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Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Un collectif d’élus, de défenseurs de l’agriculture et des énergies renouvelables, parmi lesquels Pascal Chaussec, Alain Grandjean et Emmanuel Hyest expliquent, dans une tribune au « Monde » que le développement du solaire doit être mis au service de notre agriculture et non l’inverse. (extrait)

 

Tribune.

 

Nos agriculteurs, déjà touchés régulièrement par des prix de vente trop faibles et les effets du dérèglement climatique, doivent désormais affronter un défi propre à ce XXIe siècle, celui de la pénurie des terres. Les espaces agricoles deviennent petit à petit insuffisants pour nourrir une population croissante, d’autant qu’ils subissent par ailleurs érosion et artificialisation galopante.

En France, ce phénomène pourrait être accentué par nos objectifs de transition énergétique. Les développeurs de parcs solaires rencontrent des difficultés pour identifier et maîtriser le foncier de friches industrielles ou d’autres terrains artificialisés, délaissés ou dégradés pour y implanter leurs installations.

Ainsi, la recherche du foncier nécessaire à l’atteinte des objectifs solaires inscrits dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) exerce, depuis deux ans, une forte pression sur les terres agricoles. Face à cette pression, de plus en plus de plans locaux d’urbanisme prévoient le déclassement de terres agricoles pour permettre l’implantation des centrales solaires. Ces projets d’installations photovoltaïques au sol conduisent à l’artificialisation de terres arables et à l’affaiblissement de l’activité agricole.

Des terres agricoles perdues

Cette quête de terres nouvelles entraîne l’agriculture dans un cercle vicieux : outre la baisse du potentiel de production agricole, la pénurie de terrains disponibles pour le photovoltaïque crée une spéculation foncière pouvant séduire des agriculteurs en grandes difficultés économiques ; ensuite, l’inflation des loyers ou des prix d’achat des terrains objets de cette spéculation accentue, malgré la volonté affichée du gouvernement de les soutenir, les difficultés d’installation de nouveaux entrants et menace la transition générationnelle agricole.

Nous, signataires de ce texte, soutenons qu’il est possible de mener de concert transition énergétique et défense de notre souveraineté alimentaire. Nous soutenons qu’il existe des solutions pour préserver les surfaces agricoles tout en réalisant les objectifs de la transition énergétique, et qu’elles offrent une opportunité équitable pour le plus grand nombre des agriculteurs.

Tout d’abord, si tous les agriculteurs de France pouvaient équiper de toiture solaire leurs bâtiments d’élevage ou de stockage, les objectifs de la PPE seraient déjà atteints. Chaque agriculteur en tirerait de multiples avantages : compléments de revenus tirés de la vente d’électricité, modernisation de leur exploitation, bien-être animal… A plus long terme, cela permettrait également d’équiper les exploitations de bornes de recharge et d’utiliser des engins agricoles électriques dès que ceux-ci seront devenus compétitifs.

Urbanisme- Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

Urbanisme- Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

 

Un plaidoyer sur la ville durable qui dégage quand même un certain parfums de lobby qui ne conçoit l’aménagement qu’autour de l’urbanisation notamment via les métropoles. Bref, la défense du concept de croissance endogène .

Pierre-André de Chalendar est PDG du groupe Saint-Gobain, leader mondial des matériaux de construction. Il passera la main à son successeur, Benoit Bazin, le 1er juillet.

 

Engagé depuis longtemps dans la lutte contre le réchauffement climatique, il vient de publier Le défi urbain, retrouver le désir de vivre en ville (Odile Jacob), un plaidoyer pour une ville durable, que les acteurs du bâtiment doivent contribuer à construire.

Les villes ont été rattrapées par leurs défauts avec la pandémie, et leurs habitants les ont quittées. Vous continuez pourtant de croire en leur avenir. Pourquoi ?

Il n’y a pas eu d’exode urbain en tant que tel. Les gens se sont plutôt questionnés sur leur départ. La crise, agissant comme un révélateur et un accélérateur, a interrogé la densité urbaine, la suroccupation des logements, le partage de l’espace… L’inégalité face au logement n’a jamais été aussi criante. La Covid a aussi renforcé ce sentiment commun à toutes les époques : les pandémies se répandent plus vite dans les villes. Tout cela a créé un sentiment d’anxiété. Des gens sont allés se confiner hors des villes, mais ce sont plutôt les heureux du système. La ville a toujours été un lieu de désir. C’est la fête, les relations, le commerce, la richesse, la culture, la vie. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle qu’elle a été associée à la pollution. Les villes ne représentent aujourd’hui que 2 % de la surface de la planète, mais près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Alors que le processus d’urbanisation ne va faire que progresser, elles vont avoir un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Et si on veut qu’elles redeviennent un lieu de désir, il faut les transformer.

Le modèle des villes de demain est-il celui de ces villes nouvelles, connectées, mieux organisées et économes en ressources qui poussent en Corée ou en Chine ?

Je ne crois pas. On ne peut pas créer à partir de rien. Dans les villes nouvelles construites à travers le monde, seul l’exemple de Saint-Pétersbourg peut s’apparenter à une réussite. Brasilia, la capitale du Brésil, n’a pas très bien vieilli. Le pire, ce sont les villes nouvelles du général de Gaulle, construites le long des lignes de RER : Marne-la-Vallée, Evry, Cergy-Pontoise, Corbeil-Essonnes… Pourquoi ? Parce qu’elles ont été conçues comme des satellites de Paris. Il leur manquait des attributs. Ce modèle ne fonctionne pas. Il faut au contraire imaginer des villes où toutes les fonctions essentielles sont accessibles rapidement, dans l’esprit de la « ville du quart d’heure » de l’urbaniste Carlos Moreno. Le concept de métropoles ne va pas disparaître, mais elles doivent contenir plusieurs centres pour éviter ce phénomène de ghettoïsation qu’on a provoqué depuis 40 ans dans les grandes villes françaises. La ville doit retrouver une certaine mixité, renouer avec le végétal… Le bâtiment a un grand rôle à jouer dans ce nouveau paradigme, et on l’a constaté avec la croissance de nos activités de rénovation dès la fin du premier confinement.

« Il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux »

Comment l’expliquez-vous ?

Le confinement a contraint les gens à passer beaucoup plus de temps dans leur logement. Leur rapport à l’habitat a radicalement changé. Maisons et appartements ne sont plus seulement des espaces de vie, mais de travail. Ce qui demande une nouvelle organisation de l’espace et fait naître un besoin de modularité… La période s’est aussi révélée propice à l’épargne. Résultat, c’est le plein boom pour Saint-Gobain, alimenté par un mouvement de fond. Dans beaucoup de pays, les gouvernements ont fait de la rénovation énergétique une part importante des plans de relance. Les moyens que chacun va consacrer à son logement vont aller croissant avec la généralisation du télétravail.

Le concept d’économie circulaire est au cœur de votre conception de la ville durable. Dans le bâtiment, il reste de gros progrès à faire : seuls 30 % des déchets du secteur sont recyclés…

Le secteur de la construction représente 40 % des déchets en volume dans le monde. C’est considérable. Utiliser des matériaux recyclés permet de pallier le problème car ils réduisent beaucoup les émissions de gaz à effet de serre. Chez Saint-Gobain, le verre ou le gypse de la plaque de plâtre, sont par exemple recyclables à l’infini. On aimerait avoir plus de ces matériaux, mais le problème réside dans leur collecte. Des progrès sont à faire, ils prendront beaucoup de temps : il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux. Il faut donc organiser des écosystèmes et une filière pour récupérer et recycler ces matériaux. La tour Saint-Gobain, à la Défense, a par exemple été construite sur un ancien bâtiment qu’on a démantelé en récupérant le plus de pièces possible. Ça coûte plus cher, mais cela va dans le sens de l’histoire.

Vous avez publié, en novembre 2020 une feuille de route visant la neutralité carbone en 2050. N’est ce pas utopique pour une industrie qui consomme beaucoup d’énergie ?

