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Température mondiale : record historique d’après l’ONU

Température mondiale : record historique d’après l’ONU

Il est probable que 2023 sera l’année la plus chaude (…) que l’humanité ait connue », a souligné à l’AFP Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.

L’été a connu les températures mondiales moyennes les plus élevées jamais mesurées, annonce Copernicus, ce mercredi 6 septembre. « La saison juin-juillet-août 2023 », qui correspond à l’été dans l’hémisphère Nord, où vit la grande majorité de la population mondiale, « a été de loin la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, avec une température moyenne mondiale de 16,77°C ».

La base de données de Copernicus remonte jusqu’en 1940. Elle peut toutefois être comparée aux climats des millénaires passés, établis grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces et synthétisés dans le dernier rapport du groupe d’experts climat de l’ONU (Giec).

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Face au changement climatique, « il faut développer la culture du risque » (Jean-Philippe Dogneton, Macif)

Sur cette base, « les trois mois que nous venons de vivre sont les plus chauds depuis environ 120.000 ans, c’est-à-dire depuis le début de l’histoire de l’humanité », affirme la cheffe adjointe du service changement climatique. Malgré trois années successives de La Niña, phénomène inverse d’El Niño qui a en partie masqué le réchauffement, les années 2015-2022 ont déjà été les plus chaudes jamais mesurées.

La surchauffe des mers du globe, qui continuent d’absorber 90% de la chaleur en excès provoquée par l’activité humaine depuis l’ère industrielle, joue un rôle majeur dans le phénomène. Depuis avril, leur température moyenne de surface évolue à des niveaux de chaleur inédits.

« L’effondrement climatique a commencé », a déploré le secrétaire général de l’ONU António Guterres, dans un communiqué paru ce mercredi.

« Notre climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des phénomènes météorologiques extrêmes qui frappent tous les coins de la planète », a-t-il appuyé, rappelant comment « les scientifiques ont depuis longtemps mis en garde contre les conséquences de notre dépendance aux combustibles fossiles ».

Conjoncture économique mondiale: incertitudes pour 2024 ?

Conjoncture économique mondiale: incertitudes pour 2024 ?

Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son décryptage annuel des grandes tendances à venir dans son ouvrage collectif « L’économie mondiale 2024 » publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), à paraître le 7 septembre. Tour d’horizon des grandes questions de l’année à venir avec Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, coordinatrices de l’ouvrage.

dans The Conversation France

Dans un contexte des plus difficiles, à la fois de crise énergétique et de guerre sur le sol européen, d’inflation généralisée, de resserrement des politiques monétaires, de turbulences financières, l’économie mondiale n’aura pas si mal résisté. La croissance a certes été divisée par presque deux, de 6,1 % en 2021 à 3,4 % en 2022, mais, dans ces conditions, l’atterrissage aurait pu être bien plus brutal.

Sur le front de l’inflation, la hausse observée depuis fin 2021 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est repliée en octobre 2022, lorsque les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation se sont atténuées.

Toutefois les pressions inflationnistes restent fortes, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Pour faire face à la persistance de l’inflation, les banques centrales ont très fortement resserré leur politique monétaire en 2022 et en 2023. Ces resserrements n’allaient pas de soi, notamment en zone euro, où l’inflation ne résultait pas d’une surchauffe de l’économie. Leurs conséquences ont commencé à se manifester avec notamment des tensions dans le secteur bancaire, se traduisant par des faillites de plusieurs banques régionales aux États-Unis et du Credit Suisse sur le continent européen.

Avec les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce sont aussi les dettes publiques des pays en développement qui ont été affectées. Le niveau record de défauts souverains dans ces pays en atteste : 9 entre début 2020 et début 2023, contre 13 entre 2000 et 2019.

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

Des reconfigurations annonciatrices d’un changement plus ou moins profond sont-elles à l’œuvre ?

Il nous semble que oui. C’est même le fil directeur de cette édition 2024 de l’ouvrage annuel du CEPII : l’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation, pour laquelle un changement de paradigme s’observe. Et en la matière, Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine montrent dans leur contribution que ce sont les États-Unis qui ont donné le ton.

Certes les différents épisodes qui se sont succédé – l’après-crise financière, la crise sanitaire, les ruptures d’approvisionnement post-crise sanitaire et la guerre en Ukraine – ont tous conduit à faire de la sécurité une nouvelle priorité. Mais c’est bien la décision des États-Unis de changer de logiciel, pour faire de la réindustrialisation et de la lutte contre le changement climatique leurs priorités, et pour cela d’avoir recours à des subventions massives et des mesures protectionnistes, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act notamment, qui ont mis un terme à la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis quatre décennies.

C’est aussi en proposant un nouveau consensus de Washington en avril 2023, dont la politique industrielle est le pilier, où le retour des États dans la gestion économique est consacré, et où la promotion du libre-échange n’est plus en vogue, mais remplacée par la recherche d’alliances avec ceux qui partagent les mêmes valeurs, le friendshoring, que les Américains ont rompu avec l’ancien consensus qui reposait sur le retrait des États et la recherche d’une libéralisation toujours plus poussée des forces du marché.


S’il est un domaine où les questions de sécurité et de recompositions ont dû s’observer cette année c’est bien celui de l’énergie ?

Tout à fait. Et c’est un domaine où les recompositions ont dû se faire dans l’urgence, en faisant appel aux alliés ou « amis », comme on veut bien les appeler. Que ce soit les États-Unis pour le gaz liquéfié ou la Norvège et l’Algérie pour le gaz.

Pour Anna Creti et Patrice Geoffron, les conséquences de la guerre en Ukraine ont dépassé les frontières de l’Union européenne, en perturbant les routes mondiales d’acheminement des hydrocarbures, ainsi que le niveau et les mécanismes de prix (prix plafond, rabais forcés), avec pour conséquence un monde énergétique qui tend à se recomposer entre un « marché russe », regroupant les pays qui acceptent de commercer avec la Russie, et un « marché non russe », avec des passerelles comme l’Inde qui raffine du brut russe et le réachemine en partie en Europe.

Toutefois la vulnérabilité des approvisionnements européens, que la guerre en Ukraine a mis au jour, a surtout eu pour conséquence de faire s’envoler les prix du gaz et par contagion ceux de l’électricité, les craintes de rupture ayant pu être limitées par les recompositions. Si début 2023 les prix n’étaient plus aussi délirants qu’à la mi-2022, l’approche de l’hiver pourrait les faire à nouveau augmenter, ce qui réclame que la réforme du marché de l’électricité, pour le rendre moins dépendant des fluctuations des prix du gaz, soit rapidement opérationnelle.

Les politiques industrielles reviennent sur le devant de la scène, le nouveau consensus de Washington en fait son pilier, mais pourquoi un tel retournement ?

Dans leur présentation du nouveau consensus de Washington, les Américains ont été très clairs : tous les modèles de croissance ne se valent pas et celui qui a conduit à atrophier la capacité industrielle dans des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs, a fait, de leur point de vue, trop de dégâts pour être poursuivi : dégâts en matière d’indépendance, dégâts sociaux, dégâts politiques.

C’est un nouveau paradigme, où, selon Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, la primeur donnée aux baisses de prix, que la libéralisation commerciale a permis, pour favoriser le pouvoir d’achat du consommateur au prix d’une concurrence accrue pour la production manufacturière nationale, n’est plus de mise.

La politique industrielle est aussi une condition nécessaire pour réussir la transition écologique. C’est une nouvelle révolution industrielle qui s’engage, dont l’enjeu pour les grandes puissances est de ne pas la rater. Et pour cela, l’histoire nous l’enseigne, l’État doit intervenir : protection des industries naissantes et révolutions industrielles sont allées de pair.

Si les raisons pour légitimer les politiques industrielles sont nombreuses, il n’en reste pas moins qu’elles posent de sacrés défis en économie ouverte. Car réindustrialiser est particulièrement difficile dans les pays où la consommation intérieure reste le moteur de la croissance économique et où la désindustrialisation est avancée.

Dans ce cadre, les politiques de relance pour soutenir la demande tendent à réduire la part du secteur manufacturier alors que ce qui est recherché par les politiques industrielles, c’est justement l’inverse. Se pose alors inévitablement la question des protections à mettre en place pour mener à bien la réindustrialisation.

Dans ce contexte, quelle place pour les politiques commerciales, dont l’objet était avant tout de favoriser la libéralisation ?

C’est effectivement le rôle qui leur a été dévolu au tournant des années 1970-1980 et que les années 1990-2000 ont semblé entériner. Les politiques commerciales recherchaient alors avant tout l’efficacité économique par l’exploitation des avantages comparatifs, la minimisation des coûts ou l’optimisation des chaînes de valeurs mondiales. Mais de nouveaux objectifs sont en train de supplanter ceux d’hier.

Pour Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité nationale ou encore la sécurisation des approvisionnements redessinent les contours des politiques commerciales. Ce faisant, ces politiques vont se trouver de plus en plus étroitement imbriquées avec les politiques industrielles nationales. À cela s’ajoutent l’augmentation des obstacles au commerce liés à la militarisation des politiques commerciales et la rivalité sino-américaine.

Tout cela laisse penser que les périodes de libéralisation du commerce international sont derrière nous. Le risque cependant dans ce monde qui se polarise est de voir les impératifs géoéconomiques de court terme l’emporter sur les défis environnementaux conditionnant le long terme de l’humanité. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il va alors falloir trouver comment restaurer un minimum de multilatéralisme. Une entreprise dont le succès est loin d’être assuré !

La mondialisation commerciale se recompose, les impératifs climatiques et la sécurité économique prennent le pas sur la libéralisation, mais qu’en est-il de la mondialisation financière ?

Là encore, des mutations s’opèrent. L’encensement de la liberté des flux de capitaux et de la flexibilité des taux de changes a fait long feu. Certes, la mondialisation financière n’a pas disparu, mais la tournure qu’elle a prise au fil des crises et de la montée des tensions géopolitiques est très éloignée de l’illusion libérale qui en a été le berceau.

Les banques centrales prennent de plus en plus de mesures qui influencent les flux de capitaux, avec des implications géopolitiques. Elles interviennent sur les marchés des changes, s’accordent des prêts entre elles, échappant ce faisant au multilatéralisme hérité de la fin des années 1940, qui reposait sur de grandes institutions financières internationales telles que le FMI.

La question se pose de ce qui va advenir du dollar dans ce nouveau système monétaire international. Pour Éric Monnet, un monde plus multipolaire se dessine où, sans du tout faire disparaître le dollar, des monnaies différentes, et notamment le renminbi, seront utilisées et thésaurisées en fonction des liens commerciaux et géopolitiques.

