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Sociétés à mission : Le discours marketing et la réalité

Sociétés à mission : Le discours marketing et la réalité

Pour Alain Schnapper, chercheur à l’Ecole des mines, la société à mission se distingue en ce qu’elle place l’intérêt collectif au cœur de son activité. Mais les engagements demandent à être plus sérieusement contrôlés.( Le Monde)

 

Fondateur du cabinet Gouvernance responsable, Alain Schnapper est chercheur et praticien associé à la chaire Théorie de l’entreprise à l’Ecole des mines Paris-PSL et vice-président de la Communauté des entreprises à mission. En 2020, il a publié le livre Puissante et fragile, l’entreprise en démocratie (Odile Jacob).

L’entreprise moderne portait, à l’origine, une vraie mission sociétale. De quoi s’agissait-il exactement ?

L’entreprise moderne a vu le jour à la fin du XIXe siècle, avec comme moteur l’innovation scientifique et technique. Elle ne se voulait pas seulement un lieu de production de valeur, mais aussi un collectif humain avec de nouveaux modes d’organisation : par exemple, la disparition du paiement à la tâche au profit du salariat. Par la suite, elle s’est inscrite pleinement dans le projet social et politique de la social-démocratie. L’Etat créait toutes les conditions pour permettre à l’entreprise de développer ses activités : la monnaie, la sécurité juridique, l’enseignement et la formation… En contrepartie, l’entreprise créait des innovations et des richesses pour financer l’Etat-providence.

Aujourd’hui, ce contrat social semble rompu. Que s’est-il passé ?

D’abord, à partir des années 1980, la financiarisation de l’économie a abouti à un pouvoir excessif des actionnaires. Dans le même temps, la relation traditionnelle entre les Etats qui édictent les règles et les entreprises qui les respectent s’est totalement délitée sous l’effet de la mondialisation. Enfin, dans un contexte général d’affaiblissement des institutions, les salariés, dans les sociétés démocratiques, aspirent à toujours plus d’égalité et de liberté en entreprise. Mais leurs attentes ne sont pas faciles à satisfaire au sein d’organisations qui ne sont pas démocratiques.

Comment les sociétés à mission peuvent-elles réconcilier l’entreprise avec la société et ses enjeux ?

Depuis les années 1990, une confusion s’est installée entre la société des actionnaires au sens du Code civil et l’entreprise en elle-même qui intègre à la fois les actionnaires, les salariés et leurs savoirs. Or, ce collectif n’ayant pas d’existence juridique, ses intérêts ne sont pas défendus en droit alors qu’ils ne correspondent pas nécessairement aux intérêts des actionnaires. La société à mission place l’intérêt collectif au cœur de ses activités.

Comment être sûr que les engagements des entreprises dépassent la simple communication ?

La qualité de société à mission étant purement déclarative, certaines entreprises peuvent se doter d’une raison d’être juste pour faire joli. Les salariés savent très bien faire la différence entre un discours marketing et une démarche vraiment engagée. Pour être crédible, la raison d’être doit non seulement exposer clairement les enjeux socioenvironnementaux auxquelles l’entreprise entend répondre, mais aussi préciser les moyens alloués pour y parvenir et les objectifs à atteindre.

Un comité de mission qui ne sert pas grand chose

Un comité de mission qui ne sert pas grand chose

 

 

La loi relative à la croissance et à la transformation des entreprises a créé un comité distinct du CA et consacré exclusivement au suivi de la mission de l’entreprise. Or le doublement des instances n’a jamais vraiment fonctionné, explique, dans sa chronique, Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon. (Les Echos)

 

« Il serait heureux que le toilettage de la loi Pacte qui s’annonce permette de redéfinir la place du comité de mission. Plutôt qu’une instance supplémentaire, il s’agirait d’en faire un comité du CA, au même titre que les comités d’audit ou de nomination. »

La loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) de 2019 a institué un comité indépendant chargé d’évaluer les engagements pris par l’entreprise qui choisit le statut de société à mission. Le pouvoir de ce comité reste néanmoins flou, chaque entreprise pouvant le composer à sa guise en respectant la seule obligation d’intégrer au moins un membre de son personnel. Cette ambiguïté est assez typique de la manière dont les réformes de fond sont conçues en France en matière de gouvernance d’entreprise.

Il existe en effet deux voies pour faire évoluer celle-ci.

