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Radicalisme idéologique : une colonisation mentale (Rachel Khan )

 Radicalisme idéologique : une colonisation mentale (Rachel Khan )

L’actrice et écrivain Rachel Khan revient avec «Encore debout, la République à l’épreuve des mots», un livre dédié à Arnaud Beltrame, dans lequel elle s’alarme face à la montée des idéologies radicales qui fragilisent la République.( dans le Figaro)

Rachel KHAN. - Ce livre se veut une réponse à la haine – de Dieudonné à Rima Hassan, en passant par les militants qui bloquent les universités – qui attaque la République. Ce livre s’est imposé. J’étais en train d’écrire un roman. Mais il y a eu le mois d’août, les journées d’été des écologistes et de LFI, un nouveau lynchage aux relents antisémites encore, trois ans après Racée, une rentrée difficile où la laïcité est harcelée, et puis le 7 octobre. Face à cette barbarie sans nom, le silence. Face aux otages, des regards qui se détournent. Après les attentats de Toulouse, de l’Hyper Cacher, après tous ces attentats terroristes islamistes, nous ne sommes pas capables de répondre à la haine. Voilà les faits.

 

En dédiant ce livre à Arnaud Beltrame, je voulais rendre hommage à cet homme debout, à son courage qui nous manque à tous. Il a donné sa vie, il s’est sacrifié pour la République alors que certains aujourd’hui sacrifient la République pour eux-mêmes et leurs petits postes. J’ai aussi écrit ce livre pour parler d’un miracle. Notre République est encore debout. Mais jusqu’à quand ? J’ai écrit parce que j’ai peur de nos faiblesses et de nos renoncements. J’ai écrit comme un cri.

Votre ouvrage file la métaphore d’un tribunal où se défendent successivement l’extrême gauche, l’extrême droite, l’avocat installé puis l’auteur (vous-même). En quoi cette métaphore permet-elle de mettre en lumière le rôle du langage – qui peut autant diviser que ternir la République – dans le paysage politique actuel ?

Ce livre est un pamphlet et une profession de foi. Dans les plaidoiries, je me mets à la place de l’extrême gauche, de l’ultra-droite, des «pas de vaguistes», en analysant les mots qu’ils utilisent et leurs méthodes pour influencer les masses ou pour garder leur poste. Pour être honnête, malgré le contexte, je me suis beaucoup amusée à écrire les différentes plaidoiries et positions qui, selon moi, nuisent à notre République. Pour cela, j’ai utilisé mon expérience de comédienne mais aussi d’ancienne «plume» politique pour me mettre dans la logique de mes adversaires politiques. Cet exercice est jubilatoire, surtout dans un contexte où l’on vous classe dans telle ou telle idéologie pour mieux faire de vous une cible. Mais, la chance des auteurs, c’est qu’ils voient leur page Wikipédia changer en fonction d’articles malveillants orchestrés par des militants haineux, c’est qu’ils voient aussi les réseaux sociaux les traiter de «lâches», «d’ordure» et bien sûr d’être d’«extrême droite» seulement parce qu’ils défendent leur pays, mais que les auteurs ont la possibilité d’écrire des livres, de décrire leur pensée, leur parcours, et ceci grâce à des éditeurs solides, comme l’Observatoire. Dans ce livre, je voulais démontrer en quoi nous sommes passés de Descartes «je pense, donc je suis» à «je dis donc je suis», ou «je dis donc je sais».

 

Santé mentale: Les activités sportives à privilégier

Santé mentale: Les activités sportives à privilégier

Pratiquer une activité physique est recommandé pour la santé physique et pour prévenir certaines pathologies. Mais les effets bénéfiques de l’activité physique sur le bien-être, les capacités cognitives (par exemple, la mémoire ou la prise de décision), la régulation des émotions et la santé mentale de façon plus générale sont également bien établis. Par exemple, la pratique du sport diminue les symptômes d’anxiété, de dépression, de stress et de solitude.

par Catherine Belzung
Professor, Université de Tours

Federica Comazzi
Doctoral candidate dans The Conversation

Cependant, nombre de questions restent ouvertes : les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et les capacités cognitives concernent-ils tous les types de sport, qu’ils soient intensifs ou plus modérés, individuels ou collectifs ? L’activité physique peut-elle être défavorable ? Quels sont les mécanismes biologiques par lesquels ces effets surviennent ? Sont-ils présents chez tous les sujets ? Le but de cet article est de fournir des éléments de réponse à ces questions.

Les effets bénéfiques du sport sur la santé mentale dépendent-ils de l’intensité de l’effort ?
Quand on prend en compte l’intensité de l’effort physique, on distingue deux catégories de sports. Les premiers, à l’image de la marche ou du jogging, mettent en jeu l’endurance. Ils mobilisent entre 65 % et 80 % de la fréquence cardiaque maximale (FCmax) du sujet. On dit que ces activités se situent dans des zones aérobies car l’organisme utilise de l’oxygène pour libérer l’énergie nécessaire à leur pratique.