L’industrie est régulièrement pointée du doigt pour son empreinte carbone et le rôle qu’elle joue dans le réchauffement climatique. Elle est peut-être le problème, mais elle est surtout la solution. 2050, ça peut paraître loin, mais dans l’industrie, c’est quasiment demain. Il faut qu’on soit capable dès 2030 d’éco-produire nos solutions dans les usines appropriées. On va dépenser environ 100 millions d’euros par an d’ici à 2030 pour parvenir à nos objectifs et trouver comment on va faire. Car tout dépendra du mix énergétique des années à venir, la part qu’y prendront l’hydrogène vert, la biomasse… Ce « zéro carbone net », c’est beaucoup plus qu’un idéal. En 2019, c’était une « aspiration », comme disent les Américains, mais aujourd’hui c’est un objectif réaliste. On a récemment lancé notre première usine de plaque de plâtre zéro carbone en Norvège. Le pays possède de nombreux barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité verte pas chère. Si ces objectifs ne sont pas contraignants comme peut l’être le statut d’entreprise à mission, les rémunérations variables de 2 500 cadres pourront être touchées si ceux à court terme ne sont pas atteints. Je suis assez confiant dans notre capacité à concrétiser nos ambitions. En revanche, on ne pourra pas tout faire tout seul. Les Etats doivent mettre la main à pâte.

« Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique » 

Depuis une dizaine d’années, les gouvernements français ont échoué à atteindre leurs objectifs en matière de rénovation énergétique. Comment passer à la vitesse supérieure ?

Les précédents objectifs étaient trop ambitieux. J’ai eu la chance de participer à une task force consacrée à la rénovation énergétique des bâtiments en juin et juillet 2020, à la demande de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon. Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique. Le gouvernement a franchi une grande étape en acceptant de rénover ses bâtiments publics. En plus de donner l’exemple, il va faire des économies sur le long terme.

Quel bilan tirez-vous de vos dix années à la tête de Saint-Gobain ?

J’ai eu deux fils conducteurs : devenir la référence de l’habitat, et d’un habitat durable. Historiquement, Saint-Gobain est une entreprise de matériaux et de produits. Tout mon travail a été de passer d’une culture produit à une culture client. La dernière étape a été de changer l’organisation du groupe dans le cadre de notre plan de transformation Transform & Growpour fonctionner par pays, pour les métiers locaux de la construction. Il y a encore du travail. Le deuxième point, celui de la durabilité, ne coulait pas de source en 2007. Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions, j’étais tout seul avec mon directeur du développement durable. Aujourd’hui, tout le monde est impliqué. Grâce à la nouvelle génération, et aux investisseurs. Depuis deux ans, l’intérêt pour le sujet est exponentiel. Lors de la présentation de nos résultats en mars, 40 % des questions des actionnaires portaient sur des sujets ESG. Tout cela me rend plus optimiste. Il est en train de se passer des choses et le groupe doit rester en avance sur ces sujets.

Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

Transformer les villes …Mais pas les mettre à la campagne !

 

Un plaidoyer sur la ville durable qui dégage quand même un certain parfums de lobby qui ne conçoit l’aménagement qu’autour de l’urbanisation notamment via les métropoles. Bref, la défense du concept de croissance endogène .

Pierre-André de Chalendar est PDG du groupe Saint-Gobain, leader mondial des matériaux de construction. Il passera la main à son successeur, Benoit Bazin, le 1er juillet.

 

Engagé depuis longtemps dans la lutte contre le réchauffement climatique, il vient de publier Le défi urbain, retrouver le désir de vivre en ville (Odile Jacob), un plaidoyer pour une ville durable, que les acteurs du bâtiment doivent contribuer à construire.

Les villes ont été rattrapées par leurs défauts avec la pandémie, et leurs habitants les ont quittées. Vous continuez pourtant de croire en leur avenir. Pourquoi ?

Il n’y a pas eu d’exode urbain en tant que tel. Les gens se sont plutôt questionnés sur leur départ. La crise, agissant comme un révélateur et un accélérateur, a interrogé la densité urbaine, la suroccupation des logements, le partage de l’espace… L’inégalité face au logement n’a jamais été aussi criante. La Covid a aussi renforcé ce sentiment commun à toutes les époques : les pandémies se répandent plus vite dans les villes. Tout cela a créé un sentiment d’anxiété. Des gens sont allés se confiner hors des villes, mais ce sont plutôt les heureux du système. La ville a toujours été un lieu de désir. C’est la fête, les relations, le commerce, la richesse, la culture, la vie. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle qu’elle a été associée à la pollution. Les villes ne représentent aujourd’hui que 2 % de la surface de la planète, mais près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Alors que le processus d’urbanisation ne va faire que progresser, elles vont avoir un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Et si on veut qu’elles redeviennent un lieu de désir, il faut les transformer.

Le modèle des villes de demain est-il celui de ces villes nouvelles, connectées, mieux organisées et économes en ressources qui poussent en Corée ou en Chine ?

Je ne crois pas. On ne peut pas créer à partir de rien. Dans les villes nouvelles construites à travers le monde, seul l’exemple de Saint-Pétersbourg peut s’apparenter à une réussite. Brasilia, la capitale du Brésil, n’a pas très bien vieilli. Le pire, ce sont les villes nouvelles du général de Gaulle, construites le long des lignes de RER : Marne-la-Vallée, Evry, Cergy-Pontoise, Corbeil-Essonnes… Pourquoi ? Parce qu’elles ont été conçues comme des satellites de Paris. Il leur manquait des attributs. Ce modèle ne fonctionne pas. Il faut au contraire imaginer des villes où toutes les fonctions essentielles sont accessibles rapidement, dans l’esprit de la « ville du quart d’heure » de l’urbaniste Carlos Moreno. Le concept de métropoles ne va pas disparaître, mais elles doivent contenir plusieurs centres pour éviter ce phénomène de ghettoïsation qu’on a provoqué depuis 40 ans dans les grandes villes françaises. La ville doit retrouver une certaine mixité, renouer avec le végétal… Le bâtiment a un grand rôle à jouer dans ce nouveau paradigme, et on l’a constaté avec la croissance de nos activités de rénovation dès la fin du premier confinement.

« Il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux »

Comment l’expliquez-vous ?

Le confinement a contraint les gens à passer beaucoup plus de temps dans leur logement. Leur rapport à l’habitat a radicalement changé. Maisons et appartements ne sont plus seulement des espaces de vie, mais de travail. Ce qui demande une nouvelle organisation de l’espace et fait naître un besoin de modularité… La période s’est aussi révélée propice à l’épargne. Résultat, c’est le plein boom pour Saint-Gobain, alimenté par un mouvement de fond. Dans beaucoup de pays, les gouvernements ont fait de la rénovation énergétique une part importante des plans de relance. Les moyens que chacun va consacrer à son logement vont aller croissant avec la généralisation du télétravail.

Le concept d’économie circulaire est au cœur de votre conception de la ville durable. Dans le bâtiment, il reste de gros progrès à faire : seuls 30 % des déchets du secteur sont recyclés…

Le secteur de la construction représente 40 % des déchets en volume dans le monde. C’est considérable. Utiliser des matériaux recyclés permet de pallier le problème car ils réduisent beaucoup les émissions de gaz à effet de serre. Chez Saint-Gobain, le verre ou le gypse de la plaque de plâtre, sont par exemple recyclables à l’infini. On aimerait avoir plus de ces matériaux, mais le problème réside dans leur collecte. Des progrès sont à faire, ils prendront beaucoup de temps : il s’agira de penser à la déconstruction des bâtiments dès leur construction. En d’autres termes, les bâtiments deviendront des banques de matériaux. Il faut donc organiser des écosystèmes et une filière pour récupérer et recycler ces matériaux. La tour Saint-Gobain, à la Défense, a par exemple été construite sur un ancien bâtiment qu’on a démantelé en récupérant le plus de pièces possible. Ça coûte plus cher, mais cela va dans le sens de l’histoire.