La première consiste à renforcer la responsabilité des structures existantes, et en premier lieu celle du conseil d’administration (CA).

La seconde conduit à multiplier les instances de gouvernance pour confier à chacune d’elles une partie des responsabilités de l’entreprise à l’égard de son écosystème.

La première voie a été utilisée par les lois successives sur la parité hommes-femmes qui ont défini un quota minimal de 40 % de membres de l’un ou de l’autre sexe dans les CA des entreprises de plus de 250 salariés.

 

La seconde voie a été privilégiée par la loi Pacte, qui a donc créé un comité distinct du CA et consacré exclusivement au suivi de la mission de l’entreprise.

Cette manière de procéder par empilement de lieux de pouvoir avait déjà été adoptée par les lois Auroux de 1983. Celles-ci avaient cherché à réévaluer le pouvoir du comité d’entreprise pour en faire un lieu de décision attentif au travail, contrebalançant le CA supposé orienter les stratégies au nom des intérêts du capital. Sur la même question, les Allemands ont choisi, eux, la première voie en instaurant, depuis 1976, la parité entre les travailleurs et les actionnaires au cœur de leurs conseils.

Afghanistan : mission impossible

Afghanistan : mission impossible

L’historien de la gauche américaine Michael Kazin estime, dans un entretien au « Monde », que le retrait américain d’Afghanistan devrait être l’occasion de mettre fin à l’illusion impériale aux Etats-Unis.

 

Michael Kazin est professeur d’histoire à l’université Georgetown, à Washington. Il est également rédacteur en chef émérite de Dissent, revue de la gauche critique. Il est généralement reconnu comme l’un des plus grands historiens de la gauche américaine. En mars 2022, il publiera aux Etats-Unis What It Took to Win : A History of the Democratic Party (« ce qu’il a fallu pour l’emporter : une histoire du parti démocrate », Farrar, Straus and Giroux), dans lequel il revient sur près de deux cents ans d’histoire du parti aujourd’hui dirigé par Joe Biden. Auteur de nombreux ouvrages, Michael Kazin a notamment dirigé The Princeton Encyclopedia of American Political History (Princeton University Press, 2010). Il collabore régulièrement avec The New York Times, The Washington Post et Foreign Affairs.

Que pensez-vous de la façon dont se déroule le retrait des troupes américaines d’Afghanistan ?

Le chaos s’est emparé de cette opération. L’attentat-suicide du 26 août, commis par l’organisation Etat islamique à l’aéroport de Kaboul, coûtant la vie à près de 100 personnes dont 13 soldats américains, a été un soudain et douloureux rappel pour nombre de mes concitoyens qui croyaient que ce genre d’attaque était chose du passé.

Mais, au-delà de cet événement sanglant, Joe Biden devrait s’excuser d’avoir aussi mal préparé le retrait de nos troupes et l’évacuation plutôt que de rester sur la défensive. Au cours de la conférence de presse qu’il a accordée jeudi, après l’attaque, le président américain a exprimé autant sa peine que sa colère. Mais il s’est abstenu d’en dire davantage, ce qui était peut-être prévisible étant donné le contexte. Il était sans doute trop tôt après un événement qui a choqué l’opinion. Ce type d’action terroriste était néanmoins prévisible. Le public n’y avait pas été préparé. Là aussi, il s’agit d’une erreur.

 

C’est pourquoi je crois que M. Biden ferait bien de reconnaître que la conduite générale du retrait de nos troupes n’était pas à la hauteur. Les Américains seront sensibles à ce geste. Bill Clinton s’est excusé en 1998 lorsqu’il a admis qu’il avait eu une relation avec Monica Lewinsky. En 1961, John F. Kennedy a également cherché à faire amende honorable après le débarquement raté dans la baie des Cochons à Cuba [des exilés cubains soutenus par les Américains avaient alors tenté d’envahir l’île, mais l’opération a tourné au fiasco]. JFK regarda les choses en face et concéda ouvertement qu’il s’agissait d’un échec. Je crois que s’excuser est une bonne chose, tant sur le plan moral que politique.

Réconciliation France-Algérie: une mission impossible

Réconciliation France-Algérie: une mission impossible

 

 

Le rapport de l’historien, Benjamin Stora,  sur le sujet devrait être remis au président français, Emmanuel Macron, d’ici au 15 décembre

 

Benjamin Stora.

