Archive pour le Tag 'mieux'

Macron: au mieux une convention citoyenne bidon

Macron:  au mieux une convention citoyenne bidon

 

Il est clair que le président de la république cherche de l’oxygène pour exister politiquement. En effet après la lamentable dissolution de l’Assemblée nationale, ses prérogatives se sont réduites comme peau de chagrin. En vérité le pouvoir a été transféré à un gouvernement instable et à une assemblée nationale complètement déstabilisée et immature. Et le président ne peut même pas intervenir même pour choisir un premier ministre qui lui convient.

Du coup, ses experts en communication lui ont  proposé de reprendre pour la énième fois l’idée d’une consultation.   » Les Français doivent trancher sur un certain nombre de sujets » a déclaré Macron sans préciser les formes de la consultation et encore moins leur objet. Preuve s’il en était qu’il s’agit uniquement d’une initiative politicienne visant à exister.

Le problème c’est que les référendums sont soumis à restrictions quant à leur objet et ne peuvent pas se substituer aux responsabilités des institutions. Le questionnement doit souvent tourner autour des questions d’évolution constitutionnelle. Comme déjà indiqué, Macron a déjà évoqué à plusieurs reprises le recours au référendum mais sans jamais tenir ses promesses. Le problème en effet c’est qu’il risque de perdre cette consultation très dangereuse qui pourrait se transformer en pour ou contre le départ du président. Aucun des récents présidents de la république n’a d’ailleurs voulu se soumettre à cet exercice dangereux.

Reste l’autre forme de consultation à savoir la convention citoyenne qui est à la démocratie ce que McDo est à la gastronomie. En effet il s’agit de choisir une petite centaine de citoyens environ savamment noyautés par des experts qui les orientent vers les perspectives préalablement définies. En fait il s’agit surtout d’une manière d’éviter de passer par l’obstacle des institutions et officielles vis-à-vis desquels Macron a toujours manifesté le plus profond mépris.

Les précédentes initiatives de convention citoyenne n’ont d’ailleurs pratiquement débouché sur rien du tout. Voir à cet égard le fameux grand débat qui n’a même pas été synthétisé !

Avec Macron, au mieux Une convention citoyenne bidon

Avec Macron, au mieux Une convention citoyenne bidon

 

Il est clair que le président de la république cherche de l’oxygène pour exister politiquement. En effet après la lamentable dissolution de l’Assemblée nationale, ses prérogatives se sont réduites comme peau de chagrin. En vérité le pouvoir a été transféré à un gouvernement instable et à une assemblée nationale complètement déstabilisée et immature. Et le président ne peut même pas intervenir même pour choisir un premier ministre qui lui convient.

Du coup, ses experts en communication lui ont  proposé de reprendre pour la énième fois l’idée d’une consultation.   » Les Français doivent trancher sur un certain nombre de sujets » a déclaré Macron sans préciser les formes de la consultation et encore moins leur objet. Preuve s’il en était qu’il s’agit uniquement d’une initiative politicienne visant à exister.

Le problème c’est que les référendums sont soumis à restrictions quant à leur objet et ne peuvent pas se substituer aux responsabilités des institutions. Le questionnement doit souvent tourner autour des questions d’évolution constitutionnelle. Comme déjà indiqué, Macron a déjà évoqué à plusieurs reprises le recours au référendum mais sans jamais tenir ses promesses. Le problème en effet c’est qu’il risque de perdre cette consultation très dangereuse qui pourrait se transformer en pour ou contre le départ du président. Aucun des récents présidents de la république n’a d’ailleurs voulu se soumettre à cet exercice dangereux.

Reste l’autre forme de consultation à savoir la convention citoyenne qui est à la démocratie ce que McDo est à la gastronomie. En effet il s’agit de choisir une petite centaine de citoyens environ savamment noyautés par des experts qui les orientent vers les perspectives préalablement définies. En fait il s’agit surtout d’une manière d’éviter de passer par l’obstacle des institutions et officielles vis-à-vis desquels Macron a toujours manifesté le plus profond mépris.

Les précédentes initiatives de convention citoyenne n’ont d’ailleurs pratiquement débouché sur rien du tout. Voir à cet égard le fameux grand débat qui n’a même pas été synthétisé !

Croissance France: mieux que prévu en 2024, selon l’OCDE

Croissance France:  mieux que prévu en 2024, selon l’OCDE

L’OCDE ’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) compte en France désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,1% contre 0,7% en mai.

Les instituts de prévision se rapprochent ainsi des dernières estimations du gouvernement (1%) mais ils restent néanmoins prudents sur la suite. Dopée par l’effet des Jeux olympiques, la consommation estivale a permis de soutenir l’activité dans l’Hexagone. Mais cet effet s’est limité principalement au troisième trimestre. La plupart des économistes alertent sur le coup de frein de la consommation tricolore. Traditionnel moteur de l’économie française, la consommation des ménages a fortement marqué le pas depuis l’envolée de l’inflation en 2022.

Cette chute de la consommation est en outre un mauvais signal pour les finances publiques. En effet, les taxes sur la consommation représentent un poste très important de recettes dans le budget de l’Etat. Or, c’est le commerce extérieur qui a tiré l’activité tricolore en 2024 en raison d’un rebond dans le secteur de l’aéronautique et de l’amélioration de la balance commerciale énergétique. Cette embellie sur le front des exportations est nettement moins favorables fiscalement.

 

Finances publiques: Faire mieux sans dépenser plus ! »( Moscovici)

Finances publiques: Faire mieux sans dépenser plus ! »( Moscovici)

 L’ancien ministre des Finances de François Hollande et ancien commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires ne mâche pas ses mots dans La Tribune . La France est au pied du mur et doit impérativement reprendre le contrôle de ses finances publiques. Il livre sa méthode et des pistes d’action pour y parvenir et appelle l’exécutif à faire preuve de courage politique pour faire prendre conscience aux Français de la gravité de la situation.

 La note de la France a été dégradée vendredi soir par l’agence Standard & Poor’s en raison de « déficits excessifs ». Est-ce grave ?

PIERRE MOSCOVICI - La dégradation de la France ne change pas profondément la donne. Notre signature reste de très bonne qualité. Mais il faut être lucide : même si cela n’avait pas été le cas, la gravité de la situation de nos finances publiques s’impose à nous, nous sommes au pied du mur. C’est pourquoi il faut prendre cet avertissement au sérieux.

Le ministre des Finances avance comme explication le poids de la dette Covid !
La note serait abaissée parce qu’il a fallu sauver les Français. C’est votre analyse ?

La Cour des comptes avait à l’époque de la crise sanitaire validé le « quoi qu’il en coûte » : quand la vie est en cause, on ne compte pas. Mais cet argument ne suffit pas, car des politiques comparables et tout aussi coûteuses ont été menées dans tous les pays d’Europe : si sauver des vies et l’économie était la seule cause de notre dégradation, toutes les finances publiques de nos partenaires seraient également visées ! Il y a hélas une spécificité française.

Dommage évidemment que Moscovici alors qu’il était au gouvernement n’est pas appliqué ses propres leçons de rigueur ! (Il a notamment été ministre des finances dans le gouvernement socialiste).

Faire mieux sans dépenser plus ! »( Moscovici)

Faire mieux sans dépenser plus ! »( Moscovici)

 L’ancien ministre des Finances de François Hollande et ancien commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires ne mâche pas ses mots dans La Tribune . La France est au pied du mur et doit impérativement reprendre le contrôle de ses finances publiques. Il livre sa méthode et des pistes d’action pour y parvenir et appelle l’exécutif à faire preuve de courage politique pour faire prendre conscience aux Français de la gravité de la situation.

 La note de la France a été dégradée vendredi soir par l’agence Standard & Poor’s en raison de « déficits excessifs ». Est-ce grave ?

PIERRE MOSCOVICI - La dégradation de la France ne change pas profondément la donne. Notre signature reste de très bonne qualité. Mais il faut être lucide : même si cela n’avait pas été le cas, la gravité de la situation de nos finances publiques s’impose à nous, nous sommes au pied du mur. C’est pourquoi il faut prendre cet avertissement au sérieux.

