, mais une institution essentielle, exprimant l’appartenance sociale à une communauté humaine ; son fonctionnement est la manifestation d’une souveraineté publique. La monnaie est née il y a 5 000 ans à Sumer, entre le Tigre et l’Euphrate, en même temps que l’écriture et qu’une entité nouvelle, l’Etat, qui met à distance le sacré pour devenir l’expression du collectif dans sa diversité. Et cela n’a pas changé : toute crise de la monnaie, qu’elle soit inflationniste (envolée des prix et effondrement de la valeur de la monnaie) ou déflationniste (insolvabilité en chaîne des dettes), est aussi une crise politique.

Monnaie électronique: quelle transparence ?

Monnaie électronique: quelle transparence ? 

 

Surveillance, souveraineté et propriété des données, tels sont trois enjeux cruciaux liés à la monnaie électronique, détaille la sociologue Jeanne Lazarus dans une tribune au « Monde ».

 

 

Tribune.
 L’affaire semble entendue : l’argent liquide est voué à disparaître au profit des moyens de paiement électroniques, de la carte bancaire à la puce greffée en passant par les QR codes scannés avec les téléphones portables et les prélèvements automatiques. En parallèle, les cryptomonnaies concurrencent les monnaies nationales et affichent pour ambition de remplacer les banques traditionnelles par des systèmes indépendants des Etats. 

Les fintech – ces entreprises qui ont fleuri grâce aux avancées technologiques et à l’ouverture du marché des paiements à des acteurs non bancaires par les directives européennes de 2007 et 2015 – ne cessent d’améliorer la fiabilité et la facilité d’usage de leurs services. L’argent liquide coûte cher à fabriquer et à entretenir, il est falsifiable, incontrôlable et peut servir à des activités illégales, du travail au noir, du blanchiment ou de l’évasion fiscale : les gouvernements auraient donc tout intérêt à le remplacer par de l’argent électronique, plus facile à tracer.

 


 

Pourtant, à y regarder de plus près, l’argent liquide fait plus que résister. La Suède, exemple sans cesse mis en avant d’un pays sur le point de supprimer le cash, a promulgué une loi, le 1er janvier 2020, exigeant « l’approvisionnement d’un niveau suffisant de services pour obtenir de l’argent liquide ». En effet, utiliser l’argent électronique exige de savoir utiliser les outils qui en sont le support, excluant potentiellement les plus âgés, les personnes porteuses de certains handicaps ou les enfants. Mais au-delà de l’aspect technique, ces modalités de paiement nécessitent l’enregistrement dans les réseaux administratifs sur lesquels ils s’appuient, ce qui signifie qu’il faut renseigner son identité, posséder un compte en banque et une adresse stable. Le potentiel d’exclusion des paiements électroniques est plus important qu’il n’y paraît.

Le « paradoxe du billet de banque »

Dans la zone euro, d’après les chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), le cash reste majoritaire pour les paiements dans les magasins : 79 % d’entre eux en 2016, 73 % en 2019. Si la crise sanitaire a renforcé les paiements sans contact – le geste barrière du paiement –, elle n’a pas supprimé le cash, bien au contraire. Il y aurait même un « paradoxe du billet de banque », selon les analystes de la BCE : la quantité de billets en circulation ne cesse de croître dans la zone euro, alors même que les paiements en argent liquide diminuent. L’explication est que ces billets servent de « réserve de valeur ». Autrement dit, ils sont conservés dans des coffres ou sous des matelas. La crise, comme les taux d’intérêt négatifs, renforce sans doute cette pratique.

Monnaie gratuite: pas automatiquement un futur krach !

Monnaie gratuite:  pas automatiquement un futur krach !

  

S’appuyant sur l’exemple des assignats émis pendant la Révolution française, deux économistes, Laure Desprès et André Tiran, et un ingénieur, Serge Aberdam estiment, dans une tribune au « Monde », qu’un pouvoir politique peut réguler une économie d’émission afin de compenser les effets néfastes de l’émission sur l’appareil productif et sur la répartition des richesses et des revenus.

 

Tribune. 
Le débat actuel sur la question du financement monétaire de la dette publique renvoie à diverses expériences passées, notamment celle des assignats émis en 1789 et devenus monnaie en 1791. L’actuelle doxa veut que cette émission ait été désastreuse alors que jusqu’au milieu du XIXe siècle, un grand nombre de républicains continuèrent à soutenir l’expérience des assignats et émirent un jugement moins critique. 

D’ailleurs en 1919, dans Le Papier-monnaie dans la Révolution française, un économiste russe Semion Anissimovitch Fal’kner (1890-1938) a soutenu l’émission des assignats :

– D’un point de vue politique : sans eux, la Révolution française n’aurait pas été en mesure de résister à la coalition des monarchies européennes et de financer l’effort de guerre.

– D’un point de vue monétaire : une émission monétaire débridée dans une période de crise majeure ne débouche pas automatiquement sur un krach.

– D’un point de vue social et économique : l’émission monétaire n’engendre pas inévitablement un effondrement de la production et un appauvrissement généralisé.

Une théorie originale

Semion Anissimovitch Fal’kner a entrepris son étude en 1916, au moment où le gouvernement tsariste a choisi de financer l’effort de guerre par émission monétaire. Elle fut publiée en pleine tourmente révolutionnaire, alors que la guerre civile et l’hyperinflation battaient leur plein. L’ouvrage n’a jamais été traduit, sauf très partiellement en allemand. Une traduction en français (Classique Garnier, 536 pages, 49 euros, janvier 2021), vient enfin combler cette absence.

Fal’kner a élaboré une synthèse des recherches historiques de son temps sur les assignats, ainsi qu’une théorie originale de ce qu’il appelle une économie d’émission. Pour lui, le financement monétaire des déficits publics, dans une période de crise aiguë, impacte l’économie réelle et la répartition des richesses entre les groupes sociaux, créant un système sui generis, qui fonctionne selon ses propres lois socio-économiques.

 

L’Ancien Régime avait laissé une très lourde dette publique, et la capacité d’emprunter du nouveau pouvoir révolutionnaire était quasi inexistante, les impôts rentrant très mal. Dans une situation de crise extrême, les bourgeois révolutionnaires n’hésitèrent pas à opérer une redistribution radicale des richesses en nationalisant les biens de l’Eglise, consolidant ainsi leurs propres créances sur l’Etat. 