Les seconds concernent des efforts plus intenses, comme le sprint. Ils mobilisent 85 à 90 % de la fréquence cardiaque maximale en produisant de l’acide lactique, un composé nécessaire pour le fonctionnement musculaire mais qui peut induire des crampes en cas d’excès. Ces sports se situent en zone anaérobie, c’est-à-dire sans consommation d’oxygène pour produire de l’énergie.

Il est clairement établi qu’une activité aérobie, qui met donc en jeu l’endurance et qui dure une vingtaine de minutes, est suffisante pour améliorer les fonctions cognitives chez des adolescents. Mais les effets bénéfiques ne se limitent pas aux sports aérobies (d’endurance). En effet, l’entraînement en résistance, une technique populaire de musculation utilisée par les adeptes du « body building », induit des effets similaires sur la cognition.

D’autres études se sont intéressées à des sports plus spécifiques. Elles montrent que le karaté ou le taekwondo, par exemple, améliorent la concentration et ce que l’on appelle les fonctions exécutives (c’est-à-dire les processus cognitifs de haut niveau comme la planification, l’élaboration de stratégie, la flexibilité mentale), que le tennis de table joue sur l’anticipation de l’action et le temps de réaction, ou encore que la pratique de la danse favorise le bien-être. Ainsi, le sport est en général bénéfique, mais le type de sport pratiqué peut s’avérer déterminant pour développer certaines dimensions cognitives.

Dans certaines situations, l’activité physique peut-elle s’avérer défavorable ?
Cependant, le sport peut aussi exposer les personnes à des risques pour la santé. Ainsi, les sportifs de haut niveau et les adeptes de sports de haute intensité (marathon, triathlon, iron man, CrossFit…) s’entraînent pendant de nombreuses heures, amenant leur corps au seuil de ses limites. Ces pratiques peuvent également être un facteur de risque de conduites addictives, l’addiction à l’exercice physique augmentant le risque de développer une autre addiction, par exemple à une substance comme l’alcool.

Plusieurs études montrent que la participation à une équipe sportive pendant l’adolescence diminue le stress et améliore la santé mentale ainsi que l’insertion sociale des participants. Cet effet n’est pas retrouvé de façon systématique pour la pratique de sports individuels, certaines études rapportant même des effets négatifs. Ces travaux semblent suggérer que la participation à un sport collectif a un impact positif plus important sur la santé mentale que la pratique de sports individuels. Pour certains auteurs, l’un des mécanismes par lesquels le sport en équipe favorise la santé mentale est lié au fait que l’activité collective permet de construire des relations sociales et amicales, et de favoriser le sentiment d’appartenance à un groupe, ce qui est déterminant pour la santé mentale, en particulier au moment de l’adolescence.

Cependant, le contexte dans lequel ces activités s’exercent ainsi que des facteurs individuels jouent également un rôle important. En effet, certaines conditions, par exemple des contextes de compétition intense avec des entraînements extrêmes, des styles de coaching qui insistent sur le fait de gagner ou sur des moyens immoraux pour y parvenir, ont des effets défavorables sur la santé mentale, conduisant au stress, au burn-out, à l’addiction.

Par quels mécanismes biologiques le sport agit-il sur le bien-être et la santé mentale ?

Des études d’imagerie cérébrale ont établi une association positive entre exercice physique et augmentation du volume d’aires cérébrales spécifiques comme l’hippocampe, une région importante pour l’encodage mnésique (le processus par lequel s’effectue la mémorisation) et la gestion du stress. La pratique régulière du tennis, en particulier, améliore aussi le fonctionnement des régions préfrontales, une région cruciale pour les fonctions exécutives.

Si on considère ce phénomène à l’échelle cellulaire, on observe que les effets bénéfiques d’une activité d’endurance (aérobie) sont associés à une augmentation de ce que les spécialistes nomment la neurogenèse hippocampique adulte.

En effet, il a été démontré qu’au sein de l’hippocampe d’un sujet adulte, de nouveaux neurones étaient générés chaque jour. Ces derniers favorisent la mémoire et la résistance au stress. Lorsque l’on introduit une roue d’écureuil dans la cage d’élevage de souris, celles-ci se mettent spontanément à faire de l’exercice aérobie (d’endurance). Si on compare le cerveau de souris qui ont produit ce type d’effort, d’une façon régulière et soutenue, avec celui de souris sédentaires, on constate une augmentation importante des néoneurones de l’hippocampe.

Plusieurs mécanismes ont été proposés : l’exercice augmente le flux sanguin cérébral et l’apport en oxygène au niveau du cerveau. Il libère aussi des facteurs neurotrophiques, c’est-à-dire des facteurs qui favorisent la croissance et la survie des neurones. Par ailleurs, on peut imposer à des souris des efforts physiques intenses, interrompus par de courtes périodes de repos. Dans un premier temps, des études semblaient indiquer plutôt un effet défavorable de l’effort anaérobie. Mais des études plus récentes ont indiqué que ce type d’effort induisait lui aussi un effet positif sur la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique), sans doute au travers de la libération de facteurs neurotrophiques par les muscles.