Le ministre des Finances avance comme explication le poids de la dette Covid !
La note serait abaissée parce qu’il a fallu sauver les Français. C’est votre analyse ?

La Cour des comptes avait à l’époque de la crise sanitaire validé le « quoi qu’il en coûte » : quand la vie est en cause, on ne compte pas. Mais cet argument ne suffit pas, car des politiques comparables et tout aussi coûteuses ont été menées dans tous les pays d’Europe : si sauver des vies et l’économie était la seule cause de notre dégradation, toutes les finances publiques de nos partenaires seraient également visées ! Il y a hélas une spécificité française.

Dommage évidemment que Moscovici alors qu’il était au gouvernement n’est pas appliqué ses propres leçons de rigueur ! (Il a notamment été ministre des finances dans le gouvernement socialiste).

La dictature russe convient mieux aux dictatures militaires du Sahel

la dictature  russe convient mieux aux dictatures militaires du Sahel 

. Général de brigade en retraite, docteur en histoire, ex-attaché de défense au Tchad et ancien du renseignement, le général (2S) Jean-Marc Marill analyse pour le JDD les dessous de l’éviction américaine du Niger.

Quelques jours après le putsch, l’adjointe au secrétaire d’État américain, Victoria Nuland, se rendait à Niamey. Que venait-elle chercher ?

Jean-Marc Marill. Après le putsch des militaires au Niger, en juillet 2023, et la condamnation par la France et par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis ont adopté un ton plus diplomatique afin de ne pas heurter frontalement le nouveau régime qui se mettait en place, et ainsi sauvegarder leurs relations avec le Niger. Je pense que la visite de Madame Nuland s’inscrivait dans cette démarche.

Qu’a-t-elle obtenu ?

Elle a dû chercher à obtenir des renseignements sur le futur des forces occidentales au Niger et la dissociation, dans l’esprit de la junte militaire nigérienne, entre les forces françaises et américaines. Le Niger, en exigeant le seul retrait des militaires français, permettait aux forces armées américaines déjà déployées depuis 2019 au Niger, de maintenir leur base d’Agadez, clé de voûte de leur architecture du renseignement au Sahel. Mais elle n’avait pas réussi à s’entretenir avec le chef des putschistes, Abdourahamane Tchiani, ni à rencontrer le président renversé, Mohamed Bazoum.

Où les Américains vont-ils repositionner leur base d’Agadez, grâce à laquelle ils surveillaient les mouvements des djihadistes dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest ?

L’abandon de la base d’Agadez serait dommageable pour le renseignement occidental. Au Tchad, les bases de Faya-Largeau, Abéché et N’Djamena seraient une alternative. Cependant, elles sont moins centrales que le Niger pour le renseignement.

Est-ce le signe que les Russes ont à nouveau le champ libre dans un nouveau pays d’Afrique de l’Ouest ?

La Russie bénéficie d’un rejet certain de l’Occident dans cette partie du monde. Le régime autoritaire russe convient mieux à des régimes militaires. Les États sahéliens putschistes ont, en outre, un passé marxiste pour certains, et beaucoup sont équipés de matériels soviétiques. Ces deux logiques aident la Russie à se réimplanter au Sahel et en Afrique francophone.

Comment voyez-vous l’avenir de la présence française au Tchad, vous qui avez conseillé le président Idriss Déby et même participé à la défense de la capitale contre un putsch en 2008 ?

Le Tchad pourrait être une prochaine étape pour la Russie. Le président par intérim Mahamat Idriss Déby, après un récent voyage à Moscou où il fut accueilli avec tous les honneurs, pourrait être tenté lui aussi de se rapprocher du président Poutine en cas de difficulté diplomatique avec Paris. La garde présidentielle tchadienne possède nombre d’équipements soviétiques. L’armée de l’air est équipée de Soukhoï Su-25, d’hélicoptères MI-35…

Société- L’école, c’était pas mieux avant !

Société- L’école, c’était pas mieux avant !

Un papier sur l’école pour condamner la nostalgie d’un modèle ancien et qui réussit un véritable exploit de parler d’enseignement sans jamais traiter de la dégradation dramatique des niveaux. ( Sans doute aussi la condamnation de l’évaluation ancienne aujourd’hui démodée). En tout cas, de quoi comprendre au second degré la crise de l’école.

 

Chercheur associé au Centre Amiénois de Recherche en Education et Formation (CAREF). Professeur agrégé d’histoire, Université de Picardie Jules Verne (UPJV) dans The Conversation 

 

On ne parle plus, dans les médias, de « retour » de l’uniforme pour qualifier l’expérience lancée par Gabriel Attal. Chacun commence à savoir que, dans les écoles publiques de France métropolitaine, les écoliers n’ont jamais été astreints au port de l’uniforme, ni même de la blouse.

Il reste que cette initiative, au milieu d’autres éléments de langage et de marqueurs symboliques, sur le « retour » aux fondamentaux ou la « restauration » de la discipline, semble faire système, contribuant à dessiner un modèle scolaire ancien, érigé aujourd’hui en référence du débat public. L’historien Claude Lelièvre rappelle régulièrement à quel point l’image de l’école passée est un pur fantasme et n’a guère de fondements historiques. Pourtant, ce qu’on aime à présenter comme « la tradition de notre école » s’est pour de bon imposé comme un repère positif.

Il n’en a pas toujours été ainsi. En menant une étude systématique de la presse nationale d’information générale, on voit que cette école traditionnelle n’était mentionnée dans les années 1960 que comme un repoussoir. Son progressif retour en grâce, à partir de 1968, est en fait une illustration très éclairante des limites de nos débats éducatifs.

Si, dans les années 1960, la dénonciation délibérément provocatrice du « faux prestige des humanités classiques » ou de rites comme le baccalauréat (qualifié de « mort en sursis » par le vice-recteur de l’Université de Paris lui-même, dans son allocution solennelle de rentrée de 1961) paraît si consensuelle, c’est peut-être parce que cette école-repoussoir est, hier comme aujourd’hui, bien peu définie par ceux qui la condamnent. C’est Raymond Aron qui, dans les colonnes du Figaro du 4 juin 1965, le dit le mieux :

« Les porte-parole officiels commencent tous leurs discours par les formules aujourd’hui à la mode et, en un sens, incontestables : “les structures craquent de toutes parts… L’enseignement doit suivre son époque… il faut adapter méthodes et programmes” […] Qui ne souscrirait à de tels propos, dont la vérité s’impose avec d’autant plus d’évidence que la portée en est plus équivoque ? En quoi consiste l’ »adaptation » ? Quelles sont “les structures qui craquent” ? »

Mais l’ambivalence joue aussi dans l’autre sens. En 1984, il suffit à Jean-Pierre Chevènement, devenu ministre de l’Éducation, de faire allusion, dans la lettre qu’il envoie pour la rentrée à tous les enseignants, à « la tradition de notre école, (qui) est l’une des plus belles qui soient », pour que la presse glose à loisir. Alors enfiévré par la publication de petits livres au ton vengeur accusant les « réformes » ou le « pédagogisme » d’avoir dénaturé une école passée désormais parée de toutes les vertus, le débat éducatif embraye facilement.

Un mot suffit ainsi à activer tout un univers de représentations qu’à partir de ce moment, on qualifie de « républicain » alors qu’il était jusqu’ici cantonné au monde conservateur. Il n’est pas jusqu’au nom de Jules Ferry, rarement cité avant 1983, qui ne reprenne du service, mais dorénavant pour exalter les mérites d’une école de la discipline et de la verticalité, donc bien loin de la vérité historique.

L’organisation en 2004 de la conférence de presse de rentrée de François Fillon dans un des musées de l’école qui se sont multipliés entre-temps vient ainsi fort logiquement illustrer l’enracinement d’un discours devenu banal : « (je suis) porteur d’une vision finalement assez simple de l’éducation : […] il faut restaurer l’autorité des maîtres d’hier » (Le Figaro Magazine, 11 septembre 2004.).

On le devine, cette référence à l’école d’autrefois, à laquelle on peut faire dire beaucoup de choses, sert des préoccupations plus politiques que pédagogiques.