Fondamentalement, Fal’kner considère l’émission de papier-monnaie comme une forme d’imposition, la plus puissante qui soit, à la disposition des Etats affaiblis. Chacun va chercher, en se débarrassant au plus vite de ses billets, à transférer le poids de cet impôt sur quelqu’un d’autre. Finalement, l’impôt d’émission pèse sur les plus pauvres.

Monnaie: Mythe ou créature de l’Etat

Monnaie: Mythe ou  créature de l’Etat 

La théorie monétaire moderne qui révolutionne les approches de l’Etat, de la dette publique et de l’emploi trouve un regain d’intérêt auprès des gouvernements, car elle permet de répondre à la doctrine du « quoi qu’il en coûte » liée à la crise du Covid, explique, dans une tribune au « Monde », l’économiste Jean-François Ponsot.

Tribune.

 

La théorie monétaire moderne, en anglais Modern Monetary Theory (MMT) entreprend d’interroger le rôle de l’Etat et de son financement. Elle est devenue populaire au-delà des cercles académiques en 2019 à l’occasion des primaires des élections américaines. Bernie Sanders s’en est largement inspiré pour son programme. Puis ce fut le tour de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni.

La traduction récente de deux ouvrages de vulgarisation rédigés par Stéphanie Kelton, Le Mythe du déficit (Les liens qui libèrent, 368 pages, 23,50 euros), et Pavlina Tcherneva, La Garantie d’emploi (La Découverte, 152 pages, 18 euros) est l’occasion pour les Français de découvrir ce courant théorique qui suscite débats et controverses.

 

D’un point de vue historique, la MMT n’est pas si moderne que cela. D’une part, elle a été développée à partir des années 1990 par des économistes de l’Université du Missouri à Kansas City et le Levy Institute, un club de réflexion américain. D’autre part, les influences théoriques sont anciennes avec notamment les « chartalistes » (du latin charta, papier) du XXe siècle (Georg Friedrich Knapp 1842-1926, Alfred Mitchell-Innes 1864-1950), qui analysent le fonctionnement d’une économie moderne par le lien entre monnaie et Etat, les travaux d’Abba Lerner (1903-1982) sur la fonction de la relance budgétaire, ceux d’Hyman Minsky (1919-1996) sur l’instabilité financière structurelle du capitalisme, constituent les trois principaux points d’ancrage théoriques de la MMT. 

Comme son nom l’indique, la théorie monétaire moderne s’intéresse d’abord à la monnaie. L’approche est originale car elle place d’emblée la monnaie au départ du raisonnement économique ; elle la réhabilite, alors que les économistes sont plutôt perturbés par la monnaie.

 

Ceux qui sont influencés par Marx y voient le fétiche universel du capitalisme, un objet sordide que le capitaliste cherche à accumuler sans fin pour lui-même. D’autres, d’inspiration néoclassique, voient dans la monnaie un simple voile entourant les échanges : la monnaie est une créature du marché qu’il convient de mettre à l’abri des manipulations par l’Etat car cela pourrait conduire à l’inflation si la monnaie est créée en excès ; les banques centrales doivent donc être indépendantes du politique. 

La MMT adopte une position à front renversé. La monnaie n’est pas nocive et elle est avant tout une créature de… l’Etat. Elle adopte une conception chartaliste de la monnaie défendue notamment par Keynes, en 1930 : la fonction première de la monnaie est celle de l’unité de compte qui doit être la seule à circuler.

Le symbole politique de la monnaie

 

Le symbole politique de la monnaie

Coécrit par deux économistes, leur  livre examine les rivalités naissantes entre les monnaies, cryptées ou non, créées par des communautés humaines aux intérêts divergents. ( Le Monde)

 

 

L’extension du domaine des cryptomonnaies – ces monnaies dématérialisées dont les transactions sont enregistrées numériquement de façon sécurisée par la technologie blockchain – fait rêver certains à un nouveau monde monétaire où les devises ne seraient plus le monopole des Etats et des banques centrales mais un moyen d’échange démocratisé et partagé par des communautés… ou des entreprises privées. D’où le succès – certes volatil – du bitcoin, désormais accepté par nombre de commerçants en ligne ou la tentation des géants du numérique de battre leur propre monnaie – la libra de Facebook

L’économiste Michel Aglietta – connu comme un des meilleurs théoriciens du domaine (La Monnaie souveraine, avec André Orléan, éd. Odile Jacob, 1998) – et sa collègue Natacha Valla viennent heureusement mettre les points sur les « i » : les monnaies ne sont pas des innovations technologiques, mais des constructions sociales et politiques, reflets des consensus que se forgent, à un moment donné, des collectivités humaines pour pouvoir compter et échanger des produits (ou des services), et en stocker la valeur au-delà du moment de leur consommation. Ce qui veut dire que les monnaies changent en même temps que ces consensus : la monnaie telle que nous la connaissons n’est donc pas figée.

De ces caractéristiques naissent trois conséquences majeures. Premièrement, la cryptomonnaie n’est que la poursuite du mouvement d’abstraction et de symbolisation croissante des formes de la monnaie depuis sa création : on est passé de l’échange d’objets communs à celui d’objets qui les représentent, puis aux pièces de monnaie, au papier-monnaie, aux lettres de change, aux écritures comptables, d’abord « physiques » puis numérisées et instantanées, sans que sa nature en soit changée. Les cryptomonnaies deviendront donc vraisemblablement une forme de l’émission monétaire des différentes institutions qui en ont la charge aux yeux des communautés humaines. Les banques centrales s’y sont d’ailleurs déjà mises.

Deuxièmement, l’émergence de nouvelles communautés sociales et politiques peut effectivement faire apparaître de nouvelles monnaies, si ces communautés en viennent à souhaiter « battre monnaie », cryptée ou pas. Il peut donc y avoir concurrence, voire rivalité, entre ces monnaies en fonction du projet qu’elles portent. La question est de savoir de quels poids respectifs pèseront ces communautés concurrentes – selon qu’elles représentent les intérêts d’entreprises privées, ceux de communautés territoriales soucieuses de fonder une économie locale durable et responsable (c’est cette option qui a la préférence des auteurs), mais aussi ceux d’Etats rivalisant pour la domination géopolitique mondiale.