Dans les études chez l’animal mais aussi chez l’Homme, les effets bénéfiques de l’effort physique sur la cognition, le bien-être et la génération de nouveaux neurones par l’hippocampe (neurogenèse hippocampique) ne sont pas présents chez tous les sujets et varient en fonction de leur fond génétique. En effet, certains variants de gènes codant pour des facteurs neurotrophiques (comme la BDNF) ou des facteurs de croissance (comme le NGF) réduisent les effets bénéfiques du sport.

En conclusion, on retiendra que l’ensemble de ces études confirment et précisent les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale et le bien-être. Ils soulignent à quel point le corps et les processus cognitifs, émotionnels, sociaux sont en constante interaction. En outre, l’exercice physique, souvent pratiqué en équipe, favorise aussi l’insertion sociale, en se faisant un puissant catalyseur d’une société plus inclusive.

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dans son « Baromètre Santé au travail » publié ce jeudi, Malakoff Humanis s’intéresse à la santé mentale des femmes. Et celle-ci se dégrade fortement. La prise en compte du sujet par les entreprises est désormais un enjeu de fidélisation des salariées. Extrait un article des Échos. Les femmes sont ainsi 44 % à se déclarer en mauvais état de santé psychologique, contre 32 % des hommes. Elles étaient 40 % à dresser le même constat en 2020. Troubles du sommeil, fatigue et anxiété sont les maux qui les touchent le plus, et de façon croissante. Elles sont en outre 52 % à se déclarer épuisées professionnellement.

Situations personnelles, comme professionnelles, sont évoquées pour expliquer le mauvais état de santé des femmes. L’un des principales raisons personnelles mises en avant, n’est pourtant pas complètement décorrélée du monde du travail. Il s’agit de la situation financière.

« Il y a une sorte de cercle vicieux, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel parce qu’elles s’occupent aussi plus souvent de la famille et cela explique l’écart de revenus. Elles ont aussi moins accès dans le temps aux progressions professionnelles. Finalement, on conjugue à la fois des problématiques d’ordre personnel et professionnel », analyse Anne-Sophie Godon. Les femmes représentent par exemple dans 85 % des cas de monoparentalité, ce qui les plonge parfois dans la précarité.

Leur situation financière est ainsi la première raison personnelle avancée par les femmes (39 %) pour expliquer leur mauvais état de santé psychologique. Il s’agit seulement de la cinquième raison évoquée par les hommes, qui sont davantage préoccupés par leur situation familiale compliquée (37 %), leurs problèmes de santé physique (29 %), l’actualité (27 %) ou leur isolement social (27 %).

Autre élément mis en avant pour expliquer leur santé mentale dégradée : la surreprésentation des femmes dans le secteur de la santé, très pénible psychologiquement. Ainsi, 67 % des salariés du secteur de la Santé et de l’action sociale sont des femmes.

Sport et préparation mentale : le modèle du rugby français

Sport et préparation mentale : le modèle du rugby français

Lors du match inaugural de la Coupe du monde de rugby, le XV de France a brillamment illustré le parcours solide qu’il a suivi au cours des quatre dernières années. Face aux All Blacks, un adversaire historique invaincu en phase de poules de cette compétition, les défis étaient multiples. Aussi, la sérénité manifestée par les joueurs français n’est pas le fruit du hasard. Elle souligne une transformation profonde dans l’approche de l’optimisation de la performance. Aujourd’hui, le rugby français témoigne d’une réorientation significative de la manière dont est intégrée la préparation mentale, désormais conçue comme une composante clé du plan de performance en s’appuyant sur des connaissances scientifiques avancées.

par Mickaël Campo
Chercheur en psychologie du sport et responsable de la préparation mentale à la FFR, Université de Bourgogne – UBFC dans the Conversation

Après plus de deux décennies d’initiatives diverses et variées ayant tenté de prendre en compte la dimension mentale, un tournant a été opéré en 2019 avec une collaboration inédite entre la Fédération française de rugby (FFR) et l’Université de Bourgogne. Objectif : mettre en place un accompagnement scientifique dans l’élaboration, la structuration et la mise en œuvre d’un modèle de performance incluant la dimension mentale au cœur des pratiques.

Cette initiative visait à conduire à la création d’un pôle de psychologie du sport au sein du département d’accompagnement à la performance de la FFR, résolument ancré dans une philosophie fondée sur la rigueur et l’évidence scientifique.

Le travail réalisé a alors permis d’accompagner les entraîneurs de l’ensemble des équipes de France de rugby (équipes masculines et féminines de rugby à XV et à 7 olympiques) au travers de différentes approches allant de la formation et l’accompagnement des staffs à l’intervention en préparation mentale des équipes, en passant par l’encadrement scientifique des projets de performance.

