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Charges des entreprises : mettre fin aux exonérations ( CFDT)

Charges des entreprises : mettre fin aux exonérations ( CFDT)

 

 La leader de la CFDT, premier syndicat français, plaide une nouvelle fois pour une augmentation du smic et refuse de participer à la manifestation de la CGT.(Entretien dans « la Tribune »)

Comment abordez-vous cette rentrée ?

MARYLISE LÉON - Le contexte est inédit. Je suis inquiète et j’alerte les politiques : depuis l’annonce de la dissolution, les défis auxquels nous sommes confrontés, notamment climatiques et sociaux, passent à l’as… Tout le monde est focalisé sur la nomination d’un Premier ministre.

La France est à l’arrêt ?

On est en suspens alors que les besoins des travailleurs n’ont pas disparu cet été. Les responsables politiques semblent oublier que les citoyens, par leur vote, ont construit un front républicain. Il est urgent qu’ils fassent preuve d’autant de responsabilité. La seule nomination d’un Premier ministre ne règle pas tout. La responsabilité est aussi du côté du Parlement.

Le Nouveau Front populaire propose la candidature de Lucie Castets. La CGT également… Et vous ?

Je ne milite pour personne. Ce n’est pas le rôle d’un syndicat d’intervenir dans le casting et de faire pression sur le président pour qu’il nomme tel ou tel Premier ministre… Nous ne nous associons pas à la mobilisation du 7 septembre, c’est une initiative politique. Mais la nomination est trop longue. C’est aussi un enjeu de respect vis-à-vis des citoyens.

Quels doivent être les urgences du Premier ministre ?

Justement, plus de considération pour la société civile. L’exercice du pouvoir, ce n’est pas de travailler seul, c’est accepter de laisser une part de responsabilité à d’autres. Il faut un ou une responsable politique qui change de méthode, et respecte ses interlocuteurs. Par exemple, rien ne sert de faire des conventions citoyennes ou des conférences sociales qui ne sont pas suivies d’effets…

Il faut un ou une responsable politique qui change de méthode et respecte ses interlocuteurs

Vous pensez à la conférence sociale de 2023…

Oui. Nous avions obtenu, à cette occasion, la reconnaissance des travailleurs pauvres. Mais cette avancée n’a débouché sur rien de concret, alors que des engagements avaient été pris. Pourtant, la question du pouvoir d’achat et des salaires reste le sujet numéro un des travailleurs.

Alors même que l’inflation baisse : ce vendredi elle est tombée sous les 2 % sur un an…

L’inflation baisse, mais les augmentations salariales n’ont pas été à la hauteur dans de nombreux secteurs. Il y a urgence à travailler la reconnaissance des compétences, la progression des carrières. Il y a un an, Matignon nous avait promis de se pencher sur les bas salaires, le patronat s’était engagé à renégocier les classifications dans les branches. Résultat : zéro ! Idem pour l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. La refonte promise de l’index égalité pro est tombée aux oubliettes, la directive européenne sur la transparence des salaires n’est toujours pas transposée.

Le NFP demande un smic à 1 600 euros nets. C’est la solution ?

Il faut une augmentation du smic, car les travailleurs au smic n’arrivent pas à vivre dignement… La vie est trop chère et le logement pèse. C’est d’ailleurs une question que nous devons traiter et ce peut être un sujet de négociation sociale avec les partenaires sociaux. Mais, pour la CFDT, l’enjeu est aussi de faire en sorte qu’un travailleur ne passe pas sa vie au smic. Le smic doit être un salaire d’entrée dans la vie active dans lequel on ne doit pas être enfermé.

Les employeurs se plaignent pour 100 euros d’augmentation, il leur faut débourser 400 euros…

C’était un sujet de la conférence sociale d’octobre dernier. Le gouvernement avait lancé la mission des économistes Antoine Bozio et Étienne Wasmer. Mais c’est au point mort, alors que nos propositions sont simples : arrêt des exonérations de cotisations pour les employeurs qui laissent plus de deux ans un salarié au smic. J’entends des patrons reconnaître que les salaires sont insuffisants… Je leur dis : « Allez-y ! Augmentez vos équipes sans attendre des aides de l’État ! » Car avec tous les éléments sociaux payés par l’État, on se demande qui paie réellement le travail… Qui finance la prime d’activité, les primes défiscalisées et désocialisées ? Il faut en finir avec ces politiques low cost, avec des employeurs biberonnés aux exonérations de cotisations et qui, du coup, n’ont aucun intérêt à augmenter les salaires…

Pourquoi ne pas défiler avec la CGT le 1er octobre pour défendre les salaires ?

Parce que la CFDT n’a jamais été adepte du rituel de la mobilisation de rentrée. Déjà, cela supposerait que notre action s’est arrêtée cet été, alors que nos militants étaient aux côtés des salariés de Duralex, du gaz et de l’énergie, des saisonniers, des personnels de sécurité mobilisés pour leurs salaires, de ceux de l’hospitalisation privée, des agents de la protection judiciaire de la jeunesse… Tout l’été, la CFDT était sur le terrain.

Au-delà de l’école, nous devons réfléchir collectivement à la façon d’aider nos jeunes à s’insérer

François Bayrou estime que la réforme des retraites pourrait être améliorée. Il a raison ?

Cette réforme est injuste, elle creuse les écarts entre les hommes et les femmes, elle a été mal posée. Nous avons fait de nombreuses manifestations pour nous y opposer. La CFDT milite toujours pour revenir à un départ à 62 ans. Je rappelle que nous n’étions pas contre une réforme des retraites, mais pas celle-ci. La CFDT est toujours favorable à la construction d’un régime universel plus juste.

Sans faire table rase, quels sont les points à améliorer ?

La reconnaissance de la pénibilité est incontournable. Cela fait vingt ans que la CDFT milite pour et que l’on nous répond que c’est trop compliqué… Sophie Binet de la CGT plaide pour un référendum sur la réforme des retraites…
Je n’ai pas besoin de référendum pour dire « non » aux 64 ans ! Les Français ont déjà suffisamment exprimé leur désaccord.

Les enseignants appellent à une grève le 10 septembre prochain. Vous les soutenez ?

La CFDT n’est pas dans le mouvement car le mot d’ordre concerne le boycott des nouvelles modalités d’évaluation… Or le ministre de l’Éducation est démissionnaire, et personne ne sait si le prochain les mettra en œuvre. Notre enjeu est de faciliter au maximum le travail de la communauté éducative dans un climat d’incertitudes… Au-delà de l’école, nous devons réfléchir collectivement à la façon d’aider nos jeunes à s’insérer. Je n’aime pas le discours ambiant qui consiste à dire que les jeunes se détachent du travail, sont individualistes… C’est injuste et délétère.

Le Medef propose de rouvrir la négociation sur les seniors. Que lui répondez-vous ?

Oui, mais à condition que le patronat ait de vrais engagements concernant le maintien des seniors dans les entreprises. La précédente négociation a échoué car les employeurs s’en tenaient à une seule vision du coût du travail. La solution magique n’est pas la création d’un seul CDI senior, surtout quand par ailleurs les employeurs se plaignent d’un Code du travail déjà trop complexe.

Selon le patronat, le niveau de conflictualité n’a jamais été aussi bas dans les entreprises. C’est aussi votre constat ?

J’observe surtout que le premier sujet de grève reste les salaires et qu’il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité du dialogue social. Un autre sujet nous préoccupe, c’est la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur les lieux de travail. Nous sommes convenus avec les autres syndicats de nous voir bientôt sur ce sujet, car nous constatons que la parole raciste s’est libérée pendant les élections législatives sur les lieux de travail. On a assisté à des scènes terribles, violentes. L’entreprise ne peut pas être en dehors de la société sur ces sujets.

