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Poutine veut mettre les oligarques ou pas

Poutine veut mettre les oligarques ou pas

 

Il est probable que le conflit en Ukraine va te être l’occasion d’un grand nettoyage interne en Russie dans l’administration, dans l’armée mais aussi dans l’économie ou les oligarques régnaient en maître ( avec la complicité de Poutine). Poutine  en effet demande désormais officiellement que les oligarques se prononcent clairement pour la guerre contre l’Ukraine.

« Je ne condamne pas ceux qui ont une villa à Miami ou sur la Côte d’Azur, qui ne peuvent pas se passer de foie gras, d’huîtres ou de la soi-disant liberté des genres. Mais le problème est que beaucoup de ces personnes sont mentalement là-bas et pas ici, avec notre peuple » : c’est en ces termes que Vladimir Poutine a mis en garde, mercredi dernier, les oligarques russes. Le propos est clair, soit vous êtes avec nous, soit le pays vous rejettera, comme il rejettera les « traîtres nationaux » de la « cinquième colonne » sur laquelle compte l’Occident pour « tenter de diviser notre société ».

 

Mettre la santé au centre de toute décision politique

Mettre la  santé au centre de toute décision politique 

 

Les déterminants sociaux jouent un rôle majeur sur l’état de santé de la population, rappellent, dans une tribune au « Monde », une trentaine de chercheurs, de praticiens de santé publique et d’élus, qui demandent que soit « obligatoire ou au minimum exigible » l’évaluation de l’impact sur la santé des lois et projets en matière d’éducation, de logement ou de transports.

 

Tribune. 

 

Nous, chercheurs, enseignants, professionnels de terrain, décideurs, responsables associatifs, considérons que la santé publique telle qu’elle est mise en œuvre est désormais inadéquate et obsolète. Elle ne répond plus à son objectif de base : la santé pour tous, quel que soient son âge, sa condition sociale, son genre, son niveau d’éducation, son origine…

Les stratégies actuelles de santé publique ne sont que des sparadraps incapables d’endiguer la dégradation de la santé et l’accroissement des inégalités. La protection et le bien-être de toute la population sont des exigences pour tous les responsables politiques, comme le rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS, charte de Genève/OMS). Deux axes sont fondamentaux pour orienter une politique de santé publique moderne et efficace.

 

Notre première proposition s’appuie sur des faits. La santé et le développement des enfants sont dépendants de la précarité économique des parents, du type d’éducation, du réseau social les entourant, du logement, du quartier d’habitation, de l’accès aux espaces verts (santé des enfants)Les stratégies les plus efficaces pour améliorer la santé mentale des étudiants résident dans l’organisation des enseignements et leur validation (santé mentale des étudiants).

Les actions les plus efficaces pour minimiser les risques psychosociaux en entreprise portent sur l’organisation du travail, la valorisation des tâches et le type de management (L’Institut équité en santé). Les inégalités de santé se construisent très tôt dans notre propre système éducatif selon le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Les configurations urbaines agissent sur la santé dans ses dimensions sociales, mentales et physiques (le guide OMS). Ces déterminants sociaux jouent un rôle majeur sur l’état de santé de la population et sont à l’origine des inégalités sociales et territoriales de santé (les déterminants sociaux de la santé, OMS).

Or, la politique de santé publique française se contente de « soigner », y compris de manière préventive. Les plans de santé publique par pathologie, les stratégies de prévention principalement informatives, ou encore la centralisation des compétences en santé génèrent une orientation comportementaliste des politiques de santé publique, sans modifier celles qui impactent la santé dès l’enfance : éducation, logement, transports, emploi, ressources, etc.

 

Certes, il existe des dispositifs et instances pour croiser enjeux sanitaires et non sanitaires, tels que la politique de la ville, les contrats locaux de santé, le comité interministériel pour la santé ou encore les commissions de coordination des politiques publiques. Mais ils sont à ce jour insuffisamment efficaces, soit parce que leur périmètre est trop étroit, soit parce qu’ils manquent du statut et/ou de moyens d’agir pour préserver la santé des populations devant les intérêts des secteurs non sanitaires.

Mettre fin à l’addiction aux énergies fossiles

 

Mettre fin à l’addiction  aux énergies fossiles

L’abandon de cette énergie fossile aurait des répercussions environnementales, économiques et même géopolitiques, tandis que Moscou se nourrit de cette manne financière pour faire vaciller Kiev. Par Jean-François Moreau, ingénieur, spécialiste de la transition énergétique et de l’efficacité énergétique des bâtiments. ( la Tribune)

Dans leur ensemble, les membres du gouvernement français le reconnaissent volontiers: la guerre déraisonnable que livre, depuis quelques jours, Vladimir Poutine à l’Ukraine, a démontré la capacité des Européens à s’unir quand la crise frappe à leurs frontières. En prenant des sanctions économiques et financières jamais vues auparavant, Bruxelles s’est imposée, d’une seule et même voix, pour contrer l’avancée de l’autoritarisme russe, qui ne s’attendait vraisemblablement pas à trouver sur son chemin une Europe aussi unifiée.

Celle-ci peut, et doit à présent aller encore plus loin. Car il n’a échappé à personne que la crise en Ukraine – et les réponses de l’Union européenne (UE) à l’encontre de Moscou – pourrait mener à une interruption des livraisons de gaz naturel en provenance de la Russie, aujourd’hui le premier fournisseur de l’Europe, avec 160 milliards de mètres cubes d’hydrocarbures par an (plus de 40 % des importations européennes dans le secteur). Le moment est donc venu, pour Bruxelles, de réfléchir à une réorientation de sa politique énergétique, qui pourrait avoir de grandes (et bénéfiques) répercussions.

Un problème moral

Des répercussions géopolitiques, tout d’abord. Comme l’a rappelé l’eurodéputée progressiste Aurore Lalucq sur Twitter : « Financer le gaz [russe], c’est financer la guerre de Poutine ». Un constat qui n’est pas sans poser un problème moral aux Européens, certains, comme l’Allemagne, dépendant plus fortement que d’autres des importations russes – 50 % du charbon allemand provient de Russie. A l’inverse, un pays comme la France, par exemple, mise avant tout sur la Norvège pour ses importations de gaz (36 %), Moscou arrivant loin derrière (17 %).

Couper les robinets de gaz russe n’aurait pas qu’un impact diplomatique. Il en va de l’intelligibilité de la ligne de conduite européenne. Puisqu’il n’y a qu’à voir la frilosité de Berlin, au moment de discuter de l’exclusion de la Russie de SWIFT (le plus grand réseau de transactions financières au monde), pour se rendre compte à quel point la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe est source de paradoxe. Tandis que Bruxelles, d’un côté, insistait pour prendre des mesures fortes à l’encontre de Moscou, certains membres, l’Allemagne en tête, hésitaient sur leur teneur et ce principalement pour des raisons énergétiques.

A ce titre, les États membres pourraient faire un grand pas vers la transition énergétique européenne en stoppant leurs importations de gaz russe. Pour reprendre l’exemple de l’Allemagne, modèle à ne surtout pas suivre si l’on veut conduire une politique favorable à l’environnement et au climat, ses importations de charbon russe sont une véritable épine dans le pied de la transition européenne. En décidant d’arrêter le nucléaire après l’accident de Fukushima, en 2011, Berlin ouvrait en réalité grand la porte aux énergies fossiles, extrêmement polluantes, et catastrophiques pour le climat.