La mise en œuvre de ce modèle de performance impacte les jeunes potentiels dans leur formation. Ainsi, la planification de l’entraînement des habiletés mentales (PEHM) représente près de 200 heures d’entraînement spécifique dans le parcours de formation sur trois ans d’Académie Pôle-Espoirs. Nous incluons par exemple un travail sur le développement des compétences émotionnelles, ou les capacités de leadership.

Les joueurs et joueuses internationaux bénéficient de leur côté d’une prise en compte de l’optimisation de cette dimension, par les staffs désormais sensibilisés, voire clairement formés en interne aux connaissances en psychologie du sport.

Le XV de France est d’ailleurs l’une des principales illustrations, avec également l’apport d’un travail spécifique réalisé chaque semaine depuis quatre ans avec cette équipe.

En prévision des Jeux olympiques de Paris, la démarche mise en œuvre par la Fédération française de rugby offre ainsi un bel exemple de la manière dont les sciences humaines peuvent nourrir l’optimisation de la performance sportive, permettant in fine aux athlètes, staffs et équipes de maîtriser la pression des grandes occasions.

Mais il s’agit alors de savoir naviguer dans la complexité, dans l’univers encore méconnu de la préparation mentale en sports collectifs. Car lorsque l’on évoque la notion de préparation mentale en sports collectifs de très haut niveau, nous nous confrontons inévitablement à sa dimension labyrinthique et aux fines nuances qui l’entourent et qui exigent une approche adaptée aux réalités et besoins des équipes et des entraîneurs.

Il apparaît alors clairement que la préparation mentale « traditionnelle », réalisée le plus souvent en tête-à-tête avec un joueur dans un cadre de consultations individuelles, ne parvient pas à englober entièrement la profondeur et la complexité de l’écosystème de performance collective, riche en interactions sociales incessantes. Juste à titre d’illustration, on notera que le XV de France est constitué actuellement de plus de 60 personnes, comprenant 33 joueurs et un staff composé de 30 experts…

Dans un contexte où de nombreuses personnes aux formations diversifiées se revendiquent préparateurs mentaux, parfois sous des intitulés ambigus (coach mental, entraîneur cérébral, développeur de talent, etc.), il est courant de voir le recours à l’utilisation systématique et simpliste d’outils et d’approches dogmatiques qui prétendent offrir une solution universelle. On peut alors légitimement s’interroger sur la véritable profondeur de cette maîtrise, surtout lorsqu’il s’agit du domaine spécifique des sports collectifs.

La préparation mentale, en particulier dans les sports collectifs, requiert une expertise pointue et se base sur des fondements scientifiques solides, ne laissant pas de place à l’approximatif dont souvent découle aussi le manque d’éthique.

À l’image d’autres nations sportives majeures, le sport français peut à cet égard s’appuyer sur sa société savante, la Société française de Psychologie du Sport. Cette entité veille à la rigueur éthique et scientifique de la discipline, garantissant une orientation conforme aux standards les plus exigeants. Dans une volonté de parfaire son modèle, la FFR vient tout juste d’initier une collaboration étroite avec la SFPS.

Le département d’accompagnement à la performance de la Fédération française de Rugby (FFR), sous la responsabilité du docteur Julien Piscione, s’est longtemps ancré dans les sciences de la vie pour mener ses recherches visant l’optimisation de la performance et le soutien des jeunes talents.

Créé en 2002 en tant que cellule de recherche, il peut être noté que ce département était dirigé au départ par un chercheur en sciences de l’éducation (Daniel Bouthier de l’Université de Bordeaux), puis par une chercheuse en sciences sociales (Hélène Joncheray, de l’INSEP – Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), avec donc une sensibilité déjà bien présente pour les SHS.

Il y a cinq ans, Julien Piscione et Didier Retières, alors directeur technique national, ont choisi de mettre davantage l’accent sur la dimension mentale. Initiée 25 ans plus tôt par des entraîneurs nationaux tels que Fabrice Brochard, Michel Jeandroz et Riadh Djaït, Julien Piscione et Didier Retières ont su reconnaître son importance et lui donner une place centrale dans la formation et la préparation des athlètes, poursuivant ainsi une tradition d’innovation dans l’optimisation de la performance à la FFR.

En s’inspirant du modèle systémique de la performance, qui souligne l’intrication profonde et complexe de la dimension mentale dans les sports collectifs, une grande importance a notamment été accordée à la formation des entraîneurs pour que les staffs des équipes de France aient en leur sein des personnes formées aux bases scientifiques de la psychologie du sport.

Au-delà de leur formation et de leur accompagnement, nos staffs peuvent aussi désormais être renforcés par l’apport de préparateurs mentaux, aguerris aux caractéristiques des sports collectifs et titulaires d’un doctorat en psychologie du sport.

Épousant ainsi une philosophie fermement ancrée sur la précision et l’évidence scientifique, une démarche méthodique a donc été adoptée pour structurer et développer la préparation mentale sur la base des connaissances en psychologie du sport, s’adressant à tous les niveaux, des écoles de rugby jusqu’aux équipes nationales, en englobant toute la filière jeune.