Mettre en place rapidement une économie de guerre en Europe

Mettre en place rapidement une économie de guerre en Europe

 
L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Europe Laurence Boone et l’ancien ministre des affaires étrangères de Moldavie Nicu Popescu estiment, dans une tribune au « Monde », que l’Union européenne doit agir vite pour adapter son économie et le cadre réglementaire à la nouvelle réalité géopolitique.

 

Il aura fallu deux ans de guerre à ses portes pour que l’Union européenne pense à se doter d’une « économie de guerre ». Deux ans depuis le début de l’agression russe en Ukraine, deux ans pendant lesquels l’Europe, aux côtés de ses alliés, s’est démenée pour fournir armes et munitions en puisant dans ses capacités existantes. Deux ans au bout desquels il est urgent de prendre les moyens nécessaires pour que l’expression « économie de guerre » prenne tout son sens. Il s’agit donc d’augmenter le soutien à l’Ukraine immédiatement, et de poser les fondations d’une économie de guerre pour répondre aux menaces de déstabilisation posées par la Russie du président Vladimir Poutine envers l’Europe. Nous pourrons ainsi fortifier la capacité de l’Europe de préserver la paix sur notre continent. Et pour cela nous ne pouvons attendre deux ans. C’est maintenant qu’il faut agir.
L’Europe doit s’adapter et bâtir sans attendre une économie de guerre, tant en matière de défense que dans d’autres domaines. Une grande partie de la capacité de production, des institutions, des procédures juridiques et administratives de l’Europe n’a pas évolué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Des mesures doivent être prises rapidement afin d’accélérer la production de produits stratégiques, de sécuriser la construction des infrastructures énergétiques, de télécommunications, cyber ou encore de transport qui nous font défaut aujourd’hui. La composition des budgets n’a pas changé et ne nous permet pas de fournir les efforts requis pour soutenir une économie de guerre. Avec nos procédures actuelles, ce n’est pas en 1944 que les Américains auraient débarqué en Normandie, ce n’est pas en 1941 que l’armée libre de De Gaulle se serait mise en marche mais plusieurs années plus tard…
Nous devons comprendre que les guerres lancées par Vladimir Poutine, en 2008 en Géorgie, en 2014 dans le Donbass et en 2022 contre l’Ukraine, font peser une menace croissante sur les démocraties européennes, notre sécurité, nos institutions politiques, nos économies et nos sociétés.

L’Europe doit urgemment s’adapter à cette nouvelle réalité. Elle doit se doter d’une loi proche du Defense Protection Act.

Crimes et Violences : mettre fin au déni de réalité qui masque l’impuissance de l’Etat

Crimes et Violences : mettre fin au déni de réalité qui masque l’impuissance de l’Etat

Le pouvoir, les médias et les élites se réfugient souvent dans le déni de réalité pour masquer l’impuissance de l’État et l’ampleur du phénomène. Ainsi le plus souvent, on tente de transformer en faits divers des attentats mortels qui pourtant traduisent un phénomène plus général de violence, d’insécurité voire de racisme. Bref on refuse de voir la réalité de cette violence et du risque de décomposition de la société. Les Français qui vivent au quotidien l’insécurité en tout cas l’observent de près sont beaucoup plus pertinents concernant la nature et l’ampleur du phénomène. Ce n’est pas par hasard s’ils estiment notamment à hauteur de 91 % que le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française et que 87 % considèrent que la justice est trop laxiste.

Pour 91% des Français interrogés, le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Ils sont très nombreux (87%) à considérer que la justice est trop laxiste et une majorité de Français (58%) à estimer que la violence se répand dans toute la société d’après un sondage d’Elabe pour BFM.

Rien d’étonnant à cela; Il faut parfois des mois et des mois pour rendre un jugement et en attendant les présumés coupables sont pour beaucoup en liberté et reprennent leurs activités délinquantes.

Par ailleurs au moment du jugement, on se satisfait trop souvent de peines symboliques comme du sursis.

Certes les prisons ne sont sans doute pas l’outil le plus s’adapté pour réduire l’agressivité des délinquants violents; n’empêche à la place, on ne peut lui substituer des peines avec sursis et des très symboliques sanctions avec travaux d’intérêt général.

Il y a certains délits qui méritent purement et simplement la prison dans les conditions actuelles. Mais pour beaucoup notamment chez les jeunes, il convient évidemment d’imaginer des établissements spécialisés visant à permettre les bases de la culture française, les valeurs de la société, les connaissances fondamentales, la valeur travail et la discipline.

Épargne des Français :à mettre au service de la « guerre climatique » estime Jean Viard

Épargne des Français :à mettre au service de la « guerre climatique » estime Jean Viard

P Plus de 551 milliards d’euros épargnés par les Français, d’après la Caisse des Dépôts. Jusqu’à maintenant, cet argent sert à soutenir la création et le développement de PME des projets dans la transition énergétique, ou dans l’économie sociale et solidaire, ou encore dans le logement social. Ce sera toujours le cas, mais une autre partie de cette épargne va désormais servir à financer l’industrie de la défense française. Le décryptage du sociologue Jean Viard.

Ça veut dire que, de fait, presque tous les Français vont participer à ce financement de l’industrie de la défense ?

Jean Viard : Absolument. Alors bien sûr, c’est une évolution, c’est un peu surprenant comme information, mais en même temps, c’est logique, parce qu’il y a beaucoup d’épargne. Il y a, d’une part, l’épargne du Covid, on n’a pas pu consommer – c’est la moitié supérieure de la société qui a mis de l’argent de côté. Et puis en ce moment, avec l’inflation, il y a une épargne un peu différente, c’est une épargne de peur. En plus, avec ce qui se passe au Moyen-Orient, et en Ukraine, et il y a plein de gens qui se disent : on ne sait pas comment ça va évoluer, donc je serre les boulons. ce sont ces deux types d’épargne qui font que le taux d’épargne monte.

Après, c’est vrai que l’année dernière, je crois qu’on est monté à 2000 milliards sur la planète entière, pour les investissements militaires. On avait espéré, après la fin de la guerre froide, qu’on allait désinvestir dans le militaire, et on se rend compte que ce n’est pas le cas : les sociétés se réarment, ce qui est une mauvaise nouvelle, pour moi c’est une tragédie bien sûr.

Et la guerre en Ukraine montre bien que les nouvelles guerres seront des guerres beaucoup plus technologiques, appuyées sur l’IA, sur le numérique, et qu’au fond, on a liquidé nos vieux obus en Ukraine, et maintenant on voit bien que la demande des Ukrainiens, ce sont des techniques beaucoup plus modernes, beaucoup plus innovantes. Donc il y a un énorme champ d’innovations.

Le système, qu’on appelle militaro-industriel, autour de lui, il y a plein de PME, plein de sous-traitants, plein de compétences et d’ingénieurs. Ça fait partie de la relance de la révolution industrielle, qui est une nouvelle révolution industrielle, une révolution industrielle bâtie notamment énormément sur le vivant, bâtie sur l’IA, qui est une des réponses au réchauffement climatique.

Thomas Gassilloud, député Renaissance et président de la commission Défense à l’Assemblée nationale, trouve la mesure justifiée dans le cadre de la montée en puissance de l’économie de guerre. Ça concerne donc aussi la France ?

Oui absolument, et l’économie de guerre, ça concerne tout le monde. L’Europe s’était déséquipée depuis la fin de la guerre froide, l’Allemagne s’était énormément déséquipée. Les Allemands viennent de mettre des sommes considérables, et ce qui est terrible, c’est que le véritable ennemi en ce moment, c’est le réchauffement climatique.