L’Allemagne a d’ailleurs été contrainte de repousser de 15 ans sa sortie du charbon, initialement prévue en 2023, à 2038 donc, étant donné que la houille, tout comme le gaz russe, viennent en renfort des gigantesques parcs éoliens et solaires allemands, dont l’intermittence s’avère un réel problème en cas de pics de consommation (comme en hiver). Et Robert Habeck, ministre fédéral de l’Économie et vice-chancelier, de reconnaître d’ailleurs en décembre 2021 : « Nous allons rater nos objectifs de réduction du CO2 en 2022 et 2023 ».

Si Bruxelles veut tenir ses engagements liés à la transition énergétique européenne, elle doit clarifier son propos à l’égard du gaz russe, et l’imposer à l’ensemble de ses membres. A commencer par Berlin. L’UE doit prendre appui sur la crise énergétique qui pointe pour mettre en avant la nécessité de son autonomie stratégique en la matière. Une autonomie dont l’atome est une clé de voûte, qui possède le triple avantage d’être local, décarboné et économique, pour renverser la vapeur à tout point de vue : énergétique, financier et géopolitique.

En ce sens, on peut se féliciter des annonces faites par le président français Emmanuel Macron, qui a insisté, dans son discours de Belfort, sur la réindustrialisation de notre pays grâce aux énergies renouvelables et au nucléaire. Ce dernier s’est enfin vu attribuer une feuille de route à la hauteur du rôle qu’il a à jouer dans l’avènement d’un monde neutre en carbone, après des années d’affaiblissement et de renoncements. La transition énergétique est plus que jamais, aujourd’hui, l’axe principal de la politique européenne, qui doit se nourrir de la production d’énergie décarbonée pour faire de Bruxelles, non seulement, le leader mondial de la transition énergétique, mais également l’un des piliers de la défense du monde démocratique face à l’autoritarisme qui tente de pénétrer ses frontières à l’Est.

Mettre fin à l’hystérie et à l’instrumentalisation des sondages

Mettre fin à l’hystérie et à l’instrumentalisation des sondages

Le politologue Alexandre Dézé publie un réquisitoire contre les enquêtes d’opinion politique. Dans un entretien au « Monde », il estime qu’elles sont peu fiables et orientent le débat public.

 

Alexandre Dézé est maître de conférences en science politique à l’université de Montpellier, chercheur au Centre d’études politiques et sociales du même établissement et enseignant à Sciences Po Paris. Dans son ouvrage, 10 Leçons sur les sondages politiques (De Boeck supérieur, 144 pages, 12,90 euros), il plaide pour une diminution drastique des enquêtes d’opinion politiques.

Quels reproches faites-vous aux sondages politiques ?

Le principal est l’importance inédite qu’on leur accorde. A-t-on besoin de près 600 enquêtes pour couvrir un scrutin présidentiel, comme ce fut le cas en 2017 ? Cette surabondance est un problème. On peut aussi se poser la question de leur rôle dans la sélection des candidats, d’autant plus dans une situation où les partis politiques sont affaiblis. Jamais il n’y a eu autant de sondages alors qu’il y a de véritables faiblesses dans leur fabrication, et que l’opacité règne.

Ces enquêtes peuvent-elles, tout de même, se révéler utiles comme outils d’analyse d’une situation politique ?

Je n’en suis pas certain. A tous les étages du processus, on peut repérer des problèmes qui laissent planer le plus grand doute sur leur fiabilité. Les sondages réalisés à six mois d’une présidentielle, par exemple, sont corrects dans un cas sur huit. A quoi servent-ils ? Ils alimentent un débat politique à propos de rapports de force virtuels. On teste des candidats non déclarés, on oblige les répondants à des exercices intellectuels complexes où ils doivent imaginer plusieurs scénarios différents. Cela présuppose aussi une connaissance minimale des candidats et de la politique, ce que n’ont pas tous les répondants. Par ailleurs, il y a un problème avec les échantillons en ligne de volontaires autorecrutés.

 

On est loin des prérequis d’un échantillonnage classique. Un sondage représentatif, c’est-à-dire sans biais, est un sondage aléatoire où l’on tire les gens au sort. Mais, plus largement, tout est problématique dans la production de ces enquêtes : de la constitution des échantillons, jusqu’à la formulation des questions, en passant par le redressement des résultats bruts. L’idéal serait de réduire le nombre de sondages politiques et d’augmenter leur qualité. Car, quand un sondage est bien fait, cela génère des connaissances précieuses.

Si l’on ne se focalise pas uniquement sur les intentions de vote, les sondages peuvent aussi servir à déconstruire des éléments de langage de certains partis. Par exemple, on voit que les principales préoccupations des Français sont le pouvoir d’achat, l’épidémie de Covid ou la santé, devant la sécurité et l’immigration…

 

Mettre en débat et en cause les interventions militaires extérieures de la France

 

Mettre en débat et en cause les interventions militaires extérieures de la France

 

La France engage trop souvent ses soldats sur des théâtres étrangers sans que cela ne soulève de réels débats, estime l’ancien lieutenant-colonel Guillaume Ancel dans le Monde.

 

Tribune.

 

 Vous vous souvenez peut-être de cette déclaration malheureuse d’un jeune président Macron qui affirmait d’un ton jupitérien : « Nous sommes en guerre ! »

Il avait raison – pas sur la pandémie de Covid-19 qui ressortait plutôt d’une crise sanitaire et sociale –, mais sur le fait que nous sommes en guerre et que nous n’avons pratiquement jamais cessé de l’être depuis les « événements d’Algérie », cette guerre civile qu’il ne fallait surtout pas nommer. Depuis 1962, la France envoie son armée se battre partout mais sans qu’elle ne soit officiellement « en guerre », les présidents de la République échappant ainsi à tout débat au Parlement mais aussi dans notre société.

Le pire fut sans doute l’engagement au Rwanda, en 1994, où notre armée fut envoyée couvrir la débâcle des alliés de l’Elysée d’alors, les génocidaires des Tutsi. J’hésite cependant avec l’événement suivant, le siège de Sarajevo et les massacres de Srebrenica qui furent probablement permis par une politique inavouable de soutien aux Serbes dont les milices ensanglantèrent la Bosnie.

Tchad, guerre du Golfe, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Kosovo, Afghanistan, Libye, Mali… Trente-deux opérations d’après l’historien militaire Michel Goya : la France n’a cessé de s’engager militairement à l’étranger. Nous sommes en guerre, mais nous ne le disons jamais et nous savons bien peu de ce qu’il s’y passe.

Aujourd’hui l’Ukraine inquiète et nous pouvons légitimement nous demander si nous pourrions être amenés à « faire la guerre » dans ce pays aux frontières de l’inquiétante Russie de Vladimir Poutine. La réalité est que nous n’en aurions pas les moyens, non pas que notre armée manque de professionnalisme et d’équipements, mais parce qu’elle s’est progressivement taillée pour des conflits très différents, sans ennemis armés de blindés lourds, d’avions et d’hélicoptères de combat, de missiles et de drones.

En fait, comme l’a rappelé en 2021 le chef d’état-major, Thierry Burkhard, l’armée française n’est pas prête à un tel engagement. Seule l’OTAN, sous le leadership des Etats-Unis, aurait les moyens de s’engager militairement contre la Russie. Aussi, avant de s’engager ou de craindre un tel engagement, faut-il regarder clairement la réalité de nos moyens militaires et les conséquences de leur surengagement sur d’autres « théâtres d’opération ».