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Il est clair que Erdogan -comme nombre d’autres dictateurs- aura tout raté. La campagne sanitaire contre la pandémie du Coronavirus, le renouveau économique sans parler d’une politique internationale , une sorte de grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Ne parlons pas du plan culturel ou sociétal avec le retrait de l’accord international d’Istanbul contre la violence vis-à-vis des femmes ou les atteintes constantes à la démocratie .

Un nouveau limogeage brutal illustre la folie du président Turquie Erdogan, celui du gouverneur de la banque centrale de Turquie;  il faut dire que la monnaie a dégringolé dégringoler de près de 15 % par rapport au dollar exactement les mêmes chiffres que l’inflation .

ET les  investisseurs craignent une dégradation de la situation économique.

Conséquence : La Bourse d’Istanbul a été aussi prise dans la tourmente, chutant de 9,8% à la clôture, après que les cotations ont dû être suspendues à au moins deux reprises dans la matinée, en application d’un mécanisme qui prévoit une interruption en cas de fortes fluctuations.

Naci Agbal a été destitué de ses fonctions par un décret présidentiel qui n’avançait pas de motif, mais intervenait deux jours après un relèvement de 200 points de base du principal taux directeur de la banque centrale, une mesure destinée à lutter contre l’inflation, saluée par les marchés.

Or le président Erdogan, partisan d’une forte croissance alimentée par des crédits bon marché, est hostile aux taux d’intérêt élevés, qu’il qualifie de « père et mère de tous les maux » et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu’ils favorisent l’inflation. Le limogeage de Naci Agbal et la chute de la livre, alors que l’économie pâtit déjà de l’impact de l’épidémie de coronavirus, ont laissé de nombreux Turcs désabusés.

Le bitcoin monnaie d’Internet ?

Le  bitcoin  monnaie d’Internet ?

 

Le moins que l’on puisse dire c’est que les autorités monétaires se montrent assez discrètes vis-à-vis des manœuvres de certains grands patrons mondiaux pour faire la publicité au bitcoin et au-delà qui   visent sans doute à substituer la cryptomonnaie aux monnaies classiques.

 

Il y a dans cette opération un double objectif. D’une part il s’agit de pousser les feux de la valorisation de la cryptomonnaie dans les laquelle ces grands patrons ont investi et ainsi de participer à la spéculation.

 

Plus fondamentalement, les  grands patrons voudraient bien s’affranchir complètement des contraintes monétaires habituelles. En fait,  ils veulent supprimer la souveraineté des Etats sur la monnaie et donc sur une grande partie des autres champs de souveraineté. Certes plusieurs Etats ont déjà réagi pour envisager en quelque sorte une une étatisation de la cryptomonnaie  (une crypto monnaie ayant valeur de monnaie nationale) et la mise en place d’une régulation

 

Malgré sa réputation sulfureuse, la cryptomonnaie est en train de gagner ses lettres de noblesse grâce aux investissements assez spéculatifs de grandes entreprises. 

 

Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, a annoncé vendredi 12 février la création avec le rappeur Jay Z d’une fondation pour financer le développement du bitcoin comme «devise d’Internet». On voit mal quelle  compétence et quelle pertinence peut avoir cet attelage bizarre entre un rappeur et le fondateur de Twitter  sinon le côté un peu sulfureux.

Jack Dorsey n’a jamais fait mystère de son intérêt pour le bitcoin, qu’il voit comme un modèle de gouvernance décentralisée pour Internet.

 

Malgré cette réputation sulfureuse – le bitcoin est soupçonné d’être utilisé pour des transactions illégales – la cryptomonnaie est en train de gagner ses lettres de noblesse grâce aux investissements de grandes entreprises. Lundi, Tesla a investi 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin et prévoit d’accepter la devise virtuelle comme moyen de paiement pour ses voitures.

En octobre, le géant des paiements en ligne Paypal a lancé un service d’achats, de ventes et de paiement par cryptomonnaie, tandis que Square annonçait avoir investi 50 millions de dollars dans le bitcoin. BlackRock, qui gère des milliers de milliards de dollars pour le compte de fonds administrant les retraites de fonctionnaires et d’entreprises ou de riches fortunes, a aussi apporté sa légitimité en ajoutant fin janvier la devise virtuelle à la liste des produits financiers dans lequel il pouvait investir.

Jack Dorsey n’a jamais fait mystère de son intérêt pour le bitcoin, qu’il voit comme un modèle de gouvernance décentralisée pour Internet.

Du coup en  dépit des avertissements des autorités monétaires notamment de la directrice du Trésor américain, le bitcoin continue de flamber à 49000 dollars !.On sait évidemment que la cryptomonnaie est très volatile mais cette hausse inconsidérée ne repose sur aucun fondement économique et financier sérieux. Une grande partie de l’envolée du bitcoin a été provoquée par les déclarations très intéressées par ailleurs du patron de Tesla qui a déclaré croire dans le Bitcoin . D’autant qu’il avait investi dans la crypte menée pour 1,5 milliards de dollars.

La  problématique de régulation des cryptomonnaies se pose car leur volatilité   pourrait bien contaminer un jour l’ensemble du système financier.

Bitcoin : monnaie ou jeu spéculatif

Bitcoin : monnaie ou jeu spéculatif

Jacques Baudron, de l’Université Paris Sud pose la problématique des monnaies virtuelles à considérer comme des monnaies ou des jeux spéculatifs. Article de la Tribune

 

Du sommet de ses fragiles hauts et bas, le bitcoin domine  ( il vient d’atteindre 30 000 $ , un record NDLR, ).  Mais, nous prévient-on, le bitcoin n’a pas de valeur intrinsèque, et les monnaies virtuelles ne sont pas des créances. Que signifie cette affirmation ? Pour le savoir, il faut d’abord comprendre pourquoi une monnaie est une créance.

