Transition énergétique : réactions mitigées avant les critiques des prochains jours
C’est une tradition en France dans les grands médias, on commence par se limiter aux déclarations du gouvernement ; On attend qu’une tendance se dégage dans l’opinion et en suite on analyse. Ce sera le cas pour cette fameuse transition énergétique qui n’en est pas une. Dans quelques jours les critiques vont affluer car c’est encore une réforme molle qui met par exemple en parenthèse le nucléaire (c’est EDF qui va décider) ou encore la politique des transports (quelques bricoles, c’ est tout). La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a donc présenté ce mercredi 18 juin les grandes lignes de son projet de loi sur la transition énergétique. Les ONG comme Greenpeace manifestent leur mécontentement. Après des mois de débats, la ministre de l’écologie Ségolène Royal a présenté en Conseil des ministres, mercredi 18 juin, son projet de loi sur la transition énergétique, « l’un des plus importants du quinquennat » selon François Hollande. Si globalement, les écologistes et les industriels des énergies renouvelables sont plutôt satisfaits du texte, des ONG comme Greenpeace ne cachent pas leur désarroi. « Tout ça pour ça ? », s’interroge le Réseau Action Climat (RAC). Selon eux, « le projet de loi ne répond pas à la commande initiale qui était d’identifier une trajectoire claire et des mesures concrètes pour orienter massivement la France vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. » La loi sur la transition énergétique se fixe pour objectif de ramener à 50% la part d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025, contre 75% aujourd’hui. Pour autant, le gouvernement ne pourra pas décider seul de la fermeture d’une centrale nucléaire. En effet, à ce jour, seuls l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et EDF peuvent le faire. « Le calibrage du parc nucléaire se fera par un dialogue fructueux entre l’État » et EDF, a expliqué Ségolène Royal au Monde. « La question de la place du nucléaire a encore sclérosé le gouvernement, qui, faute de trancher, renvoie les décisions qui s’imposent aujourd’hui à plus tard et empêche les alternatives de se développer », juge cependant Anne Bringault, qui coordonne les ONG sur la transition énergétique. Pour le président de Greenpeace France, Jean-François Julliard, le texte présenté par Ségolène Royal « donne les clés de la politique énergétique de la France à EDF ». « Dans ce projet de loi, il manque l’essentiel : la limitation à 40 ans de la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires et la mise en place d’un mécanisme permettant à l’État de décider de la fermeture de réacteurs pour des raisons de pilotage de mix énergétique », ajoute Jean-François Julliard. Même avis pour Sortir du nucléaire, qui juge « la transition énergétique enterrée à la pelle le 18 juin ». Du côté des Verts, l’heure est à la « prudence », comme l’a rappelé la secrétaire générale d’EELV Emmanuelle Cosse, au micro de RTL. Pour le coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée, François de Rugy, il s’agit d’un « virage sans précédent ». Cela permet de « mettre fin au fait qu’EDF fait la politique de l’énergie en France », a-t-il encore déclaré sans pour autant afficher une satisfaction totale. « Ce n’est pas facile, on se heurte à des lobbies extrêmement puissants, à des intérêts qui ne veulent pas que ça bouge, qui ont des relais y compris au sein du gouvernement, donc jusqu’au bout il faudra se battre ». Pour Nicolas Hulot faux-cul, normal il a un poste officiel attribué par Hollande, la future loi est « à la hauteur des objectifs ». « C’est un beau moment d’espoir pour la France, un projet qui permet de se mettre en disposition pour entrer dans l’économie de demain, dans l’économie du futur. » La Fondation Hulot précise qu’il « faudra, sur les principales mesures, fixer un délai maximal pour la sortie des décrets d’application, mais aussi sacraliser les moyens financiers dans les projets de loi de finances et mobiliser la fiscalité écologique ».