Les anathèmes consensuels des années 1960 apparaissent comme un moyen d’éviter le vrai débat, à savoir ce qu’il faudrait faire face à ce que Louis Cros a appelé, dans un livre qui a fait date, « l’explosion scolaire ». La massification à l’œuvre, qui multiplie en dix ans les effectifs du collège par deux, ne suscite pas la réflexion qui aurait permis de lui trouver une réponse institutionnelle à la hauteur, et la dénonciation des archaïsmes semble être le seul moyen de mettre tout le monde d’accord.

Sous l’effet de l’ébranlement provoqué par les événements de Mai-68, la stabilité, face aux craintes de déstabilisation, devient brutalement une valeur désirable. On voit le ministre Olivier Guichard se féliciter publiquement en 1970 qu’il n’y ait pas cette année-là de réforme du baccalauréat, comme si l’absence de changement était devenue une vertu (Le Nouvel Observateur, 15 juin 1970), tandis qu’en 1973, le premier ministre, Pierre Messmer, se retrouve contraint de revenir sur ses propos lorsqu’il suggère que la disparition de cet examen « ne serait pas une catastrophe nationale ».

[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du mondeAbonnez-vous aujourd’hui]

La charge de la preuve s’est inversée : ce n’est plus désormais la défense du statu quo qui doit être justifiée, mais la volonté de réforme en profondeur qui est perçue comme un projet déraisonnable. Alors que la très sélecte association des Anciens des collèges et lycées se félicitait dans Le Figaro du 18 mai 1959, que « l’enseignement secondaire de papa (soit) mort », le même journal publie le 12 février 1980 une tribune de Guy Bayet, président de la Société des agrégés, sous le titre « Vive le bac de papa ! », illustrant le renversement du consensus.

En 1984, l’invention du « républicanisme » par Chevènement joue sur une demande d’ordre, et se diffusera avec succès au cours des années suivantes aux thèmes de la sécurité et de l’immigration.

Deux décennies plus tard, c’est à la droite que l’école traditionnelle fournit une base de refondation idéologique. Le référentiel libéral, auquel elle a longtemps lié son destin, a alors perdu de son efficience politique. De la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 à la fondation du parti Les Républicains en 2015, l’école devient un appui majeur d’un discours fondé désormais sur l’ordre et la tradition.

Pour que cette célébration de ce qu’on imagine être l’école d’autrefois aide à répondre aux questions que nous pose l’école d’aujourd’hui, il faudrait au moins que les mérites de celle-ci soient rigoureusement établis et non pas simplement fantasmés.

Ce qui a fait, en définitive, la réussite bien réelle de l’école de Jules Ferry, c’est sa capacité à ouvrir la société paysanne et ouvrière sur la modernité et sur l’extérieur bien plus que les coups de règle sur les doigts et l’apprentissage par cœur des listes de départements. Et c’est le consensus établi autour de ce projet cohérent qui a permis de susciter une dynamique à même de mettre à mal le modèle clérical jusque-là dominant. L’évocation de ce qui ressemble aujourd’hui surtout à une photo sépia peut-elle suffire à relancer un mouvement comparable ?

Quel fut, au fond, le vrai moteur de cette réinvention couronnée de succès d’une école qui n’a pas vraiment existé ? On pourrait fort bien la mettre au rang des « mythologies » de Roland Barthes, qui nous rappelle fort opportunément que la fonction de ces mythes est avant tout d’essentialiser une structure sociale qui bénéficie à ceux qui les entretiennent.

Dans les médias, entre 1983 et 2015, la réduction du débat scolaire au retour cyclique de la confrontation entre ceux qui veulent changer l’école et ceux qui veulent la « sauver » a fini par faire de ce modèle ancien, jamais vraiment décrit, une référence obligée, d’autant mieux naturalisée que, n’étant pas mise en débat, elle est généralement sous-entendue.

S’impose ainsi une confusion entre cette école mythique, le savoir et la République, comme si la remise en cause de l’une menaçait les deux autres. Confusion qui se fait au profit exclusif des personnalités médiatiques et intellectuelles qu’on a appelées « ceux qui aiment l’école » : ayant construit leur identité sur leur maîtrise de l’école à l’ancienne, ils ont continuellement attiré l’attention sur cette question en assurant l’encadrement intellectuel du débat dans la presse et l’édition.

« Ceux qui aiment l’école » se rassurent ainsi sur leur positionnement dans le champ intellectuel tandis que, dans le champ politique, des conservateurs, assumés ou non, peuvent qualifier de « républicain » leur tropisme nostalgique. Il va de soi que, ce faisant, on relègue au second plan l’enjeu de l’invention d’une école capable de faire face aux défis des inégalités sociales, de l’explosion des cultures médiatiques ou de l’internationalisation des savoirs.

L’école, c’était pas mieux avant !

 L’école, c’était pas mieux avant ! 

Un papier sur l’école pour condamner la nostalgie d’un modèle ancien et qui réussit un véritable exploit de parler d’enseignement sans jamais traiter de la dégradation dramatique des niveaux. ( Sans doute aussi la condamnation de l’évaluation ancienne aujourd’hui démodée). En tout cas, de quoi comprendre au second degré la crise de l’école.

 

Chercheur associé au Centre Amiénois de Recherche en Education et Formation (CAREF). Professeur agrégé d’histoire, Université de Picardie Jules Verne (UPJV) dans The Conversation 

 

On ne parle plus, dans les médias, de « retour » de l’uniforme pour qualifier l’expérience lancée par Gabriel Attal. Chacun commence à savoir que, dans les écoles publiques de France métropolitaine, les écoliers n’ont jamais été astreints au port de l’uniforme, ni même de la blouse.

Il reste que cette initiative, au milieu d’autres éléments de langage et de marqueurs symboliques, sur le « retour » aux fondamentaux ou la « restauration » de la discipline, semble faire système, contribuant à dessiner un modèle scolaire ancien, érigé aujourd’hui en référence du débat public. L’historien Claude Lelièvre rappelle régulièrement à quel point l’image de l’école passée est un pur fantasme et n’a guère de fondements historiques. Pourtant, ce qu’on aime à présenter comme « la tradition de notre école » s’est pour de bon imposé comme un repère positif.

Il n’en a pas toujours été ainsi. En menant une étude systématique de la presse nationale d’information générale, on voit que cette école traditionnelle n’était mentionnée dans les années 1960 que comme un repoussoir. Son progressif retour en grâce, à partir de 1968, est en fait une illustration très éclairante des limites de nos débats éducatifs.

Si, dans les années 1960, la dénonciation délibérément provocatrice du « faux prestige des humanités classiques » ou de rites comme le baccalauréat (qualifié de « mort en sursis » par le vice-recteur de l’Université de Paris lui-même, dans son allocution solennelle de rentrée de 1961) paraît si consensuelle, c’est peut-être parce que cette école-repoussoir est, hier comme aujourd’hui, bien peu définie par ceux qui la condamnent. C’est Raymond Aron qui, dans les colonnes du Figaro du 4 juin 1965, le dit le mieux :

« Les porte-parole officiels commencent tous leurs discours par les formules aujourd’hui à la mode et, en un sens, incontestables : “les structures craquent de toutes parts… L’enseignement doit suivre son époque… il faut adapter méthodes et programmes” […] Qui ne souscrirait à de tels propos, dont la vérité s’impose avec d’autant plus d’évidence que la portée en est plus équivoque ? En quoi consiste l’ »adaptation » ? Quelles sont “les structures qui craquent” ? »

Mais l’ambivalence joue aussi dans l’autre sens. En 1984, il suffit à Jean-Pierre Chevènement, devenu ministre de l’Éducation, de faire allusion, dans la lettre qu’il envoie pour la rentrée à tous les enseignants, à « la tradition de notre école, (qui) est l’une des plus belles qui soient », pour que la presse glose à loisir. Alors enfiévré par la publication de petits livres au ton vengeur accusant les « réformes » ou le « pédagogisme » d’avoir dénaturé une école passée désormais parée de toutes les vertus, le débat éducatif embraye facilement.

Un mot suffit ainsi à activer tout un univers de représentations qu’à partir de ce moment, on qualifie de « républicain » alors qu’il était jusqu’ici cantonné au monde conservateur. Il n’est pas jusqu’au nom de Jules Ferry, rarement cité avant 1983, qui ne reprenne du service, mais dorénavant pour exalter les mérites d’une école de la discipline et de la verticalité, donc bien loin de la vérité historique.