Les premières créances, des histoires d’orfèvres

Durant la première moitié du XVIIe siècle, les orfèvres font partie des rares métiers à même de tenir tête à l’aigrefin. Ils sont en effet dotés, pour leur activité, de coffres forts. Les riches négociants, particulièrement vulnérables, ont donc tôt fait de les solliciter pour y abriter leurs métaux précieux. L’affaire n’est évidemment pas gratuite : elle se fait contre une reconnaissance de dettes nominative et, bien entendu, une juste rémunération pour le service rendu. Sur présentation de ce papier, tout ou partie des métaux précieux déposés pouvait être retiré.

Les choses évoluant, les reconnaissances de dette deviennent anonymes et mentionnent seulement le montant d’or exigible en contrepartie. Les reconnaissances de dette étant bien plus faciles à manipuler que l’or, elles sont rapidement préférées pour les échanges de biens ou services. Ces billets, échangeables contre le poids d’or mentionné, constituent des créances.

Les orfèvres disposent en permanence dans leur coffre de réserves d’or qui dort. Les commerces quant à eux cherchent des fonds pour le développement de leurs activités et les deux parties trouvent rapidement un terrain d’entente sur la base de billets-reconnaissances de dettes identiques à ceux des déposants. Ces reconnaissances de dettes ont une vie éphémère : elles sont détruites dès libération de la dette.

Mise en place du mécanisme de création monétaire

Les orfèvres ne tardent pas à constater que l’or entre et sort mais que le niveau des stocks ne descend pas en dessous d’un certain seuil. Statistiquement, tous les emprunteurs ne présentent pas leur reconnaissance de dette au même moment. D’où l’idée de proposer plus de reconnaissances de dette qu’il n’y a d’or. Le total des montants inscrits sur les billets-reconnaissances de dette émis est supérieur au poids d’or chargé de le garantir. Le risque existe de se trouver démuni face à un afflux de demandes de remboursement, mais il est visiblement mesuré, puisque le système se développe. Cela dit, le modèle mis en place pour renflouer l’après-Louis XIV par John Law a tout de même montré en 1720 qu’une demande simultanée de tous les utilisateurs ne relève pas que de la théorie !

Le mécanisme de création monétaire est né. Quand un commerçant emprunte, il perçoit ses billets imprimés par l’orfèvre. La somme est reportée dans les registres. Des billets-reconnaissances de dette sont émis, et le niveau d’or dans les coffres ne change pas. Le commerçant utilise ces billets-reconnaissances de dette pour payer ses fournisseurs, qui les utiliseront à leur tour pour rémunérer des collaborateurs, qui pourront eux-mêmes les employer pour acheter du pain et ainsi de suite. La monnaie circule, et tous ces échanges ont pour point d’origine une simple écriture dans un registre…

L’histoire n’est pas finie : quand le commerçant rembourse sa dette, l’orfèvre détruit la reconnaissance de dette. Création monétaire et destruction monétaire se suivent avec un bilan non nul : l’activité du commerçant augmente et l’orfèvre touche des intérêts. Les trois attributs qui définissent la monnaie depuis Aristote sont là : elle est acceptée, divisible et durable. Acceptée, car la monnaie est garantie par la confiance que l’on a dans la réserve d’or. Divisible, car elle permet d’échanger des heures de travail contre du pain, puisque tous sont mesurés en unité de compte commune. Durable, car la monnaie a une certaine stabilité qui lui est donnée par sa référence à l’or. La quantité de monnaie nécessaire à l’acquisition de pain est la même – à l’inflation près – qu’on acquière cette denrée à un moment donné ou un an après.

Monnaie d’État, banque centrale et banques commerciales

Ce mécanisme est aujourd’hui utilisé par les états. Toutefois si dans un premier temps la monnaie s’appuyait effectivement sur une contrepartie en métal précieux, le glissement vers une valeur décrétée arbitrairement par l’État est désormais d’usage. La monnaie émise est dite fiduciaire, car elle demande de faire confiance à l’État. C’est lui qui décrète arbitrairement sa valeur. L’euro, par exemple, est l’équivalent de l’or pour les orfèvres. Leur rôle est aujourd’hui tenu par la Banque centrale européenne, qui émet les billets et pièces en circulation. L’État, de son côté, édicte deux règles : refuser la monnaie nationale en règlement d’une dette est illégal ainsi que s’acquitter de l’impôt avec une autre monnaie. Avec de telles règles, l’acceptation est plus facile…

Classiquement, dans un état la banque centrale émet la monnaie nationale et applique la politique monétaire du gouvernement. De leur côté, les banques commerciales distribuent la monnaie de la banque centrale et gèrent des services comme les prêts avec de la monnaie scripturale, c’est-à-dire dont les mouvements sont enregistrés dans les comptes. Un virement de cent euros ne signifie pas que cent euros en billets sont dans une boîte, c’est uniquement une écriture. Une autre écriture débitera le compte suite à un règlement par carte.

Globalement, la masse monétaire est créée à 95% par les banques commerciales et 5% par les banques centrales. La banque commerciale est légalement tenue de disposer d’une réserve de 1% de ses encours en monnaie d’État auprès de la banque centrale. Notons que la masse monétaire créée par l’obtention du crédit et détruite lors du remboursement couvre le principal, mais pas les intérêts. Ceux-ci devront être financés par ailleurs, typiquement par de nouveaux prêts.

Et les monnaies virtuelles ?

Si la monnaie scripturale vous permet à tout moment d’exiger de votre banque la contrepartie des écritures en monnaie nationale physique, rien de tel n’est proposé avec la monnaie virtuelle. La monnaie virtuelle ne conserve que les écritures. Par construction, seul persiste dans le processus l’aspect scriptural de la monnaie – toute transaction est inscrite de manière indélébile – mais sa totale indépendance vis-à-vis des autres monnaies l’empêche de s’appuyer sur une valeur ou monnaie quelconque. On dit également qu’il n’y a pas de valeur intrinsèque. L’expression « monnaie virtuelle » frise donc l’oxymore.