Vous avez publié, en novembre 2020 une feuille de route visant la neutralité carbone en 2050. N’est ce pas utopique pour une industrie qui consomme beaucoup d’énergie ?

L’industrie est régulièrement pointée du doigt pour son empreinte carbone et le rôle qu’elle joue dans le réchauffement climatique. Elle est peut-être le problème, mais elle est surtout la solution. 2050, ça peut paraître loin, mais dans l’industrie, c’est quasiment demain. Il faut qu’on soit capable dès 2030 d’éco-produire nos solutions dans les usines appropriées. On va dépenser environ 100 millions d’euros par an d’ici à 2030 pour parvenir à nos objectifs et trouver comment on va faire. Car tout dépendra du mix énergétique des années à venir, la part qu’y prendront l’hydrogène vert, la biomasse… Ce « zéro carbone net », c’est beaucoup plus qu’un idéal. En 2019, c’était une « aspiration », comme disent les Américains, mais aujourd’hui c’est un objectif réaliste. On a récemment lancé notre première usine de plaque de plâtre zéro carbone en Norvège. Le pays possède de nombreux barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité verte pas chère. Si ces objectifs ne sont pas contraignants comme peut l’être le statut d’entreprise à mission, les rémunérations variables de 2 500 cadres pourront être touchées si ceux à court terme ne sont pas atteints. Je suis assez confiant dans notre capacité à concrétiser nos ambitions. En revanche, on ne pourra pas tout faire tout seul. Les Etats doivent mettre la main à pâte.

« Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique » 

Depuis une dizaine d’années, les gouvernements français ont échoué à atteindre leurs objectifs en matière de rénovation énergétique. Comment passer à la vitesse supérieure ?

Les précédents objectifs étaient trop ambitieux. J’ai eu la chance de participer à une task force consacrée à la rénovation énergétique des bâtiments en juin et juillet 2020, à la demande de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon. Un certain nombre de nos propositions ont été retenues dans le projet de loi Climat, qui reste bien fait et réalisable. Les sujets majeurs restent ceux de la lisibilité des aides, et de la dédramatisation de la rénovation énergétique. Le gouvernement a franchi une grande étape en acceptant de rénover ses bâtiments publics. En plus de donner l’exemple, il va faire des économies sur le long terme.

Quel bilan tirez-vous de vos dix années à la tête de Saint-Gobain ?

J’ai eu deux fils conducteurs : devenir la référence de l’habitat, et d’un habitat durable. Historiquement, Saint-Gobain est une entreprise de matériaux et de produits. Tout mon travail a été de passer d’une culture produit à une culture client. La dernière étape a été de changer l’organisation du groupe dans le cadre de notre plan de transformation Transform & Growpour fonctionner par pays, pour les métiers locaux de la construction. Il y a encore du travail. Le deuxième point, celui de la durabilité, ne coulait pas de source en 2007. Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions, j’étais tout seul avec mon directeur du développement durable. Aujourd’hui, tout le monde est impliqué. Grâce à la nouvelle génération, et aux investisseurs. Depuis deux ans, l’intérêt pour le sujet est exponentiel. Lors de la présentation de nos résultats en mars, 40 % des questions des actionnaires portaient sur des sujets ESG. Tout cela me rend plus optimiste. Il est en train de se passer des choses et le groupe doit rester en avance sur ces sujets.

La relance publique implique de mettre de côté les règles budgétaires en Europe

La  relance publique implique de mettre de côté les règles budgétaires en Europe

Roel Beetsma est professeur et vice-doyen de la faculté des sciences économiques et commerciales, à l’université d’Amsterdam, aux Pays-Bas. Il est membre du comité budgétaire européen, un organe consultatif indépendant qui conseille la Commission sur le cadre budgétaire. Il fait aussi partie d’une commission indépendante conseillant le gouvernement néerlandais sur les positions à adopter en matière de politiques financières et économiques de l’Union. (Interview dans l’Opinion)

Faut-il réformer le Pacte de stabilité et de croissance ? Qui fixe les règles budgétaires européennes ?

Habituellement, après une crise, l’investissement public chute. De fait, les études que nous avons menées montrent qu’il a été plus faible après la crise financière mondiale. C’est en particulier le cas pour les pays très endettés, comme l’Italie et le Portugal. Au comité budgétaire européen, nous avons recommandé à la Commission européenne de reprendre le Pacte de stabilité et de croissance et d’adopter ce que nous appelons une règle d’or budgétaire modifiée, permettant un relâchement du plafond d’augmentation de la dépense publique pour permettre de l’investissement public. Nous sommes conscients des inconvénients : les gouvernements sont incités à reclasser des dépenses comme de l’investissement. Donc nous suggérons que la règle d’or modifiée s’applique uniquement aux investissements déjà classifiés comme tels par la Commission. Par exemple, ceux financés par les fonds structurels, qui répondent à certains critères. La part du financement qui vient des Etats membres pourrait être exemptée des règles budgétaires et même majorée par les gouvernements, en ayant un plafond plus élevé.

« Vous devez donc trouver un compromis en permettant, d’un côté, des dépenses favorables à la croissance et en vous assurant, d’un autre, que ces dépenses facilitées en soient vraiment porteuses »

Quels sont ces investissements ? Est-ce si simple de différencier dépenses d’investissement et de fonctionnement ?

Classiquement, ce sont les investissements dans les infrastructures : routes, réseaux électriques, chemins de fer, bâtiments scolaires ou gouvernementaux… A contrario, les salaires des enseignants ne sont pas considérés comme des investissements, alors qu’ils encouragent la croissance. Dans l’idéal, on rendrait flexibles les règles budgétaires pour toute dépense publique porteuse de croissance. Mais les gouvernements souhaitent présenter comme telles toutes sortes de dépenses. Vous devez donc trouver un compromis en permettant, d’un côté, des dépenses favorables à la croissance et en vous assurant, d’un autre, que ces dépenses facilitées en soient vraiment porteuses. C’est plus facile dans le cas des investissements en infrastructures. Il faut noter que les règles budgétaires européennes autorisent déjà une certaine flexibilité pour les investissements publics. Dans le bras préventif du Pacte de stabilité, les gouvernements qui affichent un déficit structurel [c’est-à-dire des recettes inférieures à leurs dépenses sans tenir compte de l’impact de la conjoncture] doivent améliorer ce dernier de 0,5 % du PIB par an. Mais la flexibilité pour l’investissement public peut atteindre environ 0,2 % du PIB. Ce n’est pas rien. Néanmoins, en pratique, les pays n’ont presque jamais utilisé cette possibilité. Ils ont de nombreuses autres possibilités de flexibilité qu’ils exploitent déjà auprès de la Commission : événements inhabituels, réformes structurelles, marges d’incertitudes…

Comment se positionnent les grands pays européens par rapport à la réforme du Pacte de stabilité ?

Les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche et les pays scandinaves sont sceptiques et craignent davantage de flexibilité dans les règles budgétaires européennes. En revanche, la France, l’Espagne et l’Italie y sont favorables. On retrouve la division classique. La Commission va lancer très prochainement des consultations à propos de potentiels changements concernant le Pacte. Il y aura des débats, mais ce qui en sortira n’est pas encore clair…

Mettre fin au “quoi qu’il en coûte”» le Medef déraille

Mettre fin au “quoi qu’il en coûte”» le Medef déraille

On se demande quel mouche a piqué Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef pour déclarer qu’ il convenait de mettre le plus rapidement possible au « quoi qu’il en coûte ». Le patron du Medef oublie sans doute la situation difficile voire dramatique dans certains secteurs de l’artisanat et des PME. Il fait aussi l’impasse sur la grande fragilité de la reprise qui sera limitée au mieux à 4 % en 2021, soit un retard de 5 % par rapport à 2019. Il semble ignorer que les résultats du premier trimestre sont particulièrement mauvais puisqu’on escompte au mieux une progression du prix de 1 %.. Geoffroy Roux de Bézieux reconnaît que la situation est contrastée dans le Figaro

 

 

Les entreprises perçoivent-elles la reprise sur le plan économique?