L’organisation en 2004 de la conférence de presse de rentrée de François Fillon dans un des musées de l’école qui se sont multipliés entre-temps vient ainsi fort logiquement illustrer l’enracinement d’un discours devenu banal : « (je suis) porteur d’une vision finalement assez simple de l’éducation : […] il faut restaurer l’autorité des maîtres d’hier » (Le Figaro Magazine, 11 septembre 2004.).

On le devine, cette référence à l’école d’autrefois, à laquelle on peut faire dire beaucoup de choses, sert des préoccupations plus politiques que pédagogiques.

Les anathèmes consensuels des années 1960 apparaissent comme un moyen d’éviter le vrai débat, à savoir ce qu’il faudrait faire face à ce que Louis Cros a appelé, dans un livre qui a fait date, « l’explosion scolaire ». La massification à l’œuvre, qui multiplie en dix ans les effectifs du collège par deux, ne suscite pas la réflexion qui aurait permis de lui trouver une réponse institutionnelle à la hauteur, et la dénonciation des archaïsmes semble être le seul moyen de mettre tout le monde d’accord.

Sous l’effet de l’ébranlement provoqué par les événements de Mai-68, la stabilité, face aux craintes de déstabilisation, devient brutalement une valeur désirable. On voit le ministre Olivier Guichard se féliciter publiquement en 1970 qu’il n’y ait pas cette année-là de réforme du baccalauréat, comme si l’absence de changement était devenue une vertu (Le Nouvel Observateur, 15 juin 1970), tandis qu’en 1973, le premier ministre, Pierre Messmer, se retrouve contraint de revenir sur ses propos lorsqu’il suggère que la disparition de cet examen « ne serait pas une catastrophe nationale ».

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La charge de la preuve s’est inversée : ce n’est plus désormais la défense du statu quo qui doit être justifiée, mais la volonté de réforme en profondeur qui est perçue comme un projet déraisonnable. Alors que la très sélecte association des Anciens des collèges et lycées se félicitait dans Le Figaro du 18 mai 1959, que « l’enseignement secondaire de papa (soit) mort », le même journal publie le 12 février 1980 une tribune de Guy Bayet, président de la Société des agrégés, sous le titre « Vive le bac de papa ! », illustrant le renversement du consensus.

En 1984, l’invention du « républicanisme » par Chevènement joue sur une demande d’ordre, et se diffusera avec succès au cours des années suivantes aux thèmes de la sécurité et de l’immigration.

Deux décennies plus tard, c’est à la droite que l’école traditionnelle fournit une base de refondation idéologique. Le référentiel libéral, auquel elle a longtemps lié son destin, a alors perdu de son efficience politique. De la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 à la fondation du parti Les Républicains en 2015, l’école devient un appui majeur d’un discours fondé désormais sur l’ordre et la tradition.

Pour que cette célébration de ce qu’on imagine être l’école d’autrefois aide à répondre aux questions que nous pose l’école d’aujourd’hui, il faudrait au moins que les mérites de celle-ci soient rigoureusement établis et non pas simplement fantasmés.

Ce qui a fait, en définitive, la réussite bien réelle de l’école de Jules Ferry, c’est sa capacité à ouvrir la société paysanne et ouvrière sur la modernité et sur l’extérieur bien plus que les coups de règle sur les doigts et l’apprentissage par cœur des listes de départements. Et c’est le consensus établi autour de ce projet cohérent qui a permis de susciter une dynamique à même de mettre à mal le modèle clérical jusque-là dominant. L’évocation de ce qui ressemble aujourd’hui surtout à une photo sépia peut-elle suffire à relancer un mouvement comparable ?

Quel fut, au fond, le vrai moteur de cette réinvention couronnée de succès d’une école qui n’a pas vraiment existé ? On pourrait fort bien la mettre au rang des « mythologies » de Roland Barthes, qui nous rappelle fort opportunément que la fonction de ces mythes est avant tout d’essentialiser une structure sociale qui bénéficie à ceux qui les entretiennent.

Dans les médias, entre 1983 et 2015, la réduction du débat scolaire au retour cyclique de la confrontation entre ceux qui veulent changer l’école et ceux qui veulent la « sauver » a fini par faire de ce modèle ancien, jamais vraiment décrit, une référence obligée, d’autant mieux naturalisée que, n’étant pas mise en débat, elle est généralement sous-entendue.

S’impose ainsi une confusion entre cette école mythique, le savoir et la République, comme si la remise en cause de l’une menaçait les deux autres. Confusion qui se fait au profit exclusif des personnalités médiatiques et intellectuelles qu’on a appelées « ceux qui aiment l’école » : ayant construit leur identité sur leur maîtrise de l’école à l’ancienne, ils ont continuellement attiré l’attention sur cette question en assurant l’encadrement intellectuel du débat dans la presse et l’édition.

« Ceux qui aiment l’école » se rassurent ainsi sur leur positionnement dans le champ intellectuel tandis que, dans le champ politique, des conservateurs, assumés ou non, peuvent qualifier de « républicain » leur tropisme nostalgique. Il va de soi que, ce faisant, on relègue au second plan l’enjeu de l’invention d’une école capable de faire face aux défis des inégalités sociales, de l’explosion des cultures médiatiques ou de l’internationalisation des savoirs.

Mieux encadrer l’ouverture des restaurants !

Mieux encadrer l’ouverture des restaurants ! 

 Philippe Etchebest, le chef, populaire et médiatique juré de Top Chef sur M6, voudrait que les ouvertures de restaurants soient mieux régulées. A la veille du Salon de l’agriculture, le cuisinier bordelais revient également sur la profonde crise que traverse la filière agricole et l’importance de consommer local, notamment dans les restaurants

Aviez-vous senti monter cette colère des agriculteurs et la comprenez-vous ?

PHILIPPE ETCHEBEST- Bien sûr, c’était quelque chose de latent. Il n’y a qu’à Paris que les gens ont été étonnés par cette crise. Je ne peux que soutenir les agriculteurs dans leur combat. J’en connais beaucoup, notamment près de ma ferme en Dordogne. Ce sont eux qui nourrissent les Français. Le jour où ils ne seront plus là, ça va faire bizarre ! J’ai regardé dimanche le magnifique film d’Edouard Bergeon Au nom de la Terre avec Guillaume Canet, où l’on voit à quel point le monde agricole souffre depuis des années.

 

Pour le consommateur, la question du prix est centrale. Faut-il beaucoup d’argent pour bien manger ?

Je ne le pense pas. Il y a des marchés dans toutes les villes de France, où l’on peut acheter des fruits et des légumes locaux à des prix raisonnables. C’est important également de respecter la saisonnalité des produits et de les « exploiter » au maximum, avec le moins de gaspillage possible. Peut-être que bien manger coûte au final un tout petit peu plus cher. Mais c’est un investissement car, en matière de santé, c’est autant de dépenses en moins en médicaments et en consultations chez le médecin.

En octobre dernier, la ministre déléguée en charge du commerce, de l’artisanat et du tourisme Olivia Grégoire a indiqué dans une interview à La Tribune Dimanche vouloir davantage mettre l’accent sur le « fait maison » dans les restaurants, avec l’obligation de signaler les plats non préparés sur place. Etes-vous satisfait ?

Avec Stéphane Manigold (ndlr : restaurateur parisien), nous étions à l’initiative de cette mesure. On en avait parlé à Emmanuel Macron lors du Salon de l’agriculture. Nous avons en France un savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier, il faut entretenir cette excellence, même si cela a un coût pour les restaurateurs. Car celui qui propose des plats faits maison a besoin de davantage de main d’œuvre que son concurrent qui les fait réchauffer dans un micro-ondes. C’est une bonne chose que le gouvernement ait pris conscience de cela et qu’il veuille aller plus loin que le label existant, qui n’est pas suffisant.

Quel est votre prochain combat ?