Le partenariat avec la faculté des sciences du sport de l’université de Bourgogne a donc permis non seulement de structurer une démarche, mais aussi de développer des programmes de recherche appliquée visant à répondre aux besoins d’innovation dans le domaine de la performance sportive, dans un contexte sportif international ultra-concurrentiel.

Le sélectionneur Fabien Galthié, très sensible à l’importance du facteur humain, a souhaité dès le début intégrer la préparation mentale comme l’un des pivots de sa stratégie de performance.

Cet élan global avait été notamment amorcé par les équipes de France olympiques de rugby à 7 dès 2018 avec les sélectionneurs Jérôme Daret (7 masculin) et David Courteix (7 féminin), puis les équipes de France jeunes et le XV de France féminin, toutes distinguées par de brillantes performances les plaçant sur de nombreux podiums de la scène internationale durant ces dernières années.

Ainsi, il doit être soulevé que l’observation de ce XV de France si « fort mentalement » est la résultante d’un processus beaucoup plus long et complexe qu’un potentiel lien simpliste et direct qui pourrait être fait avec les interventions en préparation mentale réalisées pendant une préparation de Coupe du monde ! L’incroyable capacité de ces athlètes de très haut niveau sur le plan mental est, il me semble, davantage le fruit d’une longue acculturation à la dimension mentale dans leur parcours de formation en club, en académies fédérales et au sein des équipes de France jeunes, ainsi qu’au travail approfondi réalisé par l’ensemble du staff du XV de France durant ces quatre années.

Les interventions spécifiques en préparation mentale ont juste complété ce travail de construction de longue haleine en apportant des connaissances scientifiques nouvelles et directement mobilisables par les joueurs dans la gestion mentale de la compétition à niveau international.

Une autre évolution marquante se manifeste également au sein même de l’activité scientifique, que ce soit dans le cadre d’une activité de recherche et développement ou dans l’accompagnement scientifique des équipes.

Particulièrement, une étude que nous avons menée dans le rugby a montré que les émotions collectives (la manière dont chaque joueur perçoit l’émotion de l’équipe en tant qu’entité) avaient plus d’effets sur les performances individuelles et collectives que les émotions individuelles des joueurs.

Partant d’un constat d’instabilité de performances des équipes de France de rugby à cette époque (rappelons-nous par exemple du match inaugural de la Coupe du Monde 2007 en France, où les Bleus avaient essuyé une défaite face à l’Argentine (12-17)), le pôle de psychologie du sport a investi ce nouveau paradigme scientifique, totalement aligné avec le terrain de la performance collective.

Avec la collaboration des entraîneurs nationaux, des normes d’expression émotionnelles ont été établies afin d’optimiser la façon d’exprimer ses émotions sur le terrain.

Des programmes visant à renforcer l’intelligence émotionnelle] ont été également intégrés aux planifications des rassemblements internationaux, favorisant ainsi le développement de compétences adaptatives et des stratégies collectives de régulation émotionnelle. Cela consiste essentiellement en la planification de travaux par groupes visant à développer les principales compétences émotionnelles (expression, reconnaissance, régulation, etc.), sur le plan individuel, mais surtout collectif.

L’objectif était de maîtriser les phénomènes de contagion émotionnelle à l’origine des craquages sous pression.

Dans ce contexte, nous avons développé la notion de « temps non-joués » qui correspond aux temps de match pendant lequel les joueurs, qui sont sur le terrain, ne sont pas impliqués directement dans l’action, dans le jeu (par exemple après un essai, pendant un arbitrage video, etc). Cela représente 54 % du temps d’un match international. Ces temps revêtent donc une importance cruciale dans l’optimisation de la performance collective, notamment dans l’opportunité que cela ouvre de pouvoir être davantage en maîtrise du vécu émotionnel collectif.

L’exemple typique que l’on peut observer sont les rassemblements des joueurs après avoir marqué un essai (bulles de maîtrise).

Ces travaux ont amené à prioriser la compréhension de l’identité collective et des phénomènes de contagion émotionnelle en tant que leviers d’optimisation de la performance.

Le projet TEAM SPORTS en est l’illustration majeure. Financé dans le cadre du Programme Prioritaire de Recherche Sport de Très Haute Performance, il est mené en collaboration avec les principales fédérations olympiques de sports collectifs (FFR, FFF, FFHB, FFVolley, et FFBB).

Mobilisant une trentaine de chercheurs, provenant d’institutions telles que l’Université de Bourgogne, l’Inserm, le CEA, l’ENSAM et l’Université de Rouen, ce programme ambitieux se penche sur la façon dont les dynamiques individuelles et collectives s’entrecroisent au sein des équipes de haut niveau.

Les premiers résultats montrent, par exemple, que lors de séance d’entraînements à haute intensité très utilisées à haut niveau, l’accent devrait être mis sur des enjeux individuels plutôt que sur l’appartenance à l’équipe pour permettre aux joueuses et joueurs de repousser leurs limites.