En effet, sans valeur intrinsèque aucune des 1.300 monnaies virtuelles ne répond à la définition aristotélicienne de la monnaie. Les monnaies virtuelles sont certes de mieux en mieux acceptées, et l’on ne peut nier qu’elles sont divisibles : elles permettent de mesurer la valeur des biens et de faire des comparaisons. Mais elles ne sont pas durables. En effet, la monnaie permet de différer un achat pour « plus tard », au meilleur moment. Encore faut-il que « plus tard » le pouvoir d’achat de cette monnaie soit du même ordre. Or, la définition de la monnaie virtuelle précise qu’elle ne s’appuie sur aucun élément qui assurerait sa stabilité. Cela étant posé, renier Aristote et dire que « le bitcoin est une monnaie » simplifie beaucoup les discussions…

Où pourrait se situer la valeur intrinsèque du volatil bitcoin s’il en avait une ? Pour ma part je vois deux pistes : les transferts de fonds rapides et les « ICO » (initial coin offering), qui consistent à proposer de participer au financement d’un projet non pas en entrant dans le capital ou en prêtant des fonds, mais en pré-achetant des services que le projet proposera. Ethereum pas exemple proposait des ether, Uber aurait pu proposer des courses, Air France des Miles. Les participations, très intéressantes dans la phase initiale, peuvent être échangées par la suite sur les marchés ; ces produits financiers sont connus sous le nom de token.

Une valeur tributaire de l’émotivité

En définitive, le cours du bitcoin est totalement mené par l’offre et la demande. Un achat est effectué en pariant sur le fait que « quelqu’un » sera prêt à racheter à un prix supérieur. S’agirait-il d’une sorte d’action ? Pas tout à fait. Une action est un acte de propriété avec droit de vote qui définit une valeur dont ne dispose pas la monnaie virtuelle. D’un type d’obligation ? Non plus, car une obligation est un prêt.

Au final, une monnaie virtuelle est sans référence. Il n’y a pas de valeur « raisonnablement » haute ou basse. Les fluctuations épousent l’humeur du moment, les émotions depuis l’engouement jusqu’au dépit en mouvements inattendus, voire surprenants. Son cours est imprédictible. Ce n’est pas parce qu’il est haut qu’il ne montera pas encore plus haut. Mais il peut aussi bien chuter.

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Par Jacques Baudron, Chargé de cours technologies virtuelles licence MRT, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation

Le dangereux pari d’une seule monnaie à Cuba

Le dangereux pari d’une seule monnaie à Cuba

Janette Habel, chercheuse à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, voit dans cette nouvelle étape de libéralisation de l’économie cubaine un « processus de transition économique et générationnelle à l’issue risquée et incertaine ». (Tribune au monde)

Après plusieurs années d’atermoiements, el dia zero (le jour J) approche : le 1er janvier 2021, Cuba unifiera son système monétaire en abandonnant l’une des deux monnaies locales. La réforme monétaire prévoit l’abandon du peso convertible (CUC), aligné artificiellement sur le dollar américain et d’abord réservé au secteur touristique. Seul demeure le peso cubain (CUP), à un taux de change fixé à 24 pesos pour un dollar.

Une « refondation économique à hauts risques », estime Janette Habel, chercheuse à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, spécialiste de Cuba. A travers cette nouvelle réforme libérale, elle explique au Monde comment l’île complète sa mue économique, politique et sociale depuis plusieurs années.

 

Beaucoup d’économistes cubains ont été surpris de la période qu’a choisie le gouvernement pour appliquer des réformes annoncées depuis des années. Mais je pense tout simplement que c’est parce qu’il n’y avait plus le choix. C’est un signe de la gravité de la situation à Cuba, assommée par une crise économique et financière profonde due, en partie, aux sanctions économiques américaines encore alourdies par l’administration Trump, et à des problèmes internes liés à la structure économique du pays. La seule référence nationale est la crise subie dans les années 1990, à la suite de la chute de l’Union soviétique et, aujourd’hui, on peut dire que certains éléments sont encore plus graves qu’à l’époque. 

Il s’agit également d’une période difficile sur le plan politique puisqu’une génération – celle des frères Castro – disparaît pour des raisons biologiques. Et, avec elle, la légitimité du révolutionnaire que le président Miguel Diaz-Canel n’aura jamais. Et même s’il prend soin d’annoncer les réformes aux côtés de l’ancien président Raul Castro, cette légitimité passée doit être remplacée par une légalité institutionnelle.

C’est ce qui a été initié avec la signature, en 2018, de la nouvelle Constitution, qui rétablit, par exemple, un poste de premier ministre. C’est aussi délicat parce que le gouvernement actuel est en proie à de grandes dissensions. Le prochain congrès du Parti communiste de Cuba [PCC], qui doit se tenir en 2021, nommera un nouveau chef de parti – logiquement l’actuel président à la place de Raul Castro – et asseoir la légitimité de M. Diaz-Canel.

Enfin, c’est donc une refonte nationale gigantesque qui intervient alors que les pénuries n’ont jamais été aussi importantes et que la population est déjà très mécontente. Notamment de l’ouverture de ces magasins d’électroménager, en 2019, où l’on ne peut payer qu’en dollar avec une carte bancaire. Cela suppose que les Cubains disposent d’un compte alimenté dans la devise, ce qui n’est pas le cas pour la grande majorité d’entre eux. Et l’unification des monnaies et des taux de change ne devrait qu’aggraver ces inégalités.

La croissance de la monnaie chinoise.

La croissance de la monnaie chinoise.

 

En raison de la sortie de crise de la Chine et d’une croissance remarquable qui contraste avec la plupart des autres pays, mécaniquement la monnaie chinoise ne cesse de monter depuis plusieurs mois . La hausse est telle que la banque centrale commence à s’inquiéter, sans parvenir à freiner le mouvement. Soucieuse d’éviter un afflux trop important de capitaux étrangers, elle est intervenue plusieurs fois ces derniers mois pour faciliter les sorties de capitaux chinois et permettre aux investisseurs de spéculer plus facilement contre la hausse du RMB.

Rien y fait, la promesse d’une croissance économique chinoise assurée en 2021 (+8% selon les analystes) et des taux d’intérêt plus élevés qu’en Europe ou qu’aux États-Unis continuent d’attirer les investisseurs. Pourtant à Pékin, les dents grincent. «Politiquement, peu d’institutions en Chine soutiennent un RMB fort, surtout les officiels du sud du pays et les industriels tournés vers l’export. En plus, le pays a aussi besoin de soutenir l’emploi après le Covid-19», selon Logan Wright, économiste pour Rhodium Group basé à Hongkong.