La question, c’est comment on protège les gens ? Alors bien sûr, il faut des fusils, des canons, mais il faut surtout gagner la bataille climatique, quelle est la production de CO2, avoir un nouveau respect des écosystèmes. C’est clair que l’idéal aurait été qu’on diminue la fabrication de canons, et qu’on augmente effectivement les moyens de la guerre climatique.

L’idée du gouvernement, c’est aussi d’augmenter en même temps les dépenses pour la transition écologique dans le prochain budget, 7 milliards d’euros pour le logement, le transport, l’énergie ou encore la biodiversité. Une planification pluriannuelle aussi. Mais ça pose cette question à long terme : où trouver les milliards pour enjamber le mur d’investissements ?

On est entré dans ce que j’appelle la troisième guerre mondiale, effectivement, l’humanité se rassemble pour un combat contre une nature qu’elle a déréglée. Une bonne partie sera financée par le privé, par chacun d’entre nous, qui changeons une fenêtre, isolons une pièce, modifiant petit à petit nos voitures… Et puis il y a effectivement besoin d’argent public. Pour arriver à augmenter encore, il va falloir serrer les boulons quelque part. Les Allemands viennent de décider de travailler plus, pour augmenter le financement.

Soit il faut travailler plus, soit il faut dépenser moins, soit il faut baisser la solidarité. Il faut savoir ne pas faire des investissements inutiles, des autoroutes, des choses qui ne sont pas vraiment indispensables. Donc, ça va être le grand débat des prochaines années, c’est comment on réorganise au fond l’espace public, les financements publics, alors qu’on sait aussi qu’on a besoin d’enfants dans les écoles, on a besoin de policiers.

C’est le grand débat de société : comment on réorganise la machine publique pour gagner la guerre climatique. Je suis sûr qu’on va la gagner, mais il faut qu’on accélère.

Politique-Stratégie de Poutine : mettre « le bordel » partout dans le monde

Politique-Stratégie de Poutine : mettre « le bordel » partout dans le monde

Il n’y a pas de pensée complexe à l’origine de la stratégie de Poutine. Ce produit du KGB ne connaît que la violence et le crime aussi bien pour assurer son pouvoir en interne que pour contrer l’Occident en soutenant tous les mouvements terroristes. Une stratégie par parenthèse qui pourrait lui revenir comme un boomerang un jour compte tenu de la diversité sociétale en Russie.

En apparence, il est curieux que Poutine qui a muselé les différents oppositions notamment terroristes décide maintenant de recevoir en grande pompe les représentants du hamas.

En réalité, il n’y a pas vraiment de stratégie mondiale pour Poutine sinon celle qui consiste à mettre le « bordel » ou à l’encourager partout dans le monde aussi bien au Moyen-Orient, qu’en Afrique ou dans les Balkans.

Le problème avec ce genre d’individu, voyou et criminel notoire, c’est qu’il est assez imprévisible puisqu’il n’obéit pas à une idéologie claire mais seulement à ses seuls intérêts du moment pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir et exister au plan international.

Le problème c’est que nombre d’Etats de pays en développement se fait en l’illusion que Poutine incarne le libérateur face aux puissances occidentales. Une libération qui ne conduit qu’à la dictature .

De quoi sourire si le sujet n’était pas aussi grave. Poutine a tellement peu de consistance idéologique que progressivement ses mouvements d’humeur guerriers vont fragiliser le pays et le rendre de plus dépendant d’une Chine qui tranquillement un jour avalera tout ou partie de la Russie.

En attendant Poutine jette de lui sur le feu de tous les foyers guerriers de manière tout à fait irresponsable y compris pour lui-même et son pays.

Stratégie de Poutine : mettre « le bordel » partout dans le monde

Stratégie de Poutine : mettre « le bordel » partout dans le monde

Il n’y a pas de pensée complexe à l’origine de la stratégie de Poutine. Ce produit du KGB ne connaît que la violence et le crime aussi bien pour assurer son pouvoir en interne que pour contrer l’Occident en soutenant tous les mouvements terroristes. Une stratégie par parenthèse qui pourrait lui revenir comme un boomerang un jour compte tenu de la diversité sociétale en Russie.

En apparence, il est curieux que Poutine qui a muselé les différents oppositions notamment terroristes décide maintenant de recevoir en grande pompe les représentants du hamas.

En réalité, il n’y a pas vraiment de stratégie mondiale pour Poutine sinon celle qui consiste à mettre le « bordel » ou à l’encourager partout dans le monde aussi bien au Moyen-Orient, qu’en Afrique ou dans les Balkans.

Le problème avec ce genre d’individu, voyou et criminel notoire, c’est qu’il est assez imprévisible puisqu’il n’obéit pas à une idéologie claire mais seulement à ses seuls intérêts du moment pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir et exister au plan international.

Le problème c’est que nombre d’Etats de pays en développement se fait en l’illusion que Poutine incarne le libérateur face aux puissances occidentales. Une libération qui ne conduit qu’à la dictature .

De quoi sourire si le sujet n’était pas aussi grave. Poutine a tellement peu de consistance idéologique que progressivement ses mouvements d’humeur guerriers vont fragiliser le pays et le rendre de plus dépendant d’une Chine qui tranquillement un jour avalera tout ou partie de la Russie.

En attendant Poutine jette de lui sur le feu de tous les foyers guerriers de manière tout à fait irresponsable y compris pour lui-même et son pays.

Enseignement–Société-Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?

Enseignement–Société-Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?


Si on peut comprendre qu’une certaine actualisation de l’orthographe se justifie, on peut toutefois se demander si l’objectif n’est pas sa suppression. L’argument en faveur de l’actualisation n’est guère pertinent quand on justifie la transformation de l’orthographe par les mauvais résultats de l’enquête internationale Pisa ! En outre des résultats tout aussi mauvais en mathématiques . Faut-il aussi modifier les règles du calcul ? NDLR

LRA l’initiative du collectif Les linguistes atterré(e)s, plusieurs dizaines de linguistes, enseignants, universitaires et personnalités de la culture, parmi lesquels Claude Hagège, Bernard Cerquiglini, Geneviève Brisac, Annie Ernaux, Marie Desplechin, Cynthia Fleury, Bernard Lahire et Sandra Laugier proposent, dans une tribune au « Monde », une application beaucoup plus large des rectifications orthographiques de 1990.

Sommes-nous forcés d’écrire à la plume, de lire à la bougie ? Et pourtant, partout, on nous impose de lire et d’écrire avec une orthographe de 1878, oui, 1878. Alors que l’orthographe rectifiée de 1990 figure dans tous les dictionnaires, dont celui de l’Académie française.

C’est pourquoi, nous, francophones de différents pays, demandons à nos institutions, mais aussi aux médias, aux maisons d’édition, aux entreprises du numérique, de nous offrir des textes, des messages, en nouvelle orthographe, et d’aller plus loin dans cette voie. Réformer l’orthographe ne veut pas dire réformer la langue. On peut être bon en français, par la richesse de son vocabulaire, sa créativité et son argumentation, et mauvais en orthographe. Et c’est de plus en plus le cas aujourd’hui.

Les enquêtes PISA et PIRLS (Programme international pour le suivi des acquis des élèves et Programme international de recherche en lecture scolaire) indiquent que les pays francophones consacrent plus d’heures à l’enseignement de la langue maternelle que les autres pour des résultats plus faibles, et que les élèves français s’abstiennent plus souvent de répondre, probablement par peur de la faute. L’opacité de notre orthographe en est en partie responsable. Et le temps passé à enseigner ses bizarreries et incohérences l’est au détriment de l’écriture créative et de la compréhension.