Cela devrait nous faire réfléchir à notre « intervention » au Mali, en réalité au Sahel car c’est dans cette immense région sans frontière que nous essayons d’intervenir. Malheureusement sans succès et surtout sans aucune vision de ce que nous y faisons. Quand, à chaque nouveau mort dans ce conflit, une émouvante cérémonie d’hommage est organisée pour ce « héros » juste décédé, elle va de pair avec le sentiment que tout débat de société s’éloigne inéluctablement. Dix ans d’engagements, avec pour meilleur résultat d’être désormais unanimement détestés dans la région, des gouvernements captés par des militaires, des sociétés en déroute, des « menaces » islamistes qui ont moins de lien avec la religion qu’avec des mouvements qui canalisent toutes les frustrations… cela ressemble à un chaos.

 

Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Un collectif d’élus, de défenseurs de l’agriculture et des énergies renouvelables, parmi lesquels Pascal Chaussec, Alain Grandjean et Emmanuel Hyest expliquent, dans une tribune au « Monde » que le développement du solaire doit être mis au service de notre agriculture et non l’inverse. (extrait)

 

Tribune.

 

Nos agriculteurs, déjà touchés régulièrement par des prix de vente trop faibles et les effets du dérèglement climatique, doivent désormais affronter un défi propre à ce XXIe siècle, celui de la pénurie des terres. Les espaces agricoles deviennent petit à petit insuffisants pour nourrir une population croissante, d’autant qu’ils subissent par ailleurs érosion et artificialisation galopante.

En France, ce phénomène pourrait être accentué par nos objectifs de transition énergétique. Les développeurs de parcs solaires rencontrent des difficultés pour identifier et maîtriser le foncier de friches industrielles ou d’autres terrains artificialisés, délaissés ou dégradés pour y implanter leurs installations.

Ainsi, la recherche du foncier nécessaire à l’atteinte des objectifs solaires inscrits dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) exerce, depuis deux ans, une forte pression sur les terres agricoles. Face à cette pression, de plus en plus de plans locaux d’urbanisme prévoient le déclassement de terres agricoles pour permettre l’implantation des centrales solaires. Ces projets d’installations photovoltaïques au sol conduisent à l’artificialisation de terres arables et à l’affaiblissement de l’activité agricole.

Des terres agricoles perdues

Cette quête de terres nouvelles entraîne l’agriculture dans un cercle vicieux : outre la baisse du potentiel de production agricole, la pénurie de terrains disponibles pour le photovoltaïque crée une spéculation foncière pouvant séduire des agriculteurs en grandes difficultés économiques ; ensuite, l’inflation des loyers ou des prix d’achat des terrains objets de cette spéculation accentue, malgré la volonté affichée du gouvernement de les soutenir, les difficultés d’installation de nouveaux entrants et menace la transition générationnelle agricole.

Nous, signataires de ce texte, soutenons qu’il est possible de mener de concert transition énergétique et défense de notre souveraineté alimentaire. Nous soutenons qu’il existe des solutions pour préserver les surfaces agricoles tout en réalisant les objectifs de la transition énergétique, et qu’elles offrent une opportunité équitable pour le plus grand nombre des agriculteurs.

Tout d’abord, si tous les agriculteurs de France pouvaient équiper de toiture solaire leurs bâtiments d’élevage ou de stockage, les objectifs de la PPE seraient déjà atteints. Chaque agriculteur en tirerait de multiples avantages : compléments de revenus tirés de la vente d’électricité, modernisation de leur exploitation, bien-être animal… A plus long terme, cela permettrait également d’équiper les exploitations de bornes de recharge et d’utiliser des engins agricoles électriques dès que ceux-ci seront devenus compétitifs.

Urbanisme- Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

Urbanisme- Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

 

Un plaidoyer sur la ville durable qui dégage quand même un certain parfums de lobby qui ne conçoit l’aménagement qu’autour de l’urbanisation notamment via les métropoles. Bref, la défense du concept de croissance endogène .

Pierre-André de Chalendar est PDG du groupe Saint-Gobain, leader mondial des matériaux de construction. Il passera la main à son successeur, Benoit Bazin, le 1er juillet.

 

Engagé depuis longtemps dans la lutte contre le réchauffement climatique, il vient de publier Le défi urbain, retrouver le désir de vivre en ville (Odile Jacob), un plaidoyer pour une ville durable, que les acteurs du bâtiment doivent contribuer à construire.

Les villes ont été rattrapées par leurs défauts avec la pandémie, et leurs habitants les ont quittées. Vous continuez pourtant de croire en leur avenir. Pourquoi ?

Il n’y a pas eu d’exode urbain en tant que tel. Les gens se sont plutôt questionnés sur leur départ. La crise, agissant comme un révélateur et un accélérateur, a interrogé la densité urbaine, la suroccupation des logements, le partage de l’espace… L’inégalité face au logement n’a jamais été aussi criante. La Covid a aussi renforcé ce sentiment commun à toutes les époques : les pandémies se répandent plus vite dans les villes. Tout cela a créé un sentiment d’anxiété. Des gens sont allés se confiner hors des villes, mais ce sont plutôt les heureux du système. La ville a toujours été un lieu de désir. C’est la fête, les relations, le commerce, la richesse, la culture, la vie. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle qu’elle a été associée à la pollution. Les villes ne représentent aujourd’hui que 2 % de la surface de la planète, mais près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Alors que le processus d’urbanisation ne va faire que progresser, elles vont avoir un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Et si on veut qu’elles redeviennent un lieu de désir, il faut les transformer.

Le modèle des villes de demain est-il celui de ces villes nouvelles, connectées, mieux organisées et économes en ressources qui poussent en Corée ou en Chine ?

Je ne crois pas. On ne peut pas créer à partir de rien. Dans les villes nouvelles construites à travers le monde, seul l’exemple de Saint-Pétersbourg peut s’apparenter à une réussite. Brasilia, la capitale du Brésil, n’a pas très bien vieilli. Le pire, ce sont les villes nouvelles du général de Gaulle, construites le long des lignes de RER : Marne-la-Vallée, Evry, Cergy-Pontoise, Corbeil-Essonnes… Pourquoi ? Parce qu’elles ont été conçues comme des satellites de Paris. Il leur manquait des attributs. Ce modèle ne fonctionne pas. Il faut au contraire imaginer des villes où toutes les fonctions essentielles sont accessibles rapidement, dans l’esprit de la « ville du quart d’heure » de l’urbaniste Carlos Moreno. Le concept de métropoles ne va pas disparaître, mais elles doivent contenir plusieurs centres pour éviter ce phénomène de ghettoïsation qu’on a provoqué depuis 40 ans dans les grandes villes françaises. La ville doit retrouver une certaine mixité, renouer avec le végétal… Le bâtiment a un grand rôle à jouer dans ce nouveau paradigme, et on l’a constaté avec la croissance de nos activités de rénovation dès la fin du premier confinement.

« Il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux »

Comment l’expliquez-vous ?

Le confinement a contraint les gens à passer beaucoup plus de temps dans leur logement. Leur rapport à l’habitat a radicalement changé. Maisons et appartements ne sont plus seulement des espaces de vie, mais de travail. Ce qui demande une nouvelle organisation de l’espace et fait naître un besoin de modularité… La période s’est aussi révélée propice à l’épargne. Résultat, c’est le plein boom pour Saint-Gobain, alimenté par un mouvement de fond. Dans beaucoup de pays, les gouvernements ont fait de la rénovation énergétique une part importante des plans de relance. Les moyens que chacun va consacrer à son logement vont aller croissant avec la généralisation du télétravail.