Écroulement de la monnaie et de l’économie turque : Erdogan limoge encore le gouverneur de la Banque centrale

Écroulement de la monnaie et de l’économie turque : Erdogan limoge le gouverneur de la Banque centrale

Du fait des politiques agressives et improductives d’Erdogan, la Turquie subit une très grave crise économique interne qui se traduit notamment par un écoulement de sa monnaie et de son économie. La livre turque a clôturé vendredi à 8,5445 pour un dollar après avoir touché un point bas record de 8,58. Elle a plongé de 30% depuis le début de l’année, de 10% au cours des deux dernières semaines. Pour remédier à cette crise économique et financière Erdogan prend encore une mesure radicale en remplaçant un nouveau le patron de la banque centrale turque. Le quatrième changement de titulaire en cinq ans.

Les analystes considèrent Naci Agbal, bien que proche de Recep Tayyip Erdogan, comme un gestionnaire capable qui pourrait adpoter une approche plus orthodoxe de la politique monétaire que son prédécesseur.

Murat Uysal avait été nommé à la tête de la banque centrale en juillet 2019 par le chef de l’Etat, mécontent que cette dernière ne baisse pas les taux d’intérêt pour stimuler l’économie.

“La gestion d’Uysal a été catastrophique. Agbal, ça pourrait être pire, évidemment”, a commenté sur Twitter Timothy Ash, de BlueBay Asset Management. “Il a une réputation de technocrate décent et il paraît qualifié pour le poste”, a-t-il toutefois ajouté.

Recep Tayyip Erdogan ne cesse de réclamer l’abaissement des taux d’intérêt. Le week-end dernier, il a affirmé que la Turquie livrait une guerre économique contre ceux qui tentent de l’enfermer “dans le triangle diabolique des taux d’intérêt, des taux de change et de l’inflation”.

A la dépréciation de la devise turque s’ajoute une inflation de près de 12%, bien au-dessus de l’objectif d’environ 5% fixé par la banque centrale. Le pays avait réussi l’an dernier à sortir de la récession mais la pandémie de coronavirus a tout remis en cause.

Le mois dernier, la Banque de Turquie n’a pas procédé à un relèvement de ses taux d’intérêt contrairement aux attentes, les maintenant à 10,25%, ce qui a contribué à une nouvelle baisse de la livre sur les marchés des changes. Un mois plus tôt, elle avait au contraire surpris les marchés en relevant ses taux.

Les opérateurs s’inquiètent de la baisse des réserves de change, des atteintes à l’indépendance de la banque centrale et du risque toujours latent de sanctions occidentales contre le pays en raison de sa politique étrangère et de défense.

Pour Erik Meyersson, économiste à Handelsbank, même si Murat Uysal était à blâmer pour sa gestion, la banque centrale est pieds et poings liés à Recep Tayyip Erdogan et son gouverneur “n’est qu’une marionnette”.

Pour une monnaie verte (Piketty )

Pour  une  monnaie verte (Piketty )

relance  par des investissements dans des secteurs comme la santé et l’environnement, avec une réduction des activités les plus carbonées, propose  l’économiste Thomas Piketty dans sa chronique au Monde

 

Chronique.

 

La crise engendrée par le Covid-19 peut-elle précipiter l’adoption d’un nouveau modèle de développement, plus équitable et plus durable ? Oui, mais à condition d’assumer un changement clair des priorités et de remettre en cause un certain nombre de tabous dans la sphère monétaire et fiscale, qui doit enfin être mise au service de l’économie réelle et d’objectifs sociaux et écologiques.

Il faut d’abord mettre à profit cet arrêt économique forcé pour redémarrer autrement. Après une telle récession, la puissance publique va devoir jouer un rôle central pour relancer l’activité et l’emploi. Mais il faut le faire en investissant dans de nouveaux secteurs (santé, innovation, environnement), et en décidant une réduction graduelle et durable des activités les plus carbonées. Concrètement, il faut créer des millions d’emplois et augmenter les salaires dans les hôpitaux, les écoles et universités, la rénovation thermique des bâtiments, les services de proximité.

Dans l’immédiat, le financement ne pourra se faire que par la dette, et avec le soutien actif des banques centrales. Depuis 2008, ces dernières ont procédé à une création monétaire massive pour sauver les banques de la crise financière qu’elles avaient elles-mêmes provoquée. Le bilan de l’Eurosystème (le réseau de banques centrales piloté par la BCE) est passé de 1 150 milliards d’euros début 2007 à 4 675 milliards fin 2018, c’est-à-dire de 10 % à peine à près de 40 % du PIB de la zone euro (12 000 milliards d’euros).

Il faut assumer le fait que la création monétaire serve à financer la relance verte et sociale, et non à doper les cours de Bourse

Sans doute cette politique a-t-elle permis d’éviter les faillites en cascade qui avaient entraîné le monde dans la dépression en 1929. Mais cette création monétaire, décidée à huis clos et sans encastrement démocratique adéquat, a aussi contribué à doper les cours financiers et immobiliers et à enrichir les plus riches, sans résoudre les problèmes structurels de l’économie réelle (manque d’investissement, hausse des inégalités, crise environnementale).

Or il existe un risque réel que l’on se contente de continuer dans la même direction. Pour faire face au Covid-19, la BCE a lancé un nouveau programme de rachat d’actifs. Le bilan de l’Eurosystème a bondi, passant de 4 692 milliards au 28 février à 5 395 milliards au 1er mai 2020 (suivant les données publiées par le BCE le 5 mai). Pour autant, cette injection monétaire massive (700 milliards en deux mois) ne suffira pas : le spread de taux d’intérêt en défaveur de l’Italie, qui s’était abaissé mi-mars à la suite des annonces de la BCE, est très vite reparti à la hausse. »

 

L’économiste propose donc le concept de monnaie verte , en  fait une émission monétaire tenant compte davantage de préoccupations environnementales et sociales

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Fin de la monnaie classique avec les cryptomonnaies ?

Fin de la monnaie  classique avec les cryptomonnaies ?