Aussi, à travers 196 entretiens approfondis, des éclairages ont été également obtenus sur les facteurs qui encouragent soit le renforcement du « JE », soit celui du « NOUS » (identité collective), des données qui peuvent venir éclairer les entraîneurs dans leur stratégie managériale.

D’autres résultats montrent également que le sentiment d’appartenance à une équipe influence profondément les interactions motrices et les décisions ainsi que de la manière dont les informations sont prises durant le jeu.

Par exemple, nos études ont montré que les joueurs qui sont moins identifiés au groupe ont tendance à davantage capter des informations qui pourraient leur être utile pour la réalisation d’une performance personnelle (par exemple, identifier un espace dans la défense adverse permettant une percée). A contrario, les joueurs les plus identifiés au groupe prendront davantage de repères sur les solutions collectives pour faire avancer le jeu.

TEAM SPORTS a aussi été l’occasion de créer des innovations technologiques, comme des environnements virtuels pour stimuler des états émotionnels, ou des algorithmes sophistiqués permettant de suivre en temps réel les indicateurs de body langage des joueurs, ainsi que d’évaluer en temps réels les niveaux de stress collectif de l’équipe et des adversaires.

Certaines de ces technologies et les connaissances acquises sont d’ailleurs en cours d’utilisation par le XV de France pour la Coupe du monde, permettant de les améliorer encore pour les Jeux de Paris. C’est ainsi, par exemple, que nous connaissons parfaitement nos tendances en compétition. Cela nous a permis de travailler sur la maîtrise de nos temps faibles, comme de nos temps forts, durant nos matches.

Tous ces travaux seront par la suite publiés une fois les Jeux Olympiques passés, pour permettre à la communauté de profiter de cet héritage des Jeux. Mais en amont, les quatorze études réalisées auprès de 900 athlètes et entraîneurs offrent d’ores et déjà un éclairage précieux aux encadrements sportifs, leur fournissant des connaissances pointues pour optimiser leur approche managériale et la gestion mentale de la compétition de haut niveau.

Ce programme de recherche a notamment conduit à l’élaboration d’une formation spécialisée en psychologie du sport, unique en Europe, axée sur l’optimisation de la haute performance collective (D.U OHPCo – Univ. Bourgogne).

Alors que les Jeux olympiques de Paris catalysent un intérêt grandissant pour la préparation mentale au sein du sport français, il est important de comprendre que, comme pour les autres métiers de l’encadrement sportif, la préparation mentale ne peut se construire sans un savoir-faire basé sur une forte assise scientifique.

L’exemple de la FFR, couplé à l’initiative du programme TEAM SPORTS, sert de rappel éloquent : pour être véritablement à la pointe et innover face à une concurrence internationale qui va extrêmement vite, les connaissances scientifiques sont une voie indispensable pour pouvoir naviguer de façon pertinente dans la complexité de la performance collective, et être en mesure non seulement de s’adapter aux chaos souvent rencontrés dans ces écosystèmes, mais aussi de permettre l’innovation incontournable pour performer.

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.

Le projet TEAM-SPORTS a été soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.

Santé mentale : dégradation notamment chez les jeunes

Santé mentale : dégradation chez les jeunes

La santé mentale des Français, notamment celle des jeunes, est toujours dégradée en 2023, une tendance constante depuis septembre 2020, dans le sillage de la pandémie de Covid-19, a relevé Santé publique France lundi. En cause sans doute notamment les incertitudes économiques, sociales et sociétales.

Chez les jeunes de 18-24 ans, « la hausse s’est même poursuivie de façon marquée en 2023″, selon Santé publique France.

En septembre 2023, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, troubles de l’humeur (épisodes dépressifs notamment) et troubles anxieux, ainsi que les actes médicaux SOS Médecins pour angoisse ont augmenté chez les moins de 18 ans, en particulier chez les 11-17 ans, comme habituellement en période de rentrée scolaire.

L’agence sanitaire a aussi livré les résultats des dernières vagues d’enquêtes Coviprev, mises en place depuis 2020, qui permettent de suivre l’évolution de la santé mentale de la population.

Les jeunes de 18-24 ans se préoccupent en moyenne moins de leur santé mentale ou de leur bien-être que leurs aînés (64%).

Dans cette tranche d’âge, les principaux freins à la consultation d’un « psy » sont le prix de la consultation, la difficulté à se confier ou la crainte de ce qu’ils pourraient découvrir sur eux, et la peur que l’entourage l’apprenne, a décrypté Santé publique France.

« Les données recueillies depuis 2020 témoignent d’une dégradation de la santé mentale chez les adolescents et jeunes adultes et d’une perception encore taboue de ces problématiques », a déclaré Caroline Semaille, directrice générale de l’agence sanitaire, citée dans un communiqué.