Ces reconfigurations qui émergent, avec un rôle plus résolu de la puissance publique, sauront-elles relever le défi de la transition écologique ?

À l’heure où la plupart des limites planétaires, ces seuils que l’humanité n’aurait pas dû dépasser pour ne pas compromettre la viabilité de l’espèce, ont déjà été franchies, pour Michel Aglietta et Étienne Espagne, la planification écologique constitue le seul rempart face au capitalocène, cette ère dans laquelle non seulement l’activité humaine mais aussi le système d’accumulation dans lequel elle se déploie ont conduit à un tel désastre. Et qui dit planification, dit retour des États.

Donc oui ces reconfigurations, bien que très partielles encore, vont dans le bon sens, que ce soit le Green New Deal américain avec la loi IRA – Inflation Reduction Act, le_ Green Deal européen et son Net Zero Industry Act ou la promotion d’une Civilisation écologique en Chine.

Deux écueils toutefois à ces avancées : primo, le cadre de conflictualité géopolitique dans lequel elles s’organisent et les limites que cela produit pour bâtir une planification écologique à l’échelle mondiale, la seule valable pour répondre à la crise écologique ; secundo, la difficulté pour les pays du Sud de trouver leur place dans ce nouveau contexte, sachant que leurs leviers économiques sont bien en deçà de ceux que la Chine, les États-Unis et l’Union européenne peuvent mobiliser.

Dès lors, les stratégies que ces pays peuvent développer sont forcément subordonnées à celles de ces trois blocs, avec plusieurs menaces liées à la concurrence accrue pour les ressources minérales ou à la mise en place de nouvelles chaînes de valeur des technologies vertes. Aussi pour éviter que la planification écologique ne soit réservée à un club restreint, la coopération internationale, moteur fondamental et aujourd’hui manquant, doit être vigoureusement réactivée.

Une planification écologique se met en place, avec certes encore des limites, mais la plus importante d’entre elles n’est-elle pas l’insuffisance des investissements qui y sont consacrés ?

Les évaluations sont désormais nombreuses des besoins d’investissement pour la transformation écologique. Aussi diverses soient-elles, car fondées sur des périmètres sectoriels et des scénarios de transition contrastés, toutes font effectivement état d’un manque d’investissement. Cela pose inévitablement la question de savoir s’il n’y a pas là un problème de financement.

C’est à première vue assez paradoxal puisqu’il existe une masse énorme d’actifs financiers. De quoi se demander s’il ne suffirait pas de mieux les orienter : vers le financement de la transition. Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski, le financement de la transition ne se réduit pas à un problème de réorientation des flux.

D’abord, il ne faut pas surestimer la fluidité́ de cette réorientation : les investissements verts ne remplacent pas nécessairement les investissements bruns, et pour un temps au moins ne font que s’y ajouter, ce qui élève les besoins financiers. Le secteur agricole ou celui des transports fournissent des illustrations utiles.

Ensuite, si tout doit bien sûr être mis en œuvre pour permettre la réorientation des financements privés, il ne faut pas sous-estimer le besoin de fonds publics car, même bien réorientés, les fonds privés n’iront que vers des investissements suffisamment rentables, or ceux nécessaires à une transformation écologique juste ne le sont pas tous.

La part non rentable réclame des financements publics adaptés, protégés de la pression du marché, gratuits voire même sans exigence de retour financier. De nouvelles formes sont en ce sens envisageables sous la forme de dons de monnaie centrale, plus ou moins compatibles avec les cadres institutionnels actuels, selon qu’ils feraient intervenir directement la banque centrale ou des sociétés financières publiques. Nonobstant ces obstacles institutionnels que le débat démocratique pourrait lever, le chemin existe !

Economie mondiale: incertitudes pour 2024 ?

Economie mondiale: incertitudes pour 2024 ?

Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son décryptage annuel des grandes tendances à venir dans son ouvrage collectif « L’économie mondiale 2024 » publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), à paraître le 7 septembre. Tour d’horizon des grandes questions de l’année à venir avec Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, coordinatrices de l’ouvrage.

dans The Conversation France

Dans un contexte des plus difficiles, à la fois de crise énergétique et de guerre sur le sol européen, d’inflation généralisée, de resserrement des politiques monétaires, de turbulences financières, l’économie mondiale n’aura pas si mal résisté. La croissance a certes été divisée par presque deux, de 6,1 % en 2021 à 3,4 % en 2022, mais, dans ces conditions, l’atterrissage aurait pu être bien plus brutal.

Sur le front de l’inflation, la hausse observée depuis fin 2021 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est repliée en octobre 2022, lorsque les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation se sont atténuées.

Toutefois les pressions inflationnistes restent fortes, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Pour faire face à la persistance de l’inflation, les banques centrales ont très fortement resserré leur politique monétaire en 2022 et en 2023. Ces resserrements n’allaient pas de soi, notamment en zone euro, où l’inflation ne résultait pas d’une surchauffe de l’économie. Leurs conséquences ont commencé à se manifester avec notamment des tensions dans le secteur bancaire, se traduisant par des faillites de plusieurs banques régionales aux États-Unis et du Credit Suisse sur le continent européen.

Avec les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce sont aussi les dettes publiques des pays en développement qui ont été affectées. Le niveau record de défauts souverains dans ces pays en atteste : 9 entre début 2020 et début 2023, contre 13 entre 2000 et 2019.

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

Des reconfigurations annonciatrices d’un changement plus ou moins profond sont-elles à l’œuvre ?

Il nous semble que oui. C’est même le fil directeur de cette édition 2024 de l’ouvrage annuel du CEPII : l’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation, pour laquelle un changement de paradigme s’observe. Et en la matière, Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine montrent dans leur contribution que ce sont les États-Unis qui ont donné le ton.

Certes les différents épisodes qui se sont succédé – l’après-crise financière, la crise sanitaire, les ruptures d’approvisionnement post-crise sanitaire et la guerre en Ukraine – ont tous conduit à faire de la sécurité une nouvelle priorité. Mais c’est bien la décision des États-Unis de changer de logiciel, pour faire de la réindustrialisation et de la lutte contre le changement climatique leurs priorités, et pour cela d’avoir recours à des subventions massives et des mesures protectionnistes, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act notamment, qui ont mis un terme à la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis quatre décennies.

C’est aussi en proposant un nouveau consensus de Washington en avril 2023, dont la politique industrielle est le pilier, où le retour des États dans la gestion économique est consacré, et où la promotion du libre-échange n’est plus en vogue, mais remplacée par la recherche d’alliances avec ceux qui partagent les mêmes valeurs, le friendshoring, que les Américains ont rompu avec l’ancien consensus qui reposait sur le retrait des États et la recherche d’une libéralisation toujours plus poussée des forces du marché.


S’il est un domaine où les questions de sécurité et de recompositions ont dû s’observer cette année c’est bien celui de l’énergie ?

Tout à fait. Et c’est un domaine où les recompositions ont dû se faire dans l’urgence, en faisant appel aux alliés ou « amis », comme on veut bien les appeler. Que ce soit les États-Unis pour le gaz liquéfié ou la Norvège et l’Algérie pour le gaz.

Pour Anna Creti et Patrice Geoffron, les conséquences de la guerre en Ukraine ont dépassé les frontières de l’Union européenne, en perturbant les routes mondiales d’acheminement des hydrocarbures, ainsi que le niveau et les mécanismes de prix (prix plafond, rabais forcés), avec pour conséquence un monde énergétique qui tend à se recomposer entre un « marché russe », regroupant les pays qui acceptent de commercer avec la Russie, et un « marché non russe », avec des passerelles comme l’Inde qui raffine du brut russe et le réachemine en partie en Europe.

Toutefois la vulnérabilité des approvisionnements européens, que la guerre en Ukraine a mis au jour, a surtout eu pour conséquence de faire s’envoler les prix du gaz et par contagion ceux de l’électricité, les craintes de rupture ayant pu être limitées par les recompositions. Si début 2023 les prix n’étaient plus aussi délirants qu’à la mi-2022, l’approche de l’hiver pourrait les faire à nouveau augmenter, ce qui réclame que la réforme du marché de l’électricité, pour le rendre moins dépendant des fluctuations des prix du gaz, soit rapidement opérationnelle.

Les politiques industrielles reviennent sur le devant de la scène, le nouveau consensus de Washington en fait son pilier, mais pourquoi un tel retournement ?

Dans leur présentation du nouveau consensus de Washington, les Américains ont été très clairs : tous les modèles de croissance ne se valent pas et celui qui a conduit à atrophier la capacité industrielle dans des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs, a fait, de leur point de vue, trop de dégâts pour être poursuivi : dégâts en matière d’indépendance, dégâts sociaux, dégâts politiques.

C’est un nouveau paradigme, où, selon Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, la primeur donnée aux baisses de prix, que la libéralisation commerciale a permis, pour favoriser le pouvoir d’achat du consommateur au prix d’une concurrence accrue pour la production manufacturière nationale, n’est plus de mise.

La politique industrielle est aussi une condition nécessaire pour réussir la transition écologique. C’est une nouvelle révolution industrielle qui s’engage, dont l’enjeu pour les grandes puissances est de ne pas la rater. Et pour cela, l’histoire nous l’enseigne, l’État doit intervenir : protection des industries naissantes et révolutions industrielles sont allées de pair.

Si les raisons pour légitimer les politiques industrielles sont nombreuses, il n’en reste pas moins qu’elles posent de sacrés défis en économie ouverte. Car réindustrialiser est particulièrement difficile dans les pays où la consommation intérieure reste le moteur de la croissance économique et où la désindustrialisation est avancée.

Dans ce cadre, les politiques de relance pour soutenir la demande tendent à réduire la part du secteur manufacturier alors que ce qui est recherché par les politiques industrielles, c’est justement l’inverse. Se pose alors inévitablement la question des protections à mettre en place pour mener à bien la réindustrialisation.

Dans ce contexte, quelle place pour les politiques commerciales, dont l’objet était avant tout de favoriser la libéralisation ?

C’est effectivement le rôle qui leur a été dévolu au tournant des années 1970-1980 et que les années 1990-2000 ont semblé entériner. Les politiques commerciales recherchaient alors avant tout l’efficacité économique par l’exploitation des avantages comparatifs, la minimisation des coûts ou l’optimisation des chaînes de valeurs mondiales. Mais de nouveaux objectifs sont en train de supplanter ceux d’hier.

Pour Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité nationale ou encore la sécurisation des approvisionnements redessinent les contours des politiques commerciales. Ce faisant, ces politiques vont se trouver de plus en plus étroitement imbriquées avec les politiques industrielles nationales. À cela s’ajoutent l’augmentation des obstacles au commerce liés à la militarisation des politiques commerciales et la rivalité sino-américaine.