Spécialiste reconnu de l’Algérie, le professeur Benjamin Stora a prévu de remettre son rapport à Emmanuel Macron au plus tard, le 15 décembre. Le chef de l’Etat français lui a confié, en juillet, une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». L’historien formulera des recommandations afin de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».

Benjamin Stora parviendra-t-il à réconcilier les mémoires blessées de la colonisation et de la guerre d’Algérie ? C’est le défi lancé en juillet par Emmanuel Macron à cet historien qui fait partie des spécialistes les plus réputés de l’histoire du Maghreb, en particulier de cette période qui déboucha sur l’indépendance algérienne.

Né en 1950 dans une famille juive à Constantine, Benjamin Stora a quitté le territoire algérien en 1962. Depuis plus de quarante, il travaille sur ces questions. D’un président français à l’autre, il est toujours aussi consulté. Il a rencontré pour la première fois François Mitterrand à ce sujet en 1990. Il le reverra à deux autres reprises les années suivantes. Puis sera sondé par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, et encore François Hollande à maintes reprises.

Il a aidé ce dernier à préparer son premier déplacement en Algérie, en décembre 2012, et l’y a accompagné. Il était proche de l’ancien conseiller diplomatique du président socialiste, Paul Jean-Ortiz, avec lequel il a souvent discuté de l’Algérie. Pour Benjamin Stora, le travail de réconciliation consiste surtout à rétablir la vérité des faits dans un contexte où cette période sert à la fabrique du nationalisme. L’historien français regrettait d’ailleurs à l’époque le manque d’ouverture des archives algériennes depuis l’indépendance, dommageable pour le travail des historiens des deux rives.

Il a croisé une première fois Emmanuel Macron à l’Elysée lorsque ce dernier était secrétaire général adjoint de la présidence, sous Hollande. Pour le disciple du philosophe Paul Ricœur, le « fait algérien » est un impensé en France. Il contamine la jeunesse issue de l’immigration et les autres mémoires africaines, d’où le besoin d’accélérer le travail des historiens afin de favoriser aussi bien la réconciliation nationale que celle entre les peuples de deux rives.

Archives. Benjamin Stora n’effacera d’un coup d’éponge magique les traumatismes de la colonisation. Il est conscient des limites de son travail mais il loue la volonté politique des présidents Tebboune et Macron. « On ne peut jamais définitivement réconcilier des mémoires, confiait l’historien à RFI en juillet. Mais je crois qu’il faut avancer vers une relative paix des mémoires pour précisément affronter les défis de l’avenir, pour ne pas rester prisonniers tout le temps du passé, parce que l’Algérie et la France ont besoin l’une de l’autre ».

Du côté algérien, les attentes sont importantes. Alger demande l’accès à toutes les archives françaises durant la colonisation. Pour l’instant, la France a rendu les archives ottomanes et courantes (concernant notamment l’état civil), mais refuse de fournir celles dites de « souveraineté » qui comprennent des notes internes du gouvernement général au préfet d’Alger et des services secrets, ainsi que des télex diplomatiques. Certains microfilms ont déjà été transmis au partenaire algérien mais on est loin de la totalité des documents disponibles.

La partie algérienne a exprimé d’autres requêtes, comme la restitution des tous les restes mortuaires, et le retour d’objets comme le canon Baba Merzoug, pièce de 12 tonnes consacrée à la défense du port d’Alger, symbole de la résistance du pays aux attaques du colonisateur depuis le XVIIe siècle.

« Des crimes méritent d’être racontés, comme la prise de l’oasis de Zaatcha où les troupes françaises du général Emile Herbillon ont massacré les combattants du cheikh Bouziane, réclamait le président algérien dans une interview à l’Opinion, en juillet. Le maréchal de Saint-Arnaud a aussi perpétré de nombreux massacres, qui ont fait plus de victimes qu’à Oradour-sur-Glane. »

 

Homologue algérien de Stora, Abdelmadjid Chikhi a accusé Paris de livrer une lutte acharnée contre les composantes de l’identité nationale algérienne. Certaines de ses déclarations laissent pantois les historiens français

Le chef de l’Etat algérien a bien accueilli la nomination de Benjamin Stora, qualifié de « sincère » et « connaisseur » de la période d’occupation française. On ne peut pas dire que la nomination de son homologue algérien, Abdelmadjid Chikhi, a suscité le même enthousiasme en France. Cet ancien moudjahid, indétrônable directeur des archives nationales, est considéré comme un gardien de l’orthodoxie.