TikTok détraque la santé mentale

TikTok détraque la santé mentale

Les adolescentes sont souvent stressées et perturbées par les regards qui se portent sur elles après la publication de vidéos suggestives. Les thérapeutes affirment que celles qui souffrent de troubles émotionnels sont plus nombreuses( Par Julie Jagron  |  The Wall Street Journal)

Lorsque Jula Anderson s’est inscrite sur TikTok à l’âge de 16 ans, sa première vidéo présentait les rénovations de la maison familiale. Elle a obtenu cinq likes. Après avoir vu d’autres personnes poster des vidéos osées et obtenir plus de likes, elle a commencé à en faire à son tour.

« Je voulais devenir célèbre sur TikTok. Et j’ai compris que si vous postiez des vidéos montrant votre corps, les gens allaient se mettre à les liker », explique Jula, aujourd’hui âgée de 18 ans et lycéenne en terminale près de Sacramento, en Californie.

D’après des parents, des thérapeutes et des adolescents, une popularité soudaine sur TikTok déstabilise les adolescents, laissant de nombreuses jeunes prises au dépourvu devant cette attention qu’elles pensaient pourtant désirer. Dans certains cas, des prédateurs ciblent celles qui font des vidéos sexuellement suggestives, mais même les interactions moins dangereuses peuvent nuire à l’estime d’elles-mêmes et leur donner le sentiment d’être exploitées, indiquent-ils.

Partout, aux Etats-Unis, les professionnels de la santé mentale s’inquiètent de plus en plus des effets de la publication de vidéos à caractère sexuel sur TikTok sur les adolescentes. Selon les thérapeutes, les adolescentes qui n’ont pas d’amis proches ou qui souffrent de problèmes psychologiques sous-jacents — en particulier les filles qui ont des troubles de l’alimentation et de complexes physiques — sont particulièrement exposées.

Au programme de traitement ambulatoire de la Newport Academy à Atlanta, 60 % des filles soignées depuis le lancement du projet l’été dernier avaient posté des vidéos sexuellement inappropriées sur TikTok

« Pour une jeune fille qui construit son identité, être entraînée dans un monde de sexualité comme celui-là est extrêmement destructeur», résume Paul Sunseri, psychologue et directeur du New Horizons Child and Family Institute à El Dorado Hills, en Californie, où Jula a commencé à suivre l’année dernière un traitement pour soigner son anxiété et sa dépression. « Lorsque les adolescentes sont récompensées pour leurs vidéos suggestives, elles en viennent à croire que leur valeur réside uniquement dans leur apparence», ajoute-t-il.

M. Sunseri précise qu’environ un quart des patientes de sa clinique avaient produit des contenus sexualisés sur TikTok.

À noter que le réseau chinois obéit à la stricte morale politique dans son pays mais qu’il ne se prive pas de faire le contraire à l’extérieur NDLR

La menace des plates-formes sur la santé mentale des enfants

La menace des plates-formes sur la santé mentale des enfants 

Dans une lettre ouverte à Mark Zuckerberg publiée dans « Le Monde », des psychologues, des spécialistes de la santé et du numérique s’inquiètent de l’opacité des recherches menées par Meta sur l’effet des plates-formes et demandent à l’entreprise de coopérer.

 

Tribune

 

Cher Mark Zuckerberg, nous sommes une coalition mondiale de chercheurs dont l’expertise se situe à la croisée de la psychologie, de la technologie du numérique et de la santé. Récemment, nous avons eu accès à des articles de presse relatant des recherches menées au sein de vos entreprises sur la santé mentale des enfants et adolescents, utilisateurs de Facebook, Instagram et WhatsApp.

Malheureusement, ces recherches se déroulent à huis clos et sans aucune supervision indépendante. Par conséquent, nous n’avons qu’une vision parcellaire des études menées par vos entreprises. Nous pensons que les méthodologies employées jusqu’à présent ne répondent pas aux standards scientifiques élevés qui sont requis pour étudier de manière responsable la santé mentale des enfants et des adolescents.

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Bien que rien dans vos fuites ne permette de dire que les réseaux sociaux provoquent des suicides, de l’automutilation ou des maladies mentales, ce sont des sujets de recherche sérieux. Ce travail, ainsi que les outils que vous utilisez ne devraient pas être développés sans une supervision indépendante. Il faut disposer de données scientifiques solides avant de tirer des conclusions définitives ou de lancer de nouveaux outils.

Vous et vos organisations avez l’obligation morale et éthique d’aligner vos recherches internes sur des standards scientifiques rigoureux privilégiant le souci de la preuve en science de la santé mentale, a fortiori si cela concerne les enfants et les adolescents. Avec 3 milliards de personnes utilisant les plates-formes Meta pour leurs activités sociales, leurs loisirs et leurs affaires, il est tout à fait possible que ces environnements virtuels aient des effets considérables sur la santé mentale des jeunes utilisateurs, que ce soit de manière positive ou négative.

Le fait que vous meniez les recherches révélées dans de récents articles de presse montre clairement que vous concevez que de tels effets sont possibles. Bien que nous saluions vos tentatives de comprendre dans quelle mesure vos plates-formes peuvent avoir un impact sur la santé mentale des jeunes, nous pensons que la manière dont vos équipes conduisent cet important travail de recherche (en secret et avec une méthodologie critiquable) est discutable et, dans son état actuel, vouée à l’échec.