Tout cela laisse penser que les périodes de libéralisation du commerce international sont derrière nous. Le risque cependant dans ce monde qui se polarise est de voir les impératifs géoéconomiques de court terme l’emporter sur les défis environnementaux conditionnant le long terme de l’humanité. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il va alors falloir trouver comment restaurer un minimum de multilatéralisme. Une entreprise dont le succès est loin d’être assuré !

La mondialisation commerciale se recompose, les impératifs climatiques et la sécurité économique prennent le pas sur la libéralisation, mais qu’en est-il de la mondialisation financière ?

Là encore, des mutations s’opèrent. L’encensement de la liberté des flux de capitaux et de la flexibilité des taux de changes a fait long feu. Certes, la mondialisation financière n’a pas disparu, mais la tournure qu’elle a prise au fil des crises et de la montée des tensions géopolitiques est très éloignée de l’illusion libérale qui en a été le berceau.

Les banques centrales prennent de plus en plus de mesures qui influencent les flux de capitaux, avec des implications géopolitiques. Elles interviennent sur les marchés des changes, s’accordent des prêts entre elles, échappant ce faisant au multilatéralisme hérité de la fin des années 1940, qui reposait sur de grandes institutions financières internationales telles que le FMI.

La question se pose de ce qui va advenir du dollar dans ce nouveau système monétaire international. Pour Éric Monnet, un monde plus multipolaire se dessine où, sans du tout faire disparaître le dollar, des monnaies différentes, et notamment le renminbi, seront utilisées et thésaurisées en fonction des liens commerciaux et géopolitiques.

Ces reconfigurations qui émergent, avec un rôle plus résolu de la puissance publique, sauront-elles relever le défi de la transition écologique ?

À l’heure où la plupart des limites planétaires, ces seuils que l’humanité n’aurait pas dû dépasser pour ne pas compromettre la viabilité de l’espèce, ont déjà été franchies, pour Michel Aglietta et Étienne Espagne, la planification écologique constitue le seul rempart face au capitalocène, cette ère dans laquelle non seulement l’activité humaine mais aussi le système d’accumulation dans lequel elle se déploie ont conduit à un tel désastre. Et qui dit planification, dit retour des États.

Donc oui ces reconfigurations, bien que très partielles encore, vont dans le bon sens, que ce soit le Green New Deal américain avec la loi IRA – Inflation Reduction Act, le_ Green Deal européen et son Net Zero Industry Act ou la promotion d’une Civilisation écologique en Chine.

Deux écueils toutefois à ces avancées : primo, le cadre de conflictualité géopolitique dans lequel elles s’organisent et les limites que cela produit pour bâtir une planification écologique à l’échelle mondiale, la seule valable pour répondre à la crise écologique ; secundo, la difficulté pour les pays du Sud de trouver leur place dans ce nouveau contexte, sachant que leurs leviers économiques sont bien en deçà de ceux que la Chine, les États-Unis et l’Union européenne peuvent mobiliser.

Dès lors, les stratégies que ces pays peuvent développer sont forcément subordonnées à celles de ces trois blocs, avec plusieurs menaces liées à la concurrence accrue pour les ressources minérales ou à la mise en place de nouvelles chaînes de valeur des technologies vertes. Aussi pour éviter que la planification écologique ne soit réservée à un club restreint, la coopération internationale, moteur fondamental et aujourd’hui manquant, doit être vigoureusement réactivée.

Une planification écologique se met en place, avec certes encore des limites, mais la plus importante d’entre elles n’est-elle pas l’insuffisance des investissements qui y sont consacrés ?

Les évaluations sont désormais nombreuses des besoins d’investissement pour la transformation écologique. Aussi diverses soient-elles, car fondées sur des périmètres sectoriels et des scénarios de transition contrastés, toutes font effectivement état d’un manque d’investissement. Cela pose inévitablement la question de savoir s’il n’y a pas là un problème de financement.

C’est à première vue assez paradoxal puisqu’il existe une masse énorme d’actifs financiers. De quoi se demander s’il ne suffirait pas de mieux les orienter : vers le financement de la transition. Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski, le financement de la transition ne se réduit pas à un problème de réorientation des flux.

D’abord, il ne faut pas surestimer la fluidité́ de cette réorientation : les investissements verts ne remplacent pas nécessairement les investissements bruns, et pour un temps au moins ne font que s’y ajouter, ce qui élève les besoins financiers. Le secteur agricole ou celui des transports fournissent des illustrations utiles.

Ensuite, si tout doit bien sûr être mis en œuvre pour permettre la réorientation des financements privés, il ne faut pas sous-estimer le besoin de fonds publics car, même bien réorientés, les fonds privés n’iront que vers des investissements suffisamment rentables, or ceux nécessaires à une transformation écologique juste ne le sont pas tous.

La part non rentable réclame des financements publics adaptés, protégés de la pression du marché, gratuits voire même sans exigence de retour financier. De nouvelles formes sont en ce sens envisageables sous la forme de dons de monnaie centrale, plus ou moins compatibles avec les cadres institutionnels actuels, selon qu’ils feraient intervenir directement la banque centrale ou des sociétés financières publiques. Nonobstant ces obstacles institutionnels que le débat démocratique pourrait lever, le chemin existe !

Economie mondiale: des incertitudes en 2024 ?

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Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son décryptage annuel des grandes tendances à venir dans son ouvrage collectif « L’économie mondiale 2024 » publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), à paraître le 7 septembre. Tour d’horizon des grandes questions de l’année à venir avec Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, coordinatrices de l’ouvrage.

dans The Conversation France

Dans un contexte des plus difficiles, à la fois de crise énergétique et de guerre sur le sol européen, d’inflation généralisée, de resserrement des politiques monétaires, de turbulences financières, l’économie mondiale n’aura pas si mal résisté. La croissance a certes été divisée par presque deux, de 6,1 % en 2021 à 3,4 % en 2022, mais, dans ces conditions, l’atterrissage aurait pu être bien plus brutal.

Sur le front de l’inflation, la hausse observée depuis fin 2021 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est repliée en octobre 2022, lorsque les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation se sont atténuées.

Toutefois les pressions inflationnistes restent fortes, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Pour faire face à la persistance de l’inflation, les banques centrales ont très fortement resserré leur politique monétaire en 2022 et en 2023. Ces resserrements n’allaient pas de soi, notamment en zone euro, où l’inflation ne résultait pas d’une surchauffe de l’économie. Leurs conséquences ont commencé à se manifester avec notamment des tensions dans le secteur bancaire, se traduisant par des faillites de plusieurs banques régionales aux États-Unis et du Credit Suisse sur le continent européen.

Avec les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce sont aussi les dettes publiques des pays en développement qui ont été affectées. Le niveau record de défauts souverains dans ces pays en atteste : 9 entre début 2020 et début 2023, contre 13 entre 2000 et 2019.

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

Des reconfigurations annonciatrices d’un changement plus ou moins profond sont-elles à l’œuvre ?

Il nous semble que oui. C’est même le fil directeur de cette édition 2024 de l’ouvrage annuel du CEPII : l’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation, pour laquelle un changement de paradigme s’observe. Et en la matière, Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine montrent dans leur contribution que ce sont les États-Unis qui ont donné le ton.

Certes les différents épisodes qui se sont succédé – l’après-crise financière, la crise sanitaire, les ruptures d’approvisionnement post-crise sanitaire et la guerre en Ukraine – ont tous conduit à faire de la sécurité une nouvelle priorité. Mais c’est bien la décision des États-Unis de changer de logiciel, pour faire de la réindustrialisation et de la lutte contre le changement climatique leurs priorités, et pour cela d’avoir recours à des subventions massives et des mesures protectionnistes, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act notamment, qui ont mis un terme à la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis quatre décennies.

C’est aussi en proposant un nouveau consensus de Washington en avril 2023, dont la politique industrielle est le pilier, où le retour des États dans la gestion économique est consacré, et où la promotion du libre-échange n’est plus en vogue, mais remplacée par la recherche d’alliances avec ceux qui partagent les mêmes valeurs, le friendshoring, que les Américains ont rompu avec l’ancien consensus qui reposait sur le retrait des États et la recherche d’une libéralisation toujours plus poussée des forces du marché.


S’il est un domaine où les questions de sécurité et de recompositions ont dû s’observer cette année c’est bien celui de l’énergie ?

Tout à fait. Et c’est un domaine où les recompositions ont dû se faire dans l’urgence, en faisant appel aux alliés ou « amis », comme on veut bien les appeler. Que ce soit les États-Unis pour le gaz liquéfié ou la Norvège et l’Algérie pour le gaz.

Pour Anna Creti et Patrice Geoffron, les conséquences de la guerre en Ukraine ont dépassé les frontières de l’Union européenne, en perturbant les routes mondiales d’acheminement des hydrocarbures, ainsi que le niveau et les mécanismes de prix (prix plafond, rabais forcés), avec pour conséquence un monde énergétique qui tend à se recomposer entre un « marché russe », regroupant les pays qui acceptent de commercer avec la Russie, et un « marché non russe », avec des passerelles comme l’Inde qui raffine du brut russe et le réachemine en partie en Europe.

Toutefois la vulnérabilité des approvisionnements européens, que la guerre en Ukraine a mis au jour, a surtout eu pour conséquence de faire s’envoler les prix du gaz et par contagion ceux de l’électricité, les craintes de rupture ayant pu être limitées par les recompositions. Si début 2023 les prix n’étaient plus aussi délirants qu’à la mi-2022, l’approche de l’hiver pourrait les faire à nouveau augmenter, ce qui réclame que la réforme du marché de l’électricité, pour le rendre moins dépendant des fluctuations des prix du gaz, soit rapidement opérationnelle.

Les politiques industrielles reviennent sur le devant de la scène, le nouveau consensus de Washington en fait son pilier, mais pourquoi un tel retournement ?

Dans leur présentation du nouveau consensus de Washington, les Américains ont été très clairs : tous les modèles de croissance ne se valent pas et celui qui a conduit à atrophier la capacité industrielle dans des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs, a fait, de leur point de vue, trop de dégâts pour être poursuivi : dégâts en matière d’indépendance, dégâts sociaux, dégâts politiques.

C’est un nouveau paradigme, où, selon Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, la primeur donnée aux baisses de prix, que la libéralisation commerciale a permis, pour favoriser le pouvoir d’achat du consommateur au prix d’une concurrence accrue pour la production manufacturière nationale, n’est plus de mise.

La politique industrielle est aussi une condition nécessaire pour réussir la transition écologique. C’est une nouvelle révolution industrielle qui s’engage, dont l’enjeu pour les grandes puissances est de ne pas la rater. Et pour cela, l’histoire nous l’enseigne, l’État doit intervenir : protection des industries naissantes et révolutions industrielles sont allées de pair.