 

Geoffroy ROUX DE BÉZIEUX. - C’est un peu paradoxal de répondre oui, alors qu’un reconfinement plane sur l’Île-de-France et que le vaccin AstraZeneca vient d’être suspendu. C’est vrai que certains signaux peuvent nous rendre optimistes – même s’il y a encore quelques mois difficiles à passer, notamment pour les secteurs qui sont arrêtés. La crise que nous vivons est très atypique, car très concentrée sur certaines entreprises de l’économie présentielle ou de certains secteurs industriels, alors que d’autres vont bien. C’est la même chose pour les ménages. Le pouvoir d’achat global a continué à augmenter en 2020, alors que les étudiants, les indépendants et ceux qui sont éloignés de l’emploi ont réellement souffert. Je vous rappelle que lors de la dernière grande crise, en 2009, le recul du PIB n’a été que de 2,2 %, mais le chômage bien plus important. La différence, c’est l’argent qu’on a dépensé pour soutenir

 

Aux États-Unis, on ne manifeste pas les mêmes états d’âme sur le quoi qu’il en coûte. Au contraire les États-Unis s’apprêtent au cours de l’été à mettre au point encore des mesures de soutiens qui s’ajouteront aux plans récents de 1900 milliards décidés par Biden. Résultat les États-Unis espèrent une croissance de 8 % des 2021 à comparer aux 4 % de la France qui ne retrouvera pas le niveau de 2019 avant 2022 ou 2023. Le patron du Medef est sans doute influencé par excès par les résultats de certaines grandes entreprises par exemple Darty qui annonce  aujourd’hui qu’il va rembourser les prêts garantis de l’État dits. Dans les PME par contre et dans l’artisanat, c’est de l’ordre de 20 % des sociétés qui ne pourront pas faire face à leurs échéances financières.

Mettre fin aux écoutes illégales

Mettre fin aux écoutes illégales

Le président du Conseil national des barreaux juge dans l’Opinion  le projet de loi « nécessaire mais pas suffisant »

 

Ancien bâtonnier de Marseille, Jérôme Gavaudan a pris la tête du Conseil national des barreaux (70 000 avocats) en janvier. Avec les autres représentants de la profession (Ordre de Paris, Conférence des bâtonniers), il a été consulté par le garde des Sceaux pour l’élaboration de son projet de loi.

Plusieurs de vos confrères ont vivement critiqué le jugement dans l’affaire des écoutes et regretté qu’il semble valider les «  dérives  » du Parquet national financier. Quelle est votre analyse ?

Le raisonnement du tribunal correctionnel se résume ainsi : il y a dans des écoutes des signes de la volonté d’un avocat de participer à la commission d’une infraction et donc on peut a priori le placer sur écoutes. Ce qui est gênant parce que cela revient à dire : on écoute et on se fait son opinion, et donc le tri, après. C’est après avoir écouté qu’on dit si on avait ou non le droit de le faire. C’est un raisonnement à l’envers que les avocats ne peuvent accepter car ce n’est pas un mécanisme sain dans une grande démocratie. Les avocats sont, et doivent rester, des confidents en toutes matières et être protégés comme tels. La profession est unanime pour dénoncer des dérives anormales. Cela étant, il semblerait que d’autres éléments fondent ce jugement qu’il ne m’appartient pas de commenter.

Sur cette question des enquêtes et du secret, comment jugez-vous le projet de loi d’Eric Dupond-Moretti ?

Ce texte vient recadrer un certain nombre de pratiques et encadrer de nouvelles techniques d’enquête. Certes, on a assisté au fil des ans à une multiplication des infractions financières et fiscales et à une plus grande complexité des mécanismes de fraude. Mais ce n’est pas parce que les choses deviennent complexes que les grands principes doivent être bafoués. On a abusé des enquêtes préliminaires qui durent trop longtemps, aux mains des seuls magistrats du parquet. On a bafoué le droit qui, dans une grande démocratie doit être absolu, de parler à son avocat sans avoir le risque d’être écouté.

Le texte répond-il à ces attentes ? Il dit par exemple que perquisitionner un avocat ou le placer sur écoutes ne sera possible que s’il existe des « raisons plausibles » que cet avocat participe à la commission d’une infraction.

Le texte définit mieux les éléments de preuve que les magistrats peuvent utiliser pour définir ces « raisons plausibles ». On va au cours du débat parlementaire pouvoir même peut-être aller plus loin et faire intervenir davantage le juge des libertés et de la détention (JLD). C’est ce que la profession demande. De plus, limiter l’enquête préliminaire à deux ans est nécessaire. Ce projet va sécuriser l’enquête et les droits de la défense. Il ne sera pas un projet « pour rien » même si notre profession souhaite aller plus loin en redéfinissant le secret professionnel, en définissant la consultation juridique et en corrigeant la jurisprudence de la Cour de cassation qui, en la matière, distingue les activités de conseil de la défense. Ce texte améliore les droits de la défense mais reste – et nous le regrettons – essentiellement cantonné à la matière pénale. Il représente une avancée démocratique, encore insuffisante à nos yeux.

Le projet de loi ne risque-t-il pas d’apparaître comme une volonté de « protéger les politiques » et d’entraver le travail des magistrats ? Voire comme une « vengeance » de l’actuel garde des Sceaux, lui-même surveillé dans l’affaire des écoutes quand il était avocat ?

Sur ce dernier point, je ne pense pas que le garde des Sceaux ait élaboré une loi de circonstance liée à l’actualité. Ce sont des idées qu’il défend depuis longtemps. Ce projet n’est pas une réponse politique ni idéologique mais un texte en réalité assez technique qui ne va pas entraîner de bouleversement majeur. On n’est pas en train de protéger les bandits de grand chemin ou la grande délinquance financière ! Des principes sont réaffirmés, des dérives corrigées. Quant aux magistrats, je ne pense pas qu’ils puissent vivre cela comme une attaque. Même si formellement les écoutes ne sont pas illégales, est-ce déontologique d’écouter tout le monde pour parvenir à ses fins ? N’est-ce pas scandaleux de laisser traîner des écoutes, tels des filets dérivants, visant des avocats qui, par définition, recueillent les confessions de leurs clients et des informations sur des turpitudes éventuelles ? Dans leur grande majorité, les magistrats sont indépendants et font bien leur travail. On ne peut pas parler de « justice politique ». Tout cela est finalement davantage affaire de déontologie et de responsabilité que de Code de procédure pénale. C’est à ce titre que le Parquet national financier doit être exemplaire.

Vous dites vouloir faire un mandat « politique » à la tête du CNB. C’est-à-dire ?

Nous interpellerons les candidats à la présidentielle sur la place de la justice, les moyens qu’on lui donne, l’équilibre entre libertés individuelles et impératif sécuritaire, entre libertés fondamentales et état d’urgence (sanitaire, terroriste, etc.). Lors du premier confinement, l’exécutif a quand même décrété par ordonnance la prolongation de toutes les détentions provisoires. On vous encabane deux mois de plus sans passer devant un juge ! Emmanuel Macron en 2017 allait bien aux avocats qui ont été nombreux à voter pour lui. J’entends beaucoup de déçus car l’ADN des avocats est d’être très attentifs aux droits

Comment mettre l’intelligence artificielle à grande échelle (Mohit Joshi)

 Comment mettre l’intelligence artificielle à grande échelle (Mohit Joshi)

 

Mohit Joshi, Président d’Infosys explique comment mettre en œuvre l’IA à grande échelle:  les entreprises doivent prendre soin de leurs talents internes, mettre l’éthique au premier plan et développer une stratégie à l’échelle de l’entreprise pour la technologie sur toute la chaîne de valeur( chronique de la Tribune)

 

Nous sommes fermement ancrés dans la cinquième révolution industrielle, une révolution basée sur l’intelligence artificielle (IA). Tout a commencé par l’ordinateur central, puis les ordinateurs personnels dans les années 1980, suivis par Internet, et enfin l’agilité et la puissance du cloud computing dans les années 2010. Cette cinquième vague informatique sera la plus retentissante à ce jour, avec des capacités qui promettent toujours plus d’initiatives et d’exploration humaines.