Le concept d’économie circulaire est au cœur de votre conception de la ville durable. Dans le bâtiment, il reste de gros progrès à faire : seuls 30 % des déchets du secteur sont recyclés…

Le secteur de la construction représente 40 % des déchets en volume dans le monde. C’est considérable. Utiliser des matériaux recyclés permet de pallier le problème car ils réduisent beaucoup les émissions de gaz à effet de serre. Chez Saint-Gobain, le verre ou le gypse de la plaque de plâtre, sont par exemple recyclables à l’infini. On aimerait avoir plus de ces matériaux, mais le problème réside dans leur collecte. Des progrès sont à faire, ils prendront beaucoup de temps : il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux. Il faut donc organiser des écosystèmes et une filière pour récupérer et recycler ces matériaux. La tour Saint-Gobain, à la Défense, a par exemple été construite sur un ancien bâtiment qu’on a démantelé en récupérant le plus de pièces possible. Ça coûte plus cher, mais cela va dans le sens de l’histoire.

Vous avez publié, en novembre 2020 une feuille de route visant la neutralité carbone en 2050. N’est ce pas utopique pour une industrie qui consomme beaucoup d’énergie ?

L’industrie est régulièrement pointée du doigt pour son empreinte carbone et le rôle qu’elle joue dans le réchauffement climatique. Elle est peut-être le problème, mais elle est surtout la solution. 2050, ça peut paraître loin, mais dans l’industrie, c’est quasiment demain. Il faut qu’on soit capable dès 2030 d’éco-produire nos solutions dans les usines appropriées. On va dépenser environ 100 millions d’euros par an d’ici à 2030 pour parvenir à nos objectifs et trouver comment on va faire. Car tout dépendra du mix énergétique des années à venir, la part qu’y prendront l’hydrogène vert, la biomasse… Ce « zéro carbone net », c’est beaucoup plus qu’un idéal. En 2019, c’était une « aspiration », comme disent les Américains, mais aujourd’hui c’est un objectif réaliste. On a récemment lancé notre première usine de plaque de plâtre zéro carbone en Norvège. Le pays possède de nombreux barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité verte pas chère. Si ces objectifs ne sont pas contraignants comme peut l’être le statut d’entreprise à mission, les rémunérations variables de 2 500 cadres pourront être touchées si ceux à court terme ne sont pas atteints. Je suis assez confiant dans notre capacité à concrétiser nos ambitions. En revanche, on ne pourra pas tout faire tout seul. Les Etats doivent mettre la main à pâte.

« Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique » 

Depuis une dizaine d’années, les gouvernements français ont échoué à atteindre leurs objectifs en matière de rénovation énergétique. Comment passer à la vitesse supérieure ?

Les précédents objectifs étaient trop ambitieux. J’ai eu la chance de participer à une task force consacrée à la rénovation énergétique des bâtiments en juin et juillet 2020, à la demande de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon. Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique. Le gouvernement a franchi une grande étape en acceptant de rénover ses bâtiments publics. En plus de donner l’exemple, il va faire des économies sur le long terme.

Quel bilan tirez-vous de vos dix années à la tête de Saint-Gobain ?

J’ai eu deux fils conducteurs : devenir la référence de l’habitat, et d’un habitat durable. Historiquement, Saint-Gobain est une entreprise de matériaux et de produits. Tout mon travail a été de passer d’une culture produit à une culture client. La dernière étape a été de changer l’organisation du groupe dans le cadre de notre plan de transformation Transform & Growpour fonctionner par pays, pour les métiers locaux de la construction. Il y a encore du travail. Le deuxième point, celui de la durabilité, ne coulait pas de source en 2007. Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions, j’étais tout seul avec mon directeur du développement durable. Aujourd’hui, tout le monde est impliqué. Grâce à la nouvelle génération, et aux investisseurs. Depuis deux ans, l’intérêt pour le sujet est exponentiel. Lors de la présentation de nos résultats en mars, 40 % des questions des actionnaires portaient sur des sujets ESG. Tout cela me rend plus optimiste. Il est en train de se passer des choses et le groupe doit rester en avance sur ces sujets.

Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

 

Un plaidoyer sur la ville durable qui dégage quand même un certain parfums de lobby qui ne conçoit l’aménagement qu’autour de l’urbanisation notamment via les métropoles. Bref, la défense du concept de croissance endogène .

Pierre-André de Chalendar est PDG du groupe Saint-Gobain, leader mondial des matériaux de construction. Il passera la main à son successeur, Benoit Bazin, le 1er juillet.

 

Engagé depuis longtemps dans la lutte contre le réchauffement climatique, il vient de publier Le défi urbain, retrouver le désir de vivre en ville (Odile Jacob), un plaidoyer pour une ville durable, que les acteurs du bâtiment doivent contribuer à construire.

Les villes ont été rattrapées par leurs défauts avec la pandémie, et leurs habitants les ont quittées. Vous continuez pourtant de croire en leur avenir. Pourquoi ?

Il n’y a pas eu d’exode urbain en tant que tel. Les gens se sont plutôt questionnés sur leur départ. La crise, agissant comme un révélateur et un accélérateur, a interrogé la densité urbaine, la suroccupation des logements, le partage de l’espace… L’inégalité face au logement n’a jamais été aussi criante. La Covid a aussi renforcé ce sentiment commun à toutes les époques : les pandémies se répandent plus vite dans les villes. Tout cela a créé un sentiment d’anxiété. Des gens sont allés se confiner hors des villes, mais ce sont plutôt les heureux du système. La ville a toujours été un lieu de désir. C’est la fête, les relations, le commerce, la richesse, la culture, la vie. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle qu’elle a été associée à la pollution. Les villes ne représentent aujourd’hui que 2 % de la surface de la planète, mais près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Alors que le processus d’urbanisation ne va faire que progresser, elles vont avoir un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Et si on veut qu’elles redeviennent un lieu de désir, il faut les transformer.

Le modèle des villes de demain est-il celui de ces villes nouvelles, connectées, mieux organisées et économes en ressources qui poussent en Corée ou en Chine ?

Je ne crois pas. On ne peut pas créer à partir de rien. Dans les villes nouvelles construites à travers le monde, seul l’exemple de Saint-Pétersbourg peut s’apparenter à une réussite. Brasilia, la capitale du Brésil, n’a pas très bien vieilli. Le pire, ce sont les villes nouvelles du général de Gaulle, construites le long des lignes de RER : Marne-la-Vallée, Evry, Cergy-Pontoise, Corbeil-Essonnes… Pourquoi ? Parce qu’elles ont été conçues comme des satellites de Paris. Il leur manquait des attributs. Ce modèle ne fonctionne pas. Il faut au contraire imaginer des villes où toutes les fonctions essentielles sont accessibles rapidement, dans l’esprit de la « ville du quart d’heure » de l’urbaniste Carlos Moreno. Le concept de métropoles ne va pas disparaître, mais elles doivent contenir plusieurs centres pour éviter ce phénomène de ghettoïsation qu’on a provoqué depuis 40 ans dans les grandes villes françaises. La ville doit retrouver une certaine mixité, renouer avec le végétal… Le bâtiment a un grand rôle à jouer dans ce nouveau paradigme, et on l’a constaté avec la croissance de nos activités de rénovation dès la fin du premier confinement.

« Il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux »

Comment l’expliquez-vous ?

Le confinement a contraint les gens à passer beaucoup plus de temps dans leur logement. Leur rapport à l’habitat a radicalement changé. Maisons et appartements ne sont plus seulement des espaces de vie, mais de travail. Ce qui demande une nouvelle organisation de l’espace et fait naître un besoin de modularité… La période s’est aussi révélée propice à l’épargne. Résultat, c’est le plein boom pour Saint-Gobain, alimenté par un mouvement de fond. Dans beaucoup de pays, les gouvernements ont fait de la rénovation énergétique une part importante des plans de relance. Les moyens que chacun va consacrer à son logement vont aller croissant avec la généralisation du télétravail.