Si les raisons pour légitimer les politiques industrielles sont nombreuses, il n’en reste pas moins qu’elles posent de sacrés défis en économie ouverte. Car réindustrialiser est particulièrement difficile dans les pays où la consommation intérieure reste le moteur de la croissance économique et où la désindustrialisation est avancée.

Dans ce cadre, les politiques de relance pour soutenir la demande tendent à réduire la part du secteur manufacturier alors que ce qui est recherché par les politiques industrielles, c’est justement l’inverse. Se pose alors inévitablement la question des protections à mettre en place pour mener à bien la réindustrialisation.

Dans ce contexte, quelle place pour les politiques commerciales, dont l’objet était avant tout de favoriser la libéralisation ?

C’est effectivement le rôle qui leur a été dévolu au tournant des années 1970-1980 et que les années 1990-2000 ont semblé entériner. Les politiques commerciales recherchaient alors avant tout l’efficacité économique par l’exploitation des avantages comparatifs, la minimisation des coûts ou l’optimisation des chaînes de valeurs mondiales. Mais de nouveaux objectifs sont en train de supplanter ceux d’hier.

Pour Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité nationale ou encore la sécurisation des approvisionnements redessinent les contours des politiques commerciales. Ce faisant, ces politiques vont se trouver de plus en plus étroitement imbriquées avec les politiques industrielles nationales. À cela s’ajoutent l’augmentation des obstacles au commerce liés à la militarisation des politiques commerciales et la rivalité sino-américaine.

Tout cela laisse penser que les périodes de libéralisation du commerce international sont derrière nous. Le risque cependant dans ce monde qui se polarise est de voir les impératifs géoéconomiques de court terme l’emporter sur les défis environnementaux conditionnant le long terme de l’humanité. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il va alors falloir trouver comment restaurer un minimum de multilatéralisme. Une entreprise dont le succès est loin d’être assuré !

La mondialisation commerciale se recompose, les impératifs climatiques et la sécurité économique prennent le pas sur la libéralisation, mais qu’en est-il de la mondialisation financière ?

Là encore, des mutations s’opèrent. L’encensement de la liberté des flux de capitaux et de la flexibilité des taux de changes a fait long feu. Certes, la mondialisation financière n’a pas disparu, mais la tournure qu’elle a prise au fil des crises et de la montée des tensions géopolitiques est très éloignée de l’illusion libérale qui en a été le berceau.

Les banques centrales prennent de plus en plus de mesures qui influencent les flux de capitaux, avec des implications géopolitiques. Elles interviennent sur les marchés des changes, s’accordent des prêts entre elles, échappant ce faisant au multilatéralisme hérité de la fin des années 1940, qui reposait sur de grandes institutions financières internationales telles que le FMI.

La question se pose de ce qui va advenir du dollar dans ce nouveau système monétaire international. Pour Éric Monnet, un monde plus multipolaire se dessine où, sans du tout faire disparaître le dollar, des monnaies différentes, et notamment le renminbi, seront utilisées et thésaurisées en fonction des liens commerciaux et géopolitiques.

Ces reconfigurations qui émergent, avec un rôle plus résolu de la puissance publique, sauront-elles relever le défi de la transition écologique ?

À l’heure où la plupart des limites planétaires, ces seuils que l’humanité n’aurait pas dû dépasser pour ne pas compromettre la viabilité de l’espèce, ont déjà été franchies, pour Michel Aglietta et Étienne Espagne, la planification écologique constitue le seul rempart face au capitalocène, cette ère dans laquelle non seulement l’activité humaine mais aussi le système d’accumulation dans lequel elle se déploie ont conduit à un tel désastre. Et qui dit planification, dit retour des États.

Donc oui ces reconfigurations, bien que très partielles encore, vont dans le bon sens, que ce soit le Green New Deal américain avec la loi IRA – Inflation Reduction Act, le_ Green Deal européen et son Net Zero Industry Act ou la promotion d’une Civilisation écologique en Chine.

Deux écueils toutefois à ces avancées : primo, le cadre de conflictualité géopolitique dans lequel elles s’organisent et les limites que cela produit pour bâtir une planification écologique à l’échelle mondiale, la seule valable pour répondre à la crise écologique ; secundo, la difficulté pour les pays du Sud de trouver leur place dans ce nouveau contexte, sachant que leurs leviers économiques sont bien en deçà de ceux que la Chine, les États-Unis et l’Union européenne peuvent mobiliser.

Dès lors, les stratégies que ces pays peuvent développer sont forcément subordonnées à celles de ces trois blocs, avec plusieurs menaces liées à la concurrence accrue pour les ressources minérales ou à la mise en place de nouvelles chaînes de valeur des technologies vertes. Aussi pour éviter que la planification écologique ne soit réservée à un club restreint, la coopération internationale, moteur fondamental et aujourd’hui manquant, doit être vigoureusement réactivée.

Une planification écologique se met en place, avec certes encore des limites, mais la plus importante d’entre elles n’est-elle pas l’insuffisance des investissements qui y sont consacrés ?

Les évaluations sont désormais nombreuses des besoins d’investissement pour la transformation écologique. Aussi diverses soient-elles, car fondées sur des périmètres sectoriels et des scénarios de transition contrastés, toutes font effectivement état d’un manque d’investissement. Cela pose inévitablement la question de savoir s’il n’y a pas là un problème de financement.

C’est à première vue assez paradoxal puisqu’il existe une masse énorme d’actifs financiers. De quoi se demander s’il ne suffirait pas de mieux les orienter : vers le financement de la transition. Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski, le financement de la transition ne se réduit pas à un problème de réorientation des flux.

D’abord, il ne faut pas surestimer la fluidité́ de cette réorientation : les investissements verts ne remplacent pas nécessairement les investissements bruns, et pour un temps au moins ne font que s’y ajouter, ce qui élève les besoins financiers. Le secteur agricole ou celui des transports fournissent des illustrations utiles.

Ensuite, si tout doit bien sûr être mis en œuvre pour permettre la réorientation des financements privés, il ne faut pas sous-estimer le besoin de fonds publics car, même bien réorientés, les fonds privés n’iront que vers des investissements suffisamment rentables, or ceux nécessaires à une transformation écologique juste ne le sont pas tous.

La part non rentable réclame des financements publics adaptés, protégés de la pression du marché, gratuits voire même sans exigence de retour financier. De nouvelles formes sont en ce sens envisageables sous la forme de dons de monnaie centrale, plus ou moins compatibles avec les cadres institutionnels actuels, selon qu’ils feraient intervenir directement la banque centrale ou des sociétés financières publiques. Nonobstant ces obstacles institutionnels que le débat démocratique pourrait lever, le chemin existe !

Economie mondiale: perspectives contrastées pour 2024 ?

Economie mondiale: perspectives contrastées pour 2024 ?

Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son décryptage annuel des grandes tendances à venir dans son ouvrage collectif « L’économie mondiale 2024 » publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), à paraître le 7 septembre. Tour d’horizon des grandes questions de l’année à venir avec Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, coordinatrices de l’ouvrage.

dans The Conversation France

Dans un contexte des plus difficiles, à la fois de crise énergétique et de guerre sur le sol européen, d’inflation généralisée, de resserrement des politiques monétaires, de turbulences financières, l’économie mondiale n’aura pas si mal résisté. La croissance a certes été divisée par presque deux, de 6,1 % en 2021 à 3,4 % en 2022, mais, dans ces conditions, l’atterrissage aurait pu être bien plus brutal.

Sur le front de l’inflation, la hausse observée depuis fin 2021 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est repliée en octobre 2022, lorsque les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation se sont atténuées.

Toutefois les pressions inflationnistes restent fortes, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Pour faire face à la persistance de l’inflation, les banques centrales ont très fortement resserré leur politique monétaire en 2022 et en 2023. Ces resserrements n’allaient pas de soi, notamment en zone euro, où l’inflation ne résultait pas d’une surchauffe de l’économie. Leurs conséquences ont commencé à se manifester avec notamment des tensions dans le secteur bancaire, se traduisant par des faillites de plusieurs banques régionales aux États-Unis et du Credit Suisse sur le continent européen.

Avec les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce sont aussi les dettes publiques des pays en développement qui ont été affectées. Le niveau record de défauts souverains dans ces pays en atteste : 9 entre début 2020 et début 2023, contre 13 entre 2000 et 2019.

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

Des reconfigurations annonciatrices d’un changement plus ou moins profond sont-elles à l’œuvre ?

Il nous semble que oui. C’est même le fil directeur de cette édition 2024 de l’ouvrage annuel du CEPII : l’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation, pour laquelle un changement de paradigme s’observe. Et en la matière, Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine montrent dans leur contribution que ce sont les États-Unis qui ont donné le ton.

Certes les différents épisodes qui se sont succédé – l’après-crise financière, la crise sanitaire, les ruptures d’approvisionnement post-crise sanitaire et la guerre en Ukraine – ont tous conduit à faire de la sécurité une nouvelle priorité. Mais c’est bien la décision des États-Unis de changer de logiciel, pour faire de la réindustrialisation et de la lutte contre le changement climatique leurs priorités, et pour cela d’avoir recours à des subventions massives et des mesures protectionnistes, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act notamment, qui ont mis un terme à la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis quatre décennies.

C’est aussi en proposant un nouveau consensus de Washington en avril 2023, dont la politique industrielle est le pilier, où le retour des États dans la gestion économique est consacré, et où la promotion du libre-échange n’est plus en vogue, mais remplacée par la recherche d’alliances avec ceux qui partagent les mêmes valeurs, le friendshoring, que les Américains ont rompu avec l’ancien consensus qui reposait sur le retrait des États et la recherche d’une libéralisation toujours plus poussée des forces du marché.


S’il est un domaine où les questions de sécurité et de recompositions ont dû s’observer cette année c’est bien celui de l’énergie ?

Tout à fait. Et c’est un domaine où les recompositions ont dû se faire dans l’urgence, en faisant appel aux alliés ou « amis », comme on veut bien les appeler. Que ce soit les États-Unis pour le gaz liquéfié ou la Norvège et l’Algérie pour le gaz.

Pour Anna Creti et Patrice Geoffron, les conséquences de la guerre en Ukraine ont dépassé les frontières de l’Union européenne, en perturbant les routes mondiales d’acheminement des hydrocarbures, ainsi que le niveau et les mécanismes de prix (prix plafond, rabais forcés), avec pour conséquence un monde énergétique qui tend à se recomposer entre un « marché russe », regroupant les pays qui acceptent de commercer avec la Russie, et un « marché non russe », avec des passerelles comme l’Inde qui raffine du brut russe et le réachemine en partie en Europe.