Toutefois, un problème se pose. Bien que l’IA soit adaptée aux entreprises, nombre d’entre elles ne parviennent pas à en tirer pleinement profit. L’innovation est tellement rapide que les entreprises n’arrivent pas à suivre le rythme. En 2015, les chercheurs ont publié 10.000 articles scientifiques sur l’IA. En 2019, ce chiffre est passé à 25 000 rien qu’aux États-Unis. Pour de nombreux dirigeants, cette situation est inquiétante, surtout lorsqu’on sait qu’une bonne utilisation de l’IA devrait améliorer les bénéfices de l’entreprise de 38 % et permettrait d’offrir 14 000 milliards de dollars de valeur ajouté aux entreprises d’ici 2035.

Il serait donc judicieux que les entreprises à la traîne tirent les enseignements des organisations plus avancées en matière d’IA. Dans notre étude, nous avons découvert que les leaders en matière d’IA plaçaient la technologie au cœur de leur activité et de leurs modèles d’exploitation. Ils l’utilisent pour découvrir, démocratiser et réduire les risques inhérents à l’utilisation de l’IA. Pour ces entreprises, l’IA fait partie intégrante de leur ADN et leur permet de proposer de meilleurs produits, d’améliorer l’expérience client et d’obtenir davantage de valeur ajoutée auprès de leur écosystème de partenaires.

À l’inverse, les entreprises ayant pris du retard utilisent principalement l’IA pour améliorer l’efficacité plutôt que pour changer la façon dont l’entreprise gagne de l’argent. Pour prendre une longueur d’avance, ces entreprises doivent requalifier les employés, s’assurer que l’adoption de l’IA n’est pas fragmentée, développer des cadres éthiques et de gouvernance solide, et informer les dirigeants des risques et opportunités liés à l’adoption de l’IA. Cela permettrait d’augmenter les marges opérationnelles d’au moins 3 %. Pour une entreprise de services financiers dont les revenus s’élèvent à 10 milliards de dollars, cela équivaut à 300 millions de dollars supplémentaires de revenus, ce qui n’est pas négligeable.

La plupart des talents en science des données se tournant vers les grandes entreprises technologiques, les entreprises de services financiers leaders en matière d’IA se démarquent par leur capacité à requalifier la main d’œuvre. Elles utilisent des plateformes numériques et des outils d’auto-modélisation pour garantir un apprentissage permanent. C’est crucial. Il est maintenant temps pour les entreprises de former leurs talents internes, c’est-à-dire ces employés qui connaissent parfaitement l’entreprise et qui peuvent repérer les cas d’utilisation pertinents pour l’IA plus rapidement que les nouveaux embauchés.

Il est également essentiel de réunir les équipes sous un seul et même cadre d’IA au sein de toute l’entreprise. En effet, des opérations d’IA réussies peuvent accroître les marges opérationnelles d’au moins 6 % (ce qui représente 600 millions de dollars supplémentaires pour une entreprise dont les revenus s’élèvent à 10 milliards de dollars). Ces entreprises visionnaires s’assurent généralement que les équipes commerciales, financières et technologiques travaillent ensemble sur les projets d’IA tout au long du cycle de vie de l’IA, le plus souvent via un centre d’excellence. Les employés sont formés plus rapidement, les bons processus de gestion des changements sont regroupés afin que les solutions d’IA évoluent rapidement du stade de pilote au stade du déploiement et que l’IA au sein de l’entreprise soit en mesure de répondre aux attentes.

 

Pour obtenir des résultats et développer l’intelligence à grande échelle, il est nécessaire de développer une vision globale de l’IA d’entreprise qui repose sur des plateformes d’IA professionnelles. En outre, en tirant profit du produit visionnaire, du domaine et de conseils d’experts, les entreprises sont assurées d’obtenir des bénéfices exponentiels au fil du temps.

Des cadres d’IA éthiques et de gouvernance solide doivent être établis dès le départ. Cela permet de garantir des déploiements d’IA justes, équitables et impartiaux. Nous avons constaté que ces entreprises qui ont défini ces cadres surpassent d’au moins 25 % les entreprises retardataires sur un certain nombre d’indicateurs de performance clés de l’entreprise. Toutefois, il n’est pas toujours évident d’éliminer toute déformation inconsciente de ces données. C’est ici que le mandat organisationnel pour des solutions d’IA efficaces et explicables intervient.

Les employés qui utilisent l’IA en back office ou avec les clients doivent rapidement être informés des pratiques éthiques. Les algorithmes d’apprentissage automatique doivent être en mesure d’expliquer les décisions qu’ils prennent, de façon à ce qu’elles soient comprises par les autorités d’IA, notamment les régulateurs. Sans ce pilier d’IA, des éthiques d’IA imparfaites peuvent ruiner la réputation d’une entreprise financière en un instant, auprès des partenaires et des consommateurs.

Enfin, les leaders de l’IA doivent connaître l’impact des technologies sur un certain nombre d’aspects, notamment le modèle commercial, les employés, les partenaires, les clients et la société dans son ensemble. De nombreux dirigeants rencontrent des difficultés dans ces domaines et n’ont qu’une vague idée de la façon dont l’IA peut améliorer les marges et leur permettre de devancer la concurrence. Si 2020 est l’année de l’IA, alors cela doit également être l’année au cours de laquelle les dirigeants des entreprises financières commencent leur apprentissage de l’IA.

L’IA étant présente dans tous les aspects de notre vie, le temps est venu pour les entreprises d’accélérer le mouvement vers des statuts d’IA visionnaires. De l’IA normatif utilisé dans les stratégies de fonds de roulement et la réduction du risque opérationnel au traitement du langage naturel utilisé pour extraire les attributs sensibles des contrats, les applications innovantes de l’IA améliorent les entreprises de services financiers et leur permettent d’être plus rapides et plus agiles.

Pour mettre en œuvre l’IA à grande échelle, les entreprises de services financiers doivent prendre soin de leurs talents internes, mettre l’éthique au premier plan et développer une stratégie à l’échelle de l’entreprise pour la technologie sur toute la chaîne de valeur. Ce faisant, nos clients seront les annonciateurs de la cinquième révolution industrielle.

 

Coronavirus : Mettre fin aux stratégies divergentes en Europe (Charles Michel)

Coronavirus : Mettre fin aux stratégies divergentes en Europe (Charles Michel)

 

En affirmant que les stratégies sanitaires européennes doivent être convergentes le président du conseil européen Charles Michel critique en creux des politiques très contradictoires. (Interview Figaro)

Comment décririez-vous la situation actuelle en Europe sur le front du Covid-19?

Charles MICHEL. -Nous devons dire la vérité. La situation est grave. L’Europe en est maintenant à devoir éviter le drame. C’est pourquoi il est urgent d’agir au niveau européen. Il y a un lien entre le niveau d’intensité des mesures restrictives que les États membres sont en train de prendre et la question de l’efficacité de notre stratégie commune. Deux solutions peuvent être utilisées pour limiter la propagation du virus. La première, la plus facile à décider, est le verrouillage qui a d’énormes conséquences politiques, économiques, sociales, psychologiques, voire démocratiques. L’autre option, c’est une plus grande coordination dans le testing, le traçage et dans les vaccins.

Qu’attendez-vous de la visioconférence des Vingt-Sept qui aura lieu jeudi?

J’appelle à une Union pour les tests et les vaccins. Et j’espère que les discussions permettront d’encourager les États membres à converger et à coopérer.