L’orthographe, née avec l’imprimerie, n’a cessé, au fil du temps, d’être retravaillée par les grammairiens, les imprimeurs, et par l’Académie française jusqu’à la fin du XIXe siècle. On estime qu’entre les XVIIe et XIXe siècles, la moitié des mots ont vu leur graphie changer au fil des réformes. Depuis, plus rien, alors que la plupart des langues européennes mettent à jour leur orthographe régulièrement, pour accompagner leur évolution.

Est-ce parce qu’il n’y avait plus rien à améliorer ? Nullement. Des linguistes, comme Ferdinand Brunot, des écrivains, comme Anatole France, se sont mobilisés dès 1900, en France, en Suisse et en Belgique. Pour aboutir en 1990, à une avancée : des rectifications validées par l’Académie française et publiées au Journal officiel, sans caractère contraignant.

Elles régularisent le pluriel de certains noms composés, suppriment l’accent circonflexe sur le i et le u quand il ne joue aucun rôle, simplifient certaines doubles consonnes, et éliminent quelques scories (« ognon » et « nénufar »). Elles sont intégrées aux traitements de texte, enseignées au primaire en France depuis 2008, mais aussi en Belgique, au Canada, en Suisse.

Société-Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?

Société-Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?


Si on peut comprendre qu’une certaine actualisation de l’orthographe se justifie, on peut toutefois se demander si l’objectif n’est pas sa suppression. L’argument en faveur de l’actualisation n’est guère pertinent quand on justifie la transformation de l’orthographe par les mauvais résultats de l’enquête internationale Pisa ! En outre des résultats tout aussi mauvais en mathématiques . Faut-il aussi modifier les règles du calcul ? NDLR

LRA l’initiative du collectif Les linguistes atterré(e)s, plusieurs dizaines de linguistes, enseignants, universitaires et personnalités de la culture, parmi lesquels Claude Hagège, Bernard Cerquiglini, Geneviève Brisac, Annie Ernaux, Marie Desplechin, Cynthia Fleury, Bernard Lahire et Sandra Laugier proposent, dans une tribune au « Monde », une application beaucoup plus large des rectifications orthographiques de 1990.

Sommes-nous forcés d’écrire à la plume, de lire à la bougie ? Et pourtant, partout, on nous impose de lire et d’écrire avec une orthographe de 1878, oui, 1878. Alors que l’orthographe rectifiée de 1990 figure dans tous les dictionnaires, dont celui de l’Académie française.

C’est pourquoi, nous, francophones de différents pays, demandons à nos institutions, mais aussi aux médias, aux maisons d’édition, aux entreprises du numérique, de nous offrir des textes, des messages, en nouvelle orthographe, et d’aller plus loin dans cette voie. Réformer l’orthographe ne veut pas dire réformer la langue. On peut être bon en français, par la richesse de son vocabulaire, sa créativité et son argumentation, et mauvais en orthographe. Et c’est de plus en plus le cas aujourd’hui.

Les enquêtes PISA et PIRLS (Programme international pour le suivi des acquis des élèves et Programme international de recherche en lecture scolaire) indiquent que les pays francophones consacrent plus d’heures à l’enseignement de la langue maternelle que les autres pour des résultats plus faibles, et que les élèves français s’abstiennent plus souvent de répondre, probablement par peur de la faute. L’opacité de notre orthographe en est en partie responsable. Et le temps passé à enseigner ses bizarreries et incohérences l’est au détriment de l’écriture créative et de la compréhension.

L’orthographe, née avec l’imprimerie, n’a cessé, au fil du temps, d’être retravaillée par les grammairiens, les imprimeurs, et par l’Académie française jusqu’à la fin du XIXe siècle. On estime qu’entre les XVIIe et XIXe siècles, la moitié des mots ont vu leur graphie changer au fil des réformes. Depuis, plus rien, alors que la plupart des langues européennes mettent à jour leur orthographe régulièrement, pour accompagner leur évolution.

Est-ce parce qu’il n’y avait plus rien à améliorer ? Nullement. Des linguistes, comme Ferdinand Brunot, des écrivains, comme Anatole France, se sont mobilisés dès 1900, en France, en Suisse et en Belgique. Pour aboutir en 1990, à une avancée : des rectifications validées par l’Académie française et publiées au Journal officiel, sans caractère contraignant.

Elles régularisent le pluriel de certains noms composés, suppriment l’accent circonflexe sur le i et le u quand il ne joue aucun rôle, simplifient certaines doubles consonnes, et éliminent quelques scories (« ognon » et « nénufar »). Elles sont intégrées aux traitements de texte, enseignées au primaire en France depuis 2008, mais aussi en Belgique, au Canada, en Suisse.

Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?

Mettre à jour ou supprimer l’orthographe ?


Si on peut comprendre qu’une certaine actualisation de l’orthographe se justifie, on peut toutefois se demander si l’objectif n’est pas sa suppression. L’argument en faveur de l’actualisation n’est guère pertinent quand on justifie la transformation de l’orthographe par les mauvais résultats de l’enquête internationale Pisa ! NDLR

LRA l’initiative du collectif Les linguistes atterré(e)s, plusieurs dizaines de linguistes, enseignants, universitaires et personnalités de la culture, parmi lesquels Claude Hagège, Bernard Cerquiglini, Geneviève Brisac, Annie Ernaux, Marie Desplechin, Cynthia Fleury, Bernard Lahire et Sandra Laugier proposent, dans une tribune au « Monde », une application beaucoup plus large des rectifications orthographiques de 1990.

Sommes-nous forcés d’écrire à la plume, de lire à la bougie ? Et pourtant, partout, on nous impose de lire et d’écrire avec une orthographe de 1878, oui, 1878. Alors que l’orthographe rectifiée de 1990 figure dans tous les dictionnaires, dont celui de l’Académie française.

C’est pourquoi, nous, francophones de différents pays, demandons à nos institutions, mais aussi aux médias, aux maisons d’édition, aux entreprises du numérique, de nous offrir des textes, des messages, en nouvelle orthographe, et d’aller plus loin dans cette voie. Réformer l’orthographe ne veut pas dire réformer la langue. On peut être bon en français, par la richesse de son vocabulaire, sa créativité et son argumentation, et mauvais en orthographe. Et c’est de plus en plus le cas aujourd’hui.

Les enquêtes PISA et PIRLS (Programme international pour le suivi des acquis des élèves et Programme international de recherche en lecture scolaire) indiquent que les pays francophones consacrent plus d’heures à l’enseignement de la langue maternelle que les autres pour des résultats plus faibles, et que les élèves français s’abstiennent plus souvent de répondre, probablement par peur de la faute. L’opacité de notre orthographe en est en partie responsable. Et le temps passé à enseigner ses bizarreries et incohérences l’est au détriment de l’écriture créative et de la compréhension.

L’orthographe, née avec l’imprimerie, n’a cessé, au fil du temps, d’être retravaillée par les grammairiens, les imprimeurs, et par l’Académie française jusqu’à la fin du XIXe siècle. On estime qu’entre les XVIIe et XIXe siècles, la moitié des mots ont vu leur graphie changer au fil des réformes. Depuis, plus rien, alors que la plupart des langues européennes mettent à jour leur orthographe régulièrement, pour accompagner leur évolution.

Est-ce parce qu’il n’y avait plus rien à améliorer ? Nullement. Des linguistes, comme Ferdinand Brunot, des écrivains, comme Anatole France, se sont mobilisés dès 1900, en France, en Suisse et en Belgique. Pour aboutir en 1990, à une avancée : des rectifications validées par l’Académie française et publiées au Journal officiel, sans caractère contraignant.