Le concept d’économie circulaire est au cœur de votre conception de la ville durable. Dans le bâtiment, il reste de gros progrès à faire : seuls 30 % des déchets du secteur sont recyclés…

Le secteur de la construction représente 40 % des déchets en volume dans le monde. C’est considérable. Utiliser des matériaux recyclés permet de pallier le problème car ils réduisent beaucoup les émissions de gaz à effet de serre. Chez Saint-Gobain, le verre ou le gypse de la plaque de plâtre, sont par exemple recyclables à l’infini. On aimerait avoir plus de ces matériaux, mais le problème réside dans leur collecte. Des progrès sont à faire, ils prendront beaucoup de temps : il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux. Il faut donc organiser des écosystèmes et une filière pour récupérer et recycler ces matériaux. La tour Saint-Gobain, à la Défense, a par exemple été construite sur un ancien bâtiment qu’on a démantelé en récupérant le plus de pièces possible. Ça coûte plus cher, mais cela va dans le sens de l’histoire.

Vous avez publié, en novembre 2020 une feuille de route visant la neutralité carbone en 2050. N’est ce pas utopique pour une industrie qui consomme beaucoup d’énergie ?

L’industrie est régulièrement pointée du doigt pour son empreinte carbone et le rôle qu’elle joue dans le réchauffement climatique. Elle est peut-être le problème, mais elle est surtout la solution. 2050, ça peut paraître loin, mais dans l’industrie, c’est quasiment demain. Il faut qu’on soit capable dès 2030 d’éco-produire nos solutions dans les usines appropriées. On va dépenser environ 100 millions d’euros par an d’ici à 2030 pour parvenir à nos objectifs et trouver comment on va faire. Car tout dépendra du mix énergétique des années à venir, la part qu’y prendront l’hydrogène vert, la biomasse… Ce « zéro carbone net », c’est beaucoup plus qu’un idéal. En 2019, c’était une « aspiration », comme disent les Américains, mais aujourd’hui c’est un objectif réaliste. On a récemment lancé notre première usine de plaque de plâtre zéro carbone en Norvège. Le pays possède de nombreux barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité verte pas chère. Si ces objectifs ne sont pas contraignants comme peut l’être le statut d’entreprise à mission, les rémunérations variables de 2 500 cadres pourront être touchées si ceux à court terme ne sont pas atteints. Je suis assez confiant dans notre capacité à concrétiser nos ambitions. En revanche, on ne pourra pas tout faire tout seul. Les Etats doivent mettre la main à pâte.

« Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique » 

Depuis une dizaine d’années, les gouvernements français ont échoué à atteindre leurs objectifs en matière de rénovation énergétique. Comment passer à la vitesse supérieure ?

Les précédents objectifs étaient trop ambitieux. J’ai eu la chance de participer à une task force consacrée à la rénovation énergétique des bâtiments en juin et juillet 2020, à la demande de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon. Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique. Le gouvernement a franchi une grande étape en acceptant de rénover ses bâtiments publics. En plus de donner l’exemple, il va faire des économies sur le long terme.

Quel bilan tirez-vous de vos dix années à la tête de Saint-Gobain ?

J’ai eu deux fils conducteurs : devenir la référence de l’habitat, et d’un habitat durable. Historiquement, Saint-Gobain est une entreprise de matériaux et de produits. Tout mon travail a été de passer d’une culture produit à une culture client. La dernière étape a été de changer l’organisation du groupe dans le cadre de notre plan de transformation Transform & Growpour fonctionner par pays, pour les métiers locaux de la construction. Il y a encore du travail. Le deuxième point, celui de la durabilité, ne coulait pas de source en 2007. Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions, j’étais tout seul avec mon directeur du développement durable. Aujourd’hui, tout le monde est impliqué. Grâce à la nouvelle génération, et aux investisseurs. Depuis deux ans, l’intérêt pour le sujet est exponentiel. Lors de la présentation de nos résultats en mars, 40 % des questions des actionnaires portaient sur des sujets ESG. Tout cela me rend plus optimiste. Il est en train de se passer des choses et le groupe doit rester en avance sur ces sujets.

La relance publique implique de mettre de côté les règles budgétaires en Europe

La  relance publique implique de mettre de côté les règles budgétaires en Europe

Roel Beetsma est professeur et vice-doyen de la faculté des sciences économiques et commerciales, à l’université d’Amsterdam, aux Pays-Bas. Il est membre du comité budgétaire européen, un organe consultatif indépendant qui conseille la Commission sur le cadre budgétaire. Il fait aussi partie d’une commission indépendante conseillant le gouvernement néerlandais sur les positions à adopter en matière de politiques financières et économiques de l’Union. (Interview dans l’Opinion)

Faut-il réformer le Pacte de stabilité et de croissance ? Qui fixe les règles budgétaires européennes ?

Habituellement, après une crise, l’investissement public chute. De fait, les études que nous avons menées montrent qu’il a été plus faible après la crise financière mondiale. C’est en particulier le cas pour les pays très endettés, comme l’Italie et le Portugal. Au comité budgétaire européen, nous avons recommandé à la Commission européenne de reprendre le Pacte de stabilité et de croissance et d’adopter ce que nous appelons une règle d’or budgétaire modifiée, permettant un relâchement du plafond d’augmentation de la dépense publique pour permettre de l’investissement public. Nous sommes conscients des inconvénients : les gouvernements sont incités à reclasser des dépenses comme de l’investissement. Donc nous suggérons que la règle d’or modifiée s’applique uniquement aux investissements déjà classifiés comme tels par la Commission. Par exemple, ceux financés par les fonds structurels, qui répondent à certains critères. La part du financement qui vient des Etats membres pourrait être exemptée des règles budgétaires et même majorée par les gouvernements, en ayant un plafond plus élevé.

« Vous devez donc trouver un compromis en permettant, d’un côté, des dépenses favorables à la croissance et en vous assurant, d’un autre, que ces dépenses facilitées en soient vraiment porteuses »

Quels sont ces investissements ? Est-ce si simple de différencier dépenses d’investissement et de fonctionnement ?

Classiquement, ce sont les investissements dans les infrastructures : routes, réseaux électriques, chemins de fer, bâtiments scolaires ou gouvernementaux… A contrario, les salaires des enseignants ne sont pas considérés comme des investissements, alors qu’ils encouragent la croissance. Dans l’idéal, on rendrait flexibles les règles budgétaires pour toute dépense publique porteuse de croissance. Mais les gouvernements souhaitent présenter comme telles toutes sortes de dépenses. Vous devez donc trouver un compromis en permettant, d’un côté, des dépenses favorables à la croissance et en vous assurant, d’un autre, que ces dépenses facilitées en soient vraiment porteuses. C’est plus facile dans le cas des investissements en infrastructures. Il faut noter que les règles budgétaires européennes autorisent déjà une certaine flexibilité pour les investissements publics. Dans le bras préventif du Pacte de stabilité, les gouvernements qui affichent un déficit structurel [c’est-à-dire des recettes inférieures à leurs dépenses sans tenir compte de l’impact de la conjoncture] doivent améliorer ce dernier de 0,5 % du PIB par an. Mais la flexibilité pour l’investissement public peut atteindre environ 0,2 % du PIB. Ce n’est pas rien. Néanmoins, en pratique, les pays n’ont presque jamais utilisé cette possibilité. Ils ont de nombreuses autres possibilités de flexibilité qu’ils exploitent déjà auprès de la Commission : événements inhabituels, réformes structurelles, marges d’incertitudes…

Comment se positionnent les grands pays européens par rapport à la réforme du Pacte de stabilité ?