Toutefois la vulnérabilité des approvisionnements européens, que la guerre en Ukraine a mis au jour, a surtout eu pour conséquence de faire s’envoler les prix du gaz et par contagion ceux de l’électricité, les craintes de rupture ayant pu être limitées par les recompositions. Si début 2023 les prix n’étaient plus aussi délirants qu’à la mi-2022, l’approche de l’hiver pourrait les faire à nouveau augmenter, ce qui réclame que la réforme du marché de l’électricité, pour le rendre moins dépendant des fluctuations des prix du gaz, soit rapidement opérationnelle.

Les politiques industrielles reviennent sur le devant de la scène, le nouveau consensus de Washington en fait son pilier, mais pourquoi un tel retournement ?

Dans leur présentation du nouveau consensus de Washington, les Américains ont été très clairs : tous les modèles de croissance ne se valent pas et celui qui a conduit à atrophier la capacité industrielle dans des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs, a fait, de leur point de vue, trop de dégâts pour être poursuivi : dégâts en matière d’indépendance, dégâts sociaux, dégâts politiques.

C’est un nouveau paradigme, où, selon Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, la primeur donnée aux baisses de prix, que la libéralisation commerciale a permis, pour favoriser le pouvoir d’achat du consommateur au prix d’une concurrence accrue pour la production manufacturière nationale, n’est plus de mise.

La politique industrielle est aussi une condition nécessaire pour réussir la transition écologique. C’est une nouvelle révolution industrielle qui s’engage, dont l’enjeu pour les grandes puissances est de ne pas la rater. Et pour cela, l’histoire nous l’enseigne, l’État doit intervenir : protection des industries naissantes et révolutions industrielles sont allées de pair.

Si les raisons pour légitimer les politiques industrielles sont nombreuses, il n’en reste pas moins qu’elles posent de sacrés défis en économie ouverte. Car réindustrialiser est particulièrement difficile dans les pays où la consommation intérieure reste le moteur de la croissance économique et où la désindustrialisation est avancée.

Dans ce cadre, les politiques de relance pour soutenir la demande tendent à réduire la part du secteur manufacturier alors que ce qui est recherché par les politiques industrielles, c’est justement l’inverse. Se pose alors inévitablement la question des protections à mettre en place pour mener à bien la réindustrialisation.

Dans ce contexte, quelle place pour les politiques commerciales, dont l’objet était avant tout de favoriser la libéralisation ?

C’est effectivement le rôle qui leur a été dévolu au tournant des années 1970-1980 et que les années 1990-2000 ont semblé entériner. Les politiques commerciales recherchaient alors avant tout l’efficacité économique par l’exploitation des avantages comparatifs, la minimisation des coûts ou l’optimisation des chaînes de valeurs mondiales. Mais de nouveaux objectifs sont en train de supplanter ceux d’hier.

Pour Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité nationale ou encore la sécurisation des approvisionnements redessinent les contours des politiques commerciales. Ce faisant, ces politiques vont se trouver de plus en plus étroitement imbriquées avec les politiques industrielles nationales. À cela s’ajoutent l’augmentation des obstacles au commerce liés à la militarisation des politiques commerciales et la rivalité sino-américaine.

Tout cela laisse penser que les périodes de libéralisation du commerce international sont derrière nous. Le risque cependant dans ce monde qui se polarise est de voir les impératifs géoéconomiques de court terme l’emporter sur les défis environnementaux conditionnant le long terme de l’humanité. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il va alors falloir trouver comment restaurer un minimum de multilatéralisme. Une entreprise dont le succès est loin d’être assuré !

La mondialisation commerciale se recompose, les impératifs climatiques et la sécurité économique prennent le pas sur la libéralisation, mais qu’en est-il de la mondialisation financière ?

Là encore, des mutations s’opèrent. L’encensement de la liberté des flux de capitaux et de la flexibilité des taux de changes a fait long feu. Certes, la mondialisation financière n’a pas disparu, mais la tournure qu’elle a prise au fil des crises et de la montée des tensions géopolitiques est très éloignée de l’illusion libérale qui en a été le berceau.

Les banques centrales prennent de plus en plus de mesures qui influencent les flux de capitaux, avec des implications géopolitiques. Elles interviennent sur les marchés des changes, s’accordent des prêts entre elles, échappant ce faisant au multilatéralisme hérité de la fin des années 1940, qui reposait sur de grandes institutions financières internationales telles que le FMI.

La question se pose de ce qui va advenir du dollar dans ce nouveau système monétaire international. Pour Éric Monnet, un monde plus multipolaire se dessine où, sans du tout faire disparaître le dollar, des monnaies différentes, et notamment le renminbi, seront utilisées et thésaurisées en fonction des liens commerciaux et géopolitiques.

Ces reconfigurations qui émergent, avec un rôle plus résolu de la puissance publique, sauront-elles relever le défi de la transition écologique ?

À l’heure où la plupart des limites planétaires, ces seuils que l’humanité n’aurait pas dû dépasser pour ne pas compromettre la viabilité de l’espèce, ont déjà été franchies, pour Michel Aglietta et Étienne Espagne, la planification écologique constitue le seul rempart face au capitalocène, cette ère dans laquelle non seulement l’activité humaine mais aussi le système d’accumulation dans lequel elle se déploie ont conduit à un tel désastre. Et qui dit planification, dit retour des États.

Donc oui ces reconfigurations, bien que très partielles encore, vont dans le bon sens, que ce soit le Green New Deal américain avec la loi IRA – Inflation Reduction Act, le_ Green Deal européen et son Net Zero Industry Act ou la promotion d’une Civilisation écologique en Chine.

Deux écueils toutefois à ces avancées : primo, le cadre de conflictualité géopolitique dans lequel elles s’organisent et les limites que cela produit pour bâtir une planification écologique à l’échelle mondiale, la seule valable pour répondre à la crise écologique ; secundo, la difficulté pour les pays du Sud de trouver leur place dans ce nouveau contexte, sachant que leurs leviers économiques sont bien en deçà de ceux que la Chine, les États-Unis et l’Union européenne peuvent mobiliser.

Dès lors, les stratégies que ces pays peuvent développer sont forcément subordonnées à celles de ces trois blocs, avec plusieurs menaces liées à la concurrence accrue pour les ressources minérales ou à la mise en place de nouvelles chaînes de valeur des technologies vertes. Aussi pour éviter que la planification écologique ne soit réservée à un club restreint, la coopération internationale, moteur fondamental et aujourd’hui manquant, doit être vigoureusement réactivée.

Une planification écologique se met en place, avec certes encore des limites, mais la plus importante d’entre elles n’est-elle pas l’insuffisance des investissements qui y sont consacrés ?

Les évaluations sont désormais nombreuses des besoins d’investissement pour la transformation écologique. Aussi diverses soient-elles, car fondées sur des périmètres sectoriels et des scénarios de transition contrastés, toutes font effectivement état d’un manque d’investissement. Cela pose inévitablement la question de savoir s’il n’y a pas là un problème de financement.

C’est à première vue assez paradoxal puisqu’il existe une masse énorme d’actifs financiers. De quoi se demander s’il ne suffirait pas de mieux les orienter : vers le financement de la transition. Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski, le financement de la transition ne se réduit pas à un problème de réorientation des flux.

D’abord, il ne faut pas surestimer la fluidité́ de cette réorientation : les investissements verts ne remplacent pas nécessairement les investissements bruns, et pour un temps au moins ne font que s’y ajouter, ce qui élève les besoins financiers. Le secteur agricole ou celui des transports fournissent des illustrations utiles.

Ensuite, si tout doit bien sûr être mis en œuvre pour permettre la réorientation des financements privés, il ne faut pas sous-estimer le besoin de fonds publics car, même bien réorientés, les fonds privés n’iront que vers des investissements suffisamment rentables, or ceux nécessaires à une transformation écologique juste ne le sont pas tous.

La part non rentable réclame des financements publics adaptés, protégés de la pression du marché, gratuits voire même sans exigence de retour financier. De nouvelles formes sont en ce sens envisageables sous la forme de dons de monnaie centrale, plus ou moins compatibles avec les cadres institutionnels actuels, selon qu’ils feraient intervenir directement la banque centrale ou des sociétés financières publiques. Nonobstant ces obstacles institutionnels que le débat démocratique pourrait lever, le chemin existe !

Economie mondiale: quelles perspectives pour 2024 ?

Economie mondiale: quelles perspectives pour 2024 ?

Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son décryptage annuel des grandes tendances à venir dans son ouvrage collectif « L’économie mondiale 2024 » publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), à paraître le 7 septembre. Tour d’horizon des grandes questions de l’année à venir avec Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, coordinatrices de l’ouvrage.

dans The Conversation France

Dans un contexte des plus difficiles, à la fois de crise énergétique et de guerre sur le sol européen, d’inflation généralisée, de resserrement des politiques monétaires, de turbulences financières, l’économie mondiale n’aura pas si mal résisté. La croissance a certes été divisée par presque deux, de 6,1 % en 2021 à 3,4 % en 2022, mais, dans ces conditions, l’atterrissage aurait pu être bien plus brutal.

Sur le front de l’inflation, la hausse observée depuis fin 2021 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est repliée en octobre 2022, lorsque les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation se sont atténuées.

Toutefois les pressions inflationnistes restent fortes, notamment en zone euro. Si, entre début 2022 et début 2023, l’inflation importée a largement contribué, pour 40 %, à celle des prix à la consommation en zone euro (plus précisément du déflateur de la consommation), la contribution de l’augmentation des profits a été plus forte encore, à hauteur de 45 %, d’après le Fonds monétaire international (FMI).

Pour faire face à la persistance de l’inflation, les banques centrales ont très fortement resserré leur politique monétaire en 2022 et en 2023. Ces resserrements n’allaient pas de soi, notamment en zone euro, où l’inflation ne résultait pas d’une surchauffe de l’économie. Leurs conséquences ont commencé à se manifester avec notamment des tensions dans le secteur bancaire, se traduisant par des faillites de plusieurs banques régionales aux États-Unis et du Credit Suisse sur le continent européen.

Avec les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce sont aussi les dettes publiques des pays en développement qui ont été affectées. Le niveau record de défauts souverains dans ces pays en atteste : 9 entre début 2020 et début 2023, contre 13 entre 2000 et 2019.

Le durcissement des politiques monétaires a également conduit à un retournement du cycle immobilier dans les pays de l’OCDE et en Chine. C’est un moteur de la croissance qui se grippe, avec des conséquences d’autant plus fortes que la dépendance de l’économie au secteur de la construction l’est aussi.