Elles régularisent le pluriel de certains noms composés, suppriment l’accent circonflexe sur le i et le u quand il ne joue aucun rôle, simplifient certaines doubles consonnes, et éliminent quelques scories (« ognon » et « nénufar »). Elles sont intégrées aux traitements de texte, enseignées au primaire en France depuis 2008, mais aussi en Belgique, au Canada, en Suisse.

Sondage Remaniement : mettre Macron sous tutelle des « Républicains « 

Sondage Remaniement : mettre Macron sous tutelle des « Républicains  »

D’une certaine manière on peut se demander si les Français ne souhaitent pas une clarification de la vie politique avec une alliance entre macro et les républicains. Sans doute pour stopper l’hémorragie des catastrophes économiques, sociales et sociétales d’un président incontrôlable complètement hors sol. Sans parler de son gouvernement qui chaque jour distribue un nouveau chèque à telle ou telle catégorie ou par exemple autorise les jeunes à conduire une automobile par pure démagogie.

Selon le dernier sondage Odoxa-Backbone consulting, réalisé pour Le Figaro, le pays ne dirait d’ailleurs pas non à un vaste changement de l’équipe gouvernementale. Quelque deux-tiers des Français (63%) estiment en effet qu’Élisabeth Borne doit démissionner, treize mois après sa nomination.

Visiblement peu satisfaits par le bilan du gouvernement, les Français ne citent que trois ministres à conserver selon eux : Bruno Le Maire (Économie et Finances), Gabriel Attal (Comptes publics) et Sébastien Lecornu (Armées). Quant à Marlène Schiappa (Économie sociale et solidaire), fragilisée notamment par l’affaire du «Fonds Marianne», elle se distingue comme étant la plus impopulaire de tous ses collègues.

Résultat, plutôt qu’un énième changement de casting à la marge, les Français réclament surtout un changement de ligne : 56% d’entre eux se disent favorables à un accord de gouvernement avec Les Républicains. Scénario ardemment soutenu par l’ancien président, Nicolas Sarkozy, ou l’ex-premier ministre Édouard Philippe, qui ont tous deux récemment échangé en tête à tête avec Emmanuel Macron. Idée également défendue par le peuple de droite (86%) – et la Macronie (83%) -, bien qu’Éric Ciotti refuse d’envisager tout rapprochement ou coalition avec l’exécutif.

Bruno Le Maire suscite «le moins de rejet»
Si tant est qu’un nouveau premier ministre soit nommé dans ce contexte, seuls 48% des sondés s’attacheraient à ce que celui-ci soit issu des rangs de la droite. Quant aux personnalités en elles-mêmes, aucune n’apparaît à ce jour comme étant plébiscitée «par plus de 30% de nos concitoyens», souligne Gaël Sliman. L’institut Odoxa fait donc le choix de classer les «premier-ministrables» en fonction de ceux qui «suscitent le moins de rejet». Avec en tête Bruno Le Maire (30% le verraient bien diriger le gouvernement ; contre 50%), et le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (24% contre 52%).

Régulièrement cité pour Matignon, l’ancien ministre macroniste Julien Denormandie est «nettement moins rejeté» que les autres (39%). Il suscite toutefois très peu d’adhésion (7%) car «beaucoup de Français ne pensent pas suffisamment le connaître pour juger de sa capacité à occuper un tel poste». Arrivent ensuite la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet, le ministre Sébastien Lecornu et enfin l’ancien président du Palais Bourbon, Richard Ferrand. Quant au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au patron du MoDem, François Bayrou, ils suscitent respectivement le rejet de 62% et 63% des sondés.

Politique-Mettre fin aux opérations de déstabilisation de Moscou

Politique-Mettre fin aux opérations de déstabilisation de Moscou

Défaire la Russie en Ukraine n’est qu’une étape. C’est à la politique agressive menée depuis des années par le régime de Vladimir Poutine dans plusieurs pays qu’il faut mettre fin. Cela passe par la réaffirmation des principes démocratiques et une refondation de nos institutions internationales. Par Nicolas Tenzer (*), président du Centre d’étude et de réflexion pour l’Action politique (CERAP), enseignant à Sciences-Po Paris. dans La Tribune.
Nicolas Tenzer

Depuis 23 ans, Moscou a semé la mort et la destruction. Le régime de Poutine est responsable de centaines de milliers de morts en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie, en Afrique et bien sûr en Ukraine. Les victimes civiles du terrorisme d’État de Poutine sont même plus nombreuses que celles d’Al Qaida et de Daech mises ensemble. Après 22 ans où les démocraties ont laissé le Kremlin gagner toutes ses guerres, la guerre totale déclarée à l’Ukraine le 24 février 2022 a conduit, enfin, à une prise de conscience du danger premier que la Russie actuelle posait au monde. Quoique encore trop lentement, ils ont décidé de défendre l’Ukraine et, désormais, d’assurer sa victoire, en lui donnant des moyens pour le faire. On doit d’ailleurs espérer que les dernières restrictions dans la fourniture d’armes seront bientôt levées pour que la victoire puisse être totale et rapide.

Mais gagner la guerre en Ukraine ne suffira pas. C’est la défaite totale de Moscou qu’il faut assurer : en Géorgie, où Moscou détient de fait encore 20 % du territoire depuis 2008, en Moldavie, où elle conserve la Transnistrie, au Bélarus, où elle soutient à bout de bras le dictateur Loukachenko dans sa politique de répression, en Afrique, où, par son bras armé, les milices Wagner, elle assassine, pille les ressources naturelles et aide les dictatures, mais aussi en Birmanie, à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua, et bien sûr en Syrie où, avec l’Iran, elle aide le régime Assad à perpétuer son emprise criminelle (1 million de morts depuis 2011).

Au sein des Nations unies, par sa politique systématique de veto, elle empêche la punition d’autres régimes criminels et veille à protéger sa propre impunité, alors même que Poutine a été inculpé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Comme d’autres, nous avions d’ailleurs montré que, juridiquement et politiquement, elle pouvait être expulsée de son Conseil de sécurité dont elle demeure un membre permanent, voire de l’organisation elle-même. Il serait dangereux qu’elle essaie de s’acheter des soutiens pour l’éviter, notamment celui du Bélarus, largement sanctionné par la communauté internationale, mais qui semble tenter de se faire élire à son Conseil, quand bien même sa demande a peu de chance d’aboutir. Il est d’ailleurs frappant de voir comment le dictateur biélorusse, qui conduit une répression féroce dans son pays et qui a accepté que son pays serve de base arrière pour des opérations contre l’Ukraine, au point d’accueillir des armes nucléaires tactiques russes en violation de sa constitution et du Mémorandum de Budapest, essaie régulièrement de donner des gages, récemment encore en libérant certains prisonniers politiques. Se prêter à ce subterfuge serait dangereux : il reste plus de 1.500 prisonniers politiques dans les geôles du régime, le plus souvent torturés, et la cheffe de l’opposition en exil et sa présidente légitime, Svetlana Tsikhanouskayak, dont le mari, Siarhei, est en prison, vient d’être condamnée in absentia, à 15 ans de prison. Pour les pays du Sud en particulier, il ne faudrait pas que le Bélarus apparaisse comme une Russie plus acceptable.