Les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche et les pays scandinaves sont sceptiques et craignent davantage de flexibilité dans les règles budgétaires européennes. En revanche, la France, l’Espagne et l’Italie y sont favorables. On retrouve la division classique. La Commission va lancer très prochainement des consultations à propos de potentiels changements concernant le Pacte. Il y aura des débats, mais ce qui en sortira n’est pas encore clair…

Mettre fin au “quoi qu’il en coûte”» le Medef déraille

Mettre fin au “quoi qu’il en coûte”» le Medef déraille

On se demande quel mouche a piqué Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef pour déclarer qu’ il convenait de mettre le plus rapidement possible au « quoi qu’il en coûte ». Le patron du Medef oublie sans doute la situation difficile voire dramatique dans certains secteurs de l’artisanat et des PME. Il fait aussi l’impasse sur la grande fragilité de la reprise qui sera limitée au mieux à 4 % en 2021, soit un retard de 5 % par rapport à 2019. Il semble ignorer que les résultats du premier trimestre sont particulièrement mauvais puisqu’on escompte au mieux une progression du prix de 1 %.. Geoffroy Roux de Bézieux reconnaît que la situation est contrastée dans le Figaro

 

 

Les entreprises perçoivent-elles la reprise sur le plan économique?

 

Geoffroy ROUX DE BÉZIEUX. - C’est un peu paradoxal de répondre oui, alors qu’un reconfinement plane sur l’Île-de-France et que le vaccin AstraZeneca vient d’être suspendu. C’est vrai que certains signaux peuvent nous rendre optimistes – même s’il y a encore quelques mois difficiles à passer, notamment pour les secteurs qui sont arrêtés. La crise que nous vivons est très atypique, car très concentrée sur certaines entreprises de l’économie présentielle ou de certains secteurs industriels, alors que d’autres vont bien. C’est la même chose pour les ménages. Le pouvoir d’achat global a continué à augmenter en 2020, alors que les étudiants, les indépendants et ceux qui sont éloignés de l’emploi ont réellement souffert. Je vous rappelle que lors de la dernière grande crise, en 2009, le recul du PIB n’a été que de 2,2 %, mais le chômage bien plus important. La différence, c’est l’argent qu’on a dépensé pour soutenir

 

Aux États-Unis, on ne manifeste pas les mêmes états d’âme sur le quoi qu’il en coûte. Au contraire les États-Unis s’apprêtent au cours de l’été à mettre au point encore des mesures de soutiens qui s’ajouteront aux plans récents de 1900 milliards décidés par Biden. Résultat les États-Unis espèrent une croissance de 8 % des 2021 à comparer aux 4 % de la France qui ne retrouvera pas le niveau de 2019 avant 2022 ou 2023. Le patron du Medef est sans doute influencé par excès par les résultats de certaines grandes entreprises par exemple Darty qui annonce  aujourd’hui qu’il va rembourser les prêts garantis de l’État dits. Dans les PME par contre et dans l’artisanat, c’est de l’ordre de 20 % des sociétés qui ne pourront pas faire face à leurs échéances financières.

Mettre fin aux écoutes illégales

Mettre fin aux écoutes illégales

Le président du Conseil national des barreaux juge dans l’Opinion  le projet de loi « nécessaire mais pas suffisant »

 

Ancien bâtonnier de Marseille, Jérôme Gavaudan a pris la tête du Conseil national des barreaux (70 000 avocats) en janvier. Avec les autres représentants de la profession (Ordre de Paris, Conférence des bâtonniers), il a été consulté par le garde des Sceaux pour l’élaboration de son projet de loi.

Plusieurs de vos confrères ont vivement critiqué le jugement dans l’affaire des écoutes et regretté qu’il semble valider les «  dérives  » du Parquet national financier. Quelle est votre analyse ?

Le raisonnement du tribunal correctionnel se résume ainsi : il y a dans des écoutes des signes de la volonté d’un avocat de participer à la commission d’une infraction et donc on peut a priori le placer sur écoutes. Ce qui est gênant parce que cela revient à dire : on écoute et on se fait son opinion, et donc le tri, après. C’est après avoir écouté qu’on dit si on avait ou non le droit de le faire. C’est un raisonnement à l’envers que les avocats ne peuvent accepter car ce n’est pas un mécanisme sain dans une grande démocratie. Les avocats sont, et doivent rester, des confidents en toutes matières et être protégés comme tels. La profession est unanime pour dénoncer des dérives anormales. Cela étant, il semblerait que d’autres éléments fondent ce jugement qu’il ne m’appartient pas de commenter.

Sur cette question des enquêtes et du secret, comment jugez-vous le projet de loi d’Eric Dupond-Moretti ?

Ce texte vient recadrer un certain nombre de pratiques et encadrer de nouvelles techniques d’enquête. Certes, on a assisté au fil des ans à une multiplication des infractions financières et fiscales et à une plus grande complexité des mécanismes de fraude. Mais ce n’est pas parce que les choses deviennent complexes que les grands principes doivent être bafoués. On a abusé des enquêtes préliminaires qui durent trop longtemps, aux mains des seuls magistrats du parquet. On a bafoué le droit qui, dans une grande démocratie doit être absolu, de parler à son avocat sans avoir le risque d’être écouté.

Le texte répond-il à ces attentes ? Il dit par exemple que perquisitionner un avocat ou le placer sur écoutes ne sera possible que s’il existe des « raisons plausibles » que cet avocat participe à la commission d’une infraction.

Le texte définit mieux les éléments de preuve que les magistrats peuvent utiliser pour définir ces « raisons plausibles ». On va au cours du débat parlementaire pouvoir même peut-être aller plus loin et faire intervenir davantage le juge des libertés et de la détention (JLD). C’est ce que la profession demande. De plus, limiter l’enquête préliminaire à deux ans est nécessaire. Ce projet va sécuriser l’enquête et les droits de la défense. Il ne sera pas un projet « pour rien » même si notre profession souhaite aller plus loin en redéfinissant le secret professionnel, en définissant la consultation juridique et en corrigeant la jurisprudence de la Cour de cassation qui, en la matière, distingue les activités de conseil de la défense. Ce texte améliore les droits de la défense mais reste – et nous le regrettons – essentiellement cantonné à la matière pénale. Il représente une avancée démocratique, encore insuffisante à nos yeux.

Le projet de loi ne risque-t-il pas d’apparaître comme une volonté de « protéger les politiques » et d’entraver le travail des magistrats ? Voire comme une « vengeance » de l’actuel garde des Sceaux, lui-même surveillé dans l’affaire des écoutes quand il était avocat ?

Sur ce dernier point, je ne pense pas que le garde des Sceaux ait élaboré une loi de circonstance liée à l’actualité. Ce sont des idées qu’il défend depuis longtemps. Ce projet n’est pas une réponse politique ni idéologique mais un texte en réalité assez technique qui ne va pas entraîner de bouleversement majeur. On n’est pas en train de protéger les bandits de grand chemin ou la grande délinquance financière ! Des principes sont réaffirmés, des dérives corrigées. Quant aux magistrats, je ne pense pas qu’ils puissent vivre cela comme une attaque. Même si formellement les écoutes ne sont pas illégales, est-ce déontologique d’écouter tout le monde pour parvenir à ses fins ? N’est-ce pas scandaleux de laisser traîner des écoutes, tels des filets dérivants, visant des avocats qui, par définition, recueillent les confessions de leurs clients et des informations sur des turpitudes éventuelles ? Dans leur grande majorité, les magistrats sont indépendants et font bien leur travail. On ne peut pas parler de « justice politique ». Tout cela est finalement davantage affaire de déontologie et de responsabilité que de Code de procédure pénale. C’est à ce titre que le Parquet national financier doit être exemplaire.