Mais au-delà, c’est tout un modèle de croissance, fondé sur la demande et nécessitant en permanence la hausse des prix de l’immobilier et de l’endettement privé, qui apparaît à bout de souffle. La priorité est désormais donnée à la réindustrialisation pour regagner en autonomie et inverser les conséquences sociales de la désindustrialisation. Il n’est pas simple cependant de rétablir le tissu productif dans un modèle de croissance qui a déformé la structure de production en faveur des services et au détriment du secteur manufacturier. Ce redéploiement de l’industrie ne sera possible qu’en changeant de modèle et que s’il s’inscrit dans un plan de décarbonation indispensable face à la menace existentielle que constitue le dérèglement climatique.

Des reconfigurations annonciatrices d’un changement plus ou moins profond sont-elles à l’œuvre ?

Il nous semble que oui. C’est même le fil directeur de cette édition 2024 de l’ouvrage annuel du CEPII : l’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation, pour laquelle un changement de paradigme s’observe. Et en la matière, Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine montrent dans leur contribution que ce sont les États-Unis qui ont donné le ton.

Certes les différents épisodes qui se sont succédé – l’après-crise financière, la crise sanitaire, les ruptures d’approvisionnement post-crise sanitaire et la guerre en Ukraine – ont tous conduit à faire de la sécurité une nouvelle priorité. Mais c’est bien la décision des États-Unis de changer de logiciel, pour faire de la réindustrialisation et de la lutte contre le changement climatique leurs priorités, et pour cela d’avoir recours à des subventions massives et des mesures protectionnistes, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act notamment, qui ont mis un terme à la mondialisation telle qu’on l’a connue depuis quatre décennies.

C’est aussi en proposant un nouveau consensus de Washington en avril 2023, dont la politique industrielle est le pilier, où le retour des États dans la gestion économique est consacré, et où la promotion du libre-échange n’est plus en vogue, mais remplacée par la recherche d’alliances avec ceux qui partagent les mêmes valeurs, le friendshoring, que les Américains ont rompu avec l’ancien consensus qui reposait sur le retrait des États et la recherche d’une libéralisation toujours plus poussée des forces du marché.


S’il est un domaine où les questions de sécurité et de recompositions ont dû s’observer cette année c’est bien celui de l’énergie ?

Tout à fait. Et c’est un domaine où les recompositions ont dû se faire dans l’urgence, en faisant appel aux alliés ou « amis », comme on veut bien les appeler. Que ce soit les États-Unis pour le gaz liquéfié ou la Norvège et l’Algérie pour le gaz.

Pour Anna Creti et Patrice Geoffron, les conséquences de la guerre en Ukraine ont dépassé les frontières de l’Union européenne, en perturbant les routes mondiales d’acheminement des hydrocarbures, ainsi que le niveau et les mécanismes de prix (prix plafond, rabais forcés), avec pour conséquence un monde énergétique qui tend à se recomposer entre un « marché russe », regroupant les pays qui acceptent de commercer avec la Russie, et un « marché non russe », avec des passerelles comme l’Inde qui raffine du brut russe et le réachemine en partie en Europe.

Toutefois la vulnérabilité des approvisionnements européens, que la guerre en Ukraine a mis au jour, a surtout eu pour conséquence de faire s’envoler les prix du gaz et par contagion ceux de l’électricité, les craintes de rupture ayant pu être limitées par les recompositions. Si début 2023 les prix n’étaient plus aussi délirants qu’à la mi-2022, l’approche de l’hiver pourrait les faire à nouveau augmenter, ce qui réclame que la réforme du marché de l’électricité, pour le rendre moins dépendant des fluctuations des prix du gaz, soit rapidement opérationnelle.

Les politiques industrielles reviennent sur le devant de la scène, le nouveau consensus de Washington en fait son pilier, mais pourquoi un tel retournement ?

Dans leur présentation du nouveau consensus de Washington, les Américains ont été très clairs : tous les modèles de croissance ne se valent pas et celui qui a conduit à atrophier la capacité industrielle dans des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs, a fait, de leur point de vue, trop de dégâts pour être poursuivi : dégâts en matière d’indépendance, dégâts sociaux, dégâts politiques.

C’est un nouveau paradigme, où, selon Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, la primeur donnée aux baisses de prix, que la libéralisation commerciale a permis, pour favoriser le pouvoir d’achat du consommateur au prix d’une concurrence accrue pour la production manufacturière nationale, n’est plus de mise.

La politique industrielle est aussi une condition nécessaire pour réussir la transition écologique. C’est une nouvelle révolution industrielle qui s’engage, dont l’enjeu pour les grandes puissances est de ne pas la rater. Et pour cela, l’histoire nous l’enseigne, l’État doit intervenir : protection des industries naissantes et révolutions industrielles sont allées de pair.

Si les raisons pour légitimer les politiques industrielles sont nombreuses, il n’en reste pas moins qu’elles posent de sacrés défis en économie ouverte. Car réindustrialiser est particulièrement difficile dans les pays où la consommation intérieure reste le moteur de la croissance économique et où la désindustrialisation est avancée.

Dans ce cadre, les politiques de relance pour soutenir la demande tendent à réduire la part du secteur manufacturier alors que ce qui est recherché par les politiques industrielles, c’est justement l’inverse. Se pose alors inévitablement la question des protections à mettre en place pour mener à bien la réindustrialisation.

Dans ce contexte, quelle place pour les politiques commerciales, dont l’objet était avant tout de favoriser la libéralisation ?

C’est effectivement le rôle qui leur a été dévolu au tournant des années 1970-1980 et que les années 1990-2000 ont semblé entériner. Les politiques commerciales recherchaient alors avant tout l’efficacité économique par l’exploitation des avantages comparatifs, la minimisation des coûts ou l’optimisation des chaînes de valeurs mondiales. Mais de nouveaux objectifs sont en train de supplanter ceux d’hier.

Pour Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité nationale ou encore la sécurisation des approvisionnements redessinent les contours des politiques commerciales. Ce faisant, ces politiques vont se trouver de plus en plus étroitement imbriquées avec les politiques industrielles nationales. À cela s’ajoutent l’augmentation des obstacles au commerce liés à la militarisation des politiques commerciales et la rivalité sino-américaine.

Tout cela laisse penser que les périodes de libéralisation du commerce international sont derrière nous. Le risque cependant dans ce monde qui se polarise est de voir les impératifs géoéconomiques de court terme l’emporter sur les défis environnementaux conditionnant le long terme de l’humanité. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il va alors falloir trouver comment restaurer un minimum de multilatéralisme. Une entreprise dont le succès est loin d’être assuré !

La mondialisation commerciale se recompose, les impératifs climatiques et la sécurité économique prennent le pas sur la libéralisation, mais qu’en est-il de la mondialisation financière ?

Là encore, des mutations s’opèrent. L’encensement de la liberté des flux de capitaux et de la flexibilité des taux de changes a fait long feu. Certes, la mondialisation financière n’a pas disparu, mais la tournure qu’elle a prise au fil des crises et de la montée des tensions géopolitiques est très éloignée de l’illusion libérale qui en a été le berceau.

Les banques centrales prennent de plus en plus de mesures qui influencent les flux de capitaux, avec des implications géopolitiques. Elles interviennent sur les marchés des changes, s’accordent des prêts entre elles, échappant ce faisant au multilatéralisme hérité de la fin des années 1940, qui reposait sur de grandes institutions financières internationales telles que le FMI.

La question se pose de ce qui va advenir du dollar dans ce nouveau système monétaire international. Pour Éric Monnet, un monde plus multipolaire se dessine où, sans du tout faire disparaître le dollar, des monnaies différentes, et notamment le renminbi, seront utilisées et thésaurisées en fonction des liens commerciaux et géopolitiques.

Ces reconfigurations qui émergent, avec un rôle plus résolu de la puissance publique, sauront-elles relever le défi de la transition écologique ?

À l’heure où la plupart des limites planétaires, ces seuils que l’humanité n’aurait pas dû dépasser pour ne pas compromettre la viabilité de l’espèce, ont déjà été franchies, pour Michel Aglietta et Étienne Espagne, la planification écologique constitue le seul rempart face au capitalocène, cette ère dans laquelle non seulement l’activité humaine mais aussi le système d’accumulation dans lequel elle se déploie ont conduit à un tel désastre. Et qui dit planification, dit retour des États.

Donc oui ces reconfigurations, bien que très partielles encore, vont dans le bon sens, que ce soit le Green New Deal américain avec la loi IRA – Inflation Reduction Act, le_ Green Deal européen et son Net Zero Industry Act ou la promotion d’une Civilisation écologique en Chine.

Deux écueils toutefois à ces avancées : primo, le cadre de conflictualité géopolitique dans lequel elles s’organisent et les limites que cela produit pour bâtir une planification écologique à l’échelle mondiale, la seule valable pour répondre à la crise écologique ; secundo, la difficulté pour les pays du Sud de trouver leur place dans ce nouveau contexte, sachant que leurs leviers économiques sont bien en deçà de ceux que la Chine, les États-Unis et l’Union européenne peuvent mobiliser.

Dès lors, les stratégies que ces pays peuvent développer sont forcément subordonnées à celles de ces trois blocs, avec plusieurs menaces liées à la concurrence accrue pour les ressources minérales ou à la mise en place de nouvelles chaînes de valeur des technologies vertes. Aussi pour éviter que la planification écologique ne soit réservée à un club restreint, la coopération internationale, moteur fondamental et aujourd’hui manquant, doit être vigoureusement réactivée.

Une planification écologique se met en place, avec certes encore des limites, mais la plus importante d’entre elles n’est-elle pas l’insuffisance des investissements qui y sont consacrés ?

Les évaluations sont désormais nombreuses des besoins d’investissement pour la transformation écologique. Aussi diverses soient-elles, car fondées sur des périmètres sectoriels et des scénarios de transition contrastés, toutes font effectivement état d’un manque d’investissement. Cela pose inévitablement la question de savoir s’il n’y a pas là un problème de financement.

C’est à première vue assez paradoxal puisqu’il existe une masse énorme d’actifs financiers. De quoi se demander s’il ne suffirait pas de mieux les orienter : vers le financement de la transition. Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski, le financement de la transition ne se réduit pas à un problème de réorientation des flux.

D’abord, il ne faut pas surestimer la fluidité́ de cette réorientation : les investissements verts ne remplacent pas nécessairement les investissements bruns, et pour un temps au moins ne font que s’y ajouter, ce qui élève les besoins financiers. Le secteur agricole ou celui des transports fournissent des illustrations utiles.

Ensuite, si tout doit bien sûr être mis en œuvre pour permettre la réorientation des financements privés, il ne faut pas sous-estimer le besoin de fonds publics car, même bien réorientés, les fonds privés n’iront que vers des investissements suffisamment rentables, or ceux nécessaires à une transformation écologique juste ne le sont pas tous.