Le moment est venu pour les démocraties de réaffirmer leurs principes, mais aussi de lutter plus sérieusement contre les manipulations de l’information. Le cas africain est assez révélateur : alors même que sa politique est néo-impérialiste et néocoloniale, la Russie a su user de tous les moyens, parfois soutenue par des gouvernements qui trouvaient un intérêt personnel à se rapprocher de Moscou, pour renforcer dans l’esprit d’une partie de la population africaine l’idée que l’Occident l’était. En réalité, sa politique de pillage des ressources de ces pays constitue un exemple de prédation dont même les plus fervents colonisateurs occidentaux n’auraient pas pu avoir l’idée. Elle a instillé la corruption en moyen d’action et favorisé les pires pratiques de mauvais gouvernement en opposition totale avec les principes de développement durable portés par les organisations internationales. Les démocraties doivent mieux montrer que la Russie finalement ne favorise que les élites les plus corrompues et fait finalement le malheur des peuples. C’est d’ailleurs ce que Poutine fait avec son propre peuple qui sombre de plus en plus dans la grande pauvreté et avec son propre pays qui tombe dans le sous-développement. Ce n’est évidemment en rien une politique susceptible de garantir la stabilité : tout au contraire, la Russie et ses milices ne font à terme que renforcer un sentiment de désespoir et un état d’anarchie, foyers de développement du terrorisme.

Que ce soit d’ailleurs en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique, cette emprise que les démocraties ont laissée à la Russie est porteuse de deux leçons pour l’avenir. D’abord, après l’Ukraine, il faudra savoir terminer le travail. La Russie doit être suffisamment défaite pour être conduite de lâcher pied là où elle dispose encore d’une présence et d’une influence. Il s’agit là d’une politique de long terme qui suppose que les Alliés et l’Union européenne n’abandonnent pas leur politique de sanctions, directes et secondaires, tant que la menace russe n’a pas disparu et que les coupables de crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et d’agression n’ont pas été livrés à la justice et les dommages de guerre payés à l’Ukraine. Ensuite, les démocraties occidentales doivent revoir leur politique internationale dans un sens de plus grande cohérence : nous avons été trop faibles vis-à-vis aussi d’autres dictatures au prétexte qu’elles servaient nos intérêts alors qu’elle bafouaient ceux de leurs propres peuples. Cela a contribué à rendre les propagandes russe et chinoise plus efficaces. Nous avons peu émis de pression contre les Etats arabes et du Golfe qui ont réhabilité le régime Assad, allié de l’Iran et de la Russie, au point de le réadmettre au sein de la Ligue arabe. Après la fin de la guerre, nous devons aussi proposer aux pays du Sud une politique plus durable en matière de sécurité alimentaire et énergétique.

Refonder les institutions internationales

En somme, la fin de la guerre devra non seulement rendre impossible le business as usual avec la Russie, mais aussi mettre un terme à la tentation de recommencer tout comme avant avec le reste du monde, notamment les pays en développement et en transition.

L’une des tâches majeurs sera aussi de refonder les institutions internationales, et en particulier l’Onu. Le moment est venu d’engager les pays du Sud dans cette entreprise et de conduire une politique menée par l’exemplarité. L’expulsion de la Russie du Conseil de sécurité serait un premier signe. Nous devons également nous montrer intraitables avec des Etats coupables de violations graves de droits au sein de l’organisation, ce qui vaut notamment pour la Syrie, l’Iran ou le Bélarus. Il faudra aussi réactiver l’article 27-3 de la Charte des Nations unies qui dispose qu’un Etat partie à un conflit ne peut faire usage de son droit de vote au Conseil de Sécurité – c’est d’ailleurs les puissances occidentales qui l’avaient rendu caducs dès les premières décennies d’existence de l’organisation de New York.

Un monde sans la Russie de Poutine sera indiscutablement meilleur, plus sûr, plus digne pour les peuples, moins porteur de menaces. Mais nous ne saurions nous arrêter là lorsque l’Ukraine aura gagné : nous devons nous mettre en mesure de bâtir un ordre différent, sur l’exemple de ce qu’avaient fait les fondateurs de l’Onu et concepteurs du droit international après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sans doute, le moment n’est-il pas, conceptuellement et stratégiquement, si différent.

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(*) Nicolas Tenzer est l’auteur de trois rapports officiels au gouvernement français et de 22 ouvrages. Ses réflexions sur les questions internationales et stratégiques peuvent être consultées sur son blog, Tenzer Strategics.

Mettre fin aux opérations de déstabilisation de Moscou

Mettre fin aux opérations de déstabilisation de Moscou

Défaire la Russie en Ukraine n’est qu’une étape. C’est à la politique agressive menée depuis des années par le régime de Vladimir Poutine dans plusieurs pays qu’il faut mettre fin. Cela passe par la réaffirmation des principes démocratiques et une refondation de nos institutions internationales. Par Nicolas Tenzer (*), président du Centre d’étude et de réflexion pour l’Action politique (CERAP), enseignant à Sciences-Po Paris. dans La Tribune.
Nicolas Tenzer

Depuis 23 ans, Moscou a semé la mort et la destruction. Le régime de Poutine est responsable de centaines de milliers de morts en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie, en Afrique et bien sûr en Ukraine. Les victimes civiles du terrorisme d’État de Poutine sont même plus nombreuses que celles d’Al Qaida et de Daech mises ensemble. Après 22 ans où les démocraties ont laissé le Kremlin gagner toutes ses guerres, la guerre totale déclarée à l’Ukraine le 24 février 2022 a conduit, enfin, à une prise de conscience du danger premier que la Russie actuelle posait au monde. Quoique encore trop lentement, ils ont décidé de défendre l’Ukraine et, désormais, d’assurer sa victoire, en lui donnant des moyens pour le faire. On doit d’ailleurs espérer que les dernières restrictions dans la fourniture d’armes seront bientôt levées pour que la victoire puisse être totale et rapide.

Mais gagner la guerre en Ukraine ne suffira pas. C’est la défaite totale de Moscou qu’il faut assurer : en Géorgie, où Moscou détient de fait encore 20 % du territoire depuis 2008, en Moldavie, où elle conserve la Transnistrie, au Bélarus, où elle soutient à bout de bras le dictateur Loukachenko dans sa politique de répression, en Afrique, où, par son bras armé, les milices Wagner, elle assassine, pille les ressources naturelles et aide les dictatures, mais aussi en Birmanie, à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua, et bien sûr en Syrie où, avec l’Iran, elle aide le régime Assad à perpétuer son emprise criminelle (1 million de morts depuis 2011).

Au sein des Nations unies, par sa politique systématique de veto, elle empêche la punition d’autres régimes criminels et veille à protéger sa propre impunité, alors même que Poutine a été inculpé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Comme d’autres, nous avions d’ailleurs montré que, juridiquement et politiquement, elle pouvait être expulsée de son Conseil de sécurité dont elle demeure un membre permanent, voire de l’organisation elle-même. Il serait dangereux qu’elle essaie de s’acheter des soutiens pour l’éviter, notamment celui du Bélarus, largement sanctionné par la communauté internationale, mais qui semble tenter de se faire élire à son Conseil, quand bien même sa demande a peu de chance d’aboutir. Il est d’ailleurs frappant de voir comment le dictateur biélorusse, qui conduit une répression féroce dans son pays et qui a accepté que son pays serve de base arrière pour des opérations contre l’Ukraine, au point d’accueillir des armes nucléaires tactiques russes en violation de sa constitution et du Mémorandum de Budapest, essaie régulièrement de donner des gages, récemment encore en libérant certains prisonniers politiques. Se prêter à ce subterfuge serait dangereux : il reste plus de 1.500 prisonniers politiques dans les geôles du régime, le plus souvent torturés, et la cheffe de l’opposition en exil et sa présidente légitime, Svetlana Tsikhanouskayak, dont le mari, Siarhei, est en prison, vient d’être condamnée in absentia, à 15 ans de prison. Pour les pays du Sud en particulier, il ne faudrait pas que le Bélarus apparaisse comme une Russie plus acceptable.

