Encore un vaste plan d’économies passant par des réductions d’effectifs à la Société Générale. En cause, notamment la réduction de la rentabilité des banques avec des taux d’intérêt presque nuls. Aussi un ralentissement économique international général qui freine les échanges de biens mais aussi mécaniquement des capitaux. Par ailleurs, les décideurs choisissent plutôt une posture attentiste dans beaucoup de domaines notamment concernant les désinvestissements. Cette réduction d’effectifs spécifiques à la Société Générale s’inscrit dans un contexte plus global de fragilité financière de certains établissements bancaires. La question va aussi se poser de savoir quelle sera la solvabilité des entreprises pour rembourser les emprunts consentis aux entreprises avant comme pendant la crise même si l’Etat apporte sa caution à certains. La baisse de l’activité générale va aussi peser lourdement sur l’emploi et sur la solvabilité des ménages engagés dans des opérations immobilières qui pourraient aussi menacer le système bancaire.
Vendredi, la direction, a , annoncé aux organisations syndicales qu’elle projetait de supprimer entre 650 et 700 postes en France. Les activités de marché et celles des titres de bourse seront de loin les plus touchées avec environ 430 suppressions de postes. Suivront les activités de conformité (140 postes), les ressources humaines (50 postes) et la communication (20 postes). La majorité des coupes auront lieu à Paris (400 postes) et à Nantes (60 postes). Il s’agira de départs volontaires « avec un accompagnement ».
En 2019, Société générale avait déjà supprimé 1600 postes principalement dans la banque de financement et de d’investissement (BFI), qui concentre notamment les activités de marchés. Et annoncé 530 coupes dans le réseau français. Pour résumer les valeurs bancaires sont assez fragilisés en ce moment.
l’action Société générale a perdu 58% de sa valeur depuis le 1er janvier, soit bien plus que ses concurrentes BNP Paribas (-37%) ou Crédit Agricole (-42,5%) également malmenées en Bourse.
Pour réduire les coûts, Société générale qui a renoué avec les bénéfices au troisième trimestre après un premier semestre dans le rouge (perte totale de 1,6 milliard d’euros) travaille également au projet de rapprochement de son réseau avec celui du Crédit du Nord. La nouvelle entité qui naîtrait de cette fusion devrait conserver le nom Société générale. «L’absorption des banques du groupe Crédit du Nord, et les futurs doublons que cela va créer aussi bien dans le réseau d’agences que les services supports génèrent encore plus de craintes et est vraiment anxiogène pour nos collègues», avance le syndicat SNB CFE-CGC.
Dans toutes situations conflictuelles il faut souvent des boucs émissaires. Cette fois ce sont les Chinois de France qui en font les frais après des appels à la violence lancée contre cette communauté. Le parquet de Parisa donc ouvert une enquête après des appels à la violence diffusés ces derniers jours sur Twitter contre la communauté asiatique pour « provocation publique à commettre une atteinte à l’intégrité physique d’une personne à caractère raciste ».
Mercredi 28 octobre, l’Association des jeunes chinois de France (AJCF) a révélé sur Facebook qu’un appel à « agresser chaque Chinois » dans plusieurs départements d’Île-de-France (Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Val-d’Oise) circulait sur les réseaux sociaux. Selon l’association, un jeune chinois aurait été agressé le lendemain.
La communauté asiatique est accusée par certains d’être à l’origine de la propagation du coronavirus mais on constate dans plusieurs départements notamment cités des situations conflictuelles entre les Chinois et certaines autres communautés d’origine étrangère.
Le géant de la restauration collective Sodexo a annoncé ce mardi dans un communiqué un projet de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) «qui impliquerait la suppression nette de 2083 postes», soit près de 7% de ses effectifs, «en majorité dans le segment Services aux entreprises».
D’après la direction de Suez une éventuelle fusion entre Veolia et Suez pourrait se traduire par une perte de 10 000 emplois dont à peu près la moitié en France. Ce serait la conséquence des doublons de certaines superstructures mais aussi la conséquence de perte de marché. En effet, les collectivités locales seront contraintes d’ouvrir les appels d’offres à des sociétés étrangères après le regroupement Suez Veolia. Il faudrait ajouter que la situation de quasi-monopole du nouveau groupe aurait sans doute des conséquences sur le prix de l’eau pour l’usager.
