Metavers pour bouleverser l’enseignement ?
Une tribune dans l’Opinion de Nick Clegg* en forme de plaidoyer pour » metavers » pas très convaincante en raison des limites des applications évoquées et aussi de la place plus générale sur la question plus large de l’intelligence artificielle NDLR
Pour la plupart d’entre nous, l’apprentissage est une expérience sociale. Des études ont montré que la réalité virtuelle peut faciliter la compréhension ou la rétention des connaissances
Depuis plus de vingt ans, les technologies numériques bouleversent l’enseignement. Lors de ma scolarité, les calculatrices constituaient les technologies les plus avancées présentes à l’école. Désormais, les iPads et tablettes sont partout. Les musées du monde entier intègrent des outils interactifs à leurs expositions. Des applications comme Duolingo ont porté l’apprentissage des langues sur smartphone. La normalisation de ces usages témoigne de la rapidité avec laquelle nous avons intégré ces technologies dans nos vies.
Mais les technologies en deux dimensions ont leurs limites. Les outils d’apprentissage à distance ont certes permis de continuer à enseigner pendant la pandémie, mais cela a souvent été une expérience frustrante. Garder les adolescents concentrés devant des écrans durant de si longues périodes s’est avéré incroyablement complexe, car il manquait ce sentiment de présence, l’interaction avec leurs camarades et professeurs dans des espaces communs.
Réalité mixte. Le métavers constitue la prochaine évolution d’internet – caractérisé par ce sentiment de présence. Il regroupe des technologies comme les casques de réalité virtuelle qui vous transportent dans des environnements nouveaux, les lunettes de réalité augmentée qui superposeront un jour des images générées par ordinateur au monde qui vous entoure, ou les expériences de réalité mixte qui mélangent environnements physiques et virtuels.
Plutôt que de raconter à des étudiants à quoi ressemblaient les dinosaures, ils peuvent désormais se promener parmi eux. Des laboratoires scientifiques peuvent être créés avec des équipements que la plupart des écoles ne pourraient pas s’offrir
Pour la plupart d’entre nous, l’apprentissage est une expérience sociale. Des études ont montré que la réalité virtuelle peut faciliter la compréhension ou la rétention des connaissances. C’est totalement intuitif, puisqu’il est plus facile de retenir quelque chose que nous avons fait que de quelque chose que l’on nous a dit.
C’est ce qui rend les possibilités d’apprentissage dans le métavers si excitantes. Plutôt que de raconter à des étudiants à quoi ressemblaient les dinosaures, ils peuvent désormais se promener parmi eux. Des laboratoires scientifiques peuvent être créés avec des équipements que la plupart des écoles ne pourraient pas s’offrir. Les étudiants en médecine peuvent désormais réaliser des opérations complexes sans aucun risque pour les patients ou pour eux-mêmes. Ce n’est ni de la science-fiction ni un vœu pieux. Cela se passe en ce moment même.
Equité. A l’occasion d’une table ronde que je présidais dernièrement, le sujet de l’équité est revenu à plusieurs reprises. La question des enfants de milieux défavorisés qui prennent du retard et restent à la traîne de leurs camarades plus aisés est un sujet incroyablement complexe et mondial. Mais il est facile d’imaginer les avantages de s’affranchir des limites temporelles et géographiques. Les établissements d’enseignement supérieur dans des territoires défavorisés pourront recevoir le soutien d’établissements éloignés. Et un élève de Polynésie française pourra assister à un séminaire d’un professeur à Séoul, ou visiter le musée d’Histoire Naturelle de Londres sans sortir de chez lui.
Une étude menée par l’Université du Maryland Global Campus sur des étudiants utilisant la réalité virtuelle a montré que l’utilisation d’un avatar réduisait pour certains la peur de parler à des professeurs ou des camarades. Les étudiants souffrant d’agoraphobie et de stress post-traumatique ont indiqué se sentir à l’aise dans des classes virtuelles.
Comme pour toute technologie, c’est aux autorités de s’assurer qu’elles sont utilisées correctement dans le système éducatif. Et ce sont les éducateurs utilisant ces technologies de façon innovante qui fournissent les exemples dont s’inspirer
Ces recherches se poursuivent. En France avec France Immersive Learning, mais également au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie ou en Allemagne, des universitaires et think-tanks étudient comment les technologies immersives contribuent à transformer l’enseignement, pour comprendre et libérer les opportunités offertes par ces technologies.
Comme pour toute technologie, c’est aux autorités de s’assurer qu’elles sont utilisées correctement dans le système éducatif. Et ce sont les éducateurs utilisant ces technologies de façon innovante qui fournissent les exemples dont s’inspirer. Rien de tout cela n’aboutira sans des enseignants qui savent tirer le meilleur de ces technologies.
Les autorités peuvent d’ores et déjà préparer le terrain grâce à des programmes éducatifs, et en encourageant les enseignants à aider à ce que ces technologies aient le plus grand impact possible. Plus que tout, les décideurs devront veiller à ce que chaque école puisse avoir accès à ces technologies pour ne pas accroître davantage les inégalités.
Le métavers a le potentiel de bouleverser l’enseignement. Cela se passe aujourd’hui même. Mais pour atteindre ce plein potentiel dans les années à venir, les éducateurs et les autorités devront se saisir des opportunités qu’il offre.
*Nick Clegg est Président Global Affairs de Meta.