Il faut mieux encadrer les ouvertures de restaurants ! Aujourd’hui, n’importe qui peut en ouvrir un, en suivant une formation de seulement deux jours et demi ! Ça n’est pas possible de continuer ainsi ! Restaurateur, c’est un métier qui doit s’apprendre au cours de vraies études. D’autant qu’on a la chance d’avoir en France d’excellentes écoles. Ce n’est pas rien de donner à manger aux clients : il y a des risques sanitaires si on ne maîtrise pas tous les codes en matière d’hygiène. On l’a vu récemment avec plusieurs drames… Est-ce que vous iriez chez un dentiste qui n’a pas de diplôme ? Il est nécessaire de mettre en place un examen. Cela permettrait de préserver notre métier et notre savoir-faire.

On a pu vous entendre également ces dernières années sur la question des charges salariales…

Nous faisons un métier de service, qui nécessite beaucoup de personnel. Le coût de notre masse salariale est trop élevé aujourd’hui. Il faudrait réduire les charges et cela permettrait de mieux rémunérer nos collaborateurs. Sur le plan macro-économique, ça créerait un cercle vertueux car une hausse des salaires augmente ensuite la consommation. J’en ai parlé plusieurs fois à Bruno Le Maire. Il est nécessaire de récompenser ceux qui travaillent. Il y a des personnes qui n’arrivent pas à vivre de leur métier et d’autres qui vivent de ne pas travailler. Dans notre secteur, il y a de très belles perspectives d’évolution professionnelle… mais il faut nous aider.

Le palmarès du Guide Michelin 2024 sera dévoilé le 18 mars prochain. Espérez-vous une deuxième étoile ?

Je suis un compétiteur, donc la défaite n’est pas envisageable pour moi ! (rires). C’est un rendez-vous très important pour mes équipes également. Dans mon restaurant La Table d’Hôtes, mes gars n’y croyaient pas quand on a obtenu une étoile six mois seulement après son ouverture. Après, l’objectif est de toujours faire mieux. J’aspire bien sûr à avoir une deuxième étoile à Maison Nouvelle (ndlr : son deuxième restaurant bordelais étoilé). Est-ce que ça arrivera au mois de mars ? Ce n’est pas moi qui décide. Mais, vous savez, j’ai toujours pensé d’abord à être un bon chef, c’est ça qui m’importe le plus. Les étoiles sont venues ensuite.

La quinzième saison de Top Chef – où vous êtes juré depuis 2015 – débute sur M6 le 13 mars. Ne craignez-vous pas de faire la saison de trop ?

Il n’y aucune lassitude. Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas. La production nous réserve toujours des surprises concernant la mécanique du programme. On découvre également à chaque fois de nouvelles personnalités, avec des jeunes candidats dont la fraicheur et le culot nous nourrissent. Le jour où j’en aurai marre, j’arrêterai. La télé est une parenthèse dans ma carrière et elle se refermera un jour. Quand j’ai commencé mon premier tournage de Cauchemar en cuisine en 2010, je n’aurais jamais pensé que ça durerait si longtemps.

Cette émission a contribué à la « starification » des chefs, alors que ce n’était pas un métier très à la mode autrefois…

C’est vrai. C’était même considéré comme une « voie de garage » à mon époque. Quand un gamin ne pouvait pas continuer les études, il y avait soit la mécanique, soit la cuisine. Pourtant, c’est un métier d’art, avec un savoir-faire et une véritable tradition culturelle. Je trouve cela très positif que Top Chef ait contribué à mettre en avant ce métier et les valeurs qu’il véhicule.

Parmi les chefs médiatisés, vous êtes le plus populaires dans les sondages. Comment l’expliquez-vous, c’est votre côté grande gueule ?

Je ne cherche pas à plaire. Je pense que c’est cette authenticité que les téléspectateurs apprécient. Je suis direct et sans tabou. Et quand je parle, ça a le mérite d’être compréhensible par tout le monde. Mais il ne faut pas non plus me cantonner à mes coups de gueule. Les gens qui viennent dans mes restaurants sont surpris par le calme ambiant et parfois presque déçus de ne pas m’entendre brailler (rires). Il y a l’image qu’on renvoie et celui qu’on est vraiment.

Avec toutes vos activité (programmes télé, musique, missions humanitaires…), est-ce que vous avez vraiment le temps d’être derrière les fourneaux de vos restaurants ?

Ça serait mentir de vous dire que j’y suis à 100%. On essaie d’organiser au mieux les tournages de mes émissions et mon planning afin que cela ne pénalise pas mon activité de restaurateur. Mais même quand je ne suis pas physiquement présent au Quatrième mur, je fais un Facetime avec les clients au moment de l’apéritif. Cela me permet d’échanger avec eux pendant cinq minutes. Ils sont très touchés par cette attention.

Macron ferait mieux d’imiter Attal

Macron ferait mieux d’imiter Attal

Peut-on émerger d’un camp qui s’effondre ? Nicolas Sarkozy avait réussi pareille gageure entre 2002 et 2007 en prospérant sur les décombres du chiraquisme. Gabriel Attal, 34 ans, nouvelle star de la politique, est-il en train de mettre ses pas dans ceux de l’ex-président ? Il y a incontestablement du « Sarko » chez le plus doué des macronistes. Dans sa façon de bousculer le « mammouth » de l’Éducation nationale, réputé irréformable, le ministre fait penser à celui qui fut premier flic de France et imprima son style jusqu’à devenir incontournable pour l’élection présidentielle suivante. Bien sûr, Gabriel Attal en est loin. Il a néanmoins franchi un cap en doublant Édouard Philippe dans un palmarès des personnalités politiques préférées des Français.

d’aprés Bruno jeudi, éditorialiste dans La Tribune

L’ancien député des Hauts-de-Seine n’en finit pas de déjouer les pronostics depuis son installation à la tête du ministère. Certes, il s’est attaqué à des questions périscolaires symboliques (la laïcité, le harcèlement, le calendrier du bac…), mais ses 150 premiers jours sont de bon augure. Sa réactivité et sa propension à résoudre ce que son prédécesseur a laissé sans solution séduisent l’opinion. Gabriel Attal échappe à la critique car il ne fait pas du « en même temps ». Il interdit le port de l’abaya. Elle disparaît du jour au lendemain. Le niveau des élèves baisse selon le classement Pisa. Le ministre ne se réfugie pas dans le déni. Il sort un plan avec mise en place de mesures immédiates. Bref, l’inverse du chef de l’État, qui procrastine et semble totalement enlisé sur bien des dossiers, de l’immigration à la fin de vie.

Suffit-il de constater que notre système éducatif va de mal en pis pour être un grand
ministre ? L’allant, la lucidité et le verbe haut et tranchant d’Attal ne sauraient à eux seuls apaiser les blessures et inquiétudes des professeurs et les incertitudes des élèves.
Le port de l’uniforme n’est-il pas dérisoire face à une institution qui n’éduque, n’instruit plus ? Les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard exigent du corps professoral du courage et une intransigeante défense des valeurs républicaines et humanistes. Comme un élève prometteur, Attal doit être encouragé à la fin du premier trimestre…

Les félicitations viendront, peut-être, au troisième si son étoile n’a pas pâli d’ici là. « Celui qui est maître de l’éducation peut changer la face du monde », disait le philosophe Leibniz. Pour Attal, ça pourrait aussi être la face de la France si les électeurs décidaient, en 2027, de faire un saut générationnel.
D’une manière ou d’une autre, ce jeune homme pressé comptera.

Au lieu de s’agiter Macron ferait mieux d’imiter Attal

Au lieu de s’agiter Macron ferait mieux d’imiter Attal

Peut-on émerger d’un camp qui s’effondre ? Nicolas Sarkozy avait réussi pareille gageure entre 2002 et 2007 en prospérant sur les décombres du chiraquisme. Gabriel Attal, 34 ans, nouvelle star de la politique, est-il en train de mettre ses pas dans ceux de l’ex-président ? Il y a incontestablement du « Sarko » chez le plus doué des macronistes. Dans sa façon de bousculer le « mammouth » de l’Éducation nationale, réputé irréformable, le ministre fait penser à celui qui fut premier flic de France et imprima son style jusqu’à devenir incontournable pour l’élection présidentielle suivante. Bien sûr, Gabriel Attal en est loin. Il a néanmoins franchi un cap en doublant Édouard Philippe dans un palmarès des personnalités politiques préférées des Français.

d’aprés Bruno jeudi, éditorialiste dans La Tribune

L’ancien député des Hauts-de-Seine n’en finit pas de déjouer les pronostics depuis son installation à la tête du ministère. Certes, il s’est attaqué à des questions périscolaires symboliques (la laïcité, le harcèlement, le calendrier du bac…), mais ses 150 premiers jours sont de bon augure. Sa réactivité et sa propension à résoudre ce que son prédécesseur a laissé sans solution séduisent l’opinion. Gabriel Attal échappe à la critique car il ne fait pas du « en même temps ». Il interdit le port de l’abaya. Elle disparaît du jour au lendemain. Le niveau des élèves baisse selon le classement Pisa. Le ministre ne se réfugie pas dans le déni. Il sort un plan avec mise en place de mesures immédiates. Bref, l’inverse du chef de l’État, qui procrastine et semble totalement enlisé sur bien des dossiers, de l’immigration à la fin de vie.