«Évidemment que ça aboutirait à une casse sociale. On l’a chiffrée à 10.000 personnes dans le monde dont 4 à 5000 en France», a déclaré Jean-Marc Boursier devant quelques journalistes, en marge d’une visite du Centre international de recherche sur l’eau et l’environnement de Suez.
Selon Estelle Brachlianoff, directrice générale adjointe de Veolia, les craintes pour l’emploi évoquées par Suez en cas de rachat sont «une menace fantôme». «On garantit 100 pour cent de l’emploi en France, pour tout le monde, et l’ensemble des avantages sociaux. Nous sommes prêts à l’écrire, à signer cet engagement», a-t-elle dit. Un engagement qui n’engage que ceux qui veulent bien l’écouter car tous les regroupements ont en général produit quelques mois ou quelques années plus tard des plans de restructuration avec suppression souvent massif d’effectifs. La direction de Veolia ment évidemment comme on a menti par exemple lors du regroupement d’Alstom avec General Electric et dans nombre d’autres opérations de fusion.
D’après la direction de Suez une éventuelle fusion entre Veolia et Suez pourrait se traduire par une perte de 10 000 emplois dont à peu près la moitié en France. Ce serait la conséquence des doublons de certaines superstructures mais aussi la conséquence de perte de marché. En effet, les collectivités locales seront contraintes d’ouvrir les appels d’offres à des sociétés étrangères après le regroupement Suez Veolia. Il faudrait ajouter que la situation de quasi-monopole du nouveau groupe aurait sans doute des conséquences sur le prix de l’eau pour l’usager.
«Évidemment que ça aboutirait à une casse sociale. On l’a chiffrée à 10.000 personnes dans le monde dont 4 à 5000 en France», a déclaré Jean-Marc Boursier devant quelques journalistes, en marge d’une visite du Centre international de recherche sur l’eau et l’environnement de Suez.
Selon Estelle Brachlianoff, directrice générale adjointe de Veolia, les craintes pour l’emploi évoquées par Suez en cas de rachat sont «une menace fantôme». «On garantit 100 pour cent de l’emploi en France, pour tout le monde, et l’ensemble des avantages sociaux. Nous sommes prêts à l’écrire, à signer cet engagement», a-t-elle dit. Un engagement qui n’engage que ceux qui veulent bien l’écouter car tous les regroupements ont en général produit quelques mois ou quelques années plus tard des plans de restructuration avec suppression souvent massif d’effectifs. La direction de Veolia ment évidemment comme on a menti par exemple lors du regroupement d’Alstom avec Gneral Electric et dans nombre d’autres opérations de fusion.
Du fait de la crise sanitaire, les entreprises réduisent la sollicitation des services qui encadrent leur production, c’est le cas notamment de la publicité mais aussi du recours à des entreprises de services comme celle des sondages et autres audits. Ainsi le célèbre institut de sondage BVA a été placée en procédure de redressement judiciaire début juin. L’entreprise aux 1 800 salariés, dont le siège social est à Toulouse avec plus d’un quart des effectifs, attend désormais un repreneur. Les quatre candidats potentiels ont été auditionnés mercredi 9 septembre par le tribunal de commerce de Toulouse.
Le leader mondial de la voile est aussi touché par la crise qui affecte nombre d’activités de tourisme., Le constructeur de bateaux Beneteau a annoncé mardi qu’il pourrait supprimer jusqu’à 1390 emplois dans le monde, soit un sixième de ses effectifs mondiaux.
Les mesures envisagées «se traduiraient par la fermeture, la cession ou la mise en sommeil de cinq sites sur 24 et une réduction des effectifs comprise entre 710 et 1390 personnes (…) sur les 8361 salariés qui étaient présents dans le groupe au 31 août 2019», a-t-il précisé .
Airbus 1 500 emplois sauvés sur les 5 000 postes menacés en France ?
