Un gouvernement de modérés et d’experts
Ce qui caractérise ce nouveau gouvernement, c’est son caractère modéré. Il comprend des membres de toutes les sensibilités politiques de gauche, de droite du centre et surtout des experts. Là où le parti socialiste avait l’habitude de désigner des verbeux aux compétences approximatives, Macron, lui, nomme de vrais professionnels pour la plupart des ministères. Pour autant, on ne on ne peut pas dire que ce gouvernement soit apolitique car ses membres adhèrent à peu près tous au libéralisme économique et au libéralisme politique. Des sociaux libéraux modérés aux compétences reconnues. Composé de vingt-deux membres – onze hommes et onze femmes – le gouvernement du juppéiste Edouard Philippe compte 18 ministres et quatre secrétaires d’Etat. Seuls deux membres du gouvernement sortant y figurent, l’ancien ministre socialiste de la Défense Jean-Yves Le Drian, nommé ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et la radicale de gauche Annick Girardin, ministre des Outre-mer. Après la nomination du député-maire Les Républicains du Havre à Matignon, deux personnalités du principal parti de droite rejoignent Bercy et ont été exclus de leur parti : Bruno Le Maire comme ministre de l’Economie et des Finances et Gérald Darmanin comme ministre de l’Action et des Comptes publics. »Sur le choix et l’équilibre général du gouvernement, c’est un gouvernement qui correspond à sa promesse de campagne : un gouvernement resserré et paritaire », souligne-t-on à l’Elysée. Au total, onze membres du gouvernement sont issus de la société civile. Numéro deux du gouvernement, le sénateur-maire socialiste de Lyon Gérard Collomb, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, devient ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur. Suivent deux autres ministres d’Etat : le centriste François Bayrou, allié d’Emmanuel Macron pendant la campagne, qui hérite de la Justice, et l’écologiste Nicolas Hulot, ancien animateur d’émissions de télévision nommé ministre de la Transition écologique et solidaire. Il sera également chargé du dossier sensible de l’Energie, a précisé l’entourage du chef de l’Etat. Nouvelle ministre des Armées, la députée européenne centriste Sylvie Goulard, prend leur suite dans l’ordre protocolaire. Richard Ferrand, un dissident PS dirigeant du mouvement En Marche ! d’Emmanuel Macron, est nommé ministre de la Cohésion des territoires, avec la responsabilité du Logement. Christophe Castaner, un autre proche soutien et également dissident PS, devient secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement. Issues de la société civile, Agnès Buzyn, médecin, est ministre des Solidarités et de la Santé, tandis que l’éditrice Françoise Nyssens hérite de la Culture. Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, succède à Myriam El Khomri au ministère du Travail, où elle mènera les délicates discussions avec les syndicats sur les réformes annoncées par Emmanuel Macron. Parmi la dizaine de personnalités de la société civile nommées figure aussi notamment l’escrimeuse d’origine antillaise Laura Flessel, ministre des Sports. Ancien directeur général de l’Enseignement scolaire, le juriste Jean-Michel Blanquer est nommé ministre de l’Education nationale et le radical de gauche Jacques Mézard ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le gouvernement comprend en outre deux ministres qui travailleront auprès d’un autre ministre, Elisabeth Borne, chargée des Transports, et Marielle de Sarnez, proche de François Bayrou, chargée des Affaires européennes.