Vous dites vouloir faire un mandat « politique » à la tête du CNB. C’est-à-dire ?

Nous interpellerons les candidats à la présidentielle sur la place de la justice, les moyens qu’on lui donne, l’équilibre entre libertés individuelles et impératif sécuritaire, entre libertés fondamentales et état d’urgence (sanitaire, terroriste, etc.). Lors du premier confinement, l’exécutif a quand même décrété par ordonnance la prolongation de toutes les détentions provisoires. On vous encabane deux mois de plus sans passer devant un juge ! Emmanuel Macron en 2017 allait bien aux avocats qui ont été nombreux à voter pour lui. J’entends beaucoup de déçus car l’ADN des avocats est d’être très attentifs aux droits

Comment mettre l’intelligence artificielle à grande échelle (Mohit Joshi)

 Comment mettre l’intelligence artificielle à grande échelle (Mohit Joshi)

 

Mohit Joshi, Président d’Infosys explique comment mettre en œuvre l’IA à grande échelle:  les entreprises doivent prendre soin de leurs talents internes, mettre l’éthique au premier plan et développer une stratégie à l’échelle de l’entreprise pour la technologie sur toute la chaîne de valeur( chronique de la Tribune)

 

Nous sommes fermement ancrés dans la cinquième révolution industrielle, une révolution basée sur l’intelligence artificielle (IA). Tout a commencé par l’ordinateur central, puis les ordinateurs personnels dans les années 1980, suivis par Internet, et enfin l’agilité et la puissance du cloud computing dans les années 2010. Cette cinquième vague informatique sera la plus retentissante à ce jour, avec des capacités qui promettent toujours plus d’initiatives et d’exploration humaines.

Toutefois, un problème se pose. Bien que l’IA soit adaptée aux entreprises, nombre d’entre elles ne parviennent pas à en tirer pleinement profit. L’innovation est tellement rapide que les entreprises n’arrivent pas à suivre le rythme. En 2015, les chercheurs ont publié 10.000 articles scientifiques sur l’IA. En 2019, ce chiffre est passé à 25 000 rien qu’aux États-Unis. Pour de nombreux dirigeants, cette situation est inquiétante, surtout lorsqu’on sait qu’une bonne utilisation de l’IA devrait améliorer les bénéfices de l’entreprise de 38 % et permettrait d’offrir 14 000 milliards de dollars de valeur ajouté aux entreprises d’ici 2035.

Il serait donc judicieux que les entreprises à la traîne tirent les enseignements des organisations plus avancées en matière d’IA. Dans notre étude, nous avons découvert que les leaders en matière d’IA plaçaient la technologie au cœur de leur activité et de leurs modèles d’exploitation. Ils l’utilisent pour découvrir, démocratiser et réduire les risques inhérents à l’utilisation de l’IA. Pour ces entreprises, l’IA fait partie intégrante de leur ADN et leur permet de proposer de meilleurs produits, d’améliorer l’expérience client et d’obtenir davantage de valeur ajoutée auprès de leur écosystème de partenaires.

À l’inverse, les entreprises ayant pris du retard utilisent principalement l’IA pour améliorer l’efficacité plutôt que pour changer la façon dont l’entreprise gagne de l’argent. Pour prendre une longueur d’avance, ces entreprises doivent requalifier les employés, s’assurer que l’adoption de l’IA n’est pas fragmentée, développer des cadres éthiques et de gouvernance solide, et informer les dirigeants des risques et opportunités liés à l’adoption de l’IA. Cela permettrait d’augmenter les marges opérationnelles d’au moins 3 %. Pour une entreprise de services financiers dont les revenus s’élèvent à 10 milliards de dollars, cela équivaut à 300 millions de dollars supplémentaires de revenus, ce qui n’est pas négligeable.

La plupart des talents en science des données se tournant vers les grandes entreprises technologiques, les entreprises de services financiers leaders en matière d’IA se démarquent par leur capacité à requalifier la main d’œuvre. Elles utilisent des plateformes numériques et des outils d’auto-modélisation pour garantir un apprentissage permanent. C’est crucial. Il est maintenant temps pour les entreprises de former leurs talents internes, c’est-à-dire ces employés qui connaissent parfaitement l’entreprise et qui peuvent repérer les cas d’utilisation pertinents pour l’IA plus rapidement que les nouveaux embauchés.

Il est également essentiel de réunir les équipes sous un seul et même cadre d’IA au sein de toute l’entreprise. En effet, des opérations d’IA réussies peuvent accroître les marges opérationnelles d’au moins 6 % (ce qui représente 600 millions de dollars supplémentaires pour une entreprise dont les revenus s’élèvent à 10 milliards de dollars). Ces entreprises visionnaires s’assurent généralement que les équipes commerciales, financières et technologiques travaillent ensemble sur les projets d’IA tout au long du cycle de vie de l’IA, le plus souvent via un centre d’excellence. Les employés sont formés plus rapidement, les bons processus de gestion des changements sont regroupés afin que les solutions d’IA évoluent rapidement du stade de pilote au stade du déploiement et que l’IA au sein de l’entreprise soit en mesure de répondre aux attentes.

 

Pour obtenir des résultats et développer l’intelligence à grande échelle, il est nécessaire de développer une vision globale de l’IA d’entreprise qui repose sur des plateformes d’IA professionnelles. En outre, en tirant profit du produit visionnaire, du domaine et de conseils d’experts, les entreprises sont assurées d’obtenir des bénéfices exponentiels au fil du temps.

Des cadres d’IA éthiques et de gouvernance solide doivent être établis dès le départ. Cela permet de garantir des déploiements d’IA justes, équitables et impartiaux. Nous avons constaté que ces entreprises qui ont défini ces cadres surpassent d’au moins 25 % les entreprises retardataires sur un certain nombre d’indicateurs de performance clés de l’entreprise. Toutefois, il n’est pas toujours évident d’éliminer toute déformation inconsciente de ces données. C’est ici que le mandat organisationnel pour des solutions d’IA efficaces et explicables intervient.

Les employés qui utilisent l’IA en back office ou avec les clients doivent rapidement être informés des pratiques éthiques. Les algorithmes d’apprentissage automatique doivent être en mesure d’expliquer les décisions qu’ils prennent, de façon à ce qu’elles soient comprises par les autorités d’IA, notamment les régulateurs. Sans ce pilier d’IA, des éthiques d’IA imparfaites peuvent ruiner la réputation d’une entreprise financière en un instant, auprès des partenaires et des consommateurs.

Enfin, les leaders de l’IA doivent connaître l’impact des technologies sur un certain nombre d’aspects, notamment le modèle commercial, les employés, les partenaires, les clients et la société dans son ensemble. De nombreux dirigeants rencontrent des difficultés dans ces domaines et n’ont qu’une vague idée de la façon dont l’IA peut améliorer les marges et leur permettre de devancer la concurrence. Si 2020 est l’année de l’IA, alors cela doit également être l’année au cours de laquelle les dirigeants des entreprises financières commencent leur apprentissage de l’IA.

L’IA étant présente dans tous les aspects de notre vie, le temps est venu pour les entreprises d’accélérer le mouvement vers des statuts d’IA visionnaires. De l’IA normatif utilisé dans les stratégies de fonds de roulement et la réduction du risque opérationnel au traitement du langage naturel utilisé pour extraire les attributs sensibles des contrats, les applications innovantes de l’IA améliorent les entreprises de services financiers et leur permettent d’être plus rapides et plus agiles.