Visiblement le gouvernement a fortement fait pression sur Airbus pour que l’entreprise relativise les 5000 suppressions d’emplois prématurément annoncés. Le gouvernement fait savoir qu’on pourrait sauver 1500 emplois sur ces 5000 prévus. Rien de certain évidemment car on se situe aujourd’hui dans une bataille de communication pour faire porter le chapeau des ajustements soit au gouvernement, soit à l’entreprise. Au lendemain de la présentation du plan social le plus lourd de l’histoire d’Airbus, son DRH, Thierry Baril, a tenu à préciser que les licenciements secs n’étaient pas « dans la culture » de l’avionneur européen et que les dispositifs gouvernementaux pourraient réduire l’ampleur des suppressions d’emplois. Une réponse aux syndicats qui étaient montés au créneau dès l’annonce du plan. L’impact détaillé en France, et notamment à Toulouse, sera connu jeudi.
A la veille de cette journée cruciale, le DRH du groupe, Thierry Baril, a pris la parole : « Nous tenons à être transparent, honnête et simplement faire face à la réalité. Il était important de présenter le chiffre qui ne sera peut-être pas le volume définitif parce que des solutions seront à trouver pour éviter le type de départ que nous ne souhaitons pas ».
.Selon certaines sources, environ 15.000 postes sont menacés, dont environ de 5.000 en France répartis chez Airbus, ATR et Stelia Aerospace. Après avoir préparé le terrain depuis plusieurs semaines, Airbus s’apprête à annoncer un plan de suppressions de postes massif pour s’adapter à la crise sans précédent qui frappe l’industrie aéronautique et les compagnies aériennes. Confronté à une chute des livraisons d’avions et à une reprise qui s’annonce très longue – puisque le directeur général d’Airbus, Guillaume Faury, ne prévoit pas un retour du niveau de trafic aérien enregistré en 2019 avant 2023, voire 2025 -, Airbus est obligé de réduire la voilure en attendant cette reprise lointaine..
«Assurance-vie: les menaces ! Gérard Bekerman (Afer)
« Depuis deux mois, qulques députés multiplient les attaques à l’encontre de l’assurance-vie. Loin de renforcer les solidarités ou de financer la relance, ces projets appauvriraient surtout des millions d’épargnants modestes »
Gérard Bekerman, président de l’Afer.
Dans l’opinion Gérard Beck Herman président de l’association française et de retraite s’inquiète des velléités de quelques députés de chambouler tout le dispositif au point de le remettre en cause dans sa finalité et son intérêt.
« Hier, il s’agissait, rien que cela, de modifier le Code civil en demandant à la garde des Sceaux de réintégrer aux successions la valeur de rachat des contrats d’assurance-vie. Habilement proposé, faisant entrer par la fenêtre juridique l’assurance-vie dans l’héritage, ce projet eût pu avoir de redoutables conséquences fiscales. La mesure aurait en effet peu rapporté au budget de l’Etat (à peine 0,03 % de ce dernier, une goutte d’eau), mais elle aurait beaucoup coûté aux épargnants modestes. A ce jour, cette proposition est écartée mais le loup rôde désormais dans la bergerie…
On a le droit de ne pas aimer les familles. On a le droit de considérer que transmettre à ses proches est un luxe. Mais on a surtout le devoir d’être responsable et de se demander s’il est sain de chambouler notre Code civil pour presque rien sur le plan de la recette fiscale, et presque tout au regard de l’irrespect des valeurs d’une société que nous voulons de paix, de justice et de cordialité.
Puis, nos élus ont proposé de taxer les encours en assurance-vie supérieurs à 30000 euros. Il est vrai qu’on est millionnaire quand on a épargné 30000 euros ! C’était, il y a cinq ans, le salaire net annuel que percevaient mes étudiants quand ils sortaient de faculté… Et les plus doués savaient que les impôts avaient une fonction continue et affine par morceaux : que signifie taxer à 30 000 euros et rien à 29 999 euros ?
«L’épargne est active et citoyenne. La taxer mettrait en péril la réussite des dernières réformes en faveur du financement des entreprises, de la French tech et de la transition écologique»
Les contrats d’assurance-vie supérieurs à 30 000 euros concernent 15 millions de Français et 1 466 milliards de provisions mathématiques. Nos élus seraient bien inspirés de comprendre que ce montant, si impressionnant soit-il, ne fait qu’agréger des millions d’épargnants modestes qui ont besoin de cet argent, leur argent, lequel constitue une épargne de précaution. La somme des petits est grande, mais ce n’est pas parce qu’on agrège des « petits » qu’on devient individuellement grand. Au mieux, c’est une sottise. Au pire, de l’insouciance.