La part non rentable réclame des financements publics adaptés, protégés de la pression du marché, gratuits voire même sans exigence de retour financier. De nouvelles formes sont en ce sens envisageables sous la forme de dons de monnaie centrale, plus ou moins compatibles avec les cadres institutionnels actuels, selon qu’ils feraient intervenir directement la banque centrale ou des sociétés financières publiques. Nonobstant ces obstacles institutionnels que le débat démocratique pourrait lever, le chemin existe !

Croissance mondiale :Légère révision en hausse par le FMI

Croissance mondiale :Légère révision en hausse par le FMI

selon le Fonds monétaire international (FMI), on prévoit désormais une croissance un peu meilleure en 2023 et qui restera stable en 2024. L’institution anticipe désormais une croissance mondiale à 3% en 2023, contre 2,8% lors de son estimation précédente en avril, et qui devrait se maintenir au même niveau en 2024, sans changement par rapport à l’estimation précédente.

La plupart des économies avancées, comme des principaux pays émergents, semblent réaliser de meilleures performances que ne le craignait jusqu’ici le Fonds, malgré une politique monétaire désormais restrictive quasiment partout, afin de lutter contre une inflation qui reste «obstinément élevée».

En effet l’inflation devrait atteindre 6,8% au niveau mondial en fin d’année, 0,2 point de pourcentage de moins que prévu en avril. Mais une inflation qui dure également plus longtemps : fin 2024, elle devrait être encore à 5,2%, alors qu’en mars l’institution l’attendait 0,3 point de pourcentage moins élevée.

Du côté du G7, l’Allemagne devrait être le seul pays à connaître la récession en 2023. Celle-ci semble d’ailleurs de plus en plus inévitable et un peu plus marquée qu’attendu en avril, pour le FMI, qui table désormais sur un repli de 0,3%, contre seulement 0,1% en avril. À l’inverse, les autres principales économies européennes résistent mieux, la prévision pour l’économie française passant à 0,8% (+0,1 point par rapport à avril) et celle de l’Italie à 1,1% (+0,4 point) quand l’économie espagnole semble même montrer de réels signes de bonne santé (2,5% attendus, +1 point).

Du côté des États-Unis, le risque de récession, bien que longtemps annoncé, semble être désormais écarté, malgré les hausses successives de taux depuis mars 2022: le FMI attend désormais une croissance de 1,8% pour son économie, contre 1,6% en avril dernier. L’économie américaine s’est montrée particulièrement solide au premier trimestre, avec une croissance de 2% en rythme annualisé, avec un acquis de croissance pour l’année qui était estimé à 0,9% selon l’OCDE.

Climat : la Banque mondiale va aider davantage les pays les plus pauvres, enfin ?

Climat : la Banque mondiale va aider davantage les pays les plus pauvres, enfin ?

On pourrait être surpris que le nouveau président de la Banque mondiale annonce solennellement que l’institution va désormais aider davantage les pays les plus pauvres. C’est en effet la mission principale normale de cette institution qui comme beaucoup d’autres s’est engluée dans les problématiques administratives et politiques. Aujourd’hui les banques de développement de tous ordres ne manquent pas, pas davantage que les crédits potentiels. Il manque surtout une cohérence de l’aide concrète et de nombreux trous dans la gouvernance des pays .

Tout ne peut se résumer à l’épaisseur des enveloppes, il faut aussi considérer la manière dont ces enveloppes sont utilisées afin que les aides ne se perdent pas dans les sables administratifs et ou de corruption .Moins de trois semaines après sa prise de fonction, le nouveau président de la Banque mondiale , Ajay Banga, n’est pas venu au sommet de Paris les mains vides. Lors de la réunion qui a rassemblé, jeudi au Palais Brongniart, une cinquantaine de chefs d’Etat pour évoquer un choc de financement destiné aux pays du Sud, Ajay Banga a d’abord annoncé que son institution allait élargir sa « boîte à outils » de l’aide internationale avec de nouveaux instruments.

Suspension de remboursement
L’une des mesures phares consiste à « offrir une pause dans le remboursement de la dette, pour que les pays puissent se focaliser sur ce qui compte […] lorsqu’une crise survient, et ne pas s’inquiéter de la facture qui va tomber », a-t-il indiqué.

Lorsqu’un pays fait face à une catastrophe, à l’instar de la République dominicaine qui en quelques heures a perdu plus de 220 % de son PIB en 2016 en raison d’un ouragan, l’heure n’est pas au remboursement de sa dette mais à la reconstruction du pays. « Il s’agit de permettre aux pays de se concentrer sur les besoins urgents de leur population et non sur le service de la dette. Nous commencerons ces nouvelles clauses de dette de crise avec les pays les plus vulnérables » avant de l’étendre à d’autres, indique la Banque dans son communiqué.

Redéploiement de fonds
La Banque va aussi instaurer de nouvelles possibilités d’utilisation de ses prêts. Les pays pourront réaffecter immédiatement une partie de leur portefeuille de prêts de la Banque aux besoins d’urgence en cas de désastres liés au réchauffement climatique. Par exemple, des fonds non décaissés dans le cadre de projets d’infrastructures à long terme pourraient être utilisés pour faire face aux conséquences immédiates d’une catastrophe.

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Sommet de Paris : la réforme du FMI et de la Banque mondiale en débat

« Désormais, nous cherchons à intégrer l’assurance contre les catastrophes dans nos produits de prêt – avec l’intention de couvrir les primes d’assurance et les intérêts grâce à la générosité des autres. Cela donnerait finalement aux pays des ressources de redressement sans alourdir leur dette », a commenté Ajay Banga.

Une autre mesure, révélée lors d’une table ronde, jeudi matin, aux côtés de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et du ministre français des Finances, Bruno Le Maire, consiste à offrir des assurances aux Etats pour des projets de développement en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.

Création d’un laboratoire
Afin d’attirer plus d’investisseurs privés dans les projets de développement des pays du Sud, un « laboratoire » a été lancé. Ses travaux vont porter sur le financement de la transition énergétique, en se concentrant dans un premier temps sur les énergies renouvelables et les infrastructures énergétiques. Ce « labo » devra générer de nouvelles approches et recommandations.

Il sera dirigé par Ajay Banga. Ce dernier sera épaulé par deux coprésidents. L’un est Mark Carney, envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique mais également coprésident de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, (Gfanz) qui rassemble environ 500 entreprises du secteur privé de plus de 50 pays. L’autre est la présidente de Prudential, Shriti Vadera.

Transport aérien : un doublement de la flotte mondiale d’ici 20 ans

Transport aérien : un doublement de la flotte mondiale d’ici 20 ans


Globalement la flotte mondiale pourrait bien doubler d’ici une vingtaine d’années en raison en particulier de la progression des couches moyennes dans les pays en développement.
Boeing voit la flotte d’avions commerciaux doubler dans les 20 prochaines années, selon des estimations publiées ce dimanche et légèrement supérieures en volume à celles de son concurrent Airbus. Pour l’avionneur américain, 48.575 appareils seront en service en 2042, contre 24.500 l’année dernière. Cela nécessitera de produire, tous constructeurs confondus, 42.595 aéronefs, dont la moitié sera consacrée au remplacement des avions existant aujourd’hui, et l’autre à la croissance nette.

L’Amérique du Nord absorbera 23% de ces nouveaux avions, l’Asie-Pacifique 22%, l’Eurasie 21% et la Chine à elle seule 20%. Ces projections, publiées à la veille de l’ouverture du salon aéronautique du Bourget près de Paris, s’inscrivent dans la lignée de celles de Boeing l’année dernière, quand la firme avait évoqué une flotte mondiale de 47.080 appareils en 2041.

Mercredi, Airbus avait dit tabler sur un besoin de 40.850 avions passagers et cargo neufs d’ici à 2042, portant la flotte mondiale à 46.560 appareils, contre 22.880 début 2020. Pour Darren Hulst, responsable du marketing commercial de Boeing, après la parenthèse du Covid-19 qui a affecté la demande, « nous passons de la période de reprise à un retour aux fondamentaux qui sous-tendent les voyages aériens » depuis 60 ans.

Il a notamment évoqué le lien entre la propension à voyager et la croissance du PIB mondial, qui devrait selon lui atteindre 2,6% par an, soit 70% sur deux décennies, ce qui va faire entrer 500 millions de personnes dans la classe moyenne, davantage susceptible de voyager en avion.

Boeing pense en outre que les compagnies low-cost vont continuer à se développer dans les 20 prochaines années et « plus que doubler de taille » même s’il s’agira d’un rythme plus faible que lors des 20 dernières années, quand leur flotte a été multipliée par six. La demande d’avions cargo devrait également rester forte, de l’ordre de 3,5% par an, dépassant la hausse des échanges commerciaux internationaux, estimée à 3% par an sur 20 ans selon Boeing.

Economie: Croissance mondiale ralentie durablement (Banque mondiale)

Economie: Croissance mondiale ralentie durablement (Banque mondiale)

La progression du PIB mondial ralentir de 3,1% en 2022 à 2,1% en 2023 mais dans les pays émergents et en développement, hormis la Chine, l’activité devrait ralentir à 2,9% cette année contre 4,1% en 2022.En 2024 la croissance sera encore ralentie d’après la banque mondiale.


La banque mondiale s’inquiète de la dégradation économique et financière des pays en développement. Avec des conditions de crédit de plus en plus restrictives au niveau mondial, un pays émergent ou en développement sur quatre a perdu l’accès aux marchés obligataires internationaux, alerte l’institution de Washington.

Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante des recettes publiques déjà limitées alors que la dette publique atteint en moyenne 70% du PIB. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être, s’inquiète la Banque mondiale qui appelle une nouvelle fois la communauté internationale à accélérer les restructurations de dettes. Les dossiers entamés sous le nouveau régime du cadre commun du G20, notamment l’Éthiopie et le Ghana, tardent à se concrétiser.

«Les projections de croissance de ces économies pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, indique le rapport, ce qui les rend très vulnérables à des chocs supplémentaires.» Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts «sont considérables» : dans plus d’un tiers, les revenus par habitant en 2024 seront encore inférieurs aux niveaux de 2019.

Du côté des pays développés, l’activité devrait passer de 2,6% en 2022 à 0,7% en 2023 et se maintiendra à un faible niveau en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie américaine pourrait décélérer à 0,8 % en 2024, principalement en raison de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt au cours des dix-huit derniers mois, la Réserve fédérale (Fed) ayant adopté une position plus ferme pour contenir l’inflation. Dans la zone euro, l’activité devrait atteindre 0,4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022, en raison de l’effet différé du resserrement de la politique monétaire et des augmentations des prix de l’énergie.