Mettre fin au gaspillage de l’eau

Mettre fin au gaspillage de l’eau

 

Matthieu Baïsset, directeur technique d’imaGeau, une start-up spécialisée dans les données sur les réserves en eau, souligne dans les Échos le caractère exceptionnel de l’enchaînement des années de sécheresse.

Selon l’expert d’imaGeau, une start-up spécialisée dans la compilation – par dizaines de milliers – de données historiques et actuelles sur l’état des réserves en eau, la diminution de cette ressource impose une nouvelle approche aux agriculteurs, aux industriels et aux collectivités locales. Celle d’apprendre à utiliser l’eau « au bon moment et au bon endroit » pour l’économiser. Bref à ne plus raisonner dans une logique d’abondance.

Comment se caractérise la sécheresse actuelle ?

Elle est très différente de celle de 2019. Cette année-là, l’hiver avait été faiblement pluvieux, ce qui avait limité la recharge des nappes phréatiques. Cet été, c’est l’inverse. Les stocks d’eau sont corrects mais juillet a été déficitaire en précipitations. On n’en a pas connu d’aussi peu pluvieux depuis juillet 1959. Les trois-quarts de la partie nord de la France sont dans le rouge. Cela n’arrive qu’une fois tous les cinquante ans. Du coup, il a fallu pomper plus d’eau dans les nappes et les rivières. Dans l’agriculture, les exploitants doivent irriguer davantage cet été pour compenser l’absence d’eau de pluie.

Avec quelles conséquences ? 

Un quart des grands cours d’eau sont à un niveau bas et 140 de nos 1.400 points d’observation affichent des niveaux très bas, là où ont été pris des arrêtés sécheresse et des restrictions d’usage. S’agissant des petits cours d’eau, 16 % étaient à sec fin juillet. C’est moins qu’en 2019 où ce taux était de 25 %. La sécheresse est donc moins forte qu’il y a un an. Ce qui est exceptionnel, en revanche, c’est de la voir se manifester pendant quasiment trois ans d’affilée : 2017, 2019 et 2020. Avant, c’était une fois tous les dix ans.

Comment voyez-vous la situation évoluer ?

C’est difficile à dire. En général, il pleut davantage en août. Mais si ce n’est pas le cas cet été, on peut redouter des ruptures d’approvisionnement dans certaines communes et, s’agissant des milieux naturels, des pertes de continuité écologique dans les cours d’eau. Sur le plan économique, l’impact serait énorme, notamment sur les récoltes agricoles.

La ressource en eau va-t-elle se raréfier avec le réchauffement ?

Selon les évaluations faites en 2012 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, il faut s’attendre en France à une baisse de 10 à 40 % du débit des cours d’eau et à un recul de 10 à 25 %, voir 50 % du niveau des nappes phréatiques. Quant aux précipitations, leur diminution prévisible varie entre -16 % et -23 %. Le réchauffement tend aussi à modifier le régime des pluies. La fréquence des événements extrêmes augmente mais ils ne contribuent pas à recharger les nappes car ils sont trop rapides.

Comment peut-on s’adapter à ces changements ?

Tout l’enjeu aujourd’hui est de disposer d’eau au bon moment et au bon endroit. La France doit sortir d’une gestion de l’abondance de cette ressource. Il y a énormément d’eau dans notre pays, mais il faut l’économiser. L’industrie doit y être encouragée, tout comme l’agriculture. L’irrigation va être de plus en plus connectée aux cultures avec des systèmes qui délivrent de l’eau à la plante quand elle en a besoin. Il va également falloir adapter les types de cultures et développer certaines solutions, comme celle consistant à recharger artificiellement les nappes phréatiques via des retenues d’eau. Il ne s’agit donc pas que d’aménager de nouveaux réservoirs qui ont plusieurs inconvénients. Entre 20 et 60 % de l’eau stockée disparaît par évaporation et le débit des rivières situées en aval est perturbé.

Roundup: bayer va mettre 10 milliards pour stopper les procédures

Roundup: bayer va mettre 10 milliards pour stopper les procédures

Bayer a annoncé mercredi qu’il versera entre 10,1 et 10,9 milliards de dollars pour mettre un terme aux procédures lancées par près de 100.000 Américains ayant souffert d’un cancer qu’ils imputent à leur exposition au Roundup, un herbicide à base de glyphosate produit par Monsanto.

 

Le groupe allemand s’efforce de mettre fin aux poursuites engagées aux Etats-Unis contre le Roundup et d’autres produits à base de glyphosate, dont il a hérité lors du rachat de Monsanto pour 63 milliards de dollars, bouclé en 2018.

Le règlement annoncé mercredi ne règle pas tous les contentieux, Bayer ayant précisé qu’il portait sur environ 75% de procédures ouvertes aux Etats-Unis. L’accord “résout les litiges actuels et met en place un mécanisme clair pour gérer les risques des litiges potentiels futurs” dit Bayer dans un communiqué.

Ces “futurs cas potentiels seront régis par un ‘accord de classe’ soumis à l’approbation du tribunal. L’accord comprend la création d’une classe de potentiels futurs plaignants et la création d’un comité scientifique de classe indépendant.”Bayer continuera de commercialiser le Roundup et n’a pas l’intention de préciser sur ses emballage qu’il serait susceptible de provoquer l’apparition d’un cancer.

Le groupe, qui n’admet dans ce règlement ni sa culpabilité ni avoir commis le moindre acte répréhensible, continue de considérer que le Roundup ne présente pas de dangerosité pour les agriculteurs qui l’utilisent en l’associant à ses semences génétiquement modifiées.

Dans un règlement séparé, Bayer a accepté de mettre un terme à une autre procédure ouvertes sur des cas de pollution d’eaux usées par des polychlorobiphényles (PCB) que Monsanto a produit avant 1977, en versant 820 millions de dollars.

Il versera enfin jusqu’à 400 millions de dollars pour résoudre des contentieux soulevés par des propriétaires de terrains qui affirment que leurs cultures ont été endommagées par l’usage dans des champs voisins d’un herbicide extrêmement volatile qu’il avait lui même produit.

 

Mettre fin au PIB (Joseph Stiglitz)

Mettre fin au PIB (Joseph Stiglitz)

Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz estime que le coronavirus a révélé au grand jour que l’économie mondiale tournait sans roue de secours et plaidé pour une meilleure mesure de la santé économique d’un pays que le PIB, dans un entretien avec l’AFP.


Le discours des politiques étant imprégné par l’idée de relance «verte», Joseph Stiglitz affirme qu’il faudrait «réfléchir au type d’économie dont nous voulons après cette pandémie». «Et il ne faudrait pas se contenter de revenir là où nous étions. Nous savions alors et nous savons d’autant plus aujourd’hui que cet équilibre comportait beaucoup d’iniquités et d’inégalités. Ce qu’il nous faut donc faire, c’est mener l’économie dans une direction qui reflète toutes ces préoccupations. Le PIB n’est pas une bonne mesure. Le PIB ne prend pas en compte les inégalités, le manque de résilience, le manque de durabilité.»

Joseph Stiglitz ajoute que «l’indicateur le plus important est l’impact des émissions de gaz à effet de serre. Pas seulement le CO2, mais aussi le méthane. Ils ont chacun des dimensions différentes, comme leur durée de vie et leur puissance. Ces dernières années, nous en avons appris davantage sur les multiples manifestations du changement climatique, par exemple sur la manière dont il va affecter les événements météorologiques extrêmes. Ce que nous avons appris, c’est la complexité du changement climatique lui-même.»


Cependant, le PIB reste l’indicateur clé pour évaluer le succès de toute politique, et il se pourrait que l’évolution vers un nouveau modèle de croissance soit influencée par les outils que nous utilisons pour la mesurer. Le Prix Nobel de l’économie pense en effet que «les indicateurs sont importants à deux égards. Dans notre nouveau rapport (pour l’OCDE), nous avons souligné que si nous avions eu de meilleures mesures, nous aurions eu une meilleure idée des dommages que la crise de 2008 était en train de causer. Plus largement, nous devrions travailler à une meilleure mesure de la santé de l’économie, pour savoir dans quelle mesure nos politiques de relance améliorent réellement nos sociétés.»