Alors qu’un troisième projet de loi de finances rectificative arrive sur les bancs de l’Assemblée nationale, d’autres élus ont décidé de faire preuve de « générosité » et ont proposé un amendement mettant la barre à 100 000 euros. Quelque 4 millions de contrats, représentant un peu moins de 1 000 milliards de provisions mathématiques, seraient alors concernés. Peu de gens fortunés figurent parmi ces 4 millions d’épargnants. Il y a, surtout, des gens modestes : probablement 3,6 millions de Français qui, après avoir travaillé toute une vie, sont parvenus à mettre 100 000 euros de côté pour leurs vieux jours.
Dans un contexte de crise économique et de forte incertitude, veut-on les empêcher de vivre paisiblement une retraite bien méritée ? Au nom de quoi une loi amputerait-elle leur confiance légitime, en taxant l’épargne des contribuables les plus modestes pour financer un budget de l’Etat qui bénéficie également aux plus fortunés ? On ne taxe pas quand la taxation est de nature à exacerber les tensions.
Ces projets portent surtout le vice de taxer l’épargne et non pas les gains de cette épargne. Ils sont punitifs. Ils reviennent à dire : « Je vous taxe, je vous sanctionne, car vous épargnez ! » Peut-être qu’au fond d’eux-mêmes nos députés ont le sentiment que l’épargne, après tout, serait une faute…
Le contexte économique impose pourtant d’être juste, sage et raisonnable. L’épargne est active et citoyenne. La taxer mettrait en péril la réussite des dernières réformes en faveur du financement des entreprises, de la French tech et de la transition écologique.
Notre société redevient travaillée par la lutte des classes attisée par quelques élus. Nos politiques n’ont pas été élus pour opposer, mais pour apaiser. Donnons de la sécurité aux gens. Cessons d’opposer les riches aux pauvres. Réincarnons des valeurs communes et reconstruisons un socle qui fonde la confiance.
Gérard Bekerman est président de l’Association française d’épargne et de retraite (Afer).
D’après l’OIT; les jeunes pourraient bien être affectés pendant une dizaine d’années par le Coronavirus à propos de leurs conditions d’emploi. Ou alors certains pourraient profité de la conjoncture pour remplacer des plus anciens par des plus jeunes mais à des conditions sociales nettement dégradées., Ce qui au total serait néfaste au pouvoir d’achat moyen des salariés concernés. Selon l’OIT, plus d’un jeune actif sur six dans le monde, âgé de moins de 24 ans, a perdu son emploi depuis le début de l’épidémie.
Guy Ryder, le directeur général de l’OIT, s’est dit “extrêmement préoccupé” par la situation des jeunes touchés de manière disproportionnée par la crise, estimant que cela pourrait déboucher sur une “génération confinement”.
“Les jeunes vont simplement être laissés pour compte, et en grand nombre”, a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse à Genève à l’occasion de la quatrième édition du baromètre de l’organisation consacré à la pandémie.
“Le danger est que ce choc initial pour les jeunes dure une décennie ou plus. Il affectera leurs perspectives (d’emploi) (…) tout au long de leur vie professionnelle”, a-t-il ajouté.
L’organisation a notamment pointé du doigt les problèmes rencontrés aux Etats-Unis et au Brésil.
L’OIT a par ailleurs revu en hausse de sept millions, à 135 millions, le nombre d’emplois perdus au premier trimestre dans le monde par rapport à sa précédente estimation. L’estimation des pertes d’emploi entre avril et juin est restée inchangée, avec 305 millions d’équivalents temps plein, les Amériques devant être la région la plus touchée.
Aérien–Derichebourg Aeronautics 700 emplois sont menacés
Le sous-traitant aéronautique de rang 1, qui emploie 1 600 personnes en France dont 1 400 à Toulouse, est confronté à une chute de son activité, dépendante à 95% d’Airbus. Par conséquent, Derichebourg Aeronautics prépare un Plan de sauvegarde l’emploi qui pourrait toucher jusqu’à 700 postes si les syndicats refusent la mise en oeuvre d’un accord de performance collective (APC). Ils ont ainsi demandé l’expertise d’un cabinet indépendant pour se doter d’un avis extérieur sur la situation économique de l’entreprise toulousaine.