Au lieu de produire des résultats scientifiques fiables, le travail a – de manière prévisible – suscité un grand scepticisme de la part des scientifiques et une inquiétude généralisée de la part des législateurs, des journalistes, des parents et des jeunes. C’est frustrant, car si les bons outils scientifiques et éthiques étaient mis en place, les données collectées par Meta pourraient éclairer, de manière inédite, notre compréhension de l’usage des technologies numériques et leur influence sur la santé mentale.

 

Facebook affecte la santé mentale des ados dénonce une ancienne cadre

Facebook affecte la santé mentale des ados dénonce une ancienne cadre

La lanceuse d’alerte ancienne cadre de Facebook, Frances Haugen, dénonce les pratiques pernicieuses de la société qui rend les Ados  de plus en plus dépendants et de plus en plus fragile psychiquement. Elle estime que Facebook est engagé sur la voie perverse de la banqueroute morale.

 

Frances Haugen, révèle une entreprise amorale et cynique, parfaitement consciente de son impact négatif sur la démocratie et même la santé mentale des adolescents

 

Des chercheurs de Facebook ont mis en évidence le fait qu’une partie des adolescentes utilisatrices d’Instagram sont encore moins à l’aise avec leur corps qu’elles ne l’étaient auparavant. du fait de contenus très tendancieux.

 

 «J’ai pris l’initiative (de témoigner) parce que j’ai réalisé une vérité effrayante: presque personne en dehors de Facebook ne connaît ce qui se passe à l’intérieur de Facebook. « 

Pour la lanceuse d’alerte, il faut imposer à Facebook davantage de transparence et de partage d’information, avec l’aide d’un nouveau régulateur dédié aux géants d’internet, à même d’appréhender la complexité de ces plateformes. «Il est temps de créer une agence de protection des données et de forcer (les géants de la tech) à rendre des comptes», a tweeté mardi la sénatrice Kirsten Gillibrand.

Chine : une incarcération mentale globale

Chine : une incarcération mentale globale

 

L’écrivain chinois en exil dénonce,Ma Jian,  dans une tribune au « Monde », la décrépitude des valeurs morales de son pays natal. Celles-ci, dit-il, sont mises à mal par la volonté de puissance et de contrôle total de la population par le PCC et son leader, Xi Jinping.

 

Tribune.

Il y a quelques années, alors que je me trouvais à Taïwan pour participer à un festival littéraire, j’allai à un marché de nuit en quête de tangyuan – ces boulettes de riz gluant qui se mangent traditionnellement au dernier jour des festivités du Nouvel An chinois. J’avais récemment dû m’exiler de Chine continentale, et j’espérais que ces tangyuan étancheraient ma soif de revoir mon pays.

Au terme de longues recherches, je trouvai un petit stand de raviolis chinois et demandai à la vieille tenancière si elle avait des tangyuan. Elle me répondit qu’elle les avait tous vendus, mais que si j’achetais un sac de tangyuan surgelés au supermarché qui se trouvait de l’autre côté de la rue, elle pouvait me les faire cuire sur son réchaud. C’est ce que je fis. Elle me les servit dans un grand bol, me tendit une cuillère et m’invita à m’asseoir à l’une des tables bancales. Puis elle refusa catégoriquement que je la paye. En savourant ces boulettes de riz translucides et bouillantes, farcies de pâte de sésame noir sucré, je me suis senti près de chez moi, bien plus que depuis des années.

 

Ce n’étaient pas les boulettes de riz en soi, ni les souvenirs qu’elles évoquaient, qui me donnaient cette impression. C’était la gentillesse de cette vieille femme qui ne me connaissait pas. Cette bonté m’a frappé comme étant toute chinoise. Elle était empreinte de ce que nous appelons le renqing : cette émotion, ce sentiment qui pousse une personne à faire une faveur à une autre, simplement parce qu’elle le peut, sans en attendre aucune récompense.

De tels sentiments unifiaient la société chinoise traditionnelle. Ils s’enracinent dans les valeurs confucéennes de bienveillance, de droiture et de bienséance. Et en leur cœur se trouve l’idée que, pour mener une bonne vie, il faut traiter les autres avec compassion ; que tout être humain est potentiellement bon, mérite le respect et la dignité. Près de cinq siècles avant la naissance du Christ, Confucius définit sa règle d’or : « Quand tu sors de chez toi, traite chaque inconnu comme si tu recevais un invité d’honneur. Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. »

L’utopie, un cauchemar déshumanisant

Or, en Chine, ces valeurs ancestrales ont été passées à tabac par soixante-dix ans de règne du Parti communiste chinois. Depuis l’époque de Mao, le PCC s’accroche au pouvoir par la violence, la propagande et le mensonge, considérant les citoyens comme d’ineptes pions qu’il peut aveugler en leur promettant un utopique futur, tout en les confinant dans un infernal présent.




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