Le moment est venu pour les démocraties de réaffirmer leurs principes, mais aussi de lutter plus sérieusement contre les manipulations de l’information. Le cas africain est assez révélateur : alors même que sa politique est néo-impérialiste et néocoloniale, la Russie a su user de tous les moyens, parfois soutenue par des gouvernements qui trouvaient un intérêt personnel à se rapprocher de Moscou, pour renforcer dans l’esprit d’une partie de la population africaine l’idée que l’Occident l’était. En réalité, sa politique de pillage des ressources de ces pays constitue un exemple de prédation dont même les plus fervents colonisateurs occidentaux n’auraient pas pu avoir l’idée. Elle a instillé la corruption en moyen d’action et favorisé les pires pratiques de mauvais gouvernement en opposition totale avec les principes de développement durable portés par les organisations internationales. Les démocraties doivent mieux montrer que la Russie finalement ne favorise que les élites les plus corrompues et fait finalement le malheur des peuples. C’est d’ailleurs ce que Poutine fait avec son propre peuple qui sombre de plus en plus dans la grande pauvreté et avec son propre pays qui tombe dans le sous-développement. Ce n’est évidemment en rien une politique susceptible de garantir la stabilité : tout au contraire, la Russie et ses milices ne font à terme que renforcer un sentiment de désespoir et un état d’anarchie, foyers de développement du terrorisme.

Que ce soit d’ailleurs en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique, cette emprise que les démocraties ont laissée à la Russie est porteuse de deux leçons pour l’avenir. D’abord, après l’Ukraine, il faudra savoir terminer le travail. La Russie doit être suffisamment défaite pour être conduite de lâcher pied là où elle dispose encore d’une présence et d’une influence. Il s’agit là d’une politique de long terme qui suppose que les Alliés et l’Union européenne n’abandonnent pas leur politique de sanctions, directes et secondaires, tant que la menace russe n’a pas disparu et que les coupables de crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et d’agression n’ont pas été livrés à la justice et les dommages de guerre payés à l’Ukraine. Ensuite, les démocraties occidentales doivent revoir leur politique internationale dans un sens de plus grande cohérence : nous avons été trop faibles vis-à-vis aussi d’autres dictatures au prétexte qu’elles servaient nos intérêts alors qu’elle bafouaient ceux de leurs propres peuples. Cela a contribué à rendre les propagandes russe et chinoise plus efficaces. Nous avons peu émis de pression contre les Etats arabes et du Golfe qui ont réhabilité le régime Assad, allié de l’Iran et de la Russie, au point de le réadmettre au sein de la Ligue arabe. Après la fin de la guerre, nous devons aussi proposer aux pays du Sud une politique plus durable en matière de sécurité alimentaire et énergétique.

Refonder les institutions internationales

En somme, la fin de la guerre devra non seulement rendre impossible le business as usual avec la Russie, mais aussi mettre un terme à la tentation de recommencer tout comme avant avec le reste du monde, notamment les pays en développement et en transition.

L’une des tâches majeurs sera aussi de refonder les institutions internationales, et en particulier l’Onu. Le moment est venu d’engager les pays du Sud dans cette entreprise et de conduire une politique menée par l’exemplarité. L’expulsion de la Russie du Conseil de sécurité serait un premier signe. Nous devons également nous montrer intraitables avec des Etats coupables de violations graves de droits au sein de l’organisation, ce qui vaut notamment pour la Syrie, l’Iran ou le Bélarus. Il faudra aussi réactiver l’article 27-3 de la Charte des Nations unies qui dispose qu’un Etat partie à un conflit ne peut faire usage de son droit de vote au Conseil de Sécurité – c’est d’ailleurs les puissances occidentales qui l’avaient rendu caducs dès les premières décennies d’existence de l’organisation de New York.

Un monde sans la Russie de Poutine sera indiscutablement meilleur, plus sûr, plus digne pour les peuples, moins porteur de menaces. Mais nous ne saurions nous arrêter là lorsque l’Ukraine aura gagné : nous devons nous mettre en mesure de bâtir un ordre différent, sur l’exemple de ce qu’avaient fait les fondateurs de l’Onu et concepteurs du droit international après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sans doute, le moment n’est-il pas, conceptuellement et stratégiquement, si différent.

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(*) Nicolas Tenzer est l’auteur de trois rapports officiels au gouvernement français et de 22 ouvrages. Ses réflexions sur les questions internationales et stratégiques peuvent être consultées sur son blog, Tenzer Strategics.

Le Conseil constitutionnel doit mettre fin à la chienlit de Macron ou disparaître

Le Conseil constitutionnel doit mettre fin à la chienlit de Macron ou disparaître

Dans la crise générale politique, démocratique et sociétale, toutes les institutions sont remises en cause. On leur reproche à la fois leur manque de représentativité donc de légitimité et leur caractère inefficace et bureaucratique. La reproche vaut aussi pour le conseil constitutionnel normalement composé de sages mais en fait de personnalités désignées par les pouvoirs politiques. Une conséquence consubstantielle au centralisme politique français. Pire, on a même autorisé aussi la présence d’anciens présidents de la république. On se demande sur quels critères d’objectivité voire de compétences.

Le conseil constitutionnel a sans doute cette fois l’occasion exceptionnelle de justifier son existence pour mettre fin à la chienlit de Macron qui s’affranchit allègrement de l’esprit et du fonds de la constitution. Par exemple en utilisant un véhicule législatif inadéquate.

Par exemple encore en réduisant le temps de débat au parlement, par exemple en autorisant l’annulation systématique des amendements, par exemple en introduisant des mesures sociales structurelles qui n’ont rien à voir dans le cadre d’une loi rectificative de financement de la sécurité sociale. Par exemple encore en ignorant les organisations syndicales et leur légitimité sociale. Résultat un pays grandement affecté par des grèves, des manifestations voir certaines violences. Un pays dont l’image va se trouver tellement ternie qu’elle risque de décourager les touristes voir des investisseurs. Un pays en pleine déprime sociétale.

Or le Conseil constitutionnel doit vérifier si l’objectif gouvernemental de la réforme des retraites est conforme à la constitution. La réponse est sans ambiguïté non. Logiquement le conseil constitutionnel devrait condamner la totalité de cette réforme. Il ne le fera pas pour ménager le corporatisme des élites. Par contre, il annulera nombre de dispositions anticonstitutionnelles qui videraient à alors le projet de réforme de sa substance. De quoi permettre au pays de retrouver son calme et de restaurer les relations démocratiques dans le pays.
Si le conseil constitutionnel ne procède pas ainsi alors lui aussi sera mis en cause.

Faut-il rappeler qu’il est composé de neuf membres : trois désignés par le chef de l’État, trois désignés par le président de l’Assemblée nationale, trois désignés par le président du Sénat plus la présence des anciens présidents de la république. Résumé : neuf membres désigné par des responsables politiques qui n’ont obtenu qu’entre 5 et 13% pour cent

Réseaux sociaux : mettre fin à l’anonymat

Réseaux sociaux : mettre fin à l’anonymat

Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.


Certaines images d’archives de l’INA montrent que, durant les évènements de Mai-68, lors des assemblées générales de grévistes, à un moment donné ou à un autre, la question déboulait lorsqu’une personne inconnue prenait la parole : « D’où parles-tu camarade ? », lui demandait-on alors. Par cette interpellation directe, l’orateur était sommé de justifier sa position de « classe », et donc sa légitimité à s’exprimer. Avec le numérique et singulièrement les réseaux sociaux, ce « D’où parles-tu camarade ? » s’est transformé en « Vas-y camarade : profite, exprime-toi autant que tu veux… tu as et tu es la parole ! ».