Aujourd’hui c’est la société de distribution dans l’avenir est en cause. Mais rapidement ce sera celui sans doute d’abord de la presse régionale puis de certains titres nationaux très fortement affectés par la crise sanitaire. Pour l’instant, c’est Presstalis société de distribution, qui a sans doute frôlé la catastrophe. Juste avant une audience cruciale pour l’avenir du principal distributeur de la presse française, ce mardi matin, au tribunal de commerce de Paris, la coopérative de distribution des quotidiens (CDQ), actionnaire du groupe avec la coopérative de distribution des magazines (CDM), a déposé une offre de reprise de la société. Sans cette initiative, Presstalis, qui s’est déclaré en cessation de paiement le 20 avril dernier, risquait la liquidation. Dans la foulée, le tribunal a mis son jugement en délibéré. Sa décision est attendue vendredi.
Menaces US vers la Chine : bloquer les ventes de moteurs d’avions
Pour faire pression sur les relations commerciales américano chinoises, les États-Unis agitent la menace d’un blocage des ventes du célèbre moteur CFM. Une manière aussi de protéger l’avantage technologique dans certains domaines des États-Unis. Mais un aspect qui concerne aussi la France. En effet, le moteur est construit en collaboration entre GE et le français Safran Aircraft Engines.
Pendant des années, les Etats-Unis ont soutenu les compagnies américaines qui souhaitaient faire des affaires avec la Chine, ce qui a permis de booster l’industrie de l’aviation civile.
Le gouvernement américain a autorisé jusque-là la vente de moteurs, de systèmes de contrôle de vol, et d’autres composants destinés au plus gros avion commercial jamais construit en Chine, le COMAC C919. L’appareil, qui a effectué ses premiers tests en 2017, doit entrer en service l’année prochaine.
Mais l’administration Trump évalue la possibilité de refuser de donner à GE le permis pour livrer le moteur CFM LEAP-1C, selon des sources proches du dossier. Cette éventualité a aussi été rapportée samedi par le Wall Street Journal.
Cette restriction sur les ventes constituerait une nouvelle étape dans la course que se livrent les Etats-Unis et la Chine pour l’hégémonie technologique.
80% des jardins menacés par le ver de terre argentin
Obama nungara, ver de terre argentin, comme les autres Plathelminthes terrestres, est un prédateur. L’espèce mange des animaux du sol : vers de terre, escargots et autres. Un sol est un milieu complexe, avec des centaines d’espèces qui interagissent entre elles. Avec Obama nungara, on a introduit le loup dans la bergerie. Obama nungara mange toutes les proies qu’elle rencontre, se reproduit à toute vitesse, et recommence. Savons-nous quel est l’impact de la présence d’Obama nungara dans nos jardins ? Pas encore. Combien de proies un Obama nungara mange, et lesquelles ? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons, par contre, c’est que l’espèce prolifère et donc très certainement consomme beaucoup d’animaux du sol. Des comptages nous ont permis d’estimer la production d’individus, par reproduction, à mille vers par hectare et par jour… à la fin de l’année, cela fait beaucoup de Plathelminthes, qui vont encore manger d’autres animaux.
L’introduction d’espèces exotiques est une des conséquences de la mondialisation. Dans certains cas, ces espèces introduites prolifèrent et deviennent envahissantes. En France, les invasions les plus remarquées ces dernières années ont été la punaise diabolique et le frelon asiatique. Ces insectes sont généralement bien visibles, parce qu’ils volent, le jour. Les Plathelminthes terrestres (des vers plats), collés au sol, souvent nocturnes, sont plus discrets, et leur invasion n’en est que plus insidieuse.Plusieurs espèces de Plathelminthes terrestres ont envahi la France et l’Europe depuis quelques décennies. Les plus spectaculaires sont les bipaliinés ou « vers à tête en marteau » qui peuvent atteindre 1 mètre de long ; en France, ils ont surtout envahi les départements les plus au Sud.Mais d’autres espèces sont arrivées, et représentent probablement une menace plus importante.
Notre équipe vient de publier les résultats de 7 ans de travail basé sur la science participative. Les scientifiques ne peuvent pas visiter chaque jardin, mais les citoyens ont contribué de manière extraordinaire en envoyant plus de mille signalements. Et sur ceux-ci, notre résultat le plus frappant est que plus de la moitié des signalements, 530 exactement, concernaient une seule des espèces.