Pour mettre en œuvre l’IA à grande échelle, les entreprises de services financiers doivent prendre soin de leurs talents internes, mettre l’éthique au premier plan et développer une stratégie à l’échelle de l’entreprise pour la technologie sur toute la chaîne de valeur. Ce faisant, nos clients seront les annonciateurs de la cinquième révolution industrielle.

 

Coronavirus : Mettre fin aux stratégies divergentes en Europe (Charles Michel)

Coronavirus : Mettre fin aux stratégies divergentes en Europe (Charles Michel)

 

En affirmant que les stratégies sanitaires européennes doivent être convergentes le président du conseil européen Charles Michel critique en creux des politiques très contradictoires. (Interview Figaro)

Comment décririez-vous la situation actuelle en Europe sur le front du Covid-19?

Charles MICHEL. -Nous devons dire la vérité. La situation est grave. L’Europe en est maintenant à devoir éviter le drame. C’est pourquoi il est urgent d’agir au niveau européen. Il y a un lien entre le niveau d’intensité des mesures restrictives que les États membres sont en train de prendre et la question de l’efficacité de notre stratégie commune. Deux solutions peuvent être utilisées pour limiter la propagation du virus. La première, la plus facile à décider, est le verrouillage qui a d’énormes conséquences politiques, économiques, sociales, psychologiques, voire démocratiques. L’autre option, c’est une plus grande coordination dans le testing, le traçage et dans les vaccins.

Qu’attendez-vous de la visioconférence des Vingt-Sept qui aura lieu jeudi?

J’appelle à une Union pour les tests et les vaccins. Et j’espère que les discussions permettront d’encourager les États membres à converger et à coopérer.

Mettre fin au gaspillage de l’eau

Mettre fin au gaspillage de l’eau

 

Matthieu Baïsset, directeur technique d’imaGeau, une start-up spécialisée dans les données sur les réserves en eau, souligne dans les Échos le caractère exceptionnel de l’enchaînement des années de sécheresse.

Selon l’expert d’imaGeau, une start-up spécialisée dans la compilation – par dizaines de milliers – de données historiques et actuelles sur l’état des réserves en eau, la diminution de cette ressource impose une nouvelle approche aux agriculteurs, aux industriels et aux collectivités locales. Celle d’apprendre à utiliser l’eau « au bon moment et au bon endroit » pour l’économiser. Bref à ne plus raisonner dans une logique d’abondance.

Comment se caractérise la sécheresse actuelle ?

Elle est très différente de celle de 2019. Cette année-là, l’hiver avait été faiblement pluvieux, ce qui avait limité la recharge des nappes phréatiques. Cet été, c’est l’inverse. Les stocks d’eau sont corrects mais juillet a été déficitaire en précipitations. On n’en a pas connu d’aussi peu pluvieux depuis juillet 1959. Les trois-quarts de la partie nord de la France sont dans le rouge. Cela n’arrive qu’une fois tous les cinquante ans. Du coup, il a fallu pomper plus d’eau dans les nappes et les rivières. Dans l’agriculture, les exploitants doivent irriguer davantage cet été pour compenser l’absence d’eau de pluie.

Avec quelles conséquences ? 

Un quart des grands cours d’eau sont à un niveau bas et 140 de nos 1.400 points d’observation affichent des niveaux très bas, là où ont été pris des arrêtés sécheresse et des restrictions d’usage. S’agissant des petits cours d’eau, 16 % étaient à sec fin juillet. C’est moins qu’en 2019 où ce taux était de 25 %. La sécheresse est donc moins forte qu’il y a un an. Ce qui est exceptionnel, en revanche, c’est de la voir se manifester pendant quasiment trois ans d’affilée : 2017, 2019 et 2020. Avant, c’était une fois tous les dix ans.

Comment voyez-vous la situation évoluer ?

C’est difficile à dire. En général, il pleut davantage en août. Mais si ce n’est pas le cas cet été, on peut redouter des ruptures d’approvisionnement dans certaines communes et, s’agissant des milieux naturels, des pertes de continuité écologique dans les cours d’eau. Sur le plan économique, l’impact serait énorme, notamment sur les récoltes agricoles.

La ressource en eau va-t-elle se raréfier avec le réchauffement ?

Selon les évaluations faites en 2012 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, il faut s’attendre en France à une baisse de 10 à 40 % du débit des cours d’eau et à un recul de 10 à 25 %, voir 50 % du niveau des nappes phréatiques. Quant aux précipitations, leur diminution prévisible varie entre -16 % et -23 %. Le réchauffement tend aussi à modifier le régime des pluies. La fréquence des événements extrêmes augmente mais ils ne contribuent pas à recharger les nappes car ils sont trop rapides.

Comment peut-on s’adapter à ces changements ?

Tout l’enjeu aujourd’hui est de disposer d’eau au bon moment et au bon endroit. La France doit sortir d’une gestion de l’abondance de cette ressource. Il y a énormément d’eau dans notre pays, mais il faut l’économiser. L’industrie doit y être encouragée, tout comme l’agriculture. L’irrigation va être de plus en plus connectée aux cultures avec des systèmes qui délivrent de l’eau à la plante quand elle en a besoin. Il va également falloir adapter les types de cultures et développer certaines solutions, comme celle consistant à recharger artificiellement les nappes phréatiques via des retenues d’eau. Il ne s’agit donc pas que d’aménager de nouveaux réservoirs qui ont plusieurs inconvénients. Entre 20 et 60 % de l’eau stockée disparaît par évaporation et le débit des rivières situées en aval est perturbé.

Roundup: bayer va mettre 10 milliards pour stopper les procédures

Roundup: bayer va mettre 10 milliards pour stopper les procédures

Bayer a annoncé mercredi qu’il versera entre 10,1 et 10,9 milliards de dollars pour mettre un terme aux procédures lancées par près de 100.000 Américains ayant souffert d’un cancer qu’ils imputent à leur exposition au Roundup, un herbicide à base de glyphosate produit par Monsanto.

 

Le groupe allemand s’efforce de mettre fin aux poursuites engagées aux Etats-Unis contre le Roundup et d’autres produits à base de glyphosate, dont il a hérité lors du rachat de Monsanto pour 63 milliards de dollars, bouclé en 2018.

Le règlement annoncé mercredi ne règle pas tous les contentieux, Bayer ayant précisé qu’il portait sur environ 75% de procédures ouvertes aux Etats-Unis. L’accord “résout les litiges actuels et met en place un mécanisme clair pour gérer les risques des litiges potentiels futurs” dit Bayer dans un communiqué.

Ces “futurs cas potentiels seront régis par un ‘accord de classe’ soumis à l’approbation du tribunal. L’accord comprend la création d’une classe de potentiels futurs plaignants et la création d’un comité scientifique de classe indépendant.”Bayer continuera de commercialiser le Roundup et n’a pas l’intention de préciser sur ses emballage qu’il serait susceptible de provoquer l’apparition d’un cancer.

Le groupe, qui n’admet dans ce règlement ni sa culpabilité ni avoir commis le moindre acte répréhensible, continue de considérer que le Roundup ne présente pas de dangerosité pour les agriculteurs qui l’utilisent en l’associant à ses semences génétiquement modifiées.

Dans un règlement séparé, Bayer a accepté de mettre un terme à une autre procédure ouvertes sur des cas de pollution d’eaux usées par des polychlorobiphényles (PCB) que Monsanto a produit avant 1977, en versant 820 millions de dollars.

Il versera enfin jusqu’à 400 millions de dollars pour résoudre des contentieux soulevés par des propriétaires de terrains qui affirment que leurs cultures ont été endommagées par l’usage dans des champs voisins d’un herbicide extrêmement volatile qu’il avait lui même produit.

 

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