Selon Joseph Stiglitz, l’accent mis sur le PIB n’a pas permis de réaliser le manque de résilience de la société. «Il ne nous a pas permis de calculer la force de notre économie», dit-il. «Pour faire simple, il y a une grande différence entre le fait qu’une voiture ait une roue de secours ou non. Mais dans la façon dont nous mesurons le PIB, une voiture sans roue de secours est plus efficace qu’une voiture avec une roue de secours: elle coûte moins cher.»

«Nous avons créé une économie sans roue de secours, sans lits d’hôpitaux supplémentaires, nous ne nous sommes pas préparés à la pandémie, nous n’avons pas fait beaucoup de choses qui nous auraient permis de répondre à la pandémie. Ce n’est pas que nous aurions pu l’empêcher, mais nous aurions pu avoir une économie beaucoup plus résiliente, plus apte à réagir, et cela, je crois que nos statistiques ne nous le disent pas.», ajoute-t-il.

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Sur la relance «verte», Joseph Stiglitz se dit «plein d’espoir, surtout en Europe». Mais il précise : «nous devons continuer à travailler. Le monde a pris l’engagement d’être neutre en carbone d’ici à 2050. Je pense que c’est réalisable. C’est une étape très positive, mais ce n’est pas suffisant d’avoir cette aspiration, il faut commencer à dépenser l’argent. Et évidemment la pandémie nous incite à commencer à dépenser cet argent.»

«Nous devons aider les gens à se reconvertir, les diriger vers d’autres emplois, comme vendeur de panneaux solaires», explique l’économiste américain. «Ne pas faire cette transition aurait un coût extrêmement élevé pour le monde. Nous devons donc reconnaître que certains individus seront plus mal lotis. Nous devrons absolument veiller à ce qu’ils soient correctement protégés et à les aider à se diriger vers d’autres secteurs de production.»

Qui doit travailler ? Mettre fin au grand flou (Charles-René Tandé)

Qui doit travailler ? Mettre fin au grand flou (Charles-René Tandé)

 

 

Charles-René Tandé ,président du conseil de l’Ordre des experts-comptables, met les pieds dans le plat à propos du flou et des contradictions du pouvoir qui d’un côté préconise le confinement  le plus général possible et en même temps souhaite que le maximum d’entreprises continue de travailler. ( Interview dans l’Opinion)

Face à l’effondrement de l’activité dû à la pandémie de Covid-19, les modalités de report des charges fiscales et sociales du mois de mars ont été précisées 72 heures avant la date limite de paiement. Comment les entreprises ont-elles réagi ?

Je tiens d’abord à saluer l’engagement des 21 000 experts-comptables et de leurs 130 000 collaborateurs qui se sont mobilisés pour répondre aux demandes des chefs d’entreprise et reporter les échéances le plus vite possible. Cela n’a pas été simple car il y a eu beaucoup de confusion entre les messages politiques et ceux de l’administration. Beaucoup ont compris que la TVA ferait aussi l’objet d’un report. Ce n’est pas le cas, les échéances devront être honorées. Nous peinons toutefois à bien évaluer le montant de TVA à déclarer pour mars. Il y a tout simplement parfois des difficultés pratiques d’accès aux documents des entreprises, qui ne sont pas toutes passées au 100 % dématérialisé.

Quelles sont les principales interrogations des patrons ?

Le sujet essentiel, c’est de savoir si les salariés peuvent travailler ou pas. La situation est claire pour les entreprises faisant l’objet de l’arrêté de fermeture gouvernemental comme les bars ou les restaurants. Mais pour les autres ? Après les appels du gouvernement au confinement, beaucoup de chefs d’entreprise ont compris qu’ils devaient arrêter. Mais il semble que l’on soit allé un peu trop vite dans le « restez chez vous ». Le message est différent aujourd’hui : les entreprises doivent continuer à travailler en favorisant au maximum le télétravail et en mettant en place, pour les autres, des mesures de distanciation sociale.

La mesure exceptionnelle de chômage partiel a-t-elle été bien comprise ?

Pas vraiment. Beaucoup de chefs d’entreprise se sont interrogés sur la possibilité d’avoir recours au chômage partiel en cas de baisse de leur activité. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a depuis confirmé que ces entreprises sont éligibles à la condition de pouvoir démontrer cette baisse. Nous avons mis une cellule de crise en place avec, pour les professionnels du chiffre, une base d’informations actualisée en temps réel sur les directives gouvernementales.

Comment voyez-vous la suite ?

De gros problèmes vont rapidement apparaître sur la trésorerie des entreprises les plus fragiles. La TVA doit être payée avant mardi et les salaires versés avant le 31 mars. Or, les indemnités d’activité partielle ne tomberont que le 15 avril. Entre deux, la situation va être compliquée.

Pour éviter ces problèmes de trésorerie, 300 milliards d’euros de garanties bancaires ont été promis par l’exécutif…

L’Etat a mis beaucoup sur la table, c’est vrai. Reste à voir comment va être mise en œuvre cette garantie, et notamment comment les banques vont monter les dossiers et dans quel délai. Nous travaillons en plus avec Bpifrance à la mise en place d’un préfinancement de l’activité partielle. Mais si le confinement dure plus d’un mois, nous allons observer de nombreuses faillites. Les entreprises solides, avec des réserves et de la trésorerie, pourront tenir deux mois. Les plus fragiles non. Il est impératif de travailler au cas par cas et de tout mettre en œuvre pour éviter ces faillites et sauver les emplois.

Mettre fin à la logique de rentes des hauts fonctionnaires (Frédéric Thiriez, avocat)

 

Mettre fin à la logique de rentes des hauts fonctionnaires (Frédéric Thiriez, avocat)

Frédéric Thiriez, avocat chargé d’un rapport sur l’évolution du statut et de la formation des hauts  fonctionnaires estime dans le Monde  il faut mettre fin à la logique de rente dont bénéficient les intéressés.

Vous plaidez pour une réforme de la haute fonction publique. Pourquoi jugez-vous ce chantier important et urgent ?

C’est une réforme très politique. Loin de la seule science administrative qui n’intéresserait qu’un club d’initiés. Si elle est bien menée, elle peut avoir un fort impact sur le pays et répondre à certains de ses maux.

Comme celui, souvent dénoncé, de la « déconnexion des élites » ?

Oui. Pour répondre à la panne de l’ascenseur social, il faut mieux assurer l’égalité des chances et renforcer la méritocratie. Cela passe d’abord par le recrutement, car aujourd’hui, la haute fonction publique ne reflète pas la sociologie et la géographie de la société française. Avec mes alter ego de la fonction publique d’Etat et de la fonction publique hospitalière, nous proposons ainsi de développer les classes préparatoires intégrées pour arriver à 1 000 élèves, soit trois fois plus qu’aujourd’hui, qui recevraient une aide mensuelle de 500 euros. Il faut aller chercher davantage les candidats dans les quartiers difficiles, les zones rurales, les milieux défavorisés.

Des efforts n’ont-ils pas déjà été faits pour accroître cette diversité ?

Certes, mais beaucoup d’élèves de l’ENA sont issus de milieux franciliens. Les Français considèrent que les hauts fonctionnaires ne leur ressemblent pas.

Mais n’est-ce pas le propre de l’élitisme républicain ?

Nous avons, bien sûr, besoin d’une élite mais l’accès à cette élite doit être démocratisé. La méritocratie, ce n’est pas bénéficier d’une position à vie et ne jamais être challengé. Les hauts fonctionnaires le savent. Ils entendent les critiques sur la « fracture », le rejet de la classe dirigeante, la défiance…

En souhaitant la « suppression » de l’ENA en avril dernier, Emmanuel Macron n’a-t-il pas pris le risque d’alimenter ce rejet, déjà très nourri par la crise des Gilets jaunes ?