Cette espèce qui domine les autres par son abondance, c’est Obama nungara. Au début de notre étude, elle n’avait pas de nom… parce qu’elle n’avait jamais été décrite par des scientifiques. En 2016, des chercheurs du Brésil et d’Espagne lui ont donné son nom complet, Obama nungara. Le nom du genre, Obama, avait été inventé quelques années avant ; les auteurs ont prétendu qu’il s’agissait de deux mots d’une langue indigène du Brésil signifiant « plat comme une feuille ». En principe, aucune allusion au nom d’un Président américain – à vous de juger.
Une réponse simple, malheureusement : presque partout. L’espèce est présente dans les trois-quarts des départements français, 72 exactement. Avec cette abondance de signalements grâce à la science participative, nous avons des cartes précises. Les départements les plus envahis sont ceux de la bordure atlantique. Les régions où Obama nungara est plus rare sont surtout le quart nord-est de la France, et les régions montagneuses. Pourquoi ? Probablement parce que les deux ennemis principaux des Plathelminthes terrestres sont la sécheresse en été et les grands froids en hiver – le climat de la côte atlantique élimine les deux problèmes.Dans un premier temps, puisque l’espèce avait été d’abord trouvée au Brésil, les scientifiques ont pensé qu’elle venait de ce pays. Le travail a ensuite été affiné. Grâce à des marqueurs moléculaires (le fameux « barcode » renseignant sur le patrimoine génétique) on peut déterminer l’origine géographique d’une espèce envahissante. Et là, nos résultats sont clairs : la population qui a envahi la France, et les autres pays d’Europe, provient d’Argentine, pas du Brésil. La population d’Obama nungara du Brésil n’a pas quitté son pays.
Les Plathelminthes terrestres sont des animaux plutôt fragiles, au corps mou, et bien incapables de voler. Mais la civilisation humaine leur a donné un moyen formidable de voyager dans toute la planète : les plantes en pots. Et justement, Obama nungara adore proliférer dans les jardineries : il n’y fait jamais trop chaud ni trop sec, et les pots de fleurs fournissent des cachettes et des cavités pour se cacher la journée. Très probablement, quelques Obama nungara ont voyagé, comme passagers clandestins, depuis une jardinerie en Argentine, dans des pots de fleurs partant en bateau vers un port en Europe. Cela nous rappelle la fameuse fourmi d’Argentine, qui a envahi les régions méditerranéennes d’Europe, mais quelques dizaines d’années plus tôt.
L’espèce est bien implantée dans plusieurs pays, comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Belgique, et le Royaume-Uni ; mais il n’y a qu’en France qu’une étude détaillée de l’invasion a été faite. Comment cet animal qui ne vole pas et se déplace lentement a-t-il envahi tous ces pays ? Encore une fois grâce aux plantes en pot ! Et notre civilisation mécanisée a transporté ces plantes de pays en pays, puis de ville en ville, dans tous les magasins qui vendent des plantes en pot. Une fois arrivé dans un jardin, l’animal prolifère, et, même sans être très rapide, passe dans les jardins voisins.
Les scientifiques admettent une règle générale pour les invasions : une espèce importée sur dix s’introduit, une espèce introduite sur dix s’établit, et une espèce établie sur dix devient invasive. Obama nungara fait partie des élues et est donc bien une espèce exotique envahissante (EEE). L’espèce est bien équipée pour ne pas se faire remarquer, elle est marron, pas très grande, et sort surtout la nuit. Elle se reproduit très vite, et fabrique des « cocons de ponte » qui sont des petites boules noires, résistantes, encore plus difficiles à voir – et chaque cocon contient jusqu’à douze embryons. Et surtout, Obama nungara n’a pas d’ennemis naturels en Europe. Les Plathelminthe terrestres paraissent bien fragiles, avec leur corps mou, mais ils sont protégés par un petit arsenal chimique qui leur donne un goût exécrable qui décourage les prédateurs.
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Cet article du site theconversation est publié en collaboration avec les chercheurs de l’ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité, Muséum national d’Histoire naturelle, Sorbonne Universités). Ils proposent chaque mois une chronique scientifique de la biodiversité, « En direct des espèces ». Objectif : comprendre l’intérêt de décrire de nouvelles espèces et de cataloguer le vivant.