 

Un article intéressant  sur les potentialités du rôle de la technologie Blockchain  et derrière des cryptomonnaies . Le problème, c’est que cet article chronique paru dans la Tribune émane d’une responsable d’un fonds  d’investissement  luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies. Il y a d’abord une confusion , en tout cas une réduction du rôle de la technologie Blockchain à la cryptomonnaie . En effet la dite technologie Blockchain pourra servir à bien d’autres applications qu’à la monnaie pour sécuriser les données. Ensuite, c’est un plaidoyer pro domo pour faire sauter la souveraineté des Etats en matière de monnaie et soumettre ces derniers au marché des crypto monnaies. Il s’agit en fait d’un enjeu considérable, celui de soustraire la monnaie à la souveraineté des Etats pour la transférer à la finance mondialisée. Une sorte de hold-up démocratique en quelque sorte.

 

Sadry Bouhejba, CIO de Archery Blockchain. (*) veut démontrer que  L’émergence de nombreuses cryptomonnaies ces dernières années remet en cause la vision de la monnaie conventionnelle, souveraine et centralisée. Dans ce contexte, la technologie Blockchain, transparente, sécurisée et sans organe de contrôle, apparaîtrait  être un moyen de repenser le système financier traditionnel.

 

Tribune

 

« Pendant longtemps, nous échangions à l’aide d’une monnaie fiduciaire (pièces
et billets de banque). Mais alors, un devoir s’est vite imposé : comment pallier les risques de fraudes et ses falsifications en tous genres ? Aujourd’hui, une monnaie scripturale est apparue via un simple jeu d’écriture et une inscription sur les comptes bancaires. Cette monnaie domine largement les échanges de valeur. Son évolution a d’ailleurs explosé notamment avec l’arrivée de la carte bancaire et du smartphone.

Aujourd’hui, la monnaie est grandement dématérialisée et les nombreuses innovations technologiques relatives à la sécurité révolutionnent le paiement de nos achats quotidiens : reconnaissance vocale et faciale, empreinte digitale, etc. Bien que ces évolutions technologiques aient fortement sécurisé les moyens de paiement, il n’en demeure pas moins qu’une quantité relativement importante d’argent sort du circuit classique pour être utilisée à des fins illégales.

Et si dans un futur proche, les monnaies nationales traditionnelles reposaient sur une Blockchain nationale, qui enregistrerait les transactions ?

Le principal avantage d’un système monétaire reposant sur une Blockchain s’inscrit dans la suppression d’intermédiaires lors de transactions financières. Par exemple, lorsque des sommes importantes sont transférées d’un compte à un autre, il est
obligatoire d’en prouver la provenance ainsi que de respecter des protocoles stricts imposés par les banques et leurs régulateurs.

Si cet argent reposait sur un système gouverné par la Blockchain, il serait beaucoup plus simple de retracer l’origine de l’argent transféré et de contrôler l’identité du donneur d’ordre. Outil redoutable de lutte contre les fraudes, le registre de la Blockchain enregistre chaque entrée d’argent, les attribue de manière unique à un intervenant rendant impossible toute modification ultérieure. L’historique de toutes les transactions apparaît ainsi sur une base de données décentralisée sans intermédiaires permettant à chaque membre du réseau de constater la validité des transactions.

Il est difficile d’imaginer que les monnaies fiat puissent être complètement remplacées par des cryptomonnaies. En effet, le système monétaire traditionnel offre aux utilisateurs la liberté de pouvoir disposer d’argent sans être obligé de se connecter à un réseau. Imprimée, portative et échangeable, cette monnaie simplifie les échanges. À l’heure actuelle, aucun État ne peut pousser la technologie à un tel niveau que cela ait pour conséquence de marginaliser les personnes n’ayant pas accès à Internet.

Cependant, le système monétaire actuel pourrait évoluer vers un modèle hybride. Concrètement, des comptes en banque disposeraient à la fois d’une monnaie classique et d’un solde en monnaie digitale. Certaines transactions majeures ne pourraient être réalisées qu’avec la monnaie digitale, charge donc aux banques de faire la conversion de l’euro classique vers la Blockchain sans même que l’utilisateur final s’en aperçoive. Une future administration ou un service auprès des banques serait ainsi en mesure de valider la chaîne de transfert en fournissant un rapport Blockchain attestant de la traçabilité de l’argent. Ce système aurait l’avantage d’être non seulement sécurisé, mais permettrait également de réduire les coûts de stockage, la Blockchain n’ayant pas besoin de banque de dépôt et de manutention des billets ou pièces. Ces dernières années, la cryptomonnaie, et plus largement la Blockchain, ont fait couler beaucoup d’encre, mettant en avant de nombreux scandales et blanchiments d’argent. Cette technologie apparue il y a plus de dix ans a fait l’objet de vives critiques et de nombreux détracteurs ont tenté de la faire échouer. Pourtant, elle a prouvé son efficacité au gré du temps et se démocratise de plus en plus. À tel point que de nombreux États étudient de façon approfondie le potentiel d’un système monétaire qui reposerait sur une Blockchain nationale. La BCE a récemment ouvert un groupe de réflexion sur la possibilité de créer un euro digital basé sur une Blockchain. ……i représente une véritable innovation dans la manière d’échanger et de transférer de façon traçable de la valeur. C’est finalement la blockchain - longtemps décriée et accusée d’évasion fiscale ou de blanchiment – qui parviendra à mettre fin à ces détournements d’argent. »

(*) Archery Blockchain est un fonds d’investissement luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies.

La monnaie outil de souveraineté ne peut être privée ( Banque de France)

La monnaie outil de souveraineté ne peut être privée ( Banque de France)

 

 

 

Alors que de nombreux lobbys financiers proposent de privatiser les monnaies en s’appuyant sur la technologie Blockchain  et en même temps d’en étendre le champ géographique à la planète, le gouverneur de la Banque de France rappelle que la monnaie constitue un outil de souveraineté nationale. Il est clair que la monnaie constitue le pilier d’une politique économique et sociale et que livrer ce champ régalien aux mains privées serait en quelque sorte autoriser  la domination voire l’aliénation par la finance internationale. Une  finance internationale dont l’objet est d’assurer une rentabilité des capitaux  investis et qui n’a pas à prendre en charge la problématique de l’intérêt général. La monnaie ne peut donc pas être privée, a déclaré samedi sur France Inter François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, qui considère qu’il s’agit avant tout d’un “bien public de souveraineté.