Céréales : production mondiale en hausse

La production mondiale de blé et de maïs attendue en forte hausse cette année, malgré la guerre en Ukraine
L’Europe, l’Inde, la Russie devraient produire plus de blé et de maïs en 2023 que l’an passé selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA). Résultat, l’offre mondiale de blé va augmenter de 10,8 millions de tonnes sur un an pour atteindre 800,19 millions de tonnes après les récoltes de 2023. La production de maïs va aussi augmenter de 3,8 millions de tonnes. Une très bonne nouvelle qui devrait se répercuter sur les prix de l’alimentation.
latribune.fr
11 Juin 2023, 12:21

Céréales : production mondiale en hausse


Selon les estimations du rapport mensuel, dit « Wasde », publié vendredi par le ministère américain de l’Agriculture (USDA) l’offre mondiale de blé va grimper de 10,8 millions de tonnes sur un an à 800,19 millions de tonnes, sans compter les stocks restants de 266 millions de tonnes. Pour la saison 2022-2023, l’USDA avait tablé sur 774,83 millions de tonnes de blé. La production de maïs est également en hausse

La Russie devrait ainsi afficher une production de 85 millions de tonnes en hausse de 3,5 millions par rapport à la précédente estimation, grâce à des conditions météorologiques favorables « notamment des pluies de printemps abondantes ». L’Inde également va augmenter sa production de 3,5 millions de tonnes à 113,5 millions. La production de blé européen devrait être en hausse de 1,5 million à 140,5 millions de tonnes. Enfin l’Ukraine devrait produire un million de tonnes de plus qu’estimé précédemment à 17,5 millions de tonnes « grâce à des conditions météo favorables dans le sud de l’Ukraine » même si la production demeure plus faible que l’année dernière (20,1 millions de tonnes) et qu’avant la guerre avec la Russie (33 millions). « Globalement c’est un rapport sans grande surprise », a commenté Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.

Pour le maïs également, l’offre mondiale va augmenter mais d’une ampleur moindre, progressant de 3,8 millions de tonnes sur un an pour atteindre 1,22 milliard de tonnes, selon les prévisions du rapport de l’USDA. La hausse vient principalement de l’Ukraine avec 2,5 millions de tonnes de maïs de plus que prévu auparavant.

Si l’annonce d’une augmentation de la production de blé et de maïs doit finir par faire baisser les prix en rayon, cela devrait prendre du temps en France; En dépit des menaces du ministre de l’économie vis-à-vis des industriels.

Croissance mondiale ralentie durablement

Croissance mondiale ralentie durablement (Banque mondiale)

La progression du PIB mondial ralentir de 3,1% en 2022 à 2,1% en 2023 mais dans les pays émergents et en développement, hormis la Chine, l’activité devrait ralentir à 2,9% cette année contre 4,1% en 2022.En 2024 la croissance sera encore ralentie d’après la banque mondiale.


La banque mondiale s’inquiète de la dégradation économique et financière des pays en développement. Avec des conditions de crédit de plus en plus restrictives au niveau mondial, un pays émergent ou en développement sur quatre a perdu l’accès aux marchés obligataires internationaux, alerte l’institution de Washington.

Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante des recettes publiques déjà limitées alors que la dette publique atteint en moyenne 70% du PIB. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être, s’inquiète la Banque mondiale qui appelle une nouvelle fois la communauté internationale à accélérer les restructurations de dettes. Les dossiers entamés sous le nouveau régime du cadre commun du G20, notamment l’Éthiopie et le Ghana, tardent à se concrétiser.

«Les projections de croissance de ces économies pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, indique le rapport, ce qui les rend très vulnérables à des chocs supplémentaires.» Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts «sont considérables» : dans plus d’un tiers, les revenus par habitant en 2024 seront encore inférieurs aux niveaux de 2019.

Du côté des pays développés, l’activité devrait passer de 2,6% en 2022 à 0,7% en 2023 et se maintiendra à un faible niveau en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie américaine pourrait décélérer à 0,8 % en 2024, principalement en raison de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt au cours des dix-huit derniers mois, la Réserve fédérale (Fed) ayant adopté une position plus ferme pour contenir l’inflation. Dans la zone euro, l’activité devrait atteindre 0,4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022, en raison de l’effet différé du resserrement de la politique monétaire et des augmentations des prix de l’énergie.

Croissance ralentie durable (Banque mondiale)

Croissance ralentie durable (Banque mondiale)

La progression du PIB mondial ralentir de 3,1% en 2022 à 2,1% en 2023 mais dans les pays émergents et en développement, hormis la Chine, l’activité devrait ralentir à 2,9% cette année contre 4,1% en 2022.En 2024 la croissance sera encore ralentie d’après la banque mondiale.


La banque mondiale s’inquiète de la dégradation économique et financière des pays en développement. Avec des conditions de crédit de plus en plus restrictives au niveau mondial, un pays émergent ou en développement sur quatre a perdu l’accès aux marchés obligataires internationaux, alerte l’institution de Washington.

Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante des recettes publiques déjà limitées alors que la dette publique atteint en moyenne 70% du PIB. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être, s’inquiète la Banque mondiale qui appelle une nouvelle fois la communauté internationale à accélérer les restructurations de dettes. Les dossiers entamés sous le nouveau régime du cadre commun du G20, notamment l’Éthiopie et le Ghana, tardent à se concrétiser.

«Les projections de croissance de ces économies pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, indique le rapport, ce qui les rend très vulnérables à des chocs supplémentaires.» Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts «sont considérables» : dans plus d’un tiers, les revenus par habitant en 2024 seront encore inférieurs aux niveaux de 2019.

Du côté des pays développés, l’activité devrait passer de 2,6% en 2022 à 0,7% en 2023 et se maintiendra à un faible niveau en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie américaine pourrait décélérer à 0,8 % en 2024, principalement en raison de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt au cours des dix-huit derniers mois, la Réserve fédérale (Fed) ayant adopté une position plus ferme pour contenir l’inflation. Dans la zone euro, l’activité devrait atteindre 0,4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022, en raison de l’effet différé du resserrement de la politique monétaire et des augmentations des prix de l’énergie.

Finances États-Unis : un risque de défaut dommageable pour l’économie mondiale

Finances États-Unis : un risque de défaut dommageable pour l’économie mondiale

« L’économie mondiale, déjà confrontée à une si forte incertitude, aurait pu se passer d’un risque de défaut des États-Unis, a déploré Kristalina Georgieva qui espère toutefois- comme d’habitude- une « solution de dernière minute ».

La première puissance mondiale ne peut dépasser un certain montant d’endettement, fixé actuellement à 31.400 milliards de dollars. Ce plafond, mis en place en 1917, avait initialement pour but de permettre au Trésor américain, en temps de guerre, d’obtenir des marges de manœuvre budgétaires sans solliciter en permanence les parlementaires. Ces derniers pouvaient conserver un droit de regard à travers cette limitation de la dette. Une fois que le plafond est atteint, comme c’est le cas depuis fin janvier, il appartient au Congrès américain de voter un relèvement de ce plafond.

Afin d’éviter un défaut de paiement, Joe Biden doit donc au plus vite trouver un accord avec les républicains. Ces derniers, majoritaires à la Chambre des représentants, conditionnent le relèvement du plafond de la dette à une réduction des dépenses fédérales. Ils souhaiteraient les ramener au niveau de 2022, ce qui reviendrait à couper 130 milliards de dollars de fonds publics.

Croissance mondiale : moins bien en 2023 mais mieux en 2024 (FMI)

Croissance mondiale : moins bien en 2023 mais mieux en 2024 (FMI)

Le fonds monétaire international comme d’ailleurs la plupart des autres institutions concernant les prévisions économiques révisent encore en baisse sa prévision de croissance pour 2023 mais promet que les choses iront mieux pour 2024. Une espérance sans doute davantage qu’une prévision. En effet, il faudra aussi compter avec l’environnement géo stratégique et avec l’emballement de l’inflation qui pourrait créer certains risques.

Le Fonds monétaire international (FMI) a légèrement révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2023 mais s’attend à ce que les principales régions économiques évitent la récession, selon les données publiées mardi à l’occasion de ses réunions de printemps. L’institution anticipe désormais une croissance mondiale de 2,8% en 2023, en léger recul par rapport à son estimation précédente en janvier (-0,1 point de pourcentage).

Les réveils de la croissance en Chine et en Inde participent pour une grande part à la croissance 2023; La croissance chinoise va de nouveau jouer un rôle de moteur pour la croissance mondiale pour 2023, à 5,2%, mais ralentir dès 2024, à 4,5%, une de ses croissances les plus faibles des 30 dernières années, en dehors de 2020 avec la pandémie, et 2022 avec la politique zéro-Covid.

Mais la plupart des pays, un retour à la normale n’est pas encore en vue. En cause notamment, l’inflation, qui devrait rester importante en 2023, autour de 7% au niveau mondial, mais surtout parce que l’inflation sous-jacente – hors prix des aliments et de l’énergie, par nature plus fluctuants – reste mal orientée. À cela viennent s’ajouter les soubresauts récents du secteur financier, en particulier aux États-Unis, après la faillite de trois banques régionales, et en Suisse, avec le rachat précipité de Credit Suisse par son concurrent UBS, sur fond de hausse des taux par les banques centrales, précisément pour lutter contre l’inflation. «Les risques ont, de nouveau, pesé lourdement à la baisse sur la croissance et en grande partie du fait des turbulences financières des dernières semaines», a souligné Le fonds monétaire international.

Dans le détail, le FMI révise à la hausse ses prévisions de croissance pour les États-Unis en 2023, à 1,6% (+0,2 point), ainsi qu’en 2024, à 1,1% (+0,1 point). Elles restent inchangées pour la France concernant 2023, à 0,7%, mais sont en léger recul pour 2024, à 1,3% (-0,3 point). La zone euro pourrait faire mieux qu’initialement anticipé (+0,1 point) en 2023, à 0,8%, sous l’effet d’une croissance qui s’annonce plus élevée en Espagne et en Italie. Elles s’améliorent aussi au Royaume-Uni, qui devrait cependant terminer l’année en récession, comme attendu depuis octobre dernier, mais à un niveau moindre que prévu: -0,3% alors que le FMI prévoyait encore -0,6% en janvier.

L’Allemagne en revanche Va cependant tutoyer la récession (+0,1%), la première économie européenne est désormais attendue en léger repli (-0,1%).

Pour 2024, le FMI ne modifie pas sa prévision de croissance mondiale, à 3,0%. Mais sans triomphalisme, comme l’a rappelé Kristalina Georgieva: «Nous nous attendons à une croissance autour de 3% durant les cinq prochaines années, notre plus faible perspective à moyen terme depuis 1990».

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