Suffit-il de constater que notre système éducatif va de mal en pis pour être un grand
ministre ? L’allant, la lucidité et le verbe haut et tranchant d’Attal ne sauraient à eux seuls apaiser les blessures et inquiétudes des professeurs et les incertitudes des élèves.
Le port de l’uniforme n’est-il pas dérisoire face à une institution qui n’éduque, n’instruit plus ? Les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard exigent du corps professoral du courage et une intransigeante défense des valeurs républicaines et humanistes. Comme un élève prometteur, Attal doit être encouragé à la fin du premier trimestre…

Les félicitations viendront, peut-être, au troisième si son étoile n’a pas pâli d’ici là. « Celui qui est maître de l’éducation peut changer la face du monde », disait le philosophe Leibniz. Pour Attal, ça pourrait aussi être la face de la France si les électeurs décidaient, en 2027, de faire un saut générationnel.
D’une manière ou d’une autre, ce jeune homme pressé comptera.

Afrique : des pays qui se portent mieux

Afrique : des pays qui se portent mieux

Dans une longue interview dans la Tribune Jihad Azour, directeur de la région Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale et Luc Eyraud, chef de division en charge des études économiques sur la zone Afrique subsaharienne, Signale que des pays en Afrique ce porte mieux en dépit du ralentissement international (extrait)


Pour la première fois, le FMI a publié un rapport spécial sur l’ensemble du continent – en plus des traditionnelles perspectives économiques sous-régionales – soulignant notamment les perturbations liées au séisme survenu au Maroc, aux inondations en Lybie et au cyclone au Malawi. Pour quelles raisons ? Est-ce la première édition d’autres publications à venir ?

JIHAD AZOUR – La tenue sur le continent africain – plus précisément au Maroc – des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, 50 ans après leur organisation au Kenya, était pour nous une occasion exceptionnelle de marquer cet anniversaire en donnant une image globale de l’Afrique. D’autant que nous croyons fermement que ce continent, avec son potentiel, mérite d’avoir à la fois une vue d’ensemble. Il s’agit également à travers ce rapport, de renforcer les échanges et l’information entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord. Récemment d’ailleurs, nous avons fait plusieurs publications panafricaines : sur le commerce et l’importance du libre-échange, la question climatique, etc. Nous en ferons de plus en plus, afin de montrer le potentiel du continent dans sa globalité et soulever les questions qui sont pertinentes pour les deux rives de l’Afrique.

Malgré le recul de la croissance du continent que vous prévoyez globalement à 3,15% (3% en Afrique du Nord et 3,3% au Sud du Sahara) en 2023 contre 3,9% l’an dernier, l’Afrique reste au-dessus de la moyenne mondiale (3%), loin devant l’Europe (0,7%) et l’Amérique (2,2%). Quels sont les pays qui portent cette dynamique ?

JIHAD AZOUR : L’année 2023 est une année de transition. Il y a eu une forte reprise après la crise Covid, surtout en 2022 où les taux de croissance étaient élevés. Cependant, la lutte contre l’inflation aux niveaux mondial et national, mais aussi le ralentissement économique qu’ont connu certaines zones du monde, ont pesé sur l’Afrique du Nord. En dépit de cela, le niveau de croissance était meilleur que dans certains autres pays du monde grâce à plusieurs éléments : le premier est en lien avec le dynamisme observé dans quelques pays ou dans certains secteurs. Le secteur du tourisme, à titre d’exemple, a bénéficié d’une reprise assez forte en 2023. Le secteur agricole a partiellement permis à la Tunisie et au Maroc d’avoir une croissance meilleure. Un pays comme l’Égypte – qui dispose d’une grande économie et d’un fort potentiel – a connu un ralentissement cette année, mais les perspectives pour l’année prochaine présagent une reprise de la croissance. La dynamique est donc portée par quelques secteurs et par quelques pays. En outre, la hausse du prix du pétrole et du gaz a permis à un pays comme l’Algérie de voir son secteur énergétique reprendre des couleurs en 2023.

LUC EYRAUD – En Afrique subsaharienne de manière générale, les pays qui s’en tirent le mieux ont une structure de production diversifiée et maintiennent un rythme de croissance d’à peu près 6%, si on prend la moyenne 2022, 2023, 2024. En revanche, les pays producteurs de matières premières – dont le rythme de croissance sur la période affiche une moyenne proche de 3% – sont plutôt ceux qui s’en tirent le moins bien. On a donc quasiment une croissance deux fois plus forte dans les pays diversifiés par rapport aux pays dont l’économie est fondée sur l’exploitation des matières premières. Il est toutefois intéressant de noter que cette divergence de performance entre ces deux groupes existe depuis au moins le début des années 2010. Celle-ci s’est maintenue et ne devrait pas changer de sitôt selon nos projections. En 2023 à titre d’exemple, des pays diversifiés comme la Côte d’Ivoire, le Mozambique ou le Rwanda sont au top de la distribution de la croissance. Au bas du tableau, figurent soit des pays fragiles, soit des pays producteurs de matières premières, mais aussi l’Afrique du Sud qui a une croissance très faible cette année suite à ses problèmes électriques.

Luc Eyraud

La diversification est donc la clé de la croissance en Afrique…

LUC EYRAUD : Tout à fait. Je dirais deux choses : premièrement, la diversification est très importante, mais c’est un objectif de moyen terme. Un pays ne peut pas se diversifier du jour au lendemain. Ainsi, les pays riches en matières premières devront commencer par améliorer la gestion de leurs ressources, le Botswana montre l’exemple. Cela implique plus de transparence, une meilleure gouvernance, une lutte plus évidente contre la corruption, des politiques d’amélioration de la compétitivité et de la gestion des charges du secteur public, en favorisant l’émergence du secteur privé, ainsi que la mise en œuvre de stratégies claires de diversification. Tout cela, afin d’éviter ce qu’on appelle dans le jargon « la malédiction des ressources naturelles ».

Gaz: Mieux évaluer le potentiel de la biomasse

Gaz: Mieux évaluer le potentiel de la biomasse

Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables (SER), plaide pour qu’un travail transparent sur l’évaluation du potentiel d’énergie issue de la biomasse, c’est-à-dire des matières organiques comme le bois ou les résidus agricoles. À noter aussi que le président du syndicat des énergies renouvelables mais la pédale douce sur les éoliennes de plus en plus contestées. (dans la Tribune)

L’étude au Parlement de la première loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC), qui était initialement prévue à l’été, puis à l’automne, pourrait une nouvelle fois être décalée en janvier 2024. Ce glissement de calendrier vous inquiète-t-il ?

JULES NYSSEN. Depuis la rentrée, une petite musique tourne sur le fait qu’il n’y aurait pas de place dans l’agenda parlementaire d’ici à la fin de l’année. S’y ajoute une discussion plus politique sur la capacité du gouvernement à trouver une majorité pour faire voter le texte. Nous avons trois craintes par rapport à cela : d’une part que les ambitions de la loi soient revues à la baisse, d’autre part que la loi soit décalée trop loin dans l’agenda et, enfin, qu’elle soit carrément supprimée ou vidée de sa substance.