Il a eu raison de prendre l’initiative de la réforme. Parler de l’ENA, des grands corps de l’Etat, c’est aussi une façon d’intéresser l’opinion. Il fallait mettre le sujet sur la table et il n’est pas anormal d’avoir quelques « têtes de gondole » pour l’aborder, ni de marketer l’annonce d’une réforme. Les hauts fonctionnaires sont des hommes et des femmes de qualité. Ce n’est pas un problème de personnes, mais de système.

Parmi les pistes évoquées pour la réforme, l’une semble tenir la corde : la mise en place d’un tronc commun regroupant l’ENA, les futurs magistrats, commissaires, cadres de la territoriale, de la santé publique. Après ces quelques mois ensemble, chacun rejoindrait son école. Quel est l’avantage ?

Une culture commune et davantage de diversité. Nous sommes favorables à cette formation commune, qui devra durer au moins trois mois. Des matières comme le droit ou l’économie concernent tous les élèves et il existe sans doute plusieurs façons de penser l’économie. Si on ne veut plus de pensée unique, il faut créer ce brassage entre l’ENA et les autres formations, développer la recherche et la dispute intellectuelle au sens du Moyen-Age. Mais il n’est pas nécessaire de fusionner les écoles. Il ne faut ni ENA bis, ni moule unique.

Des élèves des grands corps techniques de l’Etat, comme les Mines, les Ponts et chaussées, doivent-ils être associés à ce tronc commun ?

Nous ne l’avons pas proposé mais cela peut être intéressant. Après tout, connaître la procédure parlementaire est utile à un ingénieur. Cela étant, l’idée n’est pas d’allonger les scolarités (de 24 mois à l’ENA, de 18 mois pour les fonctionnaires territoriaux). L’objectif est aussi de multiplier les stages pratiques, d’être dans le concret, la vraie vie. Nous suggérons, par exemple, que les futurs hauts fonctionnaires puissent remplacer des cadres administratifs absents. C’est une proposition peut-être audacieuse mais, après tout, il y a de l’absentéisme dans les ministères et ces remplacements permettraient de faire des économies en évitant d’avoir recours à des contractuels.

Au nombre des projets, figure aussi une meilleure gestion des carrières. Les ressources humaines, c’est le point faible ?

C’est sans doute le plus gros chantier. Aujourd’hui, l’administration est trop segmentée entre fonction publique d’Etat, territoriale et hospitalière. Chacun court dans son couloir. Il n’y a pas de hauts fonctionnaires de terrain parmi les directeurs d’administrations centrales. Pas d’ancien directeur général des services d’une collectivité, pas d’ex-directeur d’hôpital qui enrichiraient de leur expérience la haute fonction publique d’Etat. Nous plaidons pour que ces carrières se mélangent. La direction des collectivités territoriales, au ministère de l’Intérieur, n’a, par exemple, jamais été dirigée par un haut fonctionnaire territorial…

Etes-vous favorable à la fin de l’accès direct aux grands corps (Inspection des finances, Cour de comptes, Conseil d’Etat, etc.) à la sortie de l’ENA ?

Ce qu’il faut changer c’est cette logique de rente et de reproduction sociale qui ne plaît pas beaucoup aux Français. Les énarques qui intègrent les grands corps passent directement de l’école à une fonction de contrôle, sans avoir travaillé dans l’administration active. Une autre clé de la réforme est là. Une politique de quotas pourrait tout à fait être appliquée, imposant la règle que sur trois postes de directeurs dans un ministère, l’un soit attribué à un haut fonctionnaire venant du terrain.

 

Mettre fin à l’hypocrisie de l’Allemagne en matière de vente d’armes (Airbus)

  • Mettre fin à l’hypocrisie de l’Allemagne en matière de vente d’armes (Airbus)
  • L’Allemagne mène une politique commerciale particulièrement hypocrite en matière de vente d’armes. D’un côté elle veut apparaître très rigoureuse vis-à-vis de certains pays à risque comme par exemple l’Arabie Saoudite mais de l’autre ne se gêne pas pour écouler ses produits via des sociétés fantômes à l’étranger. En réalité ,l’Allemagne conduit désormais une politique très agressive dans ce domaine afin notamment de concurrencer la France. Mais les freins mis par l’Allemagne en matière de vente d’armes handicapent lourdement l’union économique. Ce que dénonce y compris le patron d’Airbus. – Tom Enders, président exécutif d’Airbus, reproche à l’Allemagne de bloquer certaines ventes d’armes au détriment de la France, du Royaume-Uni et de l’Espagne en raison d’une législation trop stricte.

“Cela nous rend fous, depuis des années à Airbus, que la partie allemande se donne le droit de bloquer la vente, disons, d’un hélicoptère français alors que seule une pièce allemande minuscule est entrée dans sa fabrication.”

L’Allemagne a décidé unilatéralement en octobre dernier, à la suite de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, de suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite, son deuxième marché après l’Algérie.

Cette décision a bloqué l’émission d’une licence d’exportation pour la vente du missile air-air de longue portée Meteor, qui est censé équiper l’Eurofighter Typhoon de l’armée de l’air saoudienne.

Le Meteor est assemblé par MBDA, filiale d’Airbus, BAE Systems et Leonardo, mais son système de propulsion et ses ogives sont fabriqués en Allemagne. Le futur avion de combat lancé cette semaine par Paris et Berlin (voir) et un projet de char d’assaut franco-allemand pourraient être remis en cause si Berlin n’adapte pas sa politique, prévient-on de sources militaires et diplomatiques françaises. La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a plaidé jeudi pour une politique européenne commune en matière d’exportations d’armes. “Nous Allemands ne devrions pas prétendre être plus moraux que la France”, a-t-elle dit lors de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité. Français et Allemands ont échangé des courriers à ce sujet. “Sur les fondamentaux, nous avons exprimé notre désir de résoudre ce problème. Il nous reste du travail”, a souligné un responsable français. “C’est un test décisif pour mesurer le sérieux des Allemands vis-à-vis de la défense commune et d’une coopération étroite avec la France”, a estimé Tom Enders.

Canicule : mettre les villes à la campagne !

Canicule : mettre les villes à la campagne !

 

La France est l’un des rares pays européens à disposer d’espace or le phénomène de concentration urbaine est aussi important qu’ailleurs. De l’ordre de 75 % de la population est concentrée dans ces villes inhumaines et coûteuses. Coûteuses pour la collectivité car il faut y installer des services publics, coûteuse pour les résidents contraints d’acheter la totalité des produits et services qui leur sont nécessaires. C’est la marchandisation généralisée chère à la plupart des économistes qui vantent ainsi cette croissance urbaine endogène. En fait un espace où tout se vend et tout s’achète. La solution serait de mettre les villes à la campagne avait suggéré l’humoriste Alphonse Allais. En tout cas,  il serait possible de procéder à un aménagement du territoire plus harmonieux avec des villes moins monstrueuses ce qui permettrait au passage d’éviter la désertification de nombre de territoires. La canicule illustre les contradictions et les outrances de cet urbanisme concentrationnaire. Ainsi pour lutter contre la chaleur,  on développe la climatisation d’une part consommatrice d’énergie et d’autre part qui renvoie la chaleur dans l’atmosphère. La ville constituée essentiellement de bitume, de ciment et de fers à béton constituent un énorme radiateur qui renvoie sa chaleur la nuit contrairement à la campagne où la régulation de la température s’opère naturellement grâce à la végétation. La mode est malheureusement à l’hyper concentration urbaine qui génère des nuisances,  l’insécurité sans parler des dégradations au cadre de vie. Cette mode des ghettos concentrationnaires humains va continuer car elle est malheureusement de dimension mondiale. C’est le paradoxe suprême car cela se produit à un moment où la mobilité des biens, des capitaux et des personnes rendraient possible un aménagement du territoire ou plus équilibré.

 

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