L’augmentation du salaire minimum: une fausse piste
Les économistes Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo, Gilbert Cette et André Zylberberg estiment, dans une tribune au « Monde », qu’augmenter le smic de 12 % conduirait à la suppression de 100 000 à 200 000 emplois et coûterait 20 milliards d’euros aux finances publiques.
La France se situe incontestablement dans cette situation. Le coup de pouce envisagé ferait passer le smic à plus de 70 % du salaire médian, un niveau jamais atteint en Europe. Une analyse chiffrée rigoureuse publiée dans le rapport 2022 du groupe d’experts sur le smic avait conclu qu’une hausse de 1 % du coût du travail au niveau du smic aboutissait à la destruction d’environ 30 000 emplois.
Par ailleurs, la hausse du smic entraînera une augmentation des exonérations de cotisations sociales ciblées sur les bas salaires, que le budget de l’Etat devra compenser. Le coût pour les finances publiques serait ainsi amplifié, sans compter que certains barèmes liés à la nouvelle valeur du smic, comme ceux de la prime d’activité et de l’impôt sur le revenu, devront aussi être modifiés si l’on veut que la hausse du smic corresponde à une hausse réelle du pouvoir d’achat des salariés. Enfin, le coup de pouce bénéficierait aussi aux plus basses rémunérations des employés de la fonction publique, ce qui alourdirait la masse salariale de l’Etat.
L’ampleur globale de ces effets est difficile à prévoir car elle dépend de nombreux paramètres et hypothèses de calcul. Dans un travail récent, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui suppose par ailleurs un impact positif sur la consommation d’une ampleur très incertaine, estime qu’une hausse du smic à 1 600 euros détruirait au moins 29 000 emplois et qu’elle entraînerait une dégradation des finances publiques d’environ 8 milliards (soit 0,3 point de PIB) par an.