Nous estimons, que le volet production, au moins, doit faire l’objet d’une programmation législative, car il s’agit de choix qui engagent la structuration de notre système de production énergétique pour des décennies, bien au-delà de l’échéance 2030-2035. Par ailleurs, ce sont des sujets sur lesquels de gros investissements en capital doivent être mobilisés, ce qui nécessite de la visibilité dans la durée. Enfin, il faut que les industriels qui développent des projets de gigafactories [notamment de panneaux photovoltaïques, ndlr] aient, eux aussi, de la visibilité et qu’ils puissent mesurer l’ambition que se donne la France.

Davantage d’éléments de cette programmation pourraient passer par voie réglementaire…

On dit qu’une loi se fait et se défait, mais un règlement est encore plus facile à défaire ! Par ailleurs, il est important d’engager le Parlement sur ces sujets. Avec une version réglementaire, on restera dans un régime d’instabilité. Une loi a d’autant plus de sens que nous avons besoin d’adhésion dans un pays où développer des énergies renouvelables n’est pas facile sur le plan de l’acceptabilité. Si les outils de programmation étaient pris par voie réglementaire, ce sera facile de dire ensuite qu’ils ne reposent pas sur un consensus.

Concrètement, qu’attendez-vous du texte en termes de contenu ?

D’abord, la planification écologique doit se décliner à travers deux dimensions : la partie production, et la partie consommation. Pour l’instant, j’ai l’impression que les débats les plus attendus portent sur la consommation, car celle-ci renvoie à la question de l’accompagnement social, c’est-à-dire aux mesures qui devront permettre à chacun de supporter le coût individuel de cette transition.

Même si je ne sous-estime pas l’importance et la complexité de ce volet, j’espère qu’il n’effacera pas l’attention que nous devons aussi porter à la partie production, avec des objectifs concrets en termes de décarbonation de notre mix énergétique. C’est nécessaire, car 60% de nos besoins énergétiques reposent encore sur les combustibles fossiles ! L’enjeu, c’est donc de s’en débarrasser absolument.

Pour les nouvelles chaudières à gaz, le gouvernement a évoqué l’interdiction dès 2026 avant de faire marche arrière ?

Je ne dis pas qu’il faut le sauver à tout prix, mais je dis juste que, avant de prendre des décisions radicales, on a besoin de faire cette évaluation. Autrement dit, ne sacrifions pas le réseau de gaz avant d’évaluer le potentiel de biomasse. Il y a un sujet autour du gaz renouvelable [le biométhane issu de la fermentation de matières organiques, comme les résidus de culture ou les effluents, ndlr] à injecter dans les réseaux. Je crois que le gouvernement n’en fait pas mystère : son souhait, c’est d’accélérer le remplacement des chaudières au gaz, en faisant semblant que celles-ci ne fonctionnent qu’au gaz fossile. Ce qui le conduit sans doute à essayer de modérer les ardeurs de production de biométhane injectée dans les réseaux.

Mieux évaluer l’accessibilité aux soins

Mieux évaluer l’accessibilité aux soins


Les initiatives locales ou nationales destinées à l’améliorer sont nombreuses. Encore très récemment, une proposition de loi contre les déserts médicaux déposée à l’Assemblée nationale suggérait par exemple de contraindre l’installation des médecins dans des territoires sous dotés : cette dernière serait soumise, pour les médecins et les chirurgiens-dentistes, à une autorisation délivrée par les Agences régionales de santé (ARS). L’accessibilité aux soins est, de manière générale, évaluée par l’adéquation spatiale entre l’offre et la demande de soins. Mais si, pour mesurer cette adéquation, l’offre de soins dans les territoires est relativement bien connue (notamment grâce à une bonne connaissance de la densité de médecins généralistes ou spécialistes et des temps d’accès des patients à ces praticiens), la demande de soins est souvent simplement estimée d’après le nombre potentiel de patients d’un territoire et leur âge. Or ces deux données préjugent assez peu de leurs besoins effectifs de soins ou de leurs contraintes de déplacement (logistiques, familiales, professionnelles…). Dès lors, dans des territoires qualifiés de « sous dotés », l’accès aux soins est très variable : il n’est pas systématiquement difficile… tout comme dans des territoires suffisamment dotés, il n’est pas automatiquement plus aisé.

Il convient donc de dépasser une lecture simplificatrice liant uniquement densité des ressources médicales et accessibilité.

par Laurent Mériade
Professeur des Universités en sciences de gestion – Titulaire de la chaire de recherche « santé et territoires » – IAE, Université Clermont Auvergne (UCA)

Corinne Rochette
Professeure des universités en management public et de la santé HDR, Titulaire de la chaire de recherche Santé et territoires, IAE- Université Clermont Auvergne, Université Clermont Auvergne (UCA)

Éric Langlois
Ingénieur d’études en géomatique, docteur en géographie, UMR Territoires, Université Clermont Auvergne, Université Clermont Auvergne (UCA)

Milhan Chaze
Ingénieur de recherche en géographie dans the Conversation

Pour rendre compte des difficultés réelles d’accès aux soins, une lecture véritablement centrée sur le patient est préférable. C’est ce que permet l’étude du parcours de soins, qui renvoie aux soins (soins hospitaliers et de ville) et aux services de santé connexes (pharmacie, radiologie, laboratoire) nécessaires à la prise en charge d’une pathologie. Il a l’avantage de fournir une description détaillée des besoins en soins, de questionner leur articulation et d’inclure la dimension spatiale indissociable de la notion de parcours.

L’Accessibilité potentielle localisée (APL), un indicateur incontournable

Les principales mesures des difficultés d’accès aux soins utilisées en France reposent essentiellement sur des indicateurs de densité médicale et de temps d’accès au professionnel de santé le plus proche.

Ces mesures ont l’avantage de fournir une information synthétique et claire. Cependant, elle présente des limites importantes : les données de densité fournissent un chiffre global, pour le territoire dans son ensemble, mais elles ne restituent pas la variabilité de l’accès aux soins sur ce territoire. En effet, le fait qu’un patient se trouve à moins de 10 minutes d’un médecin généraliste ne préjuge pas de sa capacité et possibilité réelle à accéder à cette ressource médicale.

Pour dépasser ces limites, la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont développé l’indicateur d’accessibilité aux soins : l’accessibilité potentielle localisée (APL).

Cet indicateur prend en considération la disponibilité des médecins généralistes libéraux sur un « bassin de vie », défini par l’Insee comme le plus petit territoire au sein duquel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. La France métropolitaine est ainsi constituée de 2 739 bassins de vie comprenant chacun en moyenne 23 300 habitants.

L’APL intègre une estimation de l’activité des médecins ainsi que des besoins en matière de santé définis notamment en fonction de l’âge de la population locale. Il est donc plus précis que les indicateurs de densité médicale ou de temps d’accès au médecin le plus proche. L’APL est exprimée en nombre d’ETP (équivalents temps plein) de médecins présents sur un bassin de vie, et peut être convertie en un temps moyen d’accès à ces médecins (exprimé en minutes).

L’APL a été au départ principalement calculée pour les médecins généralistes libéraux, elle est maintenant également déterminée pour chacun des autres professionnels de santé de premier recours : infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres, psychiatres et sages-femmes.

Les « déserts médicaux » constituent sans doute l’expression la plus visible, dans le débat public, des différents modes de calcul de l’APL. L’APL permet en effet de calculer, pour chaque bassin de vie, un nombre moyen de consultations annuelles accessibles (potentielles) pour chaque habitant en tenant compte notamment du nombre d’ETP de médecins présents sur le bassin de vie, du temps moyen d’accès et du recours moyen au service de ces médecins par les patients.

Pour qu’un bassin de vie soit qualifié de désert médical (ou « territoire sous dense » en offre de santé), la DREES retient un seuil minimum de 2,5 consultations accessibles par an et par habitant.

Selon une estimation récente de la DREES, 9 % de la population française réside dans des territoires « sous denses », soit environ 6 millions de personnes. Mais il existe des disparités importantes selon les régions : 29 % de la population de la Guyane ou 25 % de celle de la Martinique vivent dans un désert médical, 16 % des habitants du Val-de-Loire, 15 % de la population corse contre seulement 4 % des habitants de Hauts-de-France et 3 % de ceux de la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Mesurer l’accessibilité aux soins à partir des ETP de professionnels de santé ou du temps d’accès à ces professionnels renseigne de manière assez exhaustive sur l’offre de soins présente sur un bassin de vie. En revanche, cela nous informe assez peu sur la demande de soins qui, elle, dépend des besoins réels des patients.