C’est un fait : nous sommes désormais noyés dans un flot ininterrompu de paroles, au point, parfois, d’espérer un peu de silence…
Bien sûr, on ne cédera pas à ce trop facile « c’était mieux avant… » au point d’oublier que ce sont ces outils numériques qui ont notamment permis à la parole de se libérer : #MeToo, #BlackLivesMatter, #OccupyWallStreet, #JeSuisCharlie ou, plus récemment #MahsaAmini … des milliards de prises de paroles pour exprimer une indignation et faire bouger l’ordre établi.

Avec la révolution numérique, tout ou presque est devenu parole. Nous, les humains, avons d’ailleurs perdu ce privilège de la parole depuis que les machines interagissent sans cesse avec nous : réfrigérateurs, voitures, livres, journaux (à défaut de la lire, cette chronique peut être écoutée) : sans jeu de mots, tout nous parle.
Outre que tout cela génère une cacophonie assourdissante qui a pour résultat de rendre impossible toute tentative de hiérarchisation de l’information, ce magma de mots, de sons et d’images (vidéos, smileys, SMS…) a pour effet de banaliser la parole et, par voie de conséquence, d’étouffer le débat.

On se parle sans s’écouter, on se parle entre soi, on parle pour exclure, on parle pour ne rien dire… bref, trop de paroles tue la parole, selon la formule connue, en écho à la thèse de l’ouvrage récent de Monique Atlan et Roger-Pol Droit, « Quand la parole détruit [1] ».

Ne rêvons pas : on ne refermera plus cette boîte de Pandore, qui, grâce à la palette d’outils numériques à la disposition du plus grand nombre, permet à cette parole de triompher voire de se transformer en arme lorsque celle-ci se mue en injure, complotisme, calomnie ou haine de l’autre.
Alors comment tenter de réguler cette parole ou, à défaut, essayer de la canaliser ? Bien sûr, il y a la vision idéale d’un Socrate pour qui le « dialogue » (« dia » : à-travers et « logos » : parole) permet d’exercer sa raison grâce à l’échange et à l’objection. Nous n’en sommes malheureusement plus là…

Il faut donc réfléchir à d’autres formes de maîtrise de la parole, non pour censurer mais pour faire en sorte que les débordements liés aux outils numériques soient contenus.

Dans son dernier ouvrage, la philosophe Monique Canto-Sperber [2] avance l’idée que la liberté d’expression, héritée de grandes lois au XIXe siècle – en France, avec notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse -, repose sur le principe que ceux qui avaient accès à la parole, pouvaient certes critiquer, contester… mais que leurs interventions dans le débat public se faisait en cohérence avec « un langage et des valeurs communes » [3].

C hacun a les moyens de s’exprimer, mais les paroles les plus extrêmes sont valorisées par les algorithmes avec pour conséquence que la parole devient assassine et, partant, que l’écoute, les nuances et le débat n’existent plus. Et de conclure que la liberté d’expression est « un droit qui doit être limité si son emploi cause un dommage ».
L’une des pistes consisterait donc à réfléchir à des actions destinées à définir ce qui est/serait admissible ou pas en termes de paroles et de liberté d’expression. Constat a priori logique mais pas simple à mettre en œuvre à l’ère du numérique, et cela, dans un État de droit.

L’autre piste pour tenter de canaliser cette parole débridée, qui débouche souvent sur des formes de violence verbale, consiste à miser, voire imposer un plus haut niveau de responsabilisation des grandes plateformes. Concrètement, il faudrait règlementer en faveur de la fin de l’anonymat.

En le faisant, on pourra tout autant s’exprimer mais on ne pourra plus le faire en toute impunité, en se cachant derrière un pseudonyme. Certes, la fin d’un anonymat généralisé qui déresponsabilise utilisateurs et diffuseurs n’est pas pour demain, mais cette idée connaît néanmoins de réelles avancées.

Contraints de se réinventer et à appliquer les réglementations imposées par les États, et singulièrement l’Union Européenne (RGPD, DSA, DMA : ces sigles comme autant d’initiatives de l’UE pour réglementer le Far-West numérique), les GAFA tendent de plus en plus à proposer à leurs utilisateurs de nouveaux services payants qui passent par des contraintes d’identification.

Outre que ces identifications individuelles s’avéreraient, à long terme, plus rentables que les formules qui reposent sur la gratuité et l’anonymat, elles permettraient à ces plateformes d’avoir le beau rôle : avoir été à l’origine d’une maîtrise du niveau de violences verbales sans toucher à la sacro-sainte liberté d’expression et tout en générant plus de bénéfices.
En soi, un idéal à atteindre qui permettrait de faire en sorte que la parole ne tue plus, et que l’on sache enfin d’où parle ce camarade…
___
NOTE
1 Monique Atlan et Roger-Pol Droit, « Quand la parole détruit », Éditions de l’Observatoire (décembre 2022).
2 Monique Canto-Sperber, « Sauver la liberté d’expression », Éditions Albin Michel (avril 2021).
3 https://www.lepoint.fr/postillon/canto-sperber-la-liberte-d-expression-releve-du-juste-pas-du-bien-24-04-2021-2423560_3961.php

Business et Société : Mettre fin à l’arnaque des influenceurs

Business et Société : Mettre fin à l’arnaque des influenceurs

Des victimes, Regroupées dans le Collectif d’Aide aux Victimes d’Influenceurs (AVI), ont porté plainte contre des influenceurs français pour escroquerie en bande organisée et abus de confiance.

Le principe est simple il s’agit d’embobiner les followers en jouant sur le look et la personnalité « modernistes » afin de recommander la vente de produits qui rémunèrent l’influenceur. Parfois cela va bien au-delà avec des recommandations de placements financiers voire la diffusion de fake-news au service d’intérêts particuliers. On a vu par exemple une vedette de la télé réalité , Nabilla , recommander des placements financiers !

Pour réguler le milieu de ces influenceurs, le député Renaissance Stéphane Vojetta et le député PS Arthur Delaporte ont déposé ce mercredi à l’Assemblée nationale une proposition de loi transpartisane. pour Arthur DELAPORTE  » L’urgence est bien là. Il est grand temps de mettre fin à des années d’arnaques commerciales et financières subies par plusieurs milliers de consommateurs français. « 

Les plaignants reprochent à ces personnalités, dont certaines viennent de la téléréalité, d’avoir profité de leur notoriété sur des réseaux sociaux comme Instagram pour inciter à miser sur des marchés à risque et en tirer d’importants bénéfices.

Mel, une victime qui a perdu un peu plus de 1 000 euros l’an dernier, décrit à franceinfo ce système bien rodé. « Marc Blata est certifié sur Instagram. Il a beaucoup de followers. Je l’ai vu dans l’émission de Cyril Hanouna. Ça donne une certaine crédibilité. Il était convaincant et rassurant sur ce produit. Il disait qu’il investissait comme nous. Je n’ai pas cédé tout de suite à sa promesse ‘copier-coller-encaisser’ (copying-trading dans le jargon) mais au bout d’un moment, le cadre et la façon dont ils opèrent met en confiance. » Mel fait partie des victimes qui portent plainte.

« En lançant ces recours, écrit le collectif AVI dans un communiqué, nous souhaitons mettre en garde le public jeune et moins jeune sur les dangers des promotions de certaines ‘stars’ sans scrupule, pointer la passivité des plateformes, souligner l’impuissance des institutions et encourager d’autres procédures identiques ». Leurs avocats promettent de transmettre à la justice un certain nombre de noms et de pièces utiles à ce dossier.

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