François Villeroy de Galhau a rappelé son attachement au projet européen de création de monnaie numérique européenne, l’e-Euro, soulignant que l’utilisation des billets de banque diminuait progressivement dans plusieurs pays de la zone euro, tout particulièrement dans le Nord de l’Europe.

“Ils se posent la question de savoir si demain il faut pas donner le droit au citoyen a une monnaie digitale qui n’est plus un billet physique mais qui a la même qualité c’est à dire la sécurité de la Banque de France et de la Banque centrale européenne”, a-t-il déclaré.

“La monnaie, ça ne peut pas être privé. La monnaie c’est un bien public de souveraineté. C’est une réflexion que nous commençons, parce qu’elle pose énormément de questions.”

Blockchain à la place de la monnaie ?

 Blockchain à la place de la monnaie ?

Un article intéressant  sur les potentialités du rôle de la technologie Blockchain  et derrière des cryptomonnaies . Le problème, c’est que cet article chronique paru dans la Tribune émane d’une responsable d’un fonds  d’investissement  luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies. Il y a d’abord une confusion en tout cas une réduction du rôle de la technologie Blockchain à la cryptomonnaie . En effet la dite technologie Blockchain pourra servir à bien d’autres applications qu’à la monnaie pour sécuriser les données. Ensuite c’était un plaidoyer pro domo pour faire sauter la souveraineté des Etats en matière de monnaie et soumettre ces derniers au marché des crypto monnaies.

 Sadry Bouhejba, CIO de Archery Blockchain. (*) veut démontrer que  L’émergence de nombreuses cryptomonnaies ces dernières années remet en cause la vision de la monnaie conventionnelle, souveraine et centralisée. Dans ce contexte, la technologie Blockchain, transparente, sécurisée et sans organe de contrôle, apparaîttrait  être un moyen de repenser le système financier traditionnel.

« Pendant longtemps, nous échangions à l’aide d’une monnaie fiduciaire (pièces
et billets de banque). Mais alors, un devoir s’est vite imposé : comment pallier les risques de fraudes et ses falsifications en tous genres ? Aujourd’hui, une monnaie scripturale est apparue via un simple jeu d’écriture et une inscription sur les comptes bancaires. Cette monnaie domine largement les échanges de valeur. Son évolution a d’ailleurs explosé notamment avec l’arrivée de la carte bancaire et du smartphone.

Aujourd’hui, la monnaie est grandement dématérialisée et les nombreuses innovations technologiques relatives à la sécurité révolutionnent le paiement de nos achats quotidiens : reconnaissance vocale et faciale, empreinte digitale, etc. Bien que ces évolutions technologiques aient fortement sécurisé les moyens de paiement, il n’en demeure pas moins qu’une quantité relativement importante d’argent sort du circuit classique pour être utilisée à des fins illégales.

Et si dans un futur proche, les monnaies nationales traditionnelles reposaient sur une Blockchain nationale, qui enregistrerait les transactions ?

Le principal avantage d’un système monétaire reposant sur une Blockchain s’inscrit dans la suppression d’intermédiaires lors de transactions financières. Par exemple, lorsque des sommes importantes sont transférées d’un compte à un autre, il est
obligatoire d’en prouver la provenance ainsi que de respecter des protocoles stricts imposés par les banques et leurs régulateurs.

Si cet argent reposait sur un système gouverné par la Blockchain, il serait beaucoup plus simple de retracer l’origine de l’argent transféré et de contrôler l’identité du donneur d’ordre. Outil redoutable de lutte contre les fraudes, le registre de la Blockchain enregistre chaque entrée d’argent, les attribue de manière unique à un intervenant rendant impossible toute modification ultérieure. L’historique de toutes les transactions apparaît ainsi sur une base de données décentralisée sans intermédiaires permettant à chaque membre du réseau de constater la validité des transactions.

Il est difficile d’imaginer que les monnaies fiat puissent être complètement remplacées par des cryptomonnaies. En effet, le système monétaire traditionnel offre aux utilisateurs la liberté de pouvoir disposer d’argent sans être obligé de se connecter à un réseau. Imprimée, portative et échangeable, cette monnaie simplifie les échanges. À l’heure actuelle, aucun État ne peut pousser la technologie à un tel niveau que cela ait pour conséquence de marginaliser les personnes n’ayant pas accès à Internet.

Cependant, le système monétaire actuel pourrait évoluer vers un modèle hybride. Concrètement, des comptes en banque disposeraient à la fois d’une monnaie classique et d’un solde en monnaie digitale. Certaines transactions majeures ne pourraient être réalisées qu’avec la monnaie digitale, charge donc aux banques de faire la conversion de l’euro classique vers la Blockchain sans même que l’utilisateur final s’en aperçoive. Une future administration ou un service auprès des banques serait ainsi en mesure de valider la chaîne de transfert en fournissant un rapport Blockchain attestant de la traçabilité de l’argent. Ce système aurait l’avantage d’être non seulement sécurisé, mais permettrait également de réduire les coûts de stockage, la Blockchain n’ayant pas besoin de banque de dépôt et de manutention des billets ou pièces. Ces dernières années, la cryptomonnaie, et plus largement la Blockchain, ont fait couler beaucoup d’encre, mettant en avant de nombreux scandales et blanchiments d’argent. Cette technologie apparue il y a plus de dix ans a fait l’objet de vives critiques et de nombreux détracteurs ont tenté de la faire échouer. Pourtant, elle a prouvé son efficacité au gré du temps et se démocratise de plus en plus. À tel point que de nombreux États étudient de façon approfondie le potentiel d’un système monétaire qui reposerait sur une Blockchain nationale. La BCE a récemment ouvert un groupe de réflexion sur la possibilité de créer un euro digital basé sur une Blockchain. ……i représente une véritable innovation dans la manière d’échanger et de transférer de façon traçable de la valeur. C’est finalement la blockchain - longtemps décriée et accusée d’évasion fiscale ou de blanchiment – qui parviendra à mettre fin à ces détournements d’argent. »

(*) Archery Blockchain est un fonds d’investissement luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les crypto-monnaies.

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