Dans deux articles récents, nous démontrons qu’aux côtés du calcul de l’APL, l’analyse fine des parcours de soins des patients contribue à mieux appréhender la demande réelle de soins. Nos travaux nuancent alors le découpage assez binaire de la carte de France en territoires « sous denses » d’un côté et « suffisamment denses » de l’autre.

L’analyse des parcours de soins : la clef pour accéder aux difficultés réelles des patients
Dans un premier article de recherche, nous avons identifié le rôle du parcours de soins en montrant en quoi il peut être révélateur de l’accentuation ou de la réduction des difficultés d’accès aux soins en proposant une lecture territorialisée de ce parcours et une première catégorisation des situations.

Les principales caractéristiques de ce parcours (types de soins, localisation des professionnels de santé, nombre de déplacements à effectuer, modes de déplacements accessibles) nous renseignent sur des contraintes complémentaires d’accessibilité aux soins auxquelles sont confrontés les patients.

Dans un deuxième article de recherche, à partir d’une méthodologie de cartographie géographique, nous avons croisé les données mobilisées pour le calcul de l’APL (densité médicale, activité des médecins et temps d’accès à ces professionnels) avec les données relatives aux parcours de soins d’une cohorte de 1800 patientes prises en charge pour un cancer du sein dans un établissement spécialisé de l’ex-région Auvergne.

Cette approche dynamise et enrichit l’analyse de l’accessibilité aux soins en démontrant notamment que les difficultés d’accès ne sont pas systématiquement concentrées dans des déserts médicaux plutôt situés en zones excentrées ou rurales.

Elle permet d’identifier quatre principales catégories de parcours de soins, pouvant apparaître dans des territoires « sous denses » en offre de santé comme dans des bassins de vie suffisamment « denses » :

Les parcours de soins aisés : dans les aires urbaines des grandes agglomérations et des petites villes proches, marquées par un accès aisé à l’ensemble des services de soins (classe 2).

L’accessibilité aux hôpitaux : dans les aires urbaines des villes moyennes qui abritent un centre hospitalier pouvant prendre ponctuellement le relais de l’établissement spécialisé de la région (classe 1).

L’accessibilité aux professionnels de santé : dans les territoires ruraux où la distance et/ou la fréquence des déplacements rendent malaisée l’accessibilité aux services hospitaliers, mais où l’accès aux services de proximité est bon (classe 3).

Les parcours éloignés : dans les territoires ruraux ou périurbains où, selon les cas, la distance, la fréquence des déplacements ou la faiblesse des moyens de déplacement peuvent rendre malaisée l’accessibilité à l’ensemble des services de soins (classe 4).

Quelles perspectives pour l’amélioration de la prise en charge ?

En intégrant les difficultés vécues par les patients, le croisement de données spatiales sur l’offre de soins avec celles provenant du parcours de soins permet une lecture plus dynamique de leur accès effectif aux soins.

Il en résulte une modification de la réalité de terrain au sein des territoires. Ainsi, dans l’exemple auvergnat étudié, l’accessibilité aux services de soins dans les Combrailles ou le Livradois peut être malaisée malgré la relative proximité de Clermont-Ferrand.

Cela pousse à nuancer l’efficacité de certaines solutions mises en œuvre pour réduire ces difficultés : aides financières ou contraintes à l’installation de médecins, exercice en maisons de santé, contrats de praticien territorial de médecine générale, télémédecine, téléconsultation… Ces solutions devraient intégrer une lecture du parcours du patient.

En effet, d’une part, les quatre catégories de parcours de soins identifiés dans notre étude montrent combien l’accessibilité peut être diffuse dans les territoires qu’ils soient « denses » ou « sous denses », et combien celle-ci est dépendante de caractéristiques médicales et socio-économiques des patients.

Cette constatation renforce l’idée que les territoires de santé ne peuvent pas être appréhendés d’une manière principalement comptable, trop abstraite. Il est nécessaire de les aborder comme des espaces vécus où besoins et offre de soins s’agencent à partir des caractéristiques du territoire et de sa patientèle.

D’autre part, ces résultats suggèrent d’associer aux nombreuses mesures politiques ou managériales appliquées la gestion des parcours de soins. Ce qui est déjà réalisé, de manière très étendue, dans de nombreux pays développés. Ce sont par exemple le cas avec les infirmières pivots au Canada ou les case managers – gestionnaires de cas – aux États-Unis, en Suisse ou encore au Royaume-Uni.

Pour cela, en France, il y a probablement à penser la place que peuvent occuper certains professionnels de santé, situés au plus près de ces parcours, tels que les infirmier·e·s en pratiques avancées exerçant en maisons de santé, hôpitaux ou établissements médico-sociaux.

Croissance mondiale : moins bien en 2023 mais mieux en 2024 (FMI)

Croissance mondiale : moins bien en 2023 mais mieux en 2024 (FMI)

Le fonds monétaire international comme d’ailleurs la plupart des autres institutions concernant les prévisions économiques révisent encore en baisse sa prévision de croissance pour 2023 mais promet que les choses iront mieux pour 2024. Une espérance sans doute davantage qu’une prévision. En effet, il faudra aussi compter avec l’environnement géo stratégique et avec l’emballement de l’inflation qui pourrait créer certains risques.

Le Fonds monétaire international (FMI) a légèrement révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2023 mais s’attend à ce que les principales régions économiques évitent la récession, selon les données publiées mardi à l’occasion de ses réunions de printemps. L’institution anticipe désormais une croissance mondiale de 2,8% en 2023, en léger recul par rapport à son estimation précédente en janvier (-0,1 point de pourcentage).

Les réveils de la croissance en Chine et en Inde participent pour une grande part à la croissance 2023; La croissance chinoise va de nouveau jouer un rôle de moteur pour la croissance mondiale pour 2023, à 5,2%, mais ralentir dès 2024, à 4,5%, une de ses croissances les plus faibles des 30 dernières années, en dehors de 2020 avec la pandémie, et 2022 avec la politique zéro-Covid.

Mais la plupart des pays, un retour à la normale n’est pas encore en vue. En cause notamment, l’inflation, qui devrait rester importante en 2023, autour de 7% au niveau mondial, mais surtout parce que l’inflation sous-jacente – hors prix des aliments et de l’énergie, par nature plus fluctuants – reste mal orientée. À cela viennent s’ajouter les soubresauts récents du secteur financier, en particulier aux États-Unis, après la faillite de trois banques régionales, et en Suisse, avec le rachat précipité de Credit Suisse par son concurrent UBS, sur fond de hausse des taux par les banques centrales, précisément pour lutter contre l’inflation. «Les risques ont, de nouveau, pesé lourdement à la baisse sur la croissance et en grande partie du fait des turbulences financières des dernières semaines», a souligné Le fonds monétaire international.

Dans le détail, le FMI révise à la hausse ses prévisions de croissance pour les États-Unis en 2023, à 1,6% (+0,2 point), ainsi qu’en 2024, à 1,1% (+0,1 point). Elles restent inchangées pour la France concernant 2023, à 0,7%, mais sont en léger recul pour 2024, à 1,3% (-0,3 point). La zone euro pourrait faire mieux qu’initialement anticipé (+0,1 point) en 2023, à 0,8%, sous l’effet d’une croissance qui s’annonce plus élevée en Espagne et en Italie. Elles s’améliorent aussi au Royaume-Uni, qui devrait cependant terminer l’année en récession, comme attendu depuis octobre dernier, mais à un niveau moindre que prévu: -0,3% alors que le FMI prévoyait encore -0,6% en janvier.

L’Allemagne en revanche Va cependant tutoyer la récession (+0,1%), la première économie européenne est désormais attendue en léger repli (-0,1%).

Pour 2024, le FMI ne modifie pas sa prévision de croissance mondiale, à 3,0%. Mais sans triomphalisme, comme l’a rappelé Kristalina Georgieva: «Nous nous attendons à une croissance autour de 3% durant les cinq prochaines années, notre plus faible perspective à moyen terme depuis 1990».

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