Abdelmadjid Tebboune l’a appelé à ses côtés à la présidence, en avril, comme conseiller en charge des archives nationales et de la mémoire nationale. Neuf jours plus tard, Abdelmadjid Chikhi a accusé la France de livrer une lutte acharnée contre les composantes de l’identité nationale algérienne. Fin octobre, il a fait une autre sortie remarquée : « Après les massacres perpétrés en Algérie, la France a transféré les ossements des Algériens à Marseille pour les utiliser dans la fabrication du savon et le raffinage du sucre ».

Cette déclaration laisse pantois plusieurs historiens français consultés par l’Opinion. « Cette affirmation n’a jamais été étayée, confie l’un d’eux. Je n’ai jamais rien vu qui s’y rapporte dans toutes les archives que j’ai consultées. » D’autres fins connaisseurs de l’Algérie ont des explications plus rationnelles. Ces propos ont été rendus publics juste avant la commémoration du 1er novembre 1954, date de l’appel à la révolte adressé par le Front de libération nationale (FLN).

Repentance. « Abdelmadjid Chikhi est très politique, comme d’habitude, s’amuse une source proche de la présidence algérienne. Cela fait partie du récit national. Il n’y a pas à avoir d’inquiétude. Si le président Tebboune lui demande d’avancer sur les questions mémorielles, il le fera ! »

En lançant ce travail avec son homologue, le président Macron souhaite réduire ce genre de saillies qui sonnent comme une instrumentalisation de la mémoire à des fins politiques. Pas toujours facile. En accédant à l’indépendance, l’Algérie a intensifié son nationalisme, en même temps qu’il faiblissait régulièrement du côté français.

Dans la pratique, Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi vont surtout travailler chacun de son côté. Une fois leurs copies respectives remises, des rencontres d’historiens entre les deux rives devraient être organisées pour un travail de d’échanges et de restitution.

« Ces questions mémorielles vont devenir de plus en plus sensibles à l’approche de la présidentielle de 2022 en France, alors que la droite et l’extrême droite et même certains proches de Macron ne souhaitent pas être dans la repentance », confie un diplomate français. Et puis, ce dossier pourrait être pollué par d’autres liés à l’immigration et à la sécurité. « C’est comme lorsqu’on joue au mikado, conclut le diplomate. C’est difficile d’extirper une baguette sans toucher les autres ».

Régionales : mission à Debré pour un report

Régionales : mission à Debré pour un report

 

Deux raisons pourraient justifier le report des élections régionales. D’abord surtout la perspective d’une nouvelle défaite cinglante pour le parti du président en difficulté non seulement vis-à-vis de la crise sanitaire mais aussi de la crise économique et sociale. La seconde raison tient à l’évolution des contaminations par le Coronavirus.

Le pouvoir voudrait éviter la bévue commise leur des élections municipales. Le message était alors très ambigu car d’un côté le gouvernement de l’époque conseillait le confinement mais invitait  parallèlement au déplacement pour cette échéance électorale.

On a assisté à un record d’abstention de leur de 60 % et nombre d’élus n’ont gagné ce scrutin qu’avec 20 % des voix. En général,  les élections régionales mobilisent encore beaucoup moins de monde que les municipales et la participation pourrait être ridiculement basse.

Du coup,  le président de la république a confié une mission à l’ancien président du conseil constitutionnel pour essayer de trouver un consensus sur le sujet qui n’est pas évident. En effet, l’opposition sent bien que le pouvoir actuel est acculé et que la sanction risque d’être encore sévère pour la majorité. Cette opposition ne souhaite donc pas le report de l’échéance.

L’ancien président du Conseil constitutionnel devra «consulter» les responsables politiques, mener une «analyse juridique et pratique de la situation», et «faire des propositions d’ici trois semaines», a détaillé le premier ministre, mercredi après-midi, en réunissant au ministère de la Santé les présidents de partis, de groupes et d’assemblées parlementaires.

À partir de ce rapport, l’exécutif espère «trouver» d’ici la fin de l’année, avec les partis, «la solution qui soit la plus raisonnable sur le plan sanitaire, démocratique et politique», a poursuivi le chef du gouvernement. Et pour cause, le président de la République s’inquiète, en privé, de la sincérité d’un scrutin dont la campagne serait rendue impossible par la situation sanitaire. Dans le cas de la mission confiée à Debré pourrait se poser la question du vote par correspondance voire